Aeris
Il s’approche à nouveau, et cette fois, il ne me touche pas. Il se contente de me fixer, comme un prédateur admirant sa proie. Il semble savourer ce moment. Un frisson d’anticipation parcourt ma peau.
— Pourquoi ? Ma voix tremble, mais je m’efforce de rester calme. Pourquoi m’avoir choisie, moi ?
Ses yeux brillent d’un éclat malsain.
— Parce que tu es forte, Aeris. Et parce que, dans un monde de ténèbres, il faut savoir apprivoiser l’ombre.
Je ne comprends pas. Pas encore. Mais quelque chose dans ses mots me trouble profondément. Il parle d’ombre, comme si c’était quelque chose que nous pouvions apprivoiser. Ou peut-être est-ce lui, cette ombre qui se cache derrière sa beauté, derrière sa brutalité, qui m’attire.
Je ferme les yeux un instant, le poids du destin m’écrasant. Ce que je ressens n’a rien à voir avec la peur. C’est autre chose, une attirance que je ne peux pas ignorer. Et au fond de moi, je sais que je suis déjà perdue.
La nuit est tombée sur le château de Damián, enveloppant les murs de pierre dans une obscurité presque palpable. À travers les fenêtres hautes, je peux voir la lueur des étoiles, une lumière froide et distante, comme celle de ce monde que je ne connais plus. Le silence dans les couloirs est lourd, oppressant, comme si chaque souffle, chaque mouvement, était observé.
Je me trouve dans la chambre qui m’a été assignée, une pièce immense aux murs tapissés de velours noir, la décoration lugubre à l’image de ce lieu. Un grand lit, drapé de tissus sombres, trône au centre de la pièce. Le parfum de la chambre est lourd, presque sucré, une odeur qui m'est étrangère, mais qui, étrangement, m’attire.
Je ne peux m’empêcher de penser à Damián. À ses yeux. À cette présence presque irréelle qui m’envahit chaque fois qu’il est près de moi. C’est comme s’il était une ombre qui se faufile dans mes pensées, dans mon cœur, m’étouffant lentement. J’essaie de lutter contre cette attraction, mais elle grandit en moi, incontrôlable, comme un poison que je n’ai pas voulu boire.
Je me tourne et me regarde dans le grand miroir accroché au mur. La lueur des chandelles joue sur mon visage, accentuant les traits de mon expression tourmentée. Je vois en moi une jeune femme brisée, mais aussi une guerrière, une âme qui refuse de céder. Pourtant, la vérité est là, sous la surface : je suis perdue.
Un bruit dans le couloir me fait sursauter. Mon cœur bat plus vite, la peur s’emparant de moi, mais ce n’est pas la peur de la souffrance qui m'attend, c’est celle de l’inconnu. De ce que Damián pourrait encore me faire, de cette attirance qui m’effraie plus que tout.
La porte de ma chambre s’ouvre doucement, et une silhouette s’avance dans l’ombre. Damián.
Il entre sans un mot, sa présence envahissant la pièce comme un vent froid. Ses yeux ne quittent pas mon visage, et je sens cette chaleur dangereuse se propager en moi, comme un feu qui ne demande qu’à brûler.
« Tu es seule. » Sa voix est douce, presque un murmure, mais chaque mot semble résonner dans mes entrailles.
Je ne réponds pas immédiatement. Comment pourrais-je ? Chaque partie de mon corps semble figée par l'intensité de son regard. Puis, après un long silence, je trouve ma voix, tremblante, mais résolue.
« Pourquoi êtes-vous ici ? » Je le fixe, me refusant à le regarder autrement que comme l’ennemi que je suis censée haïr.
Il s’approche lentement, chaque mouvement calculé, prédateur et proie à la fois. Il s’arrête à quelques pas de moi, trop proche, si proche que je peux sentir son souffle sur ma peau, glacé, envoûtant.
« Je suis ici pour voir si tu es prête à comprendre ce que tu es, Aeris. »
Je le déteste. Et pourtant, chaque mot qu’il prononce résonne en moi comme un appel, une invitation que je ne peux ignorer.
