~ EAST ~
Les cours avaient recommencé depuis plusieurs semaines et je faisais toujours de mon mieux pour bien travailler à l’école quoique mon service chez M. Bruce m’épuisait énormément.
Ma mère de son côté était toujours aussi malade. En raison du manque de couverture santé et d’un salaire abordable, c’est à peine si j’avais assez d’argent pour lui acheter ses médicaments. Et comme il fallait aussi qu’elle soit nourrie, moi-même ne mangeais presque plus. Impossible de croquer dans quelque chose, la sachant affamée. À la cantine scolaire, je ne prenais que le quart de mes plats pour lui donner les trois quarts restants. Et au travail, je mettais de côté les restes au lieu de les jeter.
Je prenais sur moi depuis plus d’une année et la visibilité de mes os sous ma peau était la preuve indiscutable de mon manque d’alimentation.
Quelques jours après la rentrée des classes, l’état de santé de ma mère s’était légèrement détérioré. Et je ne l’avais su qu’à mon retour à la maison, aux environs de 22 heures. Je ne savais quoi faire. Il n’y avait plus de comprimés à lui donner et l’idée d’aller à l’extérieur me donnait des sueurs froides à cause de toutes ces créatures nocturnes qui pouvaient s’y trouver maintenant qu’il se faisait tard.
(Car j’avais passé des heures à tourner en rond et réfléchissant à une meilleure solution). J’aurais eu moins peur si nous ne vivions pas dans un quartier aussi désert que celui-là.
Ce fut donc après plusieurs minutes supplémentaires de tâtonnements que je couvris ma mère de tout linge qui était source de chaleur afin de l’emmener dans un établissement sanitaire.
Advienne que pourra, m’étais-je dis sans grande détermination car l’anxiété me froissait les boyaux.
Comme je n’avais pas les moyens de l’emmener dans un grand hôpital, je la conduisis vers la clinique la plus proche c’est-à-dire à 3 kilomètres de la maison… à pied…
Arrivées sur place, je me rendis compte que je n’avais pas de quoi payer à la caisse. Je ne savais quoi faire, alors je fis asseoir ma mère sur un siège de la salle d’attente, le temps d’élaborer un petit monologue à l’intention de la caissière.
Je me sentais si ridicule !
Je finis par me lancer mais rien n’y fit. La dame devait faire son travail et si je ne payais pas, ma mère ne serait pas prise en charge. Je n’avais aucunement envie d’abandonner mais qu’allai-je encore dire à la caissière ?
Je retournai finalement auprès de ma mère, les yeux subissant les démangeaisons avant-coureurs des larmes. J’espérais qu’il se produisît un miracle.
Nous y passâmes quand même une heure ou deux. Des patients allaient et venaient jusqu’à ce que la salle se vida. Il ne restait plus que quelques infirmiers circulant dans le hall. J’observai ma mère pâle qui avait sa tête posée sur mes genoux, tremblotant malgré le chauffage. Cette vue me fit de la peine et je ressentais un grand dégoût vis-à-vis de la caissière qui ne daignait même pas faire preuve de compassion. Peu après, un garde s’approcha de nous, nous demandant de nous en aller car l’heure de visite venait de passer.
On y était pour voir le médecin, nous ! Sauf qu’on avait pas d’argent pour payer les frais. Je restais bouche bée, incapable de prononcer quoi que ce soit. L’état de maman en disait long sur notre situation. Mais nos vêtements en faisaient plus.
Nous avions juste besoin d’un peu d’empathie.
Cependant, le monsieur indifférent continua de nous demander de partir nous menaçant désormais de procéder par la manière forte.
Je le suppliai mais en vain.
« Lorsqu’on vient à l’hôpital, on s’assure toujours d’avoir un minimum d’argent sur soi. Allez, jeune fille ! » me dit-il en m’indiquant la sortie.
Comment est-ce qu’il le savait ? La caissière, bien sûre ! Pourquoi tant de mépris ?
