Aeris
La journée s’étire lentement, son poids lourd sur mes épaules. Je tourne en rond dans la chambre, mes pas résonnant sur le sol en pierre. Les murs, ornés de tapisseries sombres, me donnent l’impression d’être enfermée dans une toile d’araignée. Je frôle du bout des doigts les couvertures de velours, leurs textures épaisses et froides sous ma peau. À chaque mouvement, chaque souffle, je sens ce château autour de moi, presque vivant, respirant dans ses entrailles sombres. Ce n’est pas une prison, pas exactement. Mais ce n’est pas non plus la liberté que je désire.
Je m’arrête devant la fenêtre, regardant les nuages sombres s’amonceler à l’horizon. Le vent fait frémir les arbres, et une inquiétude sourde me serre la poitrine. Ce lieu est rempli de secrets, d’ombres, de mystères. Et je suis seule dans cette immensité froide, captive de cet endroit dont je ne connais pas encore la véritable nature.
La porte s'ouvre sans prévenir, et une tension se fait sentir dans l'air. Mon cœur accélère, mais je ne me retourne pas immédiatement. Je sais qui c’est.
Damián entre dans la pièce, une silhouette imposante et élégante qui semble défier le temps lui-même. Son regard se fixe sur moi, lourd de promesses silencieuses, d’une intensité qui m’ébranle à chaque fois. Ses yeux noirs ne me quittent pas, me transpercent comme une flèche.
— Tu t’habitues à l’endroit ? Il parle d’une voix basse, mesurée, mais sous ses mots, une chaleur glaciale semble percer.
Je relève le menton, un défi silencieux dans mes yeux.
— Peut-on vraiment s’habituer à être retenue contre son gré ?
Un sourire énigmatique se dessine sur ses lèvres, aussi fugace qu’il est dérangeant.
— Tu es plus libre que tu ne le crois.
Ses mots résonnent dans ma tête comme une énigme. Plus libre ? Il ne peut pas être sérieux. Je suis enfermée ici, sans aucune possibilité de fuir. Mais il ne semble pas prêt à laisser tomber.
Je serre les poings, la colère grondant en moi comme une mer déchaînée.
— Alors laissez-moi partir.
Le silence qui s’installe est lourd, presque suffocant. Il s’approche alors, sans un bruit, son pas mesuré et silencieux comme celui d’un prédateur. Il semble s’amuser de ma tentative d’évasion, mais il n’est pas pressé. Il prend son temps, comme s’il savait déjà que je ne pouvais aller nulle part.
Quand il s’arrête au centre de la pièce, il inclines légèrement la tête, un geste lent et calculé.
— Viens avec moi. Sa voix n’admet aucun refus.
Un frisson d’appréhension parcourt mon échine. Je l’observe en silence, mes yeux se haussant, mon corps réticent à répondre. Mais quelque chose dans son regard me force à obéir. C’est une force invisible, comme une corde tendue entre nous, qui m’attire malgré moi.
— Pourquoi ? Ma voix sort plus faible que je ne l’aurais voulu. Pourquoi m’emmener ailleurs ?
Il ne répond pas immédiatement, mais ses yeux s’intensifient, comme s’il lisait dans mes pensées. Il y a une vérité que je n’arrive pas à saisir, une vérité qui me fait me sentir vulnérable dans sa présence.
— Parce que tu veux comprendre. Un sourire se forme sur ses lèvres, cette fois plus franc, mais il n’éclaire pas ses yeux sombres. C’est un sourire de défi, de certitude. Et cette certitude me dérange profondément.
Il me tourne le dos, et je sais qu’il attend que je suive. Une part de moi hésite encore, mais l’envie de savoir, de comprendre ce que cache ce château, me pousse à avancer à ses côtés. Sans un mot, je sors de la chambre, ma volonté vacillante mais déterminée.
