Camille – L’inévitable vérité
Victor était encore au lit quand Camille se leva. Il ouvrit les yeux juste à temps pour la voir enrouler son peignoir autour d’elle et attraper son téléphone sur la table de nuit.
— Tu travailles tôt ce matin ? demanda-t-il, la voix encore ensommeillée.
Elle ne répondit pas immédiatement, consultant ses notifications avant de lâcher un vague :
— Comme d’habitude.
Il s’appuya sur un coude, observant son profil.
— Tu as un moment avant de partir ? On pourrait prendre un café ensemble.
Camille soupira en attachant ses cheveux.
— Victor… Pourquoi tu insistes ?
Il sentit un frisson d’inquiétude lui parcourir l’échine.
— Parce que j’essaie encore.
Elle se tourna vers lui et, pour la première fois depuis longtemps, il vit une forme de lassitude sincère dans son regard.
— Mais moi, j’ai arrêté.
Le silence s’abattit sur la pièce, épais, étouffant.
— Tu veux dire quoi ? demanda-t-il, même s’il connaissait déjà la réponse.
— Je ne vais pas changer, Victor. Je ne vais pas redevenir celle que j’étais au début. Je ne ressens plus les choses comme toi.
Chaque mot s’enfonçait comme une lame dans sa poitrine.
— Et tu comptais me le dire quand ?
Elle haussa les épaules, détournant le regard.
— Tu le savais déjà.
Il voulait protester, hurler que ce n’était pas vrai, mais il savait qu’elle avait raison.
Il l’avait senti, dans chaque regard évité, chaque baiser absent, chaque nuit où elle s’endormait dos à lui.
Il avait juste refusé d’écouter.
Ce matin-là, Victor comprit qu’il ne s’agissait plus d’un passage à vide.
C’était la fin.
Antoine – La rechute
Élise rentra plus tôt que prévu, impatiente de voir Antoine. Il lui avait promis de faire des efforts, et hier soir avait été un premier pas.
Elle poussa la porte du salon, un sourire prêt à éclore sur ses lèvres.
Puis elle le vit.
Affalé sur le canapé, une bouteille vide à la main, deux autres sur la table.
Les rideaux tirés plongeaient la pièce dans une pénombre oppressante.
L’odeur de l’alcool saturait l’air.
Son cœur se serra.
— Antoine… souffla-t-elle, la gorge nouée.
Il ouvrit un œil, visiblement à moitié conscient.
— Qu’est-ce que tu fais là ? marmonna-t-il.
— Tu avais promis.
Il eut un rire amer, un rire qui n’avait plus rien d’humain.
— Les promesses, ça ne sert à rien.
Elle s’approcha lentement, les mains tremblantes.
— Pourquoi tu fais ça ?
Antoine grogna en s’asseyant avec difficulté.
— Parce que c’est plus facile. Parce que ça m’empêche de penser.
Elle sentit les larmes lui monter aux yeux.
— De penser à quoi ?
Son regard trouble se posa sur elle, un instant seulement.
— À moi. À nous. À ce que j’ai foutu en l’air.
Puis, dans un geste brusque, il saisit une nouvelle bouteille et tenta de l’ouvrir.
Élise lui arracha des mains.
— Non ! cria-t-elle.
Il se leva d’un bond, vacilla, puis s’approcha d’elle avec une agressivité qu’il n’avait jamais eue auparavant.
— Donne-moi ça.
— Non, Antoine, regarde-toi !
Sa respiration était lourde, ses yeux injectés de sang.
— T’as pas compris ? Y’a plus rien à sauver !
Le hurlement la figea.
Il tituba, s’appuya contre le mur, puis s’écroula sur le sol.
Élise serra la bouteille contre ell
e, le cœur battant à tout rompre.
Elle l’aimait toujours.
Mais pour la première fois, elle se demanda si cet amour allait continuer comme ça où elle va finir
Une dernière tentative
Victor n’était pas prêt à abandonner.
Même après la confession brutale de Camille, après son regard froid et ses mots tranchants comme des lames, il voulait essayer une dernière fois.
Il passa la journée à réfléchir, à chercher un moyen de la toucher, de réveiller en elle quelque chose – un souvenir, une émotion, une infime trace du lien qu’ils avaient partagé.
Le soir venu, il rentra plus tôt, déterminé.
