LAURIEJe n’en reviens toujours pas. Moi, assistante d’Alexander Knight ? C’est comme si je vivais un rêve éveillé. Tandis que je savoure ma glace, une vague d’excitation mêlée de nervosité me submerge. Mon esprit tente encore de digérer la nouvelle. Bien sûr, je suis ravie, mais une petite voix intérieure me souffle que quelque chose cloche. Pourquoi cette attention si particulière de sa part ? Ce n’est pas tous les jours qu’un PDG fait le déplacement en personne pour recruter une simple serveuse. C’est étrange... presque trop beau pour être vrai.Mario arrive avec le champagne et remplit nos coupes. Il me lance un regard curieux, sûrement intrigué par cette situation inhabituelle. C’est vrai, je ne devrais pas être à cette table. Mon rôle, c’est de servir les clients, pas de trinquer avec eux. Mais ce soir, tout semble différent, presque irréel. Les autres clients nous observent, et je sens leurs regards posés sur moi. Mais je m’en fiche. Je n’ai jamais été du genre à me soucier des
ALEXANDERLe restaurant s’est vidé et nous avons terminé nos glaces. Laurie est attentive, absorbant chaque mot que je prononce. Je dois dire que je suis agréablement surpris. Elle est concentrée, réceptive, presque fascinée par tout ce que je dis. Ce n’est pas fréquent de rencontrer quelqu’un d’aussi motivé.Mais soudain, elle se lève, visiblement embarrassée.— Je crois que j’ai un peu abusé de votre temps, Alexander. Et de celui de mes collègues. Je vais devoir aller les aider.Je hoche la tête.— Je comprends.Elle jette un coup d’œil à l’horloge murale et grimace.— Oh non, déjà deux heures ? J’ai raté le dernier métro…Elle me sourit, un peu gênée.— Je vais marcher, ça me fera du bien.Elle me tend la main.— Bonne soirée, Alexander, et encore merci. À lundi.— Appelez-moi Alexander, je rappelle en souriant.Elle hoche la tête, troublée.— D’accord… Alexander. Bonne soirée.Je la regarde s’éloigner, mais je ne peux m’empêcher de lui demander, avant qu’elle ne parte :— Vous ne
laurieMonsieur Knight a proposé de me raccompagner en voiture, et même si j’ai d’abord refusé par politesse, je dois avouer qu’une fois confortablement installée dans son véhicule, je me félicite d’avoir accepté. Après une longue journée de travail, je n’aurais jamais tenu plus d’une heure de marche pour traverser Paris. Le cuir moelleux du siège m’englobe, la climatisation est parfaite, et tout est calme. Enfin, presque tout.Le seul bémol ? Le silence pesant entre nous. Monsieur Knight n’a pas dit un mot depuis que nous sommes montés dans la voiture. Je pourrais rompre cette atmosphère glaciale, mais il m’intimide. Et puis, j’ai peur de dire quelque chose de déplacé. C’est mon patron après tout.Je tente de me concentrer sur le fait que mercredi, je pars pour les États-Unis. Ce contrat, c’est tout pour moi. C’est la preuve que toutes ces années de sacrifices n’auront pas été vaines. Mais malgré l’excitation de cette perspective, je n’arrive pas à me détendre.— Vous devez être impa
AlexanderJe regarde Laurie s’éloigner dans le rétroviseur, son visage marqué par une expression de stress qu’elle tente de dissimuler. Je sais que je lui ai mis une pression supplémentaire avec ce dîner, mais c’est nécessaire. Ce contrat est crucial pour l’entreprise, et je dois m’assurer qu’elle est pleinement préparée.Je redémarre la voiture et m’engage dans la circulation parisienne, mes pensées tourbillonnant autour de cette jeune femme ambitieuse et déterminée. Laurie a un potentiel énorme, mais elle est encore jeune et inexpérimentée. Je dois la guider, la pousser à se dépasser, tout en veillant à ce qu’elle ne se brûle pas les ailes.Je me gare devant mon immeuble et monte à mon appartement. Les lumières s’allument automatiquement, révélant un intérieur moderne et épuré. Je me sers un verre de whisky et m’installe sur le canapé, mon regard se perdant dans les lumières de la ville.Je prends une gorgée de whisky, savourant la brûlure dans ma gorge. Demain soir sera décisif. Je
