Evanouie, je vis Gérard. A travers ma vue brouillée, je vis son tendre visage penché au dessus du mien. Si proche. Si réel.
—Gérard... l'appelai-je en tentant de me redresser.
Un terrible mal parut aussitôt me fendre le crâne. Sous l'effet de la douleur, je grimaçai. Dans un geste instinctif, je voulus porter la main à ma tête. Fermement, Gérard m'obligea à rester couchée. Dans un bourdonnement sourd, le son de sa voix me parvint.
—Ne bouge pas, m'ordonna t-il. Reste tranquille.
—Alors ? Entendis-je une voix de femme demander d'un air hésitant. Elle va mourir ? Je l'ai tué ?
Les yeux mi-clos, je cherchai qui avait parlé. Mais je ne vis rien. Me barrant la vue, Gérard avança la main vers moi. Minutieusement, il m'examina la tête. La caresse de ses doigts dans mes cheveux m'apais
Quand la porte s'ouvrit sur Ivan, je ne tournai pas la tête. Je ne levai même pas les yeux. Je ne bougeai pas.A quoi bon ?Les poignets toujours aussi solidement attachés, je restais étendue sur le lit. Le dos tourné. Recroquevillée en boule. Sans réaction ! Sans émotion ! Sans âme ! Comme une morte vivante. Comme Johanna. C'était comme ça que j'étais en train de devenir. J'étais en train de devenir comme cette folle dingue de junkie qui avait bien failli m'éclater la tête. Comme elle, j'avais commencé à me laisser mourir à petit feu. J'étais résignée. J'étais blasée. Je pensais à tort que rien ne pouvait plus m'étonner. Ça, c'était avant d'entendre la voix fluette et enfantine de Joël.—Maitresse ! M'appela t-il.Vivement, je me reto
Chapitre 17 (partie 2)Il voulait toucher mon ventre. C'était pour cette raison qu'il était venu. Il avait tellement hâte qu'il n'avait même pas pris la peine de se changer avant. Son uniforme scolaire, il le portait toujours. Certainement devait-il revenir directement de l'école. Qui le gardait ? Où était cette junkie de Johanna ? Et Ivan ? Comment le petit garçon avait-il réussi à échapper à sa vigilance et où avait-il trouvé la clé pour entrer ? J'ignorai les réponses à toutes ces questions et je m'en fichais. J'avais là une occasion en or de pouvoir me tirer de cet enfer et je ne me posais pas trente six mille questions.—Apporte moi un couteau, lui ordonnai-je sans perdre de temps.Surpris, Joël fronça les sourcils. Certainement devait-il se demander ce que j'allais en faire de ce couteau. Levant les bras,
Chapitre 18Le carnage fût découvert par la femme de ménage. Je ne savais même pas qu'Ivan en avait une. Avec toutes les horreurs qu'il trafiquait, c'était vraiment ahurissant. Quoiqu'il en soit, cette idiote hurla en nous apercevant. Épouvantée, elle s'enfuya en trombe.Peu après son départ, ils débarquèrent tous. Les policiers.Comme des fourmis, ils envahirent la pièce. Ils commencèrent à me bombarder de questions. Surtout un d'entre eux en particulier qui se présenta comme étant le commissaire Kuitata. Grassouillet avec deux petits yeux méchants, il vint s'accroupir près de moi.—Hé, m'interpella t-il en me secouant l'épaule. Que s'est-il passé ici ?—..— C'est vous qui avez fait ça ?—...— Quel est votre nom madame ?
