CONQUÊTE
Sewa, rentre du boulot le soir dans les environs de dix-huit heures sur sa moto qu'elle immobilise au portail de sa maison : une cour unique de deux chambres salon ; toilettes, cuisine internes, et dotée d'un garage, qu'elle s'est louée à Attiégou, Togo 2000.
Elle descend de la moto et va pour ouvrir le portail. À peine elle met la clef sortie de son sac dans la serrure, qu'elle entend la voix d'un homme qu'elle n'a pas vu venir la saluer par derrière :
-Bonsoir, mademoiselle !
Elle se retourne dans cette salutation surprise. Son regard tombe sur un jeune homme, un peu plus âgé qu'elle de même, un livreur de fleur sans aucun doute, souriant, avec un bouquet de roses-roses et de blanches en main.
-Oui, bonsoir, monsieur !
-Ceci est vôtre, mademoiselle, s'il vous plaît ! lui tend le bouquet, le livreur
Sewa ahurie :
-Mien ! Comment ça mien ? Et de la part de qui ?
-Ça, je ne saurai vous le dire. Je ne fais que livrer. Et vous, vous devez signer ici.
Il lui montre une note accompagnant les fleurs.
-D'accord, faites voir !
Le livreur lui tend d'une main, la note qu'elle prend et la signe. Elle prend aussi les fleurs, sans aucun enthousiasme.
-Merci ! dit-elle, contemplant un instant les dites fleurs ; mais vous pouvez m’attendre juste un instant, s’il vous plaît ? Je vous redonne le bouquet pour mettre la moto à l'intérieur, et je reviens le chercher !
-Sans soucis. Allez-y !
Un merci encore au consentement, avec un petit sourire affiché cette fois-ci, et le livreur lui reprend les fleurs. Elle va ouvrir pour faire entrer la moto. Le livreur attend, elle revient chercher le bouquet de ses mains, un autre merci, agréable, et ils se séparent.
Une fois rentrée et portail refermé, Sewa va à son toit, les fleurs en main, reniflant l'odeur suave qui s'en émane. Même si elle ne comprend rien et n'a aucune idée de qui pouvait lui faire livrer de telles fleurs, elle ne peut ne pas apprécier et savourer cette émanation agréable à son odorat. Elle arrive à sa porte qu’elle ouvre et revoit son séjour abandonné depuis plus de onze heures de temps.
Un salon complet en cuire noire, une petite table centrale en vitre, de beaux rideaux blancs traversés de roses aux mûrs, une télé accrochée à un mur, un buffet, et quelques accessoires constituent ce salon modeste de femme qui a néanmoins un goût vraiment plaisant.
SEWA : <<Je venais de prendre ce magnifique bouquet de la part de quelqu'un dont je n'ai absolument aucune idée. Et même si je ne suis pas habituée aux fleurs, puisque personne ne m'en a jamais offertes d'ailleurs, j'avoue que ces roses sont sublimement jolies et dégagent un parfum si suave. Je les ai prises pour leur beauté. Et aussi, par respect au livreur qui m'a affiché un air si gentil et poli, afin de ne pas le froisser et me faire prendre pour une villageoise ou une nigaude. Ou encore, une égoïste. De qui pouvaient être ces fleurs ? Je n'en ai aucune idée. Et que signifient-elles ? Aucune notion non plus. Je sais juste qu'elles sont si jolies et sentent divinement bon. En tout cas, la personne y a dû attacher un intérêt particulier. Et qui qu'elle soit, elle va se manifester sûrement. Alors, pas de raison que je les laisse dans les mains du livreur.
Je rentre dans mon appartement. Je dépose le bouquet sur ma petite table centrale en glace du living-room, m'assieds dans mon modeste salon dont je suis hyper fière de gagner à la sueur de mon front. Mes parents m'ont toujours inculqué qu'une femme doit travailler dur pour ne pas dépendre des hommes si elle veut être vraiment respectée. Elle doit se vanter tout mérite. À cette éducation, ma chère maman a accordé une attention si particulière.
"Les hommes sont ce qu'ils sont, mais quand un homme te voit à une certaine hauteur, obéissante et humble, il t'admire, ma fille", m'a-t-elle toujours dit.
"Et avant de t'approcher, il se questionne sur lui-même d'abord. Il fait un aménagement en lui. Il ira jusqu'à sacrifier ses principes pour avoir une femme comme toi dans sa vie, à ses côtés. Il t'aimera, il t'adorera malgré ses défauts en tant qu'humain parce que, tu as su être cette femme affable et intelligente, bien faite dans sa tête, avec les caractéristiques d'une vraie femme", ajoutait toujours mon papa chéri.