Les couloirs du château sont aussi sombres et imposants que l’extérieur. Une lumière tamisée filtre à peine entre les volets, dessinant des ombres longues et inquiétantes sur les murs de pierre. Rien n’éclaire véritablement, à peine un éclat d’ambre qui semble refléter une réalité plus lointaine. Chaque pas que je fais m’éloigne un peu plus de ma chambre et du confort illusoire qu’elle m’offrait.
Nous avançons en silence. Ses pas sont fluides, silencieux, comme s’il était une ombre lui-même. Je le suis, mes yeux accrochés à son dos, mais mes pensées dispersées. Une question brûle sur mes lèvres, mais je la garde pour moi. Pas encore.
Nous arrivons dans une grande galerie. Des portraits anciens, de nobles visages figés dans le temps, ornent les murs. Leurs regards me fixent avec une intensité glaçante. Ils semblent suivre chacun de mes mouvements, leurs yeux perçants scrutant mon âme.
— Qui sont-ils ? Ma voix tremble légèrement, trahissant une curiosité que je ne veux pas lui montrer.
Damián s’arrête devant l’un des portraits, les yeux rivés sur l’image d’un homme aux traits sévères et aux yeux aussi sombres que les siens. Un homme qui semble bien plus âgé, mais dont la ressemblance avec lui est indéniable.
— Ceux qui ont régné avant moi. Sa voix est calme, mais il y a quelque chose dans ses mots qui me fait frissonner. Ce n’est pas une réponse complète, juste un fragment.
Je scrute le tableau un instant. Je vois la même froideur dans les yeux de l’homme, mais aussi un pouvoir, une domination qui me fait frémir. Il y a une lignée derrière Damián, une histoire qu’il n’est pas pressé de partager.
— Votre famille ? Je demande, mais ma question semble se perdre dans le silence.
Il tourne légèrement la tête vers moi, et un éclat d’amusement passe dans ses yeux. C’est si fugace que j’aurais presque cru l’avoir imaginé.
— En un sens.
Sa réponse est évasive, presque délibérée. Il n’a pas l’intention de me dévoiler quoi que ce soit de plus. Il n’a jamais eu l’intention de me rendre les choses faciles.
Mais une autre question s’impose dans mon esprit, plus insistante.
— Pourquoi votre village nous envoie-t-il des jeunes femmes ? Le ton de ma voix est direct, audacieux même. Si quelqu’un peut m’en donner la réponse, c’est lui. Il sait tout, il comprend tout.
Il s’arrête un moment, et je sens ses yeux se poser sur moi avec une attention particulière. L’amusement disparaît presque instantanément.
— Tu es la première à poser cette question si directement. Sa voix est presque un murmure, mais l’ironie qui s’y cache me fait me tendre davantage.
Je m’avance un peu plus, mes yeux toujours fixés sur lui, mes lèvres frémissant d’impatience.
— Et allez-vous me répondre ? Je souffle presque, une légère provocation dans la voix. Il m’intrigue, me captive, et je veux plus. Je veux comprendre.
Il me fixe un instant, et dans ses yeux, je vois une brève étincelle. Mais il garde le silence. Il me tourne le dos à nouveau et reprend sa marche, son pas toujours aussi implacable.
— Pas encore. Il parle à peine, et pourtant ses mots frappent comme des chaînes invisibles qui m’empêchent de répondre.
Je serre les dents. Ce jeu me met en colère, mais je n’ai pas le choix. Je dois le suivre, même si chaque mouvement qu’il fait semble m’éloigner de ma propre liberté.
Nous avançons encore. Et alors que je m’apprête à poser d’autres questions, une porte entrebâillée attire mon regard. Une pièce plongée dans l’obscurité la plus totale. Je la vois à peine, mais quelque chose m’en empêche de détourner le regard. Une force, une pression que je n’arrive pas à comprendre.
Je m’approche de la porte instinctivement, mais Damián s’arrête soudainement.
