Ewan
La nuit s’étire comme un voile sombre au-dessus de la forêt, et pourtant, l'obscurité me semble plus dense que d'habitude. Chaque bruissement, chaque souffle du vent contre les feuillages me paraît amplifié, chargé d’une tension invisible qui fait vibrer l’air autour de moi.
Je marche à pas feutrés, l’instinct en alerte. Je devrais être habitué aux ténèbres, mais ce soir, elles ont une consistance différente. Presque vivante. Une menace silencieuse rampe sous ma peau, me poussant à scruter les ombres entre les arbres noueux.
L’odeur de la mousse humide et du bois en décomposition m’emplit les narines. Pourtant, une autre fragrance flotte dans l’air, plus subtile, plus enivrante. Un mélange de terre et de pluie, de mystère et de sauvagerie.
Mon cœur se serre sans raison. Cette odeur… Je ne la connais pas, et pourtant, elle m’attire d’une manière inexplicable.
Un frisson me parcourt l’échine, un signal d’alarme ancré dans mes os. Ce n’est pas de la peur. Non, c’est autre chose, quelque chose de plus primal, de plus dérangeant.
Je ne suis pas seul.
Je pivote brusquement, tous muscles tendus, prêt à faire face à une menace invisible. Mais il n’y a rien. Seulement la brise nocturne qui agite paresseusement les hautes herbes, faisant danser des ombres fugitives sur le sol.
Je plisse les yeux, scrutant l’obscurité. Mes oreilles bourdonnent, mon souffle est court.
Et puis, je la sens.
Une présence. Puissante. Insondable.
Mon rythme cardiaque s’accélère sans que je puisse le contrôler. Mon instinct hurle à la fuite, à la prudence. Mais une autre voix en moi me pousse à rester, à affronter l’inconnu.
Alors, je me mets à courir.
Je file entre les troncs, évitant les branches basses, mon corps en parfaite harmonie avec la nuit. L’adrénaline pulse dans mes veines, électrisant chacun de mes nerfs. Je ne sais pas ce que je cherche à prouver, ni ce que j’espère trouver.
Mais je veux savoir.
Un bruissement sur ma gauche.
Je réagis au dernier moment, juste assez vite pour voir une ombre fondre sur moi.
Je roule sur le côté, évitant de justesse l’impact. Une masse noire atterrit là où je me trouvais une seconde plus tôt, soulevant une pluie de feuilles mortes. Un grondement sourd emplit l’air, vibrant jusque dans ma poitrine.
Je me redresse d’un bond, les crocs découverts, le souffle haché.
Et je la vois.
Mon cœur rate un battement.
Une panthère noire, massive, majestueuse, plus grande que toutes celles que j’ai pu voir dans ma vie. Son pelage d’encre ondule sous la lueur spectrale de la lune, absorbant la lumière comme un abîme vivant.
Mais ce sont ses yeux qui me clouent sur place.
D’un doré incandescent, hypnotiques, presque irréels.
Ils me transpercent, sondent chaque recoin de mon âme avec une intensité brûlante.
Nous nous fixons un instant qui semble durer une éternité. Un duel silencieux, une bataille qui dépasse les mots et la logique.
Puis, elle attaque.
Un éclair noir se précipite sur moi. Je pare de justesse son premier assaut, roulant sur le sol avant de me redresser d’un bond.
Elle est rapide. Trop rapide.
Chaque mouvement est fluide, calculé, précis. Une danse mortelle où je suis à la traîne.
J’essaie de riposter, mais elle esquive avec une aisance presque insultante. Je n’ai jamais combattu un adversaire comme elle.
Un grondement m’échappe. L’excitation se mêle à la frustration.
Elle tourne autour de moi, silencieuse, féline, comme si elle évaluait mes réactions. Comme si elle attendait quelque chose.
Je l’observe à mon tour, cherchant une faille, un instant d’hésitation. Mais il n’y en a pas.
Elle est parfaite.
Un prédateur né.
Un frisson me parcourt. Ce combat ne ressemble à aucun autre. Il y a quelque chose d’étrange entre nous, une tension qui ne devrait pas exister. Une attraction insidieuse, primitive.
Elle bondit à nouveau, et cette fois, je contre.
Nos corps s’entrelacent dans une lutte sauvage, un ballet instinctif. Mes griffes frôlent son flanc sans l’atteindre, tandis que ses crocs claquent à quelques centimètres de ma gorge. Nous tournoyons, feulons, grognons.
Le monde autour de nous disparaît.
