Le nom résonne en moi comme une vérité oubliée. Nyx.
Je ne sais pas pourquoi ce mot me semble aussi naturel, comme s’il faisait partie de moi depuis toujours. Il s’insinue dans mon esprit, s’accroche à mes pensées, refusant de s’effacer. Alors, dans un souffle à peine audible, je le murmure.
— Nyx…
La réaction est immédiate.
La panthère noire, jusque-là figée devant moi, tressaille légèrement. Ses yeux d’or s’agrandissent d’une lueur indéchiffrable, et je peux voir ses muscles se tendre sous son pelage d’encre.
Elle a entendu.
Elle a compris.
Mon cœur bat plus fort. Une chaleur étrange s’étend dans ma poitrine, brûlante et insaisissable. Ce n’est pas une simple bête. Ce n’est pas un simple hasard.
Nous sommes liés.
D’une manière que je ne peux pas encore expliquer.
Un vent glacé s’engouffre entre les arbres, soulevant les feuilles mortes qui tourbillonnent autour de nous. L’instant est suspendu, irréel.
Nyx ne bouge pas.
Je non plus.
Nous nous observons, figés dans cet entre-deux, comme si nous étions les seuls êtres vivants sur cette terre.
Puis, lentement, presque à contrecœur, elle détourne le regard. Son corps tendu se relâche légèrement, et elle fait un pas en arrière.
Non.
Je ne veux pas qu’elle parte.
Un instinct primitif s’empare de moi, et avant même de réfléchir, je tends une main vers elle.
Erreur.
Elle feule, un son rauque qui fait vibrer l’air entre nous. Ses pupilles se dilatent, et en un éclair, elle bondit.
Tout va trop vite.
Je roule sur le côté, évitant de justesse l’attaque. Un battement de cœur plus tard, elle est déjà sur moi.
Son poids m’écrase, sa respiration brûlante s’écrase contre ma peau.
Je pourrais me défendre.
Je pourrais riposter.
Mais je ne fais rien.
Je la laisse faire.
Parce que, pour une raison qui m’échappe, je sais qu’elle ne me tuera pas.
La tension entre nous est insupportable. Je ressens chaque vibration de son corps, chaque frémissement de ses muscles contre les miens. Son souffle effleure ma gorge, et un frisson me traverse.
Son regard me transperce.
Et puis, quelque chose change.
Elle tremble.
Un battement de paupières.
Une hésitation.
Son museau frôle mon cou, non plus comme une menace, mais comme une caresse.
Je retiens mon souffle.
Que se passe-t-il ?
Pourquoi cette sensation m’est-elle si… familière ?
Un souvenir, fugace, surgit au fond de mon esprit. Une sensation, une étreinte, un murmure au creux de mon oreille.
Une voix.
« Je te retrouverai, toujours. »
Une douleur vive me traverse la tête, et j’écrase mes paupières, incapable de respirer.
Nyx s’éloigne brusquement.
Je rouvre les yeux juste à temps pour voir son ombre disparaître dans les ténèbres.
Et cette fois, je ne peux plus me mentir.
Ce n’est pas une simple bête.
Ce n’est pas un simple combat.
C’est un passé qui refait surface.
Et il me réclame.
Je reste immobile, allongé sur le sol froid de la forêt, la poitrine soulevée par une respiration erratique. Le choc de cette rencontre pulse encore dans mes veines, et pourtant, je ressens une étrange langueur, comme si mon corps lui-même regrettait son absence.
Pourquoi ai-je murmuré ce nom ?
Pourquoi résonne-t-il en moi comme un écho d’une autre vie ?
Ma main tremble légèrement lorsque je la pose sur ma gorge, là où elle aurait pu m’arracher la vie en un instant. Mais elle ne l’a pas fait.
Elle s’est contentée de me regarder.
De me sonder.
Comme si elle cherchait quelque chose en moi.
Comme si elle me connaissait déjà.
Un frisson parcourt mon échine.
Cette connexion, cette tension inexplicable… Ce n’était pas normal.
