Share

CHAPITRE 3

Penulis: Frédéric ZUMBIEHL
last update Terakhir Diperbarui: 2024-10-29 19:42:56
 

Darfour, camp de réfugiés de Zalingei…

 

Les tentes de fortune s’étalaient à perte de vue dans la plaine immense et désertique, telle une mer de toile rapiécée puant la misère et la mort. Noa Stevenson avait garé son 4x4 à la lisière du camp avant de se jucher sur le toit. Il désirait prendre quelques vues en plan large afin que les lecteurs se rendent bien compte de l’étendue du camp. Il n’était que huit heures du matin, mais déjà le soleil diffusait une chaleur écrasante. Noa sentait des gouttes de sueur rouler le long de son dos.

Pendant qu’il réglait son appareil, une chose le frappa. Tout était très silencieux. Aucun enfant ne jouait, personne ne criait, ni ne s’interpellait. Noa se rendit compte que ces gens étaient trop épuisés pour avoir ne serait-ce qu’un semblant d’activité. Le camp était un mouroir. Là, sous ses yeux, cent mille personnes mouraient à petit feu, certaines plus rapidement que d’autres. De malnutrition principalement, malgré l’aide alimentaire. De toutes sortes de maladies également. Comme si cela ne suffisait pas, un nouveau fléau venait de s’abattre sur ces malheureux ; une épidémie de choléra ravageait la population du camp depuis plus d’une semaine.

Comme si le malheur attirait le malheur, songea Noa avec amertume. Un abominable cercle vicieux. Il sentit le découragement s’abattre sur ses épaules et une peine sourde lui étreignit soudain la poitrine.

Noa était grand-reporter pour The Guardian, un journal anglais. Reporter de guerre très exactement. Cette année serait sa douzième dans le métier et il n’était pas sûr qu’il y en aurait une de plus. Trop de peine, trop de douleur. Depuis quelques mois, il ne parvenait plus à garder le détachement inhérent à son travail. Témoin silencieux de l’horreur quotidienne des zones de conflit, Noa sentait son âme se miner peu à peu tandis que sa défiance envers la race humaine augmentait dans les mêmes proportions.

Et la tragédie du Darfour semblait être un point d’orgue à sa carrière au sein de l’horreur. En cinq années de guerre, le conflit avait fait plus de trois cent mille morts et déplacé trois millions de personnes. Dans l’indifférence générale, les janjawids, des bandes de cavaliers armés par Khartoum, le pouvoir en place, pillaient, violaient, torturaient, massacraient en toute impunité, quand ils n’étaient pas directement appuyés par les forces gouvernementales. Noa avait vu des hommes castrés, d’autres avec les yeux arrachés, certains pendus, ou encore brûlés vifs devant leur famille, des femmes violées, éventrées, des enfants mutilés ou assassinés, le crâne fracassé d’un coup de crosse.

Noa chassa ces pensées et tenta de se concentrer sur son travail. Il prit plusieurs photographies avant que son attention ne soit distraite par un grondement allant crescendo. Un hélicoptère approchait ; c’était un des gros Mil Mi-8 d’origine russe servant au ravitaillement, il le reconnut au bruit. L’appareil survola le camp en basse altitude avant de se poser un peu à l’écart dans un nuage de poussière. Aussitôt, une nuée de véhicules se dirigea vers l’hélico, dont les portes cargo s’ouvraient déjà.

Lorsque Noa se gara à proximité, le déchargement était bien amorcé et la noria des 4x4 chargés de la distribution dans le camp, lancée. Le reporter descendit de sa Toyota et se dirigea vers l’équipage qui fumait une cigarette. Le pilote était un Russe prénommé Stepan, un grand costaud sanglé dans une combinaison de vol qui semblait être aussi vieille que son appareil. Dès qu’il l’aperçut, Stepan vint à sa rencontre.

– Dobre dien, Noa !

Les deux hommes se serrèrent la main avec chaleur. Un courant de sympathie s’était établi entre eux dès le premier contact, un mois plus tôt, lorsque Noa avait commencé son reportage sur les camps de réfugiés du Darfour. Il avait voyagé à de nombreuses reprises dans l’appareil de Stepan, dont la mission principale consistait à ravitailler les camps en nourriture fournie par l’aide internationale.

