EFFORTS !
Agbé se décide à aller se faire un portrait de Djifa afin d'accentuer sa recherche. Cette matinée, désertant le bureau, le voilà chez le portraitiste dans son atelier, et qui lui fait sur papier, une vraie représentation de sa perle rare perdue.
Il donne les indications comme il le peut de sa sollicitation au peintre pendant que celui-ci fait son travail. Quelques temps après, comme une photo, une représentation exacte du visage de Djifa sort de cette confusion de coups de crayon du peintre. Une vraie merveille, un bel art de talentueux artiste.
Agbé reçoit sa commande. Il paie le portraitiste très satisfait, va monter dans sa voiture et s'en va. Sa malchance, c'est de n'avoir pas soutiré plus d'informations à Djifa : son quartier de résidence, son contact téléphonique, sa rue, sa maison..., même ce qu'elle fait dans la vie.
La sonnerie du portail retentit dans la maison de Nubukpo. Abla sort ouvrir. Elle voit Dodo traînant avec lui, une valise ; sa voiture garée à quelques mètres. Elle se met contre un pilier de la guérite, bras croisés, et le regarde avec un certain mépris sans même lui adresser le petit salut.
-Voici les affaires de ta sœur. Je vous les apporte, lui dit-il.
Il laisse la valise puis s'en retourne sur-le-champ sans un autre mot de plus, sans rien attendre en retour non plus.
Crispée, Abla lui lance :
-C'est sûr, l'humain n'a pas de fond. Il est juste un petit trou, mais aussi insondable que l'immensité du Néant Sinistre. Et tu en es l'illustration parfaite. Après cet acte posé et que ma sœur, ta prétendue fiancée avec laquelle tu devrais te marier dans une semaine a disparu, nul ne sait encore où elle se trouve et que l'on s'inquiète, tu as pour seule préoccupation, de te pointer ici que tu ramènes ses affaires. Et dire que je t'admirais beaucoup et te vouais un profond respect malgré qui tu étais ! Ma sœur, elle t'a déjà sorti de ton trou et t'a lavé non ! Que ta voie te soit aplanie !
Dodo près de sa voiture déjà, se retourne la regarder puis, redresse sa chemise sur lui, et va au volant pour s’en aller.
Abla prend la valise de sa sœur qu'elle traîne à l'intérieur et referme le portail les larmes aux yeux, encore très affligée pour sa sœur !
Aux feux tricolores du rond-point de la BCEAO sur le boulevard du 13, le feu est rouge. Tout véhicule attend le passage au vert comme la tradition.
Agbé y est aussi, à son volant. Il prend une bouffée d'air, jetant son regard dehors en descendant la vitre. Le feu passe au vert, il reprend sa route.
Les minutes d’après, il arrive dans les parages de la place de l'indépendance. Il contourne le monument à une vitesse plus réfléchie, promenant son regard sur les alentours et vient garer du côté gauche du palais des congrès, face au monument. Il s'arrête juste là où il avait vu Djifa. Il tient le volant de sa main droite, puis pousse un profond soupir de désolation. Il baisse lestement la tête. Tout déçu, il la secoue avec langueur avant de la soulever du même geste indolent. Il prend une autre bouffée d'air, ouvre ensuite la portière et sort. Il fait quelques pas alanguis et revient se mettre sur le capot.
Son visage est expression de déception, de désolation, de désorientation et de fiel. Il y reste quelques instants et revient s'asseoir à la place de Djifa ; là même où elle était assise. Il y noie, perdu, son regard dans le lointain pendant une quarantaine de secondes. Une autre bouffée d'air à se donner du courage pour se lever, il retourne à sa voiture.
Portière ouverte, il tourne projeter encore son regard endolori sur les alentours du site avant de prendre enfin place et s'en aller.
Agbé est dans son lit ; dans ses mains, le portrait de Djifa qu'il contemple. Au chevet du lit, un peu plus haut au mur, un autre portrait plus agrandi dans un fourreau de glace est accroché. Il s'absorbe donc dans la photo quand il entend toquer à sa porte.
-Améa né va (que la personne vienne), répond-il.
La porte s'ouvre. Sessimé entre et le voit mi- couché dans le lit en train de contempler la représentation. Dans sa profonde solitude, devant cette représentation, il se recueille ainsi.
