Nous étions des compagnons prédestinés. Je ressentis une pointe de frustration — des compagnons prédestinés qui se parlaient à peine. Nous ne dormions même pas dans la même pièce. Dans ma chambre, le lit double, l’armoire et la coiffeuse n’étaient occupés que par mes affaires.
Ses parents voulurent que nous vivions ensemble pour apprendre à nous connaître avant de s’unir officiellement pendant la Cérémonie de la Lune. Quand j’ai emménagé, c’est Dylan qui a proposé que nous fassions chambre à part. À l’époque, je trouvais que c’était un vrai gentleman. Mais presque un an plus tard, notre Cérémonie de la Lune approchant, et nos chambres respectives n’avaient pas bougé.
L’inquiétude me gagna. Je me demandais, pour ce qui devait être la millième fois, si quelque chose n’allait pas chez moi. Dylan ne montrait aucune attirance pour moi. Il n’avait pas du tout l’air de s’intéresser à moi de cette façon. Ça faisait une année entière que nous vivions ensemble et il ne m’avait même pas embrassée.
J’eus une bouffée de chaleur en imaginant l’un de mes plus grands fantasmes : Dylan, grand et musclé, pénétrant dans ma chambre, me regardant dans les yeux avant de me prendre dans ses bras et de m’embrasser. Mais c’est là que le fantasme s’arrêtait, comme c’était souvent le cas. Après tout, je n’avais pas beaucoup d’expérience dans ce domaine. Qui essayais-je de tromper ? Je n’avais aucune expérience sexuelle.
Rien.
Ce sentiment de désespoir me donnait le tournis. À vrai dire, comme notre Alpha et notre Luna m’avaient dit que Dylan était mon compagnon prédestiné, j’avais grandi en pensant que ça se ferait naturellement entre nous. Ce n’est pas comme si je m’étais volontairement préservée pour Dylan, mais en y repensant, quand je fantasmais d’embrasser quelqu’un, et plus tard, quand je me faisais du bien, c’était toujours Dylan que j’imaginais.
Frustrée, je m’échappai de ma chambre pour aller à la cuisine, où j’allumai la lumière. Les jours commençaient à peine à se rallonger avec l’arrivée du printemps. Mais bientôt, les jours seraient plus longs et Dylan et moi aurions plus de temps le soir pour partager de bons moments. C’était une idée qui me remontait le moral.
Je sortis l’autocuiseur, décidée à préparer le plat préféré de Dylan. Après avoir fait revenir la viande, je la mis dans le cuiseur. Alors que j’assaisonnais la viande et qu’une riche odeur envahissait la cuisine, je ressentis un élan de tendresse. J’avais appris à mieux connaître Dylan au cours de l’année passée. Je connaissais son plat, son film et son sport préféré, mais était-ce suffisant ? La honte me tordit le ventre.
Chassant mes inquiétudes, je m’affairai à préparer le reste du dîner. J’épluchai les carottes et les pommes de terre, les plongeai dans l’eau bouillante, puis je fis un bouillon riche pour y faire mijoter l’agneau. Je veillai à préparer suffisamment de nourriture pour trois. Si Bert, le Beta de Dylan, venait déposer les clés, il y avait de fortes chances qu’il reste dîner. Penser à ce métamorphe facile à vivre, qui avait l’habitude de nous rendre visite à l’heure des repas, me fit sourire. Il n’avait que quelques années de plus que moi, donc nous étions amis depuis que nous étions louveteaux. Nous étions dans la même classe à la meute, puis au lycée pour passer nos examens. C’était avec Bert que j’avais appris à connaître Dylan ; l’ami que nous avions en commun.
Je passais toujours de meilleurs moments avec Dylan quand Bert venait dîner ou regarder un film avec nous. De temps à autre, en compagnie de notre ami, Dylan semblait oublier l’attitude froide qu’il avait l’air résolu à me donner et se montrait plus aimable, décochant peut-être même un sourire. Mais ça ne durait jamais.
Pendant que je finissais de cuisiner, je jetai un coup d’œil à l’horloge — 18 h 30. Je ne voulais pas déranger Dylan dans son travail. Il n’était pas si tard, et il m’avait dit qu’il lui restait beaucoup de choses à faire. Alors, je me servis un verre de vin et je baissai la température de la cuisinière et du four pour garder les plats au chaud. Puis, je me réfugiai dans le salon pour l’attendre.