– J’ai un tuyau pour toi, lança le pilote avec un sourire en coin, le regard caché par ses lunettes de soleil.

– Tu connais le camp de Riyad ? reprit-il. C’est à cent vingt kilomètres d’ici, au nord-ouest. Il se passe des choses là-bas.

– Quel genre ?

– Du genre mystérieux il paraît, dit-il de sa voix rauque à l’accent roulant.

– J’ai une rotation à faire là-bas ce matin, je t’emmène si tu veux.

 

Les vibrations du rotor résonnaient dans la colonne vertébrale de Noa tandis que le hurlement assourdissant des turbines lui vrillait les tympans. Le vieil hélico russe n’était pas le moyen de transport le plus confortable, mais en Afrique, c’était encore le plus rapide. Sous ses yeux, par la porte cargo largement ouverte, Noa observait le désert qui s’étendait à perte de vue. Cette terre calcinée semblait sans limite, tout comme la misère qu’elle recelait et les horreurs qui s’y déroulaient. Mais, à la réflexion, ce qui se passait au Darfour n’était rien de plus que la barbarie habituelle, et c’est cette banalisation qui l’horrifiait. Noa s’était rendu compte que, quelles que soient les latitudes, les pays, les peuples, la sauvagerie faisait partie intégrante de l’homme. L’humanité était une race maudite, une engeance belliqueuse qui éprouvait un besoin viscéral à s’infliger peine et souffrance. Quatorze mille guerres avaient ensanglanté la surface de la terre depuis que les hommes la foulaient, causant la mort de plus de trois milliards de personnes. Comment expliquer cela si ce n’est par un besoin atavique de violence ? Comment si peu de gens pouvaient en envoyer tant d’autres à la mort ? Comment expliquer que la soif de pouvoir et de mort d’un salaud despotique trouve une telle résonance au sein d’une population ? Noa en était arrivé à la conclusion que ce besoin morbide d’horreur et de souffrance faisait intrinsèquement partie de l’homme, qu’il s’en nourrissait inconsciemment depuis l’aube des temps, et qu’il en serait toujours ainsi.

Un changement dans le régime des moteurs le tira de ses réflexions ; le Mil Mi amorçait sa descente vers le camp de Riyad.

 

Le grand dispensaire de toile était installé en bordure d’une mer de tentes multicolores servant d’abri à plus de vingt mille personnes, principalement des femmes et des enfants. Dans cet hôpital de fortune, du personnel médical tentait de soigner les malades qui affluaient chaque jour un peu plus nombreux. Une épidémie de méningite bactérienne frappait sans relâche et les patients devaient être traités rapidement sous peine de mort. Noa franchit une file d’attente et s’enfonça dans l’ombre du dispensaire.

Le médecin-chef était un homme grand et maigre du nom de Poncet. Docteur Marc Poncet. C’est ainsi qu’il se présenta à Noa, après qu’une infirmière l’eut dirigé vers lui. Le visage émacié, une barbe de trois jours, les lunettes de guingois, il paraissait épuisé, comme s’il voulait se mettre au diapason de ses patients.

– Vous êtes le premier, mais j’imagine que les autres ne vont pas tarder, fit-il d’une voix où perçait une grande lassitude.

– Les autres ?

– Et bien oui, vous êtes journaliste, non ?

– En effet, mais…

– Ça se passe là-bas, fit-il avec une petite tape sur l’épaule en lui indiquant l’extrémité du dispensaire, où un attroupement s’était formé.

Sa curiosité piquée, Noa prit l’allée centrale et se dirigea vers l’endroit en question. Partout autour de lui reposaient des corps squelettiques sur des lits de toile. Il ralentit le pas, comme s’il était soudain freiné par la peine régnant entre ces murs de tissus. Des visages torturés, d’autres où se lisait la résignation, lui renvoyaient sa propre impuissance. Quelques gémissements perçaient çà et là, mais d’une façon générale, tous ces gens souffraient en silence. Au détour d’une rangée de lits, son regard accrocha celui d’une vieille femme étendue dans un coin. Avec une gravité qui le pénétra profondément, elle lui indiqua d’un geste, sans même la moindre parole, l’extrémité du dispensaire. Noa se détourna et continua sa progression.

