AlexanderJe regarde Laurie s’éloigner dans le rétroviseur, son visage marqué par une expression de stress qu’elle tente de dissimuler. Je sais que je lui ai mis une pression supplémentaire avec ce dîner, mais c’est nécessaire. Ce contrat est crucial pour l’entreprise, et je dois m’assurer qu’elle est pleinement préparée.Je redémarre la voiture et m’engage dans la circulation parisienne, mes pensées tourbillonnant autour de cette jeune femme ambitieuse et déterminée. Laurie a un potentiel énorme, mais elle est encore jeune et inexpérimentée. Je dois la guider, la pousser à se dépasser, tout en veillant à ce qu’elle ne se brûle pas les ailes.Je me gare devant mon immeuble et monte à mon appartement. Les lumières s’allument automatiquement, révélant un intérieur moderne et épuré. Je me sers un verre de whisky et m’installe sur le canapé, mon regard se perdant dans les lumières de la ville.Je prends une gorgée de whisky, savourant la brûlure dans ma gorge. Demain soir sera décisif. Je
LaurieJe cours dans tous les sens, déjà en retard, et la panique commence à me gagner. Je prends une tenue de rechange et la fourre dans mon sac à dos, juste au cas où. Il est hors de question d’arriver à ma vacation trop bien habillée et de donner l’impression que je me prends pour une princesse.J’ai pris un moment pour appeler “La Tour de Paris”, le restaurant où nous avons prévu de dîner. Pas question de laisser les choses au hasard, surtout avec quelqu’un comme Monsieur Knight. J’ai demandé à parler au chef, histoire de m’assurer que tout soit en ordre, mais apparemment, il n’était pas encore arrivé. Super... J’ai laissé un message pour prévenir de notre retard, espérant simplement qu’ils n’allaient pas me faire payer la note pour ce contretemps. La dernière chose dont j’ai besoin, c’est que le restaurant fasse une scène à cause d’un timing serré, ou pire, qu’ils mangent ma commission sur ce léger retard.Je soupire intérieurement en me disant que tout devrait bien se passer. Ma
LAURIEIl est déjà là. Instinctivement, je jette un coup d’œil à ma montre. Pile à l’heure, comme prévu. Pas une minute de plus, pas une minute de moins. Ça me stresse encore plus de savoir qu’il est aussi ponctuel. Tout est calculé, tout est sous contrôle avec lui, et ça ne fait que renforcer cette sensation de rigidité qui semble entourer le personnage. Je prends une profonde respiration en m’approchant. À travers les vitres teintées de sa Maserati Quattroporte, je le vois me fixer. Aucune expression sur son visage, pas le moindre sourire pour alléger l’atmosphère. Il ne fait rien pour rendre la situation plus agréable, bien au contraire.“Super pour casser l’ambiance...” me dis-je, un peu nerveuse.Je m’approche un peu plus, le cœur battant plus fort à chaque pas. Même si je l’ai déjà vu sourire lors de notre première rencontre, il n’en reste pas moins impressionnant. Sa réputation le précède, c’est le moins qu’on puisse dire. On parle de lui comme d’un homme autoritaire, froid et
ALEXANDERElle est ponctuelle, je ne peux pas lui reprocher ça. Elle était pile à l’heure, assise dans la voiture avec son sac à main et un sac à dos.Je ne dis rien pour l’instant, je n’ai pas encore digéré son mensonge, mais nous en parlerons une fois arrivés au restaurant. Il est essentiel que je puisse faire confiance à mon assistante si nous voulons progresser ensemble.Pour un dimanche soir, il y a un peu de circulation dans la capitale, probablement à cause des retours de week-end.Le silence règne, et je vois qu’elle n’ose pas parler non plus. Très bien, gardons notre énergie pour le dîner.Je me gare dans le petit parking du restaurant. Elle reconnaît l’endroit et se fige.Je me tourne vers elle :— Tu as travaillé ici, mais as-tu déjà goûté leur cuisine ?— Jamais, hors budget, répond-elle.Je fronce les sourcils. Elle me sourit et répète :— Je n’ai pas vraiment les moyens pour ce genre de restaurant. Mais je sais que les clients adorent, ils reviennent souvent, donc j’imag
