«—C’est qui?—Une nana qu’on a ramassée sur la route.—Cha va se faire défoncer par Tamo. On a déjà du mal à subvenir à nos besoins...—Ouais, c’est ce que je lui ai dit. Mais tu la connais, elle n’en a rien à foutre.—Un jour, ça finira mal.—Ouais...—Bon, je te laisse, et puis je crois que ta patiente s’est réveillée.Une main me touche la joue, me la tapote. J’ai envie de la dégager, mais mon corps ne me répond pas.—Hé, tu es réveillée?Je grogne, cligne des yeux et croise le regard sombre d’Éric. Il me sourit. Je ne sais pas s’il me veut du bien ou du mal, alors je ne lui rends pas la politesse. Doucement, je tente de me redresser sur un coude, mais la douleur m’arrache un gémissement.—Vas-y mollo.L’homme pose une main sur mon dos et il m’aide à basculer en position assise. J’aimerais qu’il dégage. Je n’ai pas envie qu’il me tou
dimanche 16 décembre 2108Je me réveille en nage. Sans le vouloir, je me suis assoupie sur le canapé, emportée par l’ennui. J’ai un besoin pressant de sortir. J’étouffe à rester enfermée à longueur de journée. Thomas est de nouveau parti plusieurs jours avec quelques-uns de ses hommes pour consolider les défenses de Calvi en compagnie du bataillon d’Aimée. Et, seule, à tourner en rond dans le petit salon, j’ai l’impression que je vais exploser. Je sais qu’il m’a interdit de sortir sans lui et j’en connais parfaitement les raisons, mais aujourd’hui je n’en peux plus. Mes jambes ont besoin de se dégourdir, mon esprit de se sentir libre.Il va m’en vouloir et j’imagine déjà le savon qu’il va me passer, mais tant pis. Je n’en peux plus, je serais capable de faire des choses que je vais regretter si je reste une minute de plus dans cet appartement.Décidée, je fouille dans le placard qui m’est réservé à présent et en sors un leggin noir. Il épouse parfait
lundi 17 décembre 2108Une douce caresse me sort de mon sommeil de plomb. Je m’étire et une main s’attarde le long de mes reins pour parcourir mes formes sans aucune gêne. Je me retourne et me love dans les bras de Thomas pour profiter de sa chaleur et m’enivrer de son odeur. Je ne sais toujours pas quels sont mes sentiments pour lui, mais là tout de suite, sa présence me fait du bien. Son corps contre le mien. Sa peau frôlant la mienne avec volupté. Sa bouche s’écrasant sur la mienne pour partager un souffle passionné.Mes mains se perdent dans ses cheveux, pressent sa nuque, descendent le long de son dos. Il frémit. Ses bras m’entourent et il me fait basculer sur lui. Je le surplombe alors et mon regard s’éternise dans ses yeux luisant de désir. Qu’est-ce que je représente exactement pour lui? Ses yeux semblent réellement m’apprécier, mais il ne se livre pas facilement, esquivant toujours les discussions qui deviennent un peu trop sérieuses. Est-ce
lundi 31 décembre 2108Deux semaines se sont écoulées depuis que j’ai vu Xavier à Vichy. Je pense tout le temps à lui. Je me demande si les hommes de Tragord continuent de le passer à tabac ou s’ils le laissent tranquille. Je supporte de moins en moins l’idée d’être au chaud entre quatre murs, tandis que lui croupit dans une pièce sombre et froide. Thomas, quand il n’est pas en mission, me rassure du mieux qu’il peut. Il ne cesse de me dire que les choses progressent bien du côté de Colbet et Magnier, mais il ne me donne que peu d’informations. Je crois qu’il a peur que je fasse une connerie s’il m’en disait davantage. Il n’a peut-être pas tort. J’ai toujours été impulsive, surtout quand il s’agit de mes proches et Xavier est la seule famille qu’il me reste aujourd’hui.Quand l’angoisse est trop forte et que mes cauchemars nocturnes deviennent trop réels, il m’arrive encore de faire des crises de panique. La plupart du temps, la présence de Thomas me calme.