Je me redresse lentement, mes muscles protestant contre l’effort. La nuit autour de moi semble plus lourde, plus intense, comme si elle était imprégnée de cette présence qui vient de disparaître.
Je devrais partir.
Je devrais fuir cette forêt et ne jamais revenir.
Mais au fond de moi, je sais déjà que c’est impossible.
Je suis lié à elle.
Que je le veuille ou non.
Je laisse échapper un rire sans joie, le souffle court.
— Putain… qu’est-ce qui m’arrive ?
Mon propre murmure se perd dans l’obscurité, mais aucune réponse ne vient.
Juste le silence.
Juste cette brûlure persistante dans ma poitrine, ce vide que je ne savais pas porter avant de l’avoir vue.
Avant d’avoir murmuré son nom.
Nyx.
Je me relève enfin, la tête encore embrumée par trop de questions.
Mais une chose est sûre.
Ce n’est que le début.
Le murmure de la Lune
Le vent s’est levé dans la forêt, agitant les feuillages dans une symphonie d’ombres mouvantes. Chaque bruissement me semble amplifié, chaque craquement de branche sous mes pas résonne comme un avertissement. Pourtant, ce n’est pas la peur qui guide mes mouvements.
C’est elle.
Nyx.
Son nom ne quitte plus mon esprit. Il se faufile dans mes pensées, s’insinue sous ma peau comme une chaleur troublante. Il pulse au rythme de mon cœur, un battement sourd qui me pousse à avancer, à la chercher, encore et encore.
Pourquoi ?
Pourquoi cette obsession soudaine ?
Je devrais partir. Je le sais. Rester ici est une folie. Ce territoire n’est pas le mien.
Et pourtant…
Mes pas me ramènent exactement là où tout a commencé.
Là où elle m’a regardé comme si elle me connaissait.
Là où elle a hésité à me tuer.
Je passe une main sur mon visage, tentant de reprendre mon souffle. Mes pensées sont un chaos, un mélange d’instinct et de raison qui se livrent un combat sans merci.
Je devrais fuir.
Mais au fond de moi, je sais déjà que c’est impossible.
Un bruissement me tire de mes pensées.
Je me fige.
Mes sens se tendent, captant chaque vibration de l’air, chaque odeur portée par le vent.
Elle est là.
Je le sens.
Lentement, je me retourne, mon cœur battant plus fort.
Et je la vois.
Perchée sur un rocher, sa silhouette découpée par la lueur argentée de la lune. Son pelage noir reflète la lumière dans un éclat presque irréel, et ses yeux d’or me transpercent, brûlants, insondables.
Nous nous observons sans un mot, sans un mouvement.
Le temps semble s’arrêter.
Puis, elle saute.
Je ne bouge pas.
Je devrais fuir, me préparer à me défendre.
Mais je reste là, ancré sur place, incapable de détourner le regard.
Elle avance vers moi, lente, féline, dangereuse. Chaque pas est une promesse silencieuse, un avertissement voilé.
Je retiens mon souffle.
Puis, elle s’arrête.
À quelques mètres seulement.
Si proche que je peux sentir la chaleur qui émane d’elle.
Un frisson me parcourt.
Nous restons ainsi un long moment, à nous jauger, à nous défier du regard.
Puis, contre toute attente, elle s’approche encore.
Mon cœur manque un battement.
Son museau frôle ma main.
Un contact infime, presque irréel.
Et à cet instant précis, quelque chose en moi cède.
Un souvenir éclate dans mon esprit, une image floue, fugace.
Un rire.
Des murmures sous la lune.
Des mains qui se cherchent, des cœurs qui battent à l’unisson.
Je ferme les yeux, submergé par une sensation étrange.
Et lorsque je les rouvre…
Nyx n’est plus là.
Seul le vent porte encore son parfum, et avec lui, une certitude qui me brûle la peau.
Nous nous sommes déjà connus.
Dans une autre vie.
Et maintenant, le destin nous ramène l’un vers l’autre.
Que je le veuille… ou non.