Il n’y a plus que cette danse, ce jeu d’ombres et de souffles saccadés.
Et puis, d’un mouvement éclatant de puissance, elle me plaque au sol.
Je me raidis, figé sous son poids. Son souffle brûlant caresse mon visage. Son pelage est froid contre ma peau enfiévrée.
Son regard plonge dans le mien.
Quelque chose explose en moi.
Une chaleur violente, incontrôlable.
Je devrais me débattre. Je devrais réagir. Mais je reste là, captif, hypnotisé par la flamme dans ses prunelles.
Elle ne me tue pas.
Au lieu de ça, elle m’observe avec une intensité troublante, comme si elle me sondait, comme si elle cherchait quelque chose au plus profond de moi.
Un frémissement parcourt son corps.
Et l’espace d’un instant, j’ai l’impression que son regard change.
Qu’il devient plus humain.
Mon souffle se bloque dans ma gorge. Une vague de souvenirs flous me traverse, un écho d’une vie que je ne reconnais pas.
Je tente de parler, mais aucun son ne sort.
Son expression se durcit.
Puis, sans un bruit, elle recule brusquement et disparaît dans l’ombre.
Je reste là, haletant, le cœur battant contre ma poitrine comme un tambour de guerre.
La terre humide s’incruste sous mes ongles tandis que je serre les poings.
Qu’est-ce que c’était ?
Pourquoi ai-je la sensation qu’e
lle vient de me voler quelque chose d’essentiel ?
Et surtout…
Pourquoi ai-je l’impression qu’elle me manque déjà ?
La nuit enveloppe la forêt d’un voile d’ombre impénétrable. Le silence y est presque religieux, troublé uniquement par le bruissement des feuilles et le murmure du vent à travers les branches noueuses. Pourtant, ce n’est pas ce silence qui me perturbe.C’est elle.Je ne la vois pas, mais je la sens.Depuis cette nuit où nos corps se sont heurtés dans une danse sauvage, elle hante chacun de mes pas. Je peux encore sentir la chaleur de son souffle sur ma peau, la tension qui vibrait entre nous, cette étrange connexion qui m’a ébranlé jusqu’à la moelle.J’aurais dû m’éloigner.J’aurais dû fuir.Mais mes pas m’ont ramené ici, encore et encore, comme si une force invisible me tirait vers ce lieu maudit.Pourquoi ?Je serre les poings, frustré par ce feu qui me ronge de l’intérieur. Ce n’est pas normal. Ce n’est pas moi. Je suis un loup, un guerrier. Pas un homme qui se laisse troubler par un simple regard.Un regard d’or, brûlant et insondable.Un frisson me parcourt l’échine à ce souvenir
Le nom résonne en moi comme une vérité oubliée. Nyx.Je ne sais pas pourquoi ce mot me semble aussi naturel, comme s’il faisait partie de moi depuis toujours. Il s’insinue dans mon esprit, s’accroche à mes pensées, refusant de s’effacer. Alors, dans un souffle à peine audible, je le murmure.— Nyx…La réaction est immédiate.La panthère noire, jusque-là figée devant moi, tressaille légèrement. Ses yeux d’or s’agrandissent d’une lueur indéchiffrable, et je peux voir ses muscles se tendre sous son pelage d’encre.Elle a entendu.Elle a compris.Mon cœur bat plus fort. Une chaleur étrange s’étend dans ma poitrine, brûlante et insaisissable. Ce n’est pas une simple bête. Ce n’est pas un simple hasard.Nous sommes liés.D’une manière que je ne peux pas encore expliquer.Un vent glacé s’engouffre entre les arbres, soulevant les feuilles mortes qui tourbillonnent autour de nous. L’instant est suspendu, irréel.Nyx ne bouge pas.Je non plus.Nous nous observons, figés dans cet entre-deux, com
La nuit s’étire, interminable, et pourtant, je n’ai aucune envie de dormir. Mon corps est épuisé, mais mon esprit est en alerte. Chaque battement de mon cœur pulse à un rythme irrégulier, écho d’une sensation que je ne parviens pas à nommer.Nyx.Je ne comprends pas ce qui m’arrive.Cette panthère… Non, cette femme, car je le sais maintenant, elle n’est pas une simple bête. Quelque chose en elle me trouble, me chamboule, me consume.Je passe une main sur mon visage, inspirant profondément.Je devrais partir. M’éloigner de cette forêt maudite, de cette attraction étrange qui me retient ici.Mais je n’en ai pas la force.Alors je reste là, allongé sur le sol humide, les yeux rivés sur le ciel nocturne. La lune brille haut au-dessus des arbres, sa lumière argentée peignant des ombres mouvantes autour de moi.Et dans ces ombres…Je sens sa présence.Je ne bouge pas, mais mes sens sont en alerte.Elle est proche.Je la devine dans l’obscurité, tapie entre les branches, silencieuse, me rega
