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Author: RS WILD
last update Last Updated: 2025-04-17 17:37:47

Le ciel grisonnait, ses nuages lourds promettant une neige imminente, une menace suspendue au-dessus de la ville. Deborah, emmitouflée dans son manteau noir, suivait Renée dans le marché couvert, ses pas résonnant sur le sol de béton usé. L’air était saturé d’odeurs – pain frais, poisson salé, épices piquantes – et les voix des marchands s’entremêlaient en un brouhaha vivant, ponctué par le cliquetis des pièces et le froissement des sacs en papier. Les néons du marché projetaient une lumière crue sur les étals, faisant scintiller les légumes humides et les fruits colorés, un contraste saisissant avec la grisaille extérieure. Deborah sentit une bouffée de liberté, même éphémère, loin de la maison de Jonathan, loin de son ombre oppressante.

Renée, un panier en osier au bras, naviguait entre les stands avec aisance, ses yeux scrutant les produits avec une précision de connaisseuse. Deborah, à ses côtés, portait un sac déjà lourd de légumes, ses doigts engourdis par le froid qui s’infiltr
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    Le marché couvert bourdonnait d’une vie chaotique, les odeurs de pain frais, de poisson salé et d’épices flottant dans l’air humide. Deborah, encore secouée par son baiser avec Diego, sentit son cœur palpiter, une chaleur inattendue envahissant ses joues malgré le froid mordant qui s’infiltrait par les portes ouvertes. Les néons crépitaient au-dessus, projetant des ombres mouvantes sur les étals colorés, et les voix des marchands, criardes et rythmées, formaient un fond sonore qui semblait à la fois lointain et oppressant. Elle se tenait près de Renée, son manteau noir absorbant la lumière, comme un bouclier contre le monde extérieur.— Excusez-moi, je ne vous ai pas présenté, dit-elle, sa voix teintée d’une légèreté qu’elle n’avait pas ressentie depuis des jours. Voici mon ami Diego, et voici Renée, la gouvernante de mon parrain.Diego, avec son sourire éclatant, s’inclina légèrement vers Renée, ses yeux bruns pétillant de charme. Il plongea la main dans son panier, en sortit une ros

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    — Mais je t’avais dit que je m’en fichais, on s’aimait, répondit-il, son ton doux mais ferme, comme s’il revivait leur passé à voix haute, comme si ces mots avaient été gardés en lui, prêts à éclore à nouveau.Deborah sentit son souffle se suspendre, son regard se perdant dans le sol de béton sale du marché, strié de traces de pneus et de flaques d’eau huileuse. Ses yeux se brouillèrent. Tout remontait en elle, d’un coup : les après-midis passés dans son atelier d’étudiant, les projets griffonnés sur un carnet taché de peinture, les rires étouffés à l’heure où la ville s’endormait. Les souvenirs affluaient comme une marée, déferlant contre le barrage qu’elle avait érigé depuis toutes ces années.— Je n’ai pas été élevée comme ça, murmura-t-elle, la voix tremblante, prise dans une faille intérieure. Et pourtant…Ses mots restèrent suspendus dans l’air, étouffés par un mélange de culpabilité et de tendresse. Elle n’arrivait pas à finir sa phrase, comme si y mettre un point final risquai

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    Deborah sentit les larmes couler sur ses joues, chaudes et incontrôlables, alors qu’elle tapotait l’épaule de Diego, un geste pour le rassurer autant qu’elle-même. Son rire, encore fragile, résonnait dans l’air saturé du marché, où les odeurs de poisson et de pain frais se mêlaient à celle, plus subtile, de la rose qu’il lui avait offerte. Elle cligna des yeux, tentant de chasser ses larmes, et lui adressa un sourire tremblant.— Ne t’en fais pas pour moi, je serai toujours ton modèle, même pour tes clients, dit-elle, sa voix vacillant mais déterminée.Diego haussa un sourcil, un sourire taquin étirant ses lèvres.— Je te payerai !— Même pour rien, je le ferais, je donnerais mon corps à l’art, répondit-elle, un éclat de malice dans les yeux, bien que ses larmes continuassent de couler.Il lui pinça les hanches, un geste joueur qui la fit sursauter, son rire éclatant malgré la douleur qui pesait sur son cœur.— Tu as perdu du poids, mais je te préférais avec des formes ! lança-t-il, s

