Les souvenirs des derniers jours de Frédéric Levis étaient toujours vivaces dans l’esprit d’Andrew et de Rachelle. Couché sur son lit de mort, le patriarche de Levis Global avait rassemblé tout le courage qu’il lui restait pour parler à sa famille.
— Ma bien-aimée Rachelle et mon fils Andrew, vous êtes ma famille, et une famille se doit de se serrer les coudes. Après mon départ, promettez-moi de vous rapprocher pour le bien de cette famille et de l'entreprise.
Andrew avait croisé les bras, son regard distant fixé sur le plafond, tandis que Rachelle serrait la main de son mari avec force, ses yeux remplis de larmes sincères.
Ces paroles étaient lourdes de sens, mais pour Andrew, elles résonnaient comme une trahison. Comment son père, l’homme qu’il avait admiré toute sa vie, pouvait-il lui demander une telle chose ? Collaborer avec une étrangère qui, selon lui, n’avait été qu’une opportuniste profitant de la vulnérabilité de son père.
La lecture du testament quelques semaines après la mort de Frédéric fut un moment de tension extrême.
— Monsieur Andrew Levis et Madame Rachelle Levis sont désignés comme codirecteurs de Levis Global. La gestion conjointe est essentielle pour honorer la vision et les valeurs de Frédéric Levis.
Andrew avait éclaté de colère.
— Travailler avec elle ? Vous êtes sérieux ? Cette femme n’a rien à faire ici. Elle a séduit mon père pour arriver à ses fins, et maintenant vous voulez me forcer à partager mon héritage avec elle ?
Rachelle, bien que visiblement touchée, avait gardé son calme. Ses mots, en revanche, étaient acérés comme une lame :
— Votre père m’a épousée parce qu’il m’aimait, monsieur Andrew. Pas parce qu’il était manipulé, comme vous aimez à le croire. Peut-être devriez-vous grandir et accepter que le monde ne tourne pas autour de vous.
Andrew l’avait foudroyée du regard.
— Vous ne me donnerez jamais d’ordres, Rachelle. Je vous laisse votre part uniquement parce que c’est ce qu’il voulait. Mais n’espérez aucune coopération de ma part.
Depuis ce jour, Levis Global était devenu un champ de bataille. Les décisions importantes étaient constamment source de conflit. Andrew refusait systématiquement toute proposition émanant de Rachelle, tandis qu’elle s’assurait de contourner ses blocages par des stratégies subtiles.
Dans l’entreprise, les employés savaient qu’il valait mieux éviter de se retrouver entre les deux dirigeants. Ils sentaient que chaque mot, chaque geste pouvait être interprété comme un choix de camp, et cela pouvait coûter cher.
Ce matin-là, Rachelle examinait les dossiers des candidats qui avaient passé les entretiens. Elle s’attardait sur celui d’Alicia. La jeune femme avait quelque chose qui l’intriguait. Une sincérité dans son regard, une détermination qu’elle ne s’expliquait pas, mais qui la mettait mal à l’aise. Et une chose qui l’intriguait «Pourquoi n'avait-elle pas de nom de famille ?»
La porte de son bureau s’ouvrit brusquement, laissant apparaître Andrew.
— Alors, qu’as-tu décidé ? Tu vas encore rejeter toutes les idées simplement parce qu’elles ne viennent pas de toi ?" lança-t-il, la voix empreinte d’ironie.
Rachelle releva lentement les yeux de son écran, sa patience déjà mise à rude épreuve.
— Andrew, si tu pouvais apprendre à frapper avant d’entrer, nous pourrions éviter ces conversations inutiles.
Il avança vers elle, ses mains dans les poches, une lueur de défi dans les yeux.
— Qu’as-tu contre Alicia ? Pourquoi tu refuses qu’elle intègre l’équipe ?
Rachelle posa son stylo, croisant les bras.
— Je n’ai rien contre elle personnellement, mais elle n’a pas les compétences nécessaires pour ce poste. Nous avons besoin de quelqu’un d’expérimenté, capable de gérer la pression, et elle n’est pas cette personne.
Andrew se pencha légèrement, sa voix se durcissant.
— Tu veux dire qu’elle n’est pas quelqu’un que tu peux manipuler à ta guise, c’est ça ?
Rachelle éclata d’un rire froid.
