19: le contrat LIVIAJe le regardai se lever du lit, son corps encore chaud de notre étreinte. Mon souffle était toujours court, ma peau encore marquée par ses caresses, mais Alessandro avait déjà repris son masque d’homme d’affaires, celui du milliardaire sûr de lui, froid et déterminé. Il marcha lentement vers une armoire, l’ouvrit et en sortit une mallette noire qu’il posa sur le bureau avec une précision calculée. Le clic métallique de l’ouverture résonna dans la chambre silencieuse. Il en sortit un dossier épais, puis un stylo argenté. — Voici le contrat, dit-il en revenant vers moi, le regard perçant, inébranlable. J’hésitai avant de tendre la main et prendre les documents. Il s’installa à côté de moi sur le lit, mais cette fois-ci, il n’y avait plus rien de sensuel dans sa posture. Il était sérieux, presque distant. Je déglutis et baissai les yeux sur les pages. "Contrat de mariage entre Alessandro Moretti et Livia Romano."Les lettres noires semblaient danser sous m
20: LE POINT DE VUE DE Livia Je venais à peine de retirer mes chaussures après cette longue journée lorsque j’entendis sa voix grave résonner dans le couloir. — Livia, viens dans ma chambre.Un frisson me parcourut l’échine. Il n’y avait ni douceur ni hésitation dans son ton. Juste une évidence. Un ordre déguisé en invitation. Je me redressai et marchai jusqu’à sa porte, la gorge légèrement serrée. Je poussai lentement le battant et le trouvai là, appuyé contre le bord du lit, les bras croisés, le regard sombre et pénétrant. — À partir d’aujourd’hui, toutes tes nuits se passeront ici, déclara-t-il d’un ton neutre. Il ne souriait pas, mais il ne semblait pas non plus dur ou distant. C’était simplement un fait, un arrangement qu’il m’exposait sans me laisser le choix. Je restai un instant immobile, le cœur battant plus vite que je ne l’aurais voulu. Dormir avec lui… chaque nuit… Je savais que c’était inévitable, mais l’entendre ainsi, prononcé si clairement, me fit réaliser
21: LE POINT DE VUE DE LIVIA Le bruit des coups frappés à la porte me sort de mes pensées. Je pose le torchon sur le plan de travail et me dirige vers l’entrée, ajustant rapidement ma robe avant d’ouvrir. Devant moi, une femme. Élégante, sophistiquée, une beauté glaciale qui ne laisse aucun doute sur son assurance. Ses cheveux blonds sont parfaitement coiffés, sa robe moulante met en valeur un corps aux courbes parfaitement maîtrisées, et son parfum de luxe envahit immédiatement l’espace entre nous. Elle me regarde avec un air indéchiffrable avant de lâcher d’une voix suave : — Je voudrais voir Alessandro. Mon cœur rate un battement. Ce n’est pas une simple connaissance, ça se sent. Il y a quelque chose dans son ton, dans sa posture… une proximité évidente avec lui. Je n’ai pas le temps de répondre que des bruits de pas résonnent dans l’escalier. Alessandro descend lentement, ses traits fermés, son regard dur. Dès qu’il la voit, son corps se tend légèrement, mais c’est surt
22:LE POINT DE VUE d'Alessandro Je rentre tard. Trop tard. Je le sais dès l’instant où je pousse la porte et que je trouve Livia assise dans le salon, les bras croisés, le regard fixé sur moi comme si elle attendait ce moment. — Belle soirée ? lance-t-elle d’un ton qui se veut détaché, mais je décèle immédiatement l’ironie derrière ses mots. Je referme la porte derrière moi et retire ma veste lentement, observant chaque nuance de son visage. Elle ne sait pas mentir. Son agacement transparaît dans chaque muscle crispé, chaque battement trop rapide de ses cils. — Très belle, en effet, dis-je, juste pour voir sa réaction. Et ça ne loupe pas. Sa mâchoire se serre, ses lèvres se pincent légèrement. — Tu as raccompagné Bianca ? demande-t-elle, faussement innocente. Je hausse un sourcil. — J’étais censé la laisser partir seule, en pleine nuit ? Elle lève les yeux au ciel et se lève brusquement du canapé. — Évidemment. Le grand Alessandro De Luca, toujours prêt à jouer le
