Des bougies parfumées diffusaient une douce odeur de cannelle dans le salon. Les lumières éteintes, c’étaient une dizaine de cierges et de guirlandes rayonnantes qui se chargeaient d’éclairer la pièce. C’était la première fois que je voyais l’appartement d’Elias ainsi. Cadeau de Lyna, assurément.—Ah, on parlait de ton sujet favori justement, s’exclama l’intéressée, en me sautant au cou.Je lui rendis son baiser. Son odeur était enivrante.—Lequel?—Eh bien, toi!Je ne m’abaissai même pas à répondre. Sans compter qu’elle n’était pas loin de la vérité.—Après la présentation magistrale d’Elias, je pensais que tu pouvais prendre ta retraite, se moqua Richard.—Eh bien, vous avez un style incomparable pour me souhaiter un bon anniversaire!—Je ne vois pas de quoi tu parles, c’est le sien aussi.Lyna déposa un nouveau baiser sur mes lèvres.—C’est mieux?
Inaya sentit un frisson d’excitation courir le long de son échine. Enfin, pensa-t-elle.Elle posa le pied au sol, doucement, savourant chaque seconde. Après avoir passé sa vie entière à Orancia, le simple fait de toucher la terre ferme, était en soi un plaisir. Les rayons du soleil sur sa peau. Respirer de l’air frais, non recyclé. Le voyage pouvait débuter.Elle était suivie par une dizaine de soldats de la garde présidentielle–dont Lharin–et les Élyséens. Plus précisément, Elio et Maya. Tom, quant à lui, avait décidé de rester à Orancia. Enfin décidé, pensa Inaya. Il a surtout suivi sa rouquine. Elle ne connaissait pas l’étendue des liens tissés entre ces Élyséens. Elle avait compris qu’un certain «Elias» était important, puisqu’il était souvent revenu dans la conversation. Mais malgré l’importance de cette relation qu’elle trouvait étrangement fusionnelle, Tom s’était décomposé quand, à la surprise gén
Les jours suivant notre fuite d’Elysia furent une succession de mauvaises idées. Elias et moi n’étions pas particulièrement d’accord sur laquelle fut la première. Pour lui, c’était assurément s’engager dans un road-trip avec un bureaucrate. Même si je m’y attendais, les premiers instants furent durs. Vraiment durs. La nature reprenant ses droits, se développant à une vitesse décuplée. Une myriade d’espèces plus résilientes émergeant pour résister aux modifications du biotope imposées par la concentration radioactive ambiante. Le savoir, c’était bien. Le vivre? C’était autre chose. La première impression que je gardais de notre première nuit était quelque peu… déplaisante. Elias insista pour que nous nous éloignions au maximum d’Elysia «au cas où», disait-il. Ce qui impliqua de s’enfoncer dans une végétation incontrôlée, sans avoir la moindre idée de ce sur quoi nous allions tomber, à l’aide d’Elias comme seule lumière. C’était une sensation purement étouffante. J’avai
Droite, pas en avant, fente. Gauche, parade, envolée. La sueur ruisselait sur le front de Veil, lui piquant les yeux. Pourtant, il ne ralentissait pas. Il continua à s’entraîner jusqu’à ce que, de fatigue, ses pieds s’enlisent dans le sable de l’arène et qu’il trébuche.—Ton centre de gravité est mauvais mon garçon.Veil se retourna. Tharis l’observait, assis sur l’estrade de pierre.—C’est pourtant ce que mes maîtres d’armes m’ont appris, répondit Veil, perplexe, en se laissant tomber au sol.—Des amateurs. Bon pour un soldat, pas pour affronter un Paladin comme Xander.—Vous avez une meilleure méthode? soupira Veil. Honnêtement au point où j’en suis, je prends tout.—Moi? s’amusa Tharis. Non, je ne suis qu’un vieillard. Les seules passes que je fais aujourd’hui sont entre deux livres. Mais c’est bien, déjà. Tu acceptes la critique. C’est le premier pas pour faire mieux.—La fierté ne m’am
