**Amara**
— Monte dans la voiture, Amara.
La voix, grave et percutante, me frappe comme un coup de tonnerre, perçant le tumulte de mes pensées éparses. Elle semble suspendre le temps, me clouant sur place. Je reste immobile, figée, luttant contre une multitude de questions qui tourbillonnent dans mon esprit, comme des oiseaux pris dans une tempête.
L’homme devant moi dégage quelque chose d’intense, une énergie à la fois rassurante et imposante. Chaque mouvement qu’il fait semble maîtrisé, calculé, comme s’il avait l’habitude de diriger des situations bien plus complexes que celle-ci. Ce n’est pas une demande, ni une suggestion. C’est un ordre enveloppé d’une douceur étrange, mais sans appel, presque irréel.
Je tente de respirer, mais l’air semble s’épaissir autour de moi, lourd d’incertitudes. L’alcool dans mes veines brouille tout, rendant mes pensées floues, incertaines, comme une peinture qui se fond sous la pluie. Pourtant, lui, il reste là, solide, comme une île au milieu de mon océan de confusion. Son regard me transperce, entre inquiétude et détermination, comme s’il savait quelque chose que je ne comprends pas encore.
« Pourquoi cet homme s’intéresse-t-il à moi ? Que veut-il ? Pourquoi m’aider ainsi, sans rien attendre en retour ? »
Ces questions tournoient dans ma tête, mais je les laisse glisser sans réponse, comme des oiseaux s’échappant sans laisser de trace.
— Pourquoi tu veux m’aider ? murmurai-je, plus pour moi-même que pour lui, la voix à peine audible, trahie par l'angoisse et l'alcool qui floutent mes mots.
Ma voix se brise à peine, effacée par l'angoisse qui se mêle à l’alcool. Ces mots tombent dans l'air, fragiles, comme un secret murmuré dans le vent. Mais il ne semble pas choqué. Il m’observe un moment, le silence s’étirant entre nous comme un fil invisible, presque tangible. Puis il répond, sa voix grave et calme, mais marquée d'une certitude douce et pénétrante.
— Je ne vais pas te laisser seule, ivre, dans une ruelle sombre. Je refuse que quelque chose t’arrive. Alors laisse-moi te raccompagner.
Ses paroles frappent, simples mais d’une force brute, comme une vérité qui ne souffre aucune contestation. Je sens une vague de soulagement mêlée à la peur. Et si je n’avais pas croisé son chemin ce soir ? L’idée m’effraie, un frisson glacé me parcourt l’échine. Je détourne les yeux, tentant de repousser cette pensée inquiétante.
— D’accord, murmuré-je, presque inaudible, mes lèvres tremblantes.
Il hoche la tête en silence, comme s’il savait que je n’avais plus le choix, comme s’il connaissait déjà ma décision avant même que je ne l’énonce. Il contourne la voiture avec une facilité déconcertante, sans un mot de plus, et ouvre la portière côté passager. Le bruit du mécanisme me tire de ma torpeur. J’hésite, mon corps réagissant plus lentement que mon esprit.
Finalement, d’un geste hésitant, je m’installe à l’intérieur. Le cuir du siège est froid, comme une morsure glacée qui me ramène à la réalité, à cette nuit étrange et lourde de secrets. Un frisson me parcourt, et instinctivement, je replie mes jambes contre moi, comme si cela pouvait me protéger de tout ce qui m’effraie. Ses yeux, posés sur moi, sont insondables, à la fois perçants et étrangement apaisants.
La voiture démarre dans un vrombissement doux, et je me laisse emporter par le mouvement, les néons de la ville filant derrière la vitre, dessinant des traînées lumineuses. Chaque ruelle déserte que nous traversons semble nous éloigner un peu plus du chaos de la nuit. Et pourtant, au fond de moi, une question brûlante persiste :
« Pourquoi cet homme a-t-il ce pouvoir étrange sur moi ? »
Le silence est lourd. Ni confortable, ni oppressant, mais emplis de ces non-dits qui pèsent sur les épaules, invisibles mais presque palpables. Je sens ses yeux sur moi, souvent, mais je n’ose les croiser. Il y a quelque chose d’indéfinissable dans cette atmosphère. Une tension douce mais constante, un écho d’émotions que je n’arrive pas à saisir, mais qui se glisse dans mon esprit comme une mélodie oubliée.