Ewan La fraîcheur de la nuit enveloppe la clairière. L’herbe humide colle à ma peau, et un frisson me parcourt alors que je reprends mon souffle. Mon corps est encore endolori, engourdi par la transformation qui vient de s’achever.Je m’assois lentement, sentant mes muscles protester sous le poids de l’effort. Une main tremblante passe sur mon visage, essuyant la sueur froide qui perle sur mon front. Autour de moi, la forêt semble figée, baignée par la lumière spectrale de la lune qui filtre à travers les branches entrelacées.Tout est silencieux. Trop silencieux.D’habitude, après une nuit comme celle-ci, l’odeur du sang flotte dans l’air, m’enveloppant comme un parfum macabre. J’ai appris à reconnaître ce goût métallique sur ma langue, cet arrière-goût de violence incontrôlée. Mais cette fois… rien.Je plisse les yeux, cherchant dans ma mémoire les fragments épars de la nuit passée. Ai-je vraiment réussi à me contrôler ? L’idée est à la fois exaltante et terrifiante.Un bruissement
La nuit était lourde, chargée d’une tension palpable. Le hurlement qui avait déchiré le silence résonnait encore dans l’air, comme une menace suspendue au-dessus d’eux. Ewan et Nyx échangèrent un regard. Il n’y avait plus de temps pour les questions.— Ils arrivent.Nyx bondit sur un rocher voisin, scrutant l’obscurité. Ses yeux dorés brillaient comme deux éclats de lune.— Combien sont-ils ? demanda Ewan en serrant les poings.Il sentait déjà son corps frémir, la bête en lui répondant à l’appel du sang.— Au moins trois… peut-être quatre. Ils avancent en meute.Ewan grinça des dents.— Ils sentent ma présence. Ils savent que je suis ici.Nyx ne quitta pas les bois du regard.— Et toi, que ressens-tu ?Ewan prit une profonde inspiration. Il pouvait sentir leurs odeurs distinctes, un mélange de fourrure humide et de fureur contenue. Il percevait leur excitation, leur faim. Ils ne venaient pas en amis.— Ce sont des traqueurs. Ils testent mon territoire… ils veulent voir si je suis faib
La brume du matin s’attardait encore dans la clairière, enveloppant les arbres d’un voile spectral. L’air était lourd des effluves du combat, un mélange de terre retournée, de sueur et du fer du sang séché. Ewan sentait encore les frissons de sa transformation, l’écho du loup résonnant en lui alors que son corps retrouvait lentement sa forme humaine.Nyx ne disait rien. Elle observait, immobile, perchée sur un rocher, ses yeux d’or fixés sur lui comme si elle cherchait à sonder l’impact de cette nuit sur son âme.— Tu es plus fort que ce que tu croyais, murmura-t-elle finalement.Ewan passa une main sur son visage, essuyant la sueur et les traces du combat. Ses muscles étaient encore tendus sous l’effet de l’adrénaline, et son souffle court.— Je ne sais pas si c’est une force ou une malédiction.Nyx sauta souplement à terre et s’approcha de lui, ses mouvements aussi fluides que ceux d’un fauve en chasse.— Pourquoi crois-tu que ce doit être l’un ou l’autre ?Ewan tourna la tête vers
Ewan Le vent s’était levé, fouettant les arbres et faisant onduler les ombres dans la clairière. L’odeur de la terre humide et du sang séché flottait encore dans l’air, vestige du combat de la nuit précédente. Mais à présent, une menace bien plus grande pesait sur eux.Ewan fixait toujours le parchemin qu’Irina lui avait tendu. Ces mots, tracés à l’encre noire, pesaient sur lui comme une sentence."Le Loup Maudit doit plier le genou, ou disparaître."Il savait que ce moment finirait par arriver. Depuis son enfance, il avait entendu les murmures sur sa lignée, sur la malédiction qui pesait sur son sang. Mais il avait choisi de l’ignorer, de se fondre dans l’ombre et d’échapper à ce destin tout tracé.Plus maintenant.Nyx s’approcha doucement, son regard brillant de cette intelligence féline qui ne la quittait jamais.— Tu ne comptes pas fuir, dit-elle simplement.Sa voix était calme, mais il y avait un défi dans ses yeux, comme si elle testait sa résolution.Ewan releva la tête vers e
