« Tu ne peux même pas survivre dans la maison de Caron, pensez-vous que votre vie dans la maison de Fu sera plus facile ? Tu cherches la mort ? » Les mots d’Arthur étaient empreints d’une froideur calculée, taillés comme des lames dans l’air ambiant.Romane observait Arthur, ses yeux exprimant une complexité d’émotions indescriptibles. Il était difficile de croire qu’elle méritait tout cela aux yeux de son mari qu’elle l’aimait profondément autrefois. Non seulement devait-elle supporter le malaise constant chez les Caron, mais voilà qu’il lui imputait également toutes les responsabilités ?Était-ce de sa faute si sa mère la méprisait ? Si les Caron avaient causé la perte de son bébé ? Si Lucie qui avait développé des sentiments pour Arthur entraînait son hostilité envers elle ?Tout retombait-il finalement sur ses épaules ?Jamais elle n’aurait imaginé, jamais elle n’aurait pensé qu’elle en arriverait là avec cet homme. Par le passé, il semblait pourtant l’avoir soutenue à maintes rep
Il était manifeste que la préoccupation prédominante de Romane en ce moment résidait dans l’incertitude quant à la persévérance de la décision d’Arthur.Si ce mariage complexe perdure, elle se retrouverait impuissante. Cela n’était pas d’une grande importance pour elle, mais en continuant à occuper la position de la « noble » Madame Caron, chacun de ses faits et gestes risquait d’être scruté par le public.Alors qu’elle s’est apprêtée à formuler des paroles potentiellement blessantes, Arthur a soudain annoncé : « J’ai pris ma décision, divorçons ! »Bien que son ton ne soit pas particulièrement ferme, il semblait exceptionnellement résolu à cet instant.Divorcer pourrait être une décision judicieuse. Rester ensemble ne mènerait à rien, il n’y avait aucune possibilité de retour en arrière entre eux.…En quittant la mairie, Romane et Arthur tenaient chacun un certificat de divorce. À la différence du jour où ils avaient enregistré leur mariage, ils ne s’étaient échangé un baiser. Cepend
Dans les lueurs de l’après-midi, Romane s’est dirigée vers son bureau. Julie, fidèle assistante, y a déposé une montagne de documents à traiter. Romane les a méthodiquement parcourus, apposant sa signature avec assurance sur chacun. Puis, Julie lui a présenté un dernier dossier.Intriguée, Romane lui a demandé : « Qu’est-ce donc ? » L’objet semblait étranger aux affaires habituelles du studio.Julie a répondu d’un ton professionnel : « C’est l’ensemble des informations que tu as sollicitées à l’hôpital. »« Si rapidement ? » s’est étonnée Romane, surprise par la célérité des démarches.Julie a ajouté avec pragmatisme : « Il n’y a guère de problème dans ce monde que l’argent ne puisse résoudre. Investir cinq millions d’euros pour acquérir une vérité de cette envergure n’est pas une mauvaise affaire. »Cinq millions d’euros ? Cette somme a fait tressaillir Romane. Elle a mordu sa lèvres inférieure, a réalisé alors l’âpreté de la lutte pour l’argent. Il faillait savoir qu’après son div
Zoé a pris une profonde inspiration, laissant échapper un soupir empreint de gravité : « Romane devrait donner ses rétines à Lina, sans plus tarder. Le bien-être de Lina ne peut être remis à plus tard. »Bien qu’Arthur eût déjà pris cette décision par le passé, il a été pris au dépourvu lorsque sa propre mère a prononcé ces paroles. Un frisson a parcouru son être à l’idée que les précieuses rétines de Romane puissent être sacrifiées pour les yeux de Lina.« Je trouverai une autre solution ! » s’est exclamé Arthur sur l’instant, sans réfléchir.Pourtant, malgré ses résolutions antérieures, l’image de Romane se retrouvant dans un tel état de désespoir lui est revenue sans cesse à l’esprit : Aveugle et désespérée, elle a tendu les mains pour explorer le chemin, mais a trébuché sur ses pieds et s’est effondrée sur le sol, renversant tout ce qui se trouvait autour d’elle avec un grand bruit...Cette vision lui semblait si réelle, si familière, et pourtant si douloureuse. Il a senti ses main
