« On peut pas trouver un terrain d'entente, alors ? »« Oui, t'as deviné. »Élodie savait pertinemment que Victor ne se laisserait pas intimider comme ça. Elle était juste venue lui mettre un coup de pression, histoire qu'il comprenne qu'il y avait des limites à pas dépasser. Même un agneau acculé finit par mordre, et elle était tout sauf une victime facile.« M. Moreau, ça vous branche de parier avec moi ? »« Sur quoi ? »« Je parie que si vous continuez à me faire chier, vous allez vous prendre une sacrée tuile cette année. »« ... »Élodie s'est levée et s'est dirigée vers la porte. Avant de sortir, elle s'est arrêtée un instant : « Au fait, j'ai pas encore raconté à votre grand-mère comment vous me pourrissez la vie. Vous croyez qu'après notre petite discussion, elle sera de quel côté ? Le vôtre ou le mien ? »« Élodie ! »« Victor, le fait que j'aie fermé ma gueule sur vos coups fourrés contre ma boîte, c'est déjà une preuve de ma bonne foi. Arrêtez vos conneries de gami
« Si c'est toi qui a promis, alors c'est à toi de te démerder. »Élodie s'est tournée vers la bonne : « Léa, trouvez un hôtel pour Mlle Leroy. Elle peut y descendre aussi longtemps qu'elle veut, mais faut qu'elle comprenne qui commande ici. Pas vrai, Mlle Leroy ? »Élodie avait bien capté le regard qu'Yvonne lui avait balancé avant.Face à la sortie d'Élodie, Yvonne a direct affiché une tronche flippée. Elle a cherché du secours du côté de Colette, qui a pété un câble : « Non mais tu te prends pour qui, Élodie ! Tu joues les caïds sans même avoir les clés de la baraque ? T'as oublié qui se tape tout le boulot dans cette maison depuis des années ? T'as pas honte, bordel ? »« Colette, c'est moi qui fais la loi ici depuis toujours. Par respect pour vos cheveux gris, je t'ai laissé gérer la tambouille, mais faut pas te prendre pour la reine du château. Si tu veux pas qu'Yvonne se casse, j'vais devoir te demander de te barrer avec elle. »« Espèce de... ! »« Pardon ! C'est ma faute
La caisse s'est garée devant la fac, et Lucie a couru avec Élodie jusqu'au sixième du bâtiment A.Hugo Legrand causait déjà depuis un bon quart d'heure, et l'ambiance dans l'amphi était carrément glaciale.Lucie a maté deux secondes depuis l'entrée et a lâché : « Ça pue le cours magistral... On a loupé le coche... »Elle avait pas fini sa phrase qu'Élodie a défoncé la porte de l'amphi.Lucie a direct sorti un « Putain de merde ! » qui venait du cœur.Dans l'amphi, tous les regards se sont braqués sur Élodie, y compris celui d'Hugo.Le mec portait une chemise blanche avec les manches retroussées. Grand et sec, des traits marqués, avec des lunettes à monture dorée. Son expression était aussi chaleureuse qu'un congélo. À ce moment-là, Élodie a balancé à plein volume : « Désolée pour le retard, Monsieur ! »Son ton était tellement fort et assuré que la moitié de l'amphi se retenait de se marrer.C'est qui cette meuf qui débarque à la bourre avec autant de culot ?« Asseyez-vous. »
Élodie est restée scotchée sur place.Merde, c'est vrai qu'à l'époque, pour lécher les bottes de Victor, elle avait descendu Hugo pendant un dîner mondain avec deux-trois bourgeoises.Mais putain, personne lui avait dit qu'Hugo était aussi rancunier !Et comment ces conneries avaient atterri jusqu'à ses oreilles, d'abord ?Élodie a repris ses esprits : « M. Legrand, Bellerive vaut que 5 milliards. C'est Victor qui a bidonné les docs pour vous appâter et vous faire perdre un max. »Hugo a relâché Élodie et s'est affalé dans le canap' pour se servir un thé. Sans même daigner lever les yeux, il a lâché : « Je vous écoute. »« La mise à prix de Bellerive sera de 300 millions. Victor va faire grimper les enchères jusqu'à 4 milliards. Et là, vous serez dans la merde avec une perte sèche de plus de 3 milliards. Comme ça, le groupe Legrand se prend une tarte, et Victor se venge pour le projet que vous lui avez piqué. »Hugo a siroté son thé : « Il vous a filé combien, Victor Moreau ? »