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    Deborah entra dans la cuisine, ses doigts serrant la rose qu’elle tenait encore, son parfum doux un rappel de Diego et de l’instant de liberté volé au marché. L’odeur du bouillon mijotant emplissait la pièce, mêlée à celle du bois ciré et du café froid sur le comptoir. Renée, affairée à ranger les courses, lui jeta un regard furtif, ses mains s’agitant nerveusement. Deborah sentit une tension dans l’air, amplifiée par la voix de Jonathan, résonnant depuis le salon. Il riait à pleins poumons, un son grave et exubérant qui lui donnait la nausée, chaque éclat une insulte à son autonomie.— OK, ce soir c’est bon, oui, je vous la présenterai ! l’entendit-elle dire, sa voix claire malgré la distance.Deborah ferma les yeux, une vague de dégoût la traversant. Il parlait d’elle, elle en était sûre, comme si elle n’était qu’un objet à exhiber. Ses doigts effleurèrent ses lèvres, marquées par le baiser de Diego, et un sourire fugace traversa son visage, un secret chéri. Mais les pas lourds de J

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    Plus tard, alors qu’elle préparait le déjeuner – une simple pizza réchauffée, comme la veille – Deborah entendit les pas lourds de Jonathan dans le couloir. Il réapparut dans la cuisine, son humeur semblant s’être légèrement adoucie, mais ses yeux, plissés et fatigués, trahissaient toujours une tension sous-jacente. Flocon, toujours sensible à l’ambiance, releva la tête de son panier et s’approcha prudemment de lui, remuant la queue avec hésitation, comme s’il testait la température émotionnelle de la pièce.— J’ai parlé a un amis, il y a un autre endroit, dit Jonathan sans préambule, s’appuyant contre le chambranle de la porte. Ils ont une salle disponible samedi prochain. Ce n’est pas celle qu’on voulait, mais ça fera l’affaire.Deborah, qui coupait la pizza en tranches inégales, s’arrêta net, son couteau suspendu en l’air. Flocon, sentant un nouveau pic de tension, s’assit entre eux, ses yeux alertes passant de l’un à l’autre.— Samedi prochain ? répéta-t-elle, incapable de masquer

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    Jonathan se redressa, passant une main dans ses cheveux, visiblement à bout de patience.— Ne commence pas avec ça, Deborah. Tu sais très bien pourquoi on en est là. Tu as fait des choix, et maintenant, on assume. Tous les deux.— Des choix ? s’exclama-t-elle, sa voix montant d’un cran. Quels choix, Jonathan ? Celui de ne pas t’aimer ? Celui de ne pas vouloir de cette vie que tu essaies de m’imposer ? Tu parles de choix comme si j’avais eu mon mot à dire !Flocon, effrayé par les éclats de voix, aboya doucement, ses petites pattes s’agitant comme s’il voulait intervenir. Deborah le prit dans ses bras, le serrant contre elle pour le calmer, mais ses yeux restaient fixés sur Jonathan, pleins de défi.— Tu penses que je fais ça pour m’amuser ? cria-t-il, sa voix résonnant dans la cuisine. Tu crois que c’est facile pour moi ? J’essaie de construire quelque chose, Deborah. Avec toi ! Et toi, tout ce que tu fais, c’est te moquer et me repousser !— Parce que je ne veux pas de ça ! répliqua-

