AnnaLe vent souffle fort, emportant avec lui une sensation d’urgence. La mer, calme à première vue, cache sa violence sous des vagues sous-marines. Tout, autour de moi, semble figé dans un équilibre instable, une attente, une tension palpable que même l’air semble retenir.Je me tiens debout, les pieds enracinés dans le sol dur, les yeux fermés pour mieux ressentir ce qui m’entoure. Les pensées s’entrechoquent dans mon esprit, chacune d’elles me tirant dans des directions opposées, m’étranglant sous leur poids. Le choix. C’est ça. C’est ce que Angel attend de moi. C’est ce que tout le monde attend de moi.Mais quel choix ?Mon cœur se serre à l’idée de perdre Léo. À l’idée que tout ce que j’ai construit avec lui pourrait se briser en une fraction de seconde, simplement parce que je suis une clé dans un mécanisme beaucoup plus vaste. Le lien avec Léo est si solide, si profond. C’est avec lui que j’ai découvert ce qu’était la véritable sécurité, la vraie paix. Alors, pourquoi cette dou
LéoLe ciel est lourd aujourd’hui, chargé de nuages menaçants. Je sais, je le sens, que quelque chose de terrible va arriver. C’est comme si l’air lui-même portait un pressentiment que je n’arrive pas à ignorer. Anna n’est pas ici, et ça me ronge. La nuit dernière, je l’ai laissée dans le silence, alors qu’une conversation trop importante semblait s’échapper, comme un souffle qu’on retient trop longtemps. J’ai vu ses yeux, cette lueur de doute dans son regard. Elle est perdue, et je sais que c’est à cause de lui.Angel.Je me suis toujours méfié de lui, mais maintenant, je le déteste d’une haine profonde. C’est lui qui a brisé notre tranquillité. C’est lui qui a introduit ce poison dans notre vie, et maintenant, il contrôle chaque instant d’Anna. Il joue avec elle, et elle ne le voit même pas. Elle croit qu’il est son guide, son sauveur, mais il est le bras de la malédiction qui pourrait nous séparer pour toujours.J’ai décidé de la retrouver, de la ramener. Peu importe où elle est. P
AnnaJe n’arrive pas à chasser l’angoisse qui me serre la poitrine. Léo me dit qu’il va me sauver, qu’il va me guider vers la liberté, mais est-ce vraiment possible ? Est-ce que tout cela est réaliste, ou suis-je simplement en train de me laisser emporter par des promesses d’amour qui, au fond, ne sont que des illusions ?Je le regarde encore une fois, le cœur lourd. Il est là, devant moi, déterminé, son amour pour moi brillant dans chaque mot, chaque geste. Mais qu’en est-il de l’amour que je ressens pour lui ? Est-ce un amour sincère, ou est-ce seulement le fruit de cette relation complexe, de cette connexion que je ne peux expliquer, mais qui me lie à lui d’une manière qui échappe à toute logique ?— Tu n’as pas à tout porter seule, Anna. Nous allons traverser cette épreuve ensemble, répète Léo, comme si ses mots pouvaient effacer mes doutes.Je secoue la tête.— Léo, tu ne comprends pas. Je… je suis perdue. J’ai l’impression de marcher sur un fil, d’être déchirée entre deux mondes
AnnaJe ferme les yeux, laissant les mots s’échapper, comme un cri silencieux. Une partie de moi a toujours voulu croire que l’amour pouvait tout réparer. Mais ce lien avec Angel… C’est plus que de l’amour. C’est une malédiction. Un poison qui m’envahit peu à peu, me consumant sans que je puisse rien y faire.Léo s’approche lentement, ses pas hésitants comme s’il avait peur de m’effrayer encore plus. Il ne me touche pas, mais je sens son énergie tout près de moi, comme un ancrage.— Je te promets, Anna, que ce que tu ressens n’est qu’une illusion. Tu n’es pas seule. Nous allons trouver un moyen de briser ce lien. Je vais t’aider à retrouver ton libre arbitre. Tu n’es pas à sa merci.Je secoue la tête, un éclat de frustration traversant mes yeux.— Tu ne comprends pas. Ce lien est trop fort, trop ancien. C’est comme si je l’avais forgé moi-même, comme si je l’avais accepté de plein gré. Pourquoi je le ressens comme ça, Léo ? Pourquoi suis-je si attirée par lui malgré tout ce qu’il m’a