23LE POINT DE VUE DE LIVIA Tout s’est passé en quelques secondes. Un bruit sourd dans le salon, suivi d’un cri étouffé. Quand je me retourne, Isabella est effondrée sur le canapé, une main crispée sur sa poitrine, le teint blême. — Madame ! lançai-je en me précipitant vers elle. Son souffle est court, irrégulier. Ses yeux papillonnent de douleur et elle tente de me parler, mais aucun son ne sort correctement de sa bouche. — Alessandro ! criai-je d’une voix paniquée. Il déboule dans la pièce à une vitesse folle. Dès qu’il voit sa mère, son expression change du tout au tout. Son visage se fige, son regard se remplit d’une peur brute, viscérale. — Maman ?! Il s’agenouille à côté d’elle, prend son visage entre ses mains. — Qu’est-ce qui se passe ? Respire, Maman. Parle-moi. Isabella ouvre la bouche avec difficulté. — Mon… cœur… Alessandro n’attend pas plus longtemps. Il glisse un bras sous ses jambes, l’autre dans son dos, et la soulève sans effort. — Livia, pre
24 : Le mensonge silencieuxJe referme doucement la porte de la chambre d’hôpital derrière moi, le cœur alourdi par une culpabilité que je n’arrive plus à ignorer. Isabella est allongée dans son lit, le teint pâle, les yeux fatigués, mais toujours aussi doux lorsqu’ils se posent sur moi. Un léger sourire étire ses lèvres, comme si ma simple présence suffisait à l’apaiser. — Assieds-toi, ma chérie, murmure-t-elle en tapotant le bord du lit. J’hésite un instant, puis je m’installe sur le fauteuil à côté d’elle. Ses doigts frêles viennent chercher ma main, et je ressens aussitôt la chaleur maternelle qu’elle dégage. Une chaleur qui me serre le cœur, car elle me traite comme sa belle-fille… alors que tout ceci n’est qu’un mensonge. — Comment ça se passe avec Alessandro ? demande-t-elle, sa voix à peine plus forte qu’un souffle. Je déglutis. Comment répondre à ça ? Dire que tout va bien ? Que son fils et moi sommes amoureux ? Que nous sommes un couple heureux et uni ? Le mensonge m
25: Une force fragileLE POINT DE VUE DE d'alessandro Je n’aurais jamais cru voir ma mère aussi faible. Allongée sur ce lit d’hôpital, entourée de machines qui bipent à intervalle régulier, elle me semble si petite. Elle qui a toujours été mon pilier, mon roc, me paraît aujourd’hui aussi fragile qu’une feuille prête à être balayée par le vent. Je serre la mâchoire, le cœur en vrac. L’idée de la perdre me consume de l’intérieur. Je devrais être fort, pour elle, pour moi. Mais comment fait-on pour se préparer à perdre la personne qu’on aime le plus au monde ? — Alessandro… Sa voix, douce mais ferme, me ramène à la réalité. Je lève les yeux vers elle. Elle me fixe avec ce regard déterminé que je connais si bien. — Ne fais pas cette tête. Je laisse échapper un rire amer. — Quelle tête ? — Celle d’un homme qui pense qu’il va perdre la bataille avant même de l’avoir livrée. Je baisse la tête, incapable de répondre. Elle soupire doucement, puis tend une main vers moi. Je l
1: Une nuit de solitude et de désirs inavouésLE Point de vue de Livia Dans cette immense villa où le marbre froid côtoie les lustres scintillants, je suis la seule âme éveillée à cette heure tardive. Comme chaque soir, une fois mon service terminé, je m’accorde ce moment d’intimité, où je peux enfin baisser ma garde et être juste moi. Je referme la porte de ma chambre à clé. Le silence de la maison est rassurant, presque complice. J’allume mon ordinateur portable, un cadeau du feu patron, un homme bon qui avait toujours eu un faible pour mon dévouement. L’écran s’illumine dans l’obscurité, projetant une lueur bleutée sur mes cuisses nues sous ma nuisette légère. Le silence de la maison est absolu. Seuls les légers grésillements de mon ordinateur viennent troubler l’obscurité feutrée de ma chambre. La lueur bleutée de l’écran caresse ma peau, révélant les courbes douces de mes cuisses sous ma nuisette fine. Je glisse une jambe sur le matelas, l’autre pendant légèrement dans le
25: Une force fragileLE POINT DE VUE DE d'alessandro Je n’aurais jamais cru voir ma mère aussi faible. Allongée sur ce lit d’hôpital, entourée de machines qui bipent à intervalle régulier, elle me semble si petite. Elle qui a toujours été mon pilier, mon roc, me paraît aujourd’hui aussi fragile qu’une feuille prête à être balayée par le vent. Je serre la mâchoire, le cœur en vrac. L’idée de la perdre me consume de l’intérieur. Je devrais être fort, pour elle, pour moi. Mais comment fait-on pour se préparer à perdre la personne qu’on aime le plus au monde ? — Alessandro… Sa voix, douce mais ferme, me ramène à la réalité. Je lève les yeux vers elle. Elle me fixe avec ce regard déterminé que je connais si bien. — Ne fais pas cette tête. Je laisse échapper un rire amer. — Quelle tête ? — Celle d’un homme qui pense qu’il va perdre la bataille avant même de l’avoir livrée. Je baisse la tête, incapable de répondre. Elle soupire doucement, puis tend une main vers moi. Je l