— Ne t’approche pas de cette porte.
Il parle d’un ton tellement ferme, tellement froid que je frémis. Son regard est aussi glacial que sa voix. Il n’est plus l’homme amusé de tout à l’heure. Il est devenu un seigneur, un maître. Et sa volonté se fait sentir de manière irrésistible.
Je m’arrête, m’éloignant un peu de la porte.
— Qu’y a-t-il à l’intérieur ? Ma voix tremble d’une curiosité irrationnelle. Quel est ce secret que cette porte cache ?
Il ne répond pas tout de suite, son regard fixe toujours la porte, comme s’il y avait quelque chose là-dedans qui dépassait tout ce que je pourrais comprendre. Puis, lentement, presque à voix basse, il murmure :
— Le passé.
Ces deux mots résonnent dans ma tête, lourds de mystère et d’avertissement. Avant que je n’aie pu poser d’autres questions, il me prend par le bras, me tirant vers l’avant. Le château semble se refermer autour de moi, me laissant avec plus de questions que de réponses.
Je ne sais pas ce que cache cette pièce, mais je suis certa
ine d’une chose : ce château, ce seigneur, tout ici est plus dangereux que je ne l’aurais jamais cru.
Aeris L’interdiction résonne encore dans mon esprit."Ne t’approche pas de cette porte."Pourquoi ? Quel secret y cache-t-il ?Alors que je suis derrière Damián dans les couloirs silencieux du château, mon regard revient sans cesse vers cette porte entrebâillée. Une présence invisible semble m’appeler. Un frisson court sur ma peau, mais je n’ai pas le temps de m’y attarder.Il s’arrête devant une grande salle, différente des autres. Les murs sont bordés de vastes bibliothèques remplies de livres anciens, et un feu crépite dans une cheminée imposante. Je me tiens là, hésitante, sentant que chaque pas me plonge un peu plus dans son univers.— Tu aimes lire ? me demande-t-il en s’installant dans un fauteuil de velours.J’hésite un instant avant de répondre.— Oui.Il croise les jambes, m’observant avec cette intensité troublante qui me met mal à l’aise.— Alors tu trouveras ici de quoi occuper ton esprit.Un sourire en coin apparaît sur ses lèvres.— Si je voulais te distraire, Aeris, j
Aeris Il s’approche à nouveau, et cette fois, il ne me touche pas. Il se contente de me fixer, comme un prédateur admirant sa proie. Il semble savourer ce moment. Un frisson d’anticipation parcourt ma peau.— Pourquoi ? Ma voix tremble, mais je m’efforce de rester calme. Pourquoi m’avoir choisie, moi ?Ses yeux brillent d’un éclat malsain.— Parce que tu es forte, Aeris. Et parce que, dans un monde de ténèbres, il faut savoir apprivoiser l’ombre.Je ne comprends pas. Pas encore. Mais quelque chose dans ses mots me trouble profondément. Il parle d’ombre, comme si c’était quelque chose que nous pouvions apprivoiser. Ou peut-être est-ce lui, cette ombre qui se cache derrière sa beauté, derrière sa brutalité, qui m’attire.Je ferme les yeux un instant, le poids du destin m’écrasant. Ce que je ressens n’a rien à voir avec la peur. C’est autre chose, une attirance que je ne peux pas ignorer. Et au fond de moi, je sais que je suis déjà perdue.La nuit est tombée sur le château de Damián, en
AerisLa nuit étend son manteau d’ombre sur le château, enveloppant les couloirs de silence. Seuls les crépitements d’une chandelle vacillante viennent briser cette quiétude oppressante.Je suis assise au bord du lit, mes doigts crispés sur le tissu sombre de ma robe. L’air est lourd, chargé d’une tension que je ne comprends pas entièrement. Mon esprit est en désordre, perdu entre ce que je ressens et ce que je refuse d’admettre.Je devrais me réjouir d’avoir un moment de solitude. Pourtant, mon cœur bat trop fort, comme si j’attendais quelque chose… ou quelqu’un.Un bruit léger dans le couloir me fait sursauter. Mon souffle se suspend, mon corps se fige. L’instant d’après, la porte s’ouvre dans un silence troublant.Damián.Il entre avec la lenteur d’un prédateur, refermant la porte derrière lui sans jamais me quitter des yeux. Son regard est sombre, insondable, et pourtant… il brûle.— Tu es seule, murmure-t-il, sa voix grave résonnant dans l’intimité de la pièce.Je me redresse lég