La nuit s’étire, interminable, et pourtant, je n’ai aucune envie de dormir. Mon corps est épuisé, mais mon esprit est en alerte. Chaque battement de mon cœur pulse à un rythme irrégulier, écho d’une sensation que je ne parviens pas à nommer.Nyx.Je ne comprends pas ce qui m’arrive.Cette panthère… Non, cette femme, car je le sais maintenant, elle n’est pas une simple bête. Quelque chose en elle me trouble, me chamboule, me consume.Je passe une main sur mon visage, inspirant profondément.Je devrais partir. M’éloigner de cette forêt maudite, de cette attraction étrange qui me retient ici.Mais je n’en ai pas la force.Alors je reste là, allongé sur le sol humide, les yeux rivés sur le ciel nocturne. La lune brille haut au-dessus des arbres, sa lumière argentée peignant des ombres mouvantes autour de moi.Et dans ces ombres…Je sens sa présence.Je ne bouge pas, mais mes sens sont en alerte.Elle est proche.Je la devine dans l’obscurité, tapie entre les branches, silencieuse, me rega
Ewan La fraîcheur de la nuit enveloppe la clairière. L’herbe humide colle à ma peau, et un frisson me parcourt alors que je reprends mon souffle. Mon corps est encore endolori, engourdi par la transformation qui vient de s’achever.Je m’assois lentement, sentant mes muscles protester sous le poids de l’effort. Une main tremblante passe sur mon visage, essuyant la sueur froide qui perle sur mon front. Autour de moi, la forêt semble figée, baignée par la lumière spectrale de la lune qui filtre à travers les branches entrelacées.Tout est silencieux. Trop silencieux.D’habitude, après une nuit comme celle-ci, l’odeur du sang flotte dans l’air, m’enveloppant comme un parfum macabre. J’ai appris à reconnaître ce goût métallique sur ma langue, cet arrière-goût de violence incontrôlée. Mais cette fois… rien.Je plisse les yeux, cherchant dans ma mémoire les fragments épars de la nuit passée. Ai-je vraiment réussi à me contrôler ? L’idée est à la fois exaltante et terrifiante.Un bruissement
La nuit était lourde, chargée d’une tension palpable. Le hurlement qui avait déchiré le silence résonnait encore dans l’air, comme une menace suspendue au-dessus d’eux. Ewan et Nyx échangèrent un regard. Il n’y avait plus de temps pour les questions.— Ils arrivent.Nyx bondit sur un rocher voisin, scrutant l’obscurité. Ses yeux dorés brillaient comme deux éclats de lune.— Combien sont-ils ? demanda Ewan en serrant les poings.Il sentait déjà son corps frémir, la bête en lui répondant à l’appel du sang.— Au moins trois… peut-être quatre. Ils avancent en meute.Ewan grinça des dents.— Ils sentent ma présence. Ils savent que je suis ici.Nyx ne quitta pas les bois du regard.— Et toi, que ressens-tu ?Ewan prit une profonde inspiration. Il pouvait sentir leurs odeurs distinctes, un mélange de fourrure humide et de fureur contenue. Il percevait leur excitation, leur faim. Ils ne venaient pas en amis.— Ce sont des traqueurs. Ils testent mon territoire… ils veulent voir si je suis faib
La brume du matin s’attardait encore dans la clairière, enveloppant les arbres d’un voile spectral. L’air était lourd des effluves du combat, un mélange de terre retournée, de sueur et du fer du sang séché. Ewan sentait encore les frissons de sa transformation, l’écho du loup résonnant en lui alors que son corps retrouvait lentement sa forme humaine.Nyx ne disait rien. Elle observait, immobile, perchée sur un rocher, ses yeux d’or fixés sur lui comme si elle cherchait à sonder l’impact de cette nuit sur son âme.— Tu es plus fort que ce que tu croyais, murmura-t-elle finalement.Ewan passa une main sur son visage, essuyant la sueur et les traces du combat. Ses muscles étaient encore tendus sous l’effet de l’adrénaline, et son souffle court.— Je ne sais pas si c’est une force ou une malédiction.Nyx sauta souplement à terre et s’approcha de lui, ses mouvements aussi fluides que ceux d’un fauve en chasse.— Pourquoi crois-tu que ce doit être l’un ou l’autre ?Ewan tourna la tête vers