Sessimé pousse un soupir.
-Fogan ! l'appelle-t-elle.
Il tourne la tête regarder la sœur, pousse à son tour un soupir, et repose son regard sur la photo.
Sessimé va, bras croisés, s'asseoir auprès de lui dans le lit. Elle lui entoure son cou de son bras droit et lui pose la tête sur son épaule avant de lui parler tristement.
-Je viens de recevoir des messages de mes amis auxquels j'ai confié aussi la recherche. Ils n'ont rien vu de ses traces, fogan.
-Merci pour tout soutien que vous m'apportez, Koudzo et toi. De mon côté aussi, je ne trouve toujours rien.
-Et je vois que tu déprimes, fofo. J'ai très mal de te voir souffrir de la sorte pour cette femme. Alors que, la terrible trahison de ta femme et la dissolution de ton mariage dans lequel tu t'es tellement investi, ne t'ont pas autant affecté.
-Je ne sais pas, Sessimé. Et je ne sais vraiment quoi penser ou dire de tout ce chambardement. C'est comme si je vais devenir fou finalement ; si je ne le suis pas déjà. Les choses seraient mieux si je savais au moins sur son quartier de résidence. Mais là, rien, à part son nom, et la belle image que j'ai gardée d'elle. Même sur F******k, je saisis son nom dans la barre de recherche, elle n'y est pas.
-Qui sait, peut-être, elle a changé le nom pour se donner un pseudonyme avant de disparaître. Ou carrément, elle n'utilise pas sa civilité sur les réseaux sociaux.
-C'est exactement ce qui est le plus probant.
-Mais il faut que tu sois fort, s'il te plaît, fogan ! Ne te laisse pas abattre et ne désespère pas !
-[Soupir...!]
-Je t'ai fait à manger.
-Merci, mais franchement, je n'ai aucun appétit.
-Je ne te demande pas d'avoir appétit, fogan. Mais, de manger pour pouvoir garder énergies et aller de l'avant. Tu dois poursuivre le cours normal de la vie sans désespérer. Tu dois être fort pour pouvoir embrasser le soleil quand il va se lever.
Une larme lui coule en parlant à son frère. Elle sent aussi la morve pour renifler ; sa tête toujours sur son épaule.
-Arrête de pleurer pour moi, Sessimé ! Je vais mal mais je ne suis pas encore malade et gardant le lit, ou mort, s'il te plaît ! Maintenant, tu veux bien m'apporter ma nourriture ici ? Et on mange à deux.
Sessimé lève son regard, fixer son frère avec un petit sourire sur ses lèvres mouillées de larmes en coin. Ses yeux pétillent un peu de joie.
-C'est vrai ! s’extasie-t-elle.
Agbé lui sourit aussi et acquiesce de la tête. Elle se lève joviale et lui fait de la bise.
-Je t'aime, mon fofo. J'y vais !
C'est de l'orage fuligineux qui s'abat sur Agbé avec cette disparition de sa Djifa, fusionnée à l'air et évaporée dans la nature, nul ne sait où la retrouver. Néanmoins, il tient bien la rampe pour accomplir valablement la responsabilité qui l'incombe : la pérennisation de la destinée de sa famille en tant que fils aîné, et nommé suite à son mariage qui a été dissout, directeur général de l'entreprise de son père par ce dernier pour faire ses preuves et assumer la relève. Il y parvient donc à succès. Djifa perdue, il se réfugie dans le travail acharné pour empêcher la dépression de s'emparer de lui. Toutefois, il continue de la serrer fort dans son cœur, avec ferme conviction qu'il la retrouvera ; et elle seule fera son bonheur.
Sa réussite à la tête de l'entreprise ne peut pas être inaperçue. Son père, à l'heure du dîner, l'en félicite pour plus l'encourager.
-Agbévidé, je tiens à te féliciter pour la maison. Nos nouveaux clients sont satisfaits de nos services et c'est grâce à toi.
-Je le fais pour ma famille. Tu prends de l'âge, papa, et il faut que je me mette plus au travail pour pérenniser le bien-être de cette famille. Et c'est une fierté pour moi de te rassurer que je peux vraiment assumer.
