**Amara**
Ce matin, je me réveille avec une migraine lancinante, une douleur sourde et incessante, comme si une enclume était posée sur mon crâne. Chaque battement de mon cœur fait écho dans mes tempes, un tambour implacable qui résonne dans les cavernes de mon esprit. Mes paupières, lourdes et collées par la fatigue, résistent avec une force étrange à l’idée de s’ouvrir, comme si le simple fait de percevoir le monde autour de moi était un effort insurmontable.
La lumière, pâle et cru, filtre à travers les rideaux, se transforme en lames acérées, tranchant ma tranquillité fragile. Je tente de lutter contre cette douleur, mais c’est comme si elle m’étouffait, un fardeau invisible et omniprésent.
Je me redresse avec précaution, chaque mouvement calculé, mes muscles douloureux protestant sous l’effort. Une main tremblante se pose sur le matelas, cherchant un appui, comme si ce geste simple pouvait me stabiliser dans un monde en équilibre précaire. Mon corps, engourdi et douloureux, semble encore prisonnier des bras d’un rêve lourd et oppressant, un songe dont les ombres collent à ma peau, tenaces, refusant de me libérer.
En titubant vers la salle de bain, mes pensées se brouillent davantage, noyées dans une brume épaisse qui envahit mon esprit. Mes pas résonnent dans le silence de la maison, mais ils me semblent étrangement lents, comme si le temps lui-même hésitait à me suivre, me laissant suspendue entre hier et aujourd’hui. Le carrelage froid contre mes pieds nus me fait frissonner, un frisson glacé qui semble s’insinuer sous ma peau, envahissant chaque fibre de mon être.
Quand je me regarde dans le miroir, je peine à reconnaître la personne qui me fait face. Elle est là, mais elle semble être une étrangère, une version déformée de moi-même, perdue dans l’épuisement. Ses cernes violacées, creusées par des insomnies sans fin, sont des témoins muets de nuits passées à lutter contre des démons invisibles. Ses cheveux emmêlés tombent en mèches sauvages sur ses épaules, comme si la nature même de son corps avait été perturbée. Je suis cette femme, cette âme brisée, qui semble avoir traversé des siècles de douleur en une seule nuit.
L’eau froide du robinet me frappe le visage avec une éclatante clarté, mais elle ne fait qu’aggraver la confusion. Les souvenirs de la veille surgissent, violents et imprévisibles, comme des éclairs déchirant un ciel déjà trop chargé. Un bar enfumé, l’odeur âpre de l’alcool et du tabac qui colle à la peau, et des voix, inconnues mais déstabilisantes.
Mon père. Et puis lui. Valerio.
Sa silhouette imposante dans l’ombre, une présence presque surnaturelle, l’air lourd de colère avant que son geste brutal ne brise l’air avec une violence dévastatrice. La gifle. Elle claque dans ma mémoire comme un coup de tonnerre, et je sens encore la brûlure de la douleur, la chaleur de cette souffrance qui envahit mon visage, mais ce n’est pas la douleur qui me paralyse, c’est l’humiliation. Le goût métallique du dégoût, l’acide de l’amertume qui me brûle la gorge. C’est le poids d’un lien brisé, d’une confiance effondrée, un silence lourd, trop lourd, qui me pèse.
Je ferme les yeux, essayant de fuir cette mer de souvenirs qui menace de m’engloutir, mais un autre visage émerge, plus insidieux. Un homme. Un inconnu au regard perçant, d’un vert hypnotique, comme si son regard pouvait pénétrer l’intime de mon âme. Ses tatouages serpentent sur ses bras, des dessins mystérieux marquant sa peau comme des légendes anciennes, des secrets laissés par le temps. Il ne m’a rien dit, mais sa simple présence m’a transpercée, comme une brûlure que l’on ne peut effacer.
