Share

CHAPITRE 9

last update Dernière mise à jour: 2021-11-15 15:35:25
 

 

Cuzco, Pérou…

 

Le Boeing de British Airways se posa à seize heures locales. Dès sa descente d’avion, Noa s’aperçut de l’atmosphère inhabituelle qui régnait dans le terminal. L’aérogare était bondée et une sorte de fébrilité générale semblait avoir saisi la plupart des voyageurs. Noa s’inséra dans la file pour les services d’immigration. L’attente fut longue en raison de l’afflux de gens et du manque de personnel. Il récupéra enfin ses bagages, passa la douane et se dirigea vers la sortie. Il monta dans le premier taxi venu et indiqua l’hôtel Ambassador. Le chauffeur était un homme plutôt jeune, d’un abord convivial. En même temps qu’il insérait son véhicule dans le flot de la circulation avec un art consommé de la conduite en zone urbaine dense, il entama la conversation.

– Vous êtes ici pour l’apparition, Señor ?

– C’est à cause de ça, tous ces gens ?

– Si, beaucoup de pèlerins viennent ici depuis deux jours. J’ai un cousin qui travaille à Macchu Pichu. Il l’a vu ; il m’a tout raconté !

– Vraiment ?

– Si señor, je vous assure. C’est bien vrai, beaucoup de gens l’ont vu ! Même la télévision est venue enquêter !

L’enthousiasme du chauffeur perçait dans sa voix ; Noa croisa son regard dans le rétroviseur et y lut une ferveur sincère. Il se demanda soudain si la propension de l’homme à croire au merveilleux était un état inhérent de l’être humain ou bien s’il était proportionnel à son état de souffrance ?

Noa regarda par la fenêtre ; dans les rues de la capitale Inca défilait une foule multicolore nonchalante et paisible. Durant un instant, Noa envia leur attitude face à une vie pourtant peu facile, du moins à l’aune des critères européens.

Tout est une question de point de vue, finalement. Même la perception de Dieu. Et de ses saints.

– Il s’agit bien d’un ange, n’est-ce pas ?

– Si señor, un ange de lumière. Tout le monde l’a très bien vu là-haut ! C’est plutôt bon signe pour les hommes, vous ne croyez pas ? demanda-t-il avec autant de foi que d’espoir.

Noa ne répondit pas. Il n’était pas bien sûr de ce qu’il croyait, de ce qu’il avait lui-même vu en Afrique. Un être de lumière ? Une force surnaturelle ?

La foi, l’espoir… Dans ce monde de souffrance, l’humanité ne se fabriquait-elle pas finalement ses propres chimères, ses propres hallucinations ?

Noa ferma les yeux et se laissa aller contre le dossier de son siège. Le manque d’oxygène commençait à le gagner et une migraine qu’il estima salvatrice mit fin à ses pensées.

 

L’hôtel Ambassador offrait le charme suranné des vieux établissements hôteliers de luxe. Sonné par le décalage horaire autant que par son mal de tête, Noa dîna rapidement dans la salle de restaurant avant de monter s’étendre dans sa chambre. Le sommeil le submergea en un instant.

Il se réveilla en sursaut à deux heures du matin, le souffle court, le cœur battant violemment dans sa poitrine. Un instant paniqué, il chercha à reprendre sa respiration avant de se rappeler que Cuzco était située à plus de trois mille mètres d’altitude. Il inspira profondément par le ventre avant de laisser l’air envahir ses poumons. Quelques années de yoga lui avaient appris pratiquer la respiration ventrale, source d’oxygénation mais également de détente qu’il adoptait lorsqu’il sentait le stress le submerger. Il sentit son diaphragme se débloquer et la tension retomba rapidement. Il resta là ainsi à respirer aussi lentement que profondément. Son cerveau avait besoin d’oxygène, il le sentait au travers de la migraine qui ne l’avait pas quitté depuis la veille.

Lorsqu’il fut calmé, il se leva et s’assit à la table servant de bureau. Il alluma son MacBook Pro et se connecta à son serveur. Il releva quelques mails sans importance avant de lire celui de la coordinatrice logistique du Gardian, une blonde avenante prénommée Pamela. Il avait une place réservée dans le train de six heures pour Machu Picchu et une chambre dans l’unique hôtel sur place. Il fit ensuite une recherche sur les apparitions. Les deux premières, celles de Bénarès et de Riyad, étaient largement commentées. Il tomba sur le papier qu’il avait pondu en urgence avant son départ, mais ne le relut pas. Sur l’apparition péruvienne, en revanche, peu d’infos transparaissaient, si ce n’est l’habituel babillage qu’employaient les journalistes pour remplir des pages lorsqu’ils avaient peu d’informations. Le site étant loin de la civilisation, peu aisé d’accès et le délai encore trop court pour que les grands quotidiens aient pu réagir, toutes les infos émanaient de quelques correspondants locaux. Il y avait aussi une interview d’un membre éminent du Vatican, mais Noa ne la lut pas. Seul le nom le frappa : de Torquemada. Un nom maudit évoquant les heures les plus sombres de l’Église catholique, songea-t-il.

