Laurie)Le bureau est trop silencieux ce matin, un contraste brutal avec le chaos qui me ronge depuis le manoir d’Amadeus. Je suis assise à mon poste, un café tiède à la main, les yeux fixés sur l’écran où des colonnes de chiffres défilent – projections budgétaires pour Hargrove, délais serrés, specs techniques. Tout ce que je peux contrôler, tout ce qui me donne l’illusion que je maîtrise encore quelque chose. Mais mes pensées s’égarent, reviennent sans cesse à lui – Alexander, ses mains sur mes épaules dans cette bibliothèque, son souffle si proche que j’ai cru, l’espace d’une seconde, qu’il allait m’embrasser. Et puis ce recul, ce « Merde » murmuré, comme s’il regrettait déjà. Je serre la tasse, le bord brûlant contre mes paumes, et je me force à respirer. Il ne m’aura pas. Pas encore. Pas après tout ce qu’il m’a fait.Je pose le café, ouvre le dossier que j’ai ramené du manoir – celui qu’Amadeus nous a donné, jauni par le temps, avec ses contrats poussiéreux et ses notes griffonné
Je me raidis sur ma chaise, les murmures de l’équipe bourdonnant autour de moi comme un essaim d’abeilles agitées. Protection rapprochée ? Les mots d’Alexander résonnent dans la salle de réunion, aussi tranchants qu’un verdict. Comme si j’étais une gamine incapable de se débrouiller seule, une poupée fragile qu’on doit mettre sous cloche. Je serre mon stylo si fort que le plastique craque légèrement, la colère montant comme une vague brûlante dans ma poitrine. Mes lèvres se pincent, retenant un flot de protestations. Pas ici, pas devant tout le monde. Je hoche la tête, un geste mécanique, mais mes yeux lancent des éclairs qu’il ne peut ignorer.Il continue, imperturbable, détaillant la logistique du voyage à Londres – horaires, itinéraires, protocoles de sécurité. Sa voix, grave et assurée, emplit la pièce, mais je l’écoute à peine. Mes pensées dérivent, s’accrochent à la photo pliée dans ma poche, cette femme aux yeux perçants qui pourrait être la clé de tout… ou une énième impasse.
laurieLa porte de la salle de réunion se referme derrière moi, mais l’écho de la voix d’Alexander me poursuit, ses mots – Je veux juste te garder en vie – vibrant dans mon esprit comme une accusation. Je m’arrête dans le couloir désert, le souffle court, mes doigts crispés sur la lanière de mon sac. Pourquoi faut-il qu’il complique tout ? Pourquoi faut-il que son regard, sa présence, me fasse perdre mes moyens, même quand je veux juste le détester ? Je secoue la tête, chasse ces pensées, et me dirige vers mon bureau, le claquement de mes talons résonnant dans le silence du bâtiment.En m’effondrant sur ma chaise, je sens la photo dans ma poche, son bord acéré contre ma cuisse, comme un rappel brûlant de ce qui est en jeu. Je la sors, déplie le papier avec précaution, et fixe le visage de cette femme – cheveux noirs, yeux perçants, un sourire énigmatique qui semble me défier. Qui est-elle ? Une alliée de Stahl ? Une pièce du puzzle tordu d’Amadeus ? Ou juste une autre fausse piste dan
laurieAssise sur mon lit, dans l’appartement vide, je fixe le téléphone dans ma main, la voix de Carter encore résonnant dans mon esprit. Il m’a demandé de tes nouvelles, Laurie. Ces mots tournent en boucle, chacun rouvrant une vieille plaie que je croyais cicatrisée. Alexander, demandant après moi, des années plus tôt, à une soirée pour anciens orphelins. Pourquoi ? Pourquoi s’intéresser à moi, après tout ce temps, après m’avoir laissée derrière ? Je pose le téléphone sur la couette, mes doigts tremblants, et sors la photo de ma poche, la dépliant avec précaution. Le visage de la femme me fixe, ses yeux perçants semblant me défier, comme si elle connaissait mes secrets.L’appartement est silencieux, mes colocs sortis pour une fois, et le calme amplifie le chaos dans ma tête. Je repense à la réunion, à la manière dont Alexander m’a retenue, à ce moment où il s’est approché, trop près, son parfum envahissant mes sens. Je veux juste te garder en vie. Ses mots étaient sincères, je le sa