La voiture ralentit enfin, et mon cœur se serre en reconnaissant la silhouette de ma maison. Quand le moteur s’éteint, une autre forme de silence envahit l’habitacle, plus pesant encore, comme une couverture étouffante. Je devrais me sentir soulagée, mais au lieu de cela, une vague d’angoisse me submerge. Je ne veux pas entrer. Pas dans ce lieu que je fuie, où l’air est toujours saturé de jugements non prononcés, où chaque recoin semble m’attendre pour me rappeler ma place.
— Ça va ? demande-t-il doucement, brisant le silence, comme un souffle dans l’obscurité.
Je lève les yeux, enfin. Son regard est ferme mais d’une douceur inattendue. Il ne cherche pas à percer mes secrets, mais il y a dans cette question quelque chose de tellement sincère que cela me touche au plus profond. Je voudrais être honnête, mais les mots que je prononce sont bien loin de la vérité.
— Oui… Ça va. Je suis juste fatiguée. Et ivre. Merci… vraiment.
Il hoche la tête, sans insister. Mais son regard me suit, insistant, presque réconfortant, jusqu’à ce que j’ouvre la portière et en sorte. Le froid m’envahit, tranchant, me ramenant brutalement à la réalité. Chaque pas vers la porte me semble plus lourd, plus difficile, comme si mes pieds étaient faits de plomb. Derrière moi, le moteur de la voiture reprend son souffle, s’éloignant dans le silence de la nuit, comme une présence qui se dissipe lentement, mais qui laisse derrière elle une trace indélébile.
❀❀❀
Il est 1h04 du matin. Je n’ai même pas besoin de regarder l’heure. Je connais ce silence, ce froid. Mon père est là, implacable, comme une ombre silencieuse qui me poursuit partout où je vais. L’air est glacé à l’intérieur, l'atmosphère plus épaisse que l’acier. Le tic-tac de l’horloge est la seule chose qui ose troubler ce silence devenu presque palpable, chaque seconde se mesurant à l’écho de la solitude.
— Tu pensais aller où, exactement ? Sa voix tranche, sèche, glacialement calme.
Je me fige. Mon cœur rate un battement. Lentement, je tourne la tête. Il est là, assis dans l’obscurité du salon, son visage figé dans une colère silencieuse. Ses yeux, aussi perçants qu’une lame, me transpercent. Une panique sourde me noue l'estomac, mais je reste là, immobile, figée.
— J’étais avec Lily… J’ai perdu la notion du temps, murmuré-je, ma voix tremblante. Désolée si—
— Épargne-moi tes excuses, me coupe-t-il brusquement, se levant d’un mouvement brusque. Tu crois que ça m’intéresse où tu étais ? Je me demande vraiment comment j’ai pu supporter ta présence tout ce temps.
Les mots me frappent comme un coup de poing. Ils me blessent, encore et encore. Mais aujourd’hui, quelque chose en moi se brise. Une colère refoulée éclate, aussi sauvage qu’inattendue.
— Si je suis encore là, c’est parce que tu refuses de me laisser partir, lancé-je d’une voix tremblante, mais ferme. Alors, dis-moi, comment tu fais, hein ? Comment tu tiens ton emprise sur moi ?
Sa réaction est immédiate, et brutale. Il ne parle pas, il agit. Sa main frappe violemment ma joue. La douleur est cuisante, mais ce qui me fait le plus mal, c’est son regard. Ce regard froid, sans une once de regret, qui m'écrase.
— Dans deux jours, tu ne seras plus là. Et crois-moi, ce sera un soulagement, murmure-t-il, un sourire cruel sur les lèvres.
Je recule d’un pas, mes jambes flageolantes sous le poids de sa violence. Les larmes montent, mais je me les refuse. Pas devant lui. Pas ce soir.
Dans ma chambre, je m’effondre contre la porte, repliée sur moi-même, mes sanglots silencieux noyés par la peur. Mon téléphone vibre soudainement, brisant le silence de la nuit. Je m’essuie les yeux avant de consulter le message.