LaurieLAURIEJ’ai signé après avoir tout lu, tant pis si cela a pris un peu de temps et si Alexander Knight a dû demander deux fois au serveur de revenir. En plus, le serveur, c’est Archibald. Je ne l’aime pas. Et dans un sens, je suis contente de ne pas travailler ce soir, car il m’aurait encore draguée. Dans le genre lourd, c’est un champion.Je n’ai jamais eu aussi honte de ma vie que lorsque j’ai dû avouer que j’avais menti, mais en même temps, je n’ai jamais été la championne du mensonge.Je tends le contrat à Alexander. Il le regarde, signe à son tour, puis le range soigneusement dans sa serviette en cuir.— Tu auras une copie demain.— Merci, réponds-je d’une voix un peu tremblante.Il me fixe, son regard perçant me met mal à l’aise. Je sens mes joues chauffer tandis qu’il se penche légèrement vers moi.— Parlons peu, parlons bien, Laurie. Pour le voyage aux États-Unis, tu devras être sur ton 31. Ne le prends surtout pas mal, ce n’est pas un jugement. Mais as-tu des tailleurs,
LaurieArchibald me regarde, un sourire idiot accroché au visage. Mon visage vire au rouge vif. Alexander me fixe, amusé, puis se tourne vers le serveur.— Allons pour un 69 aussi !Je suis morte de honte. À leurs têtes, je vois bien que cela va bien au-delà du nom du cocktail. Tant pis, je plonge dans la carte des plats pour me donner une contenance tandis qu’Archibald s’éloigne.Alexander déplie calmement sa serviette et la place sur ses genoux avant de me regarder avec sérieux.— Nous allons signer un énorme contrat de plusieurs millions d’euros. Un gros bonnet d’Amérique recherche une sécurité optimale, et ce que nous fabriquons en matière de technologie couplée à l’intelligence artificielle avec détecteur de mouvement est exactement ce qu’il veut. Tu as entendu parler de notre nouveau produit ?Je souris enfin, me sentant un peu plus dans mon élément. Je m’étais renseignée sur tout ce qu’ils fabriquent avant de postuler.— Oui, bien sûr, je connais. Votre technologie de détection
laurieAlexander me fixe, son regard devient plus intense après cette confession, et je sens que la conversation prend une tournure plus personnelle, presque intime. Il boit une autre gorgée de son cocktail tout en m’observant.— Je crois qu’être enfant unique te force à t’adapter différemment — dit-il en fronçant légèrement les sourcils, comme s’il réfléchissait à voix haute — tu te retrouves à devoir tout gérer par toi-même, à faire tes propres règles mais... ça peut aussi t’isolerJe hoche la tête, ne sachant pas vraiment comment répondre à ça. Une partie de moi comprend ce qu’il veut dire, mais l’autre reste sur la réserve. Je bois une gorgée pour me donner une contenance, sentant la chaleur de l’alcool me détendre légèrement.— Vous devez en savoir long sur l’indépendance alors, non ? — dis-je en essayant de maintenir la conversation, même si je sens le poids de ses paroles me peser — je veux dire, avec une entreprise comme la vôtreIl sourit à nouveau, cette fois un sourire plus
LaurieJe suis arrivée à Knight Enterprise avec un quart d’heure d’avance. Évidemment, les portes de devant étaient fermées, et je patientais bêtement devant, me sentant un peu ridicule. Soudain, je sursautai en sentant une main se poser sur mon épaule.— Ici, c’est pour les clients. Suis-moi.C’était Alexander. Il me sourit, et je sentis immédiatement mon cœur s’emballer.— Oh, désolée, je ne savais pas, répondis-je maladroitement.Il eut un petit rire et me poussa gentiment devant lui vers une porte grise équipée d’un clavier numérique et d’une borne de sécurité. Il sortit un badge et tapa un code.— Code d’identification et badge, expliqua-t-il. On te donnera tout ça dans la journée. Fais bien attention à ne pas les perdre.— D’accord, répondis-je, un peu nerveuse.Il me regarda et ouvrit la porte, me laissant passer. Une fois à l’intérieur, il marmonna :— Au fait, bonjour Laurie.Je rougis instantanément, réalisant que je ne l’avais même pas salué.— Oh, pardon, bonjour monsieur,
De retour au bureau après Londres, je me noie dans le travail pour fuir les souvenirs. Alexander, son bras autour de moi, sa voix rauque disant « T’es pas seule ». Ces mots me hantent, me déchirent. Je ne peux pas craquer, pas pour lui, pas après ses accusations, ses doutes. Alors je l’évite, me cache derrière mon tailleur gris, mes lunettes, mes dossiers. Mais la photo me poursuit, implacable.Cette femme. Son regard glacial, son lien avec l’orphelinat. J’ai passé la nuit à fouiller des archives en ligne, et un nom a surgi : Elena Kessler. Assistante d’Amadeus, disparue dans les années 90 après un scandale. Rien de solide, mais assez pour me convaincre qu’elle est au cœur de tout – peut-être liée à Stahl, peut-être à moi. Je veux en parler à Alexander, mais Londres m’a laissée à vif. Sa chaleur, son souffle – c’est trop risqué. Alors je creuse seule, un secret comme une forteresse.Ce midi, je m’enferme aux archives, un sous-sol où la poussière étouffe tout. Je fouille des boîtes, ch