Je m’agenouillai face au monsieur pour lui expliquer notre situation mais rien n’y fit. Cependant, je remarquai bien son visage se détendre : il avait pitié mais avant qu’il n’eût prononcé quelque chose, une voix grave raisonna dans tout le hall :
« Il se passe quoi ici ? »
Au vu de son accoutrement, il s’agissait d’un médecin. Il s’approcha de nous alors que cette vipère de caissière expliqua de façon dédaigneuse ce qui se passait. Le nouveau venu nous reluqua ma mère et moi avant de réprimander les deux membres du personnel pour leur manque de sensibilité. Enfin, conclut-il qu’il réglerait lui-même toutes les dépenses à la condition de le rembourser progressivement. J’acceptai immédiatement et ma mère fut mise dans une salle et reçut des soins dans les minutes qui suivirent.
De mon côté, je décidai de passer la nuit dans la salle d’attente.
Le lendemain à 21 heures, je me libérai enfin de mes souffrances et trouvai à la sortie de l’établissement, Sam, un ami de Daniel qui me passa un sac plein de vivres en m’informant que c’était de la part de mon meilleur ami qui avait dû s’en aller.
Oui, mon meilleur ami, mon seul ami.
Après avoir dit au revoir à Sam, je me rendis à la clinique où je passai désormais la nuit au chevet de ma génitrice grâce à la permission du docteur DIXON.
* * *
* *
~ LELAND ~
Il m’arrivait souvent de me demander comment est-ce que mes parents s’étaient rencontrés pour la première fois, comment est-ce qu’ils s’étaient trouvés sur le même chemin… Ce genre d’interrogation…
Avoir le ou la partenaire idéal€ a toujours été l’une des choses les plus importantes pour tous. Il était évident que cette personne serait une alliée de confiance. En qualité d’Alpha, il m’en fallait aussi étant donné toutes les charges que cette fonction impliquait.
Seulement, je n’avais pas envie de le faire. Je ne savais pas à quoi m’attendre, et tomber sur une femelle insoumise aurait provoqué en moi un sentiment de révolte incommensurable. Alliés de confiance ou pas, personne ne devait résister à mon autorité !
À ma connaissance, les Lunas étaient toutes les mêmes : toujours du genre à vouloir imposer leurs décisions et se croire nos égales pour n’en faire qu’à leur tête. Ma mère était l’une d’entre elles. Et ce fut ce qui causa sa perte.
Dans ma réflexion, j’observai la forêt qui s’étendait à l’horizon alors que mon smartphone me notifia d’un texto de Niels¹, mon Bêta et ami proche, m’informant qu’il serait de retour dans une semaine.
Il se trouvait en fait, depuis un moment dans la Zone Nord-Nord-Est², précisément dans le Michigan. Sa mission là-bas était de régler des petits problèmes entre la race humaine et celle des lycanthropes parce que le Dirigeant que j’y avais mis aux commandes n’avait pas réussi à faire grand-chose.
Soudainement, s’additionna à l’air givré que m’offrait l’extérieur, l’odeur de ROMERO qui était lui aussi en déplacement provisoire, suivie de celle de la rose. Je me demandais bien qui il avait emmené avant de finalement me tourner vers tous les documents que j’avais passé la nuit à analyser, trier et archiver.
* * *
* *
Le soir même, je devais participer à un rassemblement des habitants du Domaine autour d’un grand feu de camp. Sur les lieux, je sentis de nouveau cette senteur de rose. Quelques minutes après, ROMERO et une louve dont le visage ne m’était pas familier apparurent tout en attirant l’attention de l’assemblée.
« Bonsoir Alpha, je suis ravi de ce que vous soyiez venu ! » s’adressa-t-il à ma personne alors que sa compagne et lui avançaient leurs pas dans ma direction.
« Qui est-elle ? » demandai-je intrigué par le fait de n’avoir jamais vu cette fille qui paraissait pourtant si proche de l’ancien bêta de la meute.
Elle le tenait fermement par le bras, alors ma question – bien qu’indiscrète – était tout-à-fait légitime.