L’appartement est plongé dans l’obscurité, le silence seulement brisé par le bourdonnement lointain du frigo. Assise sur mon lit, je fixe la photo, posée comme une accusation sur la couette. La femme me regarde, son sourire énigmatique me défiant de trouver des réponses là où il n’y a que des questions. Mes doigts tremblent légèrement, et je repose le papier, le glissant sous mon oreiller comme si ça pouvait contenir le chaos qu’il représente. Mais il est trop tard – Stahl, Amadeus, Alexander, tout se mélange dans ma tête, un tourbillon qui refuse de me laisser en paix.Je me lève, fais les cent pas, mes pas étouffés par le tapis usé. L’absence de mes colocs rend l’appartement étrangement vide, presque hostile. D’habitude, leurs rires, leurs disputes, me distraient, me ramènent à une normalité dont j’ai désespérément besoin. Mais ce soir, je suis seule avec mes pensées, et elles sont plus dangereuses que n’importe quelle balle. Je repense à la réunion, à la voix d’Alexander, à ce mome
laurieJe repense à notre confrontation, à la manière dont il s’est approché, trop près, son parfum – bois et épices – envahissant mes sens. Je veux juste te garder en vie. Ces mots, sincères, me hantent, parce qu’ils révèlent une vérité que je refuse d’accepter : il tient à moi, d’une façon ou d’une autre, et ça complique tout. Je veux le détester pour son paternalisme, pour cette protection qui ressemble à une cage, mais une part de moi – celle que je maudis – veut croire qu’il y a plus, qu’il y a encore quelque chose du garçon que j’ai connu, celui qui partageait mes silences dans un orphelinat froid.Carter a rouvert cette plaie, avec ses mots sur cette soirée, sur Alexander demandant de mes nouvelles. Il n’a pas oublié. Pourquoi faut-il que ça fasse mal ? Pourquoi faut-il que ça me donne envie de creuser, pas seulement dans l’affaire, mais dans lui, dans ce qu’il cache derrière ses murs ? Je secoue la tête, agacée par ma propre faiblesse. Ce n’est pas le moment de m’égarer, pas av
Alexander)Londres est un brouillard gris ce matin, une bruine collante qui s’infiltre sous mon col et me met les nerfs à vif. Je suis dans une salle de conférence vitrée, au dernier étage d’un gratte-ciel qui surplombe la Tamise, face à Hargrove et ses investisseurs – une bande de vautours en costard qui dissèquent chaque mot, chaque chiffre. Le contrat est sur la table, des millions en jeu, et je devrais être à fond, mon masque de PDG bien en place, chaque réponse calibrée pour les écraser. Mais je suis ailleurs. Mes yeux glissent sans cesse vers Laurie, assise à l’autre bout de la table, son tailleur gris impeccable, ses lunettes perchées sur son nez, tapant des notes avec une précision qui frôle l’obsession. Elle est là, vivante, intacte, mais je peux pas m’empêcher de revoir cette moto, ce flingue, son visage blême quand je l’ai relevée dans la cour.Je me force à me concentrer, réponds à une question sur les délais – « Quatre mois, garanti, avec une équipe renforcée » – et Hargro
Partie 1 : La confrontation (800 mots)Les portes de l’ascenseur se refermèrent avec un chuintement, m’isolant dans un silence oppressant. Laurie. Son nom pulsait dans ma tête, syncopé avec le battement de mon cœur. Hier, je l’avais surprise, penchée sur ce dossier, ses doigts tremblants effleurant une photo qu’elle avait glissée dans sa poche comme un voleur. Elle croyait que je n’avais rien vu. Elle se trompait. Kessler – un nom que Marc avait lâché au téléphone – ne signifiait rien pour moi, mais Amadeus, ce spectre insaisissable, était le fil rouge de cette tempête. J’avais promis à Marc de creuser, mais Laurie était ma première piste. Elle savait quelque chose, et je n’allais pas attendre qu’elle daigne parler.Le dîner était une mascarade. Le restaurant, avec ses lustres en cristal et ses serveurs en gants blancs, ne masquait pas la tension qui nous enchaînait. Laurie triturait son risotto, ses yeux fuyants, perdus quelque part où je n’avais pas accès. Moi, je faisais semblant d
