Victor rentra chez lui comme tous les soirs, poussant la porte d’entrée avec lassitude.
Il n’y avait pas de lumière d’accueil, pas de voix joyeuse pour lui souhaiter la bienvenue. Seulement le bruit distant de la télévision et le faible bourdonnement d’un téléphone vibré.
Il posa ses clés sur la table, hésita une seconde avant de se diriger vers le salon. Camille était là, recroquevillée sur le canapé, son écran illuminant son visage impassible.
— Salut.
Un murmure, presque une tentative désespérée de se raccrocher à une habitude.
— Hmm.
Une réponse automatique, sans lever les yeux, sans même feindre un sourire.
Victor resta debout un instant, cherchant quoi dire, quoi faire pour briser ce mur invisible entre eux.
— Ta journée s’est bien passée ?
— Oui.
Un mot. Sec. Froid. Comme chaque soir.
Il voulait lui parler. Lui dire qu’il se sentait seul, même en sa présence. Qu’il avait besoin d’elle, de ses rires, de ses gestes tendres qu’elle lui refusait désormais.
Mais il savait que cela ne servirait à rien.
Alors, il soupira et se dirigea vers la cuisine.
Il prépara un repas qu’elle ne remarquerait pas, mangea dans un silence pesant, puis se réfugia dans leur chambre, un livre à la main.
Avant, il l’attendait. Il espérait qu’elle le rejoigne, qu’elle se blottisse contre lui comme autrefois.
Mais il avait cessé d’espérer.
Il savait qu’elle viendrait bien plus tard, après avoir terminé sa soirée virtuelle, après avoir échangé des messages avec des inconnus plus intéressants que lui.
Et chaque nuit, il s’endormait en se demandant quand il avait cessé d’être une priorité dans sa vie.
---
Élise – S’accrocher à l’illusion
Élise ouvrit un tiroir et en sortit une vieille photo.
Elle et Antoine, souriants, enlacés, le soleil couchant illuminant leurs visages. C’était un été, un de ces moments où tout semblait simple, où aimer Antoine ne signifiait pas se battre contre ses démons.
Elle effleura du bout des doigts le visage rieur de son mari, celui qui lui manquait tant.
Elle entendit un bruit derrière elle. Antoine venait de rentrer.
Elle se précipita vers lui, dissimulant la photo derrière son dos comme une adolescente prise en faute.
— Tu es là.
Antoine leva un sourcil, un peu surpris.
— Ben oui, où veux-tu que je sois ?
Elle sourit faiblement.
— Je pensais juste… que tu rentrerais plus tard.
Il haussa les épaules et se laissa tomber sur le canapé.
— J’avais pas envie de sortir ce soir.
Ce n’était rien. Une simple phrase, un constat banal.
Mais pour Élise, c’était une victoire.
Il était là. Avec elle.
Peut-être que ce soir, ils pourraient parler. Peut-être qu’il se souviendrait de ce qu’ils avaient partagé.
Elle alla chercher deux verres et une bouteille de vin.
— Ça te dit qu’on boive un verre ensemble ? Comme avant ?
Antoine la regarda, puis soupira.
— Élise…
Son ton était las, agacé.
— Juste un verre.
Il la fixa un instant avant de tendre la main.
— OK.
Elle se pressa de remplir son verre avant qu’il ne change d’avis, un mince espoir battant dans sa poitrine.
Ils trinquèrent en silence.
Elle le regardait, cherchant un signe, un geste qui prouverait qu’il était encore là, quelque part, sous cette fatigue et cet ennui.
— Tu te souviens de ce voyage en Espagne ? demanda-t-elle doucement.
Antoine haussa un sourcil.
— Quel voyage ?
Elle rit, un peu nerveusement.
— Celui où tu t’es perdu dans les ruelles de Barcelone et où on a fini par manger dans ce minuscule restaurant familial…
Il fronça les sourcils, essayant de se rappeler.
— Ah ouais… Peut-être.
Son cœur se serra.
Il ne se souvenait pas.
Ou pire : il s’en fichait.
Elle but une gorgée de vin pour masquer sa peine.
— C’était un beau moment.
— Si tu le dis.
Il vida son verre d’un trait et se leva.
— Je vais me coucher.
Élise le regarda disparaître dans la chambre, ses mains serrées autour de son verre.
Elle voulait croire que ce n’était pas perdu.
Que quelque part, sou
s cette indifférence, il y avait encore l’homme dont elle était tombée amoureuse.
Mais chaque soir, il lui échappait un peu plus.