Mes parents étaient "pauvres" financièrement, mais, ils m'ont tout donné. Ils se sont battus corps et âme en se privant de leurs besoins même basiques pour primer sur mon éducation. Ils se foutaient des railleries de certains voisins sur leurs apparences "misérables" à tout moment. La seule et unique chose qui comptait pour eux était moi : mon bien-être et mon avenir. Tant que je souris, ils sont fiers et heureux. Ils me donnaient le peu qui restait et se couchaient le ventre creux pour que je puisse avoir moi, la force d'aller étudier. Jamais, ils ne m'ont laissée affamée un seul instant. Ils me trouvaient le mien contre vents et marrées. Ils ne s’en plaignaient pas. En plus, ils m'ont vraiment inculqué des valeurs inestimables, et étaient très strictes dessus.
Aussi, ils étaient trop fiers d'eux pour ne jamais étaler leurs problèmes à qui que ce soit. Ils trouvaient toujours dénouement à leurs malentendus de couple et leur amour est fascinant jusqu'aujourd'hui. Même à moi leur unique fille et enfant, ils cachaient toujours leurs différends. Ils en tiraient des conseils pour moi, pour mon futur. En tout cas, ils m'ont éduquée. Je ne puis qu'être fière d'eux, et de ce que je gagne de mes propres efforts comme ils me l'ont enseigné. Mieux, leur apporter tout mon soutien possible. Raison pour laquelle je ne m'amuse pas non plus avec mon travail.
Moi qui ai grandi dans une pièce sur une natte à côté du lit de mes parents, j'ai aujourd'hui mon appartement à mes propres frais. J'en ai loué pour mes parents aussi. Et pour mieux faire les choses, j'ai pris l'initiative d'entreprendre encore et d'avoir ma propre source de revenus. Oui, on peut bien être salarié, et entreprendre pour s'en sortir plus ou moins facilement. D'ailleurs, il n'y a pas de salaire qui rende riche ou allège valablement des besoins si l’on n'entreprend pas quelque chose soi-même.
Je suis secrétaire. Mon travail est bien payé, par rapport à plusieurs boîtes d'ailleurs plus grosses que la nôtre. A mon salaire-là, s’ajoutent des retombées de reconnaissance, aussi importantes, que je perçois fréquemment de la part de mon actuel Directeur Général pour quelques petits rôles de commerciale que je joue des fois en convainquant des gens à venir chez nous, par initiative personnelle. Malgré cela, j'ai ouvert pour ma mère (sur son insistance malgré mon refus), un petit commerce. J'ai le mien, pour lequel, j'ai deux employées, lesquelles je traite aussi bien que je suis traitée à mon tour à mon service par le patron qui a remplacé son père à la tête de l'entreprise il y a de cela trois ans déjà : un jeune homme si gentil, noble, ouvert et patient avec les employés. Il ne se prend jamais la tête. Il te corrige avec respect encore quand tu fais des erreurs dans ton travail. Son papa ne nous traitait pas avec tant d'attentions et d'amabilité. Lui, il est très doux et calme, et il a de la largesse. Je suis venue dans la boîte sept mois avant que le papa ne lui passât le relais.
Je m'assis donc dans mon salon après ma journée vraiment chargée. Je vide à côté du bouquet de fleurs posé sur la petite table, mon cou et mes poignets de mon collier et de mes bracelets en or que j'ai pris récemment dans ma boutique. J'enlève mes chaussures, déboutonne ma chemise, et je me relaxe un peu, avant de me lever pour les toilettes. J’y vais pour évacuer de ma poche du petit bassin, le déchet liquide sécrété par mes néphrons qu'elle contient, et qui me picote dedans, prendre une douche légère, et penser aller à la cuisine me préparer de quoi faire mon dîner...>>
À peine Sewa est dans les toilettes et s'est mise à poil, que son portable commence à sonner. Heureusement, il n'y a pas encore d'eau sur son corps. Et bien qu'elle soit seule dans son appartement, pour n'avoir rien à cacher à qui que ce soit, elle tire sa serviette blanche du perchoir, se la met jusqu'au buste, et de sortir pour recevoir l'appel.
Elle prend le portable. Un numéro inconnu. Sûrement, celui qui a fait livrer les magnifiques roses dont elle ne saisit pas leurs sens, s'imagine-t-elle. Cependant, elle n'a pas eu le temps de décrocher avant que l'appel ne s'interrompt. Un message suit dans le même temps. Elle ouvre, elle lit : « Au fond du bouquet, un message ! »
-Bah, c'est quoi ce mystère ! se murmure-t-elle.
Elle écarquille soigneusement les fleurs et y découvre effectivement un papier enfoui. Elle le sort. Sur ce bout de papier, est imagée une sensualité voluptueuse aux couleurs de l'amour. Le bout de papier est simplement beau, avec un cœur en son fond et sur lequel elle peut lire : "des roses insignifiantes à la plus magnifique des roses, mais qui sont la symbolique délicieuse de mes profonds respects, de mon admiration, de la douceur, de la pudeur, de la chasteté et la profondeur de mes sentiments pour toi, La Merveille... !"