Lorsqu’il entra dans le quartier des sidéens, il sentit l’atmosphère changer. Elle était totalement différente de celle qui régnait communément en ces lieux et il en fut très étonné. Une trentaine d’enfants, étendus sur des lits de toile, étaient en phase terminale, mais Noa ne ressentit pas la mort planer ni le désespoir et la résignation envahir les cœurs du personnel médical et des familles, comme cela se passait habituellement. Il ne fut cependant pas surpris de ne trouver que peu de mères au chevet de leur enfant, la plupart étant déjà décédées de la même maladie. Cruelle ironie du sort, ces petits êtres allaient quitter ce monde dans la douleur, privés du réconfort de l’amour maternel par le mal même qui les terrassait.

Noa s’approcha ; les enfants étaient très jeunes. Un calme étrange semblait les habiter, mais pas seulement. Ils étaient tous éveillés ; des oreillers avaient été glissés sous leurs têtes maigres pour les redresser un peu et leur permettre de voir. Des adultes étaient debout, disséminés çà et là entre les lits. D’autres attendaient à l’écart. Noa compta en tout une cinquantaine de personnes, qui toutes regardaient un point que Noa ne pouvait pour l’instant apercevoir. Tous ces gens étaient d’une terrible maigreur, mais aucun ne semblait accablé ; au contraire, on aurait dit qu’une sorte de ferveur les maintenait debout, en éveil, en attente de quelque chose. Par des ouvertures dans la toile rapiécée, Noa remarqua qu’il y avait toute une foule qui attendait dehors. Une foule silencieuse.

À l’intérieur du dispensaire, le silence aussi était total et l’atmosphère très particulière, comme en suspens.

Noa avisa un prêtre quelques mètres devant lui, qui lui tournait le dos. Bizarrement, ce dernier n’était au chevet d’aucun enfant. Il se tenait debout au milieu d’une allée et semblait fixer comme tout le monde ici un point situé à l’extrémité du secteur des sidéens. Alors qu’il s’avançait, Noa vit une infirmière toucher le bras du prêtre et le désigner du menton, sans prononcer la moindre parole. L’homme d’Église fit lentement demi-tour, comme à regrets et s’approcha très doucement.

– Mon père, qu’est-ce que…

– Chut ! fit celui-ci en mettant un doigt sur ses lèvres et en le fixant d’un regard impérieux.

Il lui prit le bras et l’entraîna lentement vers les premiers lits.

– Venez fit-il tout bas.

Ils firent quelques pas et s’arrêtèrent à côté d’un lit où reposait l’un des jeunes malades. Noa pencha la tête pour l’observer. Le garçon ne devait pas avoir plus de cinq ans. Son ventre était abominablement gonflé, ses membres d’une maigreur de cadavre, son visage creusé d’une terrible façon. Malgré le tuyau d’alimentation en oxygène passé dans ses narines, il était clair qu’il avait des difficultés à respirer.

Le cœur de Noa se serra. Le petit être était à l’agonie et pourtant ses yeux brillaient d’une étrange ferveur. Noa observa un autre enfant, puis un autre encore, et un quatrième. Tous avaient le même regard brillant. On aurait dit qu’ils étaient emplis d’espoir et de grâce. Noa s’aperçut qu’ils regardaient tous dans la même direction. Il reporta son attention sur les adultes. Si aucun ne parlait, il en vit certains prononcer de silencieuses litanies, comme des prières muettes. Tous observaient le même endroit et semblaient attendre quelque chose dans une sorte de ravissement silencieux. Tout cela était très étrange, mais nullement dérangeant, comme si une ferveur atténuait la douleur régnant en ces lieux, apportant l’espoir.

Le prêtre se pencha à son oreille.

– Regardez ! fit-il en désignant l’extrémité du dispensaire, où un lit accueillant un jeune garçon était accolé au mur de toile.

Noa ne vit tout d’abord rien.

– Je ne comprends pas.

– Regardez !