Ce soir-là, Victor n’en pouvait plus.Des mois, peut-être des années qu’il contenait cette frustration, qu’il évitait la confrontation par peur du rejet total.Mais ce soir, il n’y arrivait plus.Camille était encore sur son téléphone, assise sur le canapé, les jambes repliées sous elle. Son regard glissait sur l’écran, absorbé par des conversations qui n’étaient pas avec lui.Victor prit une profonde inspiration et s’avança.— Camille, on peut parler ?Elle ne leva pas les yeux immédiatement. Il attendit, sentant déjà l’agacement dans sa posture.— Parler de quoi ? demanda-t-elle finalement, la voix neutre.— De nous.Cette fois, elle posa son téléphone sur l’accoudoir du canapé, mais sans grand enthousiasme.— Victor, qu’est-ce que tu veux que je dise ?Il serra les poings pour se donner du courage.— Je veux comprendre. Comprendre pourquoi tu es là sans être là. Pourquoi tu ne me regardes plus, pourquoi tu ne me touches plus.Camille haussa les épaules.— Je n’ai rien à dire.Cette
Camille – L’inévitable véritéVictor était encore au lit quand Camille se leva. Il ouvrit les yeux juste à temps pour la voir enrouler son peignoir autour d’elle et attraper son téléphone sur la table de nuit.— Tu travailles tôt ce matin ? demanda-t-il, la voix encore ensommeillée.Elle ne répondit pas immédiatement, consultant ses notifications avant de lâcher un vague :— Comme d’habitude.Il s’appuya sur un coude, observant son profil.— Tu as un moment avant de partir ? On pourrait prendre un café ensemble.Camille soupira en attachant ses cheveux.— Victor… Pourquoi tu insistes ?Il sentit un frisson d’inquiétude lui parcourir l’échine.— Parce que j’essaie encore.Elle se tourna vers lui et, pour la première fois depuis longtemps, il vit une forme de lassitude sincère dans son regard.— Mais moi, j’ai arrêté.Le silence s’abattit sur la pièce, épais, étouffant.— Tu veux dire quoi ? demanda-t-il, même s’il connaissait déjà la réponse.— Je ne vais pas changer, Victor. Je ne vai
Victor resta un moment immobile, le téléphone à la main, hésitant. Puis, d’un geste brusque, il composa le numéro de cette fille qu’il avait rencontrée il y a quelques semaines. Elle s’appelait Lyna. Une bouffée de légèreté dans son quotidien étouffant.Il porta l'appareil à son oreille. Une tonalité… Deux… Puis un message automatique :"Le numéro que vous avez demandé n'est pas disponible pour le moment."Victor fronça les sourcils, soupira, et reposa son téléphone.Je ne vais pas passer une autre soirée seul.Sans trop réfléchir, il prit ses clés et quitta son appartement.Le quartier de Lyna n'était pas loin. Un endroit modeste mais vivant, avec des enfants qui jouaient dans la rue et des voisins qui discutaient devant leurs portes.Arrivé devant son immeuble, il inspira profondément et frappa doucement.Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrit.— Victor ? fit Lyna, visiblement surprise.Elle portait un jogging ample et un débardeur, ses cheveux relevés en un chignon désordon
Le soleil commençait à descendre sur la ville, couvrant les rues d’une lueur dorée. Élise sortait du supermarché, deux sacs pleins dans les mains, l’esprit ailleurs.Soudain, une voiture de luxe — une berline noire étincelante — freina doucement près du trottoir, juste à côté d’elle.Intriguée, Élise tourna légèrement la tête.La portière s’ouvrit et un jeune homme élégant en sortit. Grand, la trentaine, vêtu avec une classe naturelle.Le regard franc, il s'approcha d’elle avec un sourire confiant.— Bonsoir ! lança-t-il d’une voix posée.Élise, un peu méfiante, serra ses sacs contre elle.— Bonsoir… répondit-elle poliment.Le jeune homme rit légèrement, percevant sa réserve.— Pardon de débarquer comme ça. Je ne voulais pas t’effrayer. Je m'appelle Adam.Il tendit la main vers elle.Hésitante, Élise posa un de ses sacs à terre et serra sa main.— Élise. dit-elle simplement.Adam sourit, visiblement ravi.— Un joli prénom pour une jolie fille. dit-il avec un clin d'œil taquin.Élise r