Chapitre 1 Par où commencer ? Où débuter pour raconter mon histoire, celle qui m'a conduite dans cet établissement d'aliénés mentaux où je croupis ? Ici, personne ne veut m'écouter. J'ai beau leur crier que j'ai toute ma tête, patients et docteurs, ils ont bien d'autres choses en tête. Ils sont tous fous. Ce sont tous givrés. Moi aussi, on me dit timbrée. Mais je ne le suis pas. Si je suis enfermée ici c'est injustement. Je veux m'échapper de cet enfer. Mais comment ? Il n'y a pas si longtemps, j'avais une vie. J'avais une maison. J'avais un travail. J'avais un fiancé. En somme, je menais une existence des plus normales. Du jour au lendemain tout ça s'est écroulé. Le cauchemar a commencé quand il est entré dans ma vie. Ivan ! C'est par la rencontre avec cet homme qui a su m'appater, m'hypnotiser et m'asservir que mon existence a été gâché. C'est sur, de lui, j'aurais dû me méfier. La coiffure irsute, l'allure débraillée, le père du pet
Chapitre 2La semaine suivante, je n'avais toujours pas oublié cette histoire avec Ivan Clotaire. Comment l'aurais-je put avec son fils dans ma classe ? Cet enfant, je peux dire qu'il était tout sauf normal. Parfois, son comportement me donnait froid dans le dos.Joël était tellement... Comment dire? disons particulier ? En tout cas, il était aussi étrange que son père lui-même pouvait l'être. Joël ne parlait pas beaucoup. A vrai dire, il ne parlait presque jamais. Il n'était pas comme les autres enfants de ma classe. Il se tenait toujours sage. Il ne s'agitait jamais. Il ne souriait jamais. Un vrai petit robot. Tous ces éléments m'avait donné de quoi alimenter ma curiosité. Je n'en finissais donc pas de me poser des questions. Je voulais savoir. Savoir quoi ? Je ne savais même pas. C'était ça le plus déroutant dans cette histoir
Chapitre 3Le lendemain, je n'en finissais pas de guetter l'entrée du bureau du directeur. Faisant le pied de grue devant ma salle de classe, j'inspectais toute allée et venue. Je voulais revoir Ivan Clotaire. Que dis-je ? Le docteur Ivan Clotaire. Je voulais lui parler. Je voulais entendre sa version des faits au sujet de cette femme mystérieuse. Je voulais savoir qui elle était. Surtout, je voulais savoir si lui m'avait mentit ou non. Alors, j'ai attendu son arrivée. Allait-il venir ? N'allait-il pas venir ? J'étais aux aguets. Longtemps, j'ai patienté. Toute la journée d'abord et l'après-midi ensuite. Point d'Ivan Clotaire. Ce n'est que lorsque la sonnerie a retenti que j'ai enfin compris. Ivan n'allait pas se montrer. Pas ce jour en tout cas. Déception ! Toute la soirée, j' ai alors été de méchante humeur. Chez Gérard en compagnie duquel je passais la nuit, je n'ai pas
Chapitre 4La lourde responsabilité pour laquelle je m'étais engagée n'a pas plû à Gérard. Certes, il n'a rien laissé paraître de son mécontentement. Mais tout de suite, je l'aideviné.— Ce n'est rien bébé, me suis-je alors sentie obligée de me justifier. Ce n'est rien qu'un service que je rends à ce pauvre monsieur.Assis à mes côtés sur son canapé, Gérard qui me tenait serré dans ses bras s'est enquit incrédule :— Vraiment Ella ?— Vraiment ! lui ai-je certifié. Il s'agira juste de garder un œil sur le petit le temps que son père passe le chercher à la sortie de l'école. En somme, je ne ferais rien d'exceptionnel que ce en quoi mon travail consiste déjà.Plus ou moins rassuré, j'ai senti Gérard se d&e
Chapitre 5Dominer les gens, pouvoir en faire ce qu'il voulait, voilà ce qu' Ivan Clotaire aimait. Le fait que je contrecarre ses projets la seconde fois qu'il s'est pointé en retard ne lui a que très moyennement plû.— Vous m'avez encore fait attendre docteur, me suis-je permise de lui signifier la main du petit Joël dans la mienne.Somnolant, le pauvre enfant se tenait accroché à moi comme un naufragé à une bouée de sauvetage. Ignorant la présence de son fils, Ivan s'est plutôt évertué à me déshabiller du regard.— Cette tenue ne vous va pas du tout, a t-il lâché sans gêne.Surprise, j'ai froncé les sourcils.— Je vous demande pardon ?Intriguée, j'ai tout de suite jeté un coup d'œil à mes vêtements. Pour la journée qui
Chapitre 18Le carnage fût découvert par la femme de ménage. Je ne savais même pas qu'Ivan en avait une. Avec toutes les horreurs qu'il trafiquait, c'était vraiment ahurissant. Quoiqu'il en soit, cette idiote hurla en nous apercevant. Épouvantée, elle s'enfuya en trombe.Peu après son départ, ils débarquèrent tous. Les policiers.Comme des fourmis, ils envahirent la pièce. Ils commencèrent à me bombarder de questions. Surtout un d'entre eux en particulier qui se présenta comme étant le commissaire Kuitata. Grassouillet avec deux petits yeux méchants, il vint s'accroupir près de moi.—Hé, m'interpella t-il en me secouant l'épaule. Que s'est-il passé ici ?—..— C'est vous qui avez fait ça ?—...— Quel est votre nom madame ?