De retour au bureau après Londres, je me noie dans le travail pour fuir les souvenirs. Alexander, son bras autour de moi, sa voix rauque disant « T’es pas seule ». Ces mots me hantent, me déchirent. Je ne peux pas craquer, pas pour lui, pas après ses accusations, ses doutes. Alors je l’évite, me cache derrière mon tailleur gris, mes lunettes, mes dossiers. Mais la photo me poursuit, implacable.Cette femme. Son regard glacial, son lien avec l’orphelinat. J’ai passé la nuit à fouiller des archives en ligne, et un nom a surgi : Elena Kessler. Assistante d’Amadeus, disparue dans les années 90 après un scandale. Rien de solide, mais assez pour me convaincre qu’elle est au cœur de tout – peut-être liée à Stahl, peut-être à moi. Je veux en parler à Alexander, mais Londres m’a laissée à vif. Sa chaleur, son souffle – c’est trop risqué. Alors je creuse seule, un secret comme une forteresse.Ce midi, je m’enferme aux archives, un sous-sol où la poussière étouffe tout. Je fouille des boîtes, ch
Je prends mon téléphone, hésite. Je devrais appeler Marc, lui parler d’Elena, mais mes doigts tremblent. Alexander. Je revois ses yeux, sa colère, sa chaleur. Il sait quelque chose, lui aussi, mais il ne me fait pas confiance. Et moi, est-ce que je peux lui faire confiance ? Pas après ce baiser, pas après cette trahison.Je repose le téléphone, me lève, et retourne aux archives. Seule. Si Elena est la clé, je la trouverai, avec ou sans lui. Mais au fond, je sais que ce n’est pas juste Elena qui me pousse. C’est l’orphelinat. C’est moi. Et quelque part, dans ce chaos, Alexander est devenu une partie de l’équation, que je le veuille ou nonLe ciel de Paris est un linceul gris, un miroir de la tempête qui fait rage en moi. De retour au bureau après Londres, je me noie dans le travail pour fuir les souvenirs de cette nuit. Alexander, son bras autour de moi, sa voix murmurant « T’es pas seule ». Ces mots me hantent, me terrifient. Je ne peux pas me permettre de craquer, pas pour lui, pas a
LAURIEParis s’étend sous un ciel gris, un voile de plomb qui reflète le chaos dans ma tête. De retour au bureau après Londres, je me noie dans le travail pour échapper aux souvenirs de cette nuit. Alexander, sa chaleur, sa voix rauque murmurant « T’es pas seule ». Ces mots tournent en boucle, me terrifient. Je ne peux pas craquer, pas pour lui, pas après ses accusations, ses regards qui me dissèquent. Alors je l’évite, me barricade derrière mon tailleur gris, mes lunettes, mes dossiers. Knight Enterprises est mon armure, mais elle craque sous le poids de la photo.Cette femme. Son regard froid, ses traits gravés dans ma mémoire. Elena Kessler. J’ai passé des heures sur Internet, fouillant des archives poussiéreuses en ligne. Assistante d’Amadeus dans les années 90, disparue après un scandale financier. Un fantôme, mais un fantôme lié à l’orphelinat, à Stahl, peut-être à moi. Je veux en parler à Alexander, mais Londres m’a brûlée. Sa proximité, son souffle contre ma peau – c’est trop.
AlexanderL’adresse que Marc avait envoyée était à une heure de route, un entrepôt désaffecté à la périphérie de la ville. Laurie et moi roulions en silence, la tension entre nous presque palpable. Les phares de la voiture perçaient l’obscurité, mais ils ne pouvaient pas éclairer les ombres dans nos esprits. Je jetais des coups d’œil dans le rétroviseur, guettant des signes de poursuite. Marc avait raison – nous étions suivis. Je le sentais, un instinct primal qui me hurlait de rester sur mes gardes.Laurie, à côté de moi, serrait ses mains sur ses genoux, ses yeux fixés sur la route. Elle avait enfilé un pull sombre et attaché ses cheveux, mais je voyais encore la fragilité de tout à l’heure, cachée sous cette armure qu’elle s’était forgée. Je voulais lui dire quelque chose, n’importe quoi pour briser ce silence, mais les mots me manquaient. Qu’est-ce qu’on dit à quelqu’un qui pourrait être à la fois ton alliée et ton ennemie ?— Tu as déjà tué quelqu’un ? demanda-t-elle soudain, sa
AlexanderLe silence entre nous était lourd, chargé d’une tension que ni elle ni moi n’osions nommer. Laurie restait blottie contre moi, sa respiration encore irrégulière, comme si elle luttait pour chasser les fantômes de son cauchemar. Je sentais la chaleur de son corps, la fragilité de ce moment, et pourtant, mon esprit tournait à plein régime. La photo. L’orphelinat. Stahl. Chaque mot qu’elle avait lâché ouvrait une porte sur un passé que je n’étais pas sûr de vouloir affronter.— Parle-moi, dis-je enfin, ma voix plus douce que je ne l’aurais voulu. Cette femme… qui est-elle pour toi ?Laurie se redressa légèrement, s’écartant juste assez pour que je sente le vide là où elle était. Elle passa une main dans ses cheveux, évitant mon regard.— Je ne sais pas, avoua-t-elle, la voix basse. Pas vraiment. Mais quand j’ai vu la photo, quelque chose… quelque chose a cliqué. Comme un souvenir que je ne peux pas attraper.Elle se leva, marcha vers la fenêtre, ses bras croisés contre sa poitr