-Je suis aussi fier de toi, Agbévidé. Au cœur de tout ce fatal tourbillon continuel, tu gardes encore la tête haute pour relever le défi requis. Tu es un homme, mon fils !
-C'est mon devoir en tant qu'aîné de cette famille que j'aime beaucoup. Je tiens aussi à remercier Koudzo qui assume bien au niveau de la communication. Ça permet plus de fluidité dans le travail, et me permet de gagner en temps pour offrir ensemble le meilleur aux clients. Les employés ne sont pas négligeables non plus.
Gbétiafa tourne un regard satisfait sur Koudzo.
-Ah, félicitations, Koudzo ! Tu as l'appréciation de ton supérieur hiérarchique. C'est très bien !
A son frère aîné à la maison et supérieur hiérarchique au travail, Koudzo répond :
-Fogan, je ne fais que respecter les ordres que tu me donnes en tant que mon supérieur de service. En plus, c'est mon travail aussi. Alors, il faut que je le fasse bien pour ne pas perdre mon emploi avec le chômage de ce pays.
-Voilà ce qui me rend fier de toi et me donne plus de confiance, lui retourne ravi, Agbé.
-Merci, les enfants. Je suis fier de vous. Surtout, le fait que vous preniez l'entreprise très, très au sérieux et vous y travaillez comme des employés qui se doivent ce sérieux pour mériter leur poste, et non des héritiers qui se retrouvent dans un héritage familial pour faire ce que bon leur semble, lance Gbétiafa à ses deux garçons.
Agbétõzounkè, la mère, intervient aussi pour placer un mot de félicitation à l'endroit de ses enfants qui travaillent main dans la main en tant que des frères unis et qui s'aiment vraiment.
-Je suis fière de vous pour cette attitude que vous avez. Gardez toujours cette complicité familiale et ce respect mutuel entre vous, mes enfants. N'oubliez pas, tant que vous resterez unis, rien ne pourra vous faire du mal ; rien ne saura causer du tort à cette famille !
-Sois sans crainte, maman ! la rassure l'aîné.
Sessimé ne veut pas non plus se mettre en marge de cette conversation plaisante. Elle se prononce aussi pour exprimer sa joie :
-Chaque jour, je suis si fière et si heureuse d'être de cette magnifique famille. Mes frères sont tous des amours. Je les adore ! Et Fogan est mon papa bien aimé.
-Mais, c'est notre papa à nous non ? Le trône appartient au prince héritier, et c'est lui le prince héritier. Donc, on doit apprendre à s'incliner devant lui d'ores et déjà. Et lorsqu'il montera sur le trône, lui apporter tout soutien pour mener à bien ce magnifique royaume que nos parents nous ont construit pour nous léguer, renchérit Koudzo.
Tous font honneur à Agbé pour lui témoigner leur amour toujours et leur soutien indéfectible dans tout ce qu'il traverse avant de se nourrir de tant d'abnégation pour ne pas se laisser abattre par les épreuves. Comblé, leur père leur redit :
-Vous êtes tous magnifiques, mes enfants !
-Vous ne savez pas à quel point je vous aime ! déclare encore Agbé.
Le téléphone du bureau se met à sonner. Agbé quitte du regard, son ordinateur de bureau et décroche :
-Direction générale CORE@P TOGO, bonjour !
-...
-Oui, demain à quatorze heures, le rendez-vous tient.
-...
-Très bien, rassurez-vous, madame, vous ne serez pas déçue. Vous êtes au meilleur endroit pour un service satisfaisant. Nous mettons déjà le cap à votre plus grand plaisir.
-...
-Merci beaucoup, madame. À demain !
À peine raccroché, sa porte est toquée. Sa secrétaire : mademoiselle GADO Sewa, entre sur lui dans le bureau, avec dans ses mains, une chemise.
-Excusez, monsieur, voici un courriel qui vient d'arriver pour vous et que j'ai tiré.
-Un courriel ? Donnez voir !
Il tend la main gauche pour prendre la chemise qu’il l'ouvre, et y jette un coup d'œil.
-Merci beaucoup, mademoiselle GADO, vous pouvez disposer !
Et pendant que la secrétaire s'en va, arrivée à la porte, il la rappelle :
-Excusez-moi, mademoiselle GADO !
-Oui, Monsieur ! répond Sewa en se retournant.