Il avait préparé un dîner. Un vrai dîner, pas une simple assiette posée sur la table pendant qu’elle défilait sur son téléphone.
Il avait allumé quelques bougies, mis une musique douce, sorti une bouteille de vin qu’ils avaient gardée pour « une occasion spéciale ».
Quand Camille rentra, elle s’arrêta un instant sur le seuil du salon, observant la scène.
— C’est quoi, ça ? demanda-t-elle, l’ombre d’un agacement déjà dans la voix.
Victor s’approcha, hésitant.
— Un dîner. Juste nous deux. Pour parler, pour… essayer.
Elle haussa un sourcil, croisa les bras.
— Essayer quoi, Victor ?
— Nous.
Il y avait une sincérité désespérée dans sa voix. Une supplique.
Camille le regarda un moment, impassible, avant de secouer la tête et de poser son sac sur la table.
— T’es pathétique.
Il sentit un frisson glacial parcourir son dos.
— Camille…
Elle soupira, exaspérée.
— Combien de fois il faut que je te le dise ? Arrête d’espérer. Il n’y a plus rien à sauver.
Il sentit sa gorge se serrer.
— Alors, c’est fini ?
Comme ça ?
Elle haussa les épaules.
— **C
Victor – Seul dans son combat
Il resta debout un long moment après que Camille eut disparu dans la chambre, le laissant seul face à la table dressée.
Les bougies vacillaient doucement, projetant des ombres mouvantes sur les murs.
Le vin qu’il avait choisi avec soin restait intact. Les assiettes refroidissaient.
Il baissa lentement les yeux, réalisant l’absurdité de la scène.
Il était seul.
Seul à se battre. Seul à espérer.
Il s’assit lourdement sur une chaise, posa ses coudes sur la table et passa ses mains sur son visage.
Il n’y avait pas de colère en lui.
Juste une immense fatigue.
Un amour épuisé.
Il leva les yeux vers le couloir où Camille s’était retirée, là où elle ne voulait plus de lui, là où elle vivait à ses côtés sans jamais être avec lui.
Pourquoi restait-elle encore ?
Par habitude ? Par confort ?
Ou peut-être parce qu’elle savait qu’il n’aurait jamais la force de partir.
Victor sentit son souffle se briser dans sa gorge.
Il s’était battu seul tout ce temps, et ce soir, il venait de perdre une guerre qui n’avait jamais vraiment eu lieu.
Élise – Les larmes silencieuses
Dans la pénombre de la chambre, Élise était recroquevillée sur le lit, les bras serrés autour de ses genoux.
Antoine dormait à côté d’elle. Ou plutôt, il était tombé dans un sommeil lourd, presque comateux, après sa rechute.
Elle, elle n’y arrivait pas.
Elle fixait le plafond, les yeux brillants de larmes contenues.
Ce n’était pas la première fois qu’elle pleurait à cause de lui.
Mais cette nuit, c’était différent.
Ce soir, elle ne pleurait pas de colère ou de frustration.
Elle pleurait parce qu’elle comprenait enfin.
Antoine ne savait même pas à quel point il la détruisait.
Il ne réalisait pas le poids qu’elle portait pour eux deux, les sacrifices, l’amour qu’elle continuait de lui donner alors qu’il n’en voulait même plus.
Elle l’aimait toujours.
Mais à quel point pouvait-on aimer quelqu’un qui vous brisait un peu plus chaque jour ?
Elle ferma les yeux et laissa une larme rouler sur son oreiller.
Elle n’avait pas la réponse.
Et peut-être qu’Antoine ne la trouverait jamais.
