La soirée battait son plein, les conversations se chevauchaient, les rires étaient forcés, et l'odeur du champagne flottait dans l'air. Dave ne supportait plus l'atmosphère chargée de faux-semblants qui régnaient autour de lui. Il n'y avait rien d'authentique, rien de sincère. Tout ce qu'il voyait étaient des sourires figés, des politesses étouffées, des regards furtifs, et des gestes trop étudiés pour être naturels.— Je dois partir, murmura-t-il à Greg.— Tu veux qu'on parte maintenant ? Greg haussait les sourcils, clairement surpris. Il pensait que Dave ferait au moins un effort, mais le regard de Dave le fit se raviser.— Je vais prétexter une visioconférence avec des partenaires étrangers. Ça fera l'affaire.Les deux hommes se retrouvèrent dehors, une bouffée d'air frais les accueillant. Ils avaient tous deux ce soulagement immédiat, celui d’avoir quitté cet endroit où tout était artificiel. Greg se tourna vers Dave, son visage marqué par une tension qui ne cessait de croître.—
Kate s'acharnait sur son écran, cherchant à noyer ses pensées dans un flot incessant de chiffres et de rapports. Depuis que Dave l'avait quittée lundi, elle ne s'autorisait aucun répit, préférant la fatigue au vide. Pourtant, ce soir-là, elle avait pris une décision : fuir quelques jours.Elle porta son téléphone à son oreille.— Allô, Vero ?— Kate ! s'exclama son amie d'une voix enjouée. Ça fait une éternité ! Comment vas-tu ?Kate soupira légèrement.— Disons que je survis. Écoute, je voulais t'informer que je viens au Pays Z la semaine prochaine.— Vraiment ? s'exclama Vero, ravie. Toute la semaine ?— Oui. Je dois superviser l'intégration de Blacksands dans le Groupe Redland.— C'est génial ! Cette fois, je te promets que je viens te chercher à l’aéroport. Pas question que tu prennes un taxi.Kate sourit malgré elle.— D'accord, marché conclu.Elle entendit un bruit derrière elle et se retourna brusquement. Son cœur se serra en apercevant Dave qui venait d'entrer sans frapper. Il
Kate se sentait perdue. Hier soir, Dave s'était présenté à son bureau, comme si rien ne s'était passé, comme s'il pouvait encore agir comme avant, avec cette possessivité qu'elle ne supportait plus. » Il s'était même permis de frôler sa joue, un geste tendre qui la révoltait maintenant. De quel droit revenait-il jouer les protecteurs ? Elle détestait qu'il prenne des décisions pour elle, qu'il s'immisce dans son existence comme s'il en avait encore le droit.Encore enveloppée dans son peignoir de bain, elle s'assit sur la terrasse de son appartement, une tasse de café tiède entre les mains. L'air du matin était frais, mais elle n'en avait que faire. Elle tentait de prendre son petit-déjeuner, bien que son estomac soit noué. Son téléphone vibrait entre ses doigts, elle parcourut machinalement les actualités. Puis, elle s'immobilisa.Une photo de Dave et Monica apparut sous ses yeux. Son cœur rata un battement. Intriguée, elle cliqua sur l'article. Le gros titre la frappa de plein fouet
Dave n'avait dormi que quelques heures quand son téléphone se mit à vibrer frénétiquement sur sa table de nuit. À moitié conscient, il tendit la main et décrocha sans même ouvrir les yeux.— Quoi ? grogna-t-il d’une voix rauque.— Dave, mon vieux, t’es dans la merde, annonça Greg d’un ton alarmé.Dave ouvrit brusquement les yeux et se redressa si vite qu'il manqua de tomber du lit.— Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ?— T’as regardé les news ?— Évidemment que non, j'étais en train de dormir comme toute personne normale à… il jeta un œil à l’horloge, 8h du matin. Merdeeee.— Eh bien, regarde-les maintenant.Dave raccrocha et ouvrit les actualités sur son téléphone. Son cœur faillit exploser en voyant sa propre tête à côté de celle de Monica en première page de tous les sites d’infos."Le mariage surprise du milliardaire Dave Hopkins et de la sublime Monica Greatwall !"— Merde, merde, merde… murmura-t-il en faisant défiler l'article.Puis une autre pensée lui traversa l’esprit.— Kate…S