— Manipuler ? Si quelqu’un joue à ce jeu ici, c’est bien toi, Andrew. Tu veux l’embaucher parce qu’elle te rappelle quelqu’un, pas parce qu’elle est qualifiée.
Le visage d’Andrew se ferma.
— Ça n'a rien à y voir. C'est totalement différent.
Un silence tendu s’installa entre eux. Rachelle finit par soupirer, secouant la tête.
— Un jour, Andrew, tu comprendras que cette guerre que tu mènes est vaine. Mais en attendant, continue donc à te battre contre des fantômes."
Elle reprit son travail, ignorant ostensiblement la présence d’Andrew, qui sortit en claquant la porte.
Dans son bureau, Andrew s’effondra sur sa chaise. Son esprit était envahi par des souvenirs qu’il avait toujours essayé de refouler.
Il se revoyait, adolescent, aux côtés de son père. Frédéric lui parlait souvent de force et de loyauté, lui inculquant l’idée que la famille était tout ce qui comptait.
— Andrew, nous sommes des Levis. Nous devons être unis et solides. Personne ne doit pouvoir nous diviser.
Mais cette vision avait éclaté le jour où son père avait présenté Rachelle comme sa nouvelle épouse. Andrew n’avait jamais accepté cette union. Pour lui, cela représentait une trahison des principes que son père lui avait enseignés.
De son côté, Rachelle se tenait devant la grande baie vitrée de son bureau, son regard perdu dans la vue sur la ville. Elle pensait à Frédéric, à sa douceur et à sa confiance inébranlable en elle.
— Pourquoi as-tu fait cela, Frédéric ? Tu savais que ton fils me haïrait. Tu savais qu’il ne m’accepterait jamais. murmura-t-elle.
Rachelle n’était pas insensible. Sous son apparence froide se cachait une femme profondément blessée par le rejet constant d’Andrew. Mais elle savait que montrer cette vulnérabilité serait une erreur.
Dans les couloirs de l’entreprise, Alicia marchait d’un pas hésitant, cherchant son bureau. Elle croisa des regards curieux, certains bienveillants, d’autres méfiants.
Elle s’arrêta près du bureau de Rachelle en entendant des éclats de voix.
— Je te préviens, Andrew, tes caprices ne dureront pas éternellement. Cette entreprise ne survivra pas si tu continues à agir comme un enfant !"
— Et toi, Rachelle, combien de temps encore comptes-tu jouer à la veuve éplorée pour garder ta place ? Mon père t’a peut-être crue, mais je vois clair dans ton jeu.
Alicia se figea. Elle ne comprenait pas tout, mais la tension entre les deux dirigeants était palpable.
Elle reprit son chemin, le cœur battant. Elle réalisait que cet emploi n’allait pas être de tout repos.
Le soir venu, Andrew contemplait un ancien portrait de son père, accroché dans son bureau.
— Pourquoi, père ? Pourquoi m’as-tu imposé cette femme ? Nous étions bien, toi et moi. Pourquoi compliquer les choses ?"
Il ferma les yeux, se laissant submerger par un mélange de colère et de tristesse.
De son côté, Rachelle termina sa journée en observant les étoiles depuis son balcon. Elle savait qu’Andrew était un homme blessé, mais elle se demandait s’il serait un jour capable de surmonter sa haine pour elle.
Leurs destins étaient liés, qu’ils le veuillent ou non.
