« Mademoiselle, ce ne sont que des documents sans importance, je doute que ça vous intéresse. Venez plutôt vous reposer dans la salle de détente. »M. Bernard souriait nerveusement.Quoi qu'il dise, son but était clairement d'empêcher Élodie de mettre son nez dans les affaires de la société.Face à cette attitude, Élodie a tendu la main et dit : « Donnez-les-moi. »« Mais... »« M. Bernard, vous vous prenez pour le patron du groupe Mercier maintenant ? »Face à la fermeté d'Élodie, il s'est empressé de dire : « Je n'oserais jamais ! Si vous voulez voir, bien sûr qu'on doit vous les montrer, c'est juste que j'ai peur que vous n'y compreniez rien... »« Voilà ce qu'on va faire : oublions la salle de détente, allons directement au bureau du PDG, et apportez-moi tous les documents qui nécessitent une signature pour que je les examine. »« Mademoiselle... »Élodie a coupé court à ses protestations. Elle a jeté un œil à la secrétaire : « Céline, c'est ça ? Allez me chercher ces docu
« Laissez tomber, je jette juste un œil. »Élodie a dit ça tout en faisant semblant d'éplucher le rapports financier.Elle a délibérément pris son temps, tournant les pages au ralenti, de la première à la dernière.En face d'elle, M. Bernard était tellement flippé que ses jambes ressemblaient à du coton.Détourner plusieurs millions, ça signifiait quoi, concrètement ?Ça signifiait se faire vieux derrière les barreaux !'CLAC !'D'un coup, Élodie a balancé le rapport sur le bureau.M. Bernard a failli se pisser dessus, mais Élodie s'est contentée de faire la moue : « C'est quoi ce bordel ? Des chiffres à n'en plus finir, qui peut piger un truc pareil ? »Bernard est resté sur le cul.Elle n'y capte vraiment que dalle ?À côté, Céline a aussi froncé les sourcils, visiblement dépitée.La fille de Charles Mercier... incapable de déchiffrer un putain de rapport financier ?M. Bernard a essuyé sa sueur et s'est approché avec un sourire de lèche-bottes : « Je vous l'avais bien d
« Alors, vous jouez les idiotes pour mieux les piéger ? »« Exactement, » a confirmé Élodie avant d'enchaîner : « Faut pas les affoler tout de suite. Les preuves, ça se récolte tranquillement. Leurs magouilles touchent déjà au pognon des actionnaires. Quand on aura tout ce qu'il faut et qu'on aura dégagé leurs petits copains dans la boîte, ce sera l'heure de les foutre en taule. »Céline a maté Élodie un moment : « Mademoiselle... vous avez sacrément changé. »Avant, elle était sage comme une image. Intelligente, certes, mais jamais une requine des affaires.Mais ce qu'Élodie venait de balancer était calculé au millimètre.Céline ne pouvait s'empêcher d'être bluffée.« Céline, ça fait des années que vous bossez ici. Mon père vous a filé un coup de main autrefois, j'espère que vous pourrez m'aider à mon tour. »« Comptez sur moi, Mademoiselle. On laissera pas ces deux rapaces bousiller ce que votre père a construit. »« Parfait. »« Par contre... » Céline a hésité avant de pour
« Si Élodie Mercier cherche à me voir, dites-lui que j'ai pas le temps. »« Mais... vous vouliez pas justement la voir ramper ? »« Je veux qu'elle se retrouve le dos au mur, sans aucune issue. »Une lueur glaciale a traversé le regard de Victor : « Je veux qu'elle s'agenouille pour s'excuser auprès de Sophie. »Pendant ce temps, Élodie avait fait son shopping de produits de beauté et compléments dans une galerie marchande. Alors qu'elle descendait se prendre un café, elle a repéré du coin de l'œil un gorille en costard noir qui la suivait depuis un moment.Le mec était tellement voyant qu'il attirait tous les regards.Élodie a pouffé en secouant la tête.Victor la prenait vraiment pour une menace, à la faire surveiller comme ça. Il flippait qu'elle s'en prenne à Sophie, ou il se délectait de la voir paniquer pour sa boîte ?Sans se presser, Élodie a acheté son café puis s'est engouffrée dans la foule dense du centre commercial.Le gorille a tenté de la suivre, mais Élodie mar