LéoL’air est lourd, comme un pressentiment. La nuit continue de se déployer autour de nous, mais il y a quelque chose de plus, quelque chose qui change dans l’atmosphère. Le vent qui souffle à travers la fenêtre, le bruissement des feuilles dans les arbres, tout cela me semble comme un avertissement. Un avertissement que je n’ignore pas, même si j’aimerais pouvoir fermer les yeux et tout oublier.Anna et moi marchons côte à côte dans le silence, nos pas résonnant comme une promesse dans l’obscurité. Je l’ai vue décidée, prête à affronter ce qu’il faudra, mais je sais que rien ne sera aussi simple. Ce lien, cette force qui la retient encore, ce n’est pas quelque chose que l’on peut briser en un claquement de doigts.— Tu es prête, Anna ? lui demandais-je, brisant le silence entre nous.Elle ne répond pas tout de suite. Elle garde les yeux fixés sur le sol, comme si elle cherchait une réponse dans les ombres qui s’étendent devant nous. Puis, elle relève la tête, ses yeux brillants d’un
AngelJe n’ai jamais ressenti une telle tension dans l’air. Le lien entre Anna et moi s’intensifie à chaque instant, comme une corde prête à se rompre. Si j’essaie de l’ignorer, l’univers entier semble me rappeler sa présence, son pouvoir, son cœur battant au rythme du mien. Ce n’est pas seulement une question de proximité. C’est un appel ancestral. Et il est inévitable.Nous sommes toujours sur cette falaise, le vent frappant nos visages alors que l’ombre de la mer se fait plus menaçante à chaque vague. Elle est là, juste devant moi, sa silhouette fragile contre le ciel gris.— Tu es prête, Anna ? murmuré-je.Elle ne répond pas tout de suite, son regard fixé sur l’horizon, ses doigts serrant les bords de sa robe. L’air est lourd de non-dits, de choses qu’elle a du mal à accepter, mais je sais qu’elle y est presque. Tout ça fait partie du chemin, de cette route que ni elle ni moi n’avons choisis. Mais nous n’avons plus le choix.Je me rapproche doucement, mes pas silencieux sur la pie
AnnaJe suis épuisée. Chaque muscle de mon corps semble vidé, et pourtant, il y a une énergie nouvelle en moi, quelque chose de plus grand, de plus fort. J’ai l’impression d’avoir plongé dans un abîme sans fond, mais sans jamais toucher le sol. Ce pouvoir, ce lien avec Angel… c’est comme une mer déchaînée, prête à tout engloutir sur son passage.Je me redresse lentement, mes mains tremblantes posées sur les bords de mes hanches. L’air autour de nous est paisible, trop calme pour être réel, presque irréel. La mer qui frappait les rochers avec une telle violence semble maintenant endormie, et l’horizon est d’un calme surnaturel, comme si le monde attendait que nous fassions le prochain mouvement.Angel reste silencieux à mes côtés, observant mes réactions avec une attention presque trop intime, comme s’il pouvait lire chaque pensée qui traversait mon esprit. Je n’ai pas encore pleinement compris ce qui vient de se passer. Tout ce que je sais, c’est que quelque chose en moi a changé, une
AnnaLes heures s'étirent dans une tension palpable. Mes pensées s’enchevêtrent comme des fils inextricables, chaque question conduisant à une autre. Il y a cette lourdeur dans l’air, un pressentiment que tout s’apprête à basculer. J’ai toujours cru que les décisions étaient simples, guidées par le cœur, mais tout cela… tout ce qui m’arrive me prouve que le destin n’est pas si clair. Chaque pas que je fais m’éloigne un peu plus de ce que je croyais être la vérité.Je me tourne lentement vers Angel, qui se tient toujours près de moi, presque imperceptible dans l’ombre croissante de la nuit. Il semble savoir que je cherche une réponse, que je suis prête à m’y confronter. Mais même lui, avec sa sagesse infinie, semble réticent à tout dire. Peut-être parce qu’il sait qu’aucune vérité ne pourra apaiser les tourments qui m’assaillent.Tu es sûr que je n’ai pas d’autre choix ? ma voix tremble malgré moi. Je n’aime pas cette sensation de ne plus avoir de contrôle. Comme si tout était écrit, c