Alicia rayonnait de joie en arrivant pour sa première journée chez Levis Global. Elle serra les poings, se parlant à elle-même pour se donner du courage : « Vas-y Alicia, tu peux le faire. » Son cœur battait à toute vitesse, partagée entre excitation et une légère nervosité. C’était une nouvelle aventure, un nouveau départ.Alors qu’elle s’efforçait de trouver son bureau dans cet immense bâtiment, son attention fut captée par des éclats de voix derrière une porte entrouverte. Les voix, froides et tranchantes, semblaient appartenir à deux personnes engagées dans une discussion tendue. Alicia ralentit instinctivement son pas, curieuse et légèrement inquiète.— Que se passe-t-il entre eux ? , murmura-t-elle en fronçant les sourcils.Avant qu’elle ne puisse s’attarder davantage, une porte claqua violemment, faisant sursauter Alicia. Andrew sortit brusquement, sa démarche rapide et son expression fermée. Mais dès qu’il croisa son regard, un sourire professionnel et chaleureux se dessina su
Alicia tapait sur son clavier, concentrée sur ses tâches du jour, lorsque la porte de son bureau s’ouvrit brusquement.— Bonjour, mademoiselle Alicia. Demain, nous aurons une réunion importante. Je compte sur toi pour être vraiment à l’écoute et tout noter, lança Andrew d’un ton pressé, à peine entré.Il n’attendit pas sa réponse, s’éclipsant aussi rapidement qu’il était venu. Alicia n’avait eu que le temps de murmurer :— D’accord, Monsieur.Elle resta figée un instant, son stylo à la main, observant la porte refermée. Pourquoi semblait-il si agité ? Son ton trahissait une pointe de nervosité inhabituelle, et son brusque départ la laissait perplexe.Quelques heures plus tard, des documents sous le bras, Alicia se rendit au bureau d’Andrew. Il lui avait demandé ces papiers tôt le matin, mais son attitude étrange l’avait intriguée toute la journée. En s’approchant, elle entendit une voix grave derrière la porte entrouverte.— Ça ne se passera pas comme ça. Je refuse, grogna Andrew, vis
Après quelques instants passés à l'extérieur, Andrew revint dans la salle de réunion, son visage marqué par une expression de tension maîtrisée. Il s'arrêta devant la porte de la salle de réunion et, d’un ton contrôlé mais légèrement distant, annonça :— Mlle Alicia, nous commencerons d'ici quelques minutes.Sans attendre de réponse, il se dirigea vers son bureau, manifestement désireux de se retirer un moment. Alicia, attentive à son ton inhabituellement déçu, sentit un élan inexplicable la pousser à le suivre. Mais alors qu’elle s’avançait dans le couloir, une voix grave et calculée l’interrompit.— Eh bien, Mlle Alicia. J'espère que vous vous sentez à votre aise dans cette entreprise ?Elle sursauta légèrement en se retournant. M. Mathias Levis, le directeur financier, se tenait devant elle, son sourire mince et presque glaçant.— Oui, oui, Monsieur, tout va très bien, répondit-elle précipitamment, troublée par son regard perçant.Elle s’excusa rapidement et reprit sa marche, son c
Les pensées d’Alicia tournaient autour de M. Mathias. Quelque chose dans son comportement l’inquiétait profondément, et sa proposition lors de la réunion semblait peser lourdement sur Andrew.Quelle solution pouvait-il bien vouloir imposer, au point de mettre M. Andrew dans un tel état d’inquiétude? se demanda-t-elle en sortant un soupir d’exaspération. Elle ferma son bureau derrière elle, bien décidée à rentrer chez elle, mais son regard fut attiré par une lumière provenant du bureau de Mme Rachelle.— La lumière est encore allumée… Est-elle toujours là, à cette heure-ci ? murmura-t-elle pour elle-même, hésitante.Prenant son courage à deux mains, Alicia marcha jusqu’au bureau légèrement entrouvert. Elle poussa doucement la porte et constata que la pièce était vide.— Étrange, pourquoi aurait-elle laissé son bureau ouvert avec les lumières allumées ?Intriguée, elle s’approcha des fenêtres pour les fermer. À peine eut-elle fait un pas que la sensation d’une froideur inhabituelle enva