« Élodie, est-ce qu'il s'est excusé, pour de vrai ? »Face à la question de Mme Moreau, Élodie a délibérément tourné la tête pour mater Victor.Voyant qu'Élodie allait ouvrir sa bouche, Victor a flairé l'embrouille. Flippant qu'elle ne balance des conneries à sa grand-mère, il s'est précipité pour la choper par le bras : « Grand-mère, faut que je cause en privé avec Mlle Mercier. On monte. »Et sans plus de cérémonie, Victor a traîné Élodie vers l'escalier d'un pas décidé.Prise de court, Mme Moreau s'est empressée de gueuler : « Victor ! Non mais... c'est une jeune fille ! Si tu lui fais du mal, je ne te le pardonnerai pas ! »À l'étage, Victor a balancé Élodie sur le lit avant de verrouiller la porte de la chambre.« Vous jouez à quoi là, M. Moreau ? »Élodie, adossée au plumard, matait Victor avec un petit sourire en coin : « Si Sophie apprend ça, elle va péter un câble. Elle est du genre jalouse, non ? »« Élodie Mercier ! »Victor s'est approché et a chopé Élodie par la g
« On peut pas trouver un terrain d'entente, alors ? »« Oui, t'as deviné. »Élodie savait pertinemment que Victor ne se laisserait pas intimider comme ça. Elle était juste venue lui mettre un coup de pression, histoire qu'il comprenne qu'il y avait des limites à pas dépasser. Même un agneau acculé finit par mordre, et elle était tout sauf une victime facile.« M. Moreau, ça vous branche de parier avec moi ? »« Sur quoi ? »« Je parie que si vous continuez à me faire chier, vous allez vous prendre une sacrée tuile cette année. »« ... »Élodie s'est levée et s'est dirigée vers la porte. Avant de sortir, elle s'est arrêtée un instant : « Au fait, j'ai pas encore raconté à votre grand-mère comment vous me pourrissez la vie. Vous croyez qu'après notre petite discussion, elle sera de quel côté ? Le vôtre ou le mien ? »« Élodie ! »« Victor, le fait que j'aie fermé ma gueule sur vos coups fourrés contre ma boîte, c'est déjà une preuve de ma bonne foi. Arrêtez vos conneries de gami
« Si c'est toi qui a promis, alors c'est à toi de te démerder. »Élodie s'est tournée vers la bonne : « Léa, trouvez un hôtel pour Mlle Leroy. Elle peut y descendre aussi longtemps qu'elle veut, mais faut qu'elle comprenne qui commande ici. Pas vrai, Mlle Leroy ? »Élodie avait bien capté le regard qu'Yvonne lui avait balancé avant.Face à la sortie d'Élodie, Yvonne a direct affiché une tronche flippée. Elle a cherché du secours du côté de Colette, qui a pété un câble : « Non mais tu te prends pour qui, Élodie ! Tu joues les caïds sans même avoir les clés de la baraque ? T'as oublié qui se tape tout le boulot dans cette maison depuis des années ? T'as pas honte, bordel ? »« Colette, c'est moi qui fais la loi ici depuis toujours. Par respect pour vos cheveux gris, je t'ai laissé gérer la tambouille, mais faut pas te prendre pour la reine du château. Si tu veux pas qu'Yvonne se casse, j'vais devoir te demander de te barrer avec elle. »« Espèce de... ! »« Pardon ! C'est ma faute
La caisse s'est garée devant la fac, et Lucie a couru avec Élodie jusqu'au sixième du bâtiment A.Hugo Legrand causait déjà depuis un bon quart d'heure, et l'ambiance dans l'amphi était carrément glaciale.Lucie a maté deux secondes depuis l'entrée et a lâché : « Ça pue le cours magistral... On a loupé le coche... »Elle avait pas fini sa phrase qu'Élodie a défoncé la porte de l'amphi.Lucie a direct sorti un « Putain de merde ! » qui venait du cœur.Dans l'amphi, tous les regards se sont braqués sur Élodie, y compris celui d'Hugo.Le mec portait une chemise blanche avec les manches retroussées. Grand et sec, des traits marqués, avec des lunettes à monture dorée. Son expression était aussi chaleureuse qu'un congélo. À ce moment-là, Élodie a balancé à plein volume : « Désolée pour le retard, Monsieur ! »Son ton était tellement fort et assuré que la moitié de l'amphi se retenait de se marrer.C'est qui cette meuf qui débarque à la bourre avec autant de culot ?« Asseyez-vous. »