Elle se laisse perplexe un court instant. La note est anonyme. Aucun nom. Aucun trait de signature. Et de plus, le type la nomme : « La Merveille ! »
Elle remet le feuillet à son endroit et porte le bouquet sur mon petit buffet, puis, retourne dans la douche sans se prendre la tête.
Le lendemain, au travail, Sewa s'apprête à sortir pour le midi en rangeant son bureau. Une jeune femme munie aussi d'un bouquet de fleurs : de roses rouges cette fois-ci, mélangées de roses-roses, et de blanches, rentre sur elle.
-Bonjour, mademoiselle ! salue la jeune femme.
Elle lève la tête et la perçoit, étonnée, avec son bouquet en mains.
-Oui, Bonjour !
-Est-ce vous GADO Sewa, s'il vous plaît ?
-Oui, c'est bien moi. Que puis-je pour vous ?
Elle lui tend un papier de sa main droite, la gauche emprisonnée par le bouquet de fleurs plus gros que celui de la veille.
-Signez ici, s'il vous plaît ! Ces fleurs vous sont destinées.
-Me sont destinées ! Et par qui ?
-Je viens juste livrer !
Sewa regarde, la jeune femme, d'un air interloqué, ambivalente à sa réponse. D'un coup, derrière son dos, une voix masculine :
-Qu'est-ce qu'elles sont divinement magnifiques, ces roses !
Elle tourne son regard qui tombe désolé sur son Directeur Général Agbévidé. Il se tient à sa porte derrière elle. L'inquiétude se mêle à la désolation pour l'envahir.
Agbé comprend son état d'âme en ce moment concis : elle est frustrée. Il lui hausse les épaules avec un petit sourire pour la rassurer de ne pas s'en faire.
Bien évidemment, avec son attachement à son travail et le respect qu'elle se donne, Sewa n'apprécie pas du tout, ce débarquement inopportun en son lieu de travail. Et pis, de la part d'une personne dont elle ignore carrément tout. Elle en est très nerveuse, courroucée. Fébrilement, elle tourne un regard méprisant sur la livreuse comme pour lui intimer un ordre, hélas !
Agbé dans son bureau, la voix de Sewa s'excuse sur lui en entrebâillant la porte :
-Excusez !
Il lève son regard et répond :
-Oui, entrez !
Sewa entre dans le bureau pendant qu'il lève le regard.
-Ah, vous êtes de retour déjà du midi ?
-Je viens vous parler, s'il vous plaît, monsieur le Directeur !
Un peu surpris, Agbé :
-Ah, ok, pas de soucis. Venez-vous asseoir, s'il vous plaît !
-Non merci ! Je préfère rester plutôt debout, monsieur le Directeur. Au fait, je voudrais m'excuser pour la scène qui s'est passée à mon bureau ce midi.
-De quoi parlez-vous, mademoiselle GADO ? Je ne vous saisis pas.
-Je parle de la livraison de ces fleurs à mon lieu de travail. Sincèrement désolée, Monsieur ! Je n'ai même aucune idée de la personne qui m'envoie ces fleurs au point de venir ici.
Agbé avec un petit sourire plutôt :
-Voyons ! Ne vous en faites pas surtout ! Vous n'avez rien fait de mal en vous faisant livrer de fleurs à votre bureau au point de venir vous en excuser. Soyez à l'aise, d'autant que la personne a dû attendre l'heure de la pause avant de venir livrer. Et c'est d'ailleurs votre heure. La pause. Elle vous appartient et elle n'est même pas encore finie.
-Merci beaucoup, monsieur. Vous êtes vraiment très gentil. Une fois encore merci !
-Les fleurs sont très jolies. La personne a dû les prendre avec soins et avec un attachement particulier à vous.
-Et je n'ai quant à moi, aucune idée de qui ça peut être, malheureusement, et je ne sais vraiment quoi faire de ces fleurs. J'en ai reçues hier soir aussi à mon portail, juste à mon arrivée à la maison après le boulot.
-Reniflez profondément leurs senteurs avec douceur, les yeux fermés, et laissez libre cours à votre imagination dans les bras tendres de la quiétude, voluptueusement. En tout cas, la personne doit être forcément dans votre entourage bien proche et a un grand faible pour vous. Avec une profonde admiration. Mais par respect et aussi, par la peur peut-être, elle se décide à vous exprimer en silence ses sentiments à travers ces jolies roses au premier abord. Soyez juste attentive autour de vous. Elle va finir par se dévoiler.
Sewa perd tout mot. Ils se regardent fixement comme étonnés tous les deux, pendant qu'Agbé lui affiche en plus un air souriant plutôt.