24 : Le mensonge silencieuxJe referme doucement la porte de la chambre d’hôpital derrière moi, le cœur alourdi par une culpabilité que je n’arrive plus à ignorer. Isabella est allongée dans son lit, le teint pâle, les yeux fatigués, mais toujours aussi doux lorsqu’ils se posent sur moi. Un léger sourire étire ses lèvres, comme si ma simple présence suffisait à l’apaiser. — Assieds-toi, ma chérie, murmure-t-elle en tapotant le bord du lit. J’hésite un instant, puis je m’installe sur le fauteuil à côté d’elle. Ses doigts frêles viennent chercher ma main, et je ressens aussitôt la chaleur maternelle qu’elle dégage. Une chaleur qui me serre le cœur, car elle me traite comme sa belle-fille… alors que tout ceci n’est qu’un mensonge. — Comment ça se passe avec Alessandro ? demande-t-elle, sa voix à peine plus forte qu’un souffle. Je déglutis. Comment répondre à ça ? Dire que tout va bien ? Que son fils et moi sommes amoureux ? Que nous sommes un couple heureux et uni ? Le mensonge m
23LE POINT DE VUE DE LIVIA Tout s’est passé en quelques secondes. Un bruit sourd dans le salon, suivi d’un cri étouffé. Quand je me retourne, Isabella est effondrée sur le canapé, une main crispée sur sa poitrine, le teint blême. — Madame ! lançai-je en me précipitant vers elle. Son souffle est court, irrégulier. Ses yeux papillonnent de douleur et elle tente de me parler, mais aucun son ne sort correctement de sa bouche. — Alessandro ! criai-je d’une voix paniquée. Il déboule dans la pièce à une vitesse folle. Dès qu’il voit sa mère, son expression change du tout au tout. Son visage se fige, son regard se remplit d’une peur brute, viscérale. — Maman ?! Il s’agenouille à côté d’elle, prend son visage entre ses mains. — Qu’est-ce qui se passe ? Respire, Maman. Parle-moi. Isabella ouvre la bouche avec difficulté. — Mon… cœur… Alessandro n’attend pas plus longtemps. Il glisse un bras sous ses jambes, l’autre dans son dos, et la soulève sans effort. — Livia, pre
22:LE POINT DE VUE d'Alessandro Je rentre tard. Trop tard. Je le sais dès l’instant où je pousse la porte et que je trouve Livia assise dans le salon, les bras croisés, le regard fixé sur moi comme si elle attendait ce moment. — Belle soirée ? lance-t-elle d’un ton qui se veut détaché, mais je décèle immédiatement l’ironie derrière ses mots. Je referme la porte derrière moi et retire ma veste lentement, observant chaque nuance de son visage. Elle ne sait pas mentir. Son agacement transparaît dans chaque muscle crispé, chaque battement trop rapide de ses cils. — Très belle, en effet, dis-je, juste pour voir sa réaction. Et ça ne loupe pas. Sa mâchoire se serre, ses lèvres se pincent légèrement. — Tu as raccompagné Bianca ? demande-t-elle, faussement innocente. Je hausse un sourcil. — J’étais censé la laisser partir seule, en pleine nuit ? Elle lève les yeux au ciel et se lève brusquement du canapé. — Évidemment. Le grand Alessandro De Luca, toujours prêt à jouer le
21: LE POINT DE VUE DE LIVIA Le bruit des coups frappés à la porte me sort de mes pensées. Je pose le torchon sur le plan de travail et me dirige vers l’entrée, ajustant rapidement ma robe avant d’ouvrir. Devant moi, une femme. Élégante, sophistiquée, une beauté glaciale qui ne laisse aucun doute sur son assurance. Ses cheveux blonds sont parfaitement coiffés, sa robe moulante met en valeur un corps aux courbes parfaitement maîtrisées, et son parfum de luxe envahit immédiatement l’espace entre nous. Elle me regarde avec un air indéchiffrable avant de lâcher d’une voix suave : — Je voudrais voir Alessandro. Mon cœur rate un battement. Ce n’est pas une simple connaissance, ça se sent. Il y a quelque chose dans son ton, dans sa posture… une proximité évidente avec lui. Je n’ai pas le temps de répondre que des bruits de pas résonnent dans l’escalier. Alessandro descend lentement, ses traits fermés, son regard dur. Dès qu’il la voit, son corps se tend légèrement, mais c’est surt