**Amara**
Hé, tu es là ?
Quelques secondes passent avant qu’une réponse n’apparaisse.
**Christian**
Ouais, avec des potes. Tout va bien ?
Je ne perds pas de temps, mes doigts tapent frénétiquement sur l’écran.
**Amara**
Juste… ça va pas avec mon père. Je me sens seule.
La réponse tarde à venir, m’enfonçant dans l’attente. Puis enfin, une notification :
**Christian**
Je sais pas trop quoi dire, mais… demain, j’ai une surprise pour toi. Ça pourrait t’aider.
Un petit sourire timide éclaire mes lèvres, une lueur de réconfort malgré tout. Son message me touche plus que je ne voudrais l’admettre.
**Amara**
Hâte d’y être. Merci, Chris. Bonne nuit. Bisous.
Je pose le téléphone sur la table de chevet et m’allonge. Le poids dans ma poitrine reste là, mais il est un peu moins lourd. Et cette image, son regard vert, celui qui semblait vouloir me protéger, refuse de quitter mes pensées.
« Pourquoi lui ? Pourquoi je pense encore à lui ? »
❀❀❀
La suite dans le prochain chapitre.
**Amara**Ce matin, je me réveille avec une migraine lancinante, une douleur sourde et incessante, comme si une enclume était posée sur mon crâne. Chaque battement de mon cœur fait écho dans mes tempes, un tambour implacable qui résonne dans les cavernes de mon esprit. Mes paupières, lourdes et collées par la fatigue, résistent avec une force étrange à l’idée de s’ouvrir, comme si le simple fait de percevoir le monde autour de moi était un effort insurmontable.La lumière, pâle et cru, filtre à travers les rideaux, se transforme en lames acérées, tranchant ma tranquillité fragile. Je tente de lutter contre cette douleur, mais c’est comme si elle m’étouffait, un fardeau invisible et omniprésent. Je me redresse avec précaution, chaque mouvement calculé, mes muscles douloureux protestant sous l’effort. Une main tremblante se pose sur le matelas, cherchant un appui, comme si ce geste simple pouvait me stabiliser dans un monde en équilibre précaire. Mon corps, engourdi et douloureux, semb
**Amara**— Il a fait quoi ?! s’écrie Lily, sa voix montant d’un cran au téléphone.Je soupire, toujours aussi incrédule face à l’événement d’hier. Valerio, cet homme énigmatique que je connais à peine, m’a offert une voiture flambant neuve. Un cadeau somptueux, étourdissant… et parfaitement incompréhensible. La carrosserie étincelante, le cuir immaculé de l’habitacle, tout dans ce véhicule hurle l’opulence. Aujourd’hui, alors que j’en parle à Lily, je commence à réaliser l’ampleur de ce geste extravagant, presque intimidant.Garée devant chez moi, la voiture est impossible à ignorer. Mon père, curieux comme toujours, l’a déjà repérée. J’ai dû improviser une histoire farfelue pour dissiper ses soupçons : selon ma version, Lily et moi avons « un peu trop bu » hier soir, et elle aurait laissé sa voiture chez moi avant de repartir en taxi. Un mensonge simple, certes, mais efficace — du moins, pour l’instant.— Tu te rends compte ? soufflai-je à Lily. C’est insensé… Et toi, je t’ai un peu
**Amara**— Très bien.Ma voix est sèche, presque mordante. Les mots franchissent mes lèvres avant même que je ne puisse les retenir, et aussitôt, je les regrette. Valerio esquisse un sourire mince, un sourire sans chaleur, puis relâche mon bras avec une lenteur calculée, comme s'il mesurait l'impact de chaque geste. Le silence entre nous est lourd, presque oppressant, mais il ne dure pas. Il se détourne et avance d’un pas assuré dans le hall spacieux de l’appartement. À chaque pas, ses chaussures résonnent légèrement sur le marbre, ajoutant un écho discret à l’atmosphère feutrée du lieu. De part et d’autre, deux escaliers majestueux s’élèvent vers des étages supérieurs que je n’ose qu’imaginer. La lumière tamisée projette des ombres douces sur les murs, soulignant le raffinement presque irréel de l’endroit. L'air semble suspendu, comme si même le temps respectait la gravité du moment.D’un geste discret, il m’indique la cuisine. Je le suis, incertaine, mes mains croisées devant moi,
**Valerio**— Que puis-je faire pour vous, patron ? demanda une voix calme et professionnelle à l’autre bout du fil.Un ton légèrement distant, mais d’une précision presque chirurgicale. La voix d’un homme habitué à exécuter des ordres sans poser de questions.