Je ne pus m’empêcher de la reluquer : elle était métisse, de grande taille, aux cheveux longs châtains et blonds vers les pointes. Elle était jolie et avait une belle morphologie.
Alors que mon regard se reposa sur son visage, je remarquai qu’elle aussi me fixait. Elle avait des yeux marrons.
Le cinquantenaire me répondit qu’il s’agissait de sa nièce et qu’elle resterait au domaine pour le week-end.
* * *
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~ EAST ~
Le jour du samedi, les cours prirent fin à 14 heures et je n’arrivai pas à réaliser que ma journée avait été moins mauvaise qu’à l’habitude… Ils avaient peut-être tourné la page, pensais-je.
À la sortie du lycée, je pris le bus scolaire, direction : la maison. Comme je commençais mon travail dans les deux prochaines heures, j’avais préféré rentrer d’abord pour me reposer puis faire mes devoirs.
*21 heures*
Je sortis du snack pour me rendre à la clinique. Arrivée, je me rendis dans le bureau du docteur DIXON qui avait gentiment accepté de prendre ma mère en charge. Assise en face de lui, je sortis de la poche de mon vieux pull noir deux billets froissés de 5 dollars que je lui tendis timidement et, surtout avec toute la honte du monde sur ma tête. Il les prit alors que je sentais mes joues picoter légèrement. Je me sentais si misérable…
Le quadragénaire contourna son bureau après avoir déposé les billets sur la table et ce, sans piper mot. Il arriva à mon niveau puis me prit par le bras, m’encourageant à me lever. J’étais presqu’aussi grande que lui. Il effaça lentement la distance qui existait entre nous puis me souffla à l’oreille – dans un ton que je ne lui connaissais pas mais qui me fit frissonner –, que je pourrais payer les soins de ma mère d’une autre façon…
J’aimais beaucoup ma mère mais étais-je prête à faire ça pour elle ?
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~ EAST ~*Deux jours plus tard*J’avais les courbatures mais m’efforçais à me préparer pour aller à l’école ; j’étais frigorifiée de la tête aux pieds et peinais à marcher convenablement, pourtant je ne regrettais en aucun cas ce qui s’était passé la nuit précédente. Cette nuit qui avait été un véritable enfer ! C’était ironique comme réflexion parce que la température était toujours aussi basse.Ma mère dormait encore lorsque je disposais sur la table basse du salon tout ce qu’il y avait à manger que Daniel m’avait donné.Je me changeai puis me mis en route. En marche vers l’arrêt de bus, je révisais mon cours de géographie sur le N.O.E.M¹ et, étant emportée dans la lecture, je me sentis subitement tirée par les cheveux vers l’arrière, atterrir sur un tas de neige et en recevoir de partout. Comme mon pull scolaire n’était pas en mesure de me réchauffer et que je n’avais pas mis de chaussettes, je tremblais comme une feuille. Et cela avait l’air de plaire à Jordan qui riait aux éclats
~ EAST ~Je repris connaissance, ce jour-là par l’effet des caresses que je ressentais au niveau de ma tête. Une main tripotait mes cheveux et je me demandais quel pouvais être le lien entre cette personne et moi pour être aussi tactile surtout lorsque j’étais « endormie ».Je me demandais aussi ce que cette personne avait bien pu me faire lorsque j’étais inconsciente.Était-ce le docteur DIXON ? M’avait-il retrouvé ? Que m’avait-il fait ? m’interrogeai-je au bord de la panique.*Flashback**Samedi dernier*Il me proposa cette nuit-là de me donner à lui et sur-le-champ, je ne savais quoi dire, ni quoi faire. Je restais juste immobile et muette, tandis que dans ma tête s’engageait une bataille sans merci.Ne devais-je penser qu’à moi et refuser ? Et ma mère dans tout cela ? Mon manque de moyen était-il une raison valable pour me laisser faire ?Je me disais d’un côté que DIXON ne prendrait pas convenablement soin de ma génitrice au cas où je refuserais ; et de l’autre, me dis-je au con