Noa s’aperçut que l’enfant en question était au centre de l’attention de tout le monde, même des jeunes malades. Son visage était en extase, et, fait troublant, il regardait vers le haut, comme si quelqu’un était penché sur lui… sauf qu’il n’y avait personne. Le prêtre lui serra le bras avec une force peu commune.

– Nous ne pouvons le voir, mais eux le peuvent, dit-il en désignant les enfants d’un geste large.

– Voir quoi ?

Le prêtre ne répondit pas, se contentant de sourire comme on le ferait à un enfant trop jeune pour comprendre. Noa se força à ne pas questionner davantage l’homme d’Église. Apparemment, celui-ci désirait qu’il comprenne par lui-même. Il reporta son attention sur l’enfant et observa avec la plus grande attention.

  Le petit être leva une main, qui resta en suspens en l’air et qu’il referma à demi. Un large sourire éclairait son visage ravagé. Il resta ainsi plusieurs minutes, puis sa main se reposa doucement sur le lit. Son attention sembla se relâcher. Il finit par fermer les yeux. Quelques secondes plus tard, il dormait paisiblement.

Ce qui se produisit ensuite devait rester gravé à jamais dans la mémoire de Noa. Le reporter sentit un frémissement s’emparer de tous les adultes présents. Des murmures s’élevèrent. Noa vit les têtes bouger. Le point de focalisation avait disparu. Noa se rendit compte que les adultes regardaient les enfants, et que les enfants avaient tous les yeux braqués dans la même direction, sur le même point. Un point qui se déplaçait dans une travée secondaire.

À quelques mètres de là, une petite fille se redressa doucement sur les coudes. Sa mère se tenait à ses côtés. Elle jetait des regards éperdus de tous côtés. Lorsqu’elle se rendit compte que le point de focalisation des enfants se dirigeait droit sur sa fille, elle fut prise d’un grand tremblement et murmura des paroles que Noa ne comprit pas. Un homme s’avança spontanément pour la soutenir. Ils firent lentement quelques pas en arrière, comme sous la pression de quelque force invisible. La fillette leva très doucement son visage sur lequel on pouvait soudain lire l’émerveillement le plus complet. La jeune mère fondit alors en larmes et tomba à genoux, se prosternant. Aussitôt, un grand murmure parcourut l’assistance. Une onde d’énergie pure traversa l’assemblée, Noa la ressentit presque physiquement et en un instant, fut gagné par la ferveur ambiante. Il sentit son cœur s’ouvrir et une joie immense le submerger. Il se passait ici un phénomène extraordinaire, quelque chose de merveilleux dont il ne percevait pas encore toute la portée, mais il savait intuitivement, au plus profond de lui, que c’était énorme.

  Comme en écho à ses pensées, le prêtre se tourna vers lui ; son visage était baigné de larmes.

– Mais qu’est-ce que c’est ?

– C’est évident, non ? Un ange est ici…

Une infirmière s’approcha et se pencha à l’oreille du prêtre.

– Mon père, les émissaires du Vatican viennent d’arriver.

L’homme d’Église hocha doucement la tête sans quitter Noa des yeux.

– Faites votre travail… Le monde doit savoir ce qui se passe ici.

Il posa sa main sur le bras du reporter et le serra avec une grande force.

– Excusez-moi, je dois vous laisser, dit-il avant de se détourner et de se diriger vers l’entrée du dispensaire.

Noa reporta son regard sur la fillette. Elle tendait le bras comme pour saisir une main invisible ; son visage baignait de ravissement, rayonnant tel un soleil miniature.

Un ange était-il vraiment ici, apportant paix et réconfort à des enfants en train de mourir ? Comment un tel miracle était-il possible ? L’humanité, dans son mépris absolu des lois divines, méritait-elle finalement la rédemption ?