Aeris Le vent froid s’engouffre dans ma cape tandis que je chevauche aux côtés de Damián. Le château disparaît peu à peu derrière nous, englouti par la brume matinale. Autour de nous, une dizaine de cavaliers nous escortent en silence, leurs capes sombres flottant dans l’air.Je jette un regard en direction de Damián. Son visage est fermé, impassible, comme sculpté dans la pierre.— Où allons-nous ?Il ne répond pas immédiatement. Ses yeux fixent l’horizon, comme s’il pesait le poids de sa réponse.— Au village frontalier.Je fronce les sourcils.— Pourquoi ?— Parce que quelqu’un a osé défier mon autorité.Un frisson glacé remonte le long de mon échine.Nous chevauchons pendant des heures, traversant forêts et rivières sous un ciel menaçant. L’atmosphère est lourde, presque oppressante, comme si la terre elle-même retenait son souffle en attendant un dénouement funeste.Enfin, nous atteignons le village.Des torches illuminent les ruelles boueuses, projetant des ombres vacillantes s
Aeris Le baiser est brutal, possessif, empreint de cette faim qu’il ne cherche même pas à dissimuler. Une vague de chaleur explose en moi, un feu incontrôlable qui se mêle au froid de son étreinte.Je devrais le repousser.Mais au lieu de ça, je m’accroche à lui.Et je comprends à cet instant que je suis perdue.Le silence s’étire entre nous alors que je me recule brutalement, le souffle court, la poitrine soulevée par une tempête invisible. Damián me fixe, impassible, comme s’il avait anticipé ma réaction.— Ce n’est pas… Je ne peux pas…Les mots meurent sur mes lèvres. Mon corps tremble encore de la chaleur de son baiser, mais mon esprit hurle que c’était une erreur. Une erreur que je ne peux pas me permettre.Je fais un pas en arrière, puis un autre, mais il ne bouge pas. Il me laisse fuir… du moins en apparence.— Tu cherches encore à me résister, murmure-t-il.Sa voix est basse, presque un murmure, mais chaque syllabe s’enroule autour de moi comme une liane invisible.— Je ne su
Aeris Le froid de la nuit s’infiltre sous ma peau, mais il ne peut rien contre le feu qui me consume de l’intérieur. Je frotte mon poignet, tentant d’effacer la marque sombre qui y serpente, comme si un simple geste pouvait briser son emprise sur moi.Mais elle est là. Indélébile.La voix de Damián résonne encore dans mon esprit, grave et inéluctable : « Ce lien est indissoluble. »Je secoue la tête, refusant cette vérité qui s’impose à moi. Je ne suis pas une esclave. Je ne suis pas une créature qu’il peut revendiquer comme un simple objet. Et pourtant… quelque chose au fond de moi murmure une autre histoire. Une partie de moi, insidieuse et traîtresse, n’éprouve ni colère ni peur face à cette marque.Mais un étrange soulagement.Non.Je ne peux pas accepter ça.Je reprends mon souffle et reprends ma route à travers les couloirs du château, mon regard fouillant l’ombre en quête d’une échappatoire. Je dois sortir d’ici. Trouver un moyen de briser ce lien avant qu’il ne me consume.Ch
