**Amara**
Ce matin, je me réveille avec une migraine lancinante, une douleur sourde et incessante, comme si une enclume était posée sur mon crâne. Chaque battement de mon cœur fait écho dans mes tempes, un tambour implacable qui résonne dans les cavernes de mon esprit. Mes paupières, lourdes et collées par la fatigue, résistent avec une force étrange à l’idée de s’ouvrir, comme si le simple fait de percevoir le monde autour de moi était un effort insurmontable.
La lumière, pâle et cru, filtre à travers les rideaux, se transforme en lames acérées, tranchant ma tranquillité fragile. Je tente de lutter contre cette douleur, mais c’est comme si elle m’étouffait, un fardeau invisible et omniprésent.
Je me redresse avec précaution, chaque mouvement calculé, mes muscles douloureux protestant sous l’effort. Une main tremblante se pose sur le matelas, cherchant un appui, comme si ce geste simple pouvait me stabiliser dans un monde en équilibre précaire. Mon corps, engourdi et douloureux, semble encore prisonnier des bras d’un rêve lourd et oppressant, un songe dont les ombres collent à ma peau, tenaces, refusant de me libérer.
En titubant vers la salle de bain, mes pensées se brouillent davantage, noyées dans une brume épaisse qui envahit mon esprit. Mes pas résonnent dans le silence de la maison, mais ils me semblent étrangement lents, comme si le temps lui-même hésitait à me suivre, me laissant suspendue entre hier et aujourd’hui. Le carrelage froid contre mes pieds nus me fait frissonner, un frisson glacé qui semble s’insinuer sous ma peau, envahissant chaque fibre de mon être.
Quand je me regarde dans le miroir, je peine à reconnaître la personne qui me fait face. Elle est là, mais elle semble être une étrangère, une version déformée de moi-même, perdue dans l’épuisement. Ses cernes violacées, creusées par des insomnies sans fin, sont des témoins muets de nuits passées à lutter contre des démons invisibles. Ses cheveux emmêlés tombent en mèches sauvages sur ses épaules, comme si la nature même de son corps avait été perturbée. Je suis cette femme, cette âme brisée, qui semble avoir traversé des siècles de douleur en une seule nuit.
L’eau froide du robinet me frappe le visage avec une éclatante clarté, mais elle ne fait qu’aggraver la confusion. Les souvenirs de la veille surgissent, violents et imprévisibles, comme des éclairs déchirant un ciel déjà trop chargé. Un bar enfumé, l’odeur âpre de l’alcool et du tabac qui colle à la peau, et des voix, inconnues mais déstabilisantes.
Mon père. Et puis lui. Valerio.
Sa silhouette imposante dans l’ombre, une présence presque surnaturelle, l’air lourd de colère avant que son geste brutal ne brise l’air avec une violence dévastatrice. La gifle. Elle claque dans ma mémoire comme un coup de tonnerre, et je sens encore la brûlure de la douleur, la chaleur de cette souffrance qui envahit mon visage, mais ce n’est pas la douleur qui me paralyse, c’est l’humiliation. Le goût métallique du dégoût, l’acide de l’amertume qui me brûle la gorge. C’est le poids d’un lien brisé, d’une confiance effondrée, un silence lourd, trop lourd, qui me pèse.
Je ferme les yeux, essayant de fuir cette mer de souvenirs qui menace de m’engloutir, mais un autre visage émerge, plus insidieux. Un homme. Un inconnu au regard perçant, d’un vert hypnotique, comme si son regard pouvait pénétrer l’intime de mon âme. Ses tatouages serpentent sur ses bras, des dessins mystérieux marquant sa peau comme des légendes anciennes, des secrets laissés par le temps. Il ne m’a rien dit, mais sa simple présence m’a transpercée, comme une brûlure que l’on ne peut effacer.
« Pourquoi son image persiste-t-elle dans mon esprit, comme une obsession qu’il est impossible d’éclipser ? Qui était-il ? Et pourquoi son regard me hante-t-il, encore et encore, avec une intensité que je ne peux comprendre ? »
Je secoue la tête, m’efforçant de repousser ces pensées qui m’étouffent. Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec Christian. Il parle de surprise, de quelque chose d’important. Une promesse d’avenir. Je devrais être excitée, mais au fond de moi, une inquiétude sourde s’insinue, comme un pressentiment que je n’arrive pas à repousser.
