La première journée de travail

La semaine est très vite passée. Lucia Monica avait préféré prendre d'abord le temps de s'installer avant de commencer le boulot. Aujourd'hui, c'est son tout premier jour de travail. Elle s'est levée assez tôt afin de pouvoir être à l'heure. Comme tout nouvel employé, elle espère faire bonne impression. Déjà qu'elle habite assez loin de son travail. Il ne faudrait pas que l'on aille se plaindre d'elle à son officier de probation. Elle n'a pas droit à l'erreur. Elle sait ce qui l'attend autrement.

 

Est ce donc vrai que l'on ne peut pas se défaire de son passé? Ce n'est pas sur que notre passé définisse toujours qui nous somme dans le présent. Même si ce n'est pas le cas pour tout le monde, on apprend forcément avec le temps. Et certains bêtises qu'on a fait, ne se répéteront plus jamais. De plus, on peut être marqué par un passé qui n'est pas le notre. Qu'en est il de ces personnes que l'on condamne alors qu'elles étaient en fin de compte innocentes?

 

On dira tous que la vie est ainsi faite. Et qu'il faudrait tout simplement l'accepter telle qu'elle est. Mais, combien de temps supportera t'elle cette pression de toujours filer droit? Si on l'a laissé sortir c'est parce qu'on était sur qu'elle était apte à vivre en société. Alors pourquoi avoir inséré cette clause comme quoi elle pourrait retourner en prison au moindre entorse fait pendant qu'elle est dehors? C'est clair qu'elle n'avait pas tout compris au moment de sortir. C'est presque pareil qu'une prison. La seule différence, c'est que tu es dehors.

 

Elle est arrivée au boulot assez tôt. Elle voulait avoir assez le temps pour pouvoir faire du repérage. Etant nouvelle là bas, elle ne connassait personne. De toute façon, elle n'était pas là pour se faire des amis. Elle voulait simplement des informations à propos de son travail. C'est un concept abstrait pour elle tout ça. Son expérience avec cette chose que l'on nomme amitié lui a laissé un arrière goût amer par le passé. Assez pour ne plus avoir envie d'essayer de nouveau.

 

Elle n'avait qu'une seule amie à l'époque, Ashaya SMITH. Elles ont partagé tellement de choses. A ses yeux elle était comme une sœur. Il n'y a pas de sacrifice que Lucia n'aurait pas consentie pour son amie. Pourtant cette dernière n'a pas hésité à sortir avec son fiancé dans son dos. C'etait malheureusement une amitié à sens unique. Et la seule pour qui ça avait de l'importance était Lucia.

 

Elle est venue elle même lui cracher cela au visage alors que la pauvre subissait déjà le martyre à la prison. Selon Ashaya, Lucia lui avait privé de son bonheur. N'est ce pas assez ironique comme situation ? C'est elle la fiancée qu'on a trompée. Et pourtant c'est encore elle qui subit toute les représailles.

-Hey la nouvelle, qu'est ce que tu fous toute seule au fond du couloir? Tu as déjà fini de nettoyer la chambre qu'on t'a assignée?

 

Elle a juste secoué la tête pour dire non. D'ailleurs, elle n'avait même pas encore pénétré dans la pièce. Elle était à fond dans ses pensées.

-C'est donc pour cela que l'on te paie? Si tu voulais rester assise sans rien faire, tu aurais dû rester chez toi. Ici personne ne reste là à se tourner le pouce. Mets toi tout de suite au travail. On ne te paie pas pour rester la à glander.

 

C'est la gouvernante de l'hôtel qui était venu la réprimander. Ça commence bien. A peine débuter qu'elle s'est déjà mis sa cheffe à dos. Va t'elle pouvoir tenir ici assez longtemps? Elle récupère le chariot et le pousse jusqu'à la chambre. Elle devrait nettoyer par terre, changer les draps et les serviettes, récurer les toilettes et tant d'autres choses, dans plusieurs chambres. Et ceci en un temps record. Elle ne devrait surtout pas se planter. Pas pour son premier jour de travail en tout cas.

 

Ce n'est pas un travail auquel elle a été habitué. De base elle est infirmière. Dehors dans le hall de l'hôtel, il y avait tout un brouhaha causé par les aller retour de certains curieux. Ce qui a mit toute l'hôtel en effervescence. Il semblerait qu'un client très spécial allait arrivé aujourd'hui. Tout le monde en parlait comme si c'etait là l'événement de l'année. Qui était ce? Pourquoi tout ces gens semblaient il être en parfaite vénération rien qu'en entendant son nom.

 

Les 10 ans d'enfermement de Lucia Monica ne lui sont pas d'une grande aide pour être à jour sur l'actualité. De toute façon, elle n'a jamais aimé cela. Elle s'est juste contentée de bien faire son boulot afin d'être dans le temps.

 

A la pause, sa nouvelle amie lui apportais à manger. Elle s'est surement dit qu'elle ne l'avait pas encore fait et elle avait raison. En attendant la première paye, elle doit pouvoir gérer le peu d'argent qu'il lui reste. Et avec un budget aussi serré, ce n'est pas étonnant que des choses importantes comme bien se nourrir se retrouve reléguer au second rang. Voire même d'inutile.

-Merci Lisa, dit elle en récupérant le petit paquet apporté par son amie.

-Il n'y a pas de quoi ma belle, répondit elle. Les amis sont faits pour ça.

 

Elle ne croyait pas si bien dire. Sauf que Lucia Monica n'était pas du même avis. C'est sûrement à cause de sa mauvaise expérience passée. Mais elle sourit malgré tout. Elle ne devrait pas faire quelques chose qui allait rendre Lisa mal à l'aise.

-Bon j'y vais, déclara Lisa. Je ne veux pas trop envahir ton espace de travail.

 

Lucia ne tarda pas à reprendre le boulot. Elle est arrivé au même moment que le fameux client. Sauf qu'elle n'avait pas prêté attention à lui. De toute façon, elle n'aurait pas pu l'approcher de près. Si cela n'avait pas été les gardes du corps super costauds de l'homme en question, cela aurait été toutes ces femmes qui se sont agglutinées auprès de lui comme s'il était un dieu.

-Pfff! Comment ne pas se prendre la tête après tout ça, déclara Lucia Monica en voyant comment ces femmes s'en foutaient de se faire bousculer juste pour pouvoir s'approcher de cet homme.

 

Elle reprit son travail calmement. Pour elle, cet homme était juste un client de plus. Elle n'avait pas à faire comme l'ont fait toutes ces femmes. Dans l'après midi, après avoir terminé son boulot, elle est sortie attendre le bus pour rentrer. Dans l'ensemble, elle a eu une bonne journée. Personne ne l'a regardé de travers. C'est beaucoup mieux que ce qu'elle espérait.