Monica descendit les escaliers de marbre avec un sourire satisfait. Elle rejoignit son père, Charles Greatwall, assis à la grande table en acajou du salon familial, sirotant son café matinal en feuilletant le journal du jour.— Papa, tout se passe exactement comme prévu, dit Monica en s'asseyant gracieusement.Charles leva les yeux, un sourire en coin effleurant ses lèvres.— Je n'en ai jamais douté. Le plan a été minutieusement orchestré. Arnold Hopkins a réussi à soumettre son petit-fils pour que ce mariage ait lieu le plus vite possible.Monica hocha la tête, une lueur de satisfaction dans le regard.— Oui, il était plus attentionné que jamais hier soir. Il sait que m'épouser est la meilleure décision pour lui.— Monica, ce mariage doit avoir lieu. Il n’y a pas d’autre option.La jeune femme fronça les sourcils, cherchant à comprendre l’urgence que son père tentait de lui transmettre.— Tu veux dire que nos entreprises sont en danger ? Mais comment est-ce possible ? Nous avons touj
Monica Greatwall fit une entrée fracassante dans le hall principal des bureaux d’Hopkins Industries, perchée sur ses talons vertigineux, une robe de créateur parfaitement ajustée épousant ses formes. Son parfum capiteux envahissait l’espace, un sillage de vanité et d’arrogance dans son sillage.Les employés, habitués à ses caprices et à ses accès de colère, s’écartèrent instinctivement, feignant une occupation urgente derrière leurs écrans ou trouvant un prétexte pour disparaître dans un couloir adjacent. Personne ne voulait croiser son regard perçant, personne ne voulait être la cible de ses remarques acerbes ou de ses exigences insensées.Elle avançait, triomphante, savourant la crainte qu’elle inspirait. "Quelle bande d’incapables", murmura-t-elle avec un sourire narquois alors qu’un employé laissa tomber un dossier en précipitant sa fuite.Arrivée à l’étage du PDG, elle s’arrêta devant le bureau de la secrétaire personnelle de Dave Hopkins, qui releva la tête avec une expression n
Monica entra dans la vaste demeure familiale, le claquement de ses talons résonnant sur le marbre immaculé. Son visage était crispé de rage, ses poings serrés autour de son téléphone qu'elle venait de jeter dans son sac avec fureur. Comment osait-il ? Comment Dave osait-il ne pas répondre à ses appels ? Après tout ce qu’ils ont vécu ensemble, il osait l'ignorer ?Elle marcha d'un pas déterminé vers le bureau de son père, bien décidée à obtenir des explications et à régler cette affaire immédiatement. Mais à peine avait-elle traversé le hall que sa mère apparut devant elle, le visage illuminé par un soulagement palpable.— Enfin, te voilà, ma chérie ! s'exclama-t-elle en tendant les bras vers sa fille. "Nous avons une nouvelle formidable !"Monica arqua un sourcil, l'air impatient.—Quoi encore ? grogna-t-elle en replaçant une mèche de ses cheveux impeccablement coiffés derrière son oreille.Sa mère lui prit la main avec excitation.—Ton mariage avec Dave va être avancé. Ce sera jeudi
Le soleil caressait doucement la peau de Vero tandis qu'elle attendait à l'aéroport, un sourire éclatant sur le visage, impatiente de retrouver son amie Kate après si longtemps. La dernière fois qu'elles s'étaient vues, c'était avant que la vie de Kate prenne une tournure inattendue.Elle aperçut enfin Kate. Kate descendait lentement de l'avion, fatiguée, les yeux cernés de sommeil. Elle semblait être en décalage avec la réalité. Cela faisait des jours qu'elle n'avait pas trouvé le sommeil, accablée par la douleur intérieure qui la rongeait.Kate, malgré la tristesse qui se lisait sur son visage, s'éclaira d'un sourire radieux en rencontrant les yeux de son amie. Et sans hésiter, elle se précipita dans les bras de Vero.Vero la serra fort dans ses bras,— Kate, tu es là ! Enfin ! Je t’ai tellement manquée, dit-elle en riant légèrement.Kate, le visage enfoui dans l'épaule de Vero, murmura, la voix tremblante :— Je ne sais même pas comment j’ai réussi à tenir sans toi.Vero la guida d