20: LE POINT DE VUE DE Livia Je venais à peine de retirer mes chaussures après cette longue journée lorsque j’entendis sa voix grave résonner dans le couloir. — Livia, viens dans ma chambre.Un frisson me parcourut l’échine. Il n’y avait ni douceur ni hésitation dans son ton. Juste une évidence. Un ordre déguisé en invitation. Je me redressai et marchai jusqu’à sa porte, la gorge légèrement serrée. Je poussai lentement le battant et le trouvai là, appuyé contre le bord du lit, les bras croisés, le regard sombre et pénétrant. — À partir d’aujourd’hui, toutes tes nuits se passeront ici, déclara-t-il d’un ton neutre. Il ne souriait pas, mais il ne semblait pas non plus dur ou distant. C’était simplement un fait, un arrangement qu’il m’exposait sans me laisser le choix. Je restai un instant immobile, le cœur battant plus vite que je ne l’aurais voulu. Dormir avec lui… chaque nuit… Je savais que c’était inévitable, mais l’entendre ainsi, prononcé si clairement, me fit réaliser
19: le contrat LIVIAJe le regardai se lever du lit, son corps encore chaud de notre étreinte. Mon souffle était toujours court, ma peau encore marquée par ses caresses, mais Alessandro avait déjà repris son masque d’homme d’affaires, celui du milliardaire sûr de lui, froid et déterminé. Il marcha lentement vers une armoire, l’ouvrit et en sortit une mallette noire qu’il posa sur le bureau avec une précision calculée. Le clic métallique de l’ouverture résonna dans la chambre silencieuse. Il en sortit un dossier épais, puis un stylo argenté. — Voici le contrat, dit-il en revenant vers moi, le regard perçant, inébranlable. J’hésitai avant de tendre la main et prendre les documents. Il s’installa à côté de moi sur le lit, mais cette fois-ci, il n’y avait plus rien de sensuel dans sa posture. Il était sérieux, presque distant. Je déglutis et baissai les yeux sur les pages. "Contrat de mariage entre Alessandro Moretti et Livia Romano."Les lettres noires semblaient danser sous m
18: LE POINT DE VUE DE LIVIALa table était dressée avec une élégance raffinée, comme toujours. La lumière tamisée du lustre en cristal reflétait les dorures de la vaisselle, et l'odeur du vin rouge, délicatement choisi par Isabella, emplissait la salle à manger d’un arôme boisé. Je tenais ma fourchette entre mes doigts, jouant distraitement avec les légumes dans mon assiette, tentant d’ignorer le regard brûlant d’Alessandro posé sur moi. Ce dîner était censé être une simple formalité. Une annonce orchestrée, un jeu de rôle que nous avions convenu. Et pourtant, quelque chose était différent. — Maman, je voulais te parler d’une chose importante, déclara Alessandro d’un ton détendu, tout en attrapant mon poignet sur la table. Son contact me fit frissonner malgré moi. Il était chaud, sûr de lui. Il le faisait pour le spectacle, et pourtant, mon cœur rata un battement. — Livia et moi… Il marqua une pause, puis plongea son regard sombre dans le mien avant de continuer : Nous nous
17: LE POINT DE VUE DE Livia Trois jours s’étaient écoulés depuis cette nuit où Alessandro m’avait fait une proposition insensée. Trois jours où je n’avais toujours pas donné ma réponse. Trois jours où je faisais tout pour éviter de trop y penser. Alors, comme d’habitude, je me suis plongée dans mon travail, espérant que l’agitation de la cuisine m’empêche de trop cogiter. Ce matin, j’avais décidé de préparer un dîner spécial. Madame Isabella aimait particulièrement les plats traditionnels italiens, et je voulais lui faire plaisir avec une recette maison de lasagnes aux truffes et au parmesan. J’étais en plein dans la préparation de la béchamel, une main sur la casserole pendant que l’autre mélangeait doucement au fouet, quand un clac sonore retentit. D’un seul coup, le bruit du moteur du four électrique s’éteint. La cuisine plonge dans un silence perturbant. Je fronce les sourcils. — Non, non, non... Pas maintenant, merde !Je lâche le fouet et me dirige rapidement vers le