Devant le miroir, je passe un temps infini à tenter de dissimuler les stigmates de ma nuit tourmentée. Une fine couche de fond de teint ne parvient pas à masquer l’épuisement de mes traits. Je suis fatiguée, bien plus que ce que l’on peut voir. Une fatigue qui semble être dans chaque fibre de mon être, une lassitude profonde, indélébile. Avec un soupir lourd, je me dirige vers le placard. Dehors, le ciel est d’un gris menaçant, un voile de nuages lourds s’étend comme un couvert sinistre, prêt à déverser sa colère sur la terre. Une journée glaciale m’attend, dans toute sa froideur et son indifférence.
Je choisis un jean simple, un sweat à capuche beige, comme pour me fondre dans la masse, pour ne pas attirer l’attention. Peut-être qu’en me dissimulant dans cette simplicité, mes pensées s’apaiseront, même brièvement. La tenue devient une armure légère, un bouclier contre le tumulte intérieur qui m’assiège, contre la tempête qui se déchaîne en moi.
Quand je descends dans la cuisine, l’envie de disparaître me submerge. J’aimerais fuir, m’éclipser dans un coin tranquille et oublier ce qui m’attend, mais la réalité est bien plus insistante, comme une vague qui me pousse inlassablement vers l’avant. Ethan est là, adossé au plan de travail, une tasse de café entre les mains.
Son regard perçant me scrute, me déchiffre sans effort, comme s’il pouvait lire chaque pensée, chaque secret enfoui. Il n’a pas besoin de mots pour me rappeler que je ne suis pas seule dans cette prison qu’on appelle maison.
— Tu vas quelque part ? me demande-t-il d’une voix traînante, brisant le silence lourd de la pièce.
Je soutiens son regard, une tension palpable s’installe entre nous. Nous vivons ici, dans cet espace clos, à l’étroit. Chaque jour, les murs semblent se rapprocher un peu plus, comme si cette maison elle-même cherchait à nous engloutir, à nous étouffer tous les deux.
— Je sors avec Christian, lâché-je d’un ton sec, trop sec. Pourquoi ? Ça t’intéresse vraiment ?
Un sourire sarcastique se dessine sur ses lèvres, mais il ne répond pas tout de suite. Lorsqu’il ouvre enfin la bouche, c’est pour me lancer une remarque lourde de sous-entendus :
— Ah, la fameuse surprise… Tu vas enfin voir à quoi elle ressemble.
Je détourne les yeux, énervée. Mes mains tremblent légèrement alors que je chausse mes chaussures, essayant de repousser cette conversation stérile, sans fin. Sans un mot de plus, je quitte la maison, la porte claquant derrière moi comme un écho d’une frustration qui ne cesse de grandir, de cette lassitude qui m’oppresse à chaque instant.
❀❀❀
Lorsque je franchis la porte du café, l’air chaud m’envahit, et une vague de soulagement fait battre mon cœur un peu plus vite. L’odeur du café fraîchement moulu et du pain grillé se mêle à l’ambiance feutrée de l’endroit, une chaleur qui contraste avec la froideur du monde extérieur. Christian est déjà là, près de la baie vitrée. À l’instant où il me voit, son visage s’illumine, et il se lève pour m’embrasser, ce geste bref mais tendre qui me fait un bien fou. Il m’invite ensuite à m’asseoir, dans cette bulle de calme, cet espace à l’abri du tumulte.
— Ça fait un moment qu’on est ensemble, Amara, commence-t-il, son ton grave, son regard soudain devenu plus sérieux. Il semble peser chaque mot comme s’il en mesurait la portée, comme s’il avait l’intention de briser quelque chose entre nous.
Je l’écoute, ou du moins, j’essaie. Mais quelque chose dans l’air me trouble, me met sur le qui-vive. Un mouvement discret au fond de la salle attire mon regard, comme un reflet fugace dans un miroir brisé. Mes yeux se posent sur une table isolée, et mon souffle se suspend. Là, dans la lueur douce du café, je le vois. Lui.
Ses yeux verts, presque surnaturels, brillent d’une intensité inquiétante,
comme s’il pouvait lire chaque pensée, chaque secret que je garde enfoui au plus profond de moi. Ses tatouages serpentent sur ses bras, des dessins énigmatiques qui semblent bouger sous la lumière tamisée. Il porte une chemise blanche, mais les manches sont retroussées, laissant apparaître ces marques indélébiles, ces vérités secrètes gravées dans sa peau. Il ne me regarde pas, mais je sens sa présence, comme une pression invisible qui se resserre autour de moi, me paralysant dans cet instant suspendu. Il est là, et je suis incapable de détourner le regard.