La nuit s’étire, interminable, et pourtant, je n’ai aucune envie de dormir. Mon corps est épuisé, mais mon esprit est en alerte. Chaque battement de mon cœur pulse à un rythme irrégulier, écho d’une sensation que je ne parviens pas à nommer.Nyx.Je ne comprends pas ce qui m’arrive.Cette panthère… Non, cette femme, car je le sais maintenant, elle n’est pas une simple bête. Quelque chose en elle me trouble, me chamboule, me consume.Je passe une main sur mon visage, inspirant profondément.Je devrais partir. M’éloigner de cette forêt maudite, de cette attraction étrange qui me retient ici.Mais je n’en ai pas la force.Alors je reste là, allongé sur le sol humide, les yeux rivés sur le ciel nocturne. La lune brille haut au-dessus des arbres, sa lumière argentée peignant des ombres mouvantes autour de moi.Et dans ces ombres…Je sens sa présence.Je ne bouge pas, mais mes sens sont en alerte.Elle est proche.Je la devine dans l’obscurité, tapie entre les branches, silencieuse, me rega
Le nom résonne en moi comme une vérité oubliée. Nyx.Je ne sais pas pourquoi ce mot me semble aussi naturel, comme s’il faisait partie de moi depuis toujours. Il s’insinue dans mon esprit, s’accroche à mes pensées, refusant de s’effacer. Alors, dans un souffle à peine audible, je le murmure.— Nyx…La réaction est immédiate.La panthère noire, jusque-là figée devant moi, tressaille légèrement. Ses yeux d’or s’agrandissent d’une lueur indéchiffrable, et je peux voir ses muscles se tendre sous son pelage d’encre.Elle a entendu.Elle a compris.Mon cœur bat plus fort. Une chaleur étrange s’étend dans ma poitrine, brûlante et insaisissable. Ce n’est pas une simple bête. Ce n’est pas un simple hasard.Nous sommes liés.D’une manière que je ne peux pas encore expliquer.Un vent glacé s’engouffre entre les arbres, soulevant les feuilles mortes qui tourbillonnent autour de nous. L’instant est suspendu, irréel.Nyx ne bouge pas.Je non plus.Nous nous observons, figés dans cet entre-deux, com
La nuit enveloppe la forêt d’un voile d’ombre impénétrable. Le silence y est presque religieux, troublé uniquement par le bruissement des feuilles et le murmure du vent à travers les branches noueuses. Pourtant, ce n’est pas ce silence qui me perturbe.C’est elle.Je ne la vois pas, mais je la sens.Depuis cette nuit où nos corps se sont heurtés dans une danse sauvage, elle hante chacun de mes pas. Je peux encore sentir la chaleur de son souffle sur ma peau, la tension qui vibrait entre nous, cette étrange connexion qui m’a ébranlé jusqu’à la moelle.J’aurais dû m’éloigner.J’aurais dû fuir.Mais mes pas m’ont ramené ici, encore et encore, comme si une force invisible me tirait vers ce lieu maudit.Pourquoi ?Je serre les poings, frustré par ce feu qui me ronge de l’intérieur. Ce n’est pas normal. Ce n’est pas moi. Je suis un loup, un guerrier. Pas un homme qui se laisse troubler par un simple regard.Un regard d’or, brûlant et insondable.Un frisson me parcourt l’échine à ce souvenir
Ewan La nuit s’étire comme un voile sombre au-dessus de la forêt, et pourtant, l'obscurité me semble plus dense que d'habitude. Chaque bruissement, chaque souffle du vent contre les feuillages me paraît amplifié, chargé d’une tension invisible qui fait vibrer l’air autour de moi.Je marche à pas feutrés, l’instinct en alerte. Je devrais être habitué aux ténèbres, mais ce soir, elles ont une consistance différente. Presque vivante. Une menace silencieuse rampe sous ma peau, me poussant à scruter les ombres entre les arbres noueux.L’odeur de la mousse humide et du bois en décomposition m’emplit les narines. Pourtant, une autre fragrance flotte dans l’air, plus subtile, plus enivrante. Un mélange de terre et de pluie, de mystère et de sauvagerie.Mon cœur se serre sans raison. Cette odeur… Je ne la connais pas, et pourtant, elle m’attire d’une manière inexplicable.Un frisson me parcourt l’échine, un signal d’alarme ancré dans mes os. Ce n’est pas de la peur. Non, c’est autre chose, qu