~ EAST ~*Flashback*Mes pensées se portèrent vers mes parents. D’abord ma mère qui était gentiment allongée ou assise sur son lit d’hôpital, m’attendant avec patience. Puis, vers mon défunt père : s’il avait été là, rien de tout cela ne se serait passé.L’homme me déshabillait et je n’arrivais pas à me défaire de son emprise. Peut-être devrais-je le laisser faire, pensai-je un instant…Non ! Non, non et non ! Je ne pouvais pas laisser passer ça.« Un accord se fait à deux », tu parles !Il était hors de question qu’il fasse de moi ce qu’il voulait, alors j’attendis le bon moment pour avoir une chance de m’en sortir.Bien que consciente que je finirais par le refaire un jour où l’autre, je n’aimais pas du tout les circonstances du moment.DIXON était un bel l’homme, je fantasmais presque sur son physique, ses yeux, sa voix, mais aller jusqu’à m’offrir à lui était chose impensable. Cet homme me rappelait juste mon rêve d’avoir une personne aussi attirante et intelligente à mes côtés…B
~ THYTUS ~*Quelques heures plus tôt*« … En gros, c’était ça mon idée. Qu’en pensez-vous ? » terminai-je.Le silence prit place dans la salle de réunion, les Membres du Conseil furent dans un premier temps dubitatifs avant que la majorité ne commence à adhérer à mon idée.« Après tout, pourquoi ne pas essayer ? » dirent quelques-uns.Je jubilais intérieurement, certain que Leland n’aurait pas d’échappatoire. Cependant, la seule femme du conseil, c’est-à-dire Morgan LAZARUS, exprima son désaccord et conclut :« … Avoue que c’est dans tes intérêts ! »« Les intérêts de qui ? » intervint une voix rauque.On se leva tous à la vue de l’Alpha, nos têtes baissées en signe de salutation. Leland, une fois assis sur son siège, nous fîmes de même et celui-ci nous passa le bonsoir dans un sourire forcé. Nous échangions quelques banalités avant de reprendre notre sérieux.L’Alpha Alejandro MORALES, 32 ans régnait sur toute l’Amérique du Sud, donc la Southpart. Il n’était pas si différent de Lelan
~ NIELS ~Quelle n’avait pas été ma surprise lorsque je trouvais Jordan dans la salle d’entraînement, elle qui avait pour habitude de s’épousseter au moindre grain de poussière. Je me demandais quelle serait sa réaction lorsqu’elle verrait dégouliner de la sueur autour d’elle.Sa supposée relation avec Leland ne me dérangerait pas si son oncle n’était pas Thytus. Mais bon, qui étais-je pour empêcher à l’Alpha d’adopter la seule option qu’il avait ?Jordan en soi, était une fille charmante, quelque peu hautaine et peu bavarde. Je n’avais pas pris le temps d’en apprendre plus sur elle, mais du peu que je savais à son sujet, elle avait des associations caritatives et était d’une bonne famille. C’était très bien pour une lycéenne. Elle avait l’étoffe d’une Dirigeante.Bref, la métisse était habillée de vêtements de sport assez voyants comme plusieurs autres louves, – mais avec un truc en plus –.Elle semblait attendre quelqu’un. Ses bras fins croisés contre sa poitrine, elle me passa le b
*Quinze jours plus tôt*~ LELAND ~Jordan m’avait impressionné dès nos premières heures d’entraînement ensemble. Ses techniques, son agilité, ses réflexes, tout était vraiment super ! Rien que par ses aptitudes physiques, je validais déjà sa crédibilité dans son rôle de « Luna ».Elle était une fille pleine de vie, intelligente et surtout qui essayait de s’attacher à moi, chose pour laquelle je n’étais pas contre puisque cela faisait partie de notre marché. Seulement je n’appréciais pas le fait qu’une personne contrôle mes faits et gestes comme elle le faisait. Il était vrai que je lui avais demandé de se détendre un peu plus en ma présence mais… je commençais un peu à le regretter.Le soir-même, nous avions à aller marcher près des chutes d’eaux pour discuter un peu plus. Le matin, lors des entraînements, elle ne m’avait parlé que des choses vagues comme son âge, sa vie de lycéenne et ses bonnes actions. Et moi, lui avais expliqué les clauses de mon travail. Après la séance, j’étais