— Amara ? Tu m’écoutes ? La voix de Christian me ramène violemment à la réalité, brisant le charme de cette vision.
Je cligne des yeux, confuse, puis tourne la tête, le cœur battant plus vite que je ne voudrais.
— Désolée… Tu peux répéter ?
Il soupire, visiblement agacé par mon absence d’attention, puis reprend :
— Je te demandais si tu voulais emménager avec moi. Il est temps, non ? On va se marier, alors pourquoi attendre ?
Les mots tombent lourdement dans l’air, et je les sens se poser sur mes épaules, comme une décision irrévocable, une promesse de changement. Quitter cette maison, quitter cet endroit suffocant… La promesse d’une vie nouvelle me frôle, fragile mais pleine d’espoir. Une lueur d’espoir perce les ténèbres qui m’envahissent.
— Oui… Oui, bien sûr, Christian, réponds-je, presque machinalement, sans vraiment y croire.
Il sourit, heureux, et serre ma main avec tendresse, mais même dans ce moment de douceur, une ombre plane, celle de l’homme au fond de la salle, dont le regard perçant continue de me hanter, de me marquer comme une brûlure invisible.
❀❀❀
Quand je rentre chez moi, une surprise inattendue me coupe le souffle. Une Range Rover blanche, impeccablement brillante, est garée devant la maison. Elle trône là, comme un vaisseau spatial échoué dans un quartier où tout semble vieux, fatigué, hors du temps. Mon cœur s’emballe. Qui pourrait avoir déposé une telle voiture ici ? Mon père, avec son vieux camion rouillé ? Ethan, qui peine à réparer sa propre voiture ? Impossible.
Je m’approche lentement, chaque pas me donnant l’impression que la scène est irréelle, que je suis en train de rêver. Sur le porche, une petite boîte noire m’attend, ornée d’un ruban rouge. Elle est posée là avec une précision presque calculée, comme un message silencieux, comme si on m’attendait. Mes mains tremblent quand je la prends. Elle est légère, presque éthérée, mais je ressens un poids invisible, celui du mystère qui l’entoure. Un mot est attaché au ruban. Quelques mots tracés à la main, simples mais lourds de sens :
Tu auras besoin de ça pour que je n'aie pas à venir te sauver à nouveau.
— V
Je reste figée, la boîte dans les mains, mon esprit en ébullition. Valerio. Cet homme... Comment sait-il où je vis ? Pourquoi ce geste ? Un flot de questions m’envahit, mais aucune réponse ne vient.
Je n’ose pas ouvrir la boîte. Quand j’y parviens enfin, la clé qui y repose brille sous la lumière, éclatante et insensée. Elle est neuve, parfaite, presque trop belle pour être réelle. Ce simple objet me hante. Qu’est-ce qu’il veut dire en me la donnant ? Une promesse, peut-être une menace. Je fixe la clé, partagée entre la fascination et la peur. Ce cadeau bouleverse tout. Christian, avec ses rêves de mariage, semble être une issue, une échappatoire. Mais cette clé ? Elle m’ouvre une porte vers un autre monde, un monde lié à cet homme, un monde que je ne comprends pas encore.
Et là, dans ce moment suspendu, je ne sais pas si je dois fuir ou savoir, si je dois laisser tout cela derrière moi ou suivre ce chemin dangereux et envoûtant qui s’ouvre devant moi.
❀❀❀
La suite dans le prochain chapitre.