Après avoir allumé les lampes, je m’assis dans un coin du canapé en cuir. J’avais essayé de rendre la pièce plus accueillante tout au long de l’année. J’avais apporté un peu de chaleur en créant des rideaux colorés aux tons crème et aux bordures pastel. Les housses de coussin que j’avais terminées me revinrent à l’esprit en sirotant mon vin. Après être allée les chercher, je m’empressai de recouvrir de mes créations le canapé en cuir qui était jusqu’alors tout nu. En voyant les produits finis à leur place, je fus satisfaite de mon après-midi de travail chez mon père. J’aurais pu ramener ma machine à coudre ici, mais l’avoir chez mon père me permettait de lui rendre visite chaque fois que j’avais un projet créatif à réaliser. Il travaillait toujours pour la meute, mais il travaillait souvent depuis chez lui. Je savais qu’il aimait que je lui rende visite, particulièrement depuis que ma mère nous avait quittés.
Admirant la façon dont les tissus délicats complimentaient les lignes anguleuses du canapé, je me demandais si Dylan les remarquerait. Il avait dit que je pouvais changer ce que je voulais dans le salon, la cuisine et ma chambre. Seuls sa chambre et le bureau dérogeaient à la règle. Petit à petit, la maison s’était adoucie. En buvant une gorgée de vin, mes pensées se tournèrent à nouveau vers Dylan. Peut-être que ses traits acérés, si hérissés à mon égard, s’adouciraient de la même manière avec le temps. Comme si je l’avais conjuré par la pensée, il fut annoncé par le bruit de ses pas dans le couloir. Mon cœur se mit à accélérer. La gorge soudainement sèche, je bus une nouvelle gorgée de vin.« Ça tombe bien, le dîner est prêt », dis-je alors que Dylan me rejoint.Il fronça les sourcils : « Oh… je n’ai pas très faim. J’ai beaucoup mangé, ce midi. » Comme s’il pouvait voir ma déception, il trouva une autre excuse : « En plus, je suis un peu débordé avec les affaires de la meute. » Il
J’imaginai de nouveau la femme svelte assise dans la cuisine, ses longs cheveux blonds et son doux visage en forme de cœur d’une beauté incontestable. C’était pour ça que je ne pouvais pas dormir avec elle, malgré la peine que je savais qu’elle éprouvait. Après tout, j’étais encore un homme au sang chaud qui voyait bien qu’elle était sacrément belle — tous les jours. Je n’étais pas sûr de pouvoir partager un lit avec une femme aussi belle sans avoir les mains baladeuses. J’avais conscience que Cerise n’avait que dix-huit ans et qu’elle n’avait probablement aucune expérience avec les hommes. Après tout, elle savait qu’elle était destinée à être ma compagne et la future Luna de la meute Starsmoon depuis l’âge de onze ans. Elle méritait de faire sa première fois avec quelqu’un qui tenait vraiment à elle. Et bien que je la trouve belle et désirable, à cause de mes parents et de l’avenir qu’ils avaient décrété pour nous, Cerise était accompagnée de trop de contraintes. J’étais un futur Alp
Chapitre 3 CeriseToute la meute était rassemblée autour d’une immense table de banquet habillée d’un linge blanc impeccable, et décorée de bougies et de fleurs. Au milieu de la table trônait un festin de plats copieux que tous les membres de la meute avaient contribué à préparer et qu’ils savouraient désormais. Malgré l’ambiance festive, j’étais d’humeur tendue. J’étais assise à gauche de Dylan. Lui était à droite de son père, tandis que Heather était assise à gauche de Chris. J’avais la sensation que Dylan et moi étions censés être le reflet de notre Alpha et de notre Luna, mais un sentiment de honte s’installait en moi. Je ne pouvais m’empêcher de remarquer que Heather se penchait souvent pour parler à Chris, qu’elle tapotait le bras de son mari et toutes les autres petites attentions qui faisaient d’eux un couple digne de ce nom. Alors que Dylan et moi avions à peine échangé deux mots de toute la soirée. Dylan parlait principalement à son père des affaires de la meute. Les seu