Je me recule instinctivement, mais il ne me laisse pas de répit. Il avance d’un pas, puis d’un autre, jusqu’à ce que je me trouve contre le mur froid de la chambre, prisonnière de son corps, de sa domination.
Je devrais crier, fuir, repousser ses avances. Mais au lieu de cela, je reste figée, attirée, paralysée par l’aura sombre qui émane de lui. C’est une danse macabre, un jeu dangereux, et pourtant, c’est moi qui suis la proie.
Il penche la tête, ses yeux se posant sur mes lèvres. « Tu vois, Aeris, tu ne peux pas fuir ce que tu ressens. Ni toi, ni moi. »
Je sens mon cœur s’emballer. Il a raison. Comment pourrais-je fuir ? Il est partout, dans chaque fibre de mon être. Je pourrais le haïr autant que je veux, mais cette haine est juste une façade, une défense contre ce qui s’éveille en moi.
Il tend la main vers moi, un geste lent, presque rituel. Ses doigts glissent le long de ma joue, et je frissonne sous son contact. Je ferme les yeux, mes lèvres se serrant, tentant de contrôler cette faiblesse qui se fait jour.
« Tu m’appartiens déjà, Aeris. » Il susurre ces mots, et chaque syllabe me frappe comme un coup de poignard dans le cœur.
Je ferme les yeux, essayant de repousser cette tentation. Mais il n’y a pas de fuite. Il n’y a pas de retour. Je suis déjà perdue, et je le sais.
Puis, sans avertir, il se rapproche de moi, effleurant mes lèvres d’un baiser doux, presque insidieux. Je frémis, mon corps réagissant contre ma volonté. Un frisson parcourt mes entrailles, et mes pensées se brouillent.
Quand il se retire enfin, je reste là, immobile, le cœur battant à tout rompre, les lèvres encore marquées de son baiser. Il sourit, un sourire énigmatique, et je vois la satisfaction dans ses yeux.
« Cette nuit ne fait que commencer, Aeris. Et je n’ai pas l’intention de te laisser t’échapper. »
Je suis coincée dans sa toile, et la réalité me frappe avec une force inouïe : il a raison. Je suis déjà sienne, corps et âme. Et plus je lutte contre cela, plus je suis attirée vers lui. La tentation est trop grande, trop puissante.
Je suis à lui. Et peut-êt
re, juste peut-être, cela me terrifie autant que cela m’attire.
AerisLa nuit étend son manteau d’ombre sur le château, enveloppant les couloirs de silence. Seuls les crépitements d’une chandelle vacillante viennent briser cette quiétude oppressante.Je suis assise au bord du lit, mes doigts crispés sur le tissu sombre de ma robe. L’air est lourd, chargé d’une tension que je ne comprends pas entièrement. Mon esprit est en désordre, perdu entre ce que je ressens et ce que je refuse d’admettre.Je devrais me réjouir d’avoir un moment de solitude. Pourtant, mon cœur bat trop fort, comme si j’attendais quelque chose… ou quelqu’un.Un bruit léger dans le couloir me fait sursauter. Mon souffle se suspend, mon corps se fige. L’instant d’après, la porte s’ouvre dans un silence troublant.Damián.Il entre avec la lenteur d’un prédateur, refermant la porte derrière lui sans jamais me quitter des yeux. Son regard est sombre, insondable, et pourtant… il brûle.— Tu es seule, murmure-t-il, sa voix grave résonnant dans l’intimité de la pièce.Je me redresse lég
Aeris Le vent froid s’engouffre dans ma cape tandis que je chevauche aux côtés de Damián. Le château disparaît peu à peu derrière nous, englouti par la brume matinale. Autour de nous, une dizaine de cavaliers nous escortent en silence, leurs capes sombres flottant dans l’air.Je jette un regard en direction de Damián. Son visage est fermé, impassible, comme sculpté dans la pierre.— Où allons-nous ?Il ne répond pas immédiatement. Ses yeux fixent l’horizon, comme s’il pesait le poids de sa réponse.— Au village frontalier.Je fronce les sourcils.— Pourquoi ?— Parce que quelqu’un a osé défier mon autorité.Un frisson glacé remonte le long de mon échine.Nous chevauchons pendant des heures, traversant forêts et rivières sous un ciel menaçant. L’atmosphère est lourde, presque oppressante, comme si la terre elle-même retenait son souffle en attendant un dénouement funeste.Enfin, nous atteignons le village.Des torches illuminent les ruelles boueuses, projetant des ombres vacillantes s