Noa ferma les yeux et laissa le sentiment ambiant de paix et d’amour l’envahir totalement…

 

Bab terkait

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 4

    Cité du Vatican, palais du gouvernement…Celui que l’on surnommait « le Pape Noir », entra d’une démarche majestueuse dans la vaste salle de réunion réservée aux membres de l’Opus Sanctorum, sa robe sombre effleurant le sol. Six cardinaux, tous professeurs de théologie, l’attendaient en devisant passionnément autour de la longue table en chêne patinée par les ans qui meublait le centre de la pièce. Ils se turent instantanément à son arrivée.À soixante ans passés, Mgr Francisco de Torquemada possédait une aura de puissance toujours aussi éclatante, et lorsqu’il pénétrait dans une pièce, les conversations baissaient en général d’un cran. Il était l’incarnation même de la puissante Église catholique romaine et n’hésitait pas à en faire un usage immodéré si les circonstances l’exigeaient.Un autre homme entra à sa suite, d’une envergure plus discrète, ce qui allait parfaitement à sa fonction puisqu’il dirigeait les services secrets du Vatic

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 5

    QG de la N.S.A, à Fort Meade, État américain du Maryland…Au sein de l’un des deux immenses cubes d’acier et de verre teinté abritant les vingt mille employés de la plus grande agence de collecte de renseignements au monde, se trouve une petite salle très spéciale. Située à l’extrémité ouest de la grande salle d’analyse numéro trois, dédiée à la surveillance du continent sud-américain, elle abrite le RAW, ou Réseau Advent Watcher.Si le Christ revenait parmi les hommes, quel moyen utiliserait-il pour faire connaître son message ?Le web, assurément.Le RAW est né de cette imparable constatation.Placé directement sous mandat présidentiel, son but était de permettre aux instances dirigeantes du pays, d’anticiper le Second Avènement, cause supposée de bouleversements peu favorables à la gouvernance et aux affaires.Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, une équipe d’une dizaine de théologiens guettait et analysait tout

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 6

    Ciudad Juarez…Angela trempa les lèvres dans son café – froid -, fit la grimace en reposant la tasse et se frotta les yeux. Cela faisait plus de trois heures qu’elle travaillait à son article et son corps montrait des signes de fatigue.Elle s’étira, puis laissa son regard errer alentour.La pièce était à peu près en ordre. Pas moins d’une heure entière avait été nécessaire pour effacer toutes traces du cambriolage – ou plutôt, de la fouille en règle de son appartement – qu’elle avait eu la très mauvaise surprise de découvrir en rentrant chez elle, en fin de journée. Bizarrement, on ne lui avait rien volé. Outre le fait que des inconnus s’étaient introduits chez elle, cela la mettait mal à l’aise. Dans un pays où n’importe quoi avait une valeur marchande, ne rien emporter dénotait un professionnalisme qui lui faisait froid dans le dos. Nul doute qu’on lui faisait par là même passer un message. Non seulement elle était sous étroite survei

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 7

    Salle du RAW, QG de la NSA…– Monsieur, j’ai quelque chose par ici, venez voir !David Deckard se précipita tandis que Mattew Foster se remettait à pianoter sur son clavier.Le chef du RAW tira une chaise pour s’asseoir auprès de son subordonné. Autour d’eux, les dix postes d’analyse étaient occupés, tous les membres du Réseau ayant été rappelés d’urgence.– Regardez ce que je viens de trouver…Foster désignait un message sur son écran :« Les Saigneurs du Monde… Leur pouvoir terrestre est sans limite. Vos lois ne les concernent pas car ils sont au-dessus des hommes. C’est aussi leur faiblesse. Car ils ne peuvent changer les lois de la nature ; hommes ils sont, hommes ils resteront. Leur faillibilité est à la hauteur de leur arrogance. Celui que tu cherches est un des gouvernants. C’est un serviteur de Celui qui nie le Père et le Fils. Il a marqué la suppliciée de son sceau, et son sceau est celui du Calomniateur. Pr