« Pourquoi son image persiste-t-elle dans mon esprit, comme une obsession qu’il est impossible d’éclipser ? Qui était-il ? Et pourquoi son regard me hante-t-il, encore et encore, avec une intensité que je ne peux comprendre ? »
Je secoue la tête, m’efforçant de repousser ces pensées qui m’étouffent. Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec Christian. Il parle de surprise, de quelque chose d’important. Une promesse d’avenir. Je devrais être excitée, mais au fond de moi, une inquiétude sourde s’insinue, comme un pressentiment que je n’arrive pas à repousser.
Devant le miroir, je passe un temps infini à tenter de dissimuler les stigmates de ma nuit tourmentée. Une fine couche de fond de teint ne parvient pas à masquer l’épuisement de mes traits. Je suis fatiguée, bien plus que ce que l’on peut voir. Une fatigue qui semble être dans chaque fibre de mon être, une lassitude profonde, indélébile. Avec un soupir lourd, je me dirige vers le placard. Dehors, le ciel est d’un gris menaçant, un voile de nuages lourds s’étend comme un couvert sinistre, prêt à déverser sa colère sur la terre. Une journée glaciale m’attend, dans toute sa froideur et son indifférence.
Je choisis un jean simple, un sweat à capuche beige, comme pour me fondre dans la masse, pour ne pas attirer l’attention. Peut-être qu’en me dissimulant dans cette simplicité, mes pensées s’apaiseront, même brièvement. La tenue devient une armure légère, un bouclier contre le tumulte intérieur qui m’assiège, contre la tempête qui se déchaîne en moi.
Quand je descends dans la cuisine, l’envie de disparaître me submerge. J’aimerais fuir, m’éclipser dans un coin tranquille et oublier ce qui m’attend, mais la réalité est bien plus insistante, comme une vague qui me pousse inlassablement vers l’avant. Ethan est là, adossé au plan de travail, une tasse de café entre les mains.
Son regard perçant me scrute, me déchiffre sans effort, comme s’il pouvait lire chaque pensée, chaque secret enfoui. Il n’a pas besoin de mots pour me rappeler que je ne suis pas seule dans cette prison qu’on appelle maison.
— Tu vas quelque part ? me demande-t-il d’une voix traînante, brisant le silence lourd de la pièce.
Je soutiens son regard, une tension palpable s’installe entre nous. Nous vivons ici, dans cet espace clos, à l’étroit. Chaque jour, les murs semblent se rapprocher un peu plus, comme si cette maison elle-même cherchait à nous engloutir, à nous étouffer tous les deux.
— Je sors avec Christian, lâché-je d’un ton sec, trop sec. Pourquoi ? Ça t’intéresse vraiment ?
Un sourire sarcastique se dessine sur ses lèvres, mais il ne répond pas tout de suite. Lorsqu’il ouvre enfin la bouche, c’est pour me lancer une remarque lourde de sous-entendus :
— Ah, la fameuse surprise… Tu vas enfin voir à quoi elle ressemble.
Je détourne les yeux, énervée. Mes mains tremblent légèrement alors que je chausse mes chaussures, essayant de repousser cette conversation stérile, sans fin. Sans un mot de plus, je quitte la maison, la porte claquant derrière moi comme un écho d’une frustration qui ne cesse de grandir, de cette lassitude qui m’oppresse à chaque instant.
❀❀❀
Lorsque je franchis la porte du café, l’air chaud m’envahit, et une vague de soulagement fait battre mon cœur un peu plus vite. L’odeur du café fraîchement moulu et du pain grillé se mêle à l’ambiance feutrée de l’endroit, une chaleur qui contraste avec la froideur du monde extérieur. Christian est déjà là, près de la baie vitrée. À l’instant où il me voit, son visage s’illumine, et il se lève pour m’embrasser, ce geste bref mais tendre qui me fait un bien fou. Il m’invite ensuite à m’asseoir, dans cette bulle de calme, cet espace à l’abri du tumulte.
— Ça fait un moment qu’on est ensemble, Amara, commence-t-il, son ton grave, son regard soudain devenu plus sérieux. Il semble peser chaque mot comme s’il en mesurait la portée, comme s’il avait l’intention de briser quelque chose entre nous.