Aeris Le baiser est brutal, possessif, empreint de cette faim qu’il ne cherche même pas à dissimuler. Une vague de chaleur explose en moi, un feu incontrôlable qui se mêle au froid de son étreinte.Je devrais le repousser.Mais au lieu de ça, je m’accroche à lui.Et je comprends à cet instant que je suis perdue.Le silence s’étire entre nous alors que je me recule brutalement, le souffle court, la poitrine soulevée par une tempête invisible. Damián me fixe, impassible, comme s’il avait anticipé ma réaction.— Ce n’est pas… Je ne peux pas…Les mots meurent sur mes lèvres. Mon corps tremble encore de la chaleur de son baiser, mais mon esprit hurle que c’était une erreur. Une erreur que je ne peux pas me permettre.Je fais un pas en arrière, puis un autre, mais il ne bouge pas. Il me laisse fuir… du moins en apparence.— Tu cherches encore à me résister, murmure-t-il.Sa voix est basse, presque un murmure, mais chaque syllabe s’enroule autour de moi comme une liane invisible.— Je ne su
Aeris Le froid de la nuit s’infiltre sous ma peau, mais il ne peut rien contre le feu qui me consume de l’intérieur. Je frotte mon poignet, tentant d’effacer la marque sombre qui y serpente, comme si un simple geste pouvait briser son emprise sur moi.Mais elle est là. Indélébile.La voix de Damián résonne encore dans mon esprit, grave et inéluctable : « Ce lien est indissoluble. »Je secoue la tête, refusant cette vérité qui s’impose à moi. Je ne suis pas une esclave. Je ne suis pas une créature qu’il peut revendiquer comme un simple objet. Et pourtant… quelque chose au fond de moi murmure une autre histoire. Une partie de moi, insidieuse et traîtresse, n’éprouve ni colère ni peur face à cette marque.Mais un étrange soulagement.Non.Je ne peux pas accepter ça.Je reprends mon souffle et reprends ma route à travers les couloirs du château, mon regard fouillant l’ombre en quête d’une échappatoire. Je dois sortir d’ici. Trouver un moyen de briser ce lien avant qu’il ne me consume.Ch
AerisL’hiver recouvre les terres de Vaelhen d’un linceul blanc, étouffant les bruits et figeant le monde dans un silence oppressant. La neige craque sous mes pas, tandis que l’air glacé s’infiltre sous ma cape élimée, mordant ma peau. Pourtant, ce n’est pas le froid qui fait trembler mes mains. Ce n’est pas non plus la morsure du vent qui me donne la chair de poule. C’est l’attente. L’angoisse qui serpente en moi comme un poison lent.Le village est d’un calme funèbre. Trop calme. D’ordinaire, même en hiver, on perçoit le bruit du bois que l’on fend, les rires des enfants, le murmure des conversations échappées des chaumières. Mais ce soir, il n’y a rien. Seulement un silence de mort. Comme si tout le monde retenait son souffle.Je sens les regards furtifs se poser sur moi alors que j’avance sur la place centrale. Je les devine derrière les fenêtres givrées, derrière les rideaux à peine entrouverts. Certains baissent les yeux lorsque je croise leur regard, d’autres détournent la tête
Aeris L’entrée du château est si vaste que je me sens minuscule, comme une fourmi perdue dans un monde qui n’est pas le mien. Les torches fixées aux murs projettent une lueur vacillante sur les pierres sombres, et l’air est plus frais qu’à l’extérieur, chargé d’une odeur que je n’arrive pas à définir, étrange et métallique. Chaque pas que je fais, chaque écho dans le hall, me rappelle ma condition de prisonnière, que ce soit dans mon corps ou dans mon esprit.Je suis les cavaliers qui m’ont escortée jusqu’ici, leurs pas résonnant aussi fort que les miens, alors que nous entrons dans le hall principal. L’escalier de marbre qui se dresse devant moi semble mener directement vers l’infini, sa beauté glaciale ne parvenant pas à effacer la lourdeur de l’endroit. Chaque marche, chaque coin de ce château semble lourd de secrets et de présence. Mais c’est lui qui m’intimide, celui qui m’observe sans ciller, sans faire un geste.Il ne bouge pas. Il reste là, dans l’ombre, son regard posé sur m