« Quelle étrange domestique tu fais. »Élodie a dit : « Je n'ai été invitée par M. Moreau qu'hier. Pourquoi aurais-je coupé les caméras sans raison ? Même si j'ai vécu trois mois dans cette maison, je ne suis pas une employée de la famille Moreau. Comment saurais-je où se trouve le panneau de contrôle des caméras ? Par contre, toi, aujourd'hui, tu sembles être la seule à travailler ici, n'est-ce pas ? Et puis, en tant que jeune femme de bonne famille, quel intérêt aurais-je à te calomnier ? »« Ce n'est pas moi ! Ce n'est pas moi ! »Sylvie s'est empressée d'expliquer à Victor : « Monsieur ! Elle m'accuse injustement ! »« Ça suffit ! »Victor a froncé les sourcils.Il n'ignorait pas que le personnel de la maison Moreau maltraitait Élodie en secret.Mais il n'avait jamais pris la peine de la défendre.Il espérait même que ces difficultés finiraient par la décourager.Cette fois, cependant, Sylvie était allée trop loin.Victor a dit froidement : « La maison Moreau n'a pas beso
« De quoi parlez-vous, M. Moreau ? »Élodie a regardé Victor avec un air parfaitement innocent : « Je prends tranquillement ma douche, et c'est vous qui faites irruption. En quoi est-ce ma faute ? »« Tu... »Victor a contemplé Élodie.Elle se tenait là, enveloppée dans sa serviette, ses longues jambes blanches et élancées exposées, ses cheveux mouillés cascadant sur une épaule, des gouttelettes d'eau brillant encore sur ses clavicules, d'une séduction irrésistible.Remarquant le regard de Victor sur elle, Élodie a remonté légèrement sa serviette : « Vous désiriez quelque chose ? »« Qui t'a permis de déchirer l'uniforme ? »Face à cette accusation, Élodie a demandé avec une expression innocente : « Quel uniforme déchiré ? De quoi parlez-vous ? »« Élodie, arrête ton cinéma. »Victor a lancé froidement : « Pourquoi as-tu déchiré ces vêtements ? Pour me défier ? Ou pour attirer délibérément mon attention ? »« Je ne comprends vraiment pas de quoi vous parlez. »Élodie a feint
*Clac !*Une gifle cinglante s'est abattue sur la joue de la domestique.Celle-ci, la main plaquée sur sa joue rougie, a affiché un visage décomposé.Élodie a dévisagé froidement cette jeune femme séduisante : « Sylvie, c'est bien ça ? Puisque tu m'appelles 'Mlle Mercier', tu dois connaître mon statut. Qui t'a autorisée à m'appeler par mon prénom ? »« Toi ! »Sylvie, forte de son ancienneté chez les Moreau et fière de son joli minois, n'avait jamais considéré Élodie comme quelqu'un d'important.Elle avait été témoin de l'humiliation d'Élodie dans cette maison par le passé.Élodie se rappelait que, dans sa vie antérieure, Sylvie lui avait plusieurs fois donné de mauvais conseils, la faisant passer pour une idiote devant Victor.Aujourd'hui, voyant Sylvie se pavaner devant elle, Élodie n'était plus disposée à se laisser faire.« Mlle Mercier, je reste une employée de la maison Moreau ! Me frapper, c'est insulter M. Moreau ! Je vais tout lui raconter ! Vous avez découpé les vête
« Les hommes qui papillonnent, c'est la chose la plus naturelle du monde. Et les femmes, elles, doivent savoir se contenter de ce qu'elles ont. »Quelle logique tordue !« Je veux bien faire comme si je n'avais rien vu aujourd'hui. Va régler cette affaire. »Puis, comme si elle venait de se rappeler quelque chose, Mme Moreau a ajouté : « Au fait, tu as pris une année sabbatique, n'est-ce pas ? »« Oui. »« Puisque tu as déjà interrompu tes études, ne te préoccupe plus des affaires de l'université. »Mme Moreau a poursuivi : « En tant que future Mme Moreau, même sans mettre les pieds en cours, ton diplôme te tombera dans les mains tout seul. »« Madame... »« Occupe-toi de ça. Tu n'as qu'à réfléchir à comment conquérir le cœur de Victor, pour le reste, rien ne mérite ton attention. D'ailleurs, tu es sur le point de te marier, continuer tes études te rendrait ridicule. »Le ton de Mme Moreau ne souffrait aucune contestation.Élodie, même mécontente, devait acquiescer.Sans la
« Madame ! »Le visage de Nicolas est devenu livide.Après tant d'années au service de Mme Moreau, s'il lui était déjà arrivé de faire des gaffes, c'était la première fois qu'elle le sanctionnait aussi durement !« Madame, c'était juste un dérapage verbal ! Je voulais seulement... »« Faites-le sortir. »Madame Moreau n'a même pas daigné lui jeter un regard. Ses hommes de main l'ont relevé et l'ont entraîné dehors.Jusqu'à présent, Élodie n'avait connu que le visage bienveillant de Mme Moreau, jamais son côté impitoyable.Peut-être avait-elle toujours été ainsi, ne montrant qu'une façade de bonté aux étrangers.Car une personne véritablement bienveillante aurait-elle viré un employé fidèle pour une simple maladresse ?« Élodie, je t'ai fait venir aujourd'hui pour te demander si tu étais au courant de ce qui circule dans la presse ? »« De quoi parlez-vous exactement, Madame ? »Élodie a feint la surprise en regardant Mme Moreau.Celle-ci lui a tendu son téléphone, où s'affi
