Maxime---Il a laissé entendre qu’il allait frapper bientôt.Et je crains que Maxime ne sous-estime ce qu’un homme acculé peut faire.Je me lève, enfile une veste et attrape mon téléphone.Il faut que je le voie.---Maxime – Pousser la Folie à Son CombleJ’ai reçu des nouvelles d’Antoine à l’aube.Thomas a fait intercepter Michel avant qu’il ne quitte la ville.Le pauvre imbécile n’a pas eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait avant de disparaître dans l’un des entrepôts de Thomas.Et le plus beau dans tout ça ?Thomas est persuadé qu’il y a d’autres traîtres autour de lui.Il commence à interroger ses propres hommes.Certains disparaissent. D’autres sont passés à tabac.L’organisation qu’il a mis des années à bâtir se fissure sous l’effet de la paranoïa.Et moi, je n’ai qu’à souffler doucement pour faire tomber les murs.— Il va craquer, je murmure en sirotant mon café.— Il ne va pas juste craquer, répond Antoine en face de moi. Il va exploser.Je souris.C’est exactement ce
Maxime – L’Ultime MouvementLa nuit est lourde.L’air est épais, chargé de tension.Je suis assis au fond du bar, un verre à la main, les yeux rivés sur l’entrée.Il viendra.Il n’a plus le choix.Les portes s’ouvrent violemment.Et le voilà.Thomas.Décharné.Ses yeux sont fous, injectés de sang.Sa mâchoire crispée, son souffle court.Il est méconnaissable.Un roi détruit par sa propre paranoïa.Il s’avance lentement.Les conversations s’arrêtent autour de nous.Les regards se détournent.Personne ne veut être là quand le sang coulera.Il s’arrête devant moi.Sa main tremble sur son arme.Je lève mon verre.— Tu es en retard, je murmure.Il grince des dents.— Tu…— Moi ?Je bois une gorgée, savourant le moment.— Qu’est-ce que j’ai fait, Thomas ?Il serre son arme, ses jointures blanchissant.— Tu m’as tout pris.Je hausse un sourcil.— Non.Je pose lentement mon verre.— Je t’ai seulement laissé voir ce que tu étais déjà en train de perdre.Son regard vacille.Il est fatigué.Epuis
MaximeUn roi n’est jamais en sécurité.C’est une illusion que seul un imbécile peut croire.Thomas a chuté sans que j’aie besoin de lever le petit doigt. Mais maintenant que je suis au sommet, les choses deviennent sérieuses.L’ombre d’un empire ne suffit pas.Il faut un trône.Il faut des fondations solides.Il faut que tout le monde sache que je ne suis pas seulement un opportuniste.Mais un roi légitime.Et pour ça…Il faut du sang.---La Reconstruction – Un Règne à AsseoirJe passe les jours suivants à organiser ce qui doit être organisé.Les hommes de Thomas doivent choisir : rester sous mes ordres ou disparaître.Certains se montrent loyaux dès le départ. Ils ont vu la chute de leur ancien patron et savent que résister serait suicidaire.D’autres hésitent.Un seul commet l’erreur de me défier.Cyril, un des lieutenants de Thomas. Un homme à la poigne solide, aux paroles arrogantes.Il pense que mon pouvoir est une illusion. Que je ne suis qu’un gamin rusé qui a eu un coup de ch
MaximeUn homme méthodique, cruel, inattaquable.Jusqu’à ce qu’il disparaisse dans les flammes d’un entrepôt il y a trois ans.Morts confirmées : dix-neuf.Identité retrouvée : aucune.J’avais seize ans à l’époque, un simple gamin qui observait le monde du crime à distance.Moretti était une légende.Un monstre dont le règne s’est achevé dans un incendie criminel.Et maintenant, il me parle au téléphone comme si nous étions de vieux amis.Je n’aime pas ça.Pas du tout.MaximeLa scène est figée.Léa est plaquée contre une voiture par un homme qui pense avoir gagné.Deux autres sont au sol, l’un grognant de douleur, l’autre inconscient.Et moi…Je suis là.Mon arme levée.Mon regard planté dans celui du type qui retient Léa.Il hésite.Ce qu’il voit dans mes yeux ne lui plaît pas.— Lâche-la. Maintenant.Ma voix est calme. Trop calme.L’homme ne bouge pas immédiatement. Il jauge la situation, calcule ses chances.Je vois le doute s’insinuer en lui.Il n’a pas peur de l’arme.Il a peur d
MorettiJe voulais juste aller chercher un café et prendre l’air.Mais à peine j’ai mis un pied dehors qu’un type en costard m’interpelle.— Vous êtes bien Léa ?Je fronce les sourcils.— Qui le demande ?Il sourit.Un sourire poli, presque amical.— Un ami de Maxime.Je ne bouge pas.— C’est drôle, parce que Maxime ne m’a pas parlé de vous.Il continue de sourire.— Il est très occupé.Je me raidis.Ce type n’est pas un ami.Et il n’est pas seul.Deux autres hommes sont à quelques mètres, discrets mais bien là.Je soupire intérieurement.Bien sûr que Maxime avait raison.Moretti frappe là où ça fait mal.Et aujourd’hui, ce qui fait mal, c’est moi.L’homme s’approche légèrement.— Vous devriez venir avec nous.Je souris à mon tour.— Et si je refuse ?Il incline la tête, faussement compatissant.— Ce serait une erreur.Je croise les bras.— Et si je fais une erreur ?Il soupire.— Dans ce cas…Il sort un pistolet et le braque sur mon ventre.— Je vais devoir vous convaincre autrement.
