Beranda / Romance / DÉVOTION / 3 - Un cadeau sous haute surveillance

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3 - Un cadeau sous haute surveillance

Penulis: Léajoy
last update Terakhir Diperbarui: 2024-11-22 19:30:22

**Amara**

Ce matin, je me réveille avec une migraine lancinante, une douleur sourde et incessante, comme si une enclume était posée sur mon crâne. Chaque battement de mon cœur fait écho dans mes tempes, un tambour implacable qui résonne dans les cavernes de mon esprit. Mes paupières, lourdes et collées par la fatigue, résistent avec une force étrange à l’idée de s’ouvrir, comme si le simple fait de percevoir le monde autour de moi était un effort insurmontable.

La lumière, pâle et cru, filtre à travers les rideaux, se transforme en lames acérées, tranchant ma tranquillité fragile. Je tente de lutter contre cette douleur, mais c’est comme si elle m’étouffait, un fardeau invisible et omniprésent. 

Je me redresse avec précaution, chaque mouvement calculé, mes muscles douloureux protestant sous l’effort. Une main tremblante se pose sur le matelas, cherchant un appui, comme si ce geste simple pouvait me stabiliser dans un monde en équilibre précaire. Mon corps, engourdi et douloureux, semble encore prisonnier des bras d’un rêve lourd et oppressant, un songe dont les ombres collent à ma peau, tenaces, refusant de me libérer.

En titubant vers la salle de bain, mes pensées se brouillent davantage, noyées dans une brume épaisse qui envahit mon esprit. Mes pas résonnent dans le silence de la maison, mais ils me semblent étrangement lents, comme si le temps lui-même hésitait à me suivre, me laissant suspendue entre hier et aujourd’hui. Le carrelage froid contre mes pieds nus me fait frissonner, un frisson glacé qui semble s’insinuer sous ma peau, envahissant chaque fibre de mon être.

Quand je me regarde dans le miroir, je peine à reconnaître la personne qui me fait face. Elle est là, mais elle semble être une étrangère, une version déformée de moi-même, perdue dans l’épuisement. Ses cernes violacées, creusées par des insomnies sans fin, sont des témoins muets de nuits passées à lutter contre des démons invisibles. Ses cheveux emmêlés tombent en mèches sauvages sur ses épaules, comme si la nature même de son corps avait été perturbée. Je suis cette femme, cette âme brisée, qui semble avoir traversé des siècles de douleur en une seule nuit.

L’eau froide du robinet me frappe le visage avec une éclatante clarté, mais elle ne fait qu’aggraver la confusion. Les souvenirs de la veille surgissent, violents et imprévisibles, comme des éclairs déchirant un ciel déjà trop chargé. Un bar enfumé, l’odeur âpre de l’alcool et du tabac qui colle à la peau, et des voix, inconnues mais déstabilisantes.

Mon père. Et puis lui. Valerio.

Sa silhouette imposante dans l’ombre, une présence presque surnaturelle, l’air lourd de colère avant que son geste brutal ne brise l’air avec une violence dévastatrice. La gifle. Elle claque dans ma mémoire comme un coup de tonnerre, et je sens encore la brûlure de la douleur, la chaleur de cette souffrance qui envahit mon visage, mais ce n’est pas la douleur qui me paralyse, c’est l’humiliation. Le goût métallique du dégoût, l’acide de l’amertume qui me brûle la gorge. C’est le poids d’un lien brisé, d’une confiance effondrée, un silence lourd, trop lourd, qui me pèse.

Je ferme les yeux, essayant de fuir cette mer de souvenirs qui menace de m’engloutir, mais un autre visage émerge, plus insidieux. Un homme. Un inconnu au regard perçant, d’un vert hypnotique, comme si son regard pouvait pénétrer l’intime de mon âme. Ses tatouages serpentent sur ses bras, des dessins mystérieux marquant sa peau comme des légendes anciennes, des secrets laissés par le temps. Il ne m’a rien dit, mais sa simple présence m’a transpercée, comme une brûlure que l’on ne peut effacer.

