Ewan
Le vent s’était levé, fouettant les arbres et faisant onduler les ombres dans la clairière. L’odeur de la terre humide et du sang séché flottait encore dans l’air, vestige du combat de la nuit précédente. Mais à présent, une menace bien plus grande pesait sur eux.
Ewan fixait toujours le parchemin qu’Irina lui avait tendu. Ces mots, tracés à l’encre noire, pesaient sur lui comme une sentence.
"Le Loup Maudit doit plier le genou, ou disparaître."
Il savait que ce moment finirait par arriver. Depuis son enfance, il avait entendu les murmures sur sa lignée, sur la malédiction qui pesait sur son sang. Mais il avait choisi de l’ignorer, de se fondre dans l’ombre et d’échapper à ce destin tout tracé.
Plus maintenant.
Nyx s’approcha doucement, son regard brillant de cette intelligence féline qui ne la quittait jamais.
— Tu ne comptes pas fuir, dit-elle simplement.
Sa voix était calme, mais il y avait un défi dans ses yeux, comme si elle testait sa résolution.
Ewan releva la tête vers elle. Dans le passé, il aurait hésité. Il aurait cherché une échappatoire, une autre voie. Mais cette nuit avait changé quelque chose en lui.
— Non, répondit-il d’une voix posée.
Nyx l’observa un instant, puis esquissa un sourire fugace, approbateur.
— Bien.
Irina, restée silencieuse jusque-là, laissa échapper un léger rire, bien qu’aucune véritable joie ne transparaissait dans son regard.
— Ça, c’est mon frère.
Elle croisa les bras et reprit d’un ton plus grave :
— Écoute-moi, Ewan. Les Anciens ne bougent jamais sans raison. S’ils t’envoient cet avertissement, c’est qu’ils te considèrent comme une menace.
Ewan fronça les sourcils.
— Mais pourquoi maintenant ? J’ai passé des années à me cacher.
Irina échangea un regard sombre avec Nyx, comme si une vérité tacite circulait entre elles.
— Parce que ton sang s’est éveillé.
Le silence tomba sur la clairière, aussi tranchant qu’une lame.
Ewan sentit son cœur manquer un battement.
— Mon… sang ?
Irina inspira profondément avant de répondre :
— Tu es un descendant direct de la lignée maudite, Ewan. La prophétie qui te lie à elle… à elle…
Elle tourna la tête vers Nyx.
— …c’est ce qui les effraie.
Nyx resta impassible, mais Ewan vit son regard s’assombrir légèrement.
— Ils veulent l’empêcher de s’accomplir, murmura-t-elle.
Irina hocha lentement la tête.
— Exactement. Et pour ça, ils doivent s’assurer que toi, Ewan, tu sois sous leur contrôle… ou éliminé.
Ewan sentit une colère sourde monter en lui. Il savait que son existence était hors normes, mais il avait toujours pensé qu’il pouvait rester maître de son propre destin.
— Je refuse d’être leur pantin, cracha-t-il.
Irina eut un sourire triste.
— C’est ce que notre père disait aussi.
Ewan releva brusquement la tête.
— Quoi ?
Le regard d’Irina se perdit dans le vide, comme si elle revivait un souvenir lointain.
— Avant qu’il ne disparaisse, il m’a dit quelque chose que je n’ai jamais oublié.
Elle ferma brièvement les yeux avant de murmurer :
— "Ne laisse jamais les Anciens choisir à ta place."
Un frisson parcourut l’échine d’Ewan. Son père… Il se souvenait à peine de lui. Seulement de sa silhouette massive, de son regard dur mais bienveillant, et des histoires qu’il racontait au coin du feu. Des histoires qui, à l’époque, semblaient n’être que des légendes.
Mais aujourd’hui, il comprenait qu’elles étaient bien plus que ça.
Nyx s’approcha, posant une main légère sur son bras.
— Alors que fait-on ? demanda-t-elle.
Ewan inspira profondément. Il était fatigué de fuir. Fatigué d’avoir peur de ce qu’il était.
Il releva les yeux, un éclat nouveau y brillant.
— On les attend. Et on leur prouve qu’ils ont raison d’avoir peur.
Un sourire s’étira sur les lèvres d’Irina.
— Voilà le frère que je reconnais.
Mais son regard trahissait une inquiétude profonde.
— Tu dois comprendre une chose, Ewan. Ils ne viendront pas seuls.