Ewan Le vent s’était levé, fouettant les arbres et faisant onduler les ombres dans la clairière. L’odeur de la terre humide et du sang séché flottait encore dans l’air, vestige du combat de la nuit précédente. Mais à présent, une menace bien plus grande pesait sur eux.Ewan fixait toujours le parchemin qu’Irina lui avait tendu. Ces mots, tracés à l’encre noire, pesaient sur lui comme une sentence."Le Loup Maudit doit plier le genou, ou disparaître."Il savait que ce moment finirait par arriver. Depuis son enfance, il avait entendu les murmures sur sa lignée, sur la malédiction qui pesait sur son sang. Mais il avait choisi de l’ignorer, de se fondre dans l’ombre et d’échapper à ce destin tout tracé.Plus maintenant.Nyx s’approcha doucement, son regard brillant de cette intelligence féline qui ne la quittait jamais.— Tu ne comptes pas fuir, dit-elle simplement.Sa voix était calme, mais il y avait un défi dans ses yeux, comme si elle testait sa résolution.Ewan releva la tête vers e
La brume du matin s’attardait encore dans la clairière, enveloppant les arbres d’un voile spectral. L’air était lourd des effluves du combat, un mélange de terre retournée, de sueur et du fer du sang séché. Ewan sentait encore les frissons de sa transformation, l’écho du loup résonnant en lui alors que son corps retrouvait lentement sa forme humaine.Nyx ne disait rien. Elle observait, immobile, perchée sur un rocher, ses yeux d’or fixés sur lui comme si elle cherchait à sonder l’impact de cette nuit sur son âme.— Tu es plus fort que ce que tu croyais, murmura-t-elle finalement.Ewan passa une main sur son visage, essuyant la sueur et les traces du combat. Ses muscles étaient encore tendus sous l’effet de l’adrénaline, et son souffle court.— Je ne sais pas si c’est une force ou une malédiction.Nyx sauta souplement à terre et s’approcha de lui, ses mouvements aussi fluides que ceux d’un fauve en chasse.— Pourquoi crois-tu que ce doit être l’un ou l’autre ?Ewan tourna la tête vers
La nuit était lourde, chargée d’une tension palpable. Le hurlement qui avait déchiré le silence résonnait encore dans l’air, comme une menace suspendue au-dessus d’eux. Ewan et Nyx échangèrent un regard. Il n’y avait plus de temps pour les questions.— Ils arrivent.Nyx bondit sur un rocher voisin, scrutant l’obscurité. Ses yeux dorés brillaient comme deux éclats de lune.— Combien sont-ils ? demanda Ewan en serrant les poings.Il sentait déjà son corps frémir, la bête en lui répondant à l’appel du sang.— Au moins trois… peut-être quatre. Ils avancent en meute.Ewan grinça des dents.— Ils sentent ma présence. Ils savent que je suis ici.Nyx ne quitta pas les bois du regard.— Et toi, que ressens-tu ?Ewan prit une profonde inspiration. Il pouvait sentir leurs odeurs distinctes, un mélange de fourrure humide et de fureur contenue. Il percevait leur excitation, leur faim. Ils ne venaient pas en amis.— Ce sont des traqueurs. Ils testent mon territoire… ils veulent voir si je suis faib
Ewan La fraîcheur de la nuit enveloppe la clairière. L’herbe humide colle à ma peau, et un frisson me parcourt alors que je reprends mon souffle. Mon corps est encore endolori, engourdi par la transformation qui vient de s’achever.Je m’assois lentement, sentant mes muscles protester sous le poids de l’effort. Une main tremblante passe sur mon visage, essuyant la sueur froide qui perle sur mon front. Autour de moi, la forêt semble figée, baignée par la lumière spectrale de la lune qui filtre à travers les branches entrelacées.Tout est silencieux. Trop silencieux.D’habitude, après une nuit comme celle-ci, l’odeur du sang flotte dans l’air, m’enveloppant comme un parfum macabre. J’ai appris à reconnaître ce goût métallique sur ma langue, cet arrière-goût de violence incontrôlée. Mais cette fois… rien.Je plisse les yeux, cherchant dans ma mémoire les fragments épars de la nuit passée. Ai-je vraiment réussi à me contrôler ? L’idée est à la fois exaltante et terrifiante.Un bruissement