**Amara**— Il a fait quoi ?! s’écrie Lily, sa voix montant d’un cran au téléphone.Je soupire, toujours aussi incrédule face à l’événement d’hier. Valerio, cet homme énigmatique que je connais à peine, m’a offert une voiture flambant neuve. Un cadeau somptueux, étourdissant… et parfaitement incompréhensible. La carrosserie étincelante, le cuir immaculé de l’habitacle, tout dans ce véhicule hurle l’opulence. Aujourd’hui, alors que j’en parle à Lily, je commence à réaliser l’ampleur de ce geste extravagant, presque intimidant.Garée devant chez moi, la voiture est impossible à ignorer. Mon père, curieux comme toujours, l’a déjà repérée. J’ai dû improviser une histoire farfelue pour dissiper ses soupçons : selon ma version, Lily et moi avons « un peu trop bu » hier soir, et elle aurait laissé sa voiture chez moi avant de repartir en taxi. Un mensonge simple, certes, mais efficace — du moins, pour l’instant.— Tu te rends compte ? soufflai-je à Lily. C’est insensé… Et toi, je t’ai un peu
**Amara**— Très bien.Ma voix est sèche, presque mordante. Les mots franchissent mes lèvres avant même que je ne puisse les retenir, et aussitôt, je les regrette. Valerio esquisse un sourire mince, un sourire sans chaleur, puis relâche mon bras avec une lenteur calculée, comme s'il mesurait l'impact de chaque geste. Le silence entre nous est lourd, presque oppressant, mais il ne dure pas. Il se détourne et avance d’un pas assuré dans le hall spacieux de l’appartement. À chaque pas, ses chaussures résonnent légèrement sur le marbre, ajoutant un écho discret à l’atmosphère feutrée du lieu. De part et d’autre, deux escaliers majestueux s’élèvent vers des étages supérieurs que je n’ose qu’imaginer. La lumière tamisée projette des ombres douces sur les murs, soulignant le raffinement presque irréel de l’endroit. L'air semble suspendu, comme si même le temps respectait la gravité du moment.D’un geste discret, il m’indique la cuisine. Je le suis, incertaine, mes mains croisées devant moi,
**Valerio**— Que puis-je faire pour vous, patron ? demanda une voix calme et professionnelle à l’autre bout du fil.Un ton légèrement distant, mais d’une précision presque chirurgicale. La voix d’un homme habitué à exécuter des ordres sans poser de questions.— J’ai besoin que vous me trouviez toutes les informations possibles sur Christian Thompson, répondis-je froidement, d’un ton mesuré, mais glacial.Un court silence s’installa avant que mon interlocuteur ne réponde, son ton toujours aussi neutre.— Bien sûr, monsieur. Vous recevrez le dossier dans l’heure.Je raccrochai sans un mot de plus, rejetant brutalement mon dos contre le dossier de ma chaise. Un soupir long et contrôlé s’échappa de mes lèvres, mais cela ne parv
**Amara**Je me réveille en sursaut, le corps pris dans une douleur foudroyante, comme si des milliers de piques venaient perforer chaque fibre de mon être. Mes muscles sont tendus, verrouillés dans un étau invisible, et chaque inspiration se fait dans un râle haletant. Dès que j’essaie de bouger, le vertige m’envahit, une vague de nausée violente qui m’assomme. L'air autour de moi semble dense, lourd, comme si l’atmosphère elle-même voulait m’étouffer. Mes membres sont paralysés, écrasés sous un poids que je ne peux comprendre.Je tente d’ouvrir les yeux, mais mes paupières sont comme plombées. C’est une lutte lente et fatigante, chaque mouvement pesant comme une montagne. Enfin, je parviens à ouvrir les yeux, mais la lumière qui m’accueille est aveuglante, d’un
**Valerio**« Protégez-la. Assurez-vous qu'elle ne tombe jamais entre les mains de quelqu'un qui ne la mérite pas. Gardez-la en sécurité. »Ces mots, simples mais lourds de sens, résonnent encore dans mon esprit. Ils sont gravés comme un rappel incessant, une promesse que je n’ai jamais osé briser. Ils sont sortis de la bouche d’Anna, la mère d’Amara, il y a quinze ans. Un an avant que la tragédie ne frappe, avant que l’incendie ne consume tout : sa vie, ses rêves, et une part de moi-même.Anna m’avait sauvé. Une dette éternelle. J'étais un enfant à l'époque, vulnérable, sans défense. L'un de nos ennemis les plus redoutables avait levé son arme contre moi, prêt à m'ôter la vie, mais elle s'était interposée. Elle
**Amara**Cela fait une semaine que Valerio m’a "kidnappée". Je m’attendais à ce que ce soit l’enfer, une sorte de cauchemar éveillé, mais contre toute attente, ce n’était pas aussi horrible que prévu. Oui, il passe la majeure partie de la journée à travailler, puis