Ewan Le vent s’était levé, fouettant les arbres et faisant onduler les ombres dans la clairière. L’odeur de la terre humide et du sang séché flottait encore dans l’air, vestige du combat de la nuit précédente. Mais à présent, une menace bien plus grande pesait sur eux.Ewan fixait toujours le parchemin qu’Irina lui avait tendu. Ces mots, tracés à l’encre noire, pesaient sur lui comme une sentence."Le Loup Maudit doit plier le genou, ou disparaître."Il savait que ce moment finirait par arriver. Depuis son enfance, il avait entendu les murmures sur sa lignée, sur la malédiction qui pesait sur son sang. Mais il avait choisi de l’ignorer, de se fondre dans l’ombre et d’échapper à ce destin tout tracé.Plus maintenant.Nyx s’approcha doucement, son regard brillant de cette intelligence féline qui ne la quittait jamais.— Tu ne comptes pas fuir, dit-elle simplement.Sa voix était calme, mais il y avait un défi dans ses yeux, comme si elle testait sa résolution.Ewan releva la tête vers e
Ewan La nuit s’étire comme un voile sombre au-dessus de la forêt, et pourtant, l'obscurité me semble plus dense que d'habitude. Chaque bruissement, chaque souffle du vent contre les feuillages me paraît amplifié, chargé d’une tension invisible qui fait vibrer l’air autour de moi.Je marche à pas feutrés, l’instinct en alerte. Je devrais être habitué aux ténèbres, mais ce soir, elles ont une consistance différente. Presque vivante. Une menace silencieuse rampe sous ma peau, me poussant à scruter les ombres entre les arbres noueux.L’odeur de la mousse humide et du bois en décomposition m’emplit les narines. Pourtant, une autre fragrance flotte dans l’air, plus subtile, plus enivrante. Un mélange de terre et de pluie, de mystère et de sauvagerie.Mon cœur se serre sans raison. Cette odeur… Je ne la connais pas, et pourtant, elle m’attire d’une manière inexplicable.Un frisson me parcourt l’échine, un signal d’alarme ancré dans mes os. Ce n’est pas de la peur. Non, c’est autre chose, qu
La nuit enveloppe la forêt d’un voile d’ombre impénétrable. Le silence y est presque religieux, troublé uniquement par le bruissement des feuilles et le murmure du vent à travers les branches noueuses. Pourtant, ce n’est pas ce silence qui me perturbe.C’est elle.Je ne la vois pas, mais je la sens.Depuis cette nuit où nos corps se sont heurtés dans une danse sauvage, elle hante chacun de mes pas. Je peux encore sentir la chaleur de son souffle sur ma peau, la tension qui vibrait entre nous, cette étrange connexion qui m’a ébranlé jusqu’à la moelle.J’aurais dû m’éloigner.J’aurais dû fuir.Mais mes pas m’ont ramené ici, encore et encore, comme si une force invisible me tirait vers ce lieu maudit.Pourquoi ?Je serre les poings, frustré par ce feu qui me ronge de l’intérieur. Ce n’est pas normal. Ce n’est pas moi. Je suis un loup, un guerrier. Pas un homme qui se laisse troubler par un simple regard.Un regard d’or, brûlant et insondable.Un frisson me parcourt l’échine à ce souvenir