Noa éteignit son ordinateur portable et se recoucha. Dans un peu moins de huit heures, il serait à pied d’œuvre et pourrait débuter son enquête. En attendant un sommeil qui ne venait pas, les yeux rivés au plafond, il laissa son esprit vagabonder. Celui-ce le ramena en Afrique, dans le camp de Ryad. Ce qui s’était déroulé là-bas était très subjectif, il en convenait, mais avait laissé une empreinte indélébile au sein de son être. Il ne pouvait oublier la puissante ferveur qui avait étreint les enfants, allumant la flamme de l'espérance au sein de leur cœur, alors même qu’ils souffraient et mouraient. Comment cela était-il possible ? Ce n’était pas un cas d’hystérie collective, comme d’aucuns en avaient émis l’hypothèse. Il y était, il avait vu. Quoi exactement ? Rien de tangible, mais il avait ressenti l’atmosphère ; elle était douce, paisible, lumineuse, fervente, porteuse d’espoir, tout le contraire d’une quelconque psychose.

L’espoir… C’est un sentiment que Noa n’avait plus éprouvé depuis fort longtemps. La déchéance physique de Rachel lui en avait ôté jusqu’au souvenir. Mais il sentait quelque chose remuer au fond de lui. Pour la première fois depuis fort longtemps, Noa se prit à souhaiter que… quoi exactement ? Qu’il ne soit pas impossible qu’il y ait un sens caché à ce vaste gâchis qu’était l’humanité ? Sa migraine augmenta soudain d’intensité, l’arrachant à ses pensées pour l’entraîner dans un océan de douleur où même le souvenir de sa femme tant aimée ne pouvait l’atteindre.

 

La gare de San Pedro respirait les épices venues du marché central situé à proximité, mais aussi la pollution due à l’intense circulation automobile. Paradoxal mélange olfactif alliant culture ancestrale à modernité dégradante, pensa Noa, avant d’aviser un contrôleur, qui lui indiqua son wagon. Son billet lui donnait droit – délicate attention de Pamela – au train Vista Dome, dont les voitures à l’élégant ton outremer étaient toutes équipées de fenêtres panoramiques. Il régnait une agitation certaine sur le quai ; une petite foule composée essentiellement d’Occidentaux - avec une forte proportion de femmes - s’engouffrait dans les wagons sous l’œil nonchalant des contrôleurs. Noa embarqua, déposa son sac à dos sur l’aire à bagages et s’installa en milieu de rame dans l’un des confortables fauteuils, près de la fenêtre. Un groupe de chrétiens évangélistes américains lui succéda en s’interpellant joyeusement. En quelques instants, le wagon se remplit entièrement. Une mamie aux pimpantes frisettes blanches s’affala dans un soupir sur le siège devant lui, bientôt suivie par son mari, un homme rougeaud qui peinait à retrouver sa respiration. Une jeune femme blonde d’une trentaine d’années en tenue de randonneuse s’installa à ses côtés. Elle cala son sac à dos entre ses jambes, avant de lui faire un sourire engageant, auquel Noa répondit par politesse. Un coup de sifflet retentit sur le quai ; Noa vit un contrôleur faire un grand signe du bras – probablement au machiniste – et le train bleu s’ébranla, quittant la gare dans le grondement de sa locomotive diesel.

Noa observa les faubourgs encombrés de l’ancienne capitale des Incas défiler devant ses yeux fatigués. Puis le train s’élança vers les contreforts andins qu’il escalada bientôt sous un angle important, dévoilant les toits en tuiles rouges de la ville.

Pendant la première demi-heure, le train zigzagua sur le flanc de la montagne Picchu dominant Cuzco. La pente escarpée ne permettant aucune boucle, le train grimpait en marche avant jusqu’à un point d’arrêt, avant de repartir en arrière pour le tronçon suivant. Puis il franchit un col et s’engagea dans une longue descente vers le hameau de Poroy.

Noa se plongea dans la contemplation des paysages, laissant leur beauté sauvage agir sur son esprit, tel un mandala salvateur. Les montagnes recouvertes d’une végétation rase très verte se découpaient sur l’indigo du ciel et le moutonnement blanc des nombreux nuages. Ce contraste des formes et des couleurs était pour lui une vision reposante après l’aridité du désert africain qu’il avait côtoyé trop longtemps.

Au bout d’un moment, sa voisine tenta d’engager la conversation. Mais parler était au-dessus de ses forces. Noa ne voulait pas sortir de ses pensées. Il lui fit quelques réponses laconiques et la jeune femme n’insista pas. Elle se mit à discuter avec le couple de personnes âgées assis devant eux. Ils parlèrent de l’apparition. Noa comprit qu’ils se rendaient à Machu Picchu dans l’espoir de se confronter au divin. Comme probablement la majorité des gens présents dans ce train et cela le toucha profondément.