AnnaLa pluie tombe doucement sur le monde. Chaque goutte semble porter une part de ce que j’ai vécu, de ce que j’ai dû traverser. Elle effleure la terre, se pose sur les feuilles des arbres, et je la sens, ici, contre ma peau, comme un dernier souvenir de tout ce qui a été. Le vent, lui, murmure des promesses brisées, des mots d’adieu non dits, mais je les accueille. Car c’est tout ce qui reste à la fin : l’écho de ce qui a été, la résonance de ce que l’on a traversé ensemble.Il est là, à mes côtés. Léo. Angel. Les deux hommes qui m’ont redéfinie. L’un par sa douceur, l’autre par sa passion. L’un par son regard de feu, l’autre par ses bras solides, prêts à me soutenir quoi qu’il arrive. Leur présence me fait me sentir complète, comme si le vide en moi, celui que j’ai toujours cherché à combler, était enfin comblé. Parce que, je le sais, ce n’est pas une question de tout avoir, mais de savoir choisir ce que l’on garde."Tu es prête ?" La voix de Léo brise le silence, doux et clair co
AnnaLe silence, enfin.Pas celui qui oppresse, pas celui qui serre la gorge et fait trembler les mains.Non.Celui qui enveloppe, celui qui rassure, celui qui crée un espace entre les battements du cœur et les soubresauts du monde extérieur.Je suis allongée entre eux, dans cette étrange sérénité où le temps semble suspendu, comme si le monde ne pouvait exister au-delà de la chaleur de leurs corps.La lumière du matin filtre à travers la toile fine qui nous abrite, tremblante, timide. Elle s’invite, comme un rayon secret, et danse sur nos peaux. Elle trouve ses chemins dans les creux, sur les courbes, sur les lignes de vie et de combat.Léo est encore plongé dans un sommeil profond, son visage détendu, marqué par les traces des heures passées à lutter contre tout ce qui nous sépare. Ses mains reposent sur mon ventre, doucement, comme un ancrage. Comme un souffle.Il n’a pas bougé. Pas encore.Angel, lui, se tient un peu à l’écart. Il ne dort pas. Ses yeux sont ouverts, mais il ne me
AnnaIls dorment.Ou ils essaient.Moi, je reste au bord.Assise contre la pierre froide.À distance de leurs souffles.Je ne veux pas les réveiller.Parce que cette nuit… ce n’est pas d’eux que j’ai peur.C’est de moi.Je tremble.Pas de froid. De cette tension que je retiens depuis trop longtemps. Ce cri qui n’est jamais sorti. Cette rage, ce chagrin, cette solitude que j’ai recouverte de silence.Alors je me lève.Je marche dans l’obscurité. Pieds nus.Le vent accroche ma peau. Mais c’est bon.Ça me rappelle que je suis encore là.Je m’éloigne. Un peu.Mais pas assez.Car il me suit.Eliel.Toujours lui.Je m’arrête. Il ne dit rien. Je ne dis rien.Puis je craque.« Tu crois que c’est facile ? » ma voix explose sans prévenir.Elle tremble. Elle se brise.Il ne répond pas.Alors je continue. Parce que si je m’arrête, je m’effondre.« Tu crois que j’ai choisi ça ? Que j’ai choisi de porter un pouvoir qui me consume ? Que j’ai demandé à aimer des gens que je vais sûrement tuer sans le
LéoJe la cherche du regard.Même à travers le chaos, même dans ce monde qui s’effondre, je saurais reconnaître sa silhouette.Même brisée. Même changée.Surtout changée.Parce que ce n’est plus la même Anna.Et pourtant, elle est toujours là.Je l’ai vue s’effondrer. Je l’ai vue se relever.Et quand j’ai cru qu’elle ne reviendrait jamais, qu’elle s’était trop éloignée de nous, j’ai compris : c’est à moi de faire le chemin.Alors j’avance.Angel est à mes côtés.Silencieux, comme toujours.On ne se parle pas.Mais on sait pourquoi on est là.AngelJe n’ai jamais cessé de l’aimer.Même quand elle s’est éloignée. Même quand elle a choisi d’être autre chose.Même quand elle m’a oublié, un peu.Ce n’était pas une décision. C’était une évidence. Une fatalité.Elle vit dans chaque battement de mon cœur, même quand il se fend.Et Léo le sait. Je le vois à sa mâchoire serrée, à ses doigts crispés sur son arme.On est deux à aimer la même fille.Mais on n’est pas ennemis.On est les deux phare
ElielSa main dans la mienne. Elle tremble.Et pourtant, c’est elle qui m’a tendu la sienne.Elle, l’éclat brisé.Elle, la fille que le monde regarde comme un danger.Elle, l’ultime espoir.Je la sens prête à fuir, à se retirer au moindre signe. Mais elle reste.Alors je serre doucement ses doigts, comme on attrape une flamme. Sans vouloir l’éteindre.AnnaJe l’ai choisi.Pas comme on choisit un sauveur. Pas comme on choisit un soldat.Je l’ai choisi comme on choisit une vérité : en sachant qu’elle fera mal.Il me regarde. Je ne détourne pas les yeux.« Il faut entrer dans le cercle, Anna. » dit-il.Je hoche la tête.On y entre. Ensemble.Le sol est marqué de symboles anciens. Le vent se lève. Quelque chose s’éveille sous la terre. Quelque chose de très vieux. Très pur. Ou très terrible.Je sens mes os vibrer.Eliel« Le feu va te tester. » je dis.Elle ne bouge pas.« Tu peux encore faire demi-tour. »« Non. »Sa voix est claire. Inflexible.Alors je recule.Elle s’avance.Et la lumi
