AnnaQuand mes paupières se soulèvent, la lumière douce du matin inonde la chambre. Je me sens encore engourdie, épuisée par la nuit et par cette première journée à l’université qui m’a laissée vidée. Mais la chaleur contre moi me rappelle où je suis. Chez lui.Un instant, je crois rêver. Louis est là, assis au bord du lit, torse nu, son regard posé sur moi. Un regard qui me dévore sans violence, avec cette possessivité silencieuse qu’il ne prend plus la peine de cacher.— Tu es réveillée, murmure-t-il.Je hoche la tête, encore un peu perdue. Il tend la main et caresse lentement ma joue, me forçant à affronter ses prunelles sombres.— Tu as dormi si profondément… J’ai préféré ne pas te réveiller. Mais maintenant… tu dois manger.Je le fixe, interdite. Et c’est là que je vois le plateau, posé près de lui. Fruits découpés, viennoiseries encore tièdes, un chocolat chaud fumant. Tout est là. Et surtout… c’est lui qui a tout préparé.— Vous… vous avez fait ça ?Il esquisse un sourire presq
AnnaLe soir tombe. Il me ramène dans son antre. Sa main glisse dans mes cheveux, ses lèvres s’attardent sur ma tempe.— Ce n’est que le début. Je te veux partout. Même là où tu crois être libre… tu ne l’es plus.Je frémis. Et pourtant, une partie de moi aime cette cage. Parce qu’elle est sienne. Et que, malgré la peur… j’y trouve ma place.Le silence pèse lorsqu’il referme la porte derrière nous. J’entends le cliquetis de la serrure. Plus de fuite possible. Le regard de Louis s’alourdit, une lueur dangereuse danse dans ses prunelles sombres.— Viens ici, Anna.Je m’avance, le souffle court. Mes pas résonnent sur le parquet jusqu’à ce qu’il m’attrape par la taille et m’attire brutalement contre lui. Sa main se cale sur ma nuque, me forçant à lever les yeux.— Tu sais ce que tu m’as fait aujourd’hui ? Chaque fois que je pensais à toi, là-bas, seule parmi ces hommes… Je ne respirais plus.Je tente de parler, mais sa bouche s’abat sur la mienne, m’arrachant un gémissement. Il m’embrasse
AnnaLe jour s’est levé depuis longtemps quand j’ouvre enfin les yeux, courbaturée, les membres engourdis d’avoir été trop longtemps prisonnière de ses bras. Louis ne dort pas. Il est là, assis contre la tête de lit, la chemise entrouverte, le regard posé sur moi avec une intensité qui me serre le ventre.Je me redresse à peine, gênée par la nudité de mon corps marqué de ses empreintes. Il m’a faite sienne cette nuit. Encore et encore. Jusqu’à ce que je ne sois plus qu’un souffle, une chose qu’il possède tout entière.— Bonjour… Maître…Ma voix est rauque, presque brisée. Il esquisse un sourire en coin, satisfait, triomphant.— Tu as dormi trop longtemps… Tu m’as volé une partie de ma matinée.Je baisse la tête, le rouge me montant aux joues. Je n’ose pas répondre. Louis se penche et glisse une main sous mon menton, forçant mon regard à s’ancrer au sien.— Tu me dois une récompense pour ça…LouisJe la dévore des yeux. Chaque trace sur sa peau me rappelle ce que nous avons fait cette
AnnaLa porte s’est refermée, et je suis restée là, figée, les jambes coupées. Sa colère m’a laissé un goût amer dans la bouche, un vertige au creux du ventre. Et pourtant, malgré la peur, il me manque déjà.Le temps s’étire. Je ne sais combien de minutes, d’heures passent. Et puis, soudain, la porte s’ouvre. Lentement.Louis entre. Son regard me cherche aussitôt. Plus de colère. Juste cette intensité qui me coupe le souffle.Il ne dit rien. Il s’avance, me domine de toute sa prestance. Et puis, à ma grande surprise, il s’agenouille devant moi. Ses mains glissent sur mes cuisses, doucement, presque avec révérence.Louis— Pardonne-moi…Ma voix n’est qu’un souffle. Je la sens tressaillir sous mes doigts. Elle ne comprend pas. Moi non plus. Mais je ne supporte pas de la voir trembler à cause de moi.— J’ai… je me suis emporté, Anna. Tu me rends fou. Cette idée que tu sois là-bas… que d’autres t’approchent…Je lève les yeux vers elle. Ses prunelles humides me transpercent.— Je ne sais p
AnnaLa lumière du matin perce à travers les rideaux entrouverts, baignant la pièce d’une lueur dorée. Je me réveille blottie contre Louis, sa main possessive toujours posée sur ma hanche nue. Un instant, je reste là, savourant ce moment rare de calme et d’intimité.Mais la paix ne dure pas.Le téléphone posé sur la table de chevet vibre, brisant le silence. Louis grogne, mais tend la main sans me lâcher. Il décroche sans regarder l’écran.— Oui ?Sa voix rauque résonne dans la pièce. Je le fixe, attentive.Un silence, puis il se redresse légèrement.— Camille…Je me fige. Ce prénom claque dans l’air, brutal, inconnu mais déjà détesté. Son ton a changé, plus doux, plus… distant aussi.Je détourne les yeux, la gorge nouée. Mon cœur se serre tandis qu’il parle.— Non, je ne suis pas disponible ce matin… Je suis occupé.Sa voix se fait plus froide. Mais le mal est fait. Ce Camille m’est entré dans la peau comme une écharde. Qui est-elle ? Pourquoi sa voix s’adoucit-elle ainsi pour elle ?