Après Poroy, le train bifurqua vers le nord, dans une vallée étroite qui le mena au hameau d’Ollantaytambo, point d’entrée de la vallée sacrée au fond de laquelle s’écoulait tumultueusement le rio Urubamba.

Lorsque le train arriva en gare d’Agua Calientes, son terminus, il s’était écoulé un peu plus de trois heures trente. Noa laissa sa voisine s’extirper de son siège avant de se lever. Il récupéra son sac et suivit le flot des passagers vers la sortie de la gare.

Plusieurs bus blancs attendaient sur une petite place, sous le soleil. Les bagages furent placés dans les soutes ; les voyageurs embarquèrent dans une ambiance bon enfant. Noa se retrouva assis à côté d’un prêtre. L’homme le fixa un instant d’un air étrange, puis se tourna sans un mot vers la vitre. Les cars s’ébranlèrent et s’engagèrent en convoi vers la montagne par une route caillouteuse autant qu’escarpée. Les dix kilomètres de trajet jusqu’au Machu Picchu furent rapidement avalés et les bus stoppèrent sur une aire plane à proximité du seul hôtel construit sur le site. Noa récupéra son sac et se dirigea vers la réception. Il dut contourner un camion garé juste devant l’entrée, duquel on déchargeait du matériel vidéo et audio, avant d’entrer.

Il y avait foule devant le comptoir. L’hôtel était littéralement pris d’assaut par des équipes de télévision et des journalistes. Du matériel était empilé partout, dans un désordre indescriptible. Noa fut heureux que Pamela ait réservé au plus tôt. Il lui fallut un petit moment pour récupérer sa clé et prendre possession de sa chambre. Il déposa ses affaires et ressortit. Il était encore tôt et Noa voulait inspecter l’endroit avant d’aller déjeuner. Il se dirigea vers le poste de contrôle du sanctuaire. Acheter un billet lui prit plusieurs minutes, car il y avait déjà foule. Il repéra plusieurs journalistes de la presse écrite, ainsi que deux équipes de télévision qui déballaient tout leur matériel sous l’œil intrigué des pèlerins. Enfin muni de son sésame, il s’engagea sur le chemin de la citadelle, un sentier très bien entretenu dont la largeur avoisinait par endroits les quatre mètres, ce qui était bien pratique pour dépasser les groupes de visiteurs qui y déambulaient lentement. Noa arriva au sommet de la zone agricole. Là, une série de terrasses terminées par des murs de pierre supportaient des constructions basses servant de greniers, appelées Colcas. La forte pente avait obligé les agriculteurs de l’époque à tailler de grandes plates-formes dans le flanc de la montagne. Le résultat ressemblait à un escalier géant dédié à la culture. Mais le plus impressionnant résidait au-delà. Le sanctuaire était environné de sommets abrupts, couverts d’une végétation dense, par endroits noyés dans les nuages. Cela conférait au paysage un côté assez étrange, presque mystique.

Noa poursuivit son périple vers le cœur du sanctuaire. Il s’arrêta quelques instants sur un point de vue englobant la totalité du site. Devant lui, en contrebas, s’étendait un plateau recouvert de constructions basses, tout en pierres taillées et ajustées avec la précision unique des Incas, appelé zone urbaine. Au-delà, dominant la citadelle de son imposante majesté, se dressait le Huayna Picchu, un pic pointu aux flancs presque verticaux. C’est au sommet de celui-ci qu’avait eu lieu l’apparition, trois jours plus tôt. Un sentier de pierre escarpé menait à son sommet ; Noa avait l’intention de s’y rendre, mais pas tout de suite. Il voulait d’abord se faire une idée générale de l’endroit, en prendre la température, respirer l’atmosphère avant d’aller à l’essentiel. C’est ainsi qu’il procédait toujours, laissant venir à lui lentement les sensations, s’imprégnant de l’énergie du lieu. Sa créativité s’en trouvait stimulée et c’est ainsi qu’il écrivait ses meilleurs papiers, qu’il prenait les plus belles photographies, celles qui captaient l’essence même du sujet et pour lesquelles son rédacteur en chef l’encensait.

Au centre de la zone urbaine s’élevait un grand tertre en escalier dont le sommet tronqué formait une longue surface plane. Une petite foule y était amassée. Noa consulta son plan et lut qu’il s’agissait de la plate-forme supérieure de la pyramide de l’Intihuatana, jadis lieu de culte et d’observation stellaire.