~ LELAND ~Les rayons du soleil frappaient violemment mon visage à moitié endormi et je jurais intérieurement tuer la personne qui avait osé pénétrer ma chambre sans ma permission et ouvrir les volets. Mais ce n’était que Morgan.« On frappe avant d’entrer ! » la sermonnai-je en me redressant pour m’asseoir, laissant ainsi glisser la couette jusqu’à mon bas-ventre.Elle s’excusa avant de me raconter qu’elle s’inquiétait du fait de mon absence à la réunion des Dirigeants du Sud.« Quelle heure est-il déjà ? » l’interrogeai-je en étouffant un bâillement.« Presque 13 heures ! »Mon sang ne fit qu’un tour. Cette réunion était prévue pour 8 heures. Je n’arrivais pas à croire que je m’étais laissé aller de cette façon.« Put… Et… Qui y est allé à ma place ? » demandai-je décontenancé.« Destiny. »Je m’apprêtais à sortir de mon lit lorsque je me rendis compte d’un truc : je n’avais rien en dessous. Après avoir congédié la louve, je filai dans la salle de bain. J’avais les nerfs à fleur de
*Ellipse de plusieurs jours*Le délai imposé à l’Alpha de la Northpart pour s’unir à sa partenaire venait de prendre fin. Cependant, rien ne l’empêcha de travailler comme il le faisait malgré la pression supplémentaire qui pesait désormais sur ses épaules. Il était évident que dans peu de temps, ses homologues et l’Alpha Suprême lui demanderaient des comptes.~ LELAND ~« Hé, si on faisait finalement le chemin du retour en voiture ? » proposa mon ,Bêta № 1, les yeux brillants d’enthousiasme.« Alors là, sans façon, cousin ! » s’indigna Destiny.Cela faisait plus de 2 semaines qu’ils étaient avec moi au Canada. J’y étais principalement allé pour prendre des comptes et observer. En effet, le voyage n’était pas nécessaire car Niels ou Destiny aurait pu le faire à ma place. Ou alors, les Dirigeants eux-mêmes seraient venus à moi pour faire le rapport. Seulement, avec les circonstances, c’est-à-dire tout ce qui s’était passé entre Jordan et moi mais aussi avec l’ancien Bêta des U.S.A., Nie
——— USA, État du Tennessee, Domaine du LYCAOR.Alors que Jordan expliquait le genre de personne que East avait été, elle ne put empêcher à ses larmes de dégringoler sur ses joues. Elle était peinée, voire même brisée de perdre son âme-sœur à cause d’elle. Pourquoi et toujours elle ? Pourquoi fallait-il que East Mallory PARKER soit toujours à l’origine de ses malheurs les plus poignants ?« … Lorsque j’ai découvert qu’elle était encore à Jon BARTHEZ, j’ai décidé d’y retourner. La reine du lycée en était devenue la risée. Apparemment sa famille avait tout perdu, ils s’étaient fait expulser de leur appartement à cause de toutes leurs dettes et son père était décédé peu après. Elle était devenue la personne la plus pauvre du bahut. Honnêtement, je n’ai ressenti aucune pitié. Je voulais au contraire être aux premières loges pour la voir malmenée. Elle devait payer pour tout ce qu’elle avait fait aux élèves de cette école. C’était le cœur égayé que je m’y étais inscrite au milieu de l’année
