Je me suis assise dans les gradins en attendant que Jim finisse son entraînement. Il était temps d’amorcer la mission. Franchement, ça ne me faisait pas plaisir. Je ne voulais pas sortir avec Jim juste à cause d’une mission. Ça ne se faisait pas. Mais il fallait surtout s’en prendre à l’oncle Samuel. Je n’étais qu’une exécutante.
J’ai bâillé en posant ma tête sur mon sac. J’avais vraiment sommeil. Je n’avais dormi que trois ou quatre heures, encore une fois. Ça devenait de plus en plus problématique. J’en avais marre de ne pas réussir à dormir. Mais ce que Vince m’avait dit me tracassait trop.
En plus, je ne savais pas vraiment ce qu’il ressentait pour moi. Il m’avait seulement affirmé qu’il voulait me faire « sienne ». O.K., c’était assez fort comme propos, mais qu’est-ce que ça voulait dire, au final ? Il me voulait, ouais, mais pourquoi ? Pour faire ce qu’il avait fait avec Mercy Capes ? Hors de question. Ce n’était pas sur ma liste de pri
En rentrant chez moi après le cours d’allemand que j’avais passé à pleurer intérieurement, j’ai vu ma mère, assise autour de la table avec ma grand-mère. — Coucou, maman. — Bonjour, ma chérie. — Qu’est-ce que tu fais là? me suis-je enquise en lui faisant la bise. J’ai fait un bisou à ma mima avant de m’asseoir à côté d’elle, face à ma mère. — Je suis venue discuter avec ma maman. — C’est à propos de papa? (Elle a hoché la tête.) Ça a avancé, entre vous? Elle a souri en prenant une gorgée de jus d’orange. Elle avait l’air d’aller mieux. Elle avait repris des couleurs et avait l’air moins triste qu’avant. — Ça avance, oui, mais on y va doucement. On s’apprivoise de nouveau, peu à peu. Ça fait plus d’un an que nous n’avons pas fait quelque chose tous les deux pour le plaisir. Alors lundi soir, nous avons dîné au restaurant. C’était une soirée très agréable. Hier, nous sommes allés au cinéma. (Elle a ri.)
Au sortir de l’histoire de l’art, j’ai décidé de me rendre en ville pour trouver un cadeau à Vince. Je ne savais pas trop ce qu’il aimait, ce n’était donc pas une mince affaire. Mais bon, je n’allais pas débarquer à la fête d’anniversaire les mains vides. J’avais un peu d’argent dans un petit porte-monnaie que je gardais toujours avec moi depuis que j’avais pris l’habitude de manger ailleurs qu’à la cafète. Vu que je remangeais à la cafétéria, j’avais quelques économies. Je pouvais acheter quelque chose de bien. Dire que pendant que je partais à la recherche d’un cadeau pour lui, Vince passait du bon temps avec une autre! Qu’est-ce qu’il pouvait bien trouver à Mercy Capes, d’ailleurs? Bon, il fallait avouer qu’elle était canon et qu’elle n’était pas mauvaise niveau notes. Mais elle n’était pas sérieuse. Elle était frivole, elle nous l’avait bien montré. J’avais toujours pensé que c’était une fille timide, sérieuse, qui faisait passer ses études av
J’ai sonné à la porte des Clayne en soufflant un bon coup. C’est Jim qui est venu m’ouvrir. Il m’a souri gaiement en me faisant signe d’entrer. Mon grand-père est parti quand je lui ai fait un signe de la main. — Tu as pu trouver facilement? — Oui, sans problème. Est-ce qu’il y a déjà du monde? lui ai-je demandé pendant qu’il me prenait mon manteau. — Il y a déjà une vingtaine de personnes, oui. Mais oncle Sam et Vince ne sont pas encore là. Je vais poser ce cadeau dans le salon. Suis-moi. Je me suis exécutée en souriant. La maison de Jim était très jolie et accueillante. Il y avait beaucoup de fleurs, de tableaux, de décorations en tout genre. Les invités qui étaient arrivés avant moi étaient déjà en train de grignoter et de danser. J’ai repéré Mélina, Mercy et Anya. Les autres étaient des Sportifs et des pom-pom girls que je ne connaissais pas. Enfin, je les avais déjà vus, mais je ne connaissais que leurs prénoms, tout au plus.