-Vous avez fini ce que je vous ai demandé ?
-Non, pas encore, Monsieur, mais ça ne saura tarder.
-Pas de souci. Vous avez jusque dans la soirée pour le finir, et bien. Appelez-moi le Chargé à la Communication, s'il vous plaît !
-Tout de suite, Monsieur. Et merci beaucoup !
La secrétaire sortie du bureau, Agbé retourne à ce qu'elle vient de lui apporter.
Quelques instants après, ça cogne de nouveau à la porte du bureau d'Agbé. Le Chargé à la Communication demandé fait son entrée sur lui.
-Vous m'avez demandé, monsieur le Directeur ?
-Toi aussi, arrête ça, Koudzo ! Je t'ai dit que quand on est seuls, il faut arrêter les protocoles et parlons entre frères.
En s'essayant dans un fauteuil devant le bureau, Koudzo retourne à son frère :
-Et là, je suis là alors, fogan !
-La dame a appelé à l'instant pour le rendez-vous de demain, et je lui ai fait le maintien sur quatorze heures comme prévu.
-C'est très bien ! Je suis déjà prêt de mon côté. Et si tu veux, je t'apporte mon rapport.
-Non, ne te dérange pas. C'est ton travail et tu l'as toujours bien fait. Un autre courriel vient de tomber. On a une nouvelle demande pour certains investisseurs étrangers. Jette-y un coup d'œil !
Il tend la note à Koudzo qui la prend et y jette aussi son coup d'œil. Il est exclamatif.
-Waouh ! Excellent ! Voici une belle affaire encore pour la boîte !
Agbé n'a pas su partager la même jovialité que son frère. Il est langoureux, et lui dit plutôt :
-Et je voudrais que tu t'en occupes, s'il te plaît ! J'ai le moral très bas.
Koudzo perd son enthousiasme, imprégné soudainement de l'humeur pâle de son frère.
-Toujours la Djifa ! N'est-ce pas, fogan ?
Agbé lève indolemment son regard sur son frère, pousse un profond soupir, puis replonge en lui, le regard sans lui répondre.
LA SECRÉTAIRE GADOCe soir, sur le balcon, Agbé est plongé dans le lointain, sculptant l'horizon de son regard triste. Oui, c'est vraiment l'horizon, ce terminus devant soi qui s'éloigne au fur et à mesure que l'on l'approche.Tous ses esprits sont calqués sur Djifa devenue carrément en lui, tout ce que l'on peut appeler Pensée, Besoin, Désire, Volonté, Volupté, Renaissance, Vie ; les sept composantes harmonieuses même de la quintessence de l'existence.Il n'arrive point à se l'imaginer, que rencontrer une personne pour la toute première fois, après quelques jours seulement de son mariage tout frais brisé, puisse l'emmener à oublier radicalement ce cauchemar et, à s'implanter à ce point dans son cœur. Tout son tréfonds la lui réclame. Mais la voilà, cette femme qui lui a paru comme un salut,
CONQUÊTESewa, rentre du boulot le soir dans les environs de dix-huit heures sur sa moto qu'elle immobilise au portail de sa maison : une cour unique de deux chambres salon ; toilettes, cuisine internes, et dotée d'un garage, qu'elle s'est louée à Attiégou, Togo 2000.Elle descend de la moto et va pour ouvrir le portail. À peine elle met la clef sortie de son sac dans la serrure, qu'elle entend la voix d'un homme qu'elle n'a pas vu venir la saluer par derrière:-Bonsoir, mademoiselle !Elle se retourne dans cette salutation surprise. Son regard tombe sur un jeune homme, un peu plus âgé qu'elle de même, un livreur de fleur sans aucun doute, souriant, avec un bouquet de roses-roses et de blanches en main.-Oui, bonsoir, monsieur !-Ceci est vôtre, mademoiselle, s'il vous plaît ! lui tend le bouquet, le livreurSewa ahurie:-Mi
LE MYSTÈRESewa arrive ce dimanche matin chez ses parents à Kégué. Avec immense joie de ces derniers, elle se fait accueillir.Son père monsieur GADO Amenyon et sa mère madame GADO Kafui sont à leur salon devant leur petit écran lorsqu'elle toque à la porte, mettant un peu le rideau de côté pour entrer sur eux. Arborant un sac à main, elle est bien habillée en tenue pagne.-Ma fille, woézon ! Quelle bonne surprise ce matin ! s'écrie heureuse, sa maman qui se lève avec un large sourire à sa vue.-Mamaaaaaan !Elles se prennent dans les bras et se câlinent affectueusement.Détachée de sa maman, Sewa va à son père toujours assis, très souriant à son tour de la voir leur rendre visite. Elle lui fait la bise en se rabaissant et ils se câlinent.-Mon papa ch