Ewan haussa un sourcil.
— Que veux-tu dire ?
Irina marqua une pause avant de lâcher :
— Ils ont envoyé un chasseur.
Le silence s’épaissit autour d’eux.
Nyx échangea un regard rapide avec Ewan avant de se tourner vers Irina.
— Qui ?
Irina hésita une fraction de seconde avant de répondre :
— Fenrir.
Le nom s’abattit sur eux comme une sentence.
Ewan sentit un frisson parcourir son échine. Fenrir. Le chasseur de l’ombre. La légende disait qu’il était l’exécuteur personnel des Anciens, une créature aussi impitoyable qu’implacable.
— C’est impossible, murmura Ewan. Il n’a pas été vu depuis des siècles.
— Parce qu’il n’a jamais eu besoin de l’être, répliqua Irina. Jusqu’à aujourd’hui.
Le poids de la révélation s’abattit sur lui.
Ils ne faisaient pas que le surveiller.
Ils l’avaient condamné.
Nyx recula d’un pas, ses pupilles fendues se contractant.
— Fenrir… Est-ce un loup ?
Irina hocha lentement la tête.
— Pas seulement.
Ewan sentit son cœur s’accélérer.
— Il n’est pas un loup-garou ordinaire… c’est un ancien. Un loup primordial, bien plus puissant que n’importe lequel d’entre nous.
Nyx croisa les bras, son esprit déjà en train d’analyser la situation.
— Combien de temps avons-nous avant qu’il ne nous trouve ?
Irina jeta un regard vers le ciel, où la lune déclinait lentement à l’ouest.
— Trois jours. Peut-être moins.
Ewan serra les poings.
— Alors nous devons nous préparer.
Nyx et Irina échangèrent un dernier regard avant d’acquiescer.
Ils savaient tous les trois que l’heure n’était plus aux hésitations.
Le combat à venir n’allait pas seulement déterminer leur survie.
Il allait sceller leur destin.
La nuit était tombée, enveloppant la forêt d’un silence oppressant. Même le vent semblait retenir son souffle, comme si la nature elle-même pressentait l’arrivée d’un mal ancien.
Ewan, Nyx et Irina s’étaient regroupés autour d’un feu discret, à l’abri des regards. Leur sanctuaire temporaire, un ancien temple en ruines enfoui sous la végétation, était un vestige d’un temps oublié, marqué par les symboles des Anciens.
Ils n’avaient que trois jours. Peut-être moins.
— Fenrir… murmura Nyx en fixant les flammes. Un loup primordial. J’ai entendu des légendes à son sujet.
Irina, adossée à un mur de pierre effrité, haussa un sourcil.
— Des légendes ?
Nyx hocha la tête.
— Dans mon clan, on racontait qu’il n’était pas seulement un exécuteur. C’était un fléau. Un être créé pour éradiquer ceux qui menaçaient l’ordre établi.
Ewan serra les poings.
— Alors pourquoi n’a-t-il jamais été envoyé contre moi avant ?
Irina le regarda, son expression grave.
— Parce que jusqu’à présent, tu n’étais pas une menace.
Un silence pesant s’installa. C’était une vérité difficile à avaler, mais Ewan ne pouvait pas la nier. Sa rencontre avec Nyx, la prophétie, son choix de ne plus fuir… tout cela avait éveillé l’attention des Anciens.
— Que sait-on de lui ? demanda-t-il finalement. Ses forces, ses faiblesses ?
Irina soupira.
— Peu de choses. Personne n’a jamais survécu assez longtemps pour témoigner. Mais on raconte qu’il est différent des autres loups-garous. Plus grand, plus rapide… et surtout, qu’il n’a jamais été humain.
Ewan sentit un frisson remonter le long de son échine.
— Jamais humain…
Irina hocha la tête.
— Il ne pense pas comme nous. Il n’a pas nos doutes, nos conflits internes. Il est né pour chasser et tuer.
Nyx fronça les sourcils.
— Chaque créature a une faille. Même un chasseur aussi redoutable.
Irina croisa les bras, son regard se durcissant.
— Peut-être. Mais encore faut-il la trouver avant qu’il ne nous trouve.
Un craquement retentit soudain dans l’obscurité.
Instantanément, Ewan et Nyx se figèrent, leurs instincts en alerte.
— Il est déjà là, murmura Nyx.
