Crac!Le corps cendré de Sarah n'était plus tel. Il apparaissait maintenant comme une sépulture d'argile fragile qui abritait quelque chose de précieux.- C'est incroyable! s'exclamât Enid près de moi. Je souris simplement avec émotion ne sachant quel mot utiliser pour décrire ce que je voyais. La sépulture s'était mise à se craqueler à plusieurs endroits ne révélant pas grande chose de ce qui se trouvait en dessous. J'étais aux aguets, guettant le moindre mouvement étrange. Soudain, un craquement plus bruyant que les autres se fit entendre et une main puis un bras entier se libérèrent de la sépulture. Je reculai, surpris. Le second bras ne tarda pas à faire son apparition aussi.- Et merde! Grands dieux ! me mis-je à jurer, les yeux grands ouverts et figés sur ce que j'avais devant moi.Je n'avais pas besoin de plus pour reconnaître les bras de Sarah: fins et longs, teint naturellement pâle...De ses deux mains, elle s'acharnât sur les morceaux qui recouvraient son visage. Je ne t
- Comment est-ce possible?! Jamais quelqu'un n'est revenu à la vie dans l'histoire de Solumna. Qui est cette femme?J'observais Céleste s'énerver sans rien essayer pour la calmer. Moi aussi j'étais profondément irritée par le retour de cette insignifiante femme aux cheveux rouges. La nouvelle avait déjà fait le tour du royaume et était devenu le sujet principale des discussions. Tout le monde voulait comprendre comment c'était possible mais surtout: Qui était cette femme? Nous avons tous été témoins de son incinération digne d'une reine alors comment se fait-il qu'elle se retrouve à se promener dans le palais, l'air plus vivante que jamais? - Tu dois absolument trouver qui elle est, me dit Céleste sur un ton dur. - Et comment veux-tu que je fasse cela? Tu me vois vraiment me tuer entre une pile de livres tous plus ennuyeux les uns que les autres? lui répliquai-je dans un grognement. - Je me fiche complètement de savoir comment est-ce que tu comptes procéder. Cherche! Écoute aux por
Debout devant le grand miroir de la chambre, je contemplais mon corps nue, mon dos simplement recouvert d'un peignoir blanc. Mon regard passait et repassait sur mon reflet impeccable, sans la moindre tache et sans le moindre vestige de mon accouchement passé. On aurait dit que jamais je n'avais donné la vie au point d'y laisser la mienne. Que s'était-il passé pour que je revienne à la vie? Je n'en savais rien.Qui suis-je à présent ? Je ne sais pas.Pourrai-je encore me qualifier d'humaine ? Je n'en suis pas sûre.Tout ce dont j'étais sûre, c'est que quelque chose avait changé en moi. Je me sentais comme moi-même, à ma place. Comme comblée d'un vide qui m'empêchait de me retrouver. Après que mon cœur se fut arrêté de battre, je me suis brusquement réveillée au palais, dans ma chambre. Tout était calme autour de moi et je ne ressentais plus aucune douleur dans mon corps. Je me suis redressée et j'ai commencé à chercher du regard mon bébé dans la pièce ou quelqu'un capable de me guide
Dissimulée dans un couloir, j'observai les gardes postés à l’entrée de la chambre d’Enzo. Ils y étaient depuis la naissance de son fils; chargés de veiller à sa sécurité. Je grommelai puis jetai un coup d’œil par la grande fenêtre devant moi. Il se faisait bien tard; le palais entier était endormi sauf les gardes bien sûr. Ils ont été formés pour travailler de nuit. Je fermai les yeux en inspirant profondément puis je les ouvris pour fixer de loin les deux gardes. Je mis ma main droite en coupe derrière mon oreille et je me mis à siffler doucement. Un flux magique de couleur bleue s’échappa de mes lèvres et alla s’enfoncer directement dans les oreilles des deux gardes. Ils se bouchèrent automatiquement les oreilles en gémissant mais ils n’eurent que quelques secondes avant de tomber lourdement au sol, ensommeillés. Je restai dans l’ombre quelques instants pour m’assurer que personne ne vienne avant de me précipiter vers la porte du prince. J’enjambai les deux gardes et j’ouvris délic