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    Le lendemain matin, Deborah se réveilla sur le canapé du petit salon, Flocon blotti contre son flanc, ses petites oreilles soyeuses frôlant son bras. Les rayons du soleil traversaient les rideaux, illuminant la pièce d’une lumière douce mais implacable, comme un rappel que la journée allait être longue. Elle caressa distraitement la tête du chiot, qui s’étira en bâillant, ses yeux ronds pleins d’une innocence qui contrastait avec la lourdeur de son propre cœur. Elle se redressa, les muscles encore endoloris, et jeta un regard autour d’elle. La maison était silencieuse, mais elle savait que Jonathan ne tarderait pas à apparaître, avec son énergie débordante et ses attentes oppressantes.Elle se leva, Flocon trottinant derrière elle, et se dirigea vers la cuisine. Le chiot, toujours plein d’entrain, s’arrêta pour renifler un coin du parquet, sa queue battant l’air comme un métronome. Elle prépara du café, plus par réflexe que par envie, et s’assit à la table, la tasse chaude entre ses m

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    — Je suis juste en face de toi. Regarde-moi.Sa voix claqua doucement dans le silence, une injonction sans colère mais pleine d'attente. Deborah leva les yeux, lentement, comme si son regard pesait une tonne. Il était là, tout près, trop près. Elle sentit son souffle sur sa peau. Un frisson la traversa, aussi imperceptible qu’inattendu.Flocon, qui s’était roulé en boule non loin d’eux, redressa la tête, les oreilles frémissantes. Il s’approcha à pas feutrés, posant son museau contre le genou de Deborah, l'air inquiet.— Alors, tu n’es pas obligée de mentir. Si je ne te plais pas, dis-le.Elle cligna des yeux, la gorge sèche.— Je ne sais pas.— Tu hésites ?Elle secoua légèrement la tête, puis la redressa, le menton plus haut cette fois.— Non… Je me dis qu’au final, tu ressembles beaucoup à John. Ton père.Elle vit son expression changer. Subtilement. Juste un battement de cil un peu plus long, une tension au coin des lèvres. Elle savait que ça piquerait. Et pourtant, elle ne retira

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    — On a quand même passé des jours ensemble quand tu étais jeune. Tu n’avais aucun avis sur moi ?— Aucun, je te l’ai dit. Tu n’existais pas pour moi !— Je pensais que tu m’évitais car je te plaisais !— Je ne t’évitais pas. Si tu m’avais plu, je ne t’aurais pas évité, crois-moi. Je n’ai jamais évité un homme qui me plaisait.— D’accord, je comprends. Dis-moi, est-ce que tu me trouves attirant physiquement ?— Je ne sais pas, je ne te juge pas vraiment sur ton apparence !— Toi, tu m’attires, Deborah Miller, mais ton caractère un peu moins. On travaillera là-dessus ensemble !Il lui caressa les fesses, et elle crut comprendre le message qu’il essayait de lui faire passer. Flocon, sentant un changement d’humeur, s’assit et les regarda tour à tour, comme s’il attendait une explication.— Tu m’as aussi fait mal, crois-moi, je ne pourrai pas dormir sur le dos ce soir ! Allez, je te laisse dormir.Il déposa un baiser sur sa joue avant de glisser ses lèvres dans son cou. Elle sentit des fri

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    — Taie-toi, Miller ! On a de la compagnie. Merci de ne pas me causer d’embarras.Il la plaqua contre le mur et murmura à son oreille :— Je pourrais recommencer ce qu’il y a eu tout à l’heure !Elle en eut le souffle coupé, un poids au cœur. Parfois, il lui faisait peur, mais cette fois, elle ne ressentait pas seulement de la peur.— Tu as compris ? demanda-t-il.Elle répondit timidement par un petit « oui ».— Je n’ai pas entendu, insista-t-il.— Oui, d’accord, je ne vais pas te mettre dans l’embarras.Il s’écarta d’elle et lui caressa le visage.— Merci, et tant qu’à faire, essaie d’avoir l’air amoureuse !— Ne m’en demande pas trop non plus !— Comment ?Il l’avait recollée contre le mur.— D’accord, mais recule, tu me fais mal ! lui dit-elle.Il recula et la regarda de la tête aux pieds, puis rit.— Ah oui, ton cul qui touche le mur, pardon !Elle eut envie de l’insulter, mais déjà il lui prenait la main pour l’entraîner vers la sortie pour retourner auprès de ses amis.Léa demand

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