Diriger en ouvrant la voie.Guider pour protéger.Prestige et chemin mêlés.Mes mots, précisément. Il y a plus de quatre ans, alors que je me tenais face à la silhouette éventrée de l’Étoile d’Elysia. L’image du corps d’Elias écrasé sur les marches de marbre encore en tête. Ces mots s’étaient comme imposés à moi, comme une certitude. Alors je les avais soufflés, avec toute la conviction que je pouvais avoir. Le désir de paver un chemin nouveau pour le futur, d’apprendre de nos erreurs, de ne pas les répéter. De faire en sorte que le sacrifice d’Elias ne soit pas vain.Ce que j’ignorais, c’est que ces mots, ces Serments, étaient bien plus.C’était des portes.*Dans une chambre des étages supérieurs de Concordia, Inaya prononçait son Serment avant de disparaître dans la lumière de la Faille. Au même instant, sa contrepartie du présent, Destiny, murmurait elle aussi les mots qui avaient guidé sa vie depuis. L
On ne lève pas une rébellion en quelques jours ma fille…Pourtant Claire n’avait pas le choix. Ça faisait deux semaines que la garde Coral avait quitté Orancia. Ils devaient être aux côtes d’Elysia. Elle avait consacré chaque minute de son temps à monter les Abyssaux contre le Pinacle, aller au contact des citoyens, utiliser le réseau des Affranchis, voire du Conseil d’Administration. Elle n’avait trouvé que des gens vidés de leur énergie, qui avait perdu l’envie de se battre. Ils acceptaient leur sort, les épaules baissées. Ils avaient essayé de se rebeller contre Orancia et pour quel résultat? Ils étaient toujours pauvres et même ceux qui luttaient pour eux les avaient abandonnés. Comment les blâmer?Claire n’avait rien d’un leader. Elle le savait. Certaines personnes étaient nées pour diriger. Elle, l’était pour écrire. Elle prit une grande bouffée d’air. Et appuya sur sa montre d’interface. Chaque écran d’Orancia, du Pinacle aux Abysses, devint noir
Je savourais chaque pas en montant le long escalier de marbre menant au Concil. J’aurais aimé que la situation m’offre plus de temps pour en profiter. Mes doigts glissèrent avec plaisir sur la poignée d’or. J’avais attendu suffisamment longtemps avant de remettre le pied ici.Un brouhaha régnait dans la salle centrale du Concil. Le Parlement. Quelque cinq cents Psys débattaient stérilement, s’invectivant, s’apostrophant. Des enfants se battant pour savoir lequel avait le plus gros jouet. Dressée dans l’entrée, à l’exact opposé de moi, je croisai le regard de Lyna. Elle hocha la tête. Je redressai le nœud de ma cravate, et repoussai une mèche de mes cheveux arrivant à ma nuque.—Silence.Tous se turent instantanément sans que j’aie besoin de hausser la voix. S’il y a quatre ans, face à ORGANA, l’élite d’Elysia n’avait été qu’un tas de couards, ils atteignaient un tout autre niveau aujourd’hui.—Je vous ai manqué?Plusieurs remuèrent s
Elias était perdu au milieu d’une marée de Leukos. Son sabre virevoltait, tranchant, coupant, parant. De l’ichor bleuté fusait dans l’air. Il n’entendait même plus le cri inhumain des Leukos. En se retournant, il s’aperçut qu’il avait taillé lui-même une percée au sein des forces ennemies. Seule Maya arrivait à le suivre. Leurs styles de combats n’avaient rien à voir. Elle était tantôt aérienne, tantôt frontale, fonçant brutalement vers ses adversaires. Lorsqu’ils comprenaient que la petite cible de chair ne fuyait pas devant eux, c’était trop tard. Ses couteaux d’argent s’enfonçaient dans l’albâtre et la lumière s’éteignait dans le bleu glacial de leurs yeux. Sa tenue de cuir était déchirée à d’innombrables endroits laissant entrevoir sa peau mate, mais pas la trace d’une blessure. Elle était sauvage, indomptable… Inarrêtable.Magnifique, pensa Elias.Il esquiva un bras surnaturellement étiré et s’aida du corps d’un Leuko pour se propulser avant de trancher la tête d’un
