Derrière un faux bonheur
À la veille de notre mariage, Gabin Huet, mon fiancé, professeur d’histoire, s’est uni à Mila Breguet, son premier amour, atteint d’un cancer, lors d’une cérémonie traditionnelle à Gustokate, un village ancien au charme intemporel.
Sous un ciel constellé d’étoiles, il lui a souri tendrement, la serrant dans ses bras : « Selon la tradition, seule la femme légitime peut avoir droit à la cérémonie de mariage avec son époux. Même si Jeanne et moi avons déjà officialisé notre union, elle ne demeure à mes yeux qu’une concubine. »
Sous les acclamations bienveillantes de l’assemblée, ils ont échangé un baiser, aussi radieux qu’un prince et une princesse tout droit sortis d’un conte de fées.
J’ai assisté à toute la scène en silence. Sans la moindre hésitation, ma décision était prise : j’ai pris rendez-vous pour un avortement.
De mes quinze à mes trente ans, j’ai aimé Gabin avec une constance aveugle. Quinze années d’attente, de douleur, d’espoir ténu. Mais dans son cœur, il n’y avait de place que pour ma demi-sœur, Mila. Alors, j’ai renoncé.
Peu après, je me suis jointe à une expédition géologique en Antarctique, un monde de glace et de silence, laissant à Gabin une convention de divorce et un ultime présent. Pourtant, cet homme qui ne m’avait jamais appréciée s’est effondré du jour au lendemain, comme si mon départ l’avait soudainement vidé de toute énergie.
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