Chapitre 1 — Le café sur le costume à dix mille euros
Eléna
Paris, 7h42. Le ciel est gris, menaçant, comme à son habitude. Le vent me gifle le visage pendant que je cours dans les rues du 8e arrondissement avec un gobelet brûlant dans une main, mon sac de bureau dans l’autre, et une chaussure à moitié défaite.
— Tu vas être en retard, Eléna, murmuré-je en accélérant.
Je déteste être en retard. Mais aujourd’hui, bien sûr, c’est le jour où tout va foirer.
Le hall de Blake Industries est un sanctuaire de marbre blanc, de verre poli et de silence absolu. On dirait une église dédiée au dieu du capitalisme. À peine ai-je posé le pied sur le sol que je sens les regards. Les employés du matin, tous en costumes sur-mesure et talons de luxe, s’écartent comme la mer Rouge devant Moïse. Sauf que moi, je suis loin d’être un prophète. Juste une stagiaire. Une fourmi invisible.
Et là, ça arrive.
Je ne regarde pas. Je ne fais pas attention. Trop pressée. Trop nerveuse. Et...
BAM.
Le choc est brutal. Mon corps percute un torse solide comme un mur. Mon gobelet de café vole dans les airs. Et le liquide brûlant se déverse sur la chemise blanche et le costume gris anthracite de l’homme que je viens de heurter.
Je lève les yeux. Je les croise.
Ses yeux.
Deux éclats dorés, glacés, perçants. Une mâchoire serrée. Une expression figée entre la surprise, le mépris, et... quelque chose de bien plus dangereux.
— Je... je suis désolée, bredouillé-je. Vraiment. C'était un accident...
Silence. Un silence lourd. Pesant. L’homme regarde sa chemise souillée, puis moi.
— Vous êtes ? demande-t-il d'une voix tranchante.
Sa voix. Grave, froide, autoritaire. On dirait un commandement, pas une question.
— Eléna... Eléna Morel. Assistante au service administratif.
Il me dévisage. Un muscle de sa mâchoire tressaille.
— Intéressant, murmure-t-il.
Et puis il s’éloigne. Sans un mot de plus. Sans cri. Sans colère. Juste ce calme étrange... malsain.
Je reste là, figée, le cœur battant à cent à l’heure.
Autour de moi, tout le monde m’a vue. Et tout le monde sait qui il est.
Nolan Blake.
Le PDG.
Le dieu de cette tour.
Et je viens de l’asperger de café brûlant dès le matin.
Super.
11h12
Je passe les heures suivantes à trembler sur ma chaise, les yeux rivés sur mon écran, incapable de me concentrer. Mon superviseur ne dit rien, mais je sens qu’il sait.
Et quand mon téléphone sonne... je sais. Mon ventre se tord.
— Mademoiselle Morel ? Monsieur Blake souhaite vous voir à son étage. Immédiatement.
Je raccroche. Je me lève. Je ravale ma fierté et ma peur. Et je monte.
Étage 49
Le bureau de Nolan Blake est un autre monde. Une vue panoramique sur Paris. Des meubles minimalistes. Un silence clinique. Et lui.
Assis derrière son bureau, chemise impeccable, regard rivé sur moi.
— Fermez la porte, dit-il.
Je m’exécute.
Il se lève, contourne lentement son bureau, et s’approche. Trop près.
— Savez-vous combien coûte ce costume, Mademoiselle Morel ?
Je serre les dents.
— Je suppose... très cher. Et encore désolée pour ce matin.
— 10 800 euros, précise-t-il. Mais ce n’est pas le problème.
Il me fixe. Je soutiens à peine son regard.
— Je n’ai pas le temps de jouer aux professeurs avec les stagiaires maladroites. Mais vous, vous m’intriguez.
Mon cœur rate un battement.
— Moi ?
— Oui. J’ai regardé votre dossier. Diplômée major de promo. Aucune recommandation. Aucun stage avant celui-ci. Et un vide de deux ans sur votre CV.
Il sait déjà. Il a fouillé.