AerisL’hiver recouvre les terres de Vaelhen d’un linceul blanc, étouffant les bruits et figeant le monde dans un silence oppressant. La neige craque sous mes pas, tandis que l’air glacé s’infiltre sous ma cape élimée, mordant ma peau. Pourtant, ce n’est pas le froid qui fait trembler mes mains. Ce n’est pas non plus la morsure du vent qui me donne la chair de poule. C’est l’attente. L’angoisse qui serpente en moi comme un poison lent.Le village est d’un calme funèbre. Trop calme. D’ordinaire, même en hiver, on perçoit le bruit du bois que l’on fend, les rires des enfants, le murmure des conversations échappées des chaumières. Mais ce soir, il n’y a rien. Seulement un silence de mort. Comme si tout le monde retenait son souffle.Je sens les regards furtifs se poser sur moi alors que j’avance sur la place centrale. Je les devine derrière les fenêtres givrées, derrière les rideaux à peine entrouverts. Certains baissent les yeux lorsque je croise leur regard, d’autres détournent la tête
Aeris L’entrée du château est si vaste que je me sens minuscule, comme une fourmi perdue dans un monde qui n’est pas le mien. Les torches fixées aux murs projettent une lueur vacillante sur les pierres sombres, et l’air est plus frais qu’à l’extérieur, chargé d’une odeur que je n’arrive pas à définir, étrange et métallique. Chaque pas que je fais, chaque écho dans le hall, me rappelle ma condition de prisonnière, que ce soit dans mon corps ou dans mon esprit.Je suis les cavaliers qui m’ont escortée jusqu’ici, leurs pas résonnant aussi fort que les miens, alors que nous entrons dans le hall principal. L’escalier de marbre qui se dresse devant moi semble mener directement vers l’infini, sa beauté glaciale ne parvenant pas à effacer la lourdeur de l’endroit. Chaque marche, chaque coin de ce château semble lourd de secrets et de présence. Mais c’est lui qui m’intimide, celui qui m’observe sans ciller, sans faire un geste.Il ne bouge pas. Il reste là, dans l’ombre, son regard posé sur m
Aeris Le froid de la nuit s’infiltre sous ma peau, mais il ne peut rien contre le feu qui me consume de l’intérieur. Je frotte mon poignet, tentant d’effacer la marque sombre qui y serpente, comme si un simple geste pouvait briser son emprise sur moi.Mais elle est là. Indélébile.La voix de Damián résonne encore dans mon esprit, grave et inéluctable : « Ce lien est indissoluble. »Je secoue la tête, refusant cette vérité qui s’impose à moi. Je ne suis pas une esclave. Je ne suis pas une créature qu’il peut revendiquer comme un simple objet. Et pourtant… quelque chose au fond de moi murmure une autre histoire. Une partie de moi, insidieuse et traîtresse, n’éprouve ni colère ni peur face à cette marque.Mais un étrange soulagement.Non.Je ne peux pas accepter ça.Je reprends mon souffle et reprends ma route à travers les couloirs du château, mon regard fouillant l’ombre en quête d’une échappatoire. Je dois sortir d’ici. Trouver un moyen de briser ce lien avant qu’il ne me consume.Ch
Aeris Le baiser est brutal, possessif, empreint de cette faim qu’il ne cherche même pas à dissimuler. Une vague de chaleur explose en moi, un feu incontrôlable qui se mêle au froid de son étreinte.Je devrais le repousser.Mais au lieu de ça, je m’accroche à lui.Et je comprends à cet instant que je suis perdue.Le silence s’étire entre nous alors que je me recule brutalement, le souffle court, la poitrine soulevée par une tempête invisible. Damián me fixe, impassible, comme s’il avait anticipé ma réaction.— Ce n’est pas… Je ne peux pas…Les mots meurent sur mes lèvres. Mon corps tremble encore de la chaleur de son baiser, mais mon esprit hurle que c’était une erreur. Une erreur que je ne peux pas me permettre.Je fais un pas en arrière, puis un autre, mais il ne bouge pas. Il me laisse fuir… du moins en apparence.— Tu cherches encore à me résister, murmure-t-il.Sa voix est basse, presque un murmure, mais chaque syllabe s’enroule autour de moi comme une liane invisible.— Je ne su