Le soleil se couchait doucement sur les jardins de la villa, teignant le ciel d’un rose orangé. Les familles, réunies pour un dîner en extérieur, savouraient les derniers instants d’une journée parfaite. Tandis que les bébés dormaient paisiblement à l’étage, bercés par les soins experts de leurs grands-parents, les jeunes mariés profitaient d’un rare moment de calme.Dave, accoudé à la rambarde de la terrasse, sirotait un jus de citron frais, le regard perdu dans l’horizon. À ses côtés, Greg sirotait un soda glacé, les pieds posés sur une chaise vide.Soudain, Dave tourna la tête vers lui, un sourire malicieux au coin des lèvres.— Tu te souviens du pari qu’on avait fait, il y a un an ? Juste après que j’ai rencontré Kate ?Greg haussa un sourcil, l’air intrigué… puis éclata de rire en recrachant presque sa gorgée.— Comment oublier ça ! J’avais parié que tu finirais par tomber fou amoureux d’elle, et que tu l’épouserais !— Et moi j’avais dit que c’était impossible… répondit Dave, fa
Le grand jour était enfin arrivé.Sous un ciel bleu limpide et une brise douce parfumée de jasmin, la grande villa des Hopkins avait été transformée en un jardin de conte de fées. Guirlandes suspendues entre les arbres, pétales de roses jonchant l’allée, arche florale majestueuse… tout semblait tout droit sorti d’un rêve.Mais comme dans tout rêve parfait, il y avait... quelques imprévus.Evan courait partout avec une cravate de travers.— Quelqu’un a vu les chaussures de Greg ?! Mathias a bavé sur mes fichues notes de discours ! Et Christiana vient de faire pipi sur la robe de Joy. CATASTROPHE !Kate sortit de la chambre, rayonnante dans sa robe ivoire. Elle attrapa Evan par les épaules :— Respire. Tout va bien.— Je vais m’évanouir avant vous !Greg arriva au même moment, torse nu, une chaussette sur la tête au lieu du pied.— Je suis prêt ? Non ? Trop de pression. Dave respire comme Dark Vador dans le dressing. Joy pleure parce qu’elle a marché sur sa traîne. Et Mathias veut un bib
La villa de Kate et Dave bourdonnait d’une effervescence douce et joyeuse. Depuis l’annonce de leur double mariage, les familles Kitson, Hopkins, Jensen et Hanson ne parlaient plus que de ça : le grand jour. Ou plutôt... les deux grands jours réunis en un seul.Car oui, l’amour avait frappé fort et d’un coup : Kate et Dave, les âmes reconnectées après mille tempêtes, allaient dire oui... en même temps que Joy et Greg, les cœurs nouveaux, surpris mais sincèrement liés.La première à fondre en larmes en voyant les robes de mariées alignées sur les portants, ce fut Eva, la maman de Kate et Joy.— Mes bébés vont se marier... et le même jour en plus !— Tu veux que je te dise, maman ? lança Joy en souriant. J’ai toujours su qu’on ferait tout ensemble. Même tomber amoureuse au même moment.— On va vous voler la vedette, ajouta Kate en riant, les yeux fixés sur sa sœur.Pendant ce temps, Greg et Dave, eux, testaient leurs costumes devant un miroir géant.— Je crois que j’ai un air de prince
Le lendemain matin, la nouvelle s'était répandue comme une traînée de poudre. Greg et Joy étaient ensemble. Ou, selon les rumeurs des plus enthousiastes : "ils s'aiment comme des fous et élèvent déjà Mathias ensemble dans une villa pleine de fleurs et de biberons."C'était Henry Hopkins qui avait lancé les festivités. Assis avec Eva Kitson sur un banc au jardin, il tapota son téléphone, lut le message de Greg… et explosa de rire :— Mais alors c’est vrai ?! Ma future belle-fille, c’est la petite Joy ? Ha ! J’aurais dû m’en douter !Eva fronça les sourcils avec un sourire en coin.— Qu’est-ce qui te fait rire, Henry ?— Notre Greg est amoureux de de votre Joy, et moi, je trouve ça parfait ! On devrait faire un arbre généalogique en spirale, tiens, ça ira plus vite !Dans le salon de Kate, Yvan Kitson – toujours très sérieux – était en train de lire le journal quand Dave entra, hilare :— Papa Yvan, tu savais que Joy et Greg sont ensemble ?Yvan leva un sourcil, très calme.— Oui. Et j’
Quelques semaines après le procès, la vie reprenait lentement son cours. Dave et Greg avaient un besoin urgent de tourner la page, de construire quelque chose de nouveau – de solide – pour leurs familles respectives. Et cela passait, d’abord, par un nouveau foyer.Dave tomba amoureux d’un domaine immense situé à flanc de colline, une villa de 2000m² avec un jardin luxuriant, une piscine naturelle, une serre, et même une petite forêt en bordure. Lorsqu’il emmena Kate la visiter, elle n’en revenait pas.— Dave… tu es fou ! C’est gigantesque.— Fou de toi, surtout, répondit-il avec un sourire espiègle. Il nous faut de l’espace pour les triplés. Et pour toi. Je veux que tu te sentes libre ici.Kate avait les larmes aux yeux en découvrant la chambre des bébés, déjà décorée. Son cœur battait à tout rompre.De son côté, Greg avait opté pour une villa plus discrète mais pleine de charme, avec un jardin fleuri, des baies vitrées, une terrasse en bois et une chambre spécialement conçue pour Mat