La nuit s’étire, interminable, et pourtant, je n’ai aucune envie de dormir. Mon corps est épuisé, mais mon esprit est en alerte. Chaque battement de mon cœur pulse à un rythme irrégulier, écho d’une sensation que je ne parviens pas à nommer.Nyx.Je ne comprends pas ce qui m’arrive.Cette panthère… Non, cette femme, car je le sais maintenant, elle n’est pas une simple bête. Quelque chose en elle me trouble, me chamboule, me consume.Je passe une main sur mon visage, inspirant profondément.Je devrais partir. M’éloigner de cette forêt maudite, de cette attraction étrange qui me retient ici.Mais je n’en ai pas la force.Alors je reste là, allongé sur le sol humide, les yeux rivés sur le ciel nocturne. La lune brille haut au-dessus des arbres, sa lumière argentée peignant des ombres mouvantes autour de moi.Et dans ces ombres…Je sens sa présence.Je ne bouge pas, mais mes sens sont en alerte.Elle est proche.Je la devine dans l’obscurité, tapie entre les branches, silencieuse, me rega
Le nom résonne en moi comme une vérité oubliée. Nyx.Je ne sais pas pourquoi ce mot me semble aussi naturel, comme s’il faisait partie de moi depuis toujours. Il s’insinue dans mon esprit, s’accroche à mes pensées, refusant de s’effacer. Alors, dans un souffle à peine audible, je le murmure.— Nyx…La réaction est immédiate.La panthère noire, jusque-là figée devant moi, tressaille légèrement. Ses yeux d’or s’agrandissent d’une lueur indéchiffrable, et je peux voir ses muscles se tendre sous son pelage d’encre.Elle a entendu.Elle a compris.Mon cœur bat plus fort. Une chaleur étrange s’étend dans ma poitrine, brûlante et insaisissable. Ce n’est pas une simple bête. Ce n’est pas un simple hasard.Nous sommes liés.D’une manière que je ne peux pas encore expliquer.Un vent glacé s’engouffre entre les arbres, soulevant les feuilles mortes qui tourbillonnent autour de nous. L’instant est suspendu, irréel.Nyx ne bouge pas.Je non plus.Nous nous observons, figés dans cet entre-deux, com
La nuit enveloppe la forêt d’un voile d’ombre impénétrable. Le silence y est presque religieux, troublé uniquement par le bruissement des feuilles et le murmure du vent à travers les branches noueuses. Pourtant, ce n’est pas ce silence qui me perturbe.C’est elle.Je ne la vois pas, mais je la sens.Depuis cette nuit où nos corps se sont heurtés dans une danse sauvage, elle hante chacun de mes pas. Je peux encore sentir la chaleur de son souffle sur ma peau, la tension qui vibrait entre nous, cette étrange connexion qui m’a ébranlé jusqu’à la moelle.J’aurais dû m’éloigner.J’aurais dû fuir.Mais mes pas m’ont ramené ici, encore et encore, comme si une force invisible me tirait vers ce lieu maudit.Pourquoi ?Je serre les poings, frustré par ce feu qui me ronge de l’intérieur. Ce n’est pas normal. Ce n’est pas moi. Je suis un loup, un guerrier. Pas un homme qui se laisse troubler par un simple regard.Un regard d’or, brûlant et insondable.Un frisson me parcourt l’échine à ce souvenir
Ewan La nuit s’étire comme un voile sombre au-dessus de la forêt, et pourtant, l'obscurité me semble plus dense que d'habitude. Chaque bruissement, chaque souffle du vent contre les feuillages me paraît amplifié, chargé d’une tension invisible qui fait vibrer l’air autour de moi.Je marche à pas feutrés, l’instinct en alerte. Je devrais être habitué aux ténèbres, mais ce soir, elles ont une consistance différente. Presque vivante. Une menace silencieuse rampe sous ma peau, me poussant à scruter les ombres entre les arbres noueux.L’odeur de la mousse humide et du bois en décomposition m’emplit les narines. Pourtant, une autre fragrance flotte dans l’air, plus subtile, plus enivrante. Un mélange de terre et de pluie, de mystère et de sauvagerie.Mon cœur se serre sans raison. Cette odeur… Je ne la connais pas, et pourtant, elle m’attire d’une manière inexplicable.Un frisson me parcourt l’échine, un signal d’alarme ancré dans mes os. Ce n’est pas de la peur. Non, c’est autre chose, qu