samedi 5 janvier 2108Ça fait quatre jours que Thomas est parti et je me languis de lui. Sa présence me manque. Sa voix me manque. Son sourire aussi. Les journées me paraissent affreusement longues. Et la nuit... je me roule en boule au milieu du lit à la recherche de son odeur sur les draps.J’ai beaucoup réfléchi durant ces quatre jours. En même temps, ce n’est pas comme si j’avais énormément de choses à faire. Alors j’ai réfléchi et je vais lui dire oui. Car si jamais on arrive à renverser Tragord et que je regagne ma liberté, je veux rester avec lui. Je ne sais pas où ça me mènera, mais j’ai envie d’essayer. Ne pas avoir de regret, ça doit devenir mon nouveau credo. L’avenir est trop incertain pour que je prenne le risque de passer à côté de certaines choses. Alors c’est décidé. Dès qu’il rentre, je vais lui dire oui.Là où j’hésite encore, c’est sur la manière de lui annoncer. Est-ce que je lui balance ma réponse comme ça, sans préambule?
«Je crois bien que ça fait plusieurs jours que je suis enchaînée à ce putain de radiateur en fonte. J’ai eu droit à quelques moments de liberté quand le grand gaillard qui garde ma porte a daigné me conduire dans une pièce voisine pour que je puisse faire un brin de toilette et utiliser les w.c. Mais je n’ai rien pu tenter pour m’échapper.Je soupire. J’ai l’impression d’être revenue au point de départ. Pour le moment, je n’ai été passée à tabac qu’une fois, mais je suis tout de même leur prisonnière. Qu’en penserait Matieu s’il me voyait? Il est mort. Je doute qu’il en pense grand-chose. Ouais. C’est con pour lui.Je tire une nouvelle fois sur les menottes, mais je ne réussis qu’à m’écorcher davantage le poignet. J’ai déjà essayé de démonter le radiateur et de tirer comme une malade sur la chaîne dans l’espoir qu’elle se brise. J’ai même songé un instant à me casser le pouce pour essayer de faire glisser ma main, mais les menottes sont tellement serrées qu
lundi 7 janvier 2109J’ouvre les yeux, le souffle court. Le passé n’a jamais cessé de me hanter. Il me fatigue et m’épuise, autant que la plaie qui se rappelle vivement à moi alors que je tente de repousser les couvertures sur le côté.—Holà, malheureuse! Qu’est-ce que tu fais?Je me fige, les draps toujours entre mes mains. Une silhouette se déplace jusqu’à moi dans la pénombre et s’assied à mes côtés. Ses bras m’entourent chaleureusement les épaules et je laisse rouler ma tête au creux de son cou. Cette fois il sent bon et je hume son odeur, me lovant davantage dans ses bras pour en apprécier la chaleur.—Xav’...—Merci, murmure-t-il à mon oreille. Je sais ce que tu as fait pour moi.La porte de la chambre s’ouvre et je m’écarte pour voir arriver le nouveau venu. Une décharge électrique parcourt mon corps. Khenzo. Mon frère allume la lampe de chevet et je peux enfin contempler les traits des deux h
lundi 14 janvier 2109—Jeremy! Arrête de tricher! s’exclame Tidji en levant les yeux au ciel. Putain, t’es plus un gosse. Et Ed, arrête de l’encourager! Tu crois que je ne te vois pas?!De la cuisine où je me trouve en compagnie de Mervin, j’observe les trois hommes qui commencent à s’engueuler devant une Camélia excédée. Jeremy se trouve toujours dans l’équipe qui gagne au tarot et Tidji est plutôt mauvais perdant, ce soir.—Tu sais, tu peux aller jouer avec eux. Je peux me débrouiller tout seul.—Je sais, mais je n’en ai pas envie.Mervin me regarde du coin de l’œil. Je sais aussi qu’il aimerait que je lui parle de tout ce qui m’est arrivé, mais c’est impossible. Pas avec lui. Pas sachant qu’il peut encore éprouver de l’attirance pour moi alors qu’il est avec Camélia.—Je te trouve toujours aussi canon, si ce n’est plus, mais je te rassure, je suis passé à autre chose.—&nb