- Maman! Quelle joie de te revoir!Je me précipitai pour aller prendre ma mère dans mes bras, trop heureux de sa présence. - Je ne pouvais quand même pas rater le mariage de mon unique fils! s’exclamât-elle en riant. J’ai été très heureuse d’apprendre que ton père a enfin consenti à cette union. - Maintenant qu’il sait que Sarah est aussi un être mirifique, c’est normal, ironisai-je.- Allons mon chéri, fit ma mère en me pinçant la joue. - Aïe! me plaignis-je.- L’important est qu’il ait accepté que vous vous mariez et que maintenant, tu pourras vivre une relation amoureuse complète. Je souris à ma mère, reconnaissant qu’elle n’avait pas tord. Que mon père ait consenti à mon mariage parce que Sarah est un être mirifique ou parce qu’elle pourrait lui être utile, je m’en foutais pas mal. Le principal a été fait, il ne reste que la cérémonie que j’espère, se passera sans encoche. - Oh mais qui est-ce que je vois là ? s’exclamât ma mère, le regard rivé derrière moi. Je me retournai
PRÉCÉDEMMENT DANS “PÈRE À SON INSU”•Après avoir donné naissance au fils d’Enzo, Sarah perdit la vie sur le lit d’accouchement. Mais quelques semaines plus tard, la jeune femme renaîtra de ses cendres, ressuscitée dans les flammes pour le plus grand bonheur d’Enzo. Ce dernier ayant pris conscience et accepté le fait qu’il était amoureux de la jeune femme, s’engagera à la prendre immédiatement pour épouse. La nouvelle se propagera partout dans le royaume, ramenant la joie et l’esprit de fête dans la population. Mais comme toujours, il y a des gens qui ne s’en réjouissent pas: Hezra. Cette dernière s’active déjà à nuire au futur couple princier. Cependant, à deux jours de leur mariage, le médecin royal viendra faire part à Enzo et Sarah d’une découverte pas très réjouissante sur la véritable nature de la future princesse de Solumna: elle serait en effet la nouvelle femme phénix…•**********Enzo me regardait comme si je venais de dire la chose plus idiote qui soit. — Mais ça n’a pas d
Par la fenêtre de ma chambre, j'observais les servantes et le petit peuple s'atteler avec entrain aux préparatifs du mariage entre Enzo et la revenante. Nous étions à la veille de ladite cérémonie et je me retenais presque d'exploser de jalousie. Au départ, je comptais m'absenter le temps que les festivités soient terminées mais je n'aimerais pas donner à cette cruche le plaisir de se rendre compte à quel point je supportais mal de la voir avec le prince. Toute ma manière, pourquoi m'enflammer pour si peu? Il n'y a que moi ici dans ce palais qui sait que ce bonheur ne sera que de courte durée. Il me tarde vraiment que les choses interessantes commencent. Et en parlant de choses intéressantes, j'avais un plan à mettre à exécution aujourd'hui. Avec les préparatifs du mariage, la famille royale devrait être sérieusement occupée pour remarquer ma fourberie. J'ouvris le tiroir de mon armoire pour y prendre la potion que la sorcière noire m'avait pr
J’ouvris lentement les yeux puis je les clignai pour affiner ma vision. Je constatai alors que j’étais dans ma chambre.Mais alors pourquoi mon oreiller était-il si dure?Et putain! Depuis quand est-ce que mon lit se trouve aussi au fond de la pièce? J’essayai alors de me redresser pour me retrouver en position assise. Mon regard se posa juste devant moi et j’écarquillai les yeux. Je regardai autour de moi et je finis par constater que je n’étais pas dans mon lit, mais plutôt, assis à ma table entrain de travailler. J’ai dû m’assoupir entre les parchemins et lettres sans m’en apercevoir. Mais comment est-ce possible? Non seulement, je ne me rappelle pas avoir somnolé mais aussi, ça ne m’est jamais arrivé de m’endormir en plein travail. Vraiment étrange! Je me levai de mon siège histoire de m’étirer et de me dégourdir les jambes. Heureusement que je n’avais rien d’urgent dans ma paperasse sinon j’aurais certainement perdu un temps précieux à dormir. Je retournai ensuite m’asse