Je l’écoute, ou du moins, j’essaie. Mais quelque chose dans l’air me trouble, me met sur le qui-vive. Un mouvement discret au fond de la salle attire mon regard, comme un reflet fugace dans un miroir brisé. Mes yeux se posent sur une table isolée, et mon souffle se suspend. Là, dans la lueur douce du café, je le vois. Lui.
Ses yeux verts, presque surnaturels, brillent d’une intensité inquiétante,
comme s’il pouvait lire chaque pensée, chaque secret que je garde enfoui au plus profond de moi. Ses tatouages serpentent sur ses bras, des dessins énigmatiques qui semblent bouger sous la lumière tamisée. Il porte une chemise blanche, mais les manches sont retroussées, laissant apparaître ces marques indélébiles, ces vérités secrètes gravées dans sa peau. Il ne me regarde pas, mais je sens sa présence, comme une pression invisible qui se resserre autour de moi, me paralysant dans cet instant suspendu. Il est là, et je suis incapable de détourner le regard.
— Amara ? Tu m’écoutes ? La voix de Christian me ramène violemment à la réalité, brisant le charme de cette vision.
Je cligne des yeux, confuse, puis tourne la tête, le cœur battant plus vite que je ne voudrais.
— Désolée… Tu peux répéter ?
Il soupire, visiblement agacé par mon absence d’attention, puis reprend :
— Je te demandais si tu voulais emménager avec moi. Il est temps, non ? On va se marier, alors pourquoi attendre ?
Les mots tombent lourdement dans l’air, et je les sens se poser sur mes épaules, comme une décision irrévocable, une promesse de changement. Quitter cette maison, quitter cet endroit suffocant… La promesse d’une vie nouvelle me frôle, fragile mais pleine d’espoir. Une lueur d’espoir perce les ténèbres qui m’envahissent.
— Oui… Oui, bien sûr, Christian, réponds-je, presque machinalement, sans vraiment y croire.
Il sourit, heureux, et serre ma main avec tendresse, mais même dans ce moment de douceur, une ombre plane, celle de l’homme au fond de la salle, dont le regard perçant continue de me hanter, de me marquer comme une brûlure invisible.
❀❀❀
Quand je rentre chez moi, une surprise inattendue me coupe le souffle. Une Range Rover blanche, impeccablement brillante, est garée devant la maison. Elle trône là, comme un vaisseau spatial échoué dans un quartier où tout semble vieux, fatigué, hors du temps. Mon cœur s’emballe. Qui pourrait avoir déposé une telle voiture ici ? Mon père, avec son vieux camion rouillé ? Ethan, qui peine à réparer sa propre voiture ? Impossible.
Je m’approche lentement, chaque pas me donnant l’impression que la scène est irréelle, que je suis en train de rêver. Sur le porche, une petite boîte noire m’attend, ornée d’un ruban rouge. Elle est posée là avec une précision presque calculée, comme un message silencieux, comme si on m’attendait. Mes mains tremblent quand je la prends. Elle est légère, presque éthérée, mais je ressens un poids invisible, celui du mystère qui l’entoure. Un mot est attaché au ruban. Quelques mots tracés à la main, simples mais lourds de sens :
Tu auras besoin de ça pour que je n'aie pas à venir te sauver à nouveau.
— V
Je reste figée, la boîte dans les mains, mon esprit en ébullition. Valerio. Cet homme... Comment sait-il où je vis ? Pourquoi ce geste ? Un flot de questions m’envahit, mais aucune réponse ne vient.
Je n’ose pas ouvrir la boîte. Quand j’y parviens enfin, la clé qui y repose brille sous la lumière, éclatante et insensée. Elle est neuve, parfaite, presque trop belle pour être réelle. Ce simple objet me hante. Qu’est-ce qu’il veut dire en me la donnant ? Une promesse, peut-être une menace. Je fixe la clé, partagée entre la fascination et la peur. Ce cadeau bouleverse tout. Christian, avec ses rêves de mariage, semble être une issue, une échappatoire. Mais cette clé ? Elle m’ouvre une porte vers un autre monde, un monde lié à cet homme, un monde que je ne comprends pas encore.