Après cette énième dispute avec Andrew, Rachelle s’effondra en pleurs sur son lit, serrant le portrait de Frédéric contre elle, son époux décédé. Les larmes coulaient sans retenue, emportant avec elles le poids de son impuissance et de ses regrets. Ses mains tremblaient légèrement en caressant le cadre du portrait, comme pour chercher un réconfort qu’elle savait impossible.— J’essaie, mon cher Frédéric, vraiment, je fais de mon mieux… mais je n’y arrive pas, murmura-t-elle d’une voix brisée. Andrew ne m’acceptera jamais. Ni dans sa vie, ni dans celle de l’entreprise.Son regard se posa intensément sur les traits souriants de Frédéric. Elle se souvenait encore de ce sourire bienveillant, de ses paroles réconfortantes qui avaient autrefois su calmer ses doutes.— Pourquoi m’as-tu aimée, Frédéric ? Pourquoi ? réponds-moi, toi qui pouvais avoir le monde à tes pieds. Moi, je n’étais personne. Pourquoi ? répétait-elle, sa voix se brisant dans un sanglot.Elle serra le portrait contre son c
La nuit semblait interminable pour Alicia. Allongée sur son lit, les yeux grands ouverts fixant le plafond, elle ne parvenait pas à apaiser les tourments qui tournaient en boucle dans son esprit. Les tensions constantes au travail, les paroles dures de Rachelle, l’ambiguïté d’Andrew qui oscillait entre une bienveillance apparente et une froideur glaçante... Tout cela pesait lourdement sur son cœur.Elle soupira profondément, se retournant sur le côté pour chercher une position plus confortable. Mais le sommeil restait hors de portée.— Toi qui pensais avoir trouvé le boulot de rêve dans cette grande ville... te voilà au milieu des conflits, murmura-t-elle avec amertume.Un autre soupir. Puis, brusquement, une pensée traversa son esprit, la faisant se redresser d’un bond.— Maman... où es-tu ? souffla-t-elle avec une pointe de désespoir.Dans un geste presque instinctif, Alicia alluma la lampe de chevet et fouilla dans son sac pour en sortir un médaillon doré. C’était tout ce qu’il lui
Le soleil s'était levé sur la grande métropole, illuminant les gratte-ciels qui semblaient toucher le ciel. Stacy, débordante d'énergie, avait déjà frappé à la porte de la chambre d'Alicia pour l'emmener dans ce qu'elle appelait "une journée inoubliable à la New-Yorkaise". Alicia, bien qu'encore un peu fatiguée de sa nuit mouvementée, ne pouvait cacher son excitation à l'idée de découvrir davantage la ville.— Prête pour ton premier jour de véritable tourisme, Alicia ? lança Stacy en entrant dans la chambre avec un large sourire.— Prête et impatiente ! Mais dis-moi, où allons-nous ? Tu ne veux toujours pas me dire ? demanda Alicia en souriant, tout aussi curieuse que joyeuse.— Patience, Madame Curieuse, tu le sauras bientôt. Finissons de nous préparer, et en route ! rétorqua Stacy avec un clin d’œil mystérieux.Après avoir soigneusement choisi leurs tenues, les deux jeunes femmes quittèrent l'appartement. Alicia s’émerveillait déjà de la ville. Les rues animées débordaient de vie :
La réaction de Rachelle avait laissé Alicia complètement déstabilisée. Elle n’en croyait pas ses yeux. Était-ce bien la même femme qui se montrait si froide et distante au bureau ?— Mais je rêve, là… murmura-t-elle intérieurement, le regard figé sur sa patronne.Elle échangea un regard incrédule avec Stacy, comme pour confirmer qu’elle ne délirait pas. Finalement, après une brève hésitation, elle répondit d’un ton hésitant et déconcerté :— Euh, oui, Madame.Rachelle secoua doucement la tête et esquissa un léger sourire qui adoucit immédiatement les traits de son visage.— Rachelle, tout simplement, corrigea-t-elle d’une voix posée. Nous ne sommes pas au travail.Alicia, surprise, ne sut que répondre. Ce sourire, cette chaleur dans sa voix… tout semblait si intimidant. Rachelle se tourna ensuite vers Stacy, qui observait la scène avec curiosité.— Enchantée également de vous rencontrer, ajouta Rachelle.Stacy, toujours prête à répondre avec enthousiasme, tendit légèrement la main :—