De manière inattendue, ce sujet d’une importance capitale lui est parvenu des lèvres de son propre oncle. Au fil des années, Arthur n’avait pas seulement gardé le silence à ce propos, mais même les membres de la famille Caron semblaient l’ignorer totalement !« Cet incident, il survint lorsqu’Arthur n’avait que dix années à son actif, et il a frôlé la perte de sa propre existence ! » a exposé Richard.Le cœur de Romane s’est davantage contracté à cette révélation. Il n’était guère étonnant qu’Arthur n’ait jamais abordé le sujet ! En fin de compte, cela n’avait rien de glorieux et il aurait certainement souhaité le laisser dans l’oubli, s’il en avait eu l’opportunité.« À cette époque, c’est le frère de Lina qui est venu à son secours, tandis qu’Arthur a échappé à la fatalité alors qu’Alain… a trouvé la mort ! »Romane : « … »Alain est décédé ?Alors… donc…« Romane, tu devrais prendre garde à la famille Caron. Pourquoi ne pas revenir à Sienne ? » a lancé Richard en guise d’avertisseme
Lucie scrutait avec anxiété sa mère adoptive, tandis que la sonnette d’alarme a retenti dans son esprit. Être plus gentille envers Lina ? Quelle signification cela pouvait-il avoir ? Pourquoi sa mère adoptive émettrait-elle soudain une telle requête sans raison apparente ? Vivant aux côtés de Zoé depuis tant d’années, Lucie connaissait sa mère adoptive sur le bout des doigts. Il semblait peu probable que cette femme insaisissable modifie son comportement et son attitude sans motif valable.Zoé fixait Lucie, inspirant profondément. Lorsqu’elle a repris la parole, une tension non dissimulée persistait encore dans sa voix : « Elle est la salvatrice de ton frère, et aussi celle de notre famille ! »« Salvatrice ? »« Tout à fait ! » a acquiescé Zoé, replongeant dans le passé. Même après tant d’années, cette expérience la hantait encore souvent. En tant que mère, aussi robuste soit-elle en apparence, elle était tourmentée par des cauchemars tenaces. Extérieurement, elle paraissait invincib
Avec une assurance imperturbable, elle a articulé ses mots.À l’écoute de ces mots, le regard d’Arthur est devenu aussi froid que la glace en hiver. Il a esquissé alors un sourire, d’une froideur si perçante que même les traits de son visage en semblaient figés, sculptés dans la glace.Arthur s’apprêtait à répliquer lorsque Romane a préparé le disque et était prête à le projeter. C’est à ce moment précis que le téléphone d’Arthur s’est mis à vibrer. À l’autre bout, la voix emplie d’anxiété d’une infirmière a percé le silence : « M. Caron, venez vite, Mlle Roche est… »« Elle a quoi ? » L’irritation était palpable dans la voix d’Arthur à la mention de « Lina ».Se levant brusquement, il a frôlé presque le tête de Romane de sa stature imposante… Leur différence de taille rendait leurs interactions pour le moins complexes.Romane, le regard levé vers l’homme qui lui faisait face, ne saisissait pas les détails de la conversation téléphonique, mais a capturé le sérieux avec lequel Arthur
Tout cela s’était déroulé avec une brutalité déconcertante, comme un cauchemar qui avait ébranlé jusqu’aux fondements de ses convictions passées !À cet instant, l’image déchirante de Lina, enveloppée dans ce voile blanc qui masquait ses yeux, s’est imposée à lui, un rappel constant de la cécité qui avait marqué sa vie.Il avait longtemps attribué à Romane toute la responsabilité de ce drame, persuadé qu’elle avait orchestré avec cruauté l’enlèvement de Lina, commanditant ses ravisseurs pour qu’ils privent Lina de la vue et lui brisent les membres, la laissant ainsi handicapée et aveugle et que Romane avait détruit toute l’existence de Lina.Mais comment cette vidéo pouvait-elle l’expliquer ? Était-il possible que Lina ne soit pas aveugle et que ses jambes ne soient pas paralysées ?« Très bien… », a-t-il lâché d’un ton glacial, laissant transparaître sa rage.À cet instant, le téléphone a retenti, une sonnerie insistante provenant de l’hôpital.« Allo ? », a-t-il répondu d’une voix ne
Arthur, troublé par ses propres sentiments, a commencé à cibler Romane, espérant ardemment qu'elle réponde à l'appel désespéré de l'enfant en quête d'un amour maternel. Cette préférence d'Arthur pour la petite fille en question exacerbait la jalousie et la rage de Romane. Là où il avait consacré jadis toute son attention à Lina, il la focaliserait désormais sur la progéniture de cette dernière.« Comment décris-tu la sensation d'être consumé par le feu ? » a subitement demandé Arthur, son regard perçant se posant sur Romane avec une intensité inédite.Le teint de Romane a pâli brusquement alors qu'un frisson imperceptible la parcourait. « Le feu qui dévorait la prison était si ardent qu'il m'a brûlé jusqu'à la peau... » a-t-elle dit en accentuant ostensiblement le mot « prison », savourant chaque syllabe avec une amertume contenue.L'acuité du regard d'Arthur s’est faite plus aiguë encore, chaque muscle de son visage trahissant une tension palpable. « Et que ressent-on lorsque l'on som