Victor resta un moment immobile, le téléphone à la main, hésitant. Puis, d’un geste brusque, il composa le numéro de cette fille qu’il avait rencontrée il y a quelques semaines. Elle s’appelait Lyna. Une bouffée de légèreté dans son quotidien étouffant.Il porta l'appareil à son oreille. Une tonalité… Deux… Puis un message automatique :"Le numéro que vous avez demandé n'est pas disponible pour le moment."Victor fronça les sourcils, soupira, et reposa son téléphone.Je ne vais pas passer une autre soirée seul.Sans trop réfléchir, il prit ses clés et quitta son appartement.Le quartier de Lyna n'était pas loin. Un endroit modeste mais vivant, avec des enfants qui jouaient dans la rue et des voisins qui discutaient devant leurs portes.Arrivé devant son immeuble, il inspira profondément et frappa doucement.Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrit.— Victor ? fit Lyna, visiblement surprise.Elle portait un jogging ample et un débardeur, ses cheveux relevés en un chignon désordon
Le soleil commençait à descendre sur la ville, couvrant les rues d’une lueur dorée. Élise sortait du supermarché, deux sacs pleins dans les mains, l’esprit ailleurs.Soudain, une voiture de luxe — une berline noire étincelante — freina doucement près du trottoir, juste à côté d’elle.Intriguée, Élise tourna légèrement la tête.La portière s’ouvrit et un jeune homme élégant en sortit. Grand, la trentaine, vêtu avec une classe naturelle.Le regard franc, il s'approcha d’elle avec un sourire confiant.— Bonsoir ! lança-t-il d’une voix posée.Élise, un peu méfiante, serra ses sacs contre elle.— Bonsoir… répondit-elle poliment.Le jeune homme rit légèrement, percevant sa réserve.— Pardon de débarquer comme ça. Je ne voulais pas t’effrayer. Je m'appelle Adam.Il tendit la main vers elle.Hésitante, Élise posa un de ses sacs à terre et serra sa main.— Élise. dit-elle simplement.Adam sourit, visiblement ravi.— Un joli prénom pour une jolie fille. dit-il avec un clin d'œil taquin.Élise r
Victor arriva au bureau légèrement en retard, chose rare pour lui.Il posa sa sacoche sur son bureau avec lenteur, puis s’affala dans son fauteuil, pensif.De l’autre côté de la pièce, Laura, sa secrétaire — une femme vive, au sourire facile — l’observait discrètement.Elle fronça les sourcils en voyant son patron, habituellement si droit et concentré, paraître ailleurs, perdu dans ses pensées.Après quelques minutes, elle prit son courage à deux mains, s'approcha de son bureau et frappa doucement à la porte ouverte.— Monsieur Victor… ça va aujourd'hui ? demanda-t-elle d’une voix douce.Victor leva les yeux vers elle, surpris, comme s’il revenait d’un long voyage intérieur.— Oui, Laura, tout va bien. répondit-il avec un faible sourire.Laura croisa les bras et s’appuya contre le chambranle de la porte, le fixant intensément.— Je vous connais, vous savez. dit-elle d’un ton presque complice. Quand quelque chose vous tracasse, vous devenez silencieux… trop silencieux.Victor esquissa
Le jour commençait à peine à poindre derrière les rideaux tirés. Une lumière douce filtrait à travers le tissu, projetant des ombres diffuses sur les murs de la chambre. Victor ouvrit les yeux lentement, bercé par le silence matinal. Il tourna la tête sur l’oreiller et la vit, allongée à ses côtés, paisible dans son sommeil.Il prit quelques secondes pour l’observer. Son visage semblait détendu, préservé des tracas du quotidien, et il retrouva dans ses traits une douceur qu’il avait l’impression d’avoir perdue de vue. Il se rappela du jour de leur mariage, de cette image lumineuse de Camille, rayonnante dans sa robe blanche, de l’amour éclatant qu’ils partageaient à l’époque. Il se revit lui prendre la main avec la certitude naïve que rien ne pourrait les éloigner.Aujourd’hui, pourtant, quelque chose était différent. Une distance s’était installée entre eux, insidieuse et silencieuse, et il peinait à en trouver l’origine. Était-ce le temps ? L’usure des jours qui passent sans que l’o