Ewan huma l’air. L’odeur était subtile, presque imperceptible, mais elle était là. Un mélange de terre humide, de cendres… et d’un pouvoir ancien, oppressant.
— Dispersez-vous, ordonna-t-il à voix basse. Ne restez pas à découvert.
Irina se fondit dans l’ombre du temple tandis que Nyx disparaissait parmi les ruines. Ewan, lui, resta immobile, chaque muscle tendu.
Le silence était absolu.
Puis, une voix s’éleva, grave, presque rauque.
— Ewan.
Le loup-garou sentit un frisson parcourir son corps. Cette voix… elle portait une autorité indiscutable, une présence qui écrasait l’air autour de lui.
Lentement, il se tourna.
Une silhouette se détacha des ténèbres.
Grand. Immense. Son pelage d’un noir d’encre semblait absorber la lumière de la lune. Ses yeux, d’un jaune intense, ne reflétaient aucune émotion.
Fenrir.
— Tu as grandi, poursuivit le chasseur. Mais as-tu changé ?
Ewan serra les poings.
— Je ne suis plus le même.
Fenrir inclina légèrement la tête, comme un prédateur jaugeant sa proie.
— Montre-moi.
Et sans autre avertissement, il attaqua.
Ewan La nuit s’étire comme un voile sombre au-dessus de la forêt, et pourtant, l'obscurité me semble plus dense que d'habitude. Chaque bruissement, chaque souffle du vent contre les feuillages me paraît amplifié, chargé d’une tension invisible qui fait vibrer l’air autour de moi.Je marche à pas feutrés, l’instinct en alerte. Je devrais être habitué aux ténèbres, mais ce soir, elles ont une consistance différente. Presque vivante. Une menace silencieuse rampe sous ma peau, me poussant à scruter les ombres entre les arbres noueux.L’odeur de la mousse humide et du bois en décomposition m’emplit les narines. Pourtant, une autre fragrance flotte dans l’air, plus subtile, plus enivrante. Un mélange de terre et de pluie, de mystère et de sauvagerie.Mon cœur se serre sans raison. Cette odeur… Je ne la connais pas, et pourtant, elle m’attire d’une manière inexplicable.Un frisson me parcourt l’échine, un signal d’alarme ancré dans mes os. Ce n’est pas de la peur. Non, c’est autre chose, qu
La nuit enveloppe la forêt d’un voile d’ombre impénétrable. Le silence y est presque religieux, troublé uniquement par le bruissement des feuilles et le murmure du vent à travers les branches noueuses. Pourtant, ce n’est pas ce silence qui me perturbe.C’est elle.Je ne la vois pas, mais je la sens.Depuis cette nuit où nos corps se sont heurtés dans une danse sauvage, elle hante chacun de mes pas. Je peux encore sentir la chaleur de son souffle sur ma peau, la tension qui vibrait entre nous, cette étrange connexion qui m’a ébranlé jusqu’à la moelle.J’aurais dû m’éloigner.J’aurais dû fuir.Mais mes pas m’ont ramené ici, encore et encore, comme si une force invisible me tirait vers ce lieu maudit.Pourquoi ?Je serre les poings, frustré par ce feu qui me ronge de l’intérieur. Ce n’est pas normal. Ce n’est pas moi. Je suis un loup, un guerrier. Pas un homme qui se laisse troubler par un simple regard.Un regard d’or, brûlant et insondable.Un frisson me parcourt l’échine à ce souvenir
Le nom résonne en moi comme une vérité oubliée. Nyx.Je ne sais pas pourquoi ce mot me semble aussi naturel, comme s’il faisait partie de moi depuis toujours. Il s’insinue dans mon esprit, s’accroche à mes pensées, refusant de s’effacer. Alors, dans un souffle à peine audible, je le murmure.— Nyx…La réaction est immédiate.La panthère noire, jusque-là figée devant moi, tressaille légèrement. Ses yeux d’or s’agrandissent d’une lueur indéchiffrable, et je peux voir ses muscles se tendre sous son pelage d’encre.Elle a entendu.Elle a compris.Mon cœur bat plus fort. Une chaleur étrange s’étend dans ma poitrine, brûlante et insaisissable. Ce n’est pas une simple bête. Ce n’est pas un simple hasard.Nous sommes liés.D’une manière que je ne peux pas encore expliquer.Un vent glacé s’engouffre entre les arbres, soulevant les feuilles mortes qui tourbillonnent autour de nous. L’instant est suspendu, irréel.Nyx ne bouge pas.Je non plus.Nous nous observons, figés dans cet entre-deux, com