Noa reprit sa progression. Il ne lui fallut que quelques minutes pour rejoindre le sommet de la pyramide. En son centre trônait une grande pierre grise taillée de façon particulière, considérée comme le symbole du Machu Picchu, mais l’affluence ne lui permit pas de s’en approcher vraiment. Les gens semblaient s’être agglutinés autour du monument sacré. Etait-ce l’énergie singulière qu’il était censé dégager - d’après ce qu’il en avait lu – qui attirait les visiteurs ? Noa n’insista pas, préférant s’éloigner, prendre un peu de champ par rapport à la foule, bien que celle-ci fût étrangement silencieuse, comme si chacun ici ressentait l’atmosphère particulière régnant au sein de ce sanctuaire de pierre, cherchant à se mettre au diapason de cette énergie un peu magique qui semblait vouloir emplir les âmes et les esprits. Noa reconnut sa voisine du train ; leurs regards se croisèrent et ils échangèrent un sourire. Puis il fit quelques pas supplémentaires pour s’éloigner et s’accouda à une sorte de bastingage en corde qui dominait la pente abrupte de la pyramide. En contrebas, du côté du temple majeur, Noa remarqua deux prêtres qui s’étaient isolés du reste des visiteurs. Leur attitude, un rien étrange, dénotait avec le comportement ambiant des autres personnes. Noa reconnut son voisin du bus, un homme grand et mince, portant élégamment sa quarantaine ; il était en grande discussion avec un personnage plus petit et râblé, d’une allure nettement moins distinguée. Ils semblaient parler avec une certaine ferveur de quelque chose de grave. À un moment, ils se tournèrent de concert dans sa direction, et, malgré la distance, Noa fut certain qu’ils le fixaient, lui. Cela le mit mal à l’aise et l’intrigua, mais ils reprirent bien vite leur conversation animée. Ils ne semblaient pas d’accord sur un sujet important et le plus petit des deux tourna brutalement le dos à son compagnon et s’éloigna d’un pas vif. Le prêtre élégant observa un moment son coreligionnaire, avant de se tourner à nouveau vers Noa. Malgré la distance les séparant, le journaliste fut certain qu’il le regardait. Puis il fit demi-tour et s’éloigna.

Quelques instants plus tard, un grondement sourd roula entre les montagnes. Noa observa l’horizon, au sud, où des nuages sombres s’amoncelaient en une masse compacte au-dessus des sommets. Un orage arrivait. Il était temps de rentrer à l’hôtel se mettre à l’abri, mais aussi d’aller déjeuner, comme le lui criait son estomac.

 

La grande salle de restaurant était bondée. La pluie avait rabattu toutes les équipes de télévision et la plupart des journalistes à l’abri, sans compter les rares touristes qui avaient pu trouver une place libre. Noa se demanda si parmi eux se trouvaient certaines de ses connaissances. Il y avait peu de chance, car il n’enquêtait pas dans son milieu habituel. Il scruta les visages, mais aucun grand reporter de guerre ne s’était glissé ici. Pas de ceux qu’il connaissait en tout cas. Et il les connaissait presque tous. Il en fut grandement soulagé, car il n’avait absolument pas envie de s’expliquer sur sa présence ici, sur ses choix, sa nouvelle orientation.

Un serveur s’approcha de Noa et lui demanda de le suivre. Il le conduisit vers le fond de la salle, à une table de deux personnes occupée par un seul homme, placée près d’une large baie vitrée donnant sur le site. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il reconnut le prêtre élégant. Noa s’assit et posa les yeux sur lui. Nullement gêné, l’homme d’Église sembla au contraire apprécier la situation. Il lui tendit une main ferme par-dessus la table.

– Bonjour, je suis le Père Rodriguez, du diocèse de Cuzco.

Noa saisit la main tendue. Elle était ferme et franche. Comme le regard du prêtre.

– Noa Stevenson, du Guardian.

– Cela fait deux fois que nous nous rencontrons monsieur Stevenson.

– Trois, si l’on considère l’échange de regards sur le site, tout à l’heure. Car c’est bien moi que vous regardiez, n’est-ce pas ?

Le Père Rodriguez sourit d’un air amusé.

– En effet. Croyez-vous aux signes, monsieur Stevenson ?

– Des signes ? De quel genre ?

– De ceux que nous offre la vie au quotidien.

Noa ne répondit pas immédiatement ; le Père Rodriguez enchaîna.

– L’un de vos grands théoriciens de la pensée, Carl Gustav Jung, y croyait fortement. Savez-vous par quel terme il désignait ce concept ? La synchronicité.

– J’en ai entendu parler en effet.

– Mais l’avez-vous expérimentée ?

– J’ai bien peur que non.

– Et pourtant, nous sommes en plein dedans !

Noa resta coi.

– J’ai lu votre article sur l’apparition du dispensaire de Riyad hier, avec beaucoup d’intérêt je dois dire. Or, aujourd’hui, le hasard me place deux fois en face de vous, qui en êtes l’auteur. Et il se trouve que j’ai une information à transmettre à un journaliste de confiance.