Cependant, Javier, pris dans le tumulte de ses émotions, a continué d'ignorer les alarmes qui lui criaient de s'arrêter. Sa main se faisait chaque seconde plus lourde autour du cou délicat de Claire. Puis, soudainement, « Clap ! » : le son retentissant d'une gifle l’a ramené à la réalité, dissipant sa colère aveugle en un instant.Les spectateurs tremblants, figés par la tension ambiante, ont retenu leur souffle après que Claire ait administré cette claque retentissante à Javier. Personne n'en croyait ses yeux : Javier, l'intouchable, venait bel et bien de se faire frapper !Claire, animée d'une force qu'on ne lui soupçonnait pas, s’est dégagée de son emprise et a planté son regard sombre dans celui de Javier. Une lueur de défi perçait dans ses prunelles alors qu'elle lançait, moqueuse : « Homme incompétent ! »La foule, hébétée, pensait soudain que Claire avait perdu la raison, qu'elle avait basculé dans une folie audacieuse. Seul Gaspard semblait rester ancré dans la logique. Il conn
La conversation téléphonique était marquée par une tension palpable, alors que la respiration de Javier s'accélérait, témoignant de sa colère montante. Claire, attentivement à l’écoute de ces indices sonores, comprenait parfaitement l'état d'esprit de l'homme à l'autre bout du fil. Ce n'est pas seulement l'amour de celui-ci qui permet de connaître quelqu'un profondément, pensait-elle, mais plutôt le temps passé à ses côtés. Et du temps avec Javier, elle en avait passé assez pour le cerner parfaitement.« Si tu n’as rien d’important à dire, je vais raccrocher ! » Sa voix était ferme, un rappel à Javier qu’elle, Claire, n'était plus un simple objet à sa disposition mais désormais la femme de son petit frère. Les conventions sociales l’obligeaient à revoir son traitement envers elle.Javier, déjà en proie à une furieuse tempête intérieure, a senti sa colère décupler lorsque Claire a mis fin à l'appel sans hésitation. L’image obsédante de Claire et Joe dansant ensemble lors de la fête de
La pochette contenait une série de photos, abîmées par le temps, évoquant des souvenirs flous et empreints de mystère. Leur simple vue a fait blanchir le visage de Romane, une lueur de méfiance et de colère se dessinant dans ses yeux, alors qu'elle dévisageait Arthur avec une intensité renouvelée. Dans un élan de rage incontrôlable, elle a saisi le cendrier, ses intentions clairement affichées par le geste brusque et déterminé de son bras.Cependant, alors que sa main s'est élevée, prête à exécuter son acte de rébellion spectaculaire, le regard sombre d'Arthur l’a transpercée, silencieux mais lourd de menace implicite. Romane, emportée par une colère qui ébranlait son être tout entier, a suspendu son geste. Sa poitrine se soulevait et s'abaissait frénétiquement, témoin de sa lutte pour retrouver un semblant de maîtrise d'elle-même.Dans un geste soudain et presque de désespoir, le cendrier a échappé à sa main, tombant sur le sol avec un fracas qui a résonné dans le silence glacé. Pourt
L'intervention orchestrée par Vincent, qui avait permis l'apparition de Lina, a accéléré inexorablement l'effondrement du mariage entre Romane et Arthur. Quand Richard a appris cette nouvelle, son visage s’est rembruni. Même si Romane avait beaucoup souffert, la responsabilité en incombait en partie à Vincent. Cependant, il fallait reconnaître que ce dernier avait révélé une réalité incontournable. Vu l'attitude d'Arthur à l'égard de Lina à ce moment-là, même sans elle, quelqu'un d'autre serait probablement intervenu en raison de son passé tumultueux....Après la fête, une effervescence a régné à la Villa Vitry, chacun s'affairant à remettre de l'ordre et à nettoyer. Romane a alors demandé à son chauffeur de la conduire aux Monts Cabanne, consciente que Camille l'attendait avec impatience.À peine l’avait-elle vue que la petite fille a éclaté de rire, élevant ses bras potelés vers le ciel et se précipitant vers elle dans une robe adorable. Ses petites jambes dodues séduisaient tous