Aeris Le vent froid s’engouffre dans ma cape tandis que je chevauche aux côtés de Damián. Le château disparaît peu à peu derrière nous, englouti par la brume matinale. Autour de nous, une dizaine de cavaliers nous escortent en silence, leurs capes sombres flottant dans l’air.Je jette un regard en direction de Damián. Son visage est fermé, impassible, comme sculpté dans la pierre.— Où allons-nous ?Il ne répond pas immédiatement. Ses yeux fixent l’horizon, comme s’il pesait le poids de sa réponse.— Au village frontalier.Je fronce les sourcils.— Pourquoi ?— Parce que quelqu’un a osé défier mon autorité.Un frisson glacé remonte le long de mon échine.Nous chevauchons pendant des heures, traversant forêts et rivières sous un ciel menaçant. L’atmosphère est lourde, presque oppressante, comme si la terre elle-même retenait son souffle en attendant un dénouement funeste.Enfin, nous atteignons le village.Des torches illuminent les ruelles boueuses, projetant des ombres vacillantes s
AerisLa nuit étend son manteau d’ombre sur le château, enveloppant les couloirs de silence. Seuls les crépitements d’une chandelle vacillante viennent briser cette quiétude oppressante.Je suis assise au bord du lit, mes doigts crispés sur le tissu sombre de ma robe. L’air est lourd, chargé d’une tension que je ne comprends pas entièrement. Mon esprit est en désordre, perdu entre ce que je ressens et ce que je refuse d’admettre.Je devrais me réjouir d’avoir un moment de solitude. Pourtant, mon cœur bat trop fort, comme si j’attendais quelque chose… ou quelqu’un.Un bruit léger dans le couloir me fait sursauter. Mon souffle se suspend, mon corps se fige. L’instant d’après, la porte s’ouvre dans un silence troublant.Damián.Il entre avec la lenteur d’un prédateur, refermant la porte derrière lui sans jamais me quitter des yeux. Son regard est sombre, insondable, et pourtant… il brûle.— Tu es seule, murmure-t-il, sa voix grave résonnant dans l’intimité de la pièce.Je me redresse lég
Aeris Il s’approche à nouveau, et cette fois, il ne me touche pas. Il se contente de me fixer, comme un prédateur admirant sa proie. Il semble savourer ce moment. Un frisson d’anticipation parcourt ma peau.— Pourquoi ? Ma voix tremble, mais je m’efforce de rester calme. Pourquoi m’avoir choisie, moi ?Ses yeux brillent d’un éclat malsain.— Parce que tu es forte, Aeris. Et parce que, dans un monde de ténèbres, il faut savoir apprivoiser l’ombre.Je ne comprends pas. Pas encore. Mais quelque chose dans ses mots me trouble profondément. Il parle d’ombre, comme si c’était quelque chose que nous pouvions apprivoiser. Ou peut-être est-ce lui, cette ombre qui se cache derrière sa beauté, derrière sa brutalité, qui m’attire.Je ferme les yeux un instant, le poids du destin m’écrasant. Ce que je ressens n’a rien à voir avec la peur. C’est autre chose, une attirance que je ne peux pas ignorer. Et au fond de moi, je sais que je suis déjà perdue.La nuit est tombée sur le château de Damián, en