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 8

    Londres, The Guardian…Noa Stevenson pénétra dans la grande salle de rédaction parsemée de box où régnait l’agitation fébrile des dernières heures de bouclage. Il salua plusieurs de ses collègues d’un vague coup de tête en la traversant, restant bien attentif à ne pas se laisser déconcentrer. Il avait parfaitement conscience que ce qu’il s’apprêtait à faire était difficile. Harold Ramis, le rédacteur en chef, était réputé pour son opiniâtreté, sa dureté et son sens implacable de la logique. Malgré la décision qu’il avait prise, Noa n’était pas certain d’avoir le dernier mot. Il n’était pas sûr non plus, dans le cas où les choses tourneraient mal, d’être prêt à renoncer à sa carrière.Noa frappa à la porte vitrée et entra sans attendre d’y être invité. Ramis trônait derrière son bureau débordant de dossiers. Il mit brutalement fin à une conversation téléphonique et leva les yeux.– Noa… content de te voir.– Harold.– Assied

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 9

    Cuzco, Pérou…Le Boeing de British Airways se posa à seize heures locales. Dès sa descente d’avion, Noa s’aperçut de l’atmosphère inhabituelle qui régnait dans le terminal. L’aérogare était bondée et une sorte de fébrilité générale semblait avoir saisi la plupart des voyageurs. Noa s’inséra dans la file pour les services d’immigration. L’attente fut longue en raison de l’afflux de gens et du manque de personnel. Il récupéra enfin ses bagages, passa la douane et se dirigea vers la sortie. Il monta dans le premier taxi venu et indiqua l’hôtel Ambassador. Le chauffeur était un homme plutôt jeune, d’un abord convivial. En même temps qu’il insérait son véhicule dans le flot de la circulation avec un art consommé de la conduite en zone urbaine dense, il entama la conversation.– Vous êtes ici pour l’apparition, Señor ?– C’est à cause de ça, tous ces gens ?– Si, beaucoup de pèlerins viennent ici depuis deux jours. J’ai un

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 10

    Washington, bâtiment du bureau exécutif Eisenhower…Situé dans la Dix-Septième Rue, juste à côté de l’aile ouest de la Maison-Blanche, le BBEE est un bâtiment de quatre étages construit dans un style Second Empire français. Il abrite différentes agences qui forment le bureau exécutif du président des États-Unis, tel que le bureau de cérémonie du vice-président et celui du National Security Council (NSC) ou conseil national de sécurité. Construit il y a plus d’un siècle - entre 1871 et 1888 très exactement -, le BBEE est un lieu chargé d’histoire au sein duquel beaucoup d’évènements importants se déroulèrent. Cependant, si tous les personnages illustres qui y participèrent, pouvaient savoir ce qui allait s’y tramer en cette soirée, nul doute que nombre d’entre eux se retourneraient dans leur tombe. C’est en tout cas ce que pensa David Deckard en descendant de sa voiture devant l’auguste bâtiment.La nuit était tombée ; le chef du R

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 11

    Juarez…Les locaux modernes du palais de justice, d’un blanc presque immaculé, respiraient autant la pureté que l’efficacité. Plusieurs dizaines de bureaux clos de portes vitrées donnaient directement sur un long couloir central, de telle sorte que chaque visiteur de passage ou bien en attente d’un rendez-vous, pouvait voir la mécanique bien huilée d’agents zélés de l’État en plein travail. Mais ce n’était qu’une apparence trompeuse.Angela patientait depuis bientôt une heure dans une salle d’attente attenante au couloir lorsque l’assistant du procureur vint enfin à sa rencontre. À sa mine, elle sut tout de suite que quelque chose n’allait pas. Elle se leva de son siège et s’avança vers lui. Le jeune homme eut une moue contrariée.– Señora de la Vega, je suis désolé, mais… monsieur le procureur général ne pourra pas vous recevoir.– Est-ce qu’il a trop de travail, ou bien est-ce une fin de non-recevoir, répondit-elle

Bab terbaru

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   Epilogue

    Quelque part dans les Montagnes Rocheuses, un an plus tard…Il faisait nuit. Angela était dehors, sur la terrasse de leur magnifique chalet perdu en pleine montagne, à deux heures de route sinueuse de la première ville.La jeune femme était sortie pour contempler les étoiles qu’aucune pollution lumineuse ne venait troubler, de sorte que le ciel était d’une densité extraordinaire, un véritable océan d’astres sur lequel la Voie Lactée se détachait tel un ruban céleste.Par la porte coulissante laissée ouverte, elle entendait le son de la télévision que Noa regardait encore.Le flash spécial qui passait en boucle depuis des heures sur les chaines du monde entier, annonçait une nouvelle absolument unique dans l’histoire humaine : le dernier conflit de la planète venait de prendre fin.Après des millénaires de guerre et de barbarie, le monde, l’humanité, était enfin en paix.Noa éteignit la télé et sortit rejoindre sa compagn