Devant le miroir de sa chambre, Agbé se prépare pour le boulot. Prêt, il prend son sac, met son portable au fond de la poche droite de son pantalon, puis descend au salon. Et alors qu'il descend les escaliers, il voit comme chaque matin, la famille réunie à table déjà pour le petit déjeuner. Sessimé l'ayant vu, se lève. "Mon fofogan lonlon !" s'exclame-t-elle au fur et à mesure. Elle va à sa rencontre, lui prend son sac et s'accroche à son bras. Tous les deux, ils rejoignent la table. Elle se précipite de lui tirer de sa main droite (le sac toujours dans l'autre), la chaise alors qu'il s'apprête à le faire pour s'asseoir.
-Tu vas froisser les habits de ton frère, ce matin déjà, Sessimé, lui dit leur maman.
-Maman, laisse-nous, je t'en prie ! répond-elle.
-Vraiment, laisse-nous, maman ! reprend Agbé qui s'assied.
-Hein ! étire d'étonnement son visage, Agbétõzounkè pour Agbé.
Elle ne s’attendait pas à une réplique de lui aussi contrairement à Sessimé dont il reprend les mots. Sans se soucier d’elle et du reste de la table, Sessimé s’adresse à son frère :
-Fogan, je laisse le sac dans la voiture et je reviens.
-Non, pose-le dans le sofa, et viens prendre ton petit-déjeuner. Je vais me lever d'un instant à l'autre.
Alors qu’elle s’exécute prestement pour déposer le sac, Koudzo lance à son tour :
-Je crois bien que l'on va se taper dessus dans cette maison !
-Tant pis pour les verts, répond, Agbé, mine de rien.
Toute la table en rit. Quelques instants au cours du petit-déjeuner, Gbétiafa :
-Agbévidé, je tiens une fois encore à vous remercier, toi et ton frère, pour la bonne marche que vous donnez toujours à l'entreprise, main dans la main.
-Papa, tout le mérite revient à fogan. C'est lui qui a toujours l'art persuasif. Il subtilise sans perdre de vue, l'objectif, répond Koudzo.
-Chacun joue son rôle, Koudzo. Tu joues le tien, je joue le mien. Les autres employés jouent les leurs aussi. Et nos efforts se conjuguent objectivement, dit à son tour Agbé à son frère.
-Pour que tout cela soit, il faut un leader qui l'incarne. Et c'est bien parce tu t'y mets, que ça se réalise, Agbévidé, reprend leur père.
-Nyé ñtõ fofo nyé yé (c'est moi-même, mon grand frère) ! s'extasie Sessimé.
Elle se lève et va lui plaquer une bise. En regagnant sa place, passant derrière Koudzo, elle lui lance ironiquement :
-Certains vont jalouser vert, vert jusqu'à ce que je sois obligée de leur en faire aussi.
Elle se penche pour lui donner la bise à son tour quand il lui refuse sa joue.
-Reste loin de moi avec tes bises adultérées-là !
Ils s’en poilent tous de nouveau puis le calme revient, Sessimé regagne sa place et Agbé reprend :
-Bon, je crois que je dois aller maintenant. J'ai des courses à faire avant le bureau.
Il se lève, son père le fait rasseoir.
-Pas si vite, mon fils ! Je t'annonce que tu as ton tout premier voyage d'affaires hors du pays à faire. Et c'est sur le Gabon. La semaine sur prochaine. Tu rencontres à la fin de ce mois, des partenaires pour des contrats. Tu vas aller en mon nom pour le moment, et au nom de la CORE@P dont tu es le Directeur Général. Tu en auras pour cinq jours. Mais, tu peux y rester pour deux semaines et te reposer un peu, histoire de t'échanger les idées. Désormais, tu effectues aussi les voyages d'affaire. Ton frère te seconde dans tes fonctions. Et moi, je me retire. Tu as tout prouvé. Je suis si fier de toi pour tout abandonner désormais dans tes mains, Agbévidé. Alors, prépare-toi à toutes les responsabilités. Je prends ma retraite définitive. A la prochaine rencontre du Conseil Administratif, tu rentres en possession entière de tes fonctions.
Koudzo est si fier de cette nouvelle pour son frère.
-Waouh ! Félicitations fogan ! Tu le mérites.
Agbé lève du regard, stupéfait sur son père.
-Merci pour toute cette confiance, papa. Je ferai juste mon devoir.
-Félicitations Agbévidé ! Mais tu sais mieux que moi, ce qui me rendra vraiment fière de toi de mon côté. Je compte les jours. Cela fait déjà trois ans et les jours passent. Le chemin se raccourcit..., lui dit sa maman.
-Ne recommence pas, s'il te plaît, maman ! En tout cas, pas ce matin !