PAS POSSIBLEDjifa recherchée depuis trois ans déjà, qui n’est jamais vue nulle part à ce jour, dans une foulée! Là où l’on ne peut même l'imaginer! De la magnificence !-Excuse-moi, frangin, je te rappelle. Je viens de voir ma Perle dans la rue ici se mêler aux passagers, dit Agbé à son frère.Il coupe l'appel sans plus attendre même un mot du frère. Il se met à la poursuite de sa Djifa pour la rattraper.Cette dernière se mêle plus aux passagers, pressant plus les pas comme si s'étant rendue compte être suivie. Il ne la quitte pas non plus des yeux, il la suit. Elle prend un virage en quittant la grande voie pour une ruelle. Il la pourchasse, arrive au niveau de la ruelle et la descend à son tour.Devant lui, il la voit et elle prend de nouveau un autre virage.Les main
LE CHOC-Agbétõzounkè, que penses-tu du comportement de notre fils aîné ? demande, alors qu'ils se retrouvent seuls au salon, Gbétiafa à sa femme sur Agbé.Il se rend compte qu'il souffre d'un mal inquiétant mais essaie de tout leur cacher.-J'espère que tu vois la même chose que moi, et qui m'inquiète sérieusement? Il est notre premier enfant, l'haleine de cette maison. Nous ne pouvons pas le regarder continuer ces comportements bizarres pour sombrer dans la dépression.-Agbévidé ne va pas du tout bien. Il nous faut vite agir!-Je ne savais pas que tu le voyais autant que moi, ésrõ nyé (mon époux). Mon cœur de mère saigne en voyant mon fils ainsi, et que je sois impuissante de l'aider, car ne permettant aucune aide. D'ailleurs, il fait semblant d'aller mieux pour nous cache
PENDULE À L'HEURE-Explique-moi vite ce bordel ! crie Dodo en pénétrant atrabilaire son séjour, jetant des papiers sur sa "femme" assise dans le salon devant le petit écran et limant minutieusement ses ongles.-Et c'est quoi qui met monsieur dans cet état, cette irascibilité? lui demande cette dernière ironiquement.-Tu me prends donc pour un plaisantin ?-Parce que tu étais déjà quelqu'un de sérieux ? Arrête de me donner du fil à retordre !-Du fil à retordre ! fait-il ahuri. Tu vides mon compte en usurpant ma signature. Et je te donne du fil à retordre! Tu sais ce qui t'attend ?-Rectificatif, monsieur ! Notre compte. J'y ai bel et bien le plein droit ! Qu'est-ce que tu crois ? Tu m'as mise ici, sous ce toit, et j'y suis en tant que ta femme. D'ailleurs, prends-le comme prix payé pour services rend
12LE RÊVE DEVIENT RÉALITÉL'opération de Dodo parfaitement réussie pour sa verge, il retrouve déjà de sa stabilité physique juste en ces quelques jours ; il n'a pas tardé à se faire opérer. Mais son cœur est ce qui saigne et n'est pas opérable, lui, malheureusement, pour l'évacuer de tous les regrets et douleurs qu'il renferme afin de le libérer... Pendule remise à l'heure pour lui qui avait manqué de subtilité cruellement par sa vanité, impossible de remonter le temps et de refaire les choses.Sa vie lui résonne dans sa tête comme un cinéma ou comme ces histoires fictives qui se racontent dans les livres. Entre le réel et l'idéal, il s'est réveillé dans la réalité. Laquelle sécrétant, mélancolie et affliction découlant du chagrin