Et là, dans ce moment suspendu, je ne sais pas si je dois fuir ou savoir, si je dois laisser tout cela derrière moi ou suivre ce chemin dangereux et envoûtant qui s’ouvre devant moi.
❀❀❀
La suite dans le prochain chapitre.
**Amara**— Il a fait quoi ?! s’écrie Lily, sa voix montant d’un cran au téléphone.Je soupire, toujours aussi incrédule face à l’événement d’hier. Valerio, cet homme énigmatique que je connais à peine, m’a offert une voiture flambant neuve. Un cadeau somptueux, étourdissant… et parfaitement incompréhensible. La carrosserie étincelante, le cuir immaculé de l’habitacle, tout dans ce véhicule hurle l’opulence. Aujourd’hui, alors que j’en parle à Lily, je commence à réaliser l’ampleur de ce geste extravagant, presque intimidant.Garée devant chez moi, la voiture est impossible à ignorer. Mon père, curieux comme toujours, l’a déjà repérée. J’ai dû improviser une histoire farfelue pour dissiper ses soupçons : selon ma version, Lily et moi avons « un peu trop bu » hier soir, et elle aurait laissé sa voiture chez moi avant de repartir en taxi. Un mensonge simple, certes, mais efficace — du moins, pour l’instant.— Tu te rends compte ? soufflai-je à Lily. C’est insensé… Et toi, je t’ai un peu
**Amara**— Très bien.Ma voix est sèche, presque mordante. Les mots franchissent mes lèvres avant même que je ne puisse les retenir, et aussitôt, je les regrette. Valerio esquisse un sourire mince, un sourire sans chaleur, puis relâche mon bras avec une lenteur calculée, comme s'il mesurait l'impact de chaque geste. Le silence entre nous est lourd, presque oppressant, mais il ne dure pas. Il se détourne et avance d’un pas assuré dans le hall spacieux de l’appartement. À chaque pas, ses chaussures résonnent légèrement sur le marbre, ajoutant un écho discret à l’atmosphère feutrée du lieu. De part et d’autre, deux escaliers majestueux s’élèvent vers des étages supérieurs que je n’ose qu’imaginer. La lumière tamisée projette des ombres douces sur les murs, soulignant le raffinement presque irréel de l’endroit. L'air semble suspendu, comme si même le temps respectait la gravité du moment.D’un geste discret, il m’indique la cuisine. Je le suis, incertaine, mes mains croisées devant moi,
**Valerio**— Que puis-je faire pour vous, patron ? demanda une voix calme et professionnelle à l’autre bout du fil.Un ton légèrement distant, mais d’une précision presque chirurgicale. La voix d’un homme habitué à exécuter des ordres sans poser de questions.— J’ai besoin que vous me trouviez toutes les informations possibles sur Christian Thompson, répondis-je froidement, d’un ton mesuré, mais glacial.Un court silence s’installa avant que mon interlocuteur ne réponde, son ton toujours aussi neutre.— Bien sûr, monsieur. Vous recevrez le dossier dans l’heure.Je raccrochai sans un mot de plus, rejetant brutalement mon dos contre le dossier de ma chaise. Un soupir long et contrôlé s’échappa de mes lèvres, mais cela ne parv
**Amara**Je me réveille en sursaut, le corps pris dans une douleur foudroyante, comme si des milliers de piques venaient perforer chaque fibre de mon être. Mes muscles sont tendus, verrouillés dans un étau invisible, et chaque inspiration se fait dans un râle haletant. Dès que j’essaie de bouger, le vertige m’envahit, une vague de nausée violente qui m’assomme. L'air autour de moi semble dense, lourd, comme si l’atmosphère elle-même voulait m’étouffer. Mes membres sont paralysés, écrasés sous un poids que je ne peux comprendre.Je tente d’ouvrir les yeux, mais mes paupières sont comme plombées. C’est une lutte lente et fatigante, chaque