Ce fric, c'était dans la poche.« Putain, emprunter du pognon à un prof, t'es une ouf ! Tu l'as défoncé avant, et maintenant tu lui taxes du fric, et il te le file ? »« Victor Mercier et Hugo Legrand se détestent comme des malpropres. Je l'aide, il me file du cash, c'est donnant-donnant. »« T'as raison. » Lucie a eu une illumination tardive : « Attends... tu l'as aidé comment ? »« À niquer Victor. »« Quoi ? Tu veux vraiment rompre avec Victor ? »Lucie était surprise.Elle avait vu Élodie baver sur Victor pendant tout ce temps.Elle pensait que c'était juste une crise de meuf, mais là elle captait que c'était du sérieux.La meuf avait grandi !Voyant la tronche de Lucie, Élodie n'a pas pu s'empêcher de rire jaune.Même sa bestie pensait qu'elle était incapable de quitter Victor.Alors les autres, qu'est-ce qu'ils devaient penser ?L'héritière du groupe Mercier, transformée en bouffonne à cause de ce mec.Pitoyable, vraiment.Ce soir-là, Colette a débarqué au siège du
'Toc toc'Sophie a toqué deux coups avant de débarquer dans le bureau.Elle portait une robe de soirée blanche qui la rendait hyper classe, ses cheveux lisses tombant jusqu'à la taille, lui donnant un air de meuf bien sous tous rapports.« Victor, la vente aux enchères commence, on y va ? »En voyant Sophie, Colette a eu l'air sacrément mal à l'aise.Sans cette pétasse, ce serait Élodie qui serait Mme Moreau ! Et là, pour un truc aussi VIP que cette vente, Victor n'hésitait pas à humilier les Mercier en s'y pointant avec Sophie.C'était clairement leur foutre la honte, non ?« Vous devez être Mme Mercier, Victor m'a parlé de vous. Et cette demoiselle est... »Sophie a maté Yvonne, sapée quasiment comme elle, et a souri.Une Élodie suffisait pas, fallait en ramener une deuxième ?Mais qu'elles défilent, toutes. Elles restaient des doublures, point barre !Voyant que Sophie avait grillé Yvonne, Colette a eu les chocottes. Elle a tiré Yvonne par le bras et a bafouillé : « On a
« C'est clair ! Qui à Clairbois sait pas que les fiançailles avec Victor, c'est Élodie qui les a décrochées en se traînant à quatre pattes ? Elle se prenait vraiment pour la reine ! Victor la largue et le lendemain il peut se taper n'importe qui, mais elle ? Y'a plus un mec à Clairbois qui oserait la toucher avec des gants ! »...Devant la salle, des bourgeoises se foutaient ouvertement d'Élodie qui poireautait à quelques mètres.Ça faisait bien sept-huit minutes qu'elle était là, arrivée un poil avant Victor et Sophie.Elle aurait dû rentrer direct, mais cet enfoiré d'Hugo lui avait ordonné de l'attendre dehors.Elle avait dû être Hitler dans une autre vie pour s'être volontairement collée à ce psychopathe.Elle pigait maintenant qu'Hugo était aussi taré que Victor.Pas étonnant que ces deux connards se soient toujours arraché la gueule, dans cette vie comme dans l'autre.« Élodie, lâche l'affaire avec Victor, il a déjà Sophie. Ça sert à quoi de te pointer ici comme une group
Sophie semblait hyper pressée de défendre Élodie, mais ça n'a fait qu'enrager davantage Victor.Dingue de moi ?Cette pétasse d'Élodie, elle kiffait juste se taper des mecs puissants !Avant c'était lui, maintenant elle avait jeté son dévolu sur Hugo Legrand comme nouvelle proie.Pas étonnant qu'elle arrête de lui cirer les pompes ces derniers temps.À cette pensée, le regard de Victor est devenu meurtrier.Cette salope, elle lui ouvrait vraiment les yeux !« On se casse. »Victor a arrêté de mater Élodie et Hugo, et a traîné Sophie dans la salle des enchères.De son côté, Hugo a naturellement fait prendre son bras à Élodie et a balancé froidement : « Ce soir, t'es ma cavalière. Si je dis à droite, tu vas pas à gauche, pigé ? »« M. Legrand, on est tous des businessmen. Vu que je suis votre cavalière, mes dépenses de ce soir, c'est vous qui raquez, non ? »« T'es ma cavalière, pas ma copine. »Élodie a fait mine d'être déçue : « Mais Victor me payait tout avant. Question de
« Quelle étrange domestique tu fais. »Élodie a dit : « Je n'ai été invitée par M. Moreau qu'hier. Pourquoi aurais-je coupé les caméras sans raison ? Même si j'ai vécu trois mois dans cette maison, je ne suis pas une employée de la famille Moreau. Comment saurais-je où se trouve le panneau de contrôle des caméras ? Par contre, toi, aujourd'hui, tu sembles être la seule à travailler ici, n'est-ce pas ? Et puis, en tant que jeune femme de bonne famille, quel intérêt aurais-je à te calomnier ? »« Ce n'est pas moi ! Ce n'est pas moi ! »Sylvie s'est empressée d'expliquer à Victor : « Monsieur ! Elle m'accuse injustement ! »« Ça suffit ! »Victor a froncé les sourcils.Il n'ignorait pas que le personnel de la maison Moreau maltraitait Élodie en secret.Mais il n'avait jamais pris la peine de la défendre.Il espérait même que ces difficultés finiraient par la décourager.Cette fois, cependant, Sylvie était allée trop loin.Victor a dit froidement : « La maison Moreau n'a pas beso