Notre Alpha poursuivit son discours : « Rien ne me rend plus heureux que de voir toute la meute réunie et d’avoir ma douce Luna et mon merveilleux fils et héritier à mes côtés. « Mais il y a peut-être une chose qui me rend encore plus heureux, et je vais profiter de l’occasion pour vous en faire part, puisque nous sommes tous ensemble. Nuu-Chah m’a fait savoir que notre merveilleuse Cerise allait bientôt rejoindre notre famille officiellement. Je vous invite à vous joindre à moi pour porter un toast à Dylan et Cerise, dont la Cérémonie de la Lune aura lieu dans trois mois. »Mon cœur fit un bond. Ses battements furieux semblaient rivaliser avec les exclamations et les applaudissements qui éclatèrent. Les visages souriants de notre meute se pressaient autour de moi et je réalisai qu’ils trinquaient en notre honneur. « À Cerise et Dylan ! » Ces paroles m’engloutirent, et mon regard se dirigea vers mon « compagnon ».Je sentis mon faible sourire flancher quand il serra les dents. Ses l
Chapitre 1 CeriseEn entrant, je remarquai les clés de Dylan dans le saladier sur la table. Mon cœur se transforma en marteau-piqueur, une réaction exagérée liée à son retour. Je jetai mes propres clés dans le saladier avec fracas. Un instant plus tard, la porte du bureau de Dylan s’ouvrit. Dylan remplissait l’embrasure de la porte. Ses épaules étaient si larges qu’elles en touchaient presque les bords du cadre. J’avais l’impression qu’il me dominait, même avec ce long couloir qui nous séparait. Je m’étais toujours sentie étouffée par sa présence. Dans la pénombre, il m’observait de ses yeux sombres, et je m’efforçais de dissimuler l’effet que son regard avait sur moi. Ses traits prononcés étaient magnifiques, chargés de toute la beauté sauvage du Dieu de la Lune que seuls les artistes les plus talentueux de notre meute pouvaient espérer en imprégner leurs sculptures. Dylan m’attirait autant que la pleine lune.Je voulus aller vers lui. Mes lèvres picotaient comme pour me dire de me
Notre Alpha poursuivit son discours : « Rien ne me rend plus heureux que de voir toute la meute réunie et d’avoir ma douce Luna et mon merveilleux fils et héritier à mes côtés. « Mais il y a peut-être une chose qui me rend encore plus heureux, et je vais profiter de l’occasion pour vous en faire part, puisque nous sommes tous ensemble. Nuu-Chah m’a fait savoir que notre merveilleuse Cerise allait bientôt rejoindre notre famille officiellement. Je vous invite à vous joindre à moi pour porter un toast à Dylan et Cerise, dont la Cérémonie de la Lune aura lieu dans trois mois. »Mon cœur fit un bond. Ses battements furieux semblaient rivaliser avec les exclamations et les applaudissements qui éclatèrent. Les visages souriants de notre meute se pressaient autour de moi et je réalisai qu’ils trinquaient en notre honneur. « À Cerise et Dylan ! » Ces paroles m’engloutirent, et mon regard se dirigea vers mon « compagnon ».Je sentis mon faible sourire flancher quand il serra les dents. Ses l
Chapitre 3 CeriseToute la meute était rassemblée autour d’une immense table de banquet habillée d’un linge blanc impeccable, et décorée de bougies et de fleurs. Au milieu de la table trônait un festin de plats copieux que tous les membres de la meute avaient contribué à préparer et qu’ils savouraient désormais. Malgré l’ambiance festive, j’étais d’humeur tendue. J’étais assise à gauche de Dylan. Lui était à droite de son père, tandis que Heather était assise à gauche de Chris. J’avais la sensation que Dylan et moi étions censés être le reflet de notre Alpha et de notre Luna, mais un sentiment de honte s’installait en moi. Je ne pouvais m’empêcher de remarquer que Heather se penchait souvent pour parler à Chris, qu’elle tapotait le bras de son mari et toutes les autres petites attentions qui faisaient d’eux un couple digne de ce nom. Alors que Dylan et moi avions à peine échangé deux mots de toute la soirée. Dylan parlait principalement à son père des affaires de la meute. Les seu