Chapitre 17 (partie 2)Il voulait toucher mon ventre. C'était pour cette raison qu'il était venu. Il avait tellement hâte qu'il n'avait même pas pris la peine de se changer avant. Son uniforme scolaire, il le portait toujours. Certainement devait-il revenir directement de l'école. Qui le gardait ? Où était cette junkie de Johanna ? Et Ivan ? Comment le petit garçon avait-il réussi à échapper à sa vigilance et où avait-il trouvé la clé pour entrer ? J'ignorai les réponses à toutes ces questions et je m'en fichais. J'avais là une occasion en or de pouvoir me tirer de cet enfer et je ne me posais pas trente six mille questions.—Apporte moi un couteau, lui ordonnai-je sans perdre de temps.Surpris, Joël fronça les sourcils. Certainement devait-il se demander ce que j'allais en faire de ce couteau. Levant les bras,
Quand la porte s'ouvrit sur Ivan, je ne tournai pas la tête. Je ne levai même pas les yeux. Je ne bougeai pas.A quoi bon ?Les poignets toujours aussi solidement attachés, je restais étendue sur le lit. Le dos tourné. Recroquevillée en boule. Sans réaction ! Sans émotion ! Sans âme ! Comme une morte vivante. Comme Johanna. C'était comme ça que j'étais en train de devenir. J'étais en train de devenir comme cette folle dingue de junkie qui avait bien failli m'éclater la tête. Comme elle, j'avais commencé à me laisser mourir à petit feu. J'étais résignée. J'étais blasée. Je pensais à tort que rien ne pouvait plus m'étonner. Ça, c'était avant d'entendre la voix fluette et enfantine de Joël.—Maitresse ! M'appela t-il.Vivement, je me reto
Evanouie, je vis Gérard. A travers ma vue brouillée, je vis son tendre visage penché au dessus du mien. Si proche. Si réel.—Gérard... l'appelai-je en tentant de me redresser.Un terrible mal parut aussitôt me fendre le crâne. Sous l'effet de la douleur, je grimaçai. Dans un geste instinctif, je voulus porter la main à ma tête. Fermement, Gérard m'obligea à rester couchée. Dans un bourdonnement sourd, le son de sa voix me parvint.—Ne bouge pas, m'ordonna t-il. Reste tranquille.—Alors ? Entendis-je une voix de femme demander d'un air hésitant. Elle va mourir ? Je l'ai tué ?Les yeux mi-clos, je cherchai qui avait parlé. Mais je ne vis rien. Me barrant la vue, Gérard avança la main vers moi. Minutieusement, il m'examina la tête. La caresse de ses doigts dans mes cheveux m'apais
Je décidai de m'échapper. Très tôt. Je n'étais consciente que depuis peu. Pourtant, je me sentais incapable de supporter ma captivité plus longtemps. Je n'en pouvais plus.Attendre jusqu'à la naissance du bébé ! Attendre plusieurs mois jusqu'à la naissance du bébé ! Dans cet enfer ? C'était tout simplement inimaginable.Il fallait m'enfuir. J'avais trop peur de perdre la boule sinon. Être enfermée comme ça, comme un animal dans une cage mettait mes neurones à rude épreuve.Sans rien faire, j'étais la plupart du temps inactive. Convalescente, je restais étendue sur mon lit. Pour m'occuper, je dormais. Quand ce n'était pas le cas, je passais de long moment à fixer le plafond. Je ne disposais d'aucun élément pour me distraire. Je n'avais rien pour me raccrocher au monde extérieur.