mouvement pesant comme une montagne. Enfin, je parviens à ouvrir les yeux, mais la lumière qui m’accueille est aveuglante, d’un
**Valerio**« Protégez-la. Assurez-vous qu'elle ne tombe jamais entre les mains de quelqu'un qui ne la mérite pas. Gardez-la en sécurité. »Ces mots, simples mais lourds de sens, résonnent encore dans mon esprit. Ils sont gravés comme un rappel incessant, une promesse que je n’ai jamais osé briser. Ils sont sortis de la bouche d’Anna, la mère d’Amara, il y a quinze ans. Un an avant que la tragédie ne frappe, avant que l’incendie ne consume tout : sa vie, ses rêves, et une part de moi-même.Anna m’avait sauvé. Une dette éternelle. J'étais un enfant à l'époque, vulnérable, sans défense. L'un de nos ennemis les plus redoutables avait levé son arme contre moi, prêt à m'ôter la vie, mais elle s'était interposée. Elle
**Amara**Cela fait une semaine que Valerio m’a "kidnappée". Je m’attendais à ce que ce soit l’enfer, une sorte de cauchemar éveillé, mais contre toute attente, ce n’était pas aussi horrible que prévu. Oui, il passe la majeure partie de la journée à travailler, puis revient le soir avec l’air d’un criminel en fuite, mais en dehors de ça… c’était presque… paisible ?Il m’a donné ma propre chambre, spacieuse et luxueuse, avec un dressing digne d’une boutique de luxe, plus grand que celui de certaines célébrités. Et bien sûr, j’ai abusé un peu. Ce matin, j’ai pris sa carte de crédit et me suis offerte des vêtements et des accessoires dont j’avais toujours rêvé. Bon, peut-être pas juste des "accessoires
**Amara**Je ne peux pas respirer. Une douleur aiguë irradie dans ma poitrine, comme si une force invisible m’écrasait. L’air refuse de remplir mes poumons, et je reste figée, incapable de bouger, de parler, de penser clairement. C’est comme si mon corps tout entier refusait de fonctionner, suspendu entre le choc et la souffrance. Mon cœur bat si fort que je sens le rythme douloureux dans ma gorge et mes tempes.« C'est ma faute. »Cette vérité cruelle s'insinue dans mon esprit, se répétant comme un disque rayé. Je le sais. J’ai été distante, absente. J’ai choisi de partir, de m’éloigner pour une semaine, avec un autre homme. Peut-être que je cherchais une échappatoire, une distraction. Mais est-ce que cela m'autorise à souffrir maintenant ? Est-ce que j'ai le droit d
**Valerio**Voir Amara sur le point de s’évanouir à cause de sa crise de panique m’a suffi. Suffisamment pour qu’une certitude s’impose à moi : je devais lui donner une leçon importante. Pas seulement pour ce qu’il lui a fait, mais pour lui montrer, une bonne fois pour toutes, qu’il y a des conséquences lorsqu’on touche à ce qui m’appartient.Je sors de la voiture, mes nerfs tendus comme des fils. Je fais une dernière manœuvre dans la rue sombre et gare la voiture juste devant le club où elle m’a dit qu’il serait. Christian. Et là, je le vois. Il est exactement là où elle m’avait dit qu’il serait, se tenant près de sa voiture. Il embrasse une femme, l’une de ces nombreuses filles qu’il utilise probablement pour nourrir son ego.Mais à mesure que
**Amara**Nous marchons en arrière, moi avec Valerio, et Enzo avec Lily. Le silence est ponctué par le bruit de nos pas sur le gravier, et l’air est chargé d’une tension étrange. Après ses éclats de colère plus tôt, Lily semble enfin s’être calmée. Elle s’accroche à Enzo, les paupières lourdes, luttant pour ne pas sombrer dans le sommeil.Un froid inattendu parcourt mon échine, et je serre légèrement les bras autour de moi. Je ne sais pas si c’est le vent ou une intuition, mais une étrange appréhension grandit dans mon ventre.Tout à coup, une silhouette émerge de l’ombre. Un homme s’avance vers nous d’un pas décidé. Il arbore un sourire suffisant, et son regard se pose d’abord sur Valerio.Mais dès qu’il m’aperçoit, son expression change. Ses yeux s’illuminent d’une lueur dérangeante, et un sourire diabolique étire ses lèvres.