J’imaginai de nouveau la femme svelte assise dans la cuisine, ses longs cheveux blonds et son doux visage en forme de cœur d’une beauté incontestable. C’était pour ça que je ne pouvais pas dormir avec elle, malgré la peine que je savais qu’elle éprouvait. Après tout, j’étais encore un homme au sang chaud qui voyait bien qu’elle était sacrément belle — tous les jours. Je n’étais pas sûr de pouvoir partager un lit avec une femme aussi belle sans avoir les mains baladeuses. J’avais conscience que Cerise n’avait que dix-huit ans et qu’elle n’avait probablement aucune expérience avec les hommes. Après tout, elle savait qu’elle était destinée à être ma compagne et la future Luna de la meute Starsmoon depuis l’âge de onze ans. Elle méritait de faire sa première fois avec quelqu’un qui tenait vraiment à elle. Et bien que je la trouve belle et désirable, à cause de mes parents et de l’avenir qu’ils avaient décrété pour nous, Cerise était accompagnée de trop de contraintes. J’étais un futur Alp
Admirant la façon dont les tissus délicats complimentaient les lignes anguleuses du canapé, je me demandais si Dylan les remarquerait. Il avait dit que je pouvais changer ce que je voulais dans le salon, la cuisine et ma chambre. Seuls sa chambre et le bureau dérogeaient à la règle. Petit à petit, la maison s’était adoucie. En buvant une gorgée de vin, mes pensées se tournèrent à nouveau vers Dylan. Peut-être que ses traits acérés, si hérissés à mon égard, s’adouciraient de la même manière avec le temps. Comme si je l’avais conjuré par la pensée, il fut annoncé par le bruit de ses pas dans le couloir. Mon cœur se mit à accélérer. La gorge soudainement sèche, je bus une nouvelle gorgée de vin.« Ça tombe bien, le dîner est prêt », dis-je alors que Dylan me rejoint.Il fronça les sourcils : « Oh… je n’ai pas très faim. J’ai beaucoup mangé, ce midi. » Comme s’il pouvait voir ma déception, il trouva une autre excuse : « En plus, je suis un peu débordé avec les affaires de la meute. » Il
Nous étions des compagnons prédestinés. Je ressentis une pointe de frustration — des compagnons prédestinés qui se parlaient à peine. Nous ne dormions même pas dans la même pièce. Dans ma chambre, le lit double, l’armoire et la coiffeuse n’étaient occupés que par mes affaires.Ses parents voulurent que nous vivions ensemble pour apprendre à nous connaître avant de s’unir officiellement pendant la Cérémonie de la Lune. Quand j’ai emménagé, c’est Dylan qui a proposé que nous fassions chambre à part. À l’époque, je trouvais que c’était un vrai gentleman. Mais presque un an plus tard, notre Cérémonie de la Lune approchant, et nos chambres respectives n’avaient pas bougé. L’inquiétude me gagna. Je me demandais, pour ce qui devait être la millième fois, si quelque chose n’allait pas chez moi. Dylan ne montrait aucune attirance pour moi. Il n’avait pas du tout l’air de s’intéresser à moi de cette façon. Ça faisait une année entière que nous vivions ensemble et il ne m’avait même pas embrass
Chapitre 1 CeriseEn entrant, je remarquai les clés de Dylan dans le saladier sur la table. Mon cœur se transforma en marteau-piqueur, une réaction exagérée liée à son retour. Je jetai mes propres clés dans le saladier avec fracas. Un instant plus tard, la porte du bureau de Dylan s’ouvrit. Dylan remplissait l’embrasure de la porte. Ses épaules étaient si larges qu’elles en touchaient presque les bords du cadre. J’avais l’impression qu’il me dominait, même avec ce long couloir qui nous séparait. Je m’étais toujours sentie étouffée par sa présence. Dans la pénombre, il m’observait de ses yeux sombres, et je m’efforçais de dissimuler l’effet que son regard avait sur moi. Ses traits prononcés étaient magnifiques, chargés de toute la beauté sauvage du Dieu de la Lune que seuls les artistes les plus talentueux de notre meute pouvaient espérer en imprégner leurs sculptures. Dylan m’attirait autant que la pleine lune.Je voulus aller vers lui. Mes lèvres picotaient comme pour me dire de me