13LES DÉSIRS DU CŒURIl la cherchait, tel un chien errant, seul, désespérément dans les hautes herbes, à la recherche de son maître qu'il a perdu de vue, bien loin du logis où il ne pouvait plus retourner. Voilà qu’elle est là, devant lui, et il ne sait même plus comment s'y prendre pour manifester tout ce qu'il ressent. Toutes ces émotions indescriptibles qui l'envahissent en ce moment même. Il n'y croit pas, que ce soit vrai. Et pourtant, il était toujours fort convaincu, qu'il la retrouverait un jour ou l'autre, et, il n'avait jamais perdu espoir jusque-là.A bien réfléchir, un instant peu, aux messages de rendez-vous eus sans rien leur comprendre pour les prendre au sérieux, il eut comme une lumière qui jaillit dans son esprit. Une froideur lui prit le corps. Son cœur se mit à battre plus fort, et
PROMESSESTrois jours déjà, Agbé cherche partout en vain Afiyo. Après qu'elle les a quittés à la réception des résultats, son ombre ne fait apparition nulle part. Même monsieur Anoumou ne lui donne aucune réponse convaincante, car dit-il, ne sachant pas non plus où se trouve sa fille et ne l'avait pas vue aussi à son retour à la maison.Il fait donc un nombre incalculable de va-et-vient à leur maison, à longueur de journée, durant ces trois jours déjà. Il quitte même le bureau à tout moment, juste pour essayer de la prendre par surprise au cas où elle réapparaîtrait discrètement, hélas ! Il en devient anxieux. Son cœur de père bat fort pour son enfant dont il vient de prendre connaissance de son existence. Et Afiyo, peut être capable de tout.De l'autre cô
LE RESULTATDjifa ne fait que dormir profondément ces derniers jours et se fait réveiller par sa fille qui la devance. Cela fait déjà quelques temps que c'est devenu pour elles une tradition matinale, un rituel, un peu comme leur mélodie de bonheur au réveil.Sépopo se réveille en premier. Et quand sa maman ne fait pas pareille après une ou deux minutes, elle monte sur elle ou la taquine de quelque manière à la réveiller. Ça devient un jeu pour la fille et la mère qui des fois, est bien réveillée mais attend que son enfant passe à l'action, faisant semblant donc de toujours dormir. Elles en rient dans le lit en s'y roulant. Très beau, très plaisant, Djifa serre chaleureusement sa fille contre soi. Elle la couvre de bisous pendant quelques minutes de complicité et de partage avant de se lever pour rentrer dans les toil
ÉVIDENCE ET RÉALITÉKoudzo et Sessimé sont estomaqués. Ils s'irritent face aux nouvelles de cette rencontre au retour de leurs parents à la maison. Pas parce que Afiyo tente d'attribuer un enfant à leur aîné, mais, le comportement inouï de cette femme sans aucune dignité pour ne pas éprouver un minimum de remords et avoir un peu de honte et de réserve, ou faire un semblant au moins. Et qui au contraire, est très fière pour de telles réactions dont elle fait preuve. Comment arrive-t-elle à être apte à de tels raisonnements ! Comment une femme qui veut revenir au foyer d'un homme après avoir commis un tel adultère et tout ce qui a suivi, ne se rabaisse même pas pour exprimer une petite désolation, mais se montre encore autant insolente ! Impensable!-Fogan, ne sous-estime pas cette Afiyo. Elle ne c
INSTALLATION DU DOUTEAgbé et ses parents arrivent chez son ex-beau-père. Il y a trois jours, Anoumou les a appelés, ses parents et lui, à travers le père, pour leur demander calmement un tête-à-tête pour discuter d'une importance. Gbétiafa lui a donné son accord pour même lui fixer le rendez-vous chez lui.Un tel accord n'a pas du tout plu Agbé. Il ne voulait même pas y répondre, car ressortant de l'embêtement de cette fille. Mais les parents étant parents et avec leurs expériences qu'ils ont de plus, surtout dans ces choses-là, ils ont fini par le convaincre.Installés, Anoumou appelle Afiyo. Elle descend, tenant la main de son garçonnet, sous les regards interrogateurs de la «belle-famille». Elle prend place aussi dans un fauteuil, mine amère, avec un "mìa woézon" sec