Victor arriva au bureau légèrement en retard, chose rare pour lui.Il posa sa sacoche sur son bureau avec lenteur, puis s’affala dans son fauteuil, pensif.De l’autre côté de la pièce, Laura, sa secrétaire — une femme vive, au sourire facile — l’observait discrètement.Elle fronça les sourcils en voyant son patron, habituellement si droit et concentré, paraître ailleurs, perdu dans ses pensées.Après quelques minutes, elle prit son courage à deux mains, s'approcha de son bureau et frappa doucement à la porte ouverte.— Monsieur Victor… ça va aujourd'hui ? demanda-t-elle d’une voix douce.Victor leva les yeux vers elle, surpris, comme s’il revenait d’un long voyage intérieur.— Oui, Laura, tout va bien. répondit-il avec un faible sourire.Laura croisa les bras et s’appuya contre le chambranle de la porte, le fixant intensément.— Je vous connais, vous savez. dit-elle d’un ton presque complice. Quand quelque chose vous tracasse, vous devenez silencieux… trop silencieux.Victor esquissa
Le jour commençait à peine à poindre derrière les rideaux tirés. Une lumière douce filtrait à travers le tissu, projetant des ombres diffuses sur les murs de la chambre. Victor ouvrit les yeux lentement, bercé par le silence matinal. Il tourna la tête sur l’oreiller et la vit, allongée à ses côtés, paisible dans son sommeil.Il prit quelques secondes pour l’observer. Son visage semblait détendu, préservé des tracas du quotidien, et il retrouva dans ses traits une douceur qu’il avait l’impression d’avoir perdue de vue. Il se rappela du jour de leur mariage, de cette image lumineuse de Camille, rayonnante dans sa robe blanche, de l’amour éclatant qu’ils partageaient à l’époque. Il se revit lui prendre la main avec la certitude naïve que rien ne pourrait les éloigner.Aujourd’hui, pourtant, quelque chose était différent. Une distance s’était installée entre eux, insidieuse et silencieuse, et il peinait à en trouver l’origine. Était-ce le temps ? L’usure des jours qui passent sans que l’o
Élise ouvrit les yeux sur une chambre plongée dans une lumière grise. L’aube peinait à filtrer à travers les rideaux épais, projetant des ombres diffuses sur les murs. Elle inspira profondément. L’odeur familière de l’alcool flottait encore dans l’air, imprégnant les draps, les coussins, chaque recoin de leur espace intime.Elle savait ce qu’elle allait trouver en sortant du lit.D’un mouvement lent, presque mécanique, elle se leva et enfila son peignoir. Dans le couloir, elle s’arrêta un instant devant la porte du salon. À travers l’entrebâillement, elle distingua Antoine, affalé sur le canapé, un bras pendant mollement sur le bord, sa respiration lourde et irrégulière.Les bouteilles vides étaient alignées sur la table basse, vestiges silencieux d’une nuit de trop.Un amour mis à l’épreuveÉlise s’avança à pas feutrés, ramassa les bouteilles une par une, les déposant dans un sac en évitant tout bruit. Elle redressa les coussins, rabattit une couverture sur Antoine, puis se dirigea v
Victor – Une solitude écrasanteVictor referma la porte de son bureau et s’affaissa dans son fauteuil. Il observa un instant l’écran noir de son ordinateur avant de soupirer longuement.Depuis combien de temps n’avait-il pas ressenti une vraie complicité avec Camille ?Depuis combien de temps leurs conversations se résumaient-elles à des échanges pratiques, des phrases brèves sur le dîner ou les factures à payer ?Il avait toujours cru que le silence dans un couple pouvait être confortable, signe d’une entente naturelle. Mais ce silence-là était différent. Il était lourd, pesant, presque hostile.Un frisson le traversa à cette pensée.Et si Camille ne l’aimait plus ?Non. Il chassa cette idée d’un mouvement de tête. C’était juste une phase, un creux dans leur relation. Tous les couples traversaient cela, non ?Pourtant, au fond de lui, un doute s’insinuait.Il n’osait pas en parler. Par peur d’affronter la vérité. Par peur qu’elle confirme ce qu’il redoutait déjà.Élise – Une défense