MaximeMinuit approche.Je suis allongé sur le toit d’un immeuble adjacent à celui de Moretti. La nuit est calme, mais sous cette apparente tranquillité se cache une tension électrique.Je fixe l’objectif de mes jumelles thermiques.Quatre gardes sur le toit. Deux autres à l’entrée principale. Et encore trois patrouilles sur le périmètre.Moretti a renforcé la sécurité.C’est presque flatteur.— Combien ? murmure Léa, allongée à côté de moi.— Neuf visibles. Et sûrement d’autres à l’intérieur.Elle hoche la tête.— Tu veux vraiment y aller seul ?— C’est la seule option.Je ne peux pas me permettre un assaut frontal. Pas encore.Léa me fixe un instant avant de soupirer.— T’es vraiment suicidaire.Je souris légèrement.— Ou juste très confiant.Elle ne répond pas.Moi non plus.Je me redresse et vérifie mon équipement :Couteau en céramique, indétectable aux détecteurs de métaux.Silencieux vissé sur mon Glock.Corde et grappin enroulés autour de mon torse.Je suis prêt.J’attrape la
MaximeUn Espoir MinusculeLe temps s’étire.Moretti continue son jeu.Mais je remarque quelque chose.L’un de ses hommes a laissé un couteau trop près de moi, sur la table.Si j’arrive à le distraire…Je prends une profonde inspiration et fais semblant d’être plus faible que je ne le suis.Je laisse ma tête retomber légèrement en avant, respirant difficilement.Moretti s’approche, croyant que je commence à faiblir.— Tu vois, Maxime ? Ce n’était qu’une question de temps.Il fait un geste à son homme de main.Ce dernier s’approche pour me redresser.C’est le moment.Je bouge brutalement, faisant basculer ma chaise.Dans le même mouvement, j’attrape le couteau avec mes doigts encore liés.Le garde tente de me relever, mais je plante la lame directement dans sa gorge.Il recule en gargouillant, les mains serrées sur sa plaie béante.Moretti jure et sort son arme.Mais je roule sur le sol et brise ma chaise contre le mur, libérant mes jambes.Les balles fusent.J’évite de justesse un tir
MaximeJe souris malgré moi.— Je vais essayer.Elle s’apprête à parler, mais une vibration interrompt notre échange.Mon téléphone.Un message anonyme."On sait où tu es."Je me redresse d’un coup, le regard sombre.Eva fronce les sourcils.— C’est quoi ce regard ?Je range mon téléphone et me lève, malgré la douleur.— Il faut qu’on bouge.La douleur pulse dans mon flanc, mais l’adrénaline fait son travail. Je n’ai pas le temps d’être faible.Le message sur mon téléphone est clair : ils savent où je suis.Moretti n’est pas du genre à envoyer des messages d’avertissement. S’ils me préviennent, c’est soit pour me pousser à la panique, soit parce qu’ils sont déjà en route.Je relève les yeux vers Eva. Elle attend une réponse.— On ne bouge pas.Elle fronce les sourcils.— Tu es sérieux ?— Plus que jamais.Je fais craquer ma nuque et récupère mon arme, vérifiant le chargeur.— Si on fuit, ils nous traqueront comme des proies. Mais si on les attend…Je laisse ma phrase en suspens, un so
LéaLe jardin était redevenu silencieux.Comme s’il reprenait son souffle après tant de cœurs battants, de mots chuchotés et de souvenirs réveillés.Camille était partie.Son ombre s’était effacée lentement dans le halo doré de la nuit, et son sourire tremblant restait encore dans l’air, comme une dernière note tenue.Elle m’avait serrée fort. Pas pour me dire adieu, non. Pour dire qu’elle comprenait. Qu’elle me rendait ma place.Qu’elle m’aimait.Mon père aussi.Il avait le regard un peu perdu, comme s’il cherchait la petite fille que j’étais encore quelques instants plus tôt. Il ne m’avait pas parlé — il n’en avait pas besoin. Ses bras autour de moi avaient suffi.Et j’avais senti son front contre mes cheveux, son souffle sur ma tempe, ce soupir qu’il n’avait pas retenu.Puis Maxime avait tout doucement éteint les guirlandes.Une à une, les lumières avaient cligné, vacillé, puis rendu l’âme, comme des lucioles fatiguées.Il avait soufflé les bougies sans bruit, ramassé les verres, l