— J’ai besoin que vous me trouviez toutes les informations possibles sur Christian Thompson, répondis-je froidement, d’un ton mesuré, mais glacial.Un court silence s’installa avant que mon interlocuteur ne réponde, son ton toujours aussi neutre.— Bien sûr, monsieur. Vous recevrez le dossier dans l’heure.Je raccrochai sans un mot de plus, rejetant brutalement mon dos contre le dossier de ma chaise. Un soupir long et contrôlé s’échappa de mes lèvres, mais cela ne parv
**Amara**Je me réveille en sursaut, le corps pris dans une douleur foudroyante, comme si des milliers de piques venaient perforer chaque fibre de mon être. Mes muscles sont tendus, verrouillés dans un étau invisible, et chaque inspiration se fait dans un râle haletant. Dès que j’essaie de bouger, le vertige m’envahit, une vague de nausée violente qui m’assomme. L'air autour de moi semble dense, lourd, comme si l’atmosphère elle-même voulait m’étouffer. Mes membres sont paralysés, écrasés sous un poids que je ne peux comprendre.Je tente d’ouvrir les yeux, mais mes paupières sont comme plombées. C’est une lutte lente et fatigante, chaque mouvement pesant comme une montagne. Enfin, je parviens à ouvrir les yeux, mais la lumière qui m’accueille est aveuglante, d’un
**Valerio**« Protégez-la. Assurez-vous qu'elle ne tombe jamais entre les mains de quelqu'un qui ne la mérite pas. Gardez-la en sécurité. »Ces mots, simples mais lourds de sens, résonnent encore dans mon esprit. Ils sont gravés comme un rappel incessant, une promesse que je n’ai jamais osé briser. Ils sont sortis de la bouche d’Anna, la mère d’Amara, il y a quinze ans. Un an avant que la tragédie ne frappe, avant que l’incendie ne consume tout : sa vie, ses rêves, et une part de moi-même.Anna m’avait sauvé. Une dette éternelle. J'étais un enfant à l'époque, vulnérable, sans défense. L'un de nos ennemis les plus redoutables avait levé son arme contre moi, prêt à m'ôter la vie, mais elle s'était interposée. Elle
**Amara**Cela fait une semaine que Valerio m’a "kidnappée". Je m’attendais à ce que ce soit l’enfer, une sorte de cauchemar éveillé, mais contre toute attente, ce n’était pas aussi horrible que prévu. Oui, il passe la majeure partie de la journée à travailler, puis revient le soir avec l’air d’un criminel en fuite, mais en dehors de ça… c’était presque… paisible ?Il m’a donné ma propre chambre, spacieuse et luxueuse, avec un dressing digne d’une boutique de luxe, plus grand que celui de certaines célébrités. Et bien sûr, j’ai abusé un peu. Ce matin, j’ai pris sa carte de crédit et me suis offerte des vêtements et des accessoires dont j’avais toujours rêvé. Bon, peut-être pas juste des "accessoires
**Amara**Je ne peux pas respirer. Une douleur aiguë irradie dans ma poitrine, comme si une force invisible m’écrasait. L’air refuse de remplir mes poumons, et je reste figée, incapable de bouger, de parler, de penser clairement. C’est comme si mon corps tout entier refusait de fonctionner, suspendu entre le choc et la souffrance. Mon cœur bat si fort que je sens le rythme douloureux dans ma gorge et mes tempes.