LaurieJe cours dans tous les sens, déjà en retard, et la panique commence à me gagner. Je prends une tenue de rechange et la fourre dans mon sac à dos, juste au cas où. Il est hors de question d’arriver à ma vacation trop bien habillée et de donner l’impression que je me prends pour une princesse.J’ai pris un moment pour appeler “La Tour de Paris”, le restaurant où nous avons prévu de dîner. Pas question de laisser les choses au hasard, surtout avec quelqu’un comme Monsieur Knight. J’ai demandé à parler au chef, histoire de m’assurer que tout soit en ordre, mais apparemment, il n’était pas encore arrivé. Super... J’ai laissé un message pour prévenir de notre retard, espérant simplement qu’ils n’allaient pas me faire payer la note pour ce contretemps. La dernière chose dont j’ai besoin, c’est que le restaurant fasse une scène à cause d’un timing serré, ou pire, qu’ils mangent ma commission sur ce léger retard.Je soupire intérieurement en me disant que tout devrait bien se passer. Ma
LAURIEIl est déjà là. Instinctivement, je jette un coup d’œil à ma montre. Pile à l’heure, comme prévu. Pas une minute de plus, pas une minute de moins. Ça me stresse encore plus de savoir qu’il est aussi ponctuel. Tout est calculé, tout est sous contrôle avec lui, et ça ne fait que renforcer cette sensation de rigidité qui semble entourer le personnage. Je prends une profonde respiration en m’approchant. À travers les vitres teintées de sa Maserati Quattroporte, je le vois me fixer. Aucune expression sur son visage, pas le moindre sourire pour alléger l’atmosphère. Il ne fait rien pour rendre la situation plus agréable, bien au contraire.“Super pour casser l’ambiance...” me dis-je, un peu nerveuse.Je m’approche un peu plus, le cœur battant plus fort à chaque pas. Même si je l’ai déjà vu sourire lors de notre première rencontre, il n’en reste pas moins impressionnant. Sa réputation le précède, c’est le moins qu’on puisse dire. On parle de lui comme d’un homme autoritaire, froid et
ALEXANDERElle est ponctuelle, je ne peux pas lui reprocher ça. Elle était pile à l’heure, assise dans la voiture avec son sac à main et un sac à dos.Je ne dis rien pour l’instant, je n’ai pas encore digéré son mensonge, mais nous en parlerons une fois arrivés au restaurant. Il est essentiel que je puisse faire confiance à mon assistante si nous voulons progresser ensemble.Pour un dimanche soir, il y a un peu de circulation dans la capitale, probablement à cause des retours de week-end.Le silence règne, et je vois qu’elle n’ose pas parler non plus. Très bien, gardons notre énergie pour le dîner.Je me gare dans le petit parking du restaurant. Elle reconnaît l’endroit et se fige.Je me tourne vers elle :— Tu as travaillé ici, mais as-tu déjà goûté leur cuisine ?— Jamais, hors budget, répond-elle.Je fronce les sourcils. Elle me sourit et répète :— Je n’ai pas vraiment les moyens pour ce genre de restaurant. Mais je sais que les clients adorent, ils reviennent souvent, donc j’imag
LaurieLAURIEJ’ai signé après avoir tout lu, tant pis si cela a pris un peu de temps et si Alexander Knight a dû demander deux fois au serveur de revenir. En plus, le serveur, c’est Archibald. Je ne l’aime pas. Et dans un sens, je suis contente de ne pas travailler ce soir, car il m’aurait encore draguée. Dans le genre lourd, c’est un champion.Je n’ai jamais eu aussi honte de ma vie que lorsque j’ai dû avouer que j’avais menti, mais en même temps, je n’ai jamais été la championne du mensonge.Je tends le contrat à Alexander. Il le regarde, signe à son tour, puis le range soigneusement dans sa serviette en cuir.— Tu auras une copie demain.— Merci, réponds-je d’une voix un peu tremblante.Il me fixe, son regard perçant me met mal à l’aise. Je sens mes joues chauffer tandis qu’il se penche légèrement vers moi.— Parlons peu, parlons bien, Laurie. Pour le voyage aux États-Unis, tu devras être sur ton 31. Ne le prends surtout pas mal, ce n’est pas un jugement. Mais as-tu des tailleurs,
Je serre les poings, la colère montant, chaude, familière. Dommage collatéral. Comme à l’orphelinat, quand j’étais juste une gamine qu’on pouvait laisser derrière. Alexander intervient, sa voix basse mais ferme.— On a besoin des détails, Amadeus. Les dossiers, les noms, tout ce qui peut le coincer. Il est hors de question qu’il s’en prenne à elle encore une fois.Amadeus hoche la tête, se lève avec sa canne, et disparaît dans un couloir, nous laissant seuls. Le silence retombe, et je sens le regard d’Alexander sur moi, lourd, insistant. Je me lève, incapable de rester assise, et je marche vers les étagères, feignant d’examiner les livres, mais mes mains tremblent.— Tu pouvais pas te taire, hein ? dit-il enfin, la voix tendue.Je pivote, le fusillant du regard.— Me taire ? C’est lui qui a foutu nos vies en l’air, Alexander ! Toi, t’as eu une famille, un avenir. Moi, j’ai eu que dalle à cause de lui. Et maintenant, je suis une cible parce qu’il a merdé avec Stahl ? J’ai le droit de p