Partie 1 : La confrontation (800 mots)Les portes de l’ascenseur se refermèrent avec un chuintement, m’isolant dans un silence oppressant. Laurie. Son nom pulsait dans ma tête, syncopé avec le battement de mon cœur. Hier, je l’avais surprise, penchée sur ce dossier, ses doigts tremblants effleurant une photo qu’elle avait glissée dans sa poche comme un voleur. Elle croyait que je n’avais rien vu. Elle se trompait. Kessler – un nom que Marc avait lâché au téléphone – ne signifiait rien pour moi, mais Amadeus, ce spectre insaisissable, était le fil rouge de cette tempête. J’avais promis à Marc de creuser, mais Laurie était ma première piste. Elle savait quelque chose, et je n’allais pas attendre qu’elle daigne parler.Le dîner était une mascarade. Le restaurant, avec ses lustres en cristal et ses serveurs en gants blancs, ne masquait pas la tension qui nous enchaînait. Laurie triturait son risotto, ses yeux fuyants, perdus quelque part où je n’avais pas accès. Moi, je faisais semblant d
Alexander)Londres est un brouillard gris ce matin, une bruine collante qui s’infiltre sous mon col et me met les nerfs à vif. Je suis dans une salle de conférence vitrée, au dernier étage d’un gratte-ciel qui surplombe la Tamise, face à Hargrove et ses investisseurs – une bande de vautours en costard qui dissèquent chaque mot, chaque chiffre. Le contrat est sur la table, des millions en jeu, et je devrais être à fond, mon masque de PDG bien en place, chaque réponse calibrée pour les écraser. Mais je suis ailleurs. Mes yeux glissent sans cesse vers Laurie, assise à l’autre bout de la table, son tailleur gris impeccable, ses lunettes perchées sur son nez, tapant des notes avec une précision qui frôle l’obsession. Elle est là, vivante, intacte, mais je peux pas m’empêcher de revoir cette moto, ce flingue, son visage blême quand je l’ai relevée dans la cour.Je me force à me concentrer, réponds à une question sur les délais – « Quatre mois, garanti, avec une équipe renforcée » – et Hargro
laurieJe repense à notre confrontation, à la manière dont il s’est approché, trop près, son parfum – bois et épices – envahissant mes sens. Je veux juste te garder en vie. Ces mots, sincères, me hantent, parce qu’ils révèlent une vérité que je refuse d’accepter : il tient à moi, d’une façon ou d’une autre, et ça complique tout. Je veux le détester pour son paternalisme, pour cette protection qui ressemble à une cage, mais une part de moi – celle que je maudis – veut croire qu’il y a plus, qu’il y a encore quelque chose du garçon que j’ai connu, celui qui partageait mes silences dans un orphelinat froid.Carter a rouvert cette plaie, avec ses mots sur cette soirée, sur Alexander demandant de mes nouvelles. Il n’a pas oublié. Pourquoi faut-il que ça fasse mal ? Pourquoi faut-il que ça me donne envie de creuser, pas seulement dans l’affaire, mais dans lui, dans ce qu’il cache derrière ses murs ? Je secoue la tête, agacée par ma propre faiblesse. Ce n’est pas le moment de m’égarer, pas av
L’appartement est plongé dans l’obscurité, le silence seulement brisé par le bourdonnement lointain du frigo. Assise sur mon lit, je fixe la photo, posée comme une accusation sur la couette. La femme me regarde, son sourire énigmatique me défiant de trouver des réponses là où il n’y a que des questions. Mes doigts tremblent légèrement, et je repose le papier, le glissant sous mon oreiller comme si ça pouvait contenir le chaos qu’il représente. Mais il est trop tard – Stahl, Amadeus, Alexander, tout se mélange dans ma tête, un tourbillon qui refuse de me laisser en paix.Je me lève, fais les cent pas, mes pas étouffés par le tapis usé. L’absence de mes colocs rend l’appartement étrangement vide, presque hostile. D’habitude, leurs rires, leurs disputes, me distraient, me ramènent à une normalité dont j’ai désespérément besoin. Mais ce soir, je suis seule avec mes pensées, et elles sont plus dangereuses que n’importe quelle balle. Je repense à la réunion, à la voix d’Alexander, à ce mome