Le Père Rodriguez avait du sang indien dans les veines, comme l’attestaient le teint mat légèrement cuivré de sa peau, l’épaisseur de ses cheveux d’un noir de jais et le dessin légèrement allongé de ses yeux. Mais ce qui dénotait le plus dans sa physionomie était l’intensité de son regard.

– Ce matin, en me levant, je ne savais pas à qui la confier. Maintenant, je sais avec une certitude aussi profonde que ma foi en Jésus-Christ notre Sauveur que c’est à vous que je dois l’offrir, monsieur Stevenson.

Son regard débordait de conviction.

– Voilà ce que j’appelle tomber à pic. D’aucuns y verraient un pur hasard. Pas moi. Les signes existent bel et bien, et ils sont un don de Dieu pour qui sait les interpréter.

– Quelle information voulez-vous me transmettre, mon Père ?

Le Père Rodriguez sourit doucement avant de diriger son attention vers la baie vitrée et le paysage au-delà. En temps normal, la vue devait être à couper le souffle, mais en cet instant, la pluie noyait tout sous un épais rideau opaque.

– Un ange est bien venu ici monsieur Stevenson. Plusieurs centaines de personnes l’ont vu. Ou plus exactement, ont vu une intense lumière surgir du ciel et briller comme un soleil au sommet du Huayna Picchu durant quelques minutes, avant de disparaître. Ce que peu de gens savent, en revanche, c’est qu’il a laissé un message.

Noa se redressa imperceptiblement sur son siège, sa curiosité soudain piquée.

– Un message ?

– Oui. Un message que je pense adressé à vous.

Le regard du prêtre se vrilla dans celui du journaliste et la force de conviction qu’il y lut le désarçonna.

– Mais… c’est impossible, articula-t-il péniblement.

    – Impossible est un mot inconnu dans le domaine du divin, monsieur Stevenson.

  Le Père Rodriguez posa sa serviette sur un coin de la table et se leva.

– Soyez à quatre heures demain matin devant l’hôtel. Le Père Jacinto viendra vous prendre.

– Le Père Jacinto ?

– Vous l’avez déjà vu. C’est avec lui que je discutais tout à l’heure, près du temple Majeur.

– Vous n’aviez pas l’air très en accord tous les deux !

– Nous vivons des temps incertains qui éprouvent les âmes, monsieur Stevenson. La conduite à tenir en pareil cas n’est pas évidente et les avis divergent. C’est aussi ce qui fait notre force d’êtres humains, d’êtres de foi. Mais soyez sans crainte, Jacinto accomplira sa tâche avec sa dévotion coutumière.

Le prêtre remit sa chaise en place devant la table.

– Prévoyez une tenue pour la montagne et la jungle, car la marche sera longue.

Sur ces dernières paroles, il s’éloigna sans un regard en arrière, laissant Noa aussi dérouté que perplexe.

 

 

Related chapter

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 10

    Washington, bâtiment du bureau exécutif Eisenhower…Situé dans la Dix-Septième Rue, juste à côté de l’aile ouest de la Maison-Blanche, le BBEE est un bâtiment de quatre étages construit dans un style Second Empire français. Il abrite différentes agences qui forment le bureau exécutif du président des États-Unis, tel que le bureau de cérémonie du vice-président et celui du National Security Council (NSC) ou conseil national de sécurité. Construit il y a plus d’un siècle - entre 1871 et 1888 très exactement -, le BBEE est un lieu chargé d’histoire au sein duquel beaucoup d’évènements importants se déroulèrent. Cependant, si tous les personnages illustres qui y participèrent, pouvaient savoir ce qui allait s’y tramer en cette soirée, nul doute que nombre d’entre eux se retourneraient dans leur tombe. C’est en tout cas ce que pensa David Deckard en descendant de sa voiture devant l’auguste bâtiment.La nuit était tombée ; le chef du R

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 11

    Juarez…Les locaux modernes du palais de justice, d’un blanc presque immaculé, respiraient autant la pureté que l’efficacité. Plusieurs dizaines de bureaux clos de portes vitrées donnaient directement sur un long couloir central, de telle sorte que chaque visiteur de passage ou bien en attente d’un rendez-vous, pouvait voir la mécanique bien huilée d’agents zélés de l’État en plein travail. Mais ce n’était qu’une apparence trompeuse.Angela patientait depuis bientôt une heure dans une salle d’attente attenante au couloir lorsque l’assistant du procureur vint enfin à sa rencontre. À sa mine, elle sut tout de suite que quelque chose n’allait pas. Elle se leva de son siège et s’avança vers lui. Le jeune homme eut une moue contrariée.– Señora de la Vega, je suis désolé, mais… monsieur le procureur général ne pourra pas vous recevoir.– Est-ce qu’il a trop de travail, ou bien est-ce une fin de non-recevoir, répondit-elle