— …Zaïm Martins, 47e prince de Solumna, promettez-vous être le roi digne, courageux et conscient que le peuple espère de vous ?— Je le promets !— Acceptez-vous de tout cœur endosser les différentes responsabilités qu’incombent à un roi ?— Je l’accepte !— Et jurez-vous de vous battre jusqu’à la mort pour la défense et la protection de votre peuple ?— Je le jure !Le conseiller se tourna pour prendre la couronne d’or que lui tendait une servante avant de refaire face à Enzo, un genou à terre devant lui.— Moi, Hamid Sahr, premier conseiller de la cour royal, je nomme Zaïm Martins, nouveau roi de Solumna, faisant de lui, le 29e de sa lignée !Les hurlements et les cris s’élevèrent dans la grande salle alors que le conseiller posait la couronne sur la tête d’Enzo. Ce dernier se redressa tout sourire et nous fit face. Son regard parcourut brièvement la foule excitée avant qu’il ne s’arrête sur nous.— Regarde papa, fis-je à l’intention de Nejib que j’avais dans les bras et qui suçait
— Je t’en prie mon fils, fais attention à toi! Restez tous deux en vie pour votre petit garçon, pour moi et pour Solumna…Ma mère posa une douce main sur ma joue alors qu’une larme s’échappait sur sa joue. Je ne l’avais encore jamais vu pleurer. Elle avait toujours su faire preuve de courage et de self-control devant toute situation. C’était la femme la plus forte que j’eus connue. Mais aujourd’hui, elle était plus brisée que jamais. Tellement qu’elle n’arrivait même pas à dissimuler sa tristesse et son désarroi. Céleste avait fait d’elle une veuve; une femme désemparée. Mais je n’avais pas encore dit mon dernier mot. Je m’approchai de ma mère et l’embrassai tendrement sur le front puis j’allai faire de même à mon fils qui me regardait les yeux grands ouverts, calmement couché dans son berceau sous le regard attentif de Joséphine. J’avais tellement envie de le prendre dans mes bras et de ne plus m’en séparer mais je n’avais pas le choix. — Je te promets de faire ce que j’ai à fair
Avec toute la rapidité dont j'étais capable, je projetai Hezra derrière moi puis j'envoyai une boule de feu sur Céleste. Elle esquiva rapidement mon attaque et le feu atterrit juste derrière elle pour créer un rideau de flammes qui nous sépara de sa petite armée restée dans les escaliers menant à l'étage en dessous. Je souris, satisfaite du résultat. Moins un! Soudain, Céleste écarquilla les yeux et se retourna vers les flammes.— Non! Hurla t-elle en portant une main à son front. Non!Elle tomba à genoux, les mains sur la tête en criant.Mais qu'est-ce qui lui prends?Soudain, je compris.Le lien qu'elle avait établi avec sa petite clique venait de se rompre. Les flammes que j'avais créé agissaient comme des barrières rompant tout lien magique. Voilà pourquoi j'avais été désignée pour vaincre Céleste! Mon pouvoir de feu a la capacité de neutraliser son pouvoir de conversion.Intéressant!Enzo s'empressât de me rejoindre, profitant de la déconcentration de sa geôlière. — Tu vas
Tête baissée, mains menottées vers l’avant, je me laissai traîner à la suite de Céleste sans broncher. D’ailleurs je n’avais pas envie de dire quoi que ce soit.Que pouvais-je même dire? Je sais pas.Ma voix avait soudainement disparue de ma gorge comme si mon hurlement de douleur avait emporté avec lui tout le son que mes cordes vocales étaient capables de produire. L’image de mon paternel au sol, la tête séparée du cou, le tout dans une marre de sang m’avait coupé toute envie d’agir. «Tu as perdu!» «Ton père est mort pour cause de ton inaction!»«C’est la fin!»«Tu n’as pas su être le protecteur qu’il fallait!»Ces phrases ne cessaient de se répéter encore et encore dans mon esprit, m’enfonçant encore plus dans mon mutisme. J’étais déçu, en colère mais surtout brisé. Mon père n’avions certes pas des relations rapprochées et étions sur des longueurs d’ondes assez divergentes mais c’était avant tout mon paternel. Quoi qu’il en soit, le lien père-fils entre nous a toujours été sy
Le hurlement qui me parvint aux oreilles à l'instant s'infiltra à travers mes tympans et chemina jusqu'à mon cœur qu'il frappa de plein fouet.Je me figeai instantanément, Nejib dans mes bras alors que la reine s'avançait prudemment vers le volet de la pièce qui donnait sur la cours du palais. — Qu'est-ce que c'était? chuchota Joséphine; ma servante. Je me levai doucement et lui confiai mon fils qui venait de se réveiller puis j'allai rejoindre la reine devant la grande fenêtre.Debout, immobile, elle semblait être projetée dans un autre monde. Je suivis lentement son regard et je tombai sur un spectacle horrible dans la cours du palais. Je posai une main sur ma bouche pour m'empêcher de crier tandis que ma main agrippait fermement le rideau du volet. À genoux, la tête baissée, Zaïm se trouvait juste devant son père ou du moins, ce qu'il en restait. Un silence de plomb régnait dans la cours où les soldats de l'armée royale ainsi que les hommes de Céleste observaient la scène macab