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 59

    Le président Pennet marchait d’un pas nerveux dans le bureau ovale pendant qu’il parlait au téléphone avec Karl Urban. Ce dernier écumait d’une rage froide, lançant des mots aussi tranchants à l’encontre de l’occupant de la Maison-Blanche que l’étaient les scalpels qu’il utilisait pour ses exécutions, mais ce n’était pas ce qui inquiétait le plus Pennet. Ce dernier s’arrêtait toutes les dix secondes pour regarder, par les hautes fenêtres, la scène qui se déroulait devant les grilles de la Maison-Blanche, là où une foule de plus en plus nombreuse s’agglutinait. Malgré la distance, il était clair que les barrières, sous la pression, commençaient à céder. Dans les jardins, les membres des Services Secrets couraient en tous sens mais c’est leur chef – un grand gaillard nommé Jeffrey Cooper - qui fit irruption dans son bureau. Étrangement, il était parfaitement calme.– Monsieur le Président, nous allons vous évacuer. Suivez-moi je vous prie.Le ton était posé, mais ferme. Un

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 58

    Le porte-avions USS Georges H.W. Bush, accompagné des croiseurs et destroyers de son groupe d’escorte, fendait les flots à pleine vitesse vers le détroit de Gibraltar. Les cinq autres groupes de combat, ainsi que les navires d’assaut des Marines, suivaient à quelques milles de distance, échelonnés en file indienne.La plus grande force aéronavale depuis la Seconde Guerre mondiale, approchait de la mer Méditerranée.Le commandant de l’armada, l’amiral Necker, était à la passerelle du Georges Bush et observait l’horizon à la jumelle. Les premiers rapports de vol des avions de reconnaissance, faisaient état d’une flottille hétéroclite de bateaux commençant à boucher l’entrée du détroit de Gibraltar. Apparemment, d’après les analystes qui scrutaient les nombreuses photographies aériennes prises ces dernières heures, ils n’étaient pas armés.– Amiral, nous avons un problème !L’officier en chef des services de renseignements du bord, un capitaine de

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 57

    Deux heures avaient passé depuis la fin de la méditation. Le jour s’était levé mais ils ne s’en étaient même pas aperçus ; depuis ce temps, ils scrutaient fiévreusement leurs écrans, passant d’un site de chaîne d’info à un autre, en attente de quelque chose - un acte, un événement significatif - qui démontrerait un basculement des consciences.Le premier fait marquant apparut à Calcutta, en Inde, lorsqu’une télé locale relata qu’une foule qui grossissait de minute en minute, s’était massée devant le consulat américain, scandant des slogans de paix. Davis laissa l’un des portables branché sur le site en question tandis qu’il surfait avec l’autre. Et il tomba sur un deuxième fait : la même chose se produisait à New Delhi devant l’ambassade US. Puis, un de ses collègues à Princeton lui envoya un lien vers une télévision locale brésilienne, à Rio de Janeiro. Là aussi, une foule énorme avait envahi les rues autour de l’ambassade américaine. Mais le plus étrange, était l

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 56

    Cinq heures vingt minutes du matin, à Mac Leod Ganj…Malgré l’heure matinale, il y avait foule dans le temple, dans les rues adjacentes ainsi que dans le village et même sur la route y conduisant. Non seulement tous les moines de la région avaient rejoint le temple bouddhiste pour la Grande Méditation, mais également les habitants des villages alentour et une bonne partie de ceux de Dharamsala. L’instant de la méditation arrivant – il serait minuit, heure de Greenwich, dans dix minutes - tout le monde s’était assis en silence, certains directement sur les routes et chemins menant au temple.Angela et Noa s’étaient joints aux moines dans le monastère, ainsi que Foller.Davis, lui, était installé à un bureau de fortune dressé dans un coin de la salle principale, ses deux ordinateurs portables connectés au Pearl Lab via une liaison Skype, et un téléphone satellite à portée de main. Il observait les méditants qui se préparaient à cet instant unique da