Victor arriva au bureau légèrement en retard, chose rare pour lui.Il posa sa sacoche sur son bureau avec lenteur, puis s’affala dans son fauteuil, pensif.De l’autre côté de la pièce, Laura, sa secrétaire — une femme vive, au sourire facile — l’observait discrètement.Elle fronça les sourcils en voyant son patron, habituellement si droit et concentré, paraître ailleurs, perdu dans ses pensées.Après quelques minutes, elle prit son courage à deux mains, s'approcha de son bureau et frappa doucement à la porte ouverte.— Monsieur Victor… ça va aujourd'hui ? demanda-t-elle d’une voix douce.Victor leva les yeux vers elle, surpris, comme s’il revenait d’un long voyage intérieur.— Oui, Laura, tout va bien. répondit-il avec un faible sourire.Laura croisa les bras et s’appuya contre le chambranle de la porte, le fixant intensément.— Je vous connais, vous savez. dit-elle d’un ton presque complice. Quand quelque chose vous tracasse, vous devenez silencieux… trop silencieux.Victor esquissa
Le soleil commençait à descendre sur la ville, couvrant les rues d’une lueur dorée. Élise sortait du supermarché, deux sacs pleins dans les mains, l’esprit ailleurs.Soudain, une voiture de luxe — une berline noire étincelante — freina doucement près du trottoir, juste à côté d’elle.Intriguée, Élise tourna légèrement la tête.La portière s’ouvrit et un jeune homme élégant en sortit. Grand, la trentaine, vêtu avec une classe naturelle.Le regard franc, il s'approcha d’elle avec un sourire confiant.— Bonsoir ! lança-t-il d’une voix posée.Élise, un peu méfiante, serra ses sacs contre elle.— Bonsoir… répondit-elle poliment.Le jeune homme rit légèrement, percevant sa réserve.— Pardon de débarquer comme ça. Je ne voulais pas t’effrayer. Je m'appelle Adam.Il tendit la main vers elle.Hésitante, Élise posa un de ses sacs à terre et serra sa main.— Élise. dit-elle simplement.Adam sourit, visiblement ravi.— Un joli prénom pour une jolie fille. dit-il avec un clin d'œil taquin.Élise r
Victor resta un moment immobile, le téléphone à la main, hésitant. Puis, d’un geste brusque, il composa le numéro de cette fille qu’il avait rencontrée il y a quelques semaines. Elle s’appelait Lyna. Une bouffée de légèreté dans son quotidien étouffant.Il porta l'appareil à son oreille. Une tonalité… Deux… Puis un message automatique :"Le numéro que vous avez demandé n'est pas disponible pour le moment."Victor fronça les sourcils, soupira, et reposa son téléphone.Je ne vais pas passer une autre soirée seul.Sans trop réfléchir, il prit ses clés et quitta son appartement.Le quartier de Lyna n'était pas loin. Un endroit modeste mais vivant, avec des enfants qui jouaient dans la rue et des voisins qui discutaient devant leurs portes.Arrivé devant son immeuble, il inspira profondément et frappa doucement.Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrit.— Victor ? fit Lyna, visiblement surprise.Elle portait un jogging ample et un débardeur, ses cheveux relevés en un chignon désordon
Camille – L’inévitable véritéVictor était encore au lit quand Camille se leva. Il ouvrit les yeux juste à temps pour la voir enrouler son peignoir autour d’elle et attraper son téléphone sur la table de nuit.— Tu travailles tôt ce matin ? demanda-t-il, la voix encore ensommeillée.Elle ne répondit pas immédiatement, consultant ses notifications avant de lâcher un vague :— Comme d’habitude.Il s’appuya sur un coude, observant son profil.— Tu as un moment avant de partir ? On pourrait prendre un café ensemble.Camille soupira en attachant ses cheveux.— Victor… Pourquoi tu insistes ?Il sentit un frisson d’inquiétude lui parcourir l’échine.— Parce que j’essaie encore.Elle se tourna vers lui et, pour la première fois depuis longtemps, il vit une forme de lassitude sincère dans son regard.— Mais moi, j’ai arrêté.Le silence s’abattit sur la pièce, épais, étouffant.— Tu veux dire quoi ? demanda-t-il, même s’il connaissait déjà la réponse.— Je ne vais pas changer, Victor. Je ne vai
Ce soir-là, Victor n’en pouvait plus.Des mois, peut-être des années qu’il contenait cette frustration, qu’il évitait la confrontation par peur du rejet total.Mais ce soir, il n’y arrivait plus.Camille était encore sur son téléphone, assise sur le canapé, les jambes repliées sous elle. Son regard glissait sur l’écran, absorbé par des conversations qui n’étaient pas avec lui.Victor prit une profonde inspiration et s’avança.— Camille, on peut parler ?Elle ne leva pas les yeux immédiatement. Il attendit, sentant déjà l’agacement dans sa posture.— Parler de quoi ? demanda-t-elle finalement, la voix neutre.— De nous.Cette fois, elle posa son téléphone sur l’accoudoir du canapé, mais sans grand enthousiasme.— Victor, qu’est-ce que tu veux que je dise ?Il serra les poings pour se donner du courage.— Je veux comprendre. Comprendre pourquoi tu es là sans être là. Pourquoi tu ne me regardes plus, pourquoi tu ne me touches plus.Camille haussa les épaules.— Je n’ai rien à dire.Cette