« Mais tu n'as pas le charme du cochon de la Villa des feuilles rouges ! » a-t-elle insinuée, maudissant Arthur avec une véhémence qui cachait ironiquement une certaine tendresse, bien que comparé à un cochon, il lui manquait le charme de ce dernier.Lorsque Romane a évoqué le cochon de compagnie, les yeux d'Arthur se sont écarquillés, et son esprit était emporté dans un tourbillon de souvenirs, revisitant les instants précieux passés ensemble à la Ville Q. Le cochon, cadeau d'anniversaire qu'il avait offert à Romane, restait dans une taille perpétuellement douce, tout comme l'étaient alors leurs plaisirs partagés. À cette époque, c'était le plus grand bonheur de Romane, et à ses côtés, elle vivait sans jamais désirer plus que cette sincérité et cette simplicité…Après leur confrontation, Arthur est sorti de la villa, désorienté par une tempête émotionnelle, juste à temps pour croiser Richard dans le grand hall d'entrée, occupé à saluer ses derniers invités. Richard, en le voyant, avai
Le grand banquet de la famille Brunet avait plongé Sienne dans un émoi sans précédent, captivant l’attention de tous les grands médias, qui se sont empressés de le couvrir. Les photos de Romane et Cyril, main dans la main, circulaient sur toutes les plateformes. À les voir, avec leurs visages presque identiques, il était évident pour tous qu’ils étaient jumeaux.Richard, Léna, Romane et Cyril ont posé pour une photo de famille qui a fait le tour de Sienne, devenant une véritable sensation.À la fin de la soirée, Claire est sortie de la fête, drapée dans le trench-coat de Joe, une image d’élégance accompagnant un homme réservé. Ce tableau ne pouvait qu’enflammer davantage l’imaginaire médiatique. Joe, figure mystérieuse au parcours difficile à retracer, avait refait surface en public après tant d’années, et ce, en présence de sa femme.Claire était prête à s'installer dans la voiture et a croisé le regard de Javier, dont l’agitation était palpable. Il avait une nouvelle compagne à ses c
Dans la salle illuminée, le champagne s'est épanoui dans les flûtes scintillantes, tandis que la lumière s’est réfractée en mille éclats colorés. Les rires se sont élevés, enveloppant l'atmosphère d'une légèreté contagieuse.La musique a résonné, et Romane, telle une apparition éthérée, s’est tenue à côté de Cyril, sa petite main délicate dans la large paume de l'homme. Ensemble, ils se dressaient, captivant instantanément les regards envieux de la foule qui les entouraient.« Ils… », s'est exclamé quelqu'un, incapable de prononcer une phrase complète, alors que Romane, menue, se tenait aux côtés de Cyril, qui l’a surplombée. Ils sont descendus lentement, et la foule, abasourdie, s'est écarté inconsciemment pour laisser passer ce couple flamboyant, main dans la main, jusqu'au cœur de la piste de danse.Lorsque la musique a changé, ils ont commencé à danser. Romane a avancé sur ses talons hauts avec une grâce inouïe, suivant le rythme imposé par Cyril. Leurs visages, des œuvres d'art pa
Trois jours s'étaient écoulés en un clin d'œil. Romane avait reçu une multitude de robes sur mesure, accompagnées de bijoux exquis de sa propre maison, AthéNa. Les stylistes et tous les autres préparatifs avaient également été soigneusement orchestrés.Face à un tel tumulte, Romane se sentait légèrement gênée. « Maman, tu n'es vraiment pas obligée de faire tout cela », a-t-elle proposé.« Pourquoi pas ? C'est toi et Cyril qui allez ouvrir le bal demain. Tu es ma princesse, et tu dois être la plus belle », a insisté Léna avec une tendresse palpable.Romane, hésitante, lui a répondu : « Mais c'est trop… Tous ces vêtements, ces bijoux, tout cela est excessif. » Depuis son retour chez les Brunet, Léna s’évertuait à lui offrir ce qu'il y avait de meilleur dans le monde. Auparavant, cette attention démesurée l’avait laissée perplexe, ne comprenant pas pourquoi Léna avait été si généreuse, si bienveillante envers elle, dépassant même l'affection qu'elle avait eu pour Rosé.Ces deux dernière