Réalisant la gravité de la situation, le chauffeur est immédiatement remonté en voiture pour rattraper Élodie.En voyant le chauffeur la poursuivre frénétiquement, Élodie s'est contentée d'un sourire glacial.Quand les patrons sont trop conciliants, leurs employés en profitent et dépassent les bornes.Elle était tout de même l'héritière des Mercier, une invitée, et ce chauffeur n'était qu'un employé qui se permettait d'être aussi impoli envers une invitée de son patron.Avant, elle ravalait sa fierté.Cette fois-ci, elle ne tolérerait plus ce genre de comportement.Rapidement, le taxi s'est arrêté devant le portail de la résidence Moreau.Mme Moreau avait déménagé, et bien que ce ne soit pas la demeure principale des Moreau, c'était tout de même une villa dans un quartier résidentiel huppé.Quand elle a aperçu Élodie descendre d'un taxi par la fenêtre, Mme Moreau a fait la grimace : « Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? N'avais-je pas envoyé Nicolas la chercher ? Où est-il
C'est à ce moment que le chauffeur a remarqué l'absence de sourire dans les yeux d'Élodie.Le cœur du chauffeur a fait un bond, mais il s'est vite rassuré.Cette héritière des Mercier n'était pas si impressionnante après tout, n'était-elle pas complètement sous l'emprise de leur patron ?« Mlle Mercier, ne croyez pas que plaire à Mme Moreau suffira. Notre patron déteste les héritières avec trop de caractère ! Mlle Laurent, elle, est douce et élégante. Si vous ne faites pas d'efforts, la place de Mme Moreau pourrait bien vous échapper ! »Le chauffeur savait qu'Élodie tenait par-dessus tout à devenir Mme Moreau et craignait Sophie.Sinon, pourquoi aurait-elle imité Sophie pour plaire à Victor ?Se croyant en position de force, le chauffeur a été pris au dépourvu quand Élodie a ordonné froidement : « Arrêtez la voiture ! »Cette injonction a fait que le chauffeur a pilé net.« Mlle Mercier, vous... »Avant même qu'il ne puisse terminer sa phrase, Élodie était déjà descendue.Le
En entendant Victor prendre la défense d'Élodie, le visage de Sophie s'est assombri.Sophie avait toujours été témoin de la façon dont Victor détestait Élodie.Non seulement il ne prenait jamais sa défense, mais c'était déjà un miracle quand il ne l'humiliait pas.Comment se faisait-il maintenant que...Se pourrait-il que Victor veuille vraiment épouser Élodie ?De son côté, Lucie, voyant que personne ne les poursuivait, a enfin poussé un soupir de soulagement. Elle s'est tapotée la poitrine : « Ouf ! Heureusement qu'ils ne nous ont pas suivies ! Ce Victor fait vraiment flipper ! Pourquoi ramener toute une armée ? On se serait cru dans un film policier. »Puis, se tournant vers Élodie, elle l'a réprimandée : « Et toi alors, pourquoi lui faciliter la tâche ? Tu aurais dû laisser Sophie et Victor se prendre la tête. Maintenant, on te fait passer pour une aguicheuse qui copie les autres pour séduire M. Moreau. Franchement, tu n'y gagnes rien. »« Je ne l'ai pas fait pour Victor, ma
Sur ces mots, Sophie est entrée dans le bâtiment A, entourée de Justine et Camille.Le hall était rempli de gardes du corps du groupe Moreau.Justine a aperçu Victor et lui a fait signe : « M. Moreau ! »Victor a froncé les sourcils et s'est retourné, découvrant Sophie qui venait d'apparaître non loin.Au même moment, Sophie a enfin vu Élodie face à Victor.En voyant Victor tenir fermement le bras d'Élodie, Sophie a soudain pâli.« Élodie ? Comment se fait-il que... »Le visage de Justine s'est également décomposé. Elle a échangé un regard avec Camille.Elles pensaient que Victor était venu pour Sophie, qui aurait imaginé qu'il cherchait en fait Élodie ?L'atmosphère au rez-de-chaussée est devenue extrêmement tendue.« Victor... que se passe-t-il ? »Sophie a demandé, réprimant difficilement son mécontentement.Élodie a dégagé son bras de l'emprise de Victor : « M. Moreau, vous n'êtes pas venu chercher Mlle Laurent ? Elle est là maintenant, je vais donc m'en aller. »Sur c