— Je n’arrive pas à croire que tu sois venue. Je me suis tournée à temps pour intercepter la main d’Anya Rovski. Cette folle était sur le point de me tirer les cheveux! — Mais qu’est-ce que tu me veux, Anya?! lui ai-je demandé en m’écartant. J’étais sortie dans le jardin pour m’aérer un peu, mais je n’avais pas prévu qu’une peste à moitié folle viendrait m’y rejoindre. J’avais besoin de respirer, et ce n’était pas en sa présence que ça allait être le cas. — Qu’est-ce que tu fais là? Voilà ce que j’aimerais savoir. — J’ai été invitée par Jim. C’est l’anniversaire de Vince, pas le tien. Tu n’as aucun droit de regard sur la liste d’invités. Elle a soupiré en croisant les bras. — Je vois que tu ne comprends pas quand on te parle. — Oui, je sais ce que tu vas me dire. Que je n’ai pas à m’approcher de Jim ni de Vince, que je suis une moins que rien. Je t’ai assez écoutée me rabaisser, c’est bon. C’est termin
J’ai longuement observé la feuille qu’on venait de me distribuer. J’étais collée deux heures. Bon, ce n’était pas très surprenant; je savais déjà ce qui m’attendait quand j’avais lu devant toute la classe le règlement intérieur pour remettre à sa place mon prof de maths, qui pensait qu’il était interdit que je dessine en cours au lieu de prendre en note son charabia. Comme je l’imaginais, et à son grand désarroi, ce n’était écrit nulle part dans les sept pages du règlement. Mais même si je m’y attendais, je n’ai pas réussi à retenir un soupir. L’après-midi shopping que j’avais prévue devrait, encore une fois, être annulée. J’ai ramassé mon sac avec nonchalance. J’en avais vraiment assez du lycée, des profs, des cours, des élèves. Si j’avais le choix, je ficherais le camp. J’irais, je ne sais pas, dans un endroit où je ne serais pas obligée de me lever tous les matins pour me rendre dans cette satanée prison qu’était Owen Haims. N’importe où ferait l’affaire. En
J’ai eu envie de mourir en montant les escaliers. Encore un rendez-vous avec un psy! J’en avais assez, à force! Les psychologues n’étaient d’aucune utilité. J’en avais eu la preuve. Je me suis assise sur une chaise dans le couloir vide que je connaissais par cœur. En presque dix mois, j’étais venue une vingtaine de fois. Toujours pour dire la même chose. Rien n’avait changé malgré tous ces rendez-vous. Alors, pourquoi continuer à voir un psy? La porte du bureau s’est ouverte sur un homme d’une quarantaine d’années, grand, les cheveux bruns un peu ondulés, une barbe de trois jours et des lunettes carrées noires. Il portait une chemise bleue, un blazer gris et un pantalon noir habillé. Un psy dans toute sa splendeur. — Roxanne? (J’ai acquiescé d’un signe de la tête.) Je t’en prie, entre. Le bureau avait un peu changé. Il y avait plus de tableaux et de plantes. Il y avait aussi un canapé, contre le mur. — Les choses ont ch
Le prof de sport m’a couvée d’un regard indulgent. C’était sans doute le seul prof qui ne me détestait pas. Du moins, il ne me détestait pas autant que les autres. Il fallait dire que j’étais une sorte d’élève modèle dans son cours: je ne faisais rien pour l’énerver. J’aimais bien le sport. C’était le seul cours pendant lequel je pouvais me détendre. Malheureusement, c’était aussi l’unique cours où je voyais vraiment à quel point j’étais seule, puisque les autres restaient entre amis. — Réessaie, Roxanne, m’a ordonné le prof d’une voix encourageante. Je me suis exécutée docilement. Les figures qu’il nous demandait de reproduire étaient assez physiques, et je n’avais aucune idée de ce que j’étais en train de faire. — Je n’y arrive pas, monsieur. — Est-ce que quelqu’un se sent capable de nous montrer cet enchaînement? Parmi tous les élèves moqueurs assis contre le mur, personne ne s’est manifesté. Du coup, M. Rowenn a désigné quelqu’