Élise ouvrit les yeux sur une chambre plongée dans une lumière grise. L’aube peinait à filtrer à travers les rideaux épais, projetant des ombres diffuses sur les murs. Elle inspira profondément. L’odeur familière de l’alcool flottait encore dans l’air, imprégnant les draps, les coussins, chaque recoin de leur espace intime.Elle savait ce qu’elle allait trouver en sortant du lit.D’un mouvement lent, presque mécanique, elle se leva et enfila son peignoir. Dans le couloir, elle s’arrêta un instant devant la porte du salon. À travers l’entrebâillement, elle distingua Antoine, affalé sur le canapé, un bras pendant mollement sur le bord, sa respiration lourde et irrégulière.Les bouteilles vides étaient alignées sur la table basse, vestiges silencieux d’une nuit de trop.Un amour mis à l’épreuveÉlise s’avança à pas feutrés, ramassa les bouteilles une par une, les déposant dans un sac en évitant tout bruit. Elle redressa les coussins, rabattit une couverture sur Antoine, puis se dirigea v
Victor – Une solitude écrasanteVictor referma la porte de son bureau et s’affaissa dans son fauteuil. Il observa un instant l’écran noir de son ordinateur avant de soupirer longuement.Depuis combien de temps n’avait-il pas ressenti une vraie complicité avec Camille ?Depuis combien de temps leurs conversations se résumaient-elles à des échanges pratiques, des phrases brèves sur le dîner ou les factures à payer ?Il avait toujours cru que le silence dans un couple pouvait être confortable, signe d’une entente naturelle. Mais ce silence-là était différent. Il était lourd, pesant, presque hostile.Un frisson le traversa à cette pensée.Et si Camille ne l’aimait plus ?Non. Il chassa cette idée d’un mouvement de tête. C’était juste une phase, un creux dans leur relation. Tous les couples traversaient cela, non ?Pourtant, au fond de lui, un doute s’insinuait.Il n’osait pas en parler. Par peur d’affronter la vérité. Par peur qu’elle confirme ce qu’il redoutait déjà.Élise – Une défense
Victor rentra chez lui comme tous les soirs, poussant la porte d’entrée avec lassitude.Il n’y avait pas de lumière d’accueil, pas de voix joyeuse pour lui souhaiter la bienvenue. Seulement le bruit distant de la télévision et le faible bourdonnement d’un téléphone vibré.Il posa ses clés sur la table, hésita une seconde avant de se diriger vers le salon. Camille était là, recroquevillée sur le canapé, son écran illuminant son visage impassible.— Salut.Un murmure, presque une tentative désespérée de se raccrocher à une habitude.— Hmm.Une réponse automatique, sans lever les yeux, sans même feindre un sourire.Victor resta debout un instant, cherchant quoi dire, quoi faire pour briser ce mur invisible entre eux.— Ta journée s’est bien passée ?— Oui.Un mot. Sec. Froid. Comme chaque soir.Il voulait lui parler. Lui dire qu’il se sentait seul, même en sa présence. Qu’il avait besoin d’elle, de ses rires, de ses gestes tendres qu’elle lui refusait désormais.Mais il savait que cela n
Ce soir-là, Victor n’en pouvait plus.Des mois, peut-être des années qu’il contenait cette frustration, qu’il évitait la confrontation par peur du rejet total.Mais ce soir, il n’y arrivait plus.Camille était encore sur son téléphone, assise sur le canapé, les jambes repliées sous elle. Son regard glissait sur l’écran, absorbé par des conversations qui n’étaient pas avec lui.Victor prit une profonde inspiration et s’avança.— Camille, on peut parler ?Elle ne leva pas les yeux immédiatement. Il attendit, sentant déjà l’agacement dans sa posture.— Parler de quoi ? demanda-t-elle finalement, la voix neutre.— De nous.Cette fois, elle posa son téléphone sur l’accoudoir du canapé, mais sans grand enthousiasme.— Victor, qu’est-ce que tu veux que je dise ?Il serra les poings pour se donner du courage.— Je veux comprendre. Comprendre pourquoi tu es là sans être là. Pourquoi tu ne me regardes plus, pourquoi tu ne me touches plus.Camille haussa les épaules.— Je n’ai rien à dire.Cette