——— USA, État du Tennessee, Domaine du LYCAOR.~ JORDAN ~Leland venait de me frapper pour une deuxième fois à cause de cette humaine. Je n’arrivais pas à croire que, même dans sa condition misérable, cette merde pouvait me ravir l’homme de ma vie.N’étant pas habituée à me laisser faire, je me laissai totalement envahir par la colère. J’avais fait tant de sacrifices, j’avais pris sur moi, j’étais venue en paix, je ne voulais pas créer d’histoire, j’avais essayé par tous les moyens d’attirer son attention, lui qui était censé être ma moitié, mon parfait partenaire, mon âme-sœur… mais lui ne voulait faire aucun effort pour moi, pour nous. À la place, il s’était trouvé une autre. Et fallait-il qu’il s’agisse de la fille qui avait noircit ma vision du monde.En effet, il fut un temps où nous étions amies, plutôt les meilleures amies du monde.*Flashback*Mes parents et moi venions d’aménager à Détroit ; ils travaillaient pour l’entreprise PARKER & Cie. À l’époque, j’avais à peine 6 ans et
JORDAN ~Des heures et des heures passèrent depuis mon arrivée près des grandes grilles du Domaine. Je me sentais incapable d’aller plus loin. Ou alors avais-je peur, peur que Leland fût absent, qu’il me chassât dans le cas contraire, qu’on se prît la tête encore une fois. Il était mon âme-sœur et j’étais à un moment de ma vie où j’avais énormément besoin de lui. J’avais envie de lui près de moi.Les paroles de mes copines me revenaient à l’esprit. Elles étaient les seules à vraiment savoir le genre de relation – si je pouvais l’appeler comme ça – que j’entretenais avec l’Alpha. Elles me répétaient toujours qu’il ne me méritait pas, qu’il était insensible à mes sentiments, qu’il ne savait pas se battre pour le bien de notre « couple », qu’il ne me considérait pas comme la prunelle de ses yeux malgré la nature de notre lien et j’en passe.Quand j’y pensais, ça me rendait mélancolique. Il était bon avec moi lorsqu’on faisait semblant avant l’arrivée de l’Alpha de la Southpart. Puis, du
——— USA, État du Tennessee.*12h 46*« … Prépare-toi : dans deux semaines, j’aimerais recevoir l’invitation à ton mariage. » prononça l’Alpha Suprême avant de raccrocher l’appel.Leland eut à peine le temps de saisir ce qu’il venait d’entendre lorsque les bips de son téléphone fixe retentirent de nouveau. À l’autre bout du fil, était un Membre du Conseil qui demanda à le voir dans la grande salle de réunion. En effet, la plupart des décisions importantes pour la meute étaient votées par ces individus parmi lesquels étaient regroupés des personnes de diverses espèces y compris humaine. Seulement, cette fois l’Alpha semblait travailler seul et de surcroît en ignorant le vrai danger. De plus, la démission de Morgan de son rang de Luna n’était que pour susciter plus d’inquiétudes.~ LELAND ~•Tu n’y vas pas ? • m’interrogea mon loup alors que je m’assis sur ta table de mon bureau.•Rien ne m’y oblige. ••Ton statut, au contraire. ••J’ai envie de calme. • répliquai-je, incrédule.•Reprends
Devant le ton autoritaire et menaçant de Leland, East ne fut qu’obligée de confirmer ses craintes. L’homme qui l’avait arraché à sa famille n’était autre que l’Alpha de la Northpart, l’individu le plus détestable dont elle n’eût jamais entendu parler. C’était lui depuis tout ce temps. S’il passait ce message, pensa-t-elle, c’était parce qu’il pouvait se repasser les mêmes événements qu’au loft. La jeune femme ressentit malgré tout sa colère monter mais garda son calme : elle était entourée de lycantropes, tout de même ! Des « sauvages » qui l’auraient renvoyé dans le coma.Leland de son côté, s’en alla juste après avoir terminé son monologue mais fut rattrapé par la Luna qui voulut savoir à quoi il jouait, pourquoi avoir été aussi sévère avec sa population à cause d’une « humaine de rien du tout », une prisonnière, une moins que rien.« Juste parce que je déteste qu’on touche à ce qui est à Moi ! » lui répondit-il avant d’accélérer ses pas vers les pièces souterraines du LYCAOR.« ELL