LaurieLe manoir d’Amadeus se dresse devant nous comme une ombre du passé, une bâtisse massive en pierre grise perdue dans la campagne normande, entourée de pins tordus par le vent. La route depuis Paris a été longue, presque quatre heures dans la berline d’Alexander, et le silence entre nous a pesé plus lourd que jamais. Il a conduit, concentré, les mains crispées sur le volant, et moi, j’ai fixé la vitre, les champs humides défilant sous un ciel bas, essayant de ne pas repenser à hier soir – à cette pluie, à cet auvent, à ses mots qui m’ont laissée tremblante et furieuse. « J’ai jamais voulu te laisser, Laurie. » Ça tourne en boucle dans ma tête, et je déteste ça, cette façon qu’il a de fissurer mes défenses sans même essayer.On est là pour Stahl, cet enfoiré qui a tenté de me tuer. Alexander a eu une piste – un vieux contrat douteux signé par Amadeus il y a des années, un truc qui lie Stahl à Knight Enterprises. Il a insisté pour qu’on vienne voir son père adoptif en personne, par
Le silence s’installe à nouveau, plus lourd que jamais, comme une chape de plomb qui étouffe les mots que je n’aurais jamais dû laisser échapper. Je me maudis intérieurement, le goût amer du regret me serrant la gorge. Pourquoi ai-je parlé ? Pourquoi ai-je laissé cette brèche s’ouvrir entre nous ? Les pneus de la voiture crissent doucement sur le chemin de gravier, et je garde les yeux fixés sur la route, évitant son regard. Dehors, le monde défile dans une morosité oppressante, les pins sombres dressés comme des sentinelles sous un ciel gris, épais, qui semble prêt à s’effondrer sur nous.On arrive au manoir en fin d’après-midi, l’ombre de la bâtisse se découpant contre l’horizon terni. Les fenêtres hautes, à moitié voilées par des rideaux épais, donnent à l’endroit un air de secret bien gardé. Une tension nouvelle palpite dans l’air, et je la sens au creux de mes os – ce n’est pas juste de la colère, non, c’est autre chose. Quelque chose de plus profond, de plus insidieux, comme une
AlexanderLe lendemain matin, je suis au bureau à 7h30, une tasse de café noir à la main, les nerfs à vif. Marc arrive pile à 8h, avec son air de geek fatigué et un dossier sous le bras.— Stahl a bougé, dit-il sans préambule, s’asseyant en face de moi. On a intercepté un mail – crypté, mais pas assez. Il prépare un coup, probablement sur le projet Hargrove. Et y a un nom qui revient : Amadeus.Je serre la tasse, le liquide brûlant éclaboussant mes doigts.— Ce vieux con, grogné-je. Il m’a juré qu’il était hors du jeu.— Il ment, ou il sait pas tout, réplique Marc. Faut qu’on creuse ses archives perso. Les originaux, pas les copies numériques. S’il a encore des dossiers chez lui, c’est là qu’on trouvera ce qu’il faut pour coincer Stahl.Je hoche la tête, la décision prise avant qu’il finisse.— On y va aujourd’hui. Normandie. Prépare tout.Marc acquiesce et sort, me laissant seul avec cette idée qui me tord les tripes – retourner chez Amadeus, fouiller son passé, et traîner Laurie là-
AlexanderLe moteur de la berline ronronne encore dans mes oreilles, même après que j’ai coupé le contact devant mon appart, un loft froid et trop grand au bord de la Seine. Il est minuit passé, les rues de Paris sont luisantes de pluie, et je suis trempé jusqu’aux os, le costard collant à ma peau comme une seconde peau que je voudrais arracher. Mais c’est pas la pluie qui me fout dans cet état. C’est elle – Laurie, son regard sous cet auvent, ses mots qui m’ont coupé comme une lame : « T’as rien fait pour moi là-bas. » Elle a raison, et ça me tue, parce que je peux pas lui dire la vérité, pas encore, pas comme ça.Je monte chez moi, balance ma mallette sur le comptoir, et vais direct au bar pour me servir un whisky – un double, sec, sans glace. La brûlure de l’alcool me réveille, chasse un peu cette fatigue qui me colle depuis hier, depuis que j’ai vu ce flingue braqué sur elle dans la cour. J’ai pas dormi, pas vraiment, trop occupé à traquer Stahl avec Marc, à creuser les serveurs,