revient le soir avec l’air d’un criminel en fuite, mais en dehors de ça… c’était presque… paisible ?Il m’a donné ma propre chambre, spacieuse et luxueuse, avec un dressing digne d’une boutique de luxe, plus grand que celui de certaines célébrités. Et bien sûr, j’ai abusé un peu. Ce matin, j’ai pris sa carte de crédit et me suis offerte des vêtements et des accessoires dont j’avais toujours rêvé. Bon, peut-être pas juste des "accessoires
**Amara**Je ne peux pas respirer. Une douleur aiguë irradie dans ma poitrine, comme si une force invisible m’écrasait. L’air refuse de remplir mes poumons, et je reste figée, incapable de bouger, de parler, de penser clairement. C’est comme si mon corps tout entier refusait de fonctionner, suspendu entre le choc et la souffrance. Mon cœur bat si fort que je sens le rythme douloureux dans ma gorge et mes tempes.« C'est ma faute. »Cette vérité cruelle s'insinue dans mon esprit, se répétant comme un disque rayé. Je le sais. J’ai été distante, absente. J’ai choisi de partir, de m’éloigner pour une semaine, avec un autre homme. Peut-être que je cherchais une échappatoire, une distraction. Mais est-ce que cela m'autorise à souffrir maintenant ? Est-ce que j'ai le droit d
**Valerio**Voir Amara sur le point de s’évanouir à cause de sa crise de panique m’a suffi. Suffisamment pour qu’une certitude s’impose à moi : je devais lui donner une leçon importante. Pas seulement pour ce qu’il lui a fait, mais pour lui montrer, une bonne fois pour toutes, qu’il y a des conséquences lorsqu’on touche à ce qui m’appartient.Je sors de la voiture, mes nerfs tendus comme des fils. Je fais une dernière manœuvre dans la rue sombre et gare la voiture juste devant le club où elle m’a dit qu’il serait. Christian. Et là, je le vois. Il est exactement là où elle m’avait dit qu’il serait, se tenant près de sa voiture. Il embrasse une femme, l’une de ces nombreuses filles qu’il utilise probablement pour nourrir son ego.Mais à mesure que
**Valerio**C’est incroyable : quatorze années de travail acharné s’effondrent en un instant, transformées en une vie d’amour profond. La plus belle femme que j’aie jamais vue s’avance lentement vers moi, et elle va devenir ma femme. Quatorze ans d’entraînement à ne rien ressentir pour elle s’effondrent au moment où nos regards se croisent. Le choc dans mes yeux se mue en un amour pur, profond et inébranlable, un amour que nous chérirons et protégerons pour le reste de nos vies.Ma respiration s’alourdit à chaque pas qu’elle fait, chaque mouvement exacerbant la nervosité qui me serre le ventre. À mes côtés, Enzo reste silencieux, les yeux glissant de Amara à Lily, comme s’il attendait le moindre signe.La pièce est d’une tra
**Amara**— Je n'arrive pas à croire que cela fait déjà dix jours que nous sommes ici.Le temps a filé à toute vitesse, emportant avec lui ces moments parfaits que je vais chérir pour toujours. Chaque jour, chaque instant passé sur cette île semblait suspendu, comme un rêve dont je n'avais jamais voulu me réveiller. Et maintenant, alors que je fais mes derniers paquets, une vague de mélancolie m'envahit.Ce départ me serre le cœur.— Je peux prolonger le voyage, si tu veux, propose Valerio, l’air détendu, comme si cette île n’était qu’un terrain de jeu sans fin.Je lève les yeux vers lui, surprise, mon esprit encore en train d’assimiler cette idée.— Quoi ? Non, c'est complètement fou. Tu as des obligations, et puis... Lily me manque
**Amara**— Épouse-moi.À cet instant précis, le monde entier semble suspendu. Le temps lui-même semble retenir son souffle, et tout ce qui m’entoure s’évanouit lentement, me laissant seule dans cet espace infini, noyée dans un tourbillon d’émotions contradictoires. Le silence devient presque oppressant, et mon cœur bat si fort dans ma poitrine que je pourrais jurer que tous les regards convergent sur lui. Chaque battement résonne comme un tambour frénétique, accentuant cette tension qui me paralyse tout en m’enveloppant d’une chaleur douce et électrique. L’adrénaline circule dans mes veines, alimentée par cette question, par cette promesse, par cet engagement qui mêle vertige et exaltation.Je reste figée, les yeux rivés sur lui, la mâchoire sans doute tomb&eac
**Valerio**— Mon Dieu, je suis tellement pleine que j’ai l’impression que je vais mourir !Elle gémit, sa voix se brisant dans un mélange de douleur et de comédie, et se laisse tomber dramatiquement sur le canapé. Son visage est déformé par l'exagération, mais il y a aussi une pointe de vérité dans son expression. Elle presse ses mains contre son ventre, comme si cela pouvait alléger la souffrance imaginaire qui l'envahit.Un rire m'échappe malgré moi, face à cette réaction totalement disproportionnée. Je ne peux m’empêcher de m’asseoir à ses côtés, amusé par la scène. Elle est allongée là, les yeux fermés, comme si elle venait de traverser une épreuve insurmontable.