Je suis sortie en trombe de la salle d’allemand. J’avais trois minutes chrono avant de devoir me présenter au bureau du psy. Ça me laissait tout juste le temps de passer au petit coin. Au moment de tourner à l’angle d’un couloir, j’ai percuté quelqu’un, me retrouvant propulsée au sol, mon sac disparaissant de mon champ de vision. Je me suis redressée péniblement en pestant. La personne avec laquelle je venais d’entrer en collision s’est accroupie devant moi. — Ça va? J’ai relevé les yeux et me suis retrouvée nez à nez avec Jim Clayne. Il me regardait d’un air un peu inquiet, comme si comment j’allais lui importait vraiment. — Euh, on va dire ça. Il m’a tendu la main en souriant. Je m’en suis emparée et il m’a tirée en avant. — Je suis désolé, s’est-il excusé en se dirigeant vers mon sac à main, qui s’était envolé à quelques mètres. — Non, tu n’y es pour rien, ai-je répliqué alors qu’il revenait vers moi. Il a sour
— Je n’arrive pas à croire que tu sois venue. Je me suis tournée à temps pour intercepter la main d’Anya Rovski. Cette folle était sur le point de me tirer les cheveux! — Mais qu’est-ce que tu me veux, Anya?! lui ai-je demandé en m’écartant. J’étais sortie dans le jardin pour m’aérer un peu, mais je n’avais pas prévu qu’une peste à moitié folle viendrait m’y rejoindre. J’avais besoin de respirer, et ce n’était pas en sa présence que ça allait être le cas. — Qu’est-ce que tu fais là? Voilà ce que j’aimerais savoir. — J’ai été invitée par Jim. C’est l’anniversaire de Vince, pas le tien. Tu n’as aucun droit de regard sur la liste d’invités. Elle a soupiré en croisant les bras. — Je vois que tu ne comprends pas quand on te parle. — Oui, je sais ce que tu vas me dire. Que je n’ai pas à m’approcher de Jim ni de Vince, que je suis une moins que rien. Je t’ai assez écoutée me rabaisser, c’est bon. C’est termin
J’ai sonné à la porte des Clayne en soufflant un bon coup. C’est Jim qui est venu m’ouvrir. Il m’a souri gaiement en me faisant signe d’entrer. Mon grand-père est parti quand je lui ai fait un signe de la main. — Tu as pu trouver facilement? — Oui, sans problème. Est-ce qu’il y a déjà du monde? lui ai-je demandé pendant qu’il me prenait mon manteau. — Il y a déjà une vingtaine de personnes, oui. Mais oncle Sam et Vince ne sont pas encore là. Je vais poser ce cadeau dans le salon. Suis-moi. Je me suis exécutée en souriant. La maison de Jim était très jolie et accueillante. Il y avait beaucoup de fleurs, de tableaux, de décorations en tout genre. Les invités qui étaient arrivés avant moi étaient déjà en train de grignoter et de danser. J’ai repéré Mélina, Mercy et Anya. Les autres étaient des Sportifs et des pom-pom girls que je ne connaissais pas. Enfin, je les avais déjà vus, mais je ne connaissais que leurs prénoms, tout au plus.
Au sortir de l’histoire de l’art, j’ai décidé de me rendre en ville pour trouver un cadeau à Vince. Je ne savais pas trop ce qu’il aimait, ce n’était donc pas une mince affaire. Mais bon, je n’allais pas débarquer à la fête d’anniversaire les mains vides. J’avais un peu d’argent dans un petit porte-monnaie que je gardais toujours avec moi depuis que j’avais pris l’habitude de manger ailleurs qu’à la cafète. Vu que je remangeais à la cafétéria, j’avais quelques économies. Je pouvais acheter quelque chose de bien. Dire que pendant que je partais à la recherche d’un cadeau pour lui, Vince passait du bon temps avec une autre! Qu’est-ce qu’il pouvait bien trouver à Mercy Capes, d’ailleurs? Bon, il fallait avouer qu’elle était canon et qu’elle n’était pas mauvaise niveau notes. Mais elle n’était pas sérieuse. Elle était frivole, elle nous l’avait bien montré. J’avais toujours pensé que c’était une fille timide, sérieuse, qui faisait passer ses études av
En rentrant chez moi après le cours d’allemand que j’avais passé à pleurer intérieurement, j’ai vu ma mère, assise autour de la table avec ma grand-mère. — Coucou, maman. — Bonjour, ma chérie. — Qu’est-ce que tu fais là? me suis-je enquise en lui faisant la bise. J’ai fait un bisou à ma mima avant de m’asseoir à côté d’elle, face à ma mère. — Je suis venue discuter avec ma maman. — C’est à propos de papa? (Elle a hoché la tête.) Ça a avancé, entre vous? Elle a souri en prenant une gorgée de jus d’orange. Elle avait l’air d’aller mieux. Elle avait repris des couleurs et avait l’air moins triste qu’avant. — Ça avance, oui, mais on y va doucement. On s’apprivoise de nouveau, peu à peu. Ça fait plus d’un an que nous n’avons pas fait quelque chose tous les deux pour le plaisir. Alors lundi soir, nous avons dîné au restaurant. C’était une soirée très agréable. Hier, nous sommes allés au cinéma. (Elle a ri.)
