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1 - L'illusion du bonheur

Author: Léajoy
last update Last Updated: 2024-11-20 22:56:05

**Amara**  

« Qui a dit que l'argent ne pouvait pas acheter le bonheur ? »

Franchement, celle ou celui qui a lancé cette phrase ne devait vraiment pas vivre dans ce monde. Ou peut-être était-il simplement trop naïf, trop déconnecté de la réalité qui, pour moi, s'étale sous les néons de ce club. Parce que moi, je suis ici, perdue dans cette boîte de nuit luxueuse où tout brille d’un éclat artificiel. Autour de moi, des femmes d’une beauté glacée se déhanchent avec une grâce presque irréelle, leurs robes de créateurs scintillant comme des étoiles sous les projecteurs.

La musique résonne dans mes os, les basses s’infiltrant dans ma poitrine et secouant mes entrailles. Les rires fusent, portés par la lourdeur de la nuit et du champagne. Chaque instant semble figé dans une illusion parfaite, un bonheur suspendu qui, même s’il ne dure qu’une heure ou deux, semble plus réel que tout le reste de ma vie.

Et pourtant… je me sens comme un fantôme ici, à l’écart de cette farce. Mon corps est là, mais mon esprit flotte ailleurs, accablé par des pensées sombres qui ne cessent de m’assaillir. Comment ai-je bien pu me retrouver dans ce club, à observer cette foule de visages inconnus, leurs sourires trop larges, leurs gestes trop calculés ? Ah, oui… je me souviens. Une énième journée catastrophique. Une journée où, encore une fois, les reproches constants de mon père et de mon frère ont déchiré ma paix intérieure.

Ils me haïssent. Ils me reprochent tout. Pour eux, c’est ma faute si ma mère est morte. Elle aurait risqué sa vie pour me sauver. Peut-être ont-ils raison. Peut-être que si je n’avais pas été là, elle serait encore en vie, à leur côté. Peut-être que je suis responsable de ce chaos qui engloutit notre famille.

Cela fait quatorze ans. Quatorze longues années depuis cet incendie. Depuis ce jour où la maison est partie en fumée et où j’ai perdu la personne que j’aimais le plus. Elle a sauté dans les flammes pour me sauver, sans hésiter. Sans une seconde de doute. Elle m’a envoyée dans les bras des pompiers, alors que tout s’effondrait autour d’elle. J’avais huit ans. Juste un enfant. Comment une gamine peut-elle être responsable d’une telle tragédie ? Et pourtant, cette culpabilité est toujours là, en moi, collée à ma peau comme un fardeau que je ne peux jamais déposer.

Mon père, mon frère… Ils ne cessent de me le rappeler chaque jour. Ils me considèrent comme une erreur vivante, un déchet qui a survécu à une catastrophe. Ça me dévore, ça me ronge. C’est injuste, mais c’est ma réalité.

Je pousse un soupir, tentant de chasser cette brume noire de mes pensées. Autour de moi, la musique s’intensifie, chaque vibration des basses cherche à me happer, mais cela ne marche pas. Pas ce soir. La douleur est trop forte.

— Amara ? Tu m’écoutes ou quoi ?

Je sursaute, arrachée à mes réflexions. Lily est là, devant moi, les sourcils légèrement froncés, son regard empli d’une inquiétude que je connais bien. Elle m’observe toujours avec cette attention particulière, cet équilibre fragile entre amusement et protection.

— Quoi ? je réagis, feignant l’innocence, bien que mon regard trahisse mon absence.

Elle finit son verre d’un trait, ses doigts jouant avec la paille. Lily, ma meilleure amie. Ma seule ancre dans ce monde qui m’échappe. Sans elle, je doute que je sois encore ici, en train de respirer.

— Tu es sûre que tu peux rentrer seule ? demande-t-elle, ses yeux se plissant légèrement. Ce n’est pas très malin, surtout après ce que tu as bu.

Je hausse les épaules, un sourire forcé sur les lèvres.

— Tu me connais, je gère.

Mais elle voit tout. Lily voit tout. Elle plisse les yeux, sceptique, et se lève, prête à me laisser seule dans ma décision, mais pas sans un dernier avertissement.

— Si tu le dis… Mais fais attention, d’accord ? Et envoie-moi un message quand tu seras rentrée.

Je hoche la tête, la regardant se perdre dans la foule, ses cheveux blonds flottant derrière elle comme un halo. Et puis je suis seule. Seule dans ce bruit, cette lumière froide, avec mon verre presque vide dans les mains. La solitude me frappe, aussi forte et implacable que l’air glacé qui m’attend dehors.

Je jette un œil à mon téléphone : **00:24.** 

— Merde… Je murmure, en réalisant que mon père va exploser si je rentre à cette heure-là.

Je quitte le club, mes talons claquant sur le pavé. L’air froid de la nuit me frappe violemment, une brise tranchante après la chaleur étouffante du club. Les rues sont désertes, comme si le monde entier s’était figé. Pas un bruit, pas une âme. Juste le vent, qui siffle entre les bâtiments, et mes pas qui résonnent dans le silence.

Mais quelque chose me dérange. Une sensation étrange, comme si quelqu’un me regardait. Comme si quelqu’un me suivait. Mon cœur s’emballe, mes mains deviennent moites. Je me retourne brusquement, mais il n’y a rien. Rien, à part l’obscurité oppressante de la nuit.

— Amara, calme-toi, tu te fais des films, je me murmure à moi-même, tout en accélérant le pas.