Après cette tentative de suicide, la suite des événements reste confus. Je ne me rappelle pas de grand chose. Juste de quelques détails. Par exemple, je me souviens avoir terriblement eu mal au ventre. Je me souviens aussi avoir beaucoup vomi. Après ça, c'est le trou noir.Je crois que j'avais dû perdre connaissance. Par la suite, j'ai le souvenir d'être revenu à moi. Mais là encore tout est flou. Impossible de savoir contrètement ce que je vis et ce que j'entendis. En mémoire, je garde juste cette sorte d'impression, cette sensation étrange d'avoir subit un massage cardiaque et un bouche à bouche. Il y a aussi ce vague souvenir d'un trajet en voiture. C'est tout. A part ça, plus rien.Croyez moi, j'aurais aimé vous raconter un peu plus en détails les faits à ce moment crucial là. Mais c'est impossible.&n
Ce ne fût que très tard dans la nuit que Gérard rentra enfin. Titubant, il puait l'alcool à plein nez. Loin d'être tout fait ivre, il paraissait néanmoins très éméché. Il avait picolé. C'était évident. Certainement, avait-il passé la soirée à vider quelques bouteilles. Vu la situation, une telle alternative pour noyer son chagrin était tout à fait compréhensible. Mais songer un instant que je pouvais être la cause de son état d'ébriété m'accablait. Je me sentais responsable. Responsable et coupable. Plus que jamais, je souhaitais que les choses s'arrangent entre nous. Mais à la tête que fit Gérard en me voyant, je compris que ce n'était pas gagner d'avance. —Qu'est ce que tu fais ici ? M'attaqua t-il dès son entrée. J'espè
—Ho mon Dieu ! Fis-je en rabaissant précipitamment les pans de ma robe pendant qu'Ivan lui, remontait son pantalon en quatrième vitesse. —Merde ! Jura t-il en refermant sa braguette, d'où il sort ce voyeur ? Qui êtes-vous ?—Qui je suis moi ? S'exclama Gérard qui paraissait alluciné. Me demander qui je suis moi ?Entre ses deux mains, mon petit ami se prit la tête.—Ça, c'est le comble ! s'exclama t-il en levant les yeux au ciel.Dépité, il lâcha un rire désabusé. Le pauvre paraissait vraiment bouleversé. Qu'est ce qu'il avait exactement vu au juste ? Depuis combien de temps était-il là ? Depuis combien de temps nous observait-il ? Je l'ignorai. Avec tout le vacarme que nous faisions, ni Ivan ni moi ne l'avions entendu entrer. Certainement, Gérard s'était-il incrust
Directement, je rentrai chez moi à Koumassi Prodomo. Pendant tout le trajet en "woro-woro", je gardai les yeux fixés sur mon téléphone portable. J'espérais un appel de mon chéri. J'attendais un signe de sa part. Mais rien ! Pas de coup de fil. Pas le moindre message. Le silence total.J'étais dévastée. J'avais la mort dans l'âme. Mon cœur dans ma poitrine me faisait mal. J'avais mal. J'avais du mal à supporter la situation. Les disputes entre nous étaient tellement rares. Au plus vite, je souhaitais que les choses s'arrangent. Une fois chez moi donc, je finis par craquer. Préférant joindre Gérard par message, je lui écrivis un long texte au travers duquel je lui présentai des excuses et lui exprimai mon désir de nous voir réconcilier. Ensuite, j'attendis. Mais aucune réponse ne vint. Là, je commençai s&eacut