Minuit arriva et Michelle appela les WELLINGTON pour savoir si sa nièce était bien chez elle. Mais ces derniers lui répondirent par la négative. Elle pouvait se trouver n’importe où et comme ce n’était pas la première fois, les géniteurs la crurent en train de s’amuser quelque part. Cependant, pour ne prendre aucun risque, ils contactèrent des amis à leur fille. Michelle de son côté rappela pour la énième fois sa nièce qui ne décrochait toujours pas.Il était plus de 2 heures passées lorsque les parents de Jordan la retrouvèrent gésir¹ sur le bitume gelé du tunnel où elle avait été agressée. La lycanthrope respirait encore mais était inconsciente et il en était de même pour sa louve. Après ce constat, le couple ramena leur fille chez eux et un médecin les rejoignit peu après. Les examens effectués, le diagnostic posé était une absorption d’Argent. Ainsi la lame qui l’avait blessée était faite de ce métal.¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤——— USA, État du Tennessee, Domaine du LY
——— Canada, État du Québec.*12 heures*« Vous étiez partis sans me laisser l’occasion de vous dire que j’avais froid… »« Là n’est pas la question ! »L’humaine se contenta de baisser son regard sur ses mains entrecroisées, l’air gênée.« Je vous demande pardon. J’aurais dû chercher un moyen de … d’arranger ça. » murmura-t-elle.Leland appréciait le caractère docile de cette jeune femme et aurait souhaité avoir une personne pareille à ses côtés. Il fit cette réflexion en pensant à Jordan.L’Alpha l’observa un moment avant de l’ordonner de manger. Contrairement aux autres fois, il resta dans la pièce. Assis sur une chaise près du lit, il engagea une nouvelle conversation.« J’ai beaucoup cherché des choses à ton sujet mais pas de réponse me permettant d’en savoir plus sur toi. Je suis au courant de quasiment tout ce qui passe ici et j’ai constaté que t’es une gentille fille. Comment t’as fait pour tomber aussi bas en devenant une voleuse ? »Si elle devait vraiment travailler avec lui
——— Pôle Nord.Un poids lourd chargé de deux conteneurs quitta le port pour livrer la cargaison au chalet situé à l’orée de la forêt, près des grandes montagnes. Le véhicule effectua un trajet de plus de 10 heures avant d’arriver à destination.Les résidents du chalet déchargèrent progressivement les marchandises des conteneurs et les transportèrent au sous-sol.Dans un bureau du deuxième niveau, était installé un quinquagénaire qui fut très vite informé lorsque toutes les opérations furent effectuées. Il se rendit donc dans l’immense pièce souterraine et sourit face à la multitude de marchandises qui se présentait à ses yeux.Pas de temps à perdre, l’homme ordonna à ses subalternes de se remettre au travail. Un premier groupe ouvrit deux caisses et prit tout l’Argent¹ qui s’y trouvait avant de le mettre en machine. Tandis que le deuxième se rendit de l’autre côté pour forger des armes blanches. Il y avait aussi un troisième groupe qui devait s’occuper du chargement des armes à feu jus
——— Canada, État du Québec.*À l’hôpital**02h 07*« C’est donc elle la… « commença Destiny avant de se braquer à quelques mètres de East. « Hé ! Mais j’te reconnais, toi. T’ES LA SALE GARCE QUI AVAIT ESSAYÉ DE VOLER MON TÉLÉPHONE, À DÉTROIT ! »Le ton accusateur de la louve Bêta fit frémir la jeune femme qui avala maladroitement sa salive. Avant même de se souvenir de cedit événement, la blonde vénitienne eut des sueurs froides accompagnées d’une vague de frissons dans le dos. Son rythme cardiaque s’accélérait à chaque pas que la lycanthrope effectuait et son regard tantôt posé sur cette dernière se dirigea vers Leland : pour une raison particulière, l’humaine espérait qu’il la sauve. Destiny se trouvait désormais à son chevet alors que :« En même temps, ça ne m’étonne pas. » commenta le lycanthrope. « Et toi, s’adressa-t-il à East, le jour où tu voles encore quoi que ce soit, je m’ferai un fou plaisir de t’arracher les tripes un par un. »* * ** *——— USA, Détroit, État du Michiga