-Tu sais pertinemment que ta maman a raison, Agbévidé. Un chef a besoin d'une autorité dans sa vie. Et cette autorité, c’est sa femme, mon fils. Trouve-toi une autre femme, et ferme la page sur ton passé. Je t'avais porté à la tête de l'entreprise parce tu t'étais marié ; tu avais pris un engagement de la plus haute responsabilité. Donc, capable dès lors de diriger et être mon successeur, renchérit sur sa mère, son père.
-Je n'en disconviens pas, mes chers parents, sauf que, j'ai besoin du temps. Quand elle sera là, je vous la présenterai pour faire plus, votre joie que vous méritez. Mais pour le moment, laissez le temps préparer les choses. Je vous en prie !
Son papa pousse un soupir et pose son regard sur sa mère. La tension devient un peu tendue. Ils se déchirent tous du regard par moment.
Malgré sa dévotion au travail, le succès qu'il porte toujours à l'entreprise en bon directeur et entrepreneur, Agbé ne fait vraiment pas la joie de ses parents, surtout sa mère, avec sa résignation à ne pas prendre de femme, et à espérer un fantôme qu'il aurait rencontré dans sa dépression un soir. Fantôme, car pour les parents, cette fille qu'il appelle « Djifa », pour laquelle il perd toujours la tête trois ans durant déjà à l'espérer, n'a rien de réel ; cependant qu’Agbétõzounkè veut voir son fils aîné qui prend de l'âge se marier de nouveau et refaire sa vie. Elle veut de petits-enfants aussi. Elle veut être appelée grand-maman. Et pour elle, c'est à son grand enfant de lui en donner en premier. C'est à lui d'être la voie à suivre de son frère et sa sœur. Il doit leur être le bon exemple.
Pour mettre fin à cette ambiance désagréable, Sessimé se lève.
-Fogan, je dépose ton sac dans la voiture. Tes courses avant le bureau ne doivent pas être oubliées. Allons-nous-en !
Les regards de leurs parents se tournent sur elle étonnés mais elle en fait fi. Elle va prendre le sac et revient prendre la main de son frère qui se lève aussi. Ils sortent. Jamais, elle n'aime que les parents mettent une quelconque pression à son frère contre son bon vouloir sur sa vie sentimentale et lui procurer de l'inconfort. Tout propos ou critique allant dans ce sens, indisposant le frère ou semble changer son humeur, lui tape sur les nerfs. Alors, elle fait tout pour le faire quitter la discussion, comme ce matin encore.
Sewa sort de la chambre à coucher. Habillée est-elle d'une robe de nuit blanche en soie un peu légère, présentant la sculpture d'un angélique corps. Ses seins, sans soutien-gorge sur sa poitrine, sont bien raffermis et se voient facilement dans sa tenue. Son derrière moyennement sorti va aussi harmonieusement avec sa forme pour la rendre encore plus magnifique. Elle éteint son portatif qu'elle ferme, prend son portable et retourne dans la chambre pour aller au lit.
Juste elle pose le portable à son endroit habituel en s'asseyant dans le lit, qu'il vibre avec son écran allumé, signalant l'entrée d'un message. Elle le reprend pour lire. C'est encore le même numéro inconnu depuis une semaine déjà. "Quiète nuit à toi, Douce Symphonie de Couleurs qui projette d'instant en instant, ces attendrissantes lumières dans mon cœur et éclaire mes lendemains d'un bonheur intarissable. En plus d'être une femme merveilleuse, tu es une Fée juste par un sourire que tu offres, Sewa !", tel est le message qu'elle peut lire. Elle lance le numéro : inaccessible.
« Jamais, ce numéro ne m'appelle. Chaque matin à mon réveil, chaque nuit avant d'aller au lit, j'en reçois de message comme si, le propriétaire connaissait exactement mes heures du coucher et du réveil. Et il devient du coup injoignable quand je le lance. Qui est vraiment celui-là qui, depuis plus d'une semaine déjà, se donne à ce jeu avec moi ? Il va falloir que je demande conseils à mes parents ! », se résout-elle toute sereine avant de déposer à nouveau, le portable pour se blottir dans son lit en soupirant.