La nuit était tombée à l’Escala. Les rires s’étaient tus, les berceaux bercés, les familles reparties. Le calme régnait enfin, un calme doux et feutré, comme si le monde entier retenait son souffle pour ne pas déranger ce moment.Dans la chambre principale devenue leur cocon, Dave et Kate étaient enfin seuls. Les triplés dormaient à quelques mètres d’eux, paisibles. Leurs petits soupirs étaient les seuls sons qui brisaient le silence.Kate, encore vêtue d’une robe légère, se tenait debout face à la fenêtre, contemplant le jardin nocturne. Dave, adossé au chambranle de la porte, la regardait en silence. Il n’y avait plus Monica, plus de poison, plus de secrets — juste elle et lui. Et le poids insupportable de toutes ces mois à se désirer sans se retrouver.— Tu comptes rester là toute la nuit ? demanda Kate d’un ton doux mais chargé de sous-entendus.Dave sourit. Ce sourire. Celui qu’elle avait aimé dès le premier jour.— Je n’ose pas m’approcher. Tu es… comme un mirage.Kate se retourn
La nouvelle de la naissance de Mathias Hanson s’était répandue aussi vite qu’un éclair dans un ciel d’été. À peine quelques heures après l’accouchement, la salle de repos de la maternité était remplie de visages rayonnants, curieux, parfois émus jusqu’aux larmes.Greg, blême de fatigue mais souriant jusqu’aux oreilles, tenait son fils dans ses bras avec la maladresse d’un homme qui apprend encore à respirer en même temps que son bébé.— Il est là… souffla-t-il, les yeux brillants, en voyant les premiers invités arriver.La grand-mère de Greg, une dame élégante au regard perçant, entra en tête du petit groupe, suivie des parents de Greg et de sa sœur Johanne. Tous s'arrêtèrent en le voyant.— Greg… mon dieu… c’est ton fils ? souffla sa mère, les larmes aux yeux.— Oui, maman. Je vous présente Mathias.Sa grand-mère, d’ordinaire un roc d’austérité, dut sortir un mouchoir. Son père s’éclaircit bruyamment la gorge pour contenir l’émotion, tandis que Johanne fondait carrément en larmes.—
Le van noir fonça jusqu’à l’hôpital à une vitesse qui aurait fait pâlir un pilote de Formule 1. Dave klaxonnait à chaque virage.— Dave ! Tu vas nous tuer !— T’as crié « elle accouche » ! C’est soit ça, soit tu coupes le cordon toi-même dans le salon, Greg !Ils freinèrent net devant les urgences maternité, Greg sauta hors de la voiture... et se tordit la cheville en atterrissant.— Aïe ! Aïe ! Je suis foutu ! J’arriverai jamais !Dave, hilare, le soutint sous l’épaule.— Allez papounet, debout ! Si t’es pas là pour couper le cordon, c’est moi qui le fais, et je te promets que je le ferai avec les dents.Greg hurla un "NOOONNNNNN", qui fit se retourner toute la salle d’attente.Une infirmière, alertée, accourut.— Vous êtes monsieur Greg ? Vite, suivez-moi, elle est en salle de naissance, vous avez juste le temps d’enfiler la blouse !Greg attrapa la blouse, se trompa de sens, s’emmêla dedans, manqua de tomber sur un brancard, puis… enfin, entra.Monica était pâle, en sueur, exténuée
La douleur frappa Monica comme un éclair dans la colonne. Brutale. Sèche. Elle tomba à genoux sur le sol glacé de sa cellule. Ses cris résonnèrent dans les couloirs bétonnés de l’aile d’isolement.— Aaaahhh… oh mon Dieu… AAHHH !Le gardien accourut, alerté par l’alarme déclenchée dans la cellule.— Elle perd les eaux ! URGENCE MÉDICALE !Monica, haletante, transpirante, hurla :— Appelez Greg ! Je veux Greg ! Appelez-le maintenant !Deux gardes la hissèrent sur une civière, sous le regard figé d’une infirmière carcérale. Monica agrippa l’un d’eux par le col, les yeux fous :— Appelez Greg, je vous en supplie ! Dites-lui que je… que je vais accoucher !Son regard n’avait plus rien de froid ou stratégique. Il n’y avait plus de manipulation. Plus de contrôle. Juste une femme terrifiée par l’inconnu, acculée par la douleur, le ventre en feu, un bébé prêt à naître dans un monde qui la rejetait.— Hôpital central, maternité haute sécurité ! hurla l’un des gardes dans son talkie.— Prévenez