Ewan Le vent s’était levé, fouettant les arbres et faisant onduler les ombres dans la clairière. L’odeur de la terre humide et du sang séché flottait encore dans l’air, vestige du combat de la nuit précédente. Mais à présent, une menace bien plus grande pesait sur eux.Ewan fixait toujours le parchemin qu’Irina lui avait tendu. Ces mots, tracés à l’encre noire, pesaient sur lui comme une sentence."Le Loup Maudit doit plier le genou, ou disparaître."Il savait que ce moment finirait par arriver. Depuis son enfance, il avait entendu les murmures sur sa lignée, sur la malédiction qui pesait sur son sang. Mais il avait choisi de l’ignorer, de se fondre dans l’ombre et d’échapper à ce destin tout tracé.Plus maintenant.Nyx s’approcha doucement, son regard brillant de cette intelligence féline qui ne la quittait jamais.— Tu ne comptes pas fuir, dit-elle simplement.Sa voix était calme, mais il y avait un défi dans ses yeux, comme si elle testait sa résolution.Ewan releva la tête vers e
La brume du matin s’attardait encore dans la clairière, enveloppant les arbres d’un voile spectral. L’air était lourd des effluves du combat, un mélange de terre retournée, de sueur et du fer du sang séché. Ewan sentait encore les frissons de sa transformation, l’écho du loup résonnant en lui alors que son corps retrouvait lentement sa forme humaine.Nyx ne disait rien. Elle observait, immobile, perchée sur un rocher, ses yeux d’or fixés sur lui comme si elle cherchait à sonder l’impact de cette nuit sur son âme.— Tu es plus fort que ce que tu croyais, murmura-t-elle finalement.Ewan passa une main sur son visage, essuyant la sueur et les traces du combat. Ses muscles étaient encore tendus sous l’effet de l’adrénaline, et son souffle court.— Je ne sais pas si c’est une force ou une malédiction.Nyx sauta souplement à terre et s’approcha de lui, ses mouvements aussi fluides que ceux d’un fauve en chasse.— Pourquoi crois-tu que ce doit être l’un ou l’autre ?Ewan tourna la tête vers
La nuit était lourde, chargée d’une tension palpable. Le hurlement qui avait déchiré le silence résonnait encore dans l’air, comme une menace suspendue au-dessus d’eux. Ewan et Nyx échangèrent un regard. Il n’y avait plus de temps pour les questions.— Ils arrivent.Nyx bondit sur un rocher voisin, scrutant l’obscurité. Ses yeux dorés brillaient comme deux éclats de lune.— Combien sont-ils ? demanda Ewan en serrant les poings.Il sentait déjà son corps frémir, la bête en lui répondant à l’appel du sang.— Au moins trois… peut-être quatre. Ils avancent en meute.Ewan grinça des dents.— Ils sentent ma présence. Ils savent que je suis ici.Nyx ne quitta pas les bois du regard.— Et toi, que ressens-tu ?Ewan prit une profonde inspiration. Il pouvait sentir leurs odeurs distinctes, un mélange de fourrure humide et de fureur contenue. Il percevait leur excitation, leur faim. Ils ne venaient pas en amis.— Ce sont des traqueurs. Ils testent mon territoire… ils veulent voir si je suis faib
Ewan La fraîcheur de la nuit enveloppe la clairière. L’herbe humide colle à ma peau, et un frisson me parcourt alors que je reprends mon souffle. Mon corps est encore endolori, engourdi par la transformation qui vient de s’achever.Je m’assois lentement, sentant mes muscles protester sous le poids de l’effort. Une main tremblante passe sur mon visage, essuyant la sueur froide qui perle sur mon front. Autour de moi, la forêt semble figée, baignée par la lumière spectrale de la lune qui filtre à travers les branches entrelacées.Tout est silencieux. Trop silencieux.D’habitude, après une nuit comme celle-ci, l’odeur du sang flotte dans l’air, m’enveloppant comme un parfum macabre. J’ai appris à reconnaître ce goût métallique sur ma langue, cet arrière-goût de violence incontrôlée. Mais cette fois… rien.Je plisse les yeux, cherchant dans ma mémoire les fragments épars de la nuit passée. Ai-je vraiment réussi à me contrôler ? L’idée est à la fois exaltante et terrifiante.Un bruissement