FATIDIQUE COÏNCIDENCE
LE MYSTÈRESewa arrive ce dimanche matin chez ses parents à Kégué. Avec immense joie de ces derniers, elle se fait accueillir.Son père monsieur GADO Amenyon et sa mère madame GADO Kafui sont à leur salon devant leur petit écran lorsqu'elle toque à la porte, mettant un peu le rideau de côté pour entrer sur eux. Arborant un sac à main, elle est bien habillée en tenue pagne.-Ma fille, woézon ! Quelle bonne surprise ce matin ! s'écrie heureuse, sa maman qui se lève avec un large sourire à sa vue.-Mamaaaaaan !Elles se prennent dans les bras et se câlinent affectueusement.Détachée de sa maman, Sewa va à son père toujours assis, très souriant à son tour de la voir leur rendre visite. Elle lui fait la bise en se rabaissant et ils se câlinent.-Mon papa ch
PAS POSSIBLEDjifa recherchée depuis trois ans déjà, qui n’est jamais vue nulle part à ce jour, dans une foulée! Là où l’on ne peut même l'imaginer! De la magnificence !-Excuse-moi, frangin, je te rappelle. Je viens de voir ma Perle dans la rue ici se mêler aux passagers, dit Agbé à son frère.Il coupe l'appel sans plus attendre même un mot du frère. Il se met à la poursuite de sa Djifa pour la rattraper.Cette dernière se mêle plus aux passagers, pressant plus les pas comme si s'étant rendue compte être suivie. Il ne la quitte pas non plus des yeux, il la suit. Elle prend un virage en quittant la grande voie pour une ruelle. Il la pourchasse, arrive au niveau de la ruelle et la descend à son tour.Devant lui, il la voit et elle prend de nouveau un autre virage.Les main
LE CHOC-Agbétõzounkè, que penses-tu du comportement de notre fils aîné ? demande, alors qu'ils se retrouvent seuls au salon, Gbétiafa à sa femme sur Agbé.Il se rend compte qu'il souffre d'un mal inquiétant mais essaie de tout leur cacher.-J'espère que tu vois la même chose que moi, et qui m'inquiète sérieusement? Il est notre premier enfant, l'haleine de cette maison. Nous ne pouvons pas le regarder continuer ces comportements bizarres pour sombrer dans la dépression.-Agbévidé ne va pas du tout bien. Il nous faut vite agir!-Je ne savais pas que tu le voyais autant que moi, ésrõ nyé (mon époux). Mon cœur de mère saigne en voyant mon fils ainsi, et que je sois impuissante de l'aider, car ne permettant aucune aide. D'ailleurs, il fait semblant d'aller mieux pour nous cache
PENDULE À L'HEURE-Explique-moi vite ce bordel ! crie Dodo en pénétrant atrabilaire son séjour, jetant des papiers sur sa "femme" assise dans le salon devant le petit écran et limant minutieusement ses ongles.-Et c'est quoi qui met monsieur dans cet état, cette irascibilité? lui demande cette dernière ironiquement.-Tu me prends donc pour un plaisantin ?-Parce que tu étais déjà quelqu'un de sérieux ? Arrête de me donner du fil à retordre !-Du fil à retordre ! fait-il ahuri. Tu vides mon compte en usurpant ma signature. Et je te donne du fil à retordre! Tu sais ce qui t'attend ?-Rectificatif, monsieur ! Notre compte. J'y ai bel et bien le plein droit ! Qu'est-ce que tu crois ? Tu m'as mise ici, sous ce toit, et j'y suis en tant que ta femme. D'ailleurs, prends-le comme prix payé pour services rend
12LE RÊVE DEVIENT RÉALITÉL'opération de Dodo parfaitement réussie pour sa verge, il retrouve déjà de sa stabilité physique juste en ces quelques jours ; il n'a pas tardé à se faire opérer. Mais son cœur est ce qui saigne et n'est pas opérable, lui, malheureusement, pour l'évacuer de tous les regrets et douleurs qu'il renferme afin de le libérer... Pendule remise à l'heure pour lui qui avait manqué de subtilité cruellement par sa vanité, impossible de remonter le temps et de refaire les choses.Sa vie lui résonne dans sa tête comme un cinéma ou comme ces histoires fictives qui se racontent dans les livres. Entre le réel et l'idéal, il s'est réveillé dans la réalité. Laquelle sécrétant, mélancolie et affliction découlant du chagrin
13LES DÉSIRS DU CŒURIl la cherchait, tel un chien errant, seul, désespérément dans les hautes herbes, à la recherche de son maître qu'il a perdu de vue, bien loin du logis où il ne pouvait plus retourner. Voilà qu’elle est là, devant lui, et il ne sait même plus comment s'y prendre pour manifester tout ce qu'il ressent. Toutes ces émotions indescriptibles qui l'envahissent en ce moment même. Il n'y croit pas, que ce soit vrai. Et pourtant, il était toujours fort convaincu, qu'il la retrouverait un jour ou l'autre, et, il n'avait jamais perdu espoir jusque-là.A bien réfléchir, un instant peu, aux messages de rendez-vous eus sans rien leur comprendre pour les prendre au sérieux, il eut comme une lumière qui jaillit dans son esprit. Une froideur lui prit le corps. Son cœur se mit à battre plus fort, et