Louis Le soleil s’est à peine levé sur Paris que Louis est déjà debout, implacable. Son regard sombre est rivé à la fenêtre, le dos droit, les poings serrés. Dans l’air flotte un silence pesant, chargé de cette colère froide qu’il contient à grand-peine.— Son nom ?Le ton est glacial, tranchant. L’homme qui se tient face à lui baisse instinctivement la tête.— Thomas Lefèvre. Fils d’un avocat sans grande importance. Il étudie dans le même établissement qu’elle.Un sourire sans chaleur étire les lèvres de Louis.— Un fils à papa qui se croit tout permis… Il a osé la regarder. Lui parler. Croire qu’elle était à sa portée.Il se détourne lentement, croise les mains dans son dos et s’avance vers la cheminée, son regard noir fixé sur les flammes mourantes.— Je veux qu’il comprenne. Qu’il ne recommence jamais. Vous le trouvez, vous le suivez et vous lui donnez une leçon qu’il n’oubliera pas. Mais pas ici… Je ne veux pas que ça remonte à moi. Faites ça proprement.L’homme hoche la tête, s
LouisJe la dépose sur le lit, essoufflé, les veines gonflées d’un désir qui ne faiblit pas. Sa peau porte mes marques, ses lèvres tremblent encore, et pourtant… ce n’est pas suffisant. Rien ne l’est. Pas quand il s’agit d’elle.Je la regarde, nue, vulnérable sous mes yeux. Et je souris. Un sourire cruel, satisfait, affamé.— Tu pensais que c’était fini ? Non, Anna… La nuit ne fait que commencer.Elle tourne la tête, cherche de l’air, mais je ne lui laisse aucun répit. Je me glisse entre ses cuisses et, d’un mouvement sec, je la prends à nouveau. Son cri résonne dans la pièce, aigu, déchirant. Et je grogne, incapable de me contenir.Je la prends plus fort, plus vite. Comme si je voulais l’ancrer en moi. Comme si je voulais qu’elle ne puisse plus jamais oublier ce moment, ce corps qui la dévore. Sa voix se brise, ses mains s’agrippent aux draps, désespérée.— Louis… s’il vous plaît…Je l’attrape par les hanches et je la retourne. Elle tombe sur le ventre, haletante. Je la pénètre à nou
AnnaJe sors de l’appartement avec cette étrange sensation d’être suivie, marquée. Comme si sa présence collait encore à ma peau, me rappelant que je lui appartiens. Chaque pas dans la rue me semble surveillé. Je tremble, sans vraiment savoir si c’est de froid ou d’autre chose.Louis n’a rien dit de plus. Il s’est contenté de m’embrasser la nuque avant de me laisser partir, un sourire satisfait aux lèvres, comme un fauve repu qui sait que sa proie reviendra d’elle-même.Je serre contre moi mon sac et prends la direction de l’université. Le trajet me paraît interminable, tant je sens sur ma nuque son regard absent mais omniprésent. La veille encore, ses mains me retenaient contre lui, ses ordres claquaient dans l’air, et maintenant… je suis seule au milieu de cette foule anonyme.Une fois dans l’amphithéâtre, je tente de me fondre dans le décor. Mais mon corps me trahit. Je suis tendue, incapable d’écouter le professeur. Ses paroles résonnent sans atteindre mon esprit.Je pense à lui.