Je me suis assise dans les gradins en attendant que Jim finisse son entraînement. Il était temps d’amorcer la mission. Franchement, ça ne me faisait pas plaisir. Je ne voulais pas sortir avec Jim juste à cause d’une mission. Ça ne se faisait pas. Mais il fallait surtout s’en prendre à l’oncle Samuel. Je n’étais qu’une exécutante. J’ai bâillé en posant ma tête sur mon sac. J’avais vraiment sommeil. Je n’avais dormi que trois ou quatre heures, encore une fois. Ça devenait de plus en plus problématique. J’en avais marre de ne pas réussir à dormir. Mais ce que Vince m’avait dit me tracassait trop. En plus, je ne savais pas vraiment ce qu’il ressentait pour moi. Il m’avait seulement affirmé qu’il voulait me faire «sienne». O.K., c’était assez fort comme propos, mais qu’est-ce que ça voulait dire, au final? Il me voulait, ouais, mais pourquoi? Pour faire ce qu’il avait fait avec Mercy Capes? Hors de question. Ce n’était pas sur ma liste de pri
Je suis entrée dans la salle d’anglais avec la boule au ventre. J’avais vraiment super peur de revoir Vince. On pourrait croire que le week-end m’avait porté conseil, mais en fait, pas du tout. Tout ce que j’avais fait, c’était espérer que tout roule pour mes parents et que leur dernière chance soit la bonne. Et j’avais fait mes devoirs, bien sûr. Et j’avais pensé à Vince, c’est vrai. Même à Jim, d’ailleurs. Mais je n’étais pas encore préparée moralement à les revoir, ni l’un ni l’autre. Enfin, l’un encore moins que l’autre. Il était assis sur la table, en train de discuter avec un gars et une fille d’une autre classe. Quand son regard s’est posé sur moi tandis que je m’approchais, mon cœur s’est mis à battre plus vite. Il était franchement beau, n’empêche. C’était comme si le week-end l’avait encore embelli. Mais ce n’était pas possible, pas vrai? Ouais… on ne devient pas plus beau en deux jours. — Salut, Roxanne, m’a saluée le mec de l’autre classe pendant qu
J’ai souri à mon père quand il est entré dans la maison. Ouf, il n’avait pas amené sa blonde! Il s’en était tenu à ce qu’il m’avait promis. Ma mère s’est levée du canapé en voyant mon père entrer dans le salon. Elle a lissé sa jupe avant de s’avancer vers lui en silence. Ce n’est qu’une fois arrivée devant lui qu’elle l’a salué et lui a fait la bise. J’ai remarqué que mon père a été assez déstabilisé par ce geste, ce que je pouvais comprendre. Ça faisait au moins plus de vingt ans qu’ils ne s’étaient pas fait la bise. Il y avait donc de quoi être interpellé. De plus, depuis le divorce, ils ne se saluaient jamais quand ils se voyaient. — C’est super que vous ayez tous les deux accepté de venir. — Pourquoi nous avoir demandé de passer une après-midi ensemble, Roxanne? Qui t’a donné cette idée? s’est enquis mon père. Cette fois, je pouvais le leur avouer. — C’est mon psy. Il veut que je passe plus de temps avec vous. Pou
Jim m’a souri pendant que je ramassais mon manuel d’allemand, et je lui ai rendu son sourire, quand même toujours déstabilisée qu’il me sourie comme ça, sans aucune raison. — Roxanne, a-t-il fait en s’approchant, nous sommes amis, n’est-ce pas? Je me suis figée. Sans blague? On était amis, lui et moi? Je n’avais jamais vu les choses comme ça. J’avais même prévu de dire au psy Lewart que j’avais raté sa mission. Mais… Jim était mon ami. — Euh… oui. — Bon. J’aurais un conseil à te demander. À ton avis, comment est-ce que je pourrais confesser mes sentiments à une fille sans lui faire peur? O.K., que plus personne ne bouge! Jim Clayne était en train de me demander à moi, Roxanne «Paria» Stunley, des conseils pour pouvoir avouer son amour à une fille? Ce n’était pas possible. — Euh, franchement, je pense que tu t’adresses
J’ai offert mon plus beau sourire à ma mère en espérant la mettre à l’aise. Elle a simplement esquissé un rictus bizarre. — Ça ne va pas? — Si, si, ma chérie, ne t’en fais pas. Tout va très bien. Et je peux enfin passer une après-midi avec toi, comme au bon vieux temps. Je n’ai vraiment pas à me plaindre! J’ai esquissé un petit sourire. Elle mentait, elle n’allait pas bien. Je ne l’avais que très peu vue depuis dix mois, mais je connaissais encore ma mère. — Ça te dit d’acheter des cookies? lui ai-je proposé en montrant une boulangerie du doigt. — Non, pas pour moi. Enfin, je veux bien t’en prendre. — Mais comment ça? Tu adores les cookies. — Oui, enfin, il est clair que j’aime beaucoup trop de choses. Je dois arrêter. Comme tu as pu le remarquer, j’ai pris quelques kilos. Je l’ai dévisagée sans trop savoir que dire. Je ne m’attendais pas à ça. — Mais maman, tu es superbe! Tu es l’u