Alexander— T’avais mieux, peut-être ? Rester plantée là-bas à te noyer ?Elle me fusille du regard, ses yeux bleus brillants sous la lumière tremblante d’un lampadaire, et je vois l’eau perler sur ses cils, glisser sur ses joues. Elle est trempée, son tailleur collant à sa silhouette, et je détourne les yeux, vite, parce que je veux pas voir ça – pas comme ça, pas maintenant. Mais elle bouge pas, reste là, à quelques centimètres, et le silence s’installe, lourd, chargé d’une tension que je peux pas ignorer.Je lève les yeux vers le ciel, la pluie qui martèle le toit au-dessus de nous, et je grogne un juron à mi-voix. On est coincés, le temps que ça se calme, et je sens son regard sur moi, discret mais insistant, comme à New York dans ce couloir d’hôtel. Ça me fout les nerfs, cette façon qu’elle a de me scruter, de chercher quelque chose que je veux pas lui donner. Mais ce soir, je suis fatigué – de Stahl, d’Amadeus, de cette journée interminable – et je sens mes défenses craquer, jus
AlexanderLa salle de réunion est une cage de verre au dernier étage de Knight Enterprises, et ce soir, elle me semble plus étroite que jamais. Il est 21h passées, les néons bourdonnent au-dessus de nos têtes, et l’équipe est encore là, penchée sur des plans, des chiffres, des projections pour le projet Hargrove. Laurie est à ma droite, son ordinateur ouvert, tapant des notes avec une précision qui frôle l’obsession. Elle a pas levé les yeux vers moi depuis des heures, pas depuis l’attaque d’hier, pas depuis que je l’ai ramenée chez elle et que j’ai posé ma main sur la sienne comme un con. Elle est froide, distante, un mur de glace entre nous, et je devrais m’en foutre. Mais ça me ronge, cette façon qu’elle a de m’ignorer, comme si j’étais juste son boss, rien de plus.La réunion traîne, les ingénieurs débattent d’un ajustement technique, et je sens la fatigue peser sur mes épaules, un poids qui s’ajoute à la tension qui me noue les tripes depuis hier. L’image de cette moto, de ce flin
Alexander— T’avais mieux, peut-être ? Rester plantée là-bas à te noyer ?Elle me fusille du regard, ses yeux bleus brillants sous la lumière tremblante d’un lampadaire, et je vois l’eau perler sur ses cils, glisser sur ses joues. Elle est trempée, son tailleur collant à sa silhouette, et je détourne les yeux, vite, parce que je veux pas voir ça – pas comme ça, pas maintenant. Mais elle bouge pas, reste là, à quelques centimètres, et le silence s’installe, lourd, chargé d’une tension que je peux pas ignorer.Je lève les yeux vers le ciel, la pluie qui martèle le toit au-dessus de nous, et je grogne un juron à mi-voix. On est coincés, le temps que ça se calme, et je sens son regard sur moi, discret mais insistant, comme à New York dans ce couloir d’hôtel. Ça me fout les nerfs, cette façon qu’elle a de me scruter, de chercher quelque chose que je veux pas lui donner. Mais ce soir, je suis fatigué – de Stahl, d’Amadeus, de cette journée interminable – et je sens mes défenses craquer, jus
AlexanderLa salle de réunion est une cage de verre au dernier étage de Knight Enterprises, et ce soir, elle me semble plus étroite que jamais. Il est 21h passées, les néons bourdonnent au-dessus de nos têtes, et l’équipe est encore là, penchée sur des plans, des chiffres, des projections pour le projet Hargrove. Laurie est à ma droite, son ordinateur ouvert, tapant des notes avec une précision qui frôle l’obsession. Elle a pas levé les yeux vers moi depuis des heures, pas depuis l’attaque d’hier, pas depuis que je l’ai ramenée chez elle et que j’ai posé ma main sur la sienne comme un con. Elle est froide, distante, un mur de glace entre nous, et je devrais m’en foutre. Mais ça me ronge, cette façon qu’elle a de m’ignorer, comme si j’étais juste son boss, rien de plus.La réunion traîne, les ingénieurs débattent d’un ajustement technique, et je sens la fatigue peser sur mes épaules, un poids qui s’ajoute à la tension qui me noue les tripes depuis hier. L’image de cette moto, de ce fli