Je reste muette.
Il s’avance encore. Je sens son parfum. Boisé. Intense. Dominant.
— Alors voilà ma proposition, dit-il enfin.
Je le fixe, interdite.
— Une proposition ? Je croyais que j’étais virée.
Il esquisse un sourire sans chaleur.
— Au contraire. J’ai besoin d’une assistante personnelle. Quelqu’un de discret, obéissant, intelligent. Vous m’avez l’air... adaptée.
Je fronce les sourcils.
— Et si je refuse ?
Son sourire s’élargit, glacial.
— Ce n’est pas une offre. C’est une instruction. Vous commencez demain. 7 heures. Et à l’heure, cette fois.
Je suis sur le point de protester, de lui dire d’aller se faire voir, mais une partie de moi... hésite.
Pourquoi moi ?
Et surtout : qu’a-t-il vu dans mon dossier pour vouloir me garder aussi près de lui ?
Je hoche la tête.
— Très bien.
— Parfait. Vous pouvez disposer.
Je tourne les talons. Et juste avant de sortir, il lance d’une voix calme :
— Et Eléna ?
Je me retourne.
— Changez de chaussures. Les vôtres grincent. C’est insupportable.
Plus tard, dans la rue.
Je marche vite, mon cœur tambourine.
Pourquoi m’a-t-il choisie ? Pourquoi moi ? Et surtout...
Qu’est-ce que Nolan Blake prépare ?
Je sens que ma vie vient de basculer.
Et ce n’était que le premier jour.
Chapitre 2 — L’assistante du DiableElénaJe n’ai presque pas dormi cette nuit. Pas à cause du café. Pas à cause de la peur d’être virée. Mais à cause de lui.Nolan Blake. Ce nom résonne dans ma tête comme une menace.J’ai cherché son visage sur Internet. Sa biographie. Ses interviews. Toujours le même regard froid, le même costume parfait, la même réputation : impitoyable, mystérieux, inatteignable.Et moi ? Je suis coincée à son service. Comme son ombre.7h00 tapantes.Je suis devant sa porte. Talons silencieux, tenue irréprochable, carnet à la main. Et une envie folle de lui balancer mon sac à la figure.Je frappe. Une fois. Une voix calme me répond :— Entrez.Il est déjà à son bureau, un dossier à la main. Pas un regard. Pas un sourire. Il parle, net, précis.— Réunion à huit heures avec le comité d’investissement. Préparez-moi un dossier résumé en trente minutes. — Vous n’avez pas déjà une équipe pour ça ? demandé-je, un peu trop sèchement.Il relève enfin les ye
Chapitre 3 — L’homme sans faiblesse ElénaJe croyais avoir connu le stress. Les partiels, les stages sous-payés, les nuits blanches à nourrir mon petit frère à la petite cuillère quand il faisait 40 de fièvre. Mais ce que je vis ici, dans le bureau de Nolan Blake, c’est une autre catégorie.Le stress version luxe. Silencieux, exigeant, insidieux.Chaque matin, il est déjà là avant moi. Chemise impeccable, regard inexpressif. Il ne me salue jamais. Il me donne des ordres comme à une machine. Je prends note. J’exécute. Il ne fait aucune remarque, sauf pour me corriger.Et pourtant... je reste.Pourquoi ?Parce qu’il paie bien ? Non. Ce n’est pas encore le cas. Je suis toujours "stagiaire".Parce que je veux apprendre ? Peut-être. Mais ce n’est pas ça non plus.C’est lui.Nolan Blake me fascine. Et ça m’énerve.Il est parfait en apparence, mais tout en lui crie contrôle absolu. Et qui dit contrôle dit forcément fragilité quelque part.Je veux savoir ce qu’il cache. Pas par cur