« Pourquoi son image persiste-t-elle dans mon esprit, comme une obsession qu’il est impossible d’éclipser ? Qui était-il ? Et pourquoi son regard me hante-t-il, encore et encore, avec une intensité que je ne peux comprendre ? »

Je secoue la tête, m’efforçant de repousser ces pensées qui m’étouffent. Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec Christian. Il parle de surprise, de quelque chose d’important. Une promesse d’avenir. Je devrais être excitée, mais au fond de moi, une inquiétude sourde s’insinue, comme un pressentiment que je n’arrive pas à repousser.

Devant le miroir, je passe un temps infini à tenter de dissimuler les stigmates de ma nuit tourmentée. Une fine couche de fond de teint ne parvient pas à masquer l’épuisement de mes traits. Je suis fatiguée, bien plus que ce que l’on peut voir. Une fatigue qui semble être dans chaque fibre de mon être, une lassitude profonde, indélébile. Avec un soupir lourd, je me dirige vers le placard. Dehors, le ciel est d’un gris menaçant, un voile de nuages lourds s’étend comme un couvert sinistre, prêt à déverser sa colère sur la terre. Une journée glaciale m’attend, dans toute sa froideur et son indifférence.

Je choisis un jean simple, un sweat à capuche beige, comme pour me fondre dans la masse, pour ne pas attirer l’attention. Peut-être qu’en me dissimulant dans cette simplicité, mes pensées s’apaiseront, même brièvement. La tenue devient une armure légère, un bouclier contre le tumulte intérieur qui m’assiège, contre la tempête qui se déchaîne en moi.

Quand je descends dans la cuisine, l’envie de disparaître me submerge. J’aimerais fuir, m’éclipser dans un coin tranquille et oublier ce qui m’attend, mais la réalité est bien plus insistante, comme une vague qui me pousse inlassablement vers l’avant. Ethan est là, adossé au plan de travail, une tasse de café entre les mains.

Son regard perçant me scrute, me déchiffre sans effort, comme s’il pouvait lire chaque pensée, chaque secret enfoui. Il n’a pas besoin de mots pour me rappeler que je ne suis pas seule dans cette prison qu’on appelle maison.

— Tu vas quelque part ? me demande-t-il d’une voix traînante, brisant le silence lourd de la pièce.

Je soutiens son regard, une tension palpable s’installe entre nous. Nous vivons ici, dans cet espace clos, à l’étroit. Chaque jour, les murs semblent se rapprocher un peu plus, comme si cette maison elle-même cherchait à nous engloutir, à nous étouffer tous les deux.

— Je sors avec Christian, lâché-je d’un ton sec, trop sec. Pourquoi ? Ça t’intéresse vraiment ?

Un sourire sarcastique se dessine sur ses lèvres, mais il ne répond pas tout de suite. Lorsqu’il ouvre enfin la bouche, c’est pour me lancer une remarque lourde de sous-entendus :

— Ah, la fameuse surprise… Tu vas enfin voir à quoi elle ressemble.

Je détourne les yeux, énervée. Mes mains tremblent légèrement alors que je chausse mes chaussures, essayant de repousser cette conversation stérile, sans fin. Sans un mot de plus, je quitte la maison, la porte claquant derrière moi comme un écho d’une frustration qui ne cesse de grandir, de cette lassitude qui m’oppresse à chaque instant.

❀❀❀

Lorsque je franchis la porte du café, l’air chaud m’envahit, et une vague de soulagement fait battre mon cœur un peu plus vite. L’odeur du café fraîchement moulu et du pain grillé se mêle à l’ambiance feutrée de l’endroit, une chaleur qui contraste avec la froideur du monde extérieur. Christian est déjà là, près de la baie vitrée. À l’instant où il me voit, son visage s’illumine, et il se lève pour m’embrasser, ce geste bref mais tendre qui me fait un bien fou. Il m’invite ensuite à m’asseoir, dans cette bulle de calme, cet espace à l’abri du tumulte.

— Ça fait un moment qu’on est ensemble, Amara, commence-t-il, son ton grave, son regard soudain devenu plus sérieux. Il semble peser chaque mot comme s’il en mesurait la portée, comme s’il avait l’intention de briser quelque chose entre nous.

Je l’écoute, ou du moins, j’essaie. Mais quelque chose dans l’air me trouble, me met sur le qui-vive. Un mouvement discret au fond de la salle attire mon regard, comme un reflet fugace dans un miroir brisé. Mes yeux se posent sur une table isolée, et mon souffle se suspend. Là, dans la lueur douce du café, je le vois. Lui.