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 55

    Le porte-parole du Dalaï Lama, aidé par Adam Foller et ses nombreux contacts, fit venir en un temps record deux équipes de télévisions indiennes à Dharamsala. Les correspondants des grands groupes de presse occidentaux siégeant à Delhi furent également contactés, mais, étrangement, ils refusèrent de venir.Apparemment, le message d’un homme de paix en ces temps de guerre, n’était pas le bienvenu. Cela ne surprit guère Noa, qui savait parfaitement comment fonctionnait le système. Les grands groupes de presse étaient aux ordres et participaient à la mascarade.Qu’à cela ne tienne, il y avait d’autres solutions. Davis lança la nouvelle sur les réseaux sociaux. En quelques heures, la nouvelle devint virale et fit le tour de la planète Internet : les deux journalistes qui avaient annoncé la venue de Ö étaient avec le Dalaï Lama.Et ils avaient une solution pour stopper la guerre.Les caméras avaient été installées sur la terrasse extér

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 54

    Dharamsala, État de l’Himachal Pradesh, Inde du Nord…Le voyage avait duré plus de vingt heures et Angela se sentait exténuée. Après tout, il y a peu, elle était encore morte et sa résurrection lui avait laissé quelques séquelles en terme de fatigue. Le jet de Foller les avait déposés à Delhi, d’où ils avaient pris un avion à hélice qui les avait ensuite conduits à Gagal, l’aérodrome de Dharamsala. De là, un taxi les avait emmenés dans un petit village au nord de la ville indienne qui dominait la vallée de Kangra, plus précisément à Mc Leod Ganj, lieu de villégiature des bouddhistes en exil et de leur chef suprême, le Dalaï Lama.Le taxi les avait déposés au centre et depuis, ils poursuivaient à pied sur un chemin sinuant au beau milieu d’une multitude de maisons blanches, vertes, bleues, ocre et jaunes, toutes à plusieurs étages, s’accrochant à flanc de colline au sein d’une verdure aussi exubérante que chatoyante. Tout autour, des centaines de fanions

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 53

    Base navale de Norfolk, Virginie…Les six porte-avions quittèrent leurs quais à dix minutes d’intervalle, poussés par de puissants remorqueurs qui les aidèrent à déhaler des pontons. Les deux cent soixante mille chevaux de leurs turbines alimentées par les réacteurs nucléaires Westinghouse prirent le relais, ébranlant les lourds navires sur la James River.Sur les ponts, les équipages, en grande tenue, étaient alignés au cordeau afin de saluer la foule immense. Car toute la population de la région était venue assister au départ et s’était massée sur les rives, les plages et même les ponts de la baie de Chesapeake - qui avaient été fermés à la circulation pour l’occasion. Les sirènes de bord firent retentir leurs hurlements gutturaux, auxquels répondirent les cris et les encouragements des spectateurs tandis que dans le ciel, le ballet des hélicoptères des chaînes de télévision battait son plein.La fanfare de la garde nationale avait

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 52

    Université de Princeton…Le docteur Richard Madison résidait quelques rues plus loin, de sorte qu’ils furent chez lui en peu de temps.Davis tambourina à la porte qui ne tarda pas à s’ouvrir sur un homme dans la soixantaine, vêtu d’un jean et d’une chemise bleu clair. Son épaisse chevelure poivre et sel lui donnait un air juvénile, que renforçait le large sourire qu’il afficha lorsqu’il reconnut Davis.– Brad ! Que me vaut le plaisir ?– Docteur Madison, désolé de vous déranger à l’improviste, mais nous avons besoin de votre aide.Madison les fit entrer et les installa dans son salon. Davis fit les présentations, suivi d’un résumé exhaustif de la situation.– Je crois savoir pourquoi vous êtes venus me trouver, Brad, fit le scientifique.– Vous pensez à la même chose que moi ?– Oui. La méditation.– Le docteur Richard Madison est professeur de psychologie et de psychiatrie à l’université de Prin

DMCA.com Protection Status