Je m'avançai au milieu des débris enfumés, enjambant les corps éparpillés au sol. Derrière moi, une horde d'hommes et de femmes sous mon contrôle et occupés à semer le chaos autour de nous. Des sorciers, des vampires, des fées, des dryades... tous à mon service, éliminant les impétueux qui osaient m'affronter. Tout dans le royaume n'était que feu, cendres, peur et affolement. Je m'arrêtai à quelques pas du palais, cerné par des archers, observant sourcil haussé tous ces soldats en tenue rouge.Arcs tendus et flèches en place, ils attendaient le signal de leur meneur pour tirer. Ce qui m'étonnerait beaucoup au passage. Parce que derrière moi ne se trouvaient personne d'autre que les habitants de Solumna; les mêmes qui étaient sensés être à Ozhar. J'avais réussi à intercepter leur dernier convoi et fais de la majorité mes serviteurs.Un claquement de doigt, un allié.Un regard, un pantin. Rien qu'un jeu d'enfant. Ils croyaient m'échapper mais personne n'échappe à Céleste. Leur
Enid posa le flacon de potion sur la table et joignis les mains devant lui. Tout le monde se pencha vers le liquide grisâtre, complètement obnubilé.— Qu’est-ce que c’est? demanda mon père.— Une potion d’apparence, Majesté. Elle a été conçue avec de la magie noire pour donner à quelqu’un les mêmes caractéristiques que le prince Zaïm. Ma mère écarquilla les yeux tandis que mon père et les conseillers s’étaient redressés dans leurs sièges.— Où avez-vous trouvé ça, Enid? questionna mon père. — Dans la chambre d’Hezra, répondis-je. Je l’ai pris dans son tiroir à son insu.— En clair, vous l’avez volé, ironisa le deuxième conseiller.Attendez, pourquoi il respire encore lui? Je vais régler ça rapidement!Comme si elle avait lu dans mes pensées, Sarah, assise à côté de moi, posa une main sur mon avant-bras histoire de me calmer. Je tournai le regard vers elle et elle me fit les gros yeux. Je reportai donc mon attention sur le conseiller, me contentant juste de lui trancher la tête à
Je déposai doucement Nejib dans son berceau, veillant à ce qu’il ne se réveille pas. J’avais passé tout l’après-midi à m’occuper de lui jusqu’à ce qu’il s’endorme.Nejib était un bébé vraiment sage mais certains jours, il pouvait se montrer un tantinet fatiguant avec des pleurs incessants. J’espérais juste qu’il ne couvrait pas quelque chose quand bien même les êtres mirifiques ne pouvaient pas tomber malade. — Vas-y, me dit la reine. Va te reposer maintenant, Joséphine prendra le relais.J’hochai la tête tandis que ma servante venait s’asseoir à côté du berceau.— Préviens-moi s’il y a quoi que ce soit, lui dis-je. — Ne vous inquiétez pas princesse, je veillerai sur lui. Je soupirai, rassurée avant de m’incliner devant ma belle-mère. — Je vais m’en aller maintenant, lui annonçai-je. Merci de m’aider à garder Nejib.— Je t’en prie, ma fille. Je lui souris avant de sortir de la pièce non sans avoir jeté un dernier coup d’œil au berceau. J’aimais tellement m’occuper de mon fils;
Debout devant la grande porte de bois ciré, j’attendais impatiemment que l’on vienne m’ouvrir. Finalement, après quelques secondes, la porte s’ouvrît sur la servante qui était venue à ma rencontre plus tôt. — Sir, salua t-elle. Elle se mit sur le côté pour me laisser entrer puis elle quitta la pièce en prenant soin de refermer derrière elle.Depuis qu’Hezra avait emménagé au palais, c’était la première fois que je m’introduisais dans sa chambre. Je ne fus pas surpris d’y trouver un décor féminin et marin dans des tons bleu ciel et turquoise. Mon regard se posa sur le grand lit où une forme était allongée sous les draps, le teint pâle et la mine pitoyable. Je m’avançai vers elle, légèrement inquiet. Il est vrai que je n’appréciais pas Hezra mais la voir ainsi me touchait un temps soit peu. Ses yeux étaient cernés et les cristaux marins sur sa peau brillaient très faiblement.Elle était vraiment malade.— Enzo, murmura t-elle une fois que je fus près d’elle. Même sa voix était