Victor arriva au bureau légèrement en retard, chose rare pour lui.Il posa sa sacoche sur son bureau avec lenteur, puis s’affala dans son fauteuil, pensif.De l’autre côté de la pièce, Laura, sa secrétaire — une femme vive, au sourire facile — l’observait discrètement.Elle fronça les sourcils en voyant son patron, habituellement si droit et concentré, paraître ailleurs, perdu dans ses pensées.Après quelques minutes, elle prit son courage à deux mains, s'approcha de son bureau et frappa doucement à la porte ouverte.— Monsieur Victor… ça va aujourd'hui ? demanda-t-elle d’une voix douce.Victor leva les yeux vers elle, surpris, comme s’il revenait d’un long voyage intérieur.— Oui, Laura, tout va bien. répondit-il avec un faible sourire.Laura croisa les bras et s’appuya contre le chambranle de la porte, le fixant intensément.— Je vous connais, vous savez. dit-elle d’un ton presque complice. Quand quelque chose vous tracasse, vous devenez silencieux… trop silencieux.Victor esquissa
Le soleil commençait à descendre sur la ville, couvrant les rues d’une lueur dorée. Élise sortait du supermarché, deux sacs pleins dans les mains, l’esprit ailleurs.Soudain, une voiture de luxe — une berline noire étincelante — freina doucement près du trottoir, juste à côté d’elle.Intriguée, Élise tourna légèrement la tête.La portière s’ouvrit et un jeune homme élégant en sortit. Grand, la trentaine, vêtu avec une classe naturelle.Le regard franc, il s'approcha d’elle avec un sourire confiant.— Bonsoir ! lança-t-il d’une voix posée.Élise, un peu méfiante, serra ses sacs contre elle.— Bonsoir… répondit-elle poliment.Le jeune homme rit légèrement, percevant sa réserve.— Pardon de débarquer comme ça. Je ne voulais pas t’effrayer. Je m'appelle Adam.Il tendit la main vers elle.Hésitante, Élise posa un de ses sacs à terre et serra sa main.— Élise. dit-elle simplement.Adam sourit, visiblement ravi.— Un joli prénom pour une jolie fille. dit-il avec un clin d'œil taquin.Élise r
Victor resta un moment immobile, le téléphone à la main, hésitant. Puis, d’un geste brusque, il composa le numéro de cette fille qu’il avait rencontrée il y a quelques semaines. Elle s’appelait Lyna. Une bouffée de légèreté dans son quotidien étouffant.Il porta l'appareil à son oreille. Une tonalité… Deux… Puis un message automatique :"Le numéro que vous avez demandé n'est pas disponible pour le moment."Victor fronça les sourcils, soupira, et reposa son téléphone.Je ne vais pas passer une autre soirée seul.Sans trop réfléchir, il prit ses clés et quitta son appartement.Le quartier de Lyna n'était pas loin. Un endroit modeste mais vivant, avec des enfants qui jouaient dans la rue et des voisins qui discutaient devant leurs portes.Arrivé devant son immeuble, il inspira profondément et frappa doucement.Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrit.— Victor ? fit Lyna, visiblement surprise.Elle portait un jogging ample et un débardeur, ses cheveux relevés en un chignon désordon
Camille – L’inévitable véritéVictor était encore au lit quand Camille se leva. Il ouvrit les yeux juste à temps pour la voir enrouler son peignoir autour d’elle et attraper son téléphone sur la table de nuit.— Tu travailles tôt ce matin ? demanda-t-il, la voix encore ensommeillée.Elle ne répondit pas immédiatement, consultant ses notifications avant de lâcher un vague :— Comme d’habitude.Il s’appuya sur un coude, observant son profil.— Tu as un moment avant de partir ? On pourrait prendre un café ensemble.Camille soupira en attachant ses cheveux.— Victor… Pourquoi tu insistes ?Il sentit un frisson d’inquiétude lui parcourir l’échine.— Parce que j’essaie encore.Elle se tourna vers lui et, pour la première fois depuis longtemps, il vit une forme de lassitude sincère dans son regard.— Mais moi, j’ai arrêté.Le silence s’abattit sur la pièce, épais, étouffant.— Tu veux dire quoi ? demanda-t-il, même s’il connaissait déjà la réponse.— Je ne vais pas changer, Victor. Je ne vai
Ce soir-là, Victor n’en pouvait plus.Des mois, peut-être des années qu’il contenait cette frustration, qu’il évitait la confrontation par peur du rejet total.Mais ce soir, il n’y arrivait plus.Camille était encore sur son téléphone, assise sur le canapé, les jambes repliées sous elle. Son regard glissait sur l’écran, absorbé par des conversations qui n’étaient pas avec lui.Victor prit une profonde inspiration et s’avança.— Camille, on peut parler ?Elle ne leva pas les yeux immédiatement. Il attendit, sentant déjà l’agacement dans sa posture.— Parler de quoi ? demanda-t-elle finalement, la voix neutre.— De nous.Cette fois, elle posa son téléphone sur l’accoudoir du canapé, mais sans grand enthousiasme.— Victor, qu’est-ce que tu veux que je dise ?Il serra les poings pour se donner du courage.— Je veux comprendre. Comprendre pourquoi tu es là sans être là. Pourquoi tu ne me regardes plus, pourquoi tu ne me touches plus.Camille haussa les épaules.— Je n’ai rien à dire.Cette