Chapitre 4 — Tout ce qui doit rester caché NolanLe monde m’observe. Toujours. Il attend que je faiblisse. Que je tombe. Que je saigne.Mais il oublie une chose essentielle : je n’ai plus rien à perdre.Je suis devenu cette chose qu’on redoute dans les couloirs : l’homme sans faiblesse.Ce surnom m’a suivi partout. Dans les journaux économiques, dans les bouches tremblantes des directeurs de filiales, dans les messes basses des banquiers suisses. Nolan Blake. Inébranlable. Inaccessible. Impitoyable.Ils ne comprennent pas que ce n’est pas de la force. C’est juste… du vide.21h03 — Étage 49, mon bureauLa nuit est tombée sur Paris. Le ciel est noir, mais les vitres du gratte-ciel projettent encore les lueurs de la ville, comme si la vie en bas refusait de dormir. Moi, je ne dors presque plus depuis deux ans. Le sommeil est un luxe que je n’ai plus les moyens de m’offrir.Je suis seul, comme toujours. Seul avec mes dossiers, mes décisions, mes secrets.Je fais glisser l
Chapitre 5 — D’un monde qui n’est pas le mienElénaJe n’ai dormi que deux heures.Pas parce que j’étais stressée. Pas seulement, en tout cas.Je n’arrive pas à sortir cette phrase de ma tête : « Vous allez apprendre à naviguer dans ce monde. »Ce monde. Celui des hommes en costume à dix mille euros. Des femmes taillées comme des lames de verre. Des regards qui jugent, calculent, déshabillent et éliminent.Un monde où je n’ai jamais eu ma place.Et pourtant, ce matin, je m’habille pour y entrer.6h00 — Mon studio, 17m², porte de ClignancourtJe me tiens devant le miroir fêlé, dans ma salle de bain minuscule.Chemisier blanc. Jupe crayon noire. Blazer gris clair emprunté à Inès, un peu trop grand pour moi. Cheveux attachés. Maquillage discret.Je ressemble à une version low cost des femmes que je vois sortir de taxis de luxe devant la tour Blake chaque matin. Mais j’ai appris à faire avec peu. Et à faire peur à la honte.Je sors mon téléphone. Un message de Marwan.« Bonne
Chapitre 6 — Rien n’est laissé au hasardNolanIls pensent que je ne vois rien.Que je suis trop distant, trop absorbé par les chiffres et les graphiques, trop froid pour percevoir ce qui se trame en dehors des rapports trimestriels.Ils oublient que je suis devenu ce que je suis parce que je vois tout. Parce que je ressens tout, même si je ne le montre pas.Et ce matin, dans cette salle, pendant cette réunion du conseil… Quelque chose a changé.Quelqu’un a tenté de me provoquer. Subtilement.Et ça n’a rien à voir avec les projets en discussion.Ça a à voir avec elle.11h50 — Retour à mon bureau (Étage 49)Je retire ma montre et la dépose sur le bureau en verre. Je défais ma cravate. Je ferme les rideaux. J’ai besoin d’ombre pour réfléchir.Je fais tourner doucement le stylo entre mes doigts. C’est un Montblanc noir, simple. Un cadeau de mon père, il y a des années, avant que les choses ne se dégradent entre nous.Je repense à cette phrase, glissée par Amalia Lefèvre juste avant d
Chapitre 7 – Le mot qui ne devait pas existerElénaJe n’aurais jamais dû fouiller.Je le sais. C’est écrit dans chaque contrat, répété dans chaque couloir. Il y a des dossiers qu’on consulte. Et d’autres qu’on évite. Même quand on tombe dessus par hasard.Surtout quand on tombe dessus par hasard.Mais voilà. Je suis tombée. Et maintenant… je ne peux plus oublier ce que j’ai vu.14h32 — Salle des archives numériques, étage 12Je suis descendue chercher un vieux rapport sur les investissements externes de 2021. Nolan me l’a demandé à la dernière minute, avec un de ces regards qui veut dire : Faites vite, faites bien, et ne posez pas de questions.J’ai donc suivi la procédure. Badge, code d’accès, empreinte digitale. J’ai tapé les mots-clés dans le moteur de recherche interne, et j’ai attendu.Un fichier a clignoté. Pas celui que je cherchais.Nom du document : VERITAS_12_CONFIDENTIEL_B7 Statut : restreint. Accès : refusé.J’ai cliqué dessus sans réfléchir. Et aussitôt, un message
