Il voulait ma moelle, pas moi
Trois ans après ma mort, mon mari s'est enfin souvenu de moi.
Parce que sa précieuse amie d'enfance a rechuté d'une leucémie myéloïde, et qu'elle a de nouveau besoin d'une greffe de cellules souches hématopoïétiques.
Il s'est rendu à l'adresse où j'habitais autrefois, dans l'intention de me faire signer un formulaire de don.
Mais il a découvert que l'appartement était vide depuis bien longtemps.
Alors il est allé se renseigner auprès des voisins.
L'un d'eux lui a dit :
« Vous parlez de Coco ? Elle est morte depuis un moment, la pauvre. On raconte qu'on l'a forcée à donner sa moelle alors qu'elle était déjà malade. Et à peine revenue chez elle, elle a rendu son dernier souffle. »
Il a refusé d'y croire, convaincu que les voisins et moi étions de mèche pour lui jouer un sale tour.
Agacé, il s'est tourné vers le voisin et a lancé d'un ton excédé :
« Si jamais vous la croisez, dites-lui que si elle ne se montre pas dans les trois jours, je ne verserai plus un centime pour les frais médicaux de son sale gamin. »
Le voisin, voyant qu'il n'y avait rien à tirer de lui, a secoué la tête et s'est éloigné en murmurant :
« Le pauvre gosse... il est mort de faim depuis longtemps, lui aussi... »