Victor rentra chez lui comme tous les soirs, poussant la porte d’entrée avec lassitude.Il n’y avait pas de lumière d’accueil, pas de voix joyeuse pour lui souhaiter la bienvenue. Seulement le bruit distant de la télévision et le faible bourdonnement d’un téléphone vibré.Il posa ses clés sur la table, hésita une seconde avant de se diriger vers le salon. Camille était là, recroquevillée sur le canapé, son écran illuminant son visage impassible.— Salut.Un murmure, presque une tentative désespérée de se raccrocher à une habitude.— Hmm.Une réponse automatique, sans lever les yeux, sans même feindre un sourire.Victor resta debout un instant, cherchant quoi dire, quoi faire pour briser ce mur invisible entre eux.— Ta journée s’est bien passée ?— Oui.Un mot. Sec. Froid. Comme chaque soir.Il voulait lui parler. Lui dire qu’il se sentait seul, même en sa présence. Qu’il avait besoin d’elle, de ses rires, de ses gestes tendres qu’elle lui refusait désormais.Mais il savait que cela n
Victor – Une solitude écrasanteVictor referma la porte de son bureau et s’affaissa dans son fauteuil. Il observa un instant l’écran noir de son ordinateur avant de soupirer longuement.Depuis combien de temps n’avait-il pas ressenti une vraie complicité avec Camille ?Depuis combien de temps leurs conversations se résumaient-elles à des échanges pratiques, des phrases brèves sur le dîner ou les factures à payer ?Il avait toujours cru que le silence dans un couple pouvait être confortable, signe d’une entente naturelle. Mais ce silence-là était différent. Il était lourd, pesant, presque hostile.Un frisson le traversa à cette pensée.Et si Camille ne l’aimait plus ?Non. Il chassa cette idée d’un mouvement de tête. C’était juste une phase, un creux dans leur relation. Tous les couples traversaient cela, non ?Pourtant, au fond de lui, un doute s’insinuait.Il n’osait pas en parler. Par peur d’affronter la vérité. Par peur qu’elle confirme ce qu’il redoutait déjà.Élise – Une défense
Élise ouvrit les yeux sur une chambre plongée dans une lumière grise. L’aube peinait à filtrer à travers les rideaux épais, projetant des ombres diffuses sur les murs. Elle inspira profondément. L’odeur familière de l’alcool flottait encore dans l’air, imprégnant les draps, les coussins, chaque recoin de leur espace intime.Elle savait ce qu’elle allait trouver en sortant du lit.D’un mouvement lent, presque mécanique, elle se leva et enfila son peignoir. Dans le couloir, elle s’arrêta un instant devant la porte du salon. À travers l’entrebâillement, elle distingua Antoine, affalé sur le canapé, un bras pendant mollement sur le bord, sa respiration lourde et irrégulière.Les bouteilles vides étaient alignées sur la table basse, vestiges silencieux d’une nuit de trop.Un amour mis à l’épreuveÉlise s’avança à pas feutrés, ramassa les bouteilles une par une, les déposant dans un sac en évitant tout bruit. Elle redressa les coussins, rabattit une couverture sur Antoine, puis se dirigea v
Le jour commençait à peine à poindre derrière les rideaux tirés. Une lumière douce filtrait à travers le tissu, projetant des ombres diffuses sur les murs de la chambre. Victor ouvrit les yeux lentement, bercé par le silence matinal. Il tourna la tête sur l’oreiller et la vit, allongée à ses côtés, paisible dans son sommeil.Il prit quelques secondes pour l’observer. Son visage semblait détendu, préservé des tracas du quotidien, et il retrouva dans ses traits une douceur qu’il avait l’impression d’avoir perdue de vue. Il se rappela du jour de leur mariage, de cette image lumineuse de Camille, rayonnante dans sa robe blanche, de l’amour éclatant qu’ils partageaient à l’époque. Il se revit lui prendre la main avec la certitude naïve que rien ne pourrait les éloigner.Aujourd’hui, pourtant, quelque chose était différent. Une distance s’était installée entre eux, insidieuse et silencieuse, et il peinait à en trouver l’origine. Était-ce le temps ? L’usure des jours qui passent sans que l’o