Chapitre 7 – Le mot qui ne devait pas existerElénaJe n’aurais jamais dû fouiller.Je le sais. C’est écrit dans chaque contrat, répété dans chaque couloir. Il y a des dossiers qu’on consulte. Et d’autres qu’on évite. Même quand on tombe dessus par hasard.Surtout quand on tombe dessus par hasard.Mais voilà. Je suis tombée. Et maintenant… je ne peux plus oublier ce que j’ai vu.14h32 — Salle des archives numériques, étage 12Je suis descendue chercher un vieux rapport sur les investissements externes de 2021. Nolan me l’a demandé à la dernière minute, avec un de ces regards qui veut dire : Faites vite, faites bien, et ne posez pas de questions.J’ai donc suivi la procédure. Badge, code d’accès, empreinte digitale. J’ai tapé les mots-clés dans le moteur de recherche interne, et j’ai attendu.Un fichier a clignoté. Pas celui que je cherchais.Nom du document : VERITAS_12_CONFIDENTIEL_B7 Statut : restreint. Accès : refusé.J’ai cliqué dessus sans réfléchir. Et aussitôt, un message
Chapitre 6 — Rien n’est laissé au hasardNolanIls pensent que je ne vois rien.Que je suis trop distant, trop absorbé par les chiffres et les graphiques, trop froid pour percevoir ce qui se trame en dehors des rapports trimestriels.Ils oublient que je suis devenu ce que je suis parce que je vois tout. Parce que je ressens tout, même si je ne le montre pas.Et ce matin, dans cette salle, pendant cette réunion du conseil… Quelque chose a changé.Quelqu’un a tenté de me provoquer. Subtilement.Et ça n’a rien à voir avec les projets en discussion.Ça a à voir avec elle.11h50 — Retour à mon bureau (Étage 49)Je retire ma montre et la dépose sur le bureau en verre. Je défais ma cravate. Je ferme les rideaux. J’ai besoin d’ombre pour réfléchir.Je fais tourner doucement le stylo entre mes doigts. C’est un Montblanc noir, simple. Un cadeau de mon père, il y a des années, avant que les choses ne se dégradent entre nous.Je repense à cette phrase, glissée par Amalia Lefèvre juste avant d
Chapitre 5 — D’un monde qui n’est pas le mienElénaJe n’ai dormi que deux heures.Pas parce que j’étais stressée. Pas seulement, en tout cas.Je n’arrive pas à sortir cette phrase de ma tête : « Vous allez apprendre à naviguer dans ce monde. »Ce monde. Celui des hommes en costume à dix mille euros. Des femmes taillées comme des lames de verre. Des regards qui jugent, calculent, déshabillent et éliminent.Un monde où je n’ai jamais eu ma place.Et pourtant, ce matin, je m’habille pour y entrer.6h00 — Mon studio, 17m², porte de ClignancourtJe me tiens devant le miroir fêlé, dans ma salle de bain minuscule.Chemisier blanc. Jupe crayon noire. Blazer gris clair emprunté à Inès, un peu trop grand pour moi. Cheveux attachés. Maquillage discret.Je ressemble à une version low cost des femmes que je vois sortir de taxis de luxe devant la tour Blake chaque matin. Mais j’ai appris à faire avec peu. Et à faire peur à la honte.Je sors mon téléphone. Un message de Marwan.« Bonne
