All Chapters of Sous l'Habit, la Fièvre: Chapter 31 - Chapter 40

ClaraLes pavés humides résonnent sous mes pas précipités. L’air est lourd, chargé d’une tension qui ne me quitte plus. Je devrais retourner à l’hospice, me réfugier dans le calme, me convaincre que tout cela n’est qu’un égarement passager.Mais je sais que c’est faux.Je sens encore la brûlure sur mon poignet là où Raphaël m’a touchée. Un simple contact. Une caresse presque inexistante. Pourtant, elle consume mes pensées.Pourquoi suis-je restée si longtemps ?Pourquoi ai-je l’impression d’être aspirée dans quelque chose dont je ne pourrais plus sortir ?Je serre les poings.Je dois mettre une distance entre nous.C’est ce que je me répète alors que je franchis la porte du dortoir et que je m’effondre sur ma paillasse.Mais cette nuit encore, je ne dors pas.Parce que son regard me hante.Parce que je sens que quelque chose est en train de basculer.Et que je suis incapable de l’arrêter.---RaphaëlJe la regarde disparaître dans l’obscurité.Son absence me laisse un vide étrange.Ce

ClaraJe suis allongée sur ma paillasse, mais le sommeil me fuit.L’obscurité danse autour de moi, envahissante, pesante. Pourtant, ce n’est pas elle qui me trouble.C’est lui.Raphaël.Sa voix, ses silences. Ses ombres et ses éclats de lumière.Je ferme les yeux, mais son regard me hante.Pourquoi est-ce lui qui parvient à fissurer mes certitudes ?Je devrais prier.M’accrocher aux mots saints, chercher refuge dans la foi qui m’a toujours guidée.Mais ce soir, mes prières restent en suspens, suspendues dans un entre-deux où je ne me reconnais plus.Un bruit me fait sursauter.Un pas.Juste devant ma porte.Mon souffle se bloque.Puis, un murmure.— Tu es réveillée.Ma gorge se serre.Sa voix est un murmure rauque, un souffle glissé dans l’obscurité.Pourquoi est-il là ?Je me redresse lentement, mes doigts crispés sur ma couverture.— Oui.Le silence s’étire entre nous.— Viens.Un simple mot.Une injonction.Je ne devrais pas obéir.Mais mes jambes se meuvent avant que mon esprit ne

ClaraJe suis en retard pour les vêpres.Mes pas résonnent sur la pierre alors que je traverse la cour de l’hospice, pressant le pas.Mais avant que je n’atteigne la porte de la chapelle, une ombre surgit devant moi.Raphaël.Je m’arrête net, mon souffle coupé.Il est là, juste devant moi, vêtu de noir, les traits marqués par la fatigue et… autre chose.Quelque chose de plus profond.De plus inquiétant.— Tu me fuis, dit-il calmement.Je secoue la tête.— Non.Il penche légèrement la tête, comme s’il étudiait chaque infime réaction sur mon visage.— Mens-moi encore une fois, sœur Clara.Ma gorge se serre.— Je ne…— Tais-toi.Sa voix est un ordre. Un ordre doux, mais implacable.Et je me tais.Un silence s’étire entre nous, lourd, chargé de tout ce que nous ne disons pas.Puis il avance d’un pas.Trop près.Comme toujours.— Dis-moi de partir, murmure-t-il.Je devrais.Je dois.Mais aucun son ne sort de ma bouche.Parce que je ne veux pas qu’il parte.Il le voit.Il le sait.Et ce sav

ClaraLes journées s’étirent, lourdes et silencieuses, mais l’écho de sa voix résonne encore en moi.Un jour, tu arrêteras de lutter.Je redresse la tête.Le couvent est plongé dans le calme. Les nonnes vaquent à leurs prières, l’encens brûle dans la chapelle, et moi… moi, je suis là, incapable de retrouver la paix qui m’animait autrefois.Je sers le tissu de ma robe entre mes doigts tremblants.Cela fait trois nuits.Trois nuits que je sens encore son souffle contre ma nuque.Trois nuits que je lutte contre cette brûlure sourde qui me consume lentement.Je devrais parler à Mère Supérieure.Confesser mon trouble, demander conseil.Mais je ne le fais pas.Parce qu’au fond de moi, je connais déjà la réponse.La seule solution, c’est de l’effacer.D’arracher son ombre de mon cœur.Alors ce soir, je prends une décision.Je vais le voir.Une dernière fois.RaphaëlJ’entends ses pas avant même de la voir.Lents, hésitants.Elle a l’air fragile, presque égarée, et pourtant… elle est venue.J

ClaraJe suis prise au piège.Mais ce n’est pas lui qui me retient prisonnière.C’est moi.C’est ce feu dévorant qui consume mes pensées, ma volonté. Cette brûlure insidieuse qui s’est insinuée en moi, me rendant incapable de fuir.Le silence entre nous est une lame suspendue, prête à s’abattre.Je devrais dire quelque chose.Je devrais partir.Mais je reste.Et lorsque Raphaël effleure ma joue du bout des doigts, une onde de chaleur se répand sous ma peau.— Tu trembles, murmure-t-il.Bien sûr que je tremble.Tout mon être vacille sur un fil fragile, tiraillé entre la raison et la folie.Il s’approche encore, si près que je peux sentir la chaleur de son souffle.— Clara…Je ferme les yeux.Si je les garde ouverts, je vais me perdre.Mais est-ce que je ne suis pas déjà perdue ?RaphaëlElle est là.Elle ne s’enfuit pas.C’est ce qui compte.C’est tout ce que je voulais.Clara se dresse devant moi comme une illusion, à la fois fragile et incassable. Sa foi vacille, mais elle s’accroche