TOI SEULE ME SUFFISDodo va maintenant beaucoup mieux. Aujourd’hui il quitte l'hôpital et rentre chez lui. Il redécouvre après plus d'une semaine d'hospitalisation, ses meubles. Il soupire en ouvrant la porte avant de mettre les pieds à l'intérieur. Il suivi par Mablé, toujours à son chevet, cette pauvre jeune femme vraiment très gentille.Il prend place dans le sofa et fixe sa bienfaitrice dans sa noblesse. Cette dernière, après l'avoir aidé à s'installer, et arrangé les quelques effets avec lesquels ils sont rentrés, se donne la tâche de faire un peu de ménage dans la maison avant de s'en aller.Elle arrange et met plus au propre le séjour. Elle en fait pareille à la cuisine et donne quelques coups de balais à la cour de la maison. Ensuite, elle va à la cuisine lui préparer du manger.Dodo,
19JE SUIS LA LOI AUSSIIl sonne environ dix heures ce matin. Une Nissan Murano vient de garer devant CORE@P. La portière s'ouvre. Au volant, une femme. Elle sort en refermant, réajuste ses lunettes et prend le chemin de l'entrée, un sac en main. Elle entre et demande à la secrétaire à voir le DG.-C'est sur rendez-vous, s'il vous plaît, madame ? demande la secrétaire.-Pas vraiment ! Mais ne vous inquiétez pas. Informez-le juste qu'une femme veuille le voir.La secrétaire prend le téléphone et appelle la direction générale, passe la commission et reçoit l'accord de la laisser entrer.Agbé a les yeux rivés sur son ordinateur de bureau lorsqu'il entend toquer à la porte.-Oui, entrez ! autorise-t-il sans quitter du regard, l'écran.La porte s'ouvre. La perso
18ELLE S'APPELLE DJIFALa vie est belle par ici, cet après-midi: week-end, à "Novelas Star" à Avépozo, dans le sable fin de la plage. La mer, véhémente, aux flux qui s'affaissent sur la berge, avec sa mélodie prodigue et son vent débonnaire du lointain, est en parfaite harmonie avec le ciel. Sur ses bords, la vie bat son plein. Les eaux accueillent quelques têtes de nageurs amateurs. Jeunes, hommes comme femmes.Dans la foulée, sur la grève, Agbé, Djifa, la sœur Abla ainsi que la petite Sépopo y sont. Agbé et sa dulcinée savourent la belle vie dans le sable doux.Ils ont opté pour ce rencard sur la plage pour se donner du plaisir. Chose qui évente encore leurs flammes, rend plus vifs encore leurs sentiments, leur cœur chantant la ballade.Une balade romantique proposée par Agb&ea
17LES COULEURS DE LA NUITSewa est nerveuse. Très nerveuse d'ailleurs. À peine Koudzo serre la voiture à sa devanture au sortir du banquet pour la déposer chez elle, qu'elle sort toute colérique. Elle ouvre le portail et rentre fougueusement. Koudzo se précipite derrière elle pour la calmer, hélas ! Et quand elle rentre dans son séjour, elle lance son sac dans le salon avec rage, s'assoit et se met à pleurer. Toute sa joie d'il y a peu de temps a terni. Son visage a perdu tout son éclat heureux. Seule la déception et la nervosité s'y lisent.-Pourquoi ! Pourquoi ! Pourquoi! crie-t-elle.-Calme-toi, s'il te plaît, mon amour ! lui demande Koudzo agacé qui s'évertue à la consoler.-Pourquoi cette décision ? Pourquoi faut-il que mon travail prenne le coup de ma relati
LE BANQUETLe toit AZIANYO-DUMADEY redevient la végétation qui retrouve sa splendide verdure au retour de la saison pluvieuse. La joie y est de nouveau pour être effective. Agbé, enfin, la femme que son cœur lui réclamait tant, retrouvée, c'est le sourire au quotidien. Plus enthousiaste, plus jovial, et plus souriant, il est. Et plus de temps, il passe avec les siens désormais. Plus de ces moments où il s'enfermait dans sa chambre pour vivre son amertume. C'est alors toute la famille qui retrouve au quotidien son vrai sourire d'antan. La vie semble renaître de ses cendres maintenues toujours chaudes.Ne peut-on pas négliger aussi que s'il n'y avait pas Sessimé qui le traitait comme une maman dorlotant son petit garçonnet, il n'aurait pas pu supporter autant. Il aurait claqué malgré les affaires dans lesquelles il se fourrait pour faire évoluer l'en