MaximeJe l’ai regardée s’éloigner vers la salle de bains, ses hanches ondulant avec cette aisance que j’avais vu revenir peu à peu, depuis qu’on était ici.Elle se reconstruisait.Et moi, je me reconstruisais avec elle.Quand j’ai entendu l’eau commencer à couler, longtemps, sans précipitation, j’ai pris mon téléphone.Deux appels. Pas plus.Mais deux essentiels.Son père.Et Camille.Je ne leur ai pas expliqué. Il n’y avait pas besoin.J’ai juste dit que j’avais besoin d’eux ce soir. Que c’était important. Que ça devait être simple. Vrai. Doux.Comme elle.Camille a eu mille réactions en une seconde.Elle a d’abord cru à une mauvaise nouvelle. Puis à une fête surprise. Puis à une demande en mariage.Et elle m’a balancé dans la même phrase : « T’as intérêt à pas faire ça à l’arrache, Maxime, je te jure. »Je lui ai dit de me faire confiance.Son père, lui, a été d’un calme qui m’a traversé comme un souffle.« Dis-moi l’heure. »Rien d’autre.Je crois qu’il savait.Ce type sent tout.
LéaLe matin est tombé sur la maison comme un voile de soie.Je me suis réveillée avant lui.Ou plutôt : je me suis laissée réveiller par la lumière.Elle entrait à flots, douce et dorée, comme si elle savait que c’était notre premier matin ici. Qu’il ne fallait rien brusquer. Rien forcer.Tout était encore en suspens.Des cartons posés contre les murs, des vêtements sans place, des objets silencieux sur les étagères vides.Mais dans le lit, ce matin-là, il y avait nous.Je suis restée allongée un moment, à l’écouter respirer derrière moi.Son torse effleurait mon dos.Son bras, en travers de mes hanches, me gardait là, ancrée.Ce n’était pas une étreinte possessive.Plutôt un fil invisible.Un attachement muet.J’avais envie de bouger, de me retourner. De le regarder dormir.Et puis non.Je voulais juste être là, dans cette lenteur neuve.Dans ce presque rien.Il y avait une paix dans ce lit qu’on avait déplacé la veille au soir, à la hâte, au milieu des rires fatigués et des draps f
LéaLe carton glisse entre mes doigts.Il n’est pas lourd. Pas vraiment. Mais mes bras tremblent un peu.Ce n’est pas la fatigue.C’est autre chose. Une onde invisible qui parcourt mon corps, entre la peur et l’excitation.Je suis debout au seuil de la maison.Notre maison.Maxime ouvre la porte devant moi, avec ce geste calme et précis qu’il a toujours eu, comme s’il savait exactement ce qu’il faisait — alors que je vois bien dans ses yeux qu’il est aussi bouleversé que moi.Le bois craque légèrement sous nos pas.L’air est un peu plus frais à l’intérieur. Et il y a cette odeur particulière — mélange de peinture, de poussière fine et de promesses.Il pose la main sur le chambranle, puis se tourne vers moi.« Bienvenue chez toi. »Je ne réponds pas.Je ne peux pas.Je regarde autour de moi, les murs nus, les fenêtres immenses, les éclats de lumière qui se posent déjà au sol comme des présences.C’est réel.Et irréel.Je pose le carton dans l’entrée.Et j’avance.---MaximeElle marche
LéaLa nuit avançait.À petits pas feutrés, comme si elle avait peur de troubler l’équilibre fragile qui s’était instauré entre nous.Je croyais que les émotions s’étaient déjà toutes exprimées.Que le cœur avait tout dit.Mais Maxime gardait encore quelque chose.Je le sentais dans sa respiration.Dans cette tension infime, nichée au creux de son silence.Il m’avait parlé d’amour.Il avait posé ses mains sur mon ventre, sur ce petit être à venir.Et moi, je m’étais laissée envelopper.Pas tout à fait rassurée.Mais un peu plus vivante.Et pourtant…Il y avait autre chose.Un éclat au fond de ses yeux.Une hésitation qui n’avait rien à voir avec le doute.Plutôt cette forme d’appréhension qu’on ressent juste avant de faire un pas important.Un saut.Il s’est redressé légèrement, sans me lâcher du regard.Comme s’il se préparait à me confier une vérité encore plus fragile.Et j’ai su.Qu’on allait franchir une autre frontière.« Il y a encore une chose que je dois te dire… »Sa voix ét
LéaIl était presque vingt-trois heures.La nuit avait recouvert la ville d’un silence dense, ponctué de quelques sirènes lointaines et du clapotis discret de la pluie contre les vitres.J’étais dans mon lit, mais pas vraiment là. Mon corps reposait, figé, alors que mon esprit flottait quelque part entre le regret, l’attente et la fatigue.Je ne pleurais plus.Je ne pensais plus pleurer.Mais chaque battement de cœur était une tension muette, un fil tendu à craquer.Je croyais qu’il ne viendrait pas.Je croyais que c’était fini.Qu’il n’y avait plus rien à dire.Et pourtant… quelque chose en moi résistait.Pas l’espoir — non. Plus ça.Mais un instinct, peut-être. Une mémoire.Et puis, la sonnette.Un son net, étrangement doux dans cette nuit suspendue.Mon cœur a cessé de battre pendant une seconde.Puis il est reparti, en désordre.Je suis restée figée.Quelques secondes à peine.Mais assez pour sentir ce qu’un simple « ding » pouvait réveiller.La peur. L’élan. La colère. Le manque.