Aeris L’interdiction résonne encore dans mon esprit."Ne t’approche pas de cette porte."Pourquoi ? Quel secret y cache-t-il ?Alors que je suis derrière Damián dans les couloirs silencieux du château, mon regard revient sans cesse vers cette porte entrebâillée. Une présence invisible semble m’appeler. Un frisson court sur ma peau, mais je n’ai pas le temps de m’y attarder.Il s’arrête devant une grande salle, différente des autres. Les murs sont bordés de vastes bibliothèques remplies de livres anciens, et un feu crépite dans une cheminée imposante. Je me tiens là, hésitante, sentant que chaque pas me plonge un peu plus dans son univers.— Tu aimes lire ? me demande-t-il en s’installant dans un fauteuil de velours.J’hésite un instant avant de répondre.— Oui.Il croise les jambes, m’observant avec cette intensité troublante qui me met mal à l’aise.— Alors tu trouveras ici de quoi occuper ton esprit.Un sourire en coin apparaît sur ses lèvres.— Si je voulais te distraire, Aeris, j
Aeris La journée s’étire lentement, son poids lourd sur mes épaules. Je tourne en rond dans la chambre, mes pas résonnant sur le sol en pierre. Les murs, ornés de tapisseries sombres, me donnent l’impression d’être enfermée dans une toile d’araignée. Je frôle du bout des doigts les couvertures de velours, leurs textures épaisses et froides sous ma peau. À chaque mouvement, chaque souffle, je sens ce château autour de moi, presque vivant, respirant dans ses entrailles sombres. Ce n’est pas une prison, pas exactement. Mais ce n’est pas non plus la liberté que je désire.Je m’arrête devant la fenêtre, regardant les nuages sombres s’amonceler à l’horizon. Le vent fait frémir les arbres, et une inquiétude sourde me serre la poitrine. Ce lieu est rempli de secrets, d’ombres, de mystères. Et je suis seule dans cette immensité froide, captive de cet endroit dont je ne connais pas encore la véritable nature.La porte s'ouvre sans prévenir, et une tension se fait sentir dans l'air. Mon cœur ac
Aeris Des tapis persans recouvrent le sol, des portraits dorés ornent les murs, et chaque meuble semble sculpté avec une précision et un luxe qui me déconcertent. Tout ici est trop… tout simplement trop. Trop pour une simple villageoise comme moi. Et pourtant, je suis là. Dans cette cage dorée.Un léger frisson me parcourt l’échine lorsque je me redresse dans le lit, mes mains se serrant autour des draps frais. Un plateau a été déposé près de moi. Il est garni de fruits frais, de pain, et d’une carafe d’eau. Je le fixe un instant, hésitante. Mange-t-on vraiment ce genre de choses ici, dans ce château, dans ce monde dont je ne connais rien ?Le silence de la pièce est interrompu par un bruit subtil. La porte s’ouvre lentement, sans un grincement. Je n’ai même pas besoin de lever les yeux pour savoir qui c’est. Je le sens. Il est là.Le seigneur entre sans bruit, sa silhouette imposante se détachant dans l’embrasure de la porte. Vêtu de noir de la tête aux pieds, il est l’incarnation
Aeris L’entrée du château est si vaste que je me sens minuscule, comme une fourmi perdue dans un monde qui n’est pas le mien. Les torches fixées aux murs projettent une lueur vacillante sur les pierres sombres, et l’air est plus frais qu’à l’extérieur, chargé d’une odeur que je n’arrive pas à définir, étrange et métallique. Chaque pas que je fais, chaque écho dans le hall, me rappelle ma condition de prisonnière, que ce soit dans mon corps ou dans mon esprit.Je suis les cavaliers qui m’ont escortée jusqu’ici, leurs pas résonnant aussi fort que les miens, alors que nous entrons dans le hall principal. L’escalier de marbre qui se dresse devant moi semble mener directement vers l’infini, sa beauté glaciale ne parvenant pas à effacer la lourdeur de l’endroit. Chaque marche, chaque coin de ce château semble lourd de secrets et de présence. Mais c’est lui qui m’intimide, celui qui m’observe sans ciller, sans faire un geste.Il ne bouge pas. Il reste là, dans l’ombre, son regard posé sur m