Je tourne un coin de rue, et là, il apparaît. Un homme, gigantesque, son charisme frappant comme un coup de tonnerre. Ses cheveux noirs sont légèrement en bataille, encadrant un visage dur, presque trop parfait, et des tatouages ornent son cou et ses bras, visibles sous sa chemise ouverte. Il est… impressionnant.

Il pose une main ferme sur mon dos, le contact chaud me figeant instantanément. La chaleur de sa paume se diffuse à travers le tissu de ma robe. Puis il murmure, d’une voix grave, teintée d’un accent italien délicieux :

— Hé, bébé, prête à partir ?

Je recule d’un pas, un frisson glacé m’envahissant. Mon instinct hurle. Je me sens piégée, vulnérable.

— Bébé ? Vous devez vous tromper de personne !

Il ne bouge pas. Son regard perçant, presque glacial, se fait plus intense, et ses lèvres se crispent légèrement.

— Ne regarde pas derrière toi. Quelqu’un te suit. Fais-moi confiance.

Ces mots, murmurés avec une calme inquiétante, déclenchent une vague de panique en moi. Mon cœur s’affole, mes mains tremblent. Quoi ?!

Je me retourne légèrement, mais il m’arrête d’un geste, posant sa main sur mon bras d’une manière ferme, mais presque douce.

— Je t’ai dit de ne pas te retourner. Pas ici.

Sa voix est un mélange étrange de menace et de protection, d’une douceur presque apaisante. Avant que je puisse protester ou poser des questions, il me tire doucement vers une ruelle sombre. Chaque pas résonne dans la nuit, comme un battement de cœur amplifié.

Au bout de la ruelle, une voiture de sport noire brille sous la lumière vacillante d’un réverbère. Elle semble aussi menaçante qu’élégante.

— Merci… je crois. Mais…

Il m’interrompt, son regard capturant le mien avec une intensité dérangeante, comme pour me faire comprendre que toute objection serait futile.

— Pas de "mais". Laisse-moi t’expliquer plus tard.

Je ris nerveusement, mes jambes flageolant sous la pression de la situation.

— T’es quoi ? Spider-Man ?

Il esquisse un sourire, un sourire malicieux, comme s’il attendait cette question.

— Non, je ne suis pas Spider-Man. Mais laisse-moi au moins te ramener chez toi. Ce n’est pas sûr pour une femme comme toi de traîner seule dans ce genre d’endroits, à cette heure.**

Ses mots me dérangent.

« Une femme comme toi… Qu’est-ce qu’il veut dire par là ? »

Une vague méfiance m’envahit, me rappelant que je ne sais rien de lui.

— Non, vraiment. C’est gentil, mais je vais rentrer à pied, merci.

Il hausse un sourcil, visiblement surpris par ma réponse, comme si je venais de transgresser une règle universelle.

— Pourquoi pas ?

Je détourne le regard, cherchant une échappatoire. Ses yeux, ces yeux d’acier, me scrutent, déchiffrent mes hésitations.

— Eh bien… vous savez, le danger des inconnus…

Il éclate d’un rire grave, une sorte de rire mélodieux qui me fait frissonner, même si je sais qu’il ne devrait pas. Ses rires me dérangent, mais dans un sens étrange, ils m’apaisent aussi.

— Comment tu t’appelles ? Sa voix est devenue douce, comme une invitation.

Je déglutis, déroutée. C’est une question anodine, non ? Mais avec lui, tout semble avoir un autre sens.

— Amara, je réponds finalement, ma voix se perdant dans le souffle du vent.

Il sourit lentement, comme si mon prénom lui apportait une satisfaction étrange. Son sourire est presque… envoutant.

— Joli prénom. Sa voix, cet accent italien, rend ses mots plus charmants qu’ils ne devraient l’être.

Nos regards se croisent, et une chaleur étrange envahit mon corps. Un mélange d'attirance et de malaise. Le monde autour de nous semble suspendu, figé dans l’instant. Finalement, je détourne les yeux, gênée.

Je remarque son regard s’assombrir légèrement lorsqu’il voit la bague que je porte. Ses sourcils se froncent, et un voile d'ombre traverse ses yeux avant qu'il ne se ressaisisse.

— Et toi, comment tu t’appelles ? je demande, brisant le silence d’une voix plus timide que je ne l’aurais souhaité.

Il hésite. Une fraction de seconde. Puis il répond, sa voix plus basse, plus intime :

— Valerio.

— Sexy, murmuré-je sans réfléchir, immédiatement gênée.

Il éclate de rire, sincèrement, son sourire s’élargissant. Le son réchauffe l’atmosphère glacée.

— Monte dans la voiture, Amara, dit-il, sa voix mélangeant amusement et sérieux.

Je le fixe, hésitante. L’instinct me dit de dire non, de partir, de m’échapper. Mais une petite voix intérieure me pousse à lui faire confiance.

La nuit se resserre autour de nous, et un vent glacial me fait frissonner. Une question me brûle les lèvres, mais je la pose à voix basse, presque comme un souffle :

— Pourquoi est-ce que tu veux m’aider ?

Son regard se fait insondable, son visage dur comme la pierre.

— Parce que parfois, on ne peut pas tout expliquer tout de suite. Mais tu devrais vraiment monter dans cette voiture.

❀❀❀

Et voilà comment tout a commencé. Ce n’est peut-être qu’un premier chapitre, mais c’est ici que commence l’histoire d’Amara et Valerio. Mystère, danger, attirance... Ce n’est que le début d’une aventure qui promet de briser bien des certitudes. Alors, êtes-vous prêts à embarquer ?

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