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 12

    Le Boeing 767 d’American Airlines se posa à La Guardia à seize heures trente locales. Les formalités d’usage expédiées, Angela se rua vers la sortie et sauta dans le premier taxi venu.New York…À chacune de ses visites, cette ville la surprenait toujours autant, par sa démesure mais aussi par sa diversité. Angela eut tout le loisir d’admirer ce paysage urbain unique au monde durant le trajet vers le domicile de William Hartigan, et peut-être plus spectaculairement encore, lorsque le taxi emprunta le pont de Queensboro pour rejoindre la presqu’île de Manhattan. Vus de loin, les gratte-ciel découpaient leur géométrie élancée sur le bleu azur du ciel d’automne, dépassant telles de gigantesques flèches – ode à quelque moderne dieu urbain - la masse moins élevée et plus désordonnée de la ville. Le chauffeur eut le bon goût de prendre Franklin Roosevelt Drive au lieu de la 5e avenue passant en plein centre et toujours bou

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 13

    Le Boeing 767 d’American Airlines où avait pris place Angela, se posa le lendemain à quinze heures sur l’aéroport de Burbank, à Los Angeles.Dès son arrivée dans l’aérogare, la journaliste se rendit au comptoir d’Easy Car. Les formalités remplies, elle alla récupérer son véhicule sur un vaste parking. Le préposé lui remit les clés. Quelques instants plus tard, elle engagea sa Ford Focus sur la nationale 5, en direction du sud. La circulation était fluide, il ne lui fallut que quelques minutes pour traverser Burbank et rejoindre l’intersection avec la 101 qu’elle suivit sur une douzaine de kilomètres avant d’arriver dans Studio City et de prendre sur Laurel Canyon. Elle roula vers le sud, en direction de West Hollywood. Le boulevard serpentait entre des collines à la végétation clairsemée, aux habitations espacées. Elle s’arrêta enfin devant l’adresse indiquée par Zed. Il s’agissait d’une maison de style moderne, basse, pour autant qu’elle puisse en voir, car elle é

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 14

    Washington, bâtiment du bureau exécutif Eisenhower, huit heures locales du matin…Le comité Majestic était en réunion plénière au sein de la Situation Room. Chacun des membres présents arborait une mine grave, car il était clair pour ces éminents personnages que le quatrième message de Ö aurait des conséquences bien plus dramatiques que les précédents. Cela avait d’ailleurs déjà commencé. David Deckard fut le premier à prendre la parole.– Madame, messieurs, cette nuit, à zéro heure, temps de Greenwich, des messages électroniques signés Ö ont commencé à être diffusés dans le monde entier suivant le même protocole que les précédents. À la différence notable, que, cette fois, une pièce jointe de trente pages y était attachée.Deckard enfonça une touche sur son ordinateur portable et la première page de la pièce jointe s’afficha sur l’écran mural. On pouvait y lire une liste de cent noms – tous des personnalités appartenant au monde de la p

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 15

    New York, salle de rédaction du Times…Angela et William pénétrèrent dans les locaux du célèbre journal en milieu de matinée. La spacieuse salle de rédaction respirait l’atmosphère des grands jours. Il y avait de l’énergie dans l’air, de l’excitation sur les visages. Une bonne cinquantaine de journalistes étaient pendus à leurs écrans, observant d’un œil à la fois critique et caustique le porte-parole de la Maison-Blanche se démener sous les assauts de leurs confrères de Washington. La conférence de presse avait été organisée à l’initiative du gouvernement dans le courant de la matinée. Le but était de couper court à une rumeur se propageant sur la Toile comme une traînée de poudre, rumeur qui ne tarderait pas à déborder le cadre d’Internet pour essaimer dans la presse, tout le monde en était conscient.Malheureusement pour la Maison-Blanche, les médias commençaient à prendre l’affaire très au sérieux, surtout depuis que la Communauté - éle

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 16

    Pérou, quelque part dans la cordillère des Andes…Cela faisait maintenant trois jours que Noa et le père Jacinto avaient quitté le site du Macchu Pichu, marchant sans discontinuer sur des chemins escarpés sinuant à flanc de montagne. La première journée, ils avaient croisé nombre de randonneurs à pied lancés sur les habituels treks touristiques. Puis, le padre avait bifurqué sur une piste encore plus étroite que les autres, l’une de celles empruntées jadis par les courriers Incas qui s’enfonçait droit vers le cœur de la cordillère et ils n’avaient plus rencontré personne.Ils avaient passé la première nuit à plus de quatre mille mètres d’altitude dans une grotte étroite et humide, sans autre source de chaleur que le petit réchaud apporté par le prêtre. Heureusement, les sacs de couchage étaient de bonne qualité, leur procurant confort et chaleur. Noa avait essayé d’en savoir plus sur leur destination, mais soutirer des renseignements à l’homme