La nuit s’étire, interminable, et pourtant, je n’ai aucune envie de dormir. Mon corps est épuisé, mais mon esprit est en alerte. Chaque battement de mon cœur pulse à un rythme irrégulier, écho d’une sensation que je ne parviens pas à nommer.Nyx.Je ne comprends pas ce qui m’arrive.Cette panthère… Non, cette femme, car je le sais maintenant, elle n’est pas une simple bête. Quelque chose en elle me trouble, me chamboule, me consume.Je passe une main sur mon visage, inspirant profondément.Je devrais partir. M’éloigner de cette forêt maudite, de cette attraction étrange qui me retient ici.Mais je n’en ai pas la force.Alors je reste là, allongé sur le sol humide, les yeux rivés sur le ciel nocturne. La lune brille haut au-dessus des arbres, sa lumière argentée peignant des ombres mouvantes autour de moi.Et dans ces ombres…Je sens sa présence.Je ne bouge pas, mais mes sens sont en alerte.Elle est proche.Je la devine dans l’obscurité, tapie entre les branches, silencieuse, me rega
Ewan La fraîcheur de la nuit enveloppe la clairière. L’herbe humide colle à ma peau, et un frisson me parcourt alors que je reprends mon souffle. Mon corps est encore endolori, engourdi par la transformation qui vient de s’achever.Je m’assois lentement, sentant mes muscles protester sous le poids de l’effort. Une main tremblante passe sur mon visage, essuyant la sueur froide qui perle sur mon front. Autour de moi, la forêt semble figée, baignée par la lumière spectrale de la lune qui filtre à travers les branches entrelacées.Tout est silencieux. Trop silencieux.D’habitude, après une nuit comme celle-ci, l’odeur du sang flotte dans l’air, m’enveloppant comme un parfum macabre. J’ai appris à reconnaître ce goût métallique sur ma langue, cet arrière-goût de violence incontrôlée. Mais cette fois… rien.Je plisse les yeux, cherchant dans ma mémoire les fragments épars de la nuit passée. Ai-je vraiment réussi à me contrôler ? L’idée est à la fois exaltante et terrifiante.Un bruissement
La nuit était lourde, chargée d’une tension palpable. Le hurlement qui avait déchiré le silence résonnait encore dans l’air, comme une menace suspendue au-dessus d’eux. Ewan et Nyx échangèrent un regard. Il n’y avait plus de temps pour les questions.— Ils arrivent.Nyx bondit sur un rocher voisin, scrutant l’obscurité. Ses yeux dorés brillaient comme deux éclats de lune.— Combien sont-ils ? demanda Ewan en serrant les poings.Il sentait déjà son corps frémir, la bête en lui répondant à l’appel du sang.— Au moins trois… peut-être quatre. Ils avancent en meute.Ewan grinça des dents.— Ils sentent ma présence. Ils savent que je suis ici.Nyx ne quitta pas les bois du regard.— Et toi, que ressens-tu ?Ewan prit une profonde inspiration. Il pouvait sentir leurs odeurs distinctes, un mélange de fourrure humide et de fureur contenue. Il percevait leur excitation, leur faim. Ils ne venaient pas en amis.— Ce sont des traqueurs. Ils testent mon territoire… ils veulent voir si je suis faib
La brume du matin s’attardait encore dans la clairière, enveloppant les arbres d’un voile spectral. L’air était lourd des effluves du combat, un mélange de terre retournée, de sueur et du fer du sang séché. Ewan sentait encore les frissons de sa transformation, l’écho du loup résonnant en lui alors que son corps retrouvait lentement sa forme humaine.Nyx ne disait rien. Elle observait, immobile, perchée sur un rocher, ses yeux d’or fixés sur lui comme si elle cherchait à sonder l’impact de cette nuit sur son âme.— Tu es plus fort que ce que tu croyais, murmura-t-elle finalement.Ewan passa une main sur son visage, essuyant la sueur et les traces du combat. Ses muscles étaient encore tendus sous l’effet de l’adrénaline, et son souffle court.— Je ne sais pas si c’est une force ou une malédiction.Nyx sauta souplement à terre et s’approcha de lui, ses mouvements aussi fluides que ceux d’un fauve en chasse.— Pourquoi crois-tu que ce doit être l’un ou l’autre ?Ewan tourna la tête vers