Rachelle se releva d’un bond du canapé, le visage fermé et à la fois trahissant sa confusion.– Je me détendrai une fois que la situation de l’entreprise redeviendra normale, et qu’Andrew soit totalement libéré de cette fille, déclara-t-elle, le regard dur.– Qu’en est-il de la recherche de cette Sophia ? demanda-t-elle en croisant les bras.Mathias se redressa à son tour, l’air concentré.– Eh bien, je suis toujours sur le coup. Le détective privé que j’ai engagé m’a informé qu’elle était sortie de la ville. On n’a plus qu’à attendre qu’elle se montre, normalement d’ici une semaine. Là, on pourra enfin la coincer, répondit-il avec sérieux.– Très bien, une chose de faite. D’ici la semaine prochaine, nous devons définitivement régler cette histoire, affirma Rachelle en hochant la tête.Pendant ce temps, Alicia marchait rapidement en direction du parc. Lorsqu’elle y arriva, elle se dirigea instinctivement vers le grand arbre majestueux qu’elle avait découvert avec Stacy, la première fo
Alicia et Stacy restèrent face à face pendant un moment. Le regard d’Alicia était rempli de déception, tandis que Stacy, mal à l’aise, détournait constamment les yeux. Elle semblait incapable de soutenir le regard de son amie. Puis, Alicia rompit enfin le silence, le ton froid.– Stacy, que me veux-tu ce matin ? Je m’apprêtais à sortir, dit-elle sans chaleur.Stacy baissa les yeux, hésitante, sa voix à peine audible.– Ali-Alicia… je voulais qu’on discute un peu, s’il te plaît, murmura-t-elle.Alicia fronça les sourcils, déstabilisée par ce comportement soudainement si différent de celui de la veille.– Comment ça tu veux discuter ? Hier tu m’as dit que tu avais besoin d’être seule. Que t’arrive-t-il ? D’où vient ce changement de comportement ? Je ne te reconnais plus Stacy. Où est passée mon amie, ma sœur de cœur ? Que t’arrive-t-il enfin ? s’exclama-t-elle, bouleversée.Stacy garda les yeux baissés, sa voix douce trahissait un vrai regret.– Je… je suis désolée Alicia. Je ne pensais
— Andrew, c'est important que nous ayons une discussion, déclara Mathias derrière son dos.Andrew se retourna, surpris par cette présence inattendue.— Andrew ? Andrew ? l’interpella Alicia à l’autre bout du fil.— Oh... Oui, Alicia. Je te rappellerai tout à l’heure. J’ai reçu une visite.— Oh, d’accord. À tout à l’heure dans ce cas, répondit-elle calmement.— À tout à l’heure mon amour, ajouta-t-il avant de raccrocher.Il se leva de son sofa, croisa les bras un instant, puis s’approcha de Mathias pour l’affronter du regard.— Mathias, qu’est-ce qui vaut cette visite ? demanda-t-il, le ton intrigué.— Andrew déjà je suis désolé d'etre entré dans ta chambre sans frapper et à l'improviste mais je souhaiterais que nous discutions, répondit son oncle avec gravité.Andrew s’éloigna brièvement vers sa chambre, en revint avec une chaise qu’il plaça face au canapé. Il s’assit à son tour, prêt à écouter.— Oui Mathias, je t’écoute, dit-il calmement.Mathias toussota légèrement, comme pour prép
Les yeux plissés et le regard fixé sur Stacy, Alicia ne comprenait pas ce qui se passait.— Stacy ? C'est quoi cette fois-ci ? demanda-t-elle, confuse et perplexe à la fois.Son sac, accroché à son bras, glissa lentement sans qu’Alicia ne s’en rende compte. Stacy, assise sur son lit, évita de la regarder.— Je n'ai aucun problème. Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans "J’ai besoin d’être un peu seule et de me reposer" ? C’est très clair, déclara-t-elle sur un ton froid et détaché.Déconcertée, Alicia s’avança et se plaça face à elle.— Pourquoi me parles-tu de la sorte ? C’est quoi ce changement de comportement à tout-va ? Moi, je m’inquiète pour toi à chaque fois que je te trouve ou que je sens que tu es mal, mais toi, tu me repousses froidement. Que t’arrive-t-il Stacy ? Je ne te reconnais absolument pas, s’exprima Alicia d’une voix ferme.Stacy détourna toujours les yeux, refusant tout contact visuel.— Moi je vais bien et je ne te repousse absolument pas. Mais des fois, j’ai beso
Mathias se leva lui aussi brusquement de table.– Mais Rachelle, c’est absurde de vouloir lui reparler à cette manipulatrice, s’écria-t-il sur un ton de voix ferme.Il la fixa, les sourcils froncés, comme s’il tentait de percer à travers sa détermination une faille de doute.– Mathias, je dois prendre ce risque. Si ces deux femmes sont de mèche, il est important que nous le sachions, répondit-elle d’un ton assuré.Sa voix était calme, mais ses yeux brillaient de cette conviction qui ne laissait place à aucune hésitation.– Rachelle, je doute vraiment qu’elle puisse nous dire la vérité. C’est une arriviste sans scrupule, déclara Mathias perplexe.Il croisa les bras, son regard se perdant un instant dans le vide, comme s’il cherchait les bons mots pour la dissuader.– Nous devons éliminer cette hypothèse. Et ne t’en fais pas pour l’argent, je saurai quoi lui dire afin de la faire flancher, répondit-elle calmement.Elle avait parlé d’une voix posée, presque rassurante, comme si elle cher
