Chapitre 3

Les mots de Cassian tournaient en boucle dans son esprit, frappant chaque recoin de sa conscience comme un marteau. "Tu m’appartiens." Ces mots, qui autrefois lui auraient semblé pleins de passion et d'amour, ne résonnaient maintenant que comme une malédiction. L'homme qui se tenait devant elle n'était plus celui qu'elle avait aimé, celui qu'elle croyait connaître si intimement. Celui-ci était froid, calculateur, et surtout, incroyablement dangereux.

Violette cligna des yeux, un vertige de désillusion la frappant. Elle avait vécu dans l'illusion qu'il pouvait changer, que l'homme à qui elle s'était donnée, avec qui elle avait partagé des moments intimes, pourrait retrouver sa bonté. Mais ce visage, ce regard glacial, cette aura menaçante... tout cela n'était pas l'homme qu'elle avait rencontré. Elle était face à un étranger, un étranger qu’elle ne reconnaissait plus. Cassian n'était plus l'homme de ses rêves, mais l'incarnation de sa pire peur.

Ses mains tremblaient légèrement, la réalité se fixant lentement dans son esprit. Elle avait cru pouvoir rompre avec lui, que c'était aussi simple que de quitter une relation malsaine. Mais rien dans sa vie, ni dans son expérience, ne l’avait préparée à la violence silencieuse qu’il déployait maintenant. Il ne se contentait pas de la faire souffrir, il voulait l'annihiler, la réduire à une ombre de ce qu'elle était.

— Non, ce n’est pas possible, murmura-t-elle presque pour elle-même, secouant la tête, comme si cela pouvait chasser la vérité de son esprit. Elle avait cru qu'elle pourrait se libérer, qu’elle pourrait trouver la paix en se séparant de lui. Mais il ne la laisserait pas partir. Pas sans la briser.

Le regard de Cassian ne montrait aucun signe de compassion, pas même de regret. Seulement une détermination implacable, un désir de soumettre. Ce n’était plus de l'amour, mais de la possession. Il ne s'agissait pas de la vouloir dans sa vie, mais de la contrôler, de la façonner à son image, de l’assujettir à sa volonté. Elle était devenue un trophée à conserver, une victoire à savourer. Et à cet instant, elle comprenait que fuir ne suffirait pas. La rupture, aussi nécessaire soit-elle, n’était pas une option. Il la poursuivrait, la harcèlerait, jusqu’à ce qu’elle n’ait plus aucune issue.

Violette sentit une bouffée de désespoir la saisir, mais elle refusa de se laisser engloutir par la peur. C’était une prise de conscience douloureuse, mais elle savait qu’elle n’avait plus le luxe de se laisser submerger. Elle ne pouvait pas se permettre de baisser les bras. Elle avait désormais une seule certitude : la confrontation ne faisait que commencer.

Il ne la laisserait pas partir sans se battre, et elle aussi devait se battre.

Ses yeux se fermèrent brièvement, un souffle de détermination traversant son corps. Elle se redressa lentement, une nouvelle flamme allumée dans ses entrailles. Il voulait la briser, mais elle ne le laisserait pas faire. Elle allait devoir affronter cet homme, cet étranger dangereux, et tout ce qu’il représentait, si elle voulait récupérer sa liberté.

Elle se tourna lentement vers lui, ses yeux fixés dans les siens, déterminés, mais pleins de douleur.

— Je ne suis pas celle que tu crois que je suis, Cassian, dit-elle d'une voix ferme, mais la rage dans son cœur transparaissait. Tu vas me perdre.

Ses paroles étaient son premier acte de résistance. Et pour la première fois depuis longtemps, elle se sentit prête à se battre.

Violette marcha précipitamment vers la sortie du restaurant, ses talons résonnant sur le sol lisse du hall. Ses mains étaient crispées autour de son sac, et son cœur battait à tout rompre, résonnant dans sa poitrine comme un tambour de guerre. Chaque respiration semblait déchirer sa gorge, chaque pas la tirant plus loin de lui, de cette scène de violence émotionnelle qu’elle avait vécue.

Elle ne se retournait pas, mais l'écho de sa propre fuite résonnait dans son esprit, une mélodie de peur et de soulagement mêlés. Elle avait agi sur un coup de tête, mais au fond d'elle, elle savait que c'était la seule chose à faire. Elle devait s’échapper, se libérer de ce poison qui l’avait envahie.

Mais l’instant où elle franchit la porte du restaurant, la brise fraîche de la nuit la frappant brutalement, elle sentit une vague d'angoisse l’envahir. L’air froid lui piquait la peau, mais il était aussi étrangement clair, presque tranchant. C’était un répit, une seconde de calme après la tempête. Pourtant, dans cette brise, l'ombre de Cassian la suivait, inébranlable.

Elle jeta un coup d’œil furtif derrière elle. Cassian ne la poursuivait pas, mais il n’avait pas besoin de le faire. Son regard, lorsqu’il l’avait fixée au restaurant, avait dit tout ce qu’elle avait besoin de savoir. La rupture ne serait pas aussi simple qu’elle l’avait cru. Ses yeux étaient empreints de colère, mais aussi de calcul froid. Il n’allait pas la laisser partir sans une lutte acharnée.

Violette s’arrêta un instant dans la rue déserte, les lumières de la ville éclatant autour d’elle. Elle prit une profonde inspiration, son corps toujours secoué par l’adrénaline, et se força à faire le point. Qu’est-ce que je fais maintenant ? Elle devait très vite rentrer chez elle faire ses valises et partit très loin d'ici et ne plus jamais revenir. Elle appela un taxi et lui indiqua l'adresse de chez elle. Elle voulait faire très vite avant que Cassian ne vienne la rattraper.