« De quoi parlez-vous, M. Moreau ? »Élodie a regardé Victor avec un air parfaitement innocent : « Je prends tranquillement ma douche, et c'est vous qui faites irruption. En quoi est-ce ma faute ? »« Tu... »Victor a contemplé Élodie.Elle se tenait là, enveloppée dans sa serviette, ses longues jambes blanches et élancées exposées, ses cheveux mouillés cascadant sur une épaule, des gouttelettes d'eau brillant encore sur ses clavicules, d'une séduction irrésistible.Remarquant le regard de Victor sur elle, Élodie a remonté légèrement sa serviette : « Vous désiriez quelque chose ? »« Qui t'a permis de déchirer l'uniforme ? »Face à cette accusation, Élodie a demandé avec une expression innocente : « Quel uniforme déchiré ? De quoi parlez-vous ? »« Élodie, arrête ton cinéma. »Victor a lancé froidement : « Pourquoi as-tu déchiré ces vêtements ? Pour me défier ? Ou pour attirer délibérément mon attention ? »« Je ne comprends vraiment pas de quoi vous parlez. »Élodie a feint
*Clac !*Une gifle cinglante s'est abattue sur la joue de la domestique.Celle-ci, la main plaquée sur sa joue rougie, a affiché un visage décomposé.Élodie a dévisagé froidement cette jeune femme séduisante : « Sylvie, c'est bien ça ? Puisque tu m'appelles 'Mlle Mercier', tu dois connaître mon statut. Qui t'a autorisée à m'appeler par mon prénom ? »« Toi ! »Sylvie, forte de son ancienneté chez les Moreau et fière de son joli minois, n'avait jamais considéré Élodie comme quelqu'un d'important.Elle avait été témoin de l'humiliation d'Élodie dans cette maison par le passé.Élodie se rappelait que, dans sa vie antérieure, Sylvie lui avait plusieurs fois donné de mauvais conseils, la faisant passer pour une idiote devant Victor.Aujourd'hui, voyant Sylvie se pavaner devant elle, Élodie n'était plus disposée à se laisser faire.« Mlle Mercier, je reste une employée de la maison Moreau ! Me frapper, c'est insulter M. Moreau ! Je vais tout lui raconter ! Vous avez découpé les vête
« Les hommes qui papillonnent, c'est la chose la plus naturelle du monde. Et les femmes, elles, doivent savoir se contenter de ce qu'elles ont. »Quelle logique tordue !« Je veux bien faire comme si je n'avais rien vu aujourd'hui. Va régler cette affaire. »Puis, comme si elle venait de se rappeler quelque chose, Mme Moreau a ajouté : « Au fait, tu as pris une année sabbatique, n'est-ce pas ? »« Oui. »« Puisque tu as déjà interrompu tes études, ne te préoccupe plus des affaires de l'université. »Mme Moreau a poursuivi : « En tant que future Mme Moreau, même sans mettre les pieds en cours, ton diplôme te tombera dans les mains tout seul. »« Madame... »« Occupe-toi de ça. Tu n'as qu'à réfléchir à comment conquérir le cœur de Victor, pour le reste, rien ne mérite ton attention. D'ailleurs, tu es sur le point de te marier, continuer tes études te rendrait ridicule. »Le ton de Mme Moreau ne souffrait aucune contestation.Élodie, même mécontente, devait acquiescer.Sans la
« Madame ! »Le visage de Nicolas est devenu livide.Après tant d'années au service de Mme Moreau, s'il lui était déjà arrivé de faire des gaffes, c'était la première fois qu'elle le sanctionnait aussi durement !« Madame, c'était juste un dérapage verbal ! Je voulais seulement... »« Faites-le sortir. »Madame Moreau n'a même pas daigné lui jeter un regard. Ses hommes de main l'ont relevé et l'ont entraîné dehors.Jusqu'à présent, Élodie n'avait connu que le visage bienveillant de Mme Moreau, jamais son côté impitoyable.Peut-être avait-elle toujours été ainsi, ne montrant qu'une façade de bonté aux étrangers.Car une personne véritablement bienveillante aurait-elle viré un employé fidèle pour une simple maladresse ?« Élodie, je t'ai fait venir aujourd'hui pour te demander si tu étais au courant de ce qui circule dans la presse ? »« De quoi parlez-vous exactement, Madame ? »Élodie a feint la surprise en regardant Mme Moreau.Celle-ci lui a tendu son téléphone, où s'affi