— M. Hernandez, dit-il en s’arrêtant à quelques mètres de nous.Valerio se
**Amara**Je l’ai fait. Je l’ai embrassé, et c’était… tellement parfait. La façon dont nos lèvres se sont rencontrées, sans la moindre hésitation, comme si elles se reconnaissaient depuis toujours, m’a coupé le souffle. C’était un mélange exquis de passion et de douceur, un équilibre subtil entre la faim et la tendresse. Ses lèvres avaient le goût du whisky, fort et corsé, avec cette touche de menthe qui dansait sur ma langue, comme une caresse fraîche. Je n’étais pas surprise. Après tout, cet homme boit du whisky comme si c’était de l’eau, mais ce soir, il avait quelque chose de plus — une intensité qui me rendait fébrile. C’était comme si le temps s’était suspendu autour de nous, les bruits et les mouvements du monde s’estompant pour ne laisser que ce moment précis. Mais ce soir, c’était tout simplement différent.Le bal approche à grands pas. Il est ce soir, et j’ai décidé de me donner à fond. Pas question de faire les choses à moitié. J’ai réservé une maquilleuse et une coiffeus
**Valerio**— Votre total est de 75 000 dollars.L’expression d’Amaras, figée dans une sorte de stupéfaction, ne cesse de me surprendre, comme si chaque nouvelle dépense venait lui rappeler qu'elle n’est toujours pas habituée à ce train de vie. À chaque fois, c’est comme si c’était la première fois qu'elle entendait ces chiffres.— Tu es complètement fou, tu le sais ?Elle lâche les mots avec une sincérité totale, sa voix tremblant légèrement de l'étonnement qu'elle éprouve. Nous franchissons la porte du magasin, et je sens sa tension dans l’air.— Je ne sais pas de quoi tu parles.Je tente de rester indifférent, d’adopter un air détaché, comme si ces chiffres ne représentaient rien d’important. Pourt
**Amara**Si Valerio pense qu’il peut annuler mes plans sans en subir les conséquences, il se fourvoie gravement. Je n’ai aucune intention de le laisser s’en tirer à si bon compte. Je me dirige vers ma garde-robe et en extirpe la robe. Celle qui suscite à la fois scandale et tentation. Une mini-robe en cotte de mailles, étincelante et outrageusement provocante, laissant à peine place à l’imagination. Son décolleté plongeant capte le regard comme un aimant, tandis que ses longues fentes dévoilent mes cuisses à chacun de mes pas. Inutile de préciser que cette tenue exclut toute possibilité de sous-vêtements ce soir. Je prends mon temps devant le miroir, ajustant mon maquillage avec un soin méticuleux. Mes lèvres, rouge carmin et brillantes, promettent mille et un péchés. Mes yeux, soulignés d’un trait noir profond, étincellent d’une détermination sans faille. Une touche finale de parfum, subtile mais enivrante, et j’enfile mes talons aiguilles. Leur cliquetis sur le parquet résonne
**Valerio**— Aïe, putain, murmure-t-elle, sa voix trahissant une douleur vive qui m'agresse instantanément.Je vois sa silhouette se tendre, ses traits se durcir sous l'effet de la douleur, et un frisson d'inquiétude me parcourt le long de la colonne. C'est comme si tout autour de moi devenait flou, figé dans une seconde suspendue, alors que je m'apprête à comprendre ce qui vient de se passer.Je me retourne précipitamment, le bruit des ustensiles tombant sur le sol résonne comme un éclat métallique dans la pièce. Mes yeux se tournent immédiatement vers elle, et en un instant, je me précipite à ses côtés, mes mains cherchant frénétiquement à comprendre la source de son mal.