Je prends mon téléphone, hésite. Je devrais appeler Marc, lui parler d’Elena, mais mes doigts tremblent. Alexander. Je revois ses yeux, sa colère, sa chaleur. Il sait quelque chose, lui aussi, mais il ne me fait pas confiance. Et moi, est-ce que je peux lui faire confiance ? Pas après ce baiser, pas après cette trahison.Je repose le téléphone, me lève, et retourne aux archives. Seule. Si Elena est la clé, je la trouverai, avec ou sans lui. Mais au fond, je sais que ce n’est pas juste Elena qui me pousse. C’est l’orphelinat. C’est moi. Et quelque part, dans ce chaos, Alexander est devenu une partie de l’équation, que je le veuille ou nonLe ciel de Paris est un linceul gris, un miroir de la tempête qui fait rage en moi. De retour au bureau après Londres, je me noie dans le travail pour fuir les souvenirs de cette nuit. Alexander, son bras autour de moi, sa voix murmurant « T’es pas seule ». Ces mots me hantent, me terrifient. Je ne peux pas me permettre de craquer, pas pour lui, pas a
LAURIEParis s’étend sous un ciel gris, un voile de plomb qui reflète le chaos dans ma tête. De retour au bureau après Londres, je me noie dans le travail pour échapper aux souvenirs de cette nuit. Alexander, sa chaleur, sa voix rauque murmurant « T’es pas seule ». Ces mots tournent en boucle, me terrifient. Je ne peux pas craquer, pas pour lui, pas après ses accusations, ses regards qui me dissèquent. Alors je l’évite, me barricade derrière mon tailleur gris, mes lunettes, mes dossiers. Knight Enterprises est mon armure, mais elle craque sous le poids de la photo.Cette femme. Son regard froid, ses traits gravés dans ma mémoire. Elena Kessler. J’ai passé des heures sur Internet, fouillant des archives poussiéreuses en ligne. Assistante d’Amadeus dans les années 90, disparue après un scandale financier. Un fantôme, mais un fantôme lié à l’orphelinat, à Stahl, peut-être à moi. Je veux en parler à Alexander, mais Londres m’a brûlée. Sa proximité, son souffle contre ma peau – c’est trop.
AlexanderL’adresse que Marc avait envoyée était à une heure de route, un entrepôt désaffecté à la périphérie de la ville. Laurie et moi roulions en silence, la tension entre nous presque palpable. Les phares de la voiture perçaient l’obscurité, mais ils ne pouvaient pas éclairer les ombres dans nos esprits. Je jetais des coups d’œil dans le rétroviseur, guettant des signes de poursuite. Marc avait raison – nous étions suivis. Je le sentais, un instinct primal qui me hurlait de rester sur mes gardes.Laurie, à côté de moi, serrait ses mains sur ses genoux, ses yeux fixés sur la route. Elle avait enfilé un pull sombre et attaché ses cheveux, mais je voyais encore la fragilité de tout à l’heure, cachée sous cette armure qu’elle s’était forgée. Je voulais lui dire quelque chose, n’importe quoi pour briser ce silence, mais les mots me manquaient. Qu’est-ce qu’on dit à quelqu’un qui pourrait être à la fois ton alliée et ton ennemie ?— Tu as déjà tué quelqu’un ? demanda-t-elle soudain, sa
AlexanderLe silence entre nous était lourd, chargé d’une tension que ni elle ni moi n’osions nommer. Laurie restait blottie contre moi, sa respiration encore irrégulière, comme si elle luttait pour chasser les fantômes de son cauchemar. Je sentais la chaleur de son corps, la fragilité de ce moment, et pourtant, mon esprit tournait à plein régime. La photo. L’orphelinat. Stahl. Chaque mot qu’elle avait lâché ouvrait une porte sur un passé que je n’étais pas sûr de vouloir affronter.— Parle-moi, dis-je enfin, ma voix plus douce que je ne l’aurais voulu. Cette femme… qui est-elle pour toi ?Laurie se redressa légèrement, s’écartant juste assez pour que je sente le vide là où elle était. Elle passa une main dans ses cheveux, évitant mon regard.— Je ne sais pas, avoua-t-elle, la voix basse. Pas vraiment. Mais quand j’ai vu la photo, quelque chose… quelque chose a cliqué. Comme un souvenir que je ne peux pas attraper.Elle se leva, marcha vers la fenêtre, ses bras croisés contre sa poitr