« C'est ma faute. »Cette vérité cruelle s'insinue dans mon esprit, se répétant comme un disque rayé. Je le sais. J’ai été distante, absente. J’ai choisi de partir, de m’éloigner pour une semaine, avec un autre homme. Peut-être que je cherchais une échappatoire, une distraction. Mais est-ce que cela m'autorise à souffrir maintenant ? Est-ce que j'ai le droit d
**Amara**Nous marchons en arrière, moi avec Valerio, et Enzo avec Lily. Le silence est ponctué par le bruit de nos pas sur le gravier, et l’air est chargé d’une tension étrange. Après ses éclats de colère plus tôt, Lily semble enfin s’être calmée. Elle s’accroche à Enzo, les paupières lourdes, luttant pour ne pas sombrer dans le sommeil.Un froid inattendu parcourt mon échine, et je serre légèrement les bras autour de moi. Je ne sais pas si c’est le vent ou une intuition, mais une étrange appréhension grandit dans mon ventre.Tout à coup, une silhouette émerge de l’ombre. Un homme s’avance vers nous d’un pas décidé. Il arbore un sourire suffisant, et son regard se pose d’abord sur Valerio.Mais dès qu’il m’aperçoit, son expression change. Ses yeux s’illuminent d’une lueur dérangeante, et un sourire diabolique étire ses lèvres.— M. Hernandez, dit-il en s’arrêtant à quelques mètres de nous.Valerio se
**Amara**Je l’ai fait. Je l’ai embrassé, et c’était… tellement parfait. La façon dont nos lèvres se sont rencontrées, sans la moindre hésitation, comme si elles se reconnaissaient depuis toujours, m’a coupé le souffle. C’était un mélange exquis de passion et de douceur, un équilibre subtil entre la faim et la tendresse. Ses lèvres avaient le goût du whisky, fort et corsé, avec cette touche de menthe qui dansait sur ma langue, comme une caresse fraîche. Je n’étais pas surprise. Après tout, cet homme boit du whisky comme si c’était de l’eau, mais ce soir, il avait quelque chose de plus — une intensité qui me rendait fébrile. C’était comme si le temps s’était suspendu autour de nous, les bruits et les mouvements du monde s’estompant pour ne laisser que ce moment précis. Mais ce soir, c’était tout simplement différent.Le bal approche à grands pas. Il est ce soir, et j’ai décidé de me donner à fond. Pas question de faire les choses à moitié. J’ai réservé une maquilleuse et une coiffeus
**Valerio**— Votre total est de 75 000 dollars.L’expression d’Amaras, figée dans une sorte de stupéfaction, ne cesse de me surprendre, comme si chaque nouvelle dépense venait lui rappeler qu'elle n’est toujours pas habituée à ce train de vie. À chaque fois, c’est comme si c’était la première fois qu'elle entendait ces chiffres.— Tu es complètement fou, tu le sais ?Elle lâche les mots avec une sincérité totale, sa voix tremblant légèrement de l'étonnement qu'elle éprouve. Nous franchissons la porte du magasin, et je sens sa tension dans l’air.— Je ne sais pas de quoi tu parles.Je tente de rester indifférent, d’adopter un air détaché, comme si ces chiffres ne représentaient rien d’important. Pourt
**Amara**Si Valerio pense qu’il peut annuler mes plans sans en subir les conséquences, il se fourvoie gravement. Je n’ai aucune intention de le laisser s’en tirer à si bon compte. Je me dirige vers ma garde-robe et en extirpe la robe. Celle qui suscite à la fois scandale et tentation. Une mini-robe en cotte de mailles, étincelante et outrageusement provocante, laissant à peine place à l’imagination. Son décolleté plongeant capte le regard comme un aimant, tandis que ses longues fentes dévoilent mes cuisses à chacun de mes pas. Inutile de préciser que cette tenue exclut toute possibilité de sous-vêtements ce soir. Je prends mon temps devant le miroir, ajustant mon maquillage avec un soin méticuleux. Mes lèvres, rouge carmin et brillantes, promettent mille et un péchés. Mes yeux, soulignés d’un trait noir profond, étincellent d’une détermination sans faille. Une touche finale de parfum, subtile mais enivrante, et j’enfile mes talons aiguilles. Leur cliquetis sur le parquet résonne
**Valerio**— Aïe, putain, murmure-t-elle, sa voix trahissant une douleur vive qui m'agresse instantanément.Je vois sa silhouette se tendre, ses traits se durcir sous l'effet de la douleur, et un frisson d'inquiétude me parcourt le long de la colonne. C'est comme si tout autour de moi devenait flou, figé dans une seconde suspendue, alors que je m'apprête à comprendre ce qui vient de se passer.Je me retourne précipitamment, le bruit des ustensiles tombant sur le sol résonne comme un éclat métallique dans la pièce. Mes yeux se tournent immédiatement vers elle, et en un instant, je me précipite à ses côtés, mes mains cherchant frénétiquement à comprendre la source de son mal.