14JE NE SUIS PLUS SEULEIl fait signe à la devanture de sa venue sans sortir de la voiture. Peu après quelques instants, la guérite s'ouvre sur une jeune femme de l'âge de sa propre petite sœur.La ressemblance est si frappante et le doute n'a pas sa place. Elle est sa petite sœur, sans aucune ambiguïté. Sauf, le teint de celle-ci est plus ébène. Beauté mélanique. Il resserre bien la voiture et sort.-Fovi mia woézon (soyez le bienvenu, frère)! lui dit la jeune fille avec un sourire aussi majestueux et un charme captivant que ceux de sa sœur pour l'accueillir à son approche.Comment deux sœurs peuvent-elles avoir aussi les mêmes caractéristiques : même reflet dans les yeux, même sourire, même visage, même physique ! Et si les teints n'étaient pas différents ? pense-t-
15DOMPTE-MOIAgbé reçoit comme un coup de couteau dans le cœur, cette parole "je ne suis plus seule" sortie de la bouche de Djifa. D'un geste brusque, il se lève, avec une peine profonde emparée de lui, chassant loin, bien loin, tout son enthousiasme dans les secondes même. Il est tout tremblant, un cœur qui saigne. De la sueur froide inonde son front. Mais, il se retient de verser de larmes. Tellement, son chagrin est profond. C'est plus qu'une malédiction que cette femme lui échappe. Du noir encore plus abattu sur lui. Tout ce qu'il veut maintenant, c'est de s'en aller.-Excuse-moi ! dit-il avec ses amertumes, puis prend la sortie.À peine il fait deux pas, que Djifa lui barre le passage, laissant précipitamment l'enfant par terre.-Où vas-tu, et dans cet état, mon cher ?-Il faut que je retourne dans mon monde, Djifa !-Sans m'&ea
PROMESSESTrois jours déjà, Agbé cherche partout en vain Afiyo. Après qu'elle les a quittés à la réception des résultats, son ombre ne fait apparition nulle part. Même monsieur Anoumou ne lui donne aucune réponse convaincante, car dit-il, ne sachant pas non plus où se trouve sa fille et ne l'avait pas vue aussi à son retour à la maison.Il fait donc un nombre incalculable de va-et-vient à leur maison, à longueur de journée, durant ces trois jours déjà. Il quitte même le bureau à tout moment, juste pour essayer de la prendre par surprise au cas où elle réapparaîtrait discrètement, hélas ! Il en devient anxieux. Son cœur de père bat fort pour son enfant dont il vient de prendre connaissance de son existence. Et Afiyo, peut être capable de tout.De l'autre cô
LE RESULTATDjifa ne fait que dormir profondément ces derniers jours et se fait réveiller par sa fille qui la devance. Cela fait déjà quelques temps que c'est devenu pour elles une tradition matinale, un rituel, un peu comme leur mélodie de bonheur au réveil.Sépopo se réveille en premier. Et quand sa maman ne fait pas pareille après une ou deux minutes, elle monte sur elle ou la taquine de quelque manière à la réveiller. Ça devient un jeu pour la fille et la mère qui des fois, est bien réveillée mais attend que son enfant passe à l'action, faisant semblant donc de toujours dormir. Elles en rient dans le lit en s'y roulant. Très beau, très plaisant, Djifa serre chaleureusement sa fille contre soi. Elle la couvre de bisous pendant quelques minutes de complicité et de partage avant de se lever pour rentrer dans les toil
ÉVIDENCE ET RÉALITÉKoudzo et Sessimé sont estomaqués. Ils s'irritent face aux nouvelles de cette rencontre au retour de leurs parents à la maison. Pas parce que Afiyo tente d'attribuer un enfant à leur aîné, mais, le comportement inouï de cette femme sans aucune dignité pour ne pas éprouver un minimum de remords et avoir un peu de honte et de réserve, ou faire un semblant au moins. Et qui au contraire, est très fière pour de telles réactions dont elle fait preuve. Comment arrive-t-elle à être apte à de tels raisonnements ! Comment une femme qui veut revenir au foyer d'un homme après avoir commis un tel adultère et tout ce qui a suivi, ne se rabaisse même pas pour exprimer une petite désolation, mais se montre encore autant insolente ! Impensable!-Fogan, ne sous-estime pas cette Afiyo. Elle ne c