Partie 1 : La confrontation (800 mots)Les portes de l’ascenseur se refermèrent avec un chuintement, m’isolant dans un silence oppressant. Laurie. Son nom pulsait dans ma tête, syncopé avec le battement de mon cœur. Hier, je l’avais surprise, penchée sur ce dossier, ses doigts tremblants effleurant une photo qu’elle avait glissée dans sa poche comme un voleur. Elle croyait que je n’avais rien vu. Elle se trompait. Kessler – un nom que Marc avait lâché au téléphone – ne signifiait rien pour moi, mais Amadeus, ce spectre insaisissable, était le fil rouge de cette tempête. J’avais promis à Marc de creuser, mais Laurie était ma première piste. Elle savait quelque chose, et je n’allais pas attendre qu’elle daigne parler.Le dîner était une mascarade. Le restaurant, avec ses lustres en cristal et ses serveurs en gants blancs, ne masquait pas la tension qui nous enchaînait. Laurie triturait son risotto, ses yeux fuyants, perdus quelque part où je n’avais pas accès. Moi, je faisais semblant d
Alexander)Londres est un brouillard gris ce matin, une bruine collante qui s’infiltre sous mon col et me met les nerfs à vif. Je suis dans une salle de conférence vitrée, au dernier étage d’un gratte-ciel qui surplombe la Tamise, face à Hargrove et ses investisseurs – une bande de vautours en costard qui dissèquent chaque mot, chaque chiffre. Le contrat est sur la table, des millions en jeu, et je devrais être à fond, mon masque de PDG bien en place, chaque réponse calibrée pour les écraser. Mais je suis ailleurs. Mes yeux glissent sans cesse vers Laurie, assise à l’autre bout de la table, son tailleur gris impeccable, ses lunettes perchées sur son nez, tapant des notes avec une précision qui frôle l’obsession. Elle est là, vivante, intacte, mais je peux pas m’empêcher de revoir cette moto, ce flingue, son visage blême quand je l’ai relevée dans la cour.Je me force à me concentrer, réponds à une question sur les délais – « Quatre mois, garanti, avec une équipe renforcée » – et Hargro
laurieJe repense à notre confrontation, à la manière dont il s’est approché, trop près, son parfum – bois et épices – envahissant mes sens. Je veux juste te garder en vie. Ces mots, sincères, me hantent, parce qu’ils révèlent une vérité que je refuse d’accepter : il tient à moi, d’une façon ou d’une autre, et ça complique tout. Je veux le détester pour son paternalisme, pour cette protection qui ressemble à une cage, mais une part de moi – celle que je maudis – veut croire qu’il y a plus, qu’il y a encore quelque chose du garçon que j’ai connu, celui qui partageait mes silences dans un orphelinat froid.Carter a rouvert cette plaie, avec ses mots sur cette soirée, sur Alexander demandant de mes nouvelles. Il n’a pas oublié. Pourquoi faut-il que ça fasse mal ? Pourquoi faut-il que ça me donne envie de creuser, pas seulement dans l’affaire, mais dans lui, dans ce qu’il cache derrière ses murs ? Je secoue la tête, agacée par ma propre faiblesse. Ce n’est pas le moment de m’égarer, pas av
L’appartement est plongé dans l’obscurité, le silence seulement brisé par le bourdonnement lointain du frigo. Assise sur mon lit, je fixe la photo, posée comme une accusation sur la couette. La femme me regarde, son sourire énigmatique me défiant de trouver des réponses là où il n’y a que des questions. Mes doigts tremblent légèrement, et je repose le papier, le glissant sous mon oreiller comme si ça pouvait contenir le chaos qu’il représente. Mais il est trop tard – Stahl, Amadeus, Alexander, tout se mélange dans ma tête, un tourbillon qui refuse de me laisser en paix.Je me lève, fais les cent pas, mes pas étouffés par le tapis usé. L’absence de mes colocs rend l’appartement étrangement vide, presque hostile. D’habitude, leurs rires, leurs disputes, me distraient, me ramènent à une normalité dont j’ai désespérément besoin. Mais ce soir, je suis seule avec mes pensées, et elles sont plus dangereuses que n’importe quelle balle. Je repense à la réunion, à la voix d’Alexander, à ce mome