— Qu'est-ce qui s'est passé ?Ma voix est plus rauque que je ne le voudrais, l'angoisse me nouant la gorge, mais il y a aussi cette pointe de frustration que j'ai du mal à dissimuler. Elle n'a vraiment pas besoin de ça, pas aujourd'hui, p
**Amara**Je me réveille au son strident de l'alarme. Les bras de Valerio m'entourent fermement, et je suis si près de lui que nous formons un cocon à deux, comme des burritos bien serrés. Le bruit me fait gémir de frustration alors que j'essaie maladroitement de me libérer de son étreinte, mais ma tentative ne fait que le pousser à me serrer encore plus fort contre lui.— Valerio, éteins cette putain d'alarme, ou je jure devant Dieu que je vais crier, grogné-je, les yeux toujours fermés.Il réagit à peine, gémit doucement et soulève enfin son corps lourd pour atteindre son téléphone sur la table de nuit. Après quelques secondes d'hésitation — probablement parce qu'il est trop ensommeillé pour se souvenir de l'endroit exact où il a laissé son télé
**Amara** Il se gare devant la maison de Christian, le cœur battant à tout rompre, comme une horloge ébranlée par l'angoisse qui succède à chaque battement. Chaque instant passé dans la voiture semble étirer le temps, comme si le moment de prendre une décision devenait un gouffre sans fond. Une demi-heure plus tard, je sors finalement précipitamment du véhicule, incapable de supporter davantage ce poids écrasant. Mon regard nerveux balaie l’obscurité environnante, scrutant les ombres, à la recherche d'un signe que le passé pourrait encore me rattraper.Une peur sourde me ronge, dévastant mes entrailles comme un poison insidieux. J'ai la sensation d'avoir laissé à Christian une brèche dans ma forteresse, une parcelle de moi-même que je n'aurais jamais dû lui révé
**Valerio**J’ai cédé hier. Je sais que je n’aurais pas dû, mais la faire participer dès le début était un risque énorme, un risque qui, je l’espère, en valait la peine.Elle est allongée dans mon lit, sa tête reposant sur ma poitrine, sa jambe délicatement enroulée autour de la mienne. La lumière douce du matin filtre à travers les rideaux tirés, baignant la pièce d’une teinte dorée. Je me réveille à six heures tous les matins par habitude, mais aujourd’hui, l’horloge affiche 9h23, et je n’ai pas bougé. Je n’ai aucune intention de le faire avant qu’elle ne se réveille. Son souffle calme et régulier est une mélodie apaisante, une invitation à rester figé dans cet instant parfait.Quelques minutes passent avant qu’elle ne bouge. Sa tête se redresse lentement, et un gémissement doux s’échappe de ses lèvres. Ses yeux papillonnent, encore embrumés par le sommeil, alors qu’elle explore du regard les alentours. Lorsqu’elle réali
**Amara**Il est exactement 19h37. Assise sur mon lit, mes genoux repliés contre ma poitrine, je fixe un point imaginaire sur le mur. Mon esprit refuse de lâcher prise sur les événements d’hier soir. Les mots résonnent encore, inlassablement, comme une mélodie entêtante qui refuse de s’éteindre. — Et Amara ? — Ouais ? — Taquine-moi encore, et tu quitteras la pièce en fauteuil roulant au lieu d'à pied. Le souvenir me percute de plein fouet. Mon souffle s’était coupé, et cette sensation, cette tension dans l’air, refuse de me quitter. Mes joues s’échauffent à nouveau tandis qu’une étrange crispation gagne mes cuisses. « Bon sang, pourquoi est-ce que mon corps réagit comme ça à lui ? &r