LouisLe terminal mexicain est tout ce qu’on peut attendre d’un endroit où la chaleur et la poussière semblent se mêler. Mais rien ne m’impressionne. Pas cette chaleur étouffante qui me frappe dès que je mets un pied à l’extérieur. Pas ce bruit incessant de moteurs, de voitures et de marchés qui semblent s’étirer à l’infini autour de moi. Ce n’est pas la ville qui m’importe. C’est ce que je suis venu chercher. Elle.J’ai quitté l’aéroport dans la précipitation, une vague d’impatience et de colère en moi. C’est un autre monde ici, un endroit où les règles sont différentes, mais c’est aussi un endroit où je peux obtenir ce que je veux, peu importe les obstacles.Je prends l’un de mes jets privés. Pas un vol commercial, ni une étape trop lente. Non, cette fois-ci, il n’y a pas de place pour les demi-mesures. Un jet. Directement vers la petite ville où Clara m’a dit qu’Anna se cachait. Rien de plus. La rapidité, la discrétion. Je n’ai pas le temps d’errer dans des hôtels ou des quartiers
LouisJe suis épuisé, mentalement et physiquement. Chaque respiration est lourde, chaque pensée me tire plus profondément dans un abîme sans fin. Rien dans ce foutu casino ne parvient à me distraire. Rien ne parvient à éteindre ce feu brûlant dans ma poitrine. Camille me pèse, l’impossibilité d’échapper à mes responsabilités me hante, et l’absence d’Anna me consume chaque jour un peu plus.Je n’ai plus la force d’être ce que je devrais être, ce que tout le monde attend de moi. L’homme impitoyable. L’homme de fer.Je sors du bureau, je laisse derrière moi la lumière crue, les éclats de voix des employés et les regards inquiets de ceux qui m’observent toujours, un peu trop attentivement. Mes pas résonnent dans le hall désert. La nuit, la vraie, m’enveloppe dès que je franchis la porte.La voiture m’attend, fidèle, silencieuse, prête à m’emporter là où personne ne me connaît. Là où je peux m’oublier, ne serait-ce qu’un instant. Là où je peux fuir cette cage dorée que j’ai construite pour
LouisLa maison est plongée dans un silence lourd, oppressant. Je suis toujours là, dans mon bureau, les yeux rivés sur les écrans, à attendre, à chercher des indices, à analyser chaque détail comme un fauve prêt à bondir. Mais rien ne me fait oublier. Rien ne me fait oublier qu’elle m’a échappé. Anna. La pensée de sa fuite me ronge de l’intérieur, encore et encore.Camille n’est pas encore revenue. Je sens son absence comme une présence, comme une pression qui m’écrase la poitrine. Elle a été distante toute la soirée, plus absente que jamais. Je sais qu’elle s’inquiète. Mais ça m’agace. Ce n’est pas le moment. Pas pour ses questions, ni pour ses tentatives d’approches.Je regarde l’heure. Il est déjà bien après minuit. Le son des clefs dans la serrure me tire de mes pensées. Camille est de retour. Je me redresse, mais je ne bouge pas. J’attends, une tension croissante se formant dans l’air. La porte du bureau s’ouvre doucement. Elle entre, un peu hésitante, comme si elle savait qu’el
LouisJe suis là, dans mon bureau, le regard fixé sur l’écran de mon ordinateur, mais mes pensées ne vont nulle part. La colère bouillonne toujours en moi, un tourbillon incessant qui refuse de s’éteindre. Tout ce que je vois, tout ce que je touche, me rappelle Anna. Elle, sa fuite, son visage… la promesse qu’elle m’a faite et que, dans sa peur, elle a brisée.Je serre les poings, les jointures blanches sous la pression. Chaque clic sur le clavier résonne comme un écho dans ma tête. Le travail est une distraction, mais il n’est qu’une illusion. Mes pensées reviennent sans cesse à elle. Qu'est-ce qu'elle fait ? Où est-elle ? Pourquoi m'a-t-elle échappé ? Pourquoi ai-je échoué ?Je me redresse et regarde la pièce autour de moi. Cette maison, ces murs, cette vie construite sur des fondations qui me semblent désormais fragiles, si fragiles. Camille entre dans le bureau, silencieuse comme toujours, mais ce soir, même sa présence ne m'apaise pas. Elle m’observe d’un air inquiet, les sourcil