Aeris Des tapis persans recouvrent le sol, des portraits dorés ornent les murs, et chaque meuble semble sculpté avec une précision et un luxe qui me déconcertent. Tout ici est trop… tout simplement trop. Trop pour une simple villageoise comme moi. Et pourtant, je suis là. Dans cette cage dorée.Un léger frisson me parcourt l’échine lorsque je me redresse dans le lit, mes mains se serrant autour des draps frais. Un plateau a été déposé près de moi. Il est garni de fruits frais, de pain, et d’une carafe d’eau. Je le fixe un instant, hésitante. Mange-t-on vraiment ce genre de choses ici, dans ce château, dans ce monde dont je ne connais rien ?Le silence de la pièce est interrompu par un bruit subtil. La porte s’ouvre lentement, sans un grincement. Je n’ai même pas besoin de lever les yeux pour savoir qui c’est. Je le sens. Il est là.Le seigneur entre sans bruit, sa silhouette imposante se détachant dans l’embrasure de la porte. Vêtu de noir de la tête aux pieds, il est l’incarnation
Aeris La journée s’étire lentement, son poids lourd sur mes épaules. Je tourne en rond dans la chambre, mes pas résonnant sur le sol en pierre. Les murs, ornés de tapisseries sombres, me donnent l’impression d’être enfermée dans une toile d’araignée. Je frôle du bout des doigts les couvertures de velours, leurs textures épaisses et froides sous ma peau. À chaque mouvement, chaque souffle, je sens ce château autour de moi, presque vivant, respirant dans ses entrailles sombres. Ce n’est pas une prison, pas exactement. Mais ce n’est pas non plus la liberté que je désire.Je m’arrête devant la fenêtre, regardant les nuages sombres s’amonceler à l’horizon. Le vent fait frémir les arbres, et une inquiétude sourde me serre la poitrine. Ce lieu est rempli de secrets, d’ombres, de mystères. Et je suis seule dans cette immensité froide, captive de cet endroit dont je ne connais pas encore la véritable nature.La porte s'ouvre sans prévenir, et une tension se fait sentir dans l'air. Mon cœur ac
Aeris Le froid de la nuit s’infiltre sous ma peau, mais il ne peut rien contre le feu qui me consume de l’intérieur. Je frotte mon poignet, tentant d’effacer la marque sombre qui y serpente, comme si un simple geste pouvait briser son emprise sur moi.Mais elle est là. Indélébile.La voix de Damián résonne encore dans mon esprit, grave et inéluctable : « Ce lien est indissoluble. »Je secoue la tête, refusant cette vérité qui s’impose à moi. Je ne suis pas une esclave. Je ne suis pas une créature qu’il peut revendiquer comme un simple objet. Et pourtant… quelque chose au fond de moi murmure une autre histoire. Une partie de moi, insidieuse et traîtresse, n’éprouve ni colère ni peur face à cette marque.Mais un étrange soulagement.Non.Je ne peux pas accepter ça.Je reprends mon souffle et reprends ma route à travers les couloirs du château, mon regard fouillant l’ombre en quête d’une échappatoire. Je dois sortir d’ici. Trouver un moyen de briser ce lien avant qu’il ne me consume.Ch