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 17

    New York, quartier de Greenwich Village…Angela quitta l’appartement de William en milieu de matinée. En débouchant dans la rue, la fraîcheur la fit frissonner. Elle resserra les pans de son manteau et se mit à marcher rapidement, en faisant bien attention de ne pas déraper sur le trottoir rendu glissant par l’humidité. Elle se faufila entre un livreur et ses aides qui approvisionnaient un magasin d’alimentation - déchargeant des cartons d’une camionnette garée en double file - pour héler un taxi en maraude qu’elle avait aperçu un peu plus loin. Une fois assise au chaud, elle indiqua au chauffeur sa destination et se laissa aller contre la banquette. Elle glissa la main dans la poche de son manteau et en sortit son téléphone mobile, vérifiant qu’il était bien éteint avant de le remettre à sa place.Obtenir un rendez-vous avec le prince des hackers n’avait pas été simple. Mais suivre ses indications pour le rencontrer semblait s’avérer encore pl

    Dernière mise à jour : 2021-11-15

Latest chapter

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   Epilogue

    Quelque part dans les Montagnes Rocheuses, un an plus tard…Il faisait nuit. Angela était dehors, sur la terrasse de leur magnifique chalet perdu en pleine montagne, à deux heures de route sinueuse de la première ville.La jeune femme était sortie pour contempler les étoiles qu’aucune pollution lumineuse ne venait troubler, de sorte que le ciel était d’une densité extraordinaire, un véritable océan d’astres sur lequel la Voie Lactée se détachait tel un ruban céleste.Par la porte coulissante laissée ouverte, elle entendait le son de la télévision que Noa regardait encore.Le flash spécial qui passait en boucle depuis des heures sur les chaines du monde entier, annonçait une nouvelle absolument unique dans l’histoire humaine : le dernier conflit de la planète venait de prendre fin.Après des millénaires de guerre et de barbarie, le monde, l’humanité, était enfin en paix.Noa éteignit la télé et sortit rejoindre sa compagn

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 59

    Le président Pennet marchait d’un pas nerveux dans le bureau ovale pendant qu’il parlait au téléphone avec Karl Urban. Ce dernier écumait d’une rage froide, lançant des mots aussi tranchants à l’encontre de l’occupant de la Maison-Blanche que l’étaient les scalpels qu’il utilisait pour ses exécutions, mais ce n’était pas ce qui inquiétait le plus Pennet. Ce dernier s’arrêtait toutes les dix secondes pour regarder, par les hautes fenêtres, la scène qui se déroulait devant les grilles de la Maison-Blanche, là où une foule de plus en plus nombreuse s’agglutinait. Malgré la distance, il était clair que les barrières, sous la pression, commençaient à céder. Dans les jardins, les membres des Services Secrets couraient en tous sens mais c’est leur chef – un grand gaillard nommé Jeffrey Cooper - qui fit irruption dans son bureau. Étrangement, il était parfaitement calme.– Monsieur le Président, nous allons vous évacuer. Suivez-moi je vous prie.Le ton était posé, mais ferme. Un

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 58

    Le porte-avions USS Georges H.W. Bush, accompagné des croiseurs et destroyers de son groupe d’escorte, fendait les flots à pleine vitesse vers le détroit de Gibraltar. Les cinq autres groupes de combat, ainsi que les navires d’assaut des Marines, suivaient à quelques milles de distance, échelonnés en file indienne.La plus grande force aéronavale depuis la Seconde Guerre mondiale, approchait de la mer Méditerranée.Le commandant de l’armada, l’amiral Necker, était à la passerelle du Georges Bush et observait l’horizon à la jumelle. Les premiers rapports de vol des avions de reconnaissance, faisaient état d’une flottille hétéroclite de bateaux commençant à boucher l’entrée du détroit de Gibraltar. Apparemment, d’après les analystes qui scrutaient les nombreuses photographies aériennes prises ces dernières heures, ils n’étaient pas armés.– Amiral, nous avons un problème !L’officier en chef des services de renseignements du bord, un capitaine de

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 57

    Deux heures avaient passé depuis la fin de la méditation. Le jour s’était levé mais ils ne s’en étaient même pas aperçus ; depuis ce temps, ils scrutaient fiévreusement leurs écrans, passant d’un site de chaîne d’info à un autre, en attente de quelque chose - un acte, un événement significatif - qui démontrerait un basculement des consciences.Le premier fait marquant apparut à Calcutta, en Inde, lorsqu’une télé locale relata qu’une foule qui grossissait de minute en minute, s’était massée devant le consulat américain, scandant des slogans de paix. Davis laissa l’un des portables branché sur le site en question tandis qu’il surfait avec l’autre. Et il tomba sur un deuxième fait : la même chose se produisait à New Delhi devant l’ambassade US. Puis, un de ses collègues à Princeton lui envoya un lien vers une télévision locale brésilienne, à Rio de Janeiro. Là aussi, une foule énorme avait envahi les rues autour de l’ambassade américaine. Mais le plus étrange, était l