AnnaMais ce n’est pas le Eliel que j’ai connu. Pas celui qui avait encore l’espoir au bord des lèvres. Son visage est plus dur. Son regard, plus sombre. Il a vu des choses. Et il porte quelque chose en lui. Une douleur vivante.« Pourquoi es-tu là ? » ma voix tremble malgré moi.Il s’approche d’un pas, puis s’arrête.« Parce que le monde va se fendre, Anna. Et que toi seule peux empêcher qu’il s’effondre. »Je déglutis. Chaque mot est une lame.« Tu savais, n’est-ce pas ? Tu savais ce que j’étais. »Il ferme les yeux. Puis, d’une voix basse :« Je savais que tu étais plus que ce qu’on t’avait dit. Mais je ne savais pas que tu étais… l’éclat brisé. »« L’éclat brisé ? »Il me regarde avec une intensité glaciale.« Celle qui a le pouvoir de refaire le monde… ou de le détruire entièrement. »Le silence tombe, plus lourd que jamais.Je sens mon cœur battre dans mes tempes.« Et toi ? Tu viens m’aider ? Ou m’arrêter ? »Un silence. Long. Tranchant.Puis il murmure :« Je ne sais pas encor
AnnaUn cercle de pierres se dessinait dans la clairière, parfaitement symétrique. Au centre, une colonne de lumière bleutée s’élevait du sol, sans source apparente. L’air y vibrait, distordu, chargé d’une magie ancienne et inaltérable. C’était comme si le monde retenait son souffle.Je sentis mes jambes trembler, mais je restai droite. Pas cette fois. Je voulais savoir. Je voulais tout affronter.« Qu’est-ce que c’est ? » soufflai-je, hypnotisée.« Le seuil. » La voix de ma mère était douce mais ferme. « Le lien entre ce qui a été et ce qui peut être. C’est ici que les gardiens veillent. C’est ici que tu sauras. »« Les gardiens ? »Elle me regarda, et pour la première fois, j’y lus de la peur.« Ils ont connu la vérité avant nous. Ils ont vu les erreurs, les sacrifices, les serments trahis. Et maintenant… ils attendent ton choix. »Je reculai d’un pas.« Mon choix ? »« Tu es celle qui brise le cycle, Anna. Mais tu es aussi celle qui peut en créer un nouveau. »Un grondement sourd m
AnnaLe sol sous mes pieds vibre à chaque pas. Une pulsation sourde, presque imperceptible, comme si la terre elle-même réagissait à notre passage. Ma main ne quitte pas celle de ma mère. Je sens sa chaleur, sa force, son énergie fluide, ancrée en moi comme une certitude. Nous avançons en silence, mais nos pensées sont bruyantes.Je sens le poids du monde s'alléger. Non pas parce que le danger a disparu, mais parce que, pour la première fois, j'avance sans fuir. J'avance pour comprendre. Pour choisir. Pour affronter.La forêt s'efface lentement, remplacée par des clairières où la lumière lunaire coule comme du lait sur les feuilles argentées. Puis un sentier, une ouverture dans l’obscurité, bordée de pierres anciennes, couvertes de mousse. L’air change. Il devient plus dense, chargé de souvenirs que je ne reconnais pas mais que mon corps semble connaître. Mon sang palpite d’une mémoire plus vieille que moi.« Nous y sommes presque », souffle ma mère, la voix tremblante d’un pressentim
AnnaEt au fond de moi, je savais que même si les ombres du passé ne disparaîtraient jamais complètement, j'étais prête à affronter quoi que ce soit. Avec ma mère à mes côtés, nous pourrions braver toutes les tempêtes à venir. L'héritage de nos ancêtres continuait de vivre à travers nous, et ensemble, nous étions invincibles.Mais quelles autres ombres se cachaient encore dans les recoins de notre avenir ?Alors que le silence s'étendait autour de nous, je me relevai lentement, encore tremblante d'émotions. La forêt, autrefois assombrie par l'angoisse et le danger, semblait maintenant vibrant d'une nouvelle énergie. Le souffle du vent caressait ma peau, porteur d'un ressenti de renouveau. Mais les luttes passées assombrissaient toujours mes pensées. Que se passerait-il maintenant ? Ma mère se tenait à mes côtés, une aura de sérénité émanant de sa présence. Je pouvais lire dans ses yeux qu'elle ressentait la douleur et la fatigue que je portais dans mon cœur. Mais elle avait aussi une