Aeris Le baiser est brutal, possessif, empreint de cette faim qu’il ne cherche même pas à dissimuler. Une vague de chaleur explose en moi, un feu incontrôlable qui se mêle au froid de son étreinte.Je devrais le repousser.Mais au lieu de ça, je m’accroche à lui.Et je comprends à cet instant que je suis perdue.Le silence s’étire entre nous alors que je me recule brutalement, le souffle court, la poitrine soulevée par une tempête invisible. Damián me fixe, impassible, comme s’il avait anticipé ma réaction.— Ce n’est pas… Je ne peux pas…Les mots meurent sur mes lèvres. Mon corps tremble encore de la chaleur de son baiser, mais mon esprit hurle que c’était une erreur. Une erreur que je ne peux pas me permettre.Je fais un pas en arrière, puis un autre, mais il ne bouge pas. Il me laisse fuir… du moins en apparence.— Tu cherches encore à me résister, murmure-t-il.Sa voix est basse, presque un murmure, mais chaque syllabe s’enroule autour de moi comme une liane invisible.— Je ne su
Aeris Le vent froid s’engouffre dans ma cape tandis que je chevauche aux côtés de Damián. Le château disparaît peu à peu derrière nous, englouti par la brume matinale. Autour de nous, une dizaine de cavaliers nous escortent en silence, leurs capes sombres flottant dans l’air.Je jette un regard en direction de Damián. Son visage est fermé, impassible, comme sculpté dans la pierre.— Où allons-nous ?Il ne répond pas immédiatement. Ses yeux fixent l’horizon, comme s’il pesait le poids de sa réponse.— Au village frontalier.Je fronce les sourcils.— Pourquoi ?— Parce que quelqu’un a osé défier mon autorité.Un frisson glacé remonte le long de mon échine.Nous chevauchons pendant des heures, traversant forêts et rivières sous un ciel menaçant. L’atmosphère est lourde, presque oppressante, comme si la terre elle-même retenait son souffle en attendant un dénouement funeste.Enfin, nous atteignons le village.Des torches illuminent les ruelles boueuses, projetant des ombres vacillantes s
AerisLa nuit étend son manteau d’ombre sur le château, enveloppant les couloirs de silence. Seuls les crépitements d’une chandelle vacillante viennent briser cette quiétude oppressante.Je suis assise au bord du lit, mes doigts crispés sur le tissu sombre de ma robe. L’air est lourd, chargé d’une tension que je ne comprends pas entièrement. Mon esprit est en désordre, perdu entre ce que je ressens et ce que je refuse d’admettre.Je devrais me réjouir d’avoir un moment de solitude. Pourtant, mon cœur bat trop fort, comme si j’attendais quelque chose… ou quelqu’un.Un bruit léger dans le couloir me fait sursauter. Mon souffle se suspend, mon corps se fige. L’instant d’après, la porte s’ouvre dans un silence troublant.Damián.Il entre avec la lenteur d’un prédateur, refermant la porte derrière lui sans jamais me quitter des yeux. Son regard est sombre, insondable, et pourtant… il brûle.— Tu es seule, murmure-t-il, sa voix grave résonnant dans l’intimité de la pièce.Je me redresse lég
Aeris Il s’approche à nouveau, et cette fois, il ne me touche pas. Il se contente de me fixer, comme un prédateur admirant sa proie. Il semble savourer ce moment. Un frisson d’anticipation parcourt ma peau.— Pourquoi ? Ma voix tremble, mais je m’efforce de rester calme. Pourquoi m’avoir choisie, moi ?Ses yeux brillent d’un éclat malsain.— Parce que tu es forte, Aeris. Et parce que, dans un monde de ténèbres, il faut savoir apprivoiser l’ombre.Je ne comprends pas. Pas encore. Mais quelque chose dans ses mots me trouble profondément. Il parle d’ombre, comme si c’était quelque chose que nous pouvions apprivoiser. Ou peut-être est-ce lui, cette ombre qui se cache derrière sa beauté, derrière sa brutalité, qui m’attire.Je ferme les yeux un instant, le poids du destin m’écrasant. Ce que je ressens n’a rien à voir avec la peur. C’est autre chose, une attirance que je ne peux pas ignorer. Et au fond de moi, je sais que je suis déjà perdue.La nuit est tombée sur le château de Damián, en