—Dépêche-toi, Tom!Ce dernier courut et sauta dans le Sverdrup. Il serra ses bras le long de son corps et rattrapa Claire. La vibration familière au creux de sa main ne se fit pas attendre. C’était ici qu’était implantée la «banque» de chaque Orin, un système nanotechnologique permettant les échanges fiduciaires. À Orancia, autant dire vivre. Étonnamment, le dispositif s’était ajusté parfaitement à sa physiologie unique et à ses circuits magnétiques. Une action s’évapora à l’instant où il franchit le portail menant au courant marin exploité par les Orins pour se déplacer.—Plus que quelques millions, murmura-t-il.S’il s’était adapté facilement à la vie d’Orancia, ce n’était que pour la simple et bonne raison qu’Inaya leur avait créé, à lui et Claire, un compte commun largement fourni.—Tu n’aurais pas survécu longtemps dans ce pays, toi, se moqua-t-elle. Tu imagines? Tu aurais dû travailler.Les mots lui parv
Deux mois plus tôt.L’orage grondait au-dehors. La pluie battante frappait violemment les fenêtres de l’appartement d’Elias et Maya. Couchés l’un sur l’autre dans le luxueux canapé blanc qui trônait au centre de leur salon, ils regardaient les images du film défiler, projetées par leur HoloPad. Elias sentait qu’elle était tendue, encore plus qu’elle ne l’était ces derniers temps. Elle redressa le menton vers lui et rompit leur étreinte. Maya planta ses yeux d’obsidienne dans les siens.—Je pars, dit-elle. Elias leva la tête, surpris. Il ne s’attendait pas à ce que cet instant de quiétude soit brisé aussi brutalement. —Encore? J’ai l’impression que tu viens de revenir à Elysia…Il regretta aussitôt l’agressivité presque palpable dans sa voix. Sa réponse sonnait comme une accusation. —Nous devons trouver des explications. Ces failles sont un signe que, quelque part, quelque chose va mal. Barthélémy, d’une certaine façon
Veil fit signe d’arrêter l’entraînement. Les lances de sa cohorte se baissèrent avec toute la conviction qui leur manquait habituellement. Il avait cru que leurs liens se resserreraient après qu’ils soient venus le soutenir lors de son combat contre Xander, mais non. Sa défaite avait douché leur enthousiasme. Il plissa le nez. Au figuré, vu l’odeur qu’ils dégagent.Sa discussion avec le Triumvirat lui avait fait comprendre quelque chose de fondamental à propos de ses soldats. On ne peut pousser personne à devenir à ce qu’on souhaite.—À table! cria-t-il.Chaque midi, il astreignait toute la cohorte à déjeuner tous ensemble. C’était ce qu’il avait trouvé de mieux pour casser leur individualisme et réussir à forger des liens entre eux.Une secousse fit trembler le sol, remuant quelques cendres.—C’est encore Grimard, ça? s’exclama Opaz en plissant le nez.C’était le comique de l’équipe. Toujours à faire des blagues, vaseus
Maya traversait les couloirs aseptisés du bâtiment vingt-deux des Vétéris. C’était dans ce quartier au nord-est d’Elysia, à la jonction entre le Cercle et l’Hexagone que se trouvaient les habitations des membres les plus âgés de la société élyséenne. Certains de ces immeubles n’étaient que de pures résidences, d’autres étaient partiellement ou totalement médicalisées pour subvenir aux besoins de leurs locataires.Elle leva un sourcil interrogateur en apercevant une silhouette longiligne devant elle. Que fait Richard Flyn à se balader dans les Vétéris?Son regard bleu était perdu dans le vide. Des plis soucieux se creusaient autour de ses yeux. Un tic agitait ses mains, son pouce droit frappant chacun de ses doigts un par un. Il fixait un point que seul lui pouvait voir, marmonnant à haute voix.—Flyn, le salua-t-elle de son timbre clair. Décidément, je ne peux pas faire deux pas sans tomber sur vous.Il parut sortir de sa transe et mit une second