"A-t'elle entendu toute la conversation ?" pensa-t-il, le sourire soudainement disparu, comme balayé par une brise glaciale.– Mathias, t'es sûr que tout va bien ? demanda-t-elle intriguée, les sourcils légèrement froncés.Mathias semblait de plus en plus agité, comme s’il cherchait un endroit où fuir le poids de son malaise.– Euh oui... oui tout va bien Rachelle, répondit-il, tentant de retrouver contenance.– Et ce ton de voix que tu avais, très troublant. Excuse-moi mais à qui t’adressais-tu ainsi ? fit-elle à nouveau une remarque, sa curiosité piquée au vif.De plus en plus nerveux, il s’empressa de répondre, comme pour détourner l’attention :– Bon j’avoue ! Tu m’as démasqué. J’ai fait la rencontre d’une dame et c’est avec elle que je discutais, répondit-il avec un sourire assez forcé qui ne trompait personne.– Ohhhh kayy... je ne vais pas t’en demander plus. C’est ta vie privée, réagit-elle en haussant légèrement les épaules.Elle se dirigea vers la porte du bureau et la refer
— Andrew ? murmura Alicia, toujours allongée sur le torse d’Andrew.— Oui Alicia, qu’y a-t-il ? répondit-il en lui caressant tendrement les cheveux.— Tu sais, la dernière fois avec Jacques, j’ai été tellement touchée… Des gens vivent des choses, surmontent des difficultés qu’ils ne partagent avec personne. Mais moi… à chaque fois que je pense à la possibilité de retrouver ma mère, la moindre étincelle suffit à me bouleverser. C’est bien la preuve que je ne suis pas aussi forte que je le prétends…, avoua-t-elle tristement.Andrew la releva doucement, plongea son regard dans le sien avec intensité, puis dit :— Chacun réagit différemment. Il ne faut jamais avoir honte de montrer ses émotions. Pour certains, en parler, c’est un moyen de se libérer et d’avancer. D’autres préfèrent garder le silence pour tenter d’oublier, ou du moins de survivre à leur douleur. Ne te reproche pas ta sensibilité. Et puis… tu ne confies pas ça à n’importe qui. Je suis Andrew, pas "le monde". Et je t’aime.—
La nouvelle de la lettre raviva de nouveau le désir ardent d'Alicia. Elle sentit son cœur battre à toute vitesse, l'excitation et la peur se mêlant en elle comme une tempête.— Mais quand... quand est-ce que vous l'avez reçue, ma sœur ? demanda Alicia avec une hâte incontrôlable. Elle faisait les cent pas, son souffle court, les mains tremblantes. Chaque seconde semblait peser des tonnes, et son impatience devenait presque insoutenable.Andrew s'approcha doucement d'elle et posa une main apaisante sur son épaule.— Calme-toi, mon amour, lui murmura-t-il, sa voix profonde et rassurante se glissant en elle comme un baume.Alicia tourna son visage vers lui. Ses yeux humides brillaient d'une lueur d'espoir mêlée à la crainte. Elle mordit sa lèvre inférieure, luttant pour retenir ses émotions prêtes à éclater.— Alicia, mon enfant, je l'ai reçue hier. Mais la lettre a été envoyée il y a une semaine, répondit sœur Marie avec une douceur teintée de compassion.Le cœur d’Alicia se serra, ses
En descendant les marches pour raccompagner les investisseurs présents, Mathias aperçut Andrew et Alicia enlacés l'un contre l'autre. Il leur lança un regard glacial, les sourcils froncés et les lèvres pincées de mépris, avant de continuer son chemin jusqu'au rez-de-chaussée.À la porte de sortie de l'entreprise, l'un des investisseurs s'exclama :— Mais Mathias, comment cela a-t-il pu être possible ?Mathias esquissa un sourire calculateur et répondit avec assurance :— Ne vous en faites pas, il finira par céder. Il a juste été influencé, mais je pense que vous aurez de nos nouvelles plus vite que prévu.Dans un coin ombragé, Jacques, qui passait par là, entendit par inadvertance la conversation. Ses sourcils se froncèrent tandis qu'un sentiment d'inquiétude lui serrait la poitrine."Que veut-il dire par 'il finira par céder' ? Serait-il possible qu’Andrew puisse être forcé à agir contre sa volonté ?" se demanda-t-il, troublé.Poussé par l'urgence de la situation, il se hâta vers le