La nuit s’étire, interminable, et pourtant, je n’ai aucune envie de dormir. Mon corps est épuisé, mais mon esprit est en alerte. Chaque battement de mon cœur pulse à un rythme irrégulier, écho d’une sensation que je ne parviens pas à nommer.Nyx.Je ne comprends pas ce qui m’arrive.Cette panthère… Non, cette femme, car je le sais maintenant, elle n’est pas une simple bête. Quelque chose en elle me trouble, me chamboule, me consume.Je passe une main sur mon visage, inspirant profondément.Je devrais partir. M’éloigner de cette forêt maudite, de cette attraction étrange qui me retient ici.Mais je n’en ai pas la force.Alors je reste là, allongé sur le sol humide, les yeux rivés sur le ciel nocturne. La lune brille haut au-dessus des arbres, sa lumière argentée peignant des ombres mouvantes autour de moi.Et dans ces ombres…Je sens sa présence.Je ne bouge pas, mais mes sens sont en alerte.Elle est proche.Je la devine dans l’obscurité, tapie entre les branches, silencieuse, me rega
Le nom résonne en moi comme une vérité oubliée. Nyx.Je ne sais pas pourquoi ce mot me semble aussi naturel, comme s’il faisait partie de moi depuis toujours. Il s’insinue dans mon esprit, s’accroche à mes pensées, refusant de s’effacer. Alors, dans un souffle à peine audible, je le murmure.— Nyx…La réaction est immédiate.La panthère noire, jusque-là figée devant moi, tressaille légèrement. Ses yeux d’or s’agrandissent d’une lueur indéchiffrable, et je peux voir ses muscles se tendre sous son pelage d’encre.Elle a entendu.Elle a compris.Mon cœur bat plus fort. Une chaleur étrange s’étend dans ma poitrine, brûlante et insaisissable. Ce n’est pas une simple bête. Ce n’est pas un simple hasard.Nous sommes liés.D’une manière que je ne peux pas encore expliquer.Un vent glacé s’engouffre entre les arbres, soulevant les feuilles mortes qui tourbillonnent autour de nous. L’instant est suspendu, irréel.Nyx ne bouge pas.Je non plus.Nous nous observons, figés dans cet entre-deux, com
La nuit enveloppe la forêt d’un voile d’ombre impénétrable. Le silence y est presque religieux, troublé uniquement par le bruissement des feuilles et le murmure du vent à travers les branches noueuses. Pourtant, ce n’est pas ce silence qui me perturbe.C’est elle.Je ne la vois pas, mais je la sens.Depuis cette nuit où nos corps se sont heurtés dans une danse sauvage, elle hante chacun de mes pas. Je peux encore sentir la chaleur de son souffle sur ma peau, la tension qui vibrait entre nous, cette étrange connexion qui m’a ébranlé jusqu’à la moelle.J’aurais dû m’éloigner.J’aurais dû fuir.Mais mes pas m’ont ramené ici, encore et encore, comme si une force invisible me tirait vers ce lieu maudit.Pourquoi ?Je serre les poings, frustré par ce feu qui me ronge de l’intérieur. Ce n’est pas normal. Ce n’est pas moi. Je suis un loup, un guerrier. Pas un homme qui se laisse troubler par un simple regard.Un regard d’or, brûlant et insondable.Un frisson me parcourt l’échine à ce souvenir
Ewan La nuit s’étire comme un voile sombre au-dessus de la forêt, et pourtant, l'obscurité me semble plus dense que d'habitude. Chaque bruissement, chaque souffle du vent contre les feuillages me paraît amplifié, chargé d’une tension invisible qui fait vibrer l’air autour de moi.Je marche à pas feutrés, l’instinct en alerte. Je devrais être habitué aux ténèbres, mais ce soir, elles ont une consistance différente. Presque vivante. Une menace silencieuse rampe sous ma peau, me poussant à scruter les ombres entre les arbres noueux.L’odeur de la mousse humide et du bois en décomposition m’emplit les narines. Pourtant, une autre fragrance flotte dans l’air, plus subtile, plus enivrante. Un mélange de terre et de pluie, de mystère et de sauvagerie.Mon cœur se serre sans raison. Cette odeur… Je ne la connais pas, et pourtant, elle m’attire d’une manière inexplicable.Un frisson me parcourt l’échine, un signal d’alarme ancré dans mes os. Ce n’est pas de la peur. Non, c’est autre chose, qu