Trois mois plus tard. L’aube pointait son nez, teintant de couleurs froides les rues vides d’Elysia. C’était le moment le plus calme de la journée. Juste entre la fin des Vespers et le réveil de la ville. Je resserrai les pans de ma veste autour de moi. Le temps était encore frais pour ce printemps déjà bien avancé.À la mémoire de Richard Flyn,Homme du peuple, mort pour le servir.L’Ordre ne fait pas la grandeur. Comme chaque matin, je venais fixer la plaque érigée en l’honneur de l’homme exceptionnel qu’avait été Richard Flyn. Je savais ce qu’il aurait pensé en voyant la coûteuse feuille d’argent à la calligraphie sophistiquée ornant l’entrée du Concil. Il se serait moqué.Putain, gamin, une plaque je veux bien, mais devant le Concil?! Mieux vaut encore aux pieds des Vétéris et leurs p’tits vieux en couche-culotte!Je pouvais pr
Né à Bordeaux, c’est dans la belle endormie que Victor-Emmanuel a vécu ses 25 premières années. Aujourd’hui pharmacien-biologiste, il a toujours été passionné, aussi loin qu’il s’en souvienne, par la fiction. Nourrir l’imaginaire pour échapper à la réalité. Du polar à la fantasy, du thriller à la science-fiction, ses lectures depuis son plus jeune âge ont alimenté son inspiration. Jusqu’au jour où porté par le désir de faire vivre les histoires qui y sont nées, il décide de leur donner voix à travers ses mots.
Cheveux au vent, sourire aux lèvres, une jeune fille appréciait la douce chaleur des derniers rayons du soleil sur sa peau. En contrebas du pic sur lequel elle était assise s’étendaient des champs à perte de vue, où poussaient d’immenses chrysalides de cristal. En face, réfléchissant par milliers les ultimes lueurs du crépuscule, un château de diamant siégeait, majestueux, sur des fondations rocheuses.Un sentiment de paix intense se dégageait de la vision. De sérénité.Le soleil disparut. Elle ouvrit les yeux, embrassant du regard le paysage. Soudain, le décor changea. Le ciel rougeoyait toujours, mais semblait refléter les flammes qui dévoraient la plaine. Une silhouette entourée d’ombres marchait sur l’herbe, désormais cendrée, s’avançant dans sa direction. Intimement, la jeune fille savait. La silhouette venait pour elle. Et elle ne pourrait lui échapper.Elle plongea son regard dans celui du prédateur, se préparant à affronter la vision de deux yeux mécaniques
Le vent soufflait doucement dans les rues sales du Gouffre, charriant les odeurs de pourriture des poubelles à l’air libre. Veil Deylor remonta le foulard qui couvrait sa bouche en plissant le nez. Son sac de toile élimé pesait sur son dos et un morceau de métal lui rentrait entre les côtes. Les allées sombres se densifiaient à l’approche du marché. Il espérait que ses trouvailles du jour soient suffisantes… Un clochard le bouscula, mais Veil ne réagit pas. Il connaissait les techniques de vol, mais il n’avait rien de valeur sur lui. Il s’approcha d’un mendiant édenté à l’odeur si pestilentielle que les ordures évoquaient d’agréables eaux de toilette.—Loy, est-ce que tu sais si Issam est déjà passé?—J’l’ignore, répondit Loy. Tu as quelque chose pour moi?—Toujours, sourit Veil, en lui tendant un quignon de pain rassis.Loy se jeta dessus comme si l’on venait de lui offrir le meilleur mets au mon