Réalisant la gravité de la situation, le chauffeur est immédiatement remonté en voiture pour rattraper Élodie.En voyant le chauffeur la poursuivre frénétiquement, Élodie s'est contentée d'un sourire glacial.Quand les patrons sont trop conciliants, leurs employés en profitent et dépassent les bornes.Elle était tout de même l'héritière des Mercier, une invitée, et ce chauffeur n'était qu'un employé qui se permettait d'être aussi impoli envers une invitée de son patron.Avant, elle ravalait sa fierté.Cette fois-ci, elle ne tolérerait plus ce genre de comportement.Rapidement, le taxi s'est arrêté devant le portail de la résidence Moreau.Mme Moreau avait déménagé, et bien que ce ne soit pas la demeure principale des Moreau, c'était tout de même une villa dans un quartier résidentiel huppé.Quand elle a aperçu Élodie descendre d'un taxi par la fenêtre, Mme Moreau a fait la grimace : « Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? N'avais-je pas envoyé Nicolas la chercher ? Où est-il
C'est à ce moment que le chauffeur a remarqué l'absence de sourire dans les yeux d'Élodie.Le cœur du chauffeur a fait un bond, mais il s'est vite rassuré.Cette héritière des Mercier n'était pas si impressionnante après tout, n'était-elle pas complètement sous l'emprise de leur patron ?« Mlle Mercier, ne croyez pas que plaire à Mme Moreau suffira. Notre patron déteste les héritières avec trop de caractère ! Mlle Laurent, elle, est douce et élégante. Si vous ne faites pas d'efforts, la place de Mme Moreau pourrait bien vous échapper ! »Le chauffeur savait qu'Élodie tenait par-dessus tout à devenir Mme Moreau et craignait Sophie.Sinon, pourquoi aurait-elle imité Sophie pour plaire à Victor ?Se croyant en position de force, le chauffeur a été pris au dépourvu quand Élodie a ordonné froidement : « Arrêtez la voiture ! »Cette injonction a fait que le chauffeur a pilé net.« Mlle Mercier, vous... »Avant même qu'il ne puisse terminer sa phrase, Élodie était déjà descendue.Le
En entendant Victor prendre la défense d'Élodie, le visage de Sophie s'est assombri.Sophie avait toujours été témoin de la façon dont Victor détestait Élodie.Non seulement il ne prenait jamais sa défense, mais c'était déjà un miracle quand il ne l'humiliait pas.Comment se faisait-il maintenant que...Se pourrait-il que Victor veuille vraiment épouser Élodie ?De son côté, Lucie, voyant que personne ne les poursuivait, a enfin poussé un soupir de soulagement. Elle s'est tapotée la poitrine : « Ouf ! Heureusement qu'ils ne nous ont pas suivies ! Ce Victor fait vraiment flipper ! Pourquoi ramener toute une armée ? On se serait cru dans un film policier. »Puis, se tournant vers Élodie, elle l'a réprimandée : « Et toi alors, pourquoi lui faciliter la tâche ? Tu aurais dû laisser Sophie et Victor se prendre la tête. Maintenant, on te fait passer pour une aguicheuse qui copie les autres pour séduire M. Moreau. Franchement, tu n'y gagnes rien. »« Je ne l'ai pas fait pour Victor, ma
Sur ces mots, Sophie est entrée dans le bâtiment A, entourée de Justine et Camille.Le hall était rempli de gardes du corps du groupe Moreau.Justine a aperçu Victor et lui a fait signe : « M. Moreau ! »Victor a froncé les sourcils et s'est retourné, découvrant Sophie qui venait d'apparaître non loin.Au même moment, Sophie a enfin vu Élodie face à Victor.En voyant Victor tenir fermement le bras d'Élodie, Sophie a soudain pâli.« Élodie ? Comment se fait-il que... »Le visage de Justine s'est également décomposé. Elle a échangé un regard avec Camille.Elles pensaient que Victor était venu pour Sophie, qui aurait imaginé qu'il cherchait en fait Élodie ?L'atmosphère au rez-de-chaussée est devenue extrêmement tendue.« Victor... que se passe-t-il ? »Sophie a demandé, réprimant difficilement son mécontentement.Élodie a dégagé son bras de l'emprise de Victor : « M. Moreau, vous n'êtes pas venu chercher Mlle Laurent ? Elle est là maintenant, je vais donc m'en aller. »Sur c