Chapitre 4 — Tout ce qui doit rester caché NolanLe monde m’observe. Toujours. Il attend que je faiblisse. Que je tombe. Que je saigne.Mais il oublie une chose essentielle : je n’ai plus rien à perdre.Je suis devenu cette chose qu’on redoute dans les couloirs : l’homme sans faiblesse.Ce surnom m’a suivi partout. Dans les journaux économiques, dans les bouches tremblantes des directeurs de filiales, dans les messes basses des banquiers suisses. Nolan Blake. Inébranlable. Inaccessible. Impitoyable.Ils ne comprennent pas que ce n’est pas de la force. C’est juste… du vide.21h03 — Étage 49, mon bureauLa nuit est tombée sur Paris. Le ciel est noir, mais les vitres du gratte-ciel projettent encore les lueurs de la ville, comme si la vie en bas refusait de dormir. Moi, je ne dors presque plus depuis deux ans. Le sommeil est un luxe que je n’ai plus les moyens de m’offrir.Je suis seul, comme toujours. Seul avec mes dossiers, mes décisions, mes secrets.Je fais glisser l
Chapitre 3 — L’homme sans faiblesse ElénaJe croyais avoir connu le stress. Les partiels, les stages sous-payés, les nuits blanches à nourrir mon petit frère à la petite cuillère quand il faisait 40 de fièvre. Mais ce que je vis ici, dans le bureau de Nolan Blake, c’est une autre catégorie.Le stress version luxe. Silencieux, exigeant, insidieux.Chaque matin, il est déjà là avant moi. Chemise impeccable, regard inexpressif. Il ne me salue jamais. Il me donne des ordres comme à une machine. Je prends note. J’exécute. Il ne fait aucune remarque, sauf pour me corriger.Et pourtant... je reste.Pourquoi ?Parce qu’il paie bien ? Non. Ce n’est pas encore le cas. Je suis toujours "stagiaire".Parce que je veux apprendre ? Peut-être. Mais ce n’est pas ça non plus.C’est lui.Nolan Blake me fascine. Et ça m’énerve.Il est parfait en apparence, mais tout en lui crie contrôle absolu. Et qui dit contrôle dit forcément fragilité quelque part.Je veux savoir ce qu’il cache. Pas par cur
Chapitre 2 — L’assistante du DiableElénaJe n’ai presque pas dormi cette nuit. Pas à cause du café. Pas à cause de la peur d’être virée. Mais à cause de lui.Nolan Blake. Ce nom résonne dans ma tête comme une menace.J’ai cherché son visage sur Internet. Sa biographie. Ses interviews. Toujours le même regard froid, le même costume parfait, la même réputation : impitoyable, mystérieux, inatteignable.Et moi ? Je suis coincée à son service. Comme son ombre.7h00 tapantes.Je suis devant sa porte. Talons silencieux, tenue irréprochable, carnet à la main. Et une envie folle de lui balancer mon sac à la figure.Je frappe. Une fois. Une voix calme me répond :— Entrez.Il est déjà à son bureau, un dossier à la main. Pas un regard. Pas un sourire. Il parle, net, précis.— Réunion à huit heures avec le comité d’investissement. Préparez-moi un dossier résumé en trente minutes. — Vous n’avez pas déjà une équipe pour ça ? demandé-je, un peu trop sèchement.Il relève enfin les ye
Chapitre 1 — Le café sur le costume à dix mille eurosElénaParis, 7h42. Le ciel est gris, menaçant, comme à son habitude. Le vent me gifle le visage pendant que je cours dans les rues du 8e arrondissement avec un gobelet brûlant dans une main, mon sac de bureau dans l’autre, et une chaussure à moitié défaite.— Tu vas être en retard, Eléna, murmuré-je en accélérant.Je déteste être en retard. Mais aujourd’hui, bien sûr, c’est le jour où tout va foirer.Le hall de Blake Industries est un sanctuaire de marbre blanc, de verre poli et de silence absolu. On dirait une église dédiée au dieu du capitalisme. À peine ai-je posé le pied sur le sol que je sens les regards. Les employés du matin, tous en costumes sur-mesure et talons de luxe, s’écartent comme la mer Rouge devant Moïse. Sauf que moi, je suis loin d’être un prophète. Juste une stagiaire. Une fourmi invisible.Et là, ça arrive.Je ne regarde pas. Je ne fais pas attention. Trop pressée. Trop nerveuse. Et...BAM.Le choc est brutal.