— Qu'est-ce qui s'est passé ?Ma voix est plus rauque que je ne le voudrais, l'angoisse me nouant la gorge, mais il y a aussi cette pointe de frustration que j'ai du mal à dissimuler. Elle n'a vraiment pas besoin de ça, pas aujourd'hui, p
**Amara**Je me réveille au son strident de l'alarme. Les bras de Valerio m'entourent fermement, et je suis si près de lui que nous formons un cocon à deux, comme des burritos bien serrés. Le bruit me fait gémir de frustration alors que j'essaie maladroitement de me libérer de son étreinte, mais ma tentative ne fait que le pousser à me serrer encore plus fort contre lui.— Valerio, éteins cette putain d'alarme, ou je jure devant Dieu que je vais crier, grogné-je, les yeux toujours fermés.Il réagit à peine, gémit doucement et soulève enfin son corps lourd pour atteindre son téléphone sur la table de nuit. Après quelques secondes d'hésitation — probablement parce qu'il est trop ensommeillé pour se souvenir de l'endroit exact où il a laissé son télé
**Amara** Il se gare devant la maison de Christian, le cœur battant à tout rompre, comme une horloge ébranlée par l'angoisse qui succède à chaque battement. Chaque instant passé dans la voiture semble étirer le temps, comme si le moment de prendre une décision devenait un gouffre sans fond. Une demi-heure plus tard, je sors finalement précipitamment du véhicule, incapable de supporter davantage ce poids écrasant. Mon regard nerveux balaie l’obscurité environnante, scrutant les ombres, à la recherche d'un signe que le passé pourrait encore me rattraper.Une peur sourde me ronge, dévastant mes entrailles comme un poison insidieux. J'ai la sensation d'avoir laissé à Christian une brèche dans ma forteresse, une parcelle de moi-même que je n'aurais jamais dû lui révé
**Valerio**J’ai cédé hier. Je sais que je n’aurais pas dû, mais la faire participer dès le début était un risque énorme, un risque qui, je l’espère, en valait la peine.Elle est allongée dans mon lit, sa tête reposant sur ma poitrine, sa jambe délicatement enroulée autour de la mienne. La lumière douce du matin filtre à travers les rideaux tirés, baignant la pièce d’une teinte dorée. Je me réveille à six heures tous les matins par habitude, mais aujourd’hui, l’horloge affiche 9h23, et je n’ai pas bougé. Je n’ai aucune intention de le faire avant qu’elle ne se réveille. Son souffle calme et régulier est une mélodie apaisante, une invitation à rester figé dans cet instant parfait.Quelques minutes passent avant qu’elle ne bouge. Sa tête se redresse lentement, et un gémissement doux s’échappe de ses lèvres. Ses yeux papillonnent, encore embrumés par le sommeil, alors qu’elle explore du regard les alentours. Lorsqu’elle réali
**Amara**Il est exactement 19h37. Assise sur mon lit, mes genoux repliés contre ma poitrine, je fixe un point imaginaire sur le mur. Mon esprit refuse de lâcher prise sur les événements d’hier soir. Les mots résonnent encore, inlassablement, comme une mélodie entêtante qui refuse de s’éteindre. — Et Amara ? — Ouais ? — Taquine-moi encore, et tu quitteras la pièce en fauteuil roulant au lieu d'à pied. Le souvenir me percute de plein fouet. Mon souffle s’était coupé, et cette sensation, cette tension dans l’air, refuse de me quitter. Mes joues s’échauffent à nouveau tandis qu’une étrange crispation gagne mes cuisses. « Bon sang, pourquoi est-ce que mon corps réagit comme ça à lui ? &r