Ses yeux verts, presque surnaturels, brillent d’une intensité inquiétante,

 comme s’il pouvait lire chaque pensée, chaque secret que je garde enfoui au plus profond de moi. Ses tatouages serpentent sur ses bras, des dessins énigmatiques qui semblent bouger sous la lumière tamisée. Il porte une chemise blanche, mais les manches sont retroussées, laissant apparaître ces marques indélébiles, ces vérités secrètes gravées dans sa peau. Il ne me regarde pas, mais je sens sa présence, comme une pression invisible qui se resserre autour de moi, me paralysant dans cet instant suspendu. Il est là, et je suis incapable de détourner le regard.

— Amara ? Tu m’écoutes ? La voix de Christian me ramène violemment à la réalité, brisant le charme de cette vision.

Je cligne des yeux, confuse, puis tourne la tête, le cœur battant plus vite que je ne voudrais.

— Désolée… Tu peux répéter ?

Il soupire, visiblement agacé par mon absence d’attention, puis reprend :

— Je te demandais si tu voulais emménager avec moi. Il est temps, non ? On va se marier, alors pourquoi attendre ?

Les mots tombent lourdement dans l’air, et je les sens se poser sur mes épaules, comme une décision irrévocable, une promesse de changement. Quitter cette maison, quitter cet endroit suffocant… La promesse d’une vie nouvelle me frôle, fragile mais pleine d’espoir. Une lueur d’espoir perce les ténèbres qui m’envahissent.

— Oui… Oui, bien sûr, Christian, réponds-je, presque machinalement, sans vraiment y croire.

Il sourit, heureux, et serre ma main avec tendresse, mais même dans ce moment de douceur, une ombre plane, celle de l’homme au fond de la salle, dont le regard perçant continue de me hanter, de me marquer comme une brûlure invisible.

❀❀❀

Quand je rentre chez moi, une surprise inattendue me coupe le souffle. Une Range Rover blanche, impeccablement brillante, est garée devant la maison. Elle trône là, comme un vaisseau spatial échoué dans un quartier où tout semble vieux, fatigué, hors du temps. Mon cœur s’emballe. Qui pourrait avoir déposé une telle voiture ici ? Mon père, avec son vieux camion rouillé ? Ethan, qui peine à réparer sa propre voiture ? Impossible.

Je m’approche lentement, chaque pas me donnant l’impression que la scène est irréelle, que je suis en train de rêver. Sur le porche, une petite boîte noire m’attend, ornée d’un ruban rouge. Elle est posée là avec une précision presque calculée, comme un message silencieux, comme si on m’attendait. Mes mains tremblent quand je la prends. Elle est légère, presque éthérée, mais je ressens un poids invisible, celui du mystère qui l’entoure. Un mot est attaché au ruban. Quelques mots tracés à la main, simples mais lourds de sens :

Tu auras besoin de ça pour que je n'aie pas à venir te sauver à nouveau.

— V

Je reste figée, la boîte dans les mains, mon esprit en ébullition. Valerio. Cet homme... Comment sait-il où je vis ? Pourquoi ce geste ? Un flot de questions m’envahit, mais aucune réponse ne vient.

Je n’ose pas ouvrir la boîte. Quand j’y parviens enfin, la clé qui y repose brille sous la lumière, éclatante et insensée. Elle est neuve, parfaite, presque trop belle pour être réelle. Ce simple objet me hante. Qu’est-ce qu’il veut dire en me la donnant ? Une promesse, peut-être une menace. Je fixe la clé, partagée entre la fascination et la peur. Ce cadeau bouleverse tout. Christian, avec ses rêves de mariage, semble être une issue, une échappatoire. Mais cette clé ? Elle m’ouvre une porte vers un autre monde, un monde lié à cet homme, un monde que je ne comprends pas encore.

Et là, dans ce moment suspendu, je ne sais pas si je dois fuir ou savoir, si je dois laisser tout cela derrière moi ou suivre ce chemin dangereux et envoûtant qui s’ouvre devant moi.

❀❀❀

La suite dans le prochain chapitre.

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