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 56

    Cinq heures vingt minutes du matin, à Mac Leod Ganj…Malgré l’heure matinale, il y avait foule dans le temple, dans les rues adjacentes ainsi que dans le village et même sur la route y conduisant. Non seulement tous les moines de la région avaient rejoint le temple bouddhiste pour la Grande Méditation, mais également les habitants des villages alentour et une bonne partie de ceux de Dharamsala. L’instant de la méditation arrivant – il serait minuit, heure de Greenwich, dans dix minutes - tout le monde s’était assis en silence, certains directement sur les routes et chemins menant au temple.Angela et Noa s’étaient joints aux moines dans le monastère, ainsi que Foller.Davis, lui, était installé à un bureau de fortune dressé dans un coin de la salle principale, ses deux ordinateurs portables connectés au Pearl Lab via une liaison Skype, et un téléphone satellite à portée de main. Il observait les méditants qui se préparaient à cet instant unique da

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 55

    Le porte-parole du Dalaï Lama, aidé par Adam Foller et ses nombreux contacts, fit venir en un temps record deux équipes de télévisions indiennes à Dharamsala. Les correspondants des grands groupes de presse occidentaux siégeant à Delhi furent également contactés, mais, étrangement, ils refusèrent de venir.Apparemment, le message d’un homme de paix en ces temps de guerre, n’était pas le bienvenu. Cela ne surprit guère Noa, qui savait parfaitement comment fonctionnait le système. Les grands groupes de presse étaient aux ordres et participaient à la mascarade.Qu’à cela ne tienne, il y avait d’autres solutions. Davis lança la nouvelle sur les réseaux sociaux. En quelques heures, la nouvelle devint virale et fit le tour de la planète Internet : les deux journalistes qui avaient annoncé la venue de Ö étaient avec le Dalaï Lama.Et ils avaient une solution pour stopper la guerre.Les caméras avaient été installées sur la terrasse extér

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 54

    Dharamsala, État de l’Himachal Pradesh, Inde du Nord…Le voyage avait duré plus de vingt heures et Angela se sentait exténuée. Après tout, il y a peu, elle était encore morte et sa résurrection lui avait laissé quelques séquelles en terme de fatigue. Le jet de Foller les avait déposés à Delhi, d’où ils avaient pris un avion à hélice qui les avait ensuite conduits à Gagal, l’aérodrome de Dharamsala. De là, un taxi les avait emmenés dans un petit village au nord de la ville indienne qui dominait la vallée de Kangra, plus précisément à Mc Leod Ganj, lieu de villégiature des bouddhistes en exil et de leur chef suprême, le Dalaï Lama.Le taxi les avait déposés au centre et depuis, ils poursuivaient à pied sur un chemin sinuant au beau milieu d’une multitude de maisons blanches, vertes, bleues, ocre et jaunes, toutes à plusieurs étages, s’accrochant à flanc de colline au sein d’une verdure aussi exubérante que chatoyante. Tout autour, des centaines de fanions

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 53

    Base navale de Norfolk, Virginie…Les six porte-avions quittèrent leurs quais à dix minutes d’intervalle, poussés par de puissants remorqueurs qui les aidèrent à déhaler des pontons. Les deux cent soixante mille chevaux de leurs turbines alimentées par les réacteurs nucléaires Westinghouse prirent le relais, ébranlant les lourds navires sur la James River.Sur les ponts, les équipages, en grande tenue, étaient alignés au cordeau afin de saluer la foule immense. Car toute la population de la région était venue assister au départ et s’était massée sur les rives, les plages et même les ponts de la baie de Chesapeake - qui avaient été fermés à la circulation pour l’occasion. Les sirènes de bord firent retentir leurs hurlements gutturaux, auxquels répondirent les cris et les encouragements des spectateurs tandis que dans le ciel, le ballet des hélicoptères des chaînes de télévision battait son plein.La fanfare de la garde nationale avait

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 52

    Université de Princeton…Le docteur Richard Madison résidait quelques rues plus loin, de sorte qu’ils furent chez lui en peu de temps.Davis tambourina à la porte qui ne tarda pas à s’ouvrir sur un homme dans la soixantaine, vêtu d’un jean et d’une chemise bleu clair. Son épaisse chevelure poivre et sel lui donnait un air juvénile, que renforçait le large sourire qu’il afficha lorsqu’il reconnut Davis.– Brad ! Que me vaut le plaisir ?– Docteur Madison, désolé de vous déranger à l’improviste, mais nous avons besoin de votre aide.Madison les fit entrer et les installa dans son salon. Davis fit les présentations, suivi d’un résumé exhaustif de la situation.– Je crois savoir pourquoi vous êtes venus me trouver, Brad, fit le scientifique.– Vous pensez à la même chose que moi ?– Oui. La méditation.– Le docteur Richard Madison est professeur de psychologie et de psychiatrie à l’université de Prin

DMCA.com Protection Status