INSTALLATION DU DOUTEAgbé et ses parents arrivent chez son ex-beau-père. Il y a trois jours, Anoumou les a appelés, ses parents et lui, à travers le père, pour leur demander calmement un tête-à-tête pour discuter d'une importance. Gbétiafa lui a donné son accord pour même lui fixer le rendez-vous chez lui.Un tel accord n'a pas du tout plu Agbé. Il ne voulait même pas y répondre, car ressortant de l'embêtement de cette fille. Mais les parents étant parents et avec leurs expériences qu'ils ont de plus, surtout dans ces choses-là, ils ont fini par le convaincre.Installés, Anoumou appelle Afiyo. Elle descend, tenant la main de son garçonnet, sous les regards interrogateurs de la «belle-famille». Elle prend place aussi dans un fauteuil, mine amère, avec un "mìa woézon" sec
TOI SEULE ME SUFFISDodo va maintenant beaucoup mieux. Aujourd’hui il quitte l'hôpital et rentre chez lui. Il redécouvre après plus d'une semaine d'hospitalisation, ses meubles. Il soupire en ouvrant la porte avant de mettre les pieds à l'intérieur. Il suivi par Mablé, toujours à son chevet, cette pauvre jeune femme vraiment très gentille.Il prend place dans le sofa et fixe sa bienfaitrice dans sa noblesse. Cette dernière, après l'avoir aidé à s'installer, et arrangé les quelques effets avec lesquels ils sont rentrés, se donne la tâche de faire un peu de ménage dans la maison avant de s'en aller.Elle arrange et met plus au propre le séjour. Elle en fait pareille à la cuisine et donne quelques coups de balais à la cour de la maison. Ensuite, elle va à la cuisine lui préparer du manger.Dodo,
19JE SUIS LA LOI AUSSIIl sonne environ dix heures ce matin. Une Nissan Murano vient de garer devant CORE@P. La portière s'ouvre. Au volant, une femme. Elle sort en refermant, réajuste ses lunettes et prend le chemin de l'entrée, un sac en main. Elle entre et demande à la secrétaire à voir le DG.-C'est sur rendez-vous, s'il vous plaît, madame ? demande la secrétaire.-Pas vraiment ! Mais ne vous inquiétez pas. Informez-le juste qu'une femme veuille le voir.La secrétaire prend le téléphone et appelle la direction générale, passe la commission et reçoit l'accord de la laisser entrer.Agbé a les yeux rivés sur son ordinateur de bureau lorsqu'il entend toquer à la porte.-Oui, entrez ! autorise-t-il sans quitter du regard, l'écran.La porte s'ouvre. La perso
18ELLE S'APPELLE DJIFALa vie est belle par ici, cet après-midi: week-end, à "Novelas Star" à Avépozo, dans le sable fin de la plage. La mer, véhémente, aux flux qui s'affaissent sur la berge, avec sa mélodie prodigue et son vent débonnaire du lointain, est en parfaite harmonie avec le ciel. Sur ses bords, la vie bat son plein. Les eaux accueillent quelques têtes de nageurs amateurs. Jeunes, hommes comme femmes.Dans la foulée, sur la grève, Agbé, Djifa, la sœur Abla ainsi que la petite Sépopo y sont. Agbé et sa dulcinée savourent la belle vie dans le sable doux.Ils ont opté pour ce rencard sur la plage pour se donner du plaisir. Chose qui évente encore leurs flammes, rend plus vifs encore leurs sentiments, leur cœur chantant la ballade.Une balade romantique proposée par Agb&ea
17LES COULEURS DE LA NUITSewa est nerveuse. Très nerveuse d'ailleurs. À peine Koudzo serre la voiture à sa devanture au sortir du banquet pour la déposer chez elle, qu'elle sort toute colérique. Elle ouvre le portail et rentre fougueusement. Koudzo se précipite derrière elle pour la calmer, hélas ! Et quand elle rentre dans son séjour, elle lance son sac dans le salon avec rage, s'assoit et se met à pleurer. Toute sa joie d'il y a peu de temps a terni. Son visage a perdu tout son éclat heureux. Seule la déception et la nervosité s'y lisent.-Pourquoi ! Pourquoi ! Pourquoi! crie-t-elle.-Calme-toi, s'il te plaît, mon amour ! lui demande Koudzo agacé qui s'évertue à la consoler.-Pourquoi cette décision ? Pourquoi faut-il que mon travail prenne le coup de ma relati
LE BANQUETLe toit AZIANYO-DUMADEY redevient la végétation qui retrouve sa splendide verdure au retour de la saison pluvieuse. La joie y est de nouveau pour être effective. Agbé, enfin, la femme que son cœur lui réclamait tant, retrouvée, c'est le sourire au quotidien. Plus enthousiaste, plus jovial, et plus souriant, il est. Et plus de temps, il passe avec les siens désormais. Plus de ces moments où il s'enfermait dans sa chambre pour vivre son amertume. C'est alors toute la famille qui retrouve au quotidien son vrai sourire d'antan. La vie semble renaître de ses cendres maintenues toujours chaudes.Ne peut-on pas négliger aussi que s'il n'y avait pas Sessimé qui le traitait comme une maman dorlotant son petit garçonnet, il n'aurait pas pu supporter autant. Il aurait claqué malgré les affaires dans lesquelles il se fourrait pour faire évoluer l'en