LéaLe soir est tombé sans que je m’en aperçoive.Je suis restée longtemps dehors, après le départ de Clara.Assise sur ce banc, les mains dans les poches, le regard perdu entre les branches nues d’un arbre et les fenêtres allumées des appartements.Je ne savais pas encore quoi faire de ce moment.Ce qu’il représentait.Cette paix silencieuse qu’elle m’avait offerte. Ce renoncement sans violence.Comme un cadeau involontaire.Ou un adieu muet.J’étais rentrée lentement. Les jambes lourdes, le cœur en apnée.L’appartement était resté tel que je l’avais laissé : vide, tiède, immobile.Et cette fois, ce n’était pas seulement le silence…C’était l’absence.---Je me suis glissée dans le lit sans allumer la lumière.Je voulais rester dans l’ombre, là où mes pensées pouvaient flotter sans être jugées.Je crois que c’est là que j’ai pleuré.Pas bruyamment. Pas comme dans les films.Mais ces larmes muettes, longues, chaudes, qui coulent sans même secouer les épaules.Celles qui lavent ce qu’o
LéaJe suis restée seule, assise sur le canapé, longtemps après son départ.Le silence s’était refermé comme une chape sur la pièce. Trop dense. Trop lourd. Trop vrai.Tout semblait suspendu. Comme si le temps lui-même retenait son souffle.Il n’y avait plus de cris, plus de battements furieux, plus d’illusions. Seulement cette vérité brute qui tenait encore dans l’air, comme un résidu amer sur la langue.J’ai posé une main sur mon ventre, par réflexe.Comme pour me rappeler ce que je portais.Comme pour lui dire, à ce petit être à peine perceptible : Je suis là. Je tiens. Je ne bouge pas. Même si tout autour vacille.Je ne savais pas si j’étais soulagée ou anéantie.C’était sans doute un mélange des deux.Un étrange vertige entre lucidité et douleur.Il avait été honnête. Brutalement honnête. Et ça faisait mal.Mais j’en avais besoin. Parce qu’il fallait ça, cette clarté, même tranchante.Je ne voulais plus être celle à qui l’on cache. Celle à qui l’on ment pour “la protéger”.J’étai
LéaEt je ne voulais pas qu’elle nous rattrape plus tard, comme un poison lent. Je ne voulais pas faire semblant. Plus maintenant. J’avais trop vécu dans les demi-mots, les silences chargés, les zones grises. J’avais trop laissé les autres écrire les lignes de ma vie.Alors je me suis reculée. Juste assez pour qu’il comprenne que ce que j’allais dire comptait. Que ce n’était pas un caprice. Que c’était important. Inévitable.« Et Clara ? »Il a figé.Un battement de paupières. Un silence dense. J’ai senti quelque chose se tendre sous sa peau, comme un fil qui menace de rompre.Je l’ai regardé droit dans les yeux. Sans colère. Sans hargne. Juste avec cette force calme qu’on apprend quand on n’a plus rien à perdre. Quand on a déjà tout perdu une fois.« Elle est aussi enceinte de toi. Qu’est-ce que tu comptes faire ? »---MaximeJ’aurais voulu qu’elle ne le sache pas. Mais bien sûr qu’elle savait.Léa a toujours su voir au-delà des mots. Au-delà des silences. Elle sent les failles, mê