Aeris L’interdiction résonne encore dans mon esprit."Ne t’approche pas de cette porte."Pourquoi ? Quel secret y cache-t-il ?Alors que je suis derrière Damián dans les couloirs silencieux du château, mon regard revient sans cesse vers cette porte entrebâillée. Une présence invisible semble m’appeler. Un frisson court sur ma peau, mais je n’ai pas le temps de m’y attarder.Il s’arrête devant une grande salle, différente des autres. Les murs sont bordés de vastes bibliothèques remplies de livres anciens, et un feu crépite dans une cheminée imposante. Je me tiens là, hésitante, sentant que chaque pas me plonge un peu plus dans son univers.— Tu aimes lire ? me demande-t-il en s’installant dans un fauteuil de velours.J’hésite un instant avant de répondre.— Oui.Il croise les jambes, m’observant avec cette intensité troublante qui me met mal à l’aise.— Alors tu trouveras ici de quoi occuper ton esprit.Un sourire en coin apparaît sur ses lèvres.— Si je voulais te distraire, Aeris, j
Aeris La journée s’étire lentement, son poids lourd sur mes épaules. Je tourne en rond dans la chambre, mes pas résonnant sur le sol en pierre. Les murs, ornés de tapisseries sombres, me donnent l’impression d’être enfermée dans une toile d’araignée. Je frôle du bout des doigts les couvertures de velours, leurs textures épaisses et froides sous ma peau. À chaque mouvement, chaque souffle, je sens ce château autour de moi, presque vivant, respirant dans ses entrailles sombres. Ce n’est pas une prison, pas exactement. Mais ce n’est pas non plus la liberté que je désire.Je m’arrête devant la fenêtre, regardant les nuages sombres s’amonceler à l’horizon. Le vent fait frémir les arbres, et une inquiétude sourde me serre la poitrine. Ce lieu est rempli de secrets, d’ombres, de mystères. Et je suis seule dans cette immensité froide, captive de cet endroit dont je ne connais pas encore la véritable nature.La porte s'ouvre sans prévenir, et une tension se fait sentir dans l'air. Mon cœur ac
Aeris Des tapis persans recouvrent le sol, des portraits dorés ornent les murs, et chaque meuble semble sculpté avec une précision et un luxe qui me déconcertent. Tout ici est trop… tout simplement trop. Trop pour une simple villageoise comme moi. Et pourtant, je suis là. Dans cette cage dorée.Un léger frisson me parcourt l’échine lorsque je me redresse dans le lit, mes mains se serrant autour des draps frais. Un plateau a été déposé près de moi. Il est garni de fruits frais, de pain, et d’une carafe d’eau. Je le fixe un instant, hésitante. Mange-t-on vraiment ce genre de choses ici, dans ce château, dans ce monde dont je ne connais rien ?Le silence de la pièce est interrompu par un bruit subtil. La porte s’ouvre lentement, sans un grincement. Je n’ai même pas besoin de lever les yeux pour savoir qui c’est. Je le sens. Il est là.Le seigneur entre sans bruit, sa silhouette imposante se détachant dans l’embrasure de la porte. Vêtu de noir de la tête aux pieds, il est l’incarnation
Aeris L’entrée du château est si vaste que je me sens minuscule, comme une fourmi perdue dans un monde qui n’est pas le mien. Les torches fixées aux murs projettent une lueur vacillante sur les pierres sombres, et l’air est plus frais qu’à l’extérieur, chargé d’une odeur que je n’arrive pas à définir, étrange et métallique. Chaque pas que je fais, chaque écho dans le hall, me rappelle ma condition de prisonnière, que ce soit dans mon corps ou dans mon esprit.Je suis les cavaliers qui m’ont escortée jusqu’ici, leurs pas résonnant aussi fort que les miens, alors que nous entrons dans le hall principal. L’escalier de marbre qui se dresse devant moi semble mener directement vers l’infini, sa beauté glaciale ne parvenant pas à effacer la lourdeur de l’endroit. Chaque marche, chaque coin de ce château semble lourd de secrets et de présence. Mais c’est lui qui m’intimide, celui qui m’observe sans ciller, sans faire un geste.Il ne bouge pas. Il reste là, dans l’ombre, son regard posé sur m