Victor rentra chez lui comme tous les soirs, poussant la porte d’entrée avec lassitude.Il n’y avait pas de lumière d’accueil, pas de voix joyeuse pour lui souhaiter la bienvenue. Seulement le bruit distant de la télévision et le faible bourdonnement d’un téléphone vibré.Il posa ses clés sur la table, hésita une seconde avant de se diriger vers le salon. Camille était là, recroquevillée sur le canapé, son écran illuminant son visage impassible.— Salut.Un murmure, presque une tentative désespérée de se raccrocher à une habitude.— Hmm.Une réponse automatique, sans lever les yeux, sans même feindre un sourire.Victor resta debout un instant, cherchant quoi dire, quoi faire pour briser ce mur invisible entre eux.— Ta journée s’est bien passée ?— Oui.Un mot. Sec. Froid. Comme chaque soir.Il voulait lui parler. Lui dire qu’il se sentait seul, même en sa présence. Qu’il avait besoin d’elle, de ses rires, de ses gestes tendres qu’elle lui refusait désormais.Mais il savait que cela n
Victor – Une solitude écrasanteVictor referma la porte de son bureau et s’affaissa dans son fauteuil. Il observa un instant l’écran noir de son ordinateur avant de soupirer longuement.Depuis combien de temps n’avait-il pas ressenti une vraie complicité avec Camille ?Depuis combien de temps leurs conversations se résumaient-elles à des échanges pratiques, des phrases brèves sur le dîner ou les factures à payer ?Il avait toujours cru que le silence dans un couple pouvait être confortable, signe d’une entente naturelle. Mais ce silence-là était différent. Il était lourd, pesant, presque hostile.Un frisson le traversa à cette pensée.Et si Camille ne l’aimait plus ?Non. Il chassa cette idée d’un mouvement de tête. C’était juste une phase, un creux dans leur relation. Tous les couples traversaient cela, non ?Pourtant, au fond de lui, un doute s’insinuait.Il n’osait pas en parler. Par peur d’affronter la vérité. Par peur qu’elle confirme ce qu’il redoutait déjà.Élise – Une défense
Élise ouvrit les yeux sur une chambre plongée dans une lumière grise. L’aube peinait à filtrer à travers les rideaux épais, projetant des ombres diffuses sur les murs. Elle inspira profondément. L’odeur familière de l’alcool flottait encore dans l’air, imprégnant les draps, les coussins, chaque recoin de leur espace intime.Elle savait ce qu’elle allait trouver en sortant du lit.D’un mouvement lent, presque mécanique, elle se leva et enfila son peignoir. Dans le couloir, elle s’arrêta un instant devant la porte du salon. À travers l’entrebâillement, elle distingua Antoine, affalé sur le canapé, un bras pendant mollement sur le bord, sa respiration lourde et irrégulière.Les bouteilles vides étaient alignées sur la table basse, vestiges silencieux d’une nuit de trop.Un amour mis à l’épreuveÉlise s’avança à pas feutrés, ramassa les bouteilles une par une, les déposant dans un sac en évitant tout bruit. Elle redressa les coussins, rabattit une couverture sur Antoine, puis se dirigea v
Le jour commençait à peine à poindre derrière les rideaux tirés. Une lumière douce filtrait à travers le tissu, projetant des ombres diffuses sur les murs de la chambre. Victor ouvrit les yeux lentement, bercé par le silence matinal. Il tourna la tête sur l’oreiller et la vit, allongée à ses côtés, paisible dans son sommeil.Il prit quelques secondes pour l’observer. Son visage semblait détendu, préservé des tracas du quotidien, et il retrouva dans ses traits une douceur qu’il avait l’impression d’avoir perdue de vue. Il se rappela du jour de leur mariage, de cette image lumineuse de Camille, rayonnante dans sa robe blanche, de l’amour éclatant qu’ils partageaient à l’époque. Il se revit lui prendre la main avec la certitude naïve que rien ne pourrait les éloigner.Aujourd’hui, pourtant, quelque chose était différent. Une distance s’était installée entre eux, insidieuse et silencieuse, et il peinait à en trouver l’origine. Était-ce le temps ? L’usure des jours qui passent sans que l’o