— Ne meurs pas, je t’en prie, lan&cce
**Valerio**— Tu prépares un voyage de dix jours ou tu déménages pour dix mois ? Je laisse échapper cette remarque en levant un sourcil, mes yeux parcourant les trois valises ouvertes et la montagne de vêtements qui recouvre le sol de notre chambre.Amara relève lentement les yeux vers moi, un sourire malicieux jouant sur ses lèvres. Sans interrompre son activité, elle plie soigneusement un haut en soie ivoire et le dépose avec une minutie presque obsessionnelle dans l’une des valises. Elle prend son temps, chaque mouvement est calculé, chaque vêtement est disposé avec une précision digne d'un art, comme si chaque détail avait une importance capitale.— Un sac pour mes soins capillaires, soins de la peau, produits de douche… tout le nécessaire, énumère-t-elle en désignant une
**Amara**— Elle est vraiment une piètre cuisinière. Maman éclate de rire, ses yeux pétillant d'une malice complice, alors qu'elle dépose son assiette dans le lave-vaisselle. Elle se tourne vers moi, un sourire espiègle jouant toujours sur ses lèvres. Je prends une inspiration exagérée, posant dramatiquement ma main sur ma poitrine, luttant contre le rire qui monte en moi. — Maintenant, c'est juste méchant, dis-je, feignant l’indignation, accentuant chaque mot pour donner plus de poids à ma prétendue offense. À peine ai-je terminé ma phrase qu’un rire grave résonne derrière moi, réchauffant l’air de la cuisine. Valerio apparaît, un sourire malicieux sur les lèvres, tandis qu’il dépose ses mains sur mes épaules et se penche vers moi, presque trop près. — Elle a raison, amore, souffle-t-il à mon oreille, ses lèvres frôlant ma peau. Tu es vraiment une catastrophe en cuis
**Amara**— Elle est partie, Amara. Elle est partie, et c’est entièrement de ta faute, espèce de monstre !La bouteille de bière éclate sur ma tête dans un bruit sourd, un impact brutal qui me fait vaciller. Je m’effondre immédiatement, mon corps s’écrasant contre le sol froid comme une marionnette brisée. La douleur m'envahit, fulgurante et violente, une brûlure traversant mon crâne, s'enroulant autour de mon esprit pour éclater dans chaque fibre de mon être. Mon corps se repli sur lui-même instinctivement, mes bras cherchant à protéger ma tête, mais c'est une défense illusoire face à cette souffrance incommensurable.— Papa, tu ne devrais peut-être pas…La voix d’Ethan se brise, tremblante de terreur. Ses yeux sont pleins de peur, une peur profonde
**Valerio**— Ce n’est pas possible, dis-je en entrant dans la pièce avec Enzo.La porte se referme derrière nous, et soudain, un silence pesant s’installe. Les regards se tournent lentement vers nous, et l’atmosphère se tend immédiatement. Mes yeux se posent sur mon père, assis au bout de la table. Son regard est impassible, mais sa posture me fait deviner qu’il sait déjà ce que je vais dire. — Nous ne sommes pas encore sûrs, mais il y a une forte probabilité que ce soit lui, le Ch-…— Tu n’es pas sûr ?! Je l’interromps vivement, ma voix devenant plus tranchante, plus dure. Tu m’as fait venir ici, dans cette pièce, sous prétexte d’une situation critique, et maintenant tu me dis que tu n’es pas sûr ? Il n’y a pas de place pour l&rsqu
**Amara****Une semaine plus tard**— Il y a eu plusieurs rapports d'attentats à la bombe et de fusillades à travers toute l'Italie ces deux dernières semaines. La voix du présentateur, monotone et détachée, résonne dans la pièce silencieuse. Les nouvelles, remplies de détails inquiétants, n’apportent aucune réponse. Personne ne sait vraiment d'où viennent ces attaques. Des rumeurs persistantes évoquent l'implication de la mafia italienne. Certains parlent même d’un affrontement entre factions rivales…Je m’interromps brusquement, éteignant la télévision d’un geste sec. Le bruit du téléviseur qui se tait résonne dans l’air comme un coup de tonnerre, brisant un silence déjà lourd. Autour de moi, l’atmosphère semble se charger, saturée des échos des mots que je viens d’entendre. Mais ces histoires ne sont plus que du bruit de fond. Elles m’indiffèrent, p