Ewan Le vent s’était levé, fouettant les arbres et faisant onduler les ombres dans la clairière. L’odeur de la terre humide et du sang séché flottait encore dans l’air, vestige du combat de la nuit précédente. Mais à présent, une menace bien plus grande pesait sur eux.Ewan fixait toujours le parchemin qu’Irina lui avait tendu. Ces mots, tracés à l’encre noire, pesaient sur lui comme une sentence."Le Loup Maudit doit plier le genou, ou disparaître."Il savait que ce moment finirait par arriver. Depuis son enfance, il avait entendu les murmures sur sa lignée, sur la malédiction qui pesait sur son sang. Mais il avait choisi de l’ignorer, de se fondre dans l’ombre et d’échapper à ce destin tout tracé.Plus maintenant.Nyx s’approcha doucement, son regard brillant de cette intelligence féline qui ne la quittait jamais.— Tu ne comptes pas fuir, dit-elle simplement.Sa voix était calme, mais il y avait un défi dans ses yeux, comme si elle testait sa résolution.Ewan releva la tête vers e
La brume du matin s’attardait encore dans la clairière, enveloppant les arbres d’un voile spectral. L’air était lourd des effluves du combat, un mélange de terre retournée, de sueur et du fer du sang séché. Ewan sentait encore les frissons de sa transformation, l’écho du loup résonnant en lui alors que son corps retrouvait lentement sa forme humaine.Nyx ne disait rien. Elle observait, immobile, perchée sur un rocher, ses yeux d’or fixés sur lui comme si elle cherchait à sonder l’impact de cette nuit sur son âme.— Tu es plus fort que ce que tu croyais, murmura-t-elle finalement.Ewan passa une main sur son visage, essuyant la sueur et les traces du combat. Ses muscles étaient encore tendus sous l’effet de l’adrénaline, et son souffle court.— Je ne sais pas si c’est une force ou une malédiction.Nyx sauta souplement à terre et s’approcha de lui, ses mouvements aussi fluides que ceux d’un fauve en chasse.— Pourquoi crois-tu que ce doit être l’un ou l’autre ?Ewan tourna la tête vers
La nuit était lourde, chargée d’une tension palpable. Le hurlement qui avait déchiré le silence résonnait encore dans l’air, comme une menace suspendue au-dessus d’eux. Ewan et Nyx échangèrent un regard. Il n’y avait plus de temps pour les questions.— Ils arrivent.Nyx bondit sur un rocher voisin, scrutant l’obscurité. Ses yeux dorés brillaient comme deux éclats de lune.— Combien sont-ils ? demanda Ewan en serrant les poings.Il sentait déjà son corps frémir, la bête en lui répondant à l’appel du sang.— Au moins trois… peut-être quatre. Ils avancent en meute.Ewan grinça des dents.— Ils sentent ma présence. Ils savent que je suis ici.Nyx ne quitta pas les bois du regard.— Et toi, que ressens-tu ?Ewan prit une profonde inspiration. Il pouvait sentir leurs odeurs distinctes, un mélange de fourrure humide et de fureur contenue. Il percevait leur excitation, leur faim. Ils ne venaient pas en amis.— Ce sont des traqueurs. Ils testent mon territoire… ils veulent voir si je suis faib
Ewan La fraîcheur de la nuit enveloppe la clairière. L’herbe humide colle à ma peau, et un frisson me parcourt alors que je reprends mon souffle. Mon corps est encore endolori, engourdi par la transformation qui vient de s’achever.Je m’assois lentement, sentant mes muscles protester sous le poids de l’effort. Une main tremblante passe sur mon visage, essuyant la sueur froide qui perle sur mon front. Autour de moi, la forêt semble figée, baignée par la lumière spectrale de la lune qui filtre à travers les branches entrelacées.Tout est silencieux. Trop silencieux.D’habitude, après une nuit comme celle-ci, l’odeur du sang flotte dans l’air, m’enveloppant comme un parfum macabre. J’ai appris à reconnaître ce goût métallique sur ma langue, cet arrière-goût de violence incontrôlée. Mais cette fois… rien.Je plisse les yeux, cherchant dans ma mémoire les fragments épars de la nuit passée. Ai-je vraiment réussi à me contrôler ? L’idée est à la fois exaltante et terrifiante.Un bruissement