AnnaJe me tiens devant le miroir, observant mon reflet avec une étrange sensation. Mes yeux suivent les contours de mon visage, les traits tirés, le regard plus sombre qu'autrefois. Mais c’est mon ventre qui capte toute mon attention.Je touche doucement la légère courbe, cette présence fragile qui commence à s’installer. Je suis enceinte. Je ne pensais pas que cela serait possible, après tout ce que j’ai traversé. Mais il est là, à l’intérieur de moi, un petit être fragile, qui bat et qui grandit sans que je puisse vraiment le comprendre.Ce n’était pas prévu. Au début, la peur m’a envahie. Comment vivre avec ça, dans cette fuite incessante, dans cette vie de mensonges et de secrets ? Mais plus le temps passe, plus je réalise que cet enfant… cet enfant est ma seule lumière. La seule chose vraie dans ce monde de ténèbres.Je me baisse, posant mes mains sur mon ventre, ressentant pour la première fois cette petite pression. Il est là, bien là. Et je le sens. Il vit. Et ça me donne une
Louis Elle pleure, tremblante, et ses yeux cherchent une issue. Mais il n'y en a plus. Pas pour elle.— Je… je sais pas… je… je vous en supplie… je vous le jure…Je lâche un soupir de dégoût, et je donne un autre ordre, ferme. Je ne m’arrêterai pas tant que je n’aurai pas ce que je veux. Tout ce que j’ai perdu. Et tout ce que je dois reprendre.— Alors faites-la parler, peu importe le prix.AnnaJe n’ai jamais été aussi loin de tout ce que j’ai connu. De tout ce que j’ai aimé. De tout ce que j’ai perdu.Il y a des moments où j’aurais voulu que tout cela n’existe pas. Que cette fuite, ce masque, cette vie de mensonges et de secrets ne soient qu’un mauvais rêve dont je pourrais me réveiller. Mais la réalité, elle, est implacable. Elle ne me laisse pas de répit.Je suis maintenant Silvia Warren. Un nom de plus parmi tant d’autres. Une inconnue dans une ville où personne ne me cherche, où tout ce qui me lie à mon passé est enterré sous des couches de poussière et de silence.Les États-Un
LouisJe ne peux pas m’arrêter. Pas maintenant. Pas tant qu’elle est encore en vie, tant qu’elle me défie à chaque seconde où elle me fuit. Clara est une erreur, une obstruction, mais elle n’est pas l’objectif final. Non, elle est juste un obstacle à écraser pour atteindre ce que je veux vraiment. Anna. Mon obsession.Je traverse le hall, mes pas résonnant comme un écho de la promesse que je m’étais faite ce soir-là. Les murs de mon empire sont solides, mais il y a des fissures, et c’est là que je vais frapper. Je n’ai plus de patience. Ni pour Clara, ni pour ses mensonges. Elle connaît la vérité, mais elle choisit de me mentir, de me faire perdre mon temps. Et cela, je ne le tolérerai pas.Je pousse la porte de la salle d’interrogatoire. Elle est là, toujours à genoux, tremblante, mais elle tente de masquer sa peur derrière une dignité qui n’a plus aucun sens. Elle croit encore qu’elle peut sortir de cette pièce indemne. Elle croit qu’elle peut garder son silence et en sortir indemne
LouisJe ne dis rien. Je ne bouge pas. Je la laisse se perdre dans ses pensées, dans ses mensonges. Elle se croit encore en contrôle, mais elle est déjà piégée, la vérité ne peut plus lui échapper. Mais Clara… Elle essaie encore de me faire croire qu’elle maîtrise la situation.Elle se crispe, un frisson court sur son dos. Elle essaie de regagner un peu de contenance, mais je vois que ça ne marche pas. La peur l’envahit de plus en plus, et j’aime ça. J’aime cette sensation de pouvoir. J’aime qu’elle sache qu’elle ne peut rien contre moi.Enfin, elle parle, sa voix un chuchotement tremblant :— Je… je ne sais pas où elle est, Louis. Je vous jure… je ne sais rien…Elle me regarde droit dans les yeux, ses lèvres tremblantes. Mais son regard, trop fuyant, trahit son mensonge. Elle sait. Elle sait où Anna se cache. Mais elle croit que je vais la croire. Que je vais lui accorder une chance.Je me rapproche lentement, un pas après l’autre. Elle recule, mais elle est déjà acculée. Il n’y a pl
LouisDeux mois plus tard Je suis là, assis dans la voiture, les poings toujours serrés, chaque muscle tendu. L’air est glacial, mais rien ne parvient à calmer cette brûlure qui consume mes entrailles. Ce n’est pas la peur qui me ronge, ni l’angoisse. C’est bien pire. C’est cette rage intérieure, cette furie silencieuse que je ne peux extérioriser. Je dois rester maître de moi. Pas de signes, pas d’indices qui trahissent ce qui se passe en moi.Adrien parle. Je n’écoute que d’une oreille distraite. Ses mots sont des bruits de fond. Il parle d’informations, de recherches, mais tout ça m’importe peu. Il ne voit pas l’étau se resserrer autour de ma poitrine, il ne perçoit pas la chaleur qui s’intensifie sous ma peau. Il ne sait pas que je suis au bord de l’explosion.Je respire profondément, une tentative vaine pour calmer ce feu qui me brûle. C’est elle. Anna. Elle est partie, elle m’a échappé. Elle m’a laissé seul avec ce vide, avec cette absence qui me ronge plus sûrement que n’impor