Même si elle n’avait plus d’attache à Ville Q, elle y avait passé de nombreuses années de sa vie. Cette offre soudaine de quitter le pays lui a donné l’impression d’être devenue un pissenlit sans endroit où retourner.Dès que ses mots sont tombés, le ton de la personne à l’autre bout du fil est devenu sérieux, « J’ai quelque chose d’important à te donner ! »« Qu’est-ce que c’est ? » a demandé inconsciemment Romane.Richard : « Ta cousine s’est toujours désintéressée des affaires du groupe Roi Inter, hier je lui en ai précisément parlé. Romane, le groupe Roi Inter va désormais être géré par toi. Tant que j’ai encore l’énergie de ces dernières années, il faut que tu apprennes à être une personne qualifiée au pouvoir ! »Quoi ? Gérer le groupe Roi Inter ?C’est une énorme affaire… !Auparavant, son oncle n’avait jamais parlé de ce sujet, et elle n’en était donc pas du tout au courant. Maintenant qu’elle entendait soudainement cette nouvelle, elle sentait chaque cellule de son corps deven
Arthur s’est trouvé plongé dans un chaos émotionnel sans précédent !En revisitant cette période tumultueuse depuis l’enlèvement de Lina, la relation entre lui et Romane s’était fracturée de façon irrévocable. Auparavant, même si Romane s’était fâchée et disputée avec lui, il se rendait compte qu’il avait protégé Lina depuis son enlèvement, convaincu que c’était Romane qui était une femme extrêmement cruelle !Mais qui aurait pu prévoir…Des captures d’écran des transferts de Lina, corrompant le Dr Hugo, et des vidéos la montrant librement déambuler dans l’hôpital, se succédaient dans l’esprit d’Arthur. Comment cela avait-il pu se produire ?!!!…Le soir venu, Romane a quitté le bureau pour rejoindre le parking. Son lieu de travail jouxtait celui d’Arthur, leurs bâtiments respectifs reliés en sous-sol. En approchant de sa voiture, elle a remarqué un homme dos à elle, cigarette à la main. Sa silhouette a évoqué celle d’un prince mélancolique. Les cendres jonchant le sol trahissaient une
Leur relation touchait à sa fin, inévitablement.Vincent a déposé délicatement son verre de vin, a pris une bouchée de steak avec une grâce exquise, et l’a amenée à ses lèvres. Son aura empreinte de noblesse se dégageait avec encore plus de prestance.« Vous avez vu les gros titres aujourd’hui ? » a demandé Romane, instantanément rongée par le regret d’avoir prononcé ces mots. Après tout, comment quelqu’un d’aussi pris par ses activités que Vincent pouvait-il trouver le temps de suivre ces actualités ?Pourtant, Vincent a doucement hoché la tête.« Qu’en pensez-vous ? » a continué Romane.« C’est vous qui avez fait ça ? » La question de Vincent était teintée de curiosité, mais sa certitude transparaissait.Romane a acquiescé.« On dirait que vous lui en voulez ? » Vincent a évoqué Arthur.Sans le mécontentement qu’elle nourrissait envers Arthur, comment aurait-elle pu exposer une affaire aussi délicate au grand jour, laissant les gens la juger ? En tant que femme perspicace, elle devai
Au manoir de la famille Caron, Arthur a fait son retour. Les deux frères de son grand-père, Jonathan et Ernest étaient présents, mais la branche de la famille issue du troisième frère du grand-père d’Arthur n’avait pas fait le déplacement ce jour-là. Peut-être étaient-ils encore à l’étranger, s’ils étaient à Ville Q, ils auraient certainement assisté à cette réunion.Arthur se demandait ce qu’ils avaient dit avant son retour. Il avait vu Marie et Zoé qui semblaient épuisées, laissant transparaître une tension palpable et Lucie se tenait en retrait, l’air agressive.« Enfin de retour ! » a lâché Raymond, le second frère de son grand-père, avec un mépris à peine dissimulé.Arthur lui a répondu d’un regard froid, sans la moindre trace de soumission.« Une scène plutôt familière et formelle, n’est-ce pas ? » a-t-il ironisé. Ce genre de confrontation était monnaie courante dans la famille Caron.Dans leur quête de pouvoir familial, ils étaient prêts à tout. Raymond, affalé sur le canapé,
Dans le bureau à l’étage, une atmosphère chargée d’histoire flottait dans l’air, mêlée à l’odeur enivrante de la fumée. Zoé a franchi le seuil avec une aisance feinte, son regard capturé par la danse gracieuse des volutes de fumée. Elle s’est installée et a laissé échapper une question empreinte de préoccupation : « Comment va-t-elle ? », faisant référence à Romane.Les incidents récents avec les Caron ont éveillé en Zoé une suspicion grandissante quant à la nature intentionnelle des agissements de Romane. Si seulement elle avait su exploiter ses talents plus tôt, peut-être aurait-elle été plus encline à laisser Romane jouer un rôle plus actif au sein de l’entreprise. Même si elle n’avait que peu de soutien familial, si elle était suffisamment compétente, et alors ?Arthur, lui, semblait s’embourber dans un océan d’incompréhension face à la question de Zoé. « De quoi tu parles ? Qu’est-ce qui se passe ? » a-t-il demandé, ses mots témoignant d’une ignorance bienveillante.Zoé a clarifié
« Plus tôt, j’ai eu l’occasion de croiser la route de Nathalie, l’assistante spéciale du président du groupe S-Bâti. » a-t-il déclaré d’un ton pensif.Ce simple fait révélait l’importance que le groupe S-Bâti accordait à cette collaboration, en dépêchant personnellement quelqu’un chez Romane, plutôt que de l’inviter à se rendre dans leurs locaux. Une indication claire de l’intérêt qu’ils portaient à ce terrain jouxtant le Parc de bonheur, en banlieue Est.La Ville Q était désormais à son apogée en termes de développement, et chaque parcelle de terrain disponible suscitait une intense convoitise. À la moindre rumeur d’un nouvel appel d’offres, une foule de prétendants se manifestait.Le groupe S-Bâti s’était donc tourné vers Romane, qui avait déjà collaboré avec le groupe ÉPN précédent, affichant une confiance évidente dans sa capacité à obtenir ce terrain. La victoire dans la conception liée au terrain de la banlieue Est était sans aucun doute une démonstration des compétences de Roma
Après un déjeuner raffiné, Vincent a reconduit Romane à son bureau. Dès qu’elle a franchi le seuil, une atmosphère singulière a enveloppé Romane. Les yeux perspicaces de Julie lui ont indiqué subtilement de tourner le regard vers le bureau.Le cœur de Romane a tressailli, « Il est présent ? » elle faisait référence à Arthur.Julie a délicatement acquiescé : « Oui ! »En effet, l’importance attachée par Arthur dans les affaires périphériques du Parc de bonheur, suite à la perte du terrain en banlieue Est, était manifeste. Ainsi, il était assurément au courant du moindre frémissement concernant ce projet. Romane n’avait croisé que Nathalie du groupe S-Bâti dans la matinée, et voilà qu’à peine 14 heures avait sonné qu’il s’était présentait.Romane a pris une profonde inspiration, ajustant avec élégance sa tenue de travail avant de pénétrer dans son bureau.Une senteur pénétrante de fumée de cigarette l’a assaillie.Les nombreux mégots gorgés d’eau dans le gobelet jetable devant Arthur tém
Romane observait Arthur, un sourire persistant accroché au coin de ses lèvres. C’est précisément ce sourire qui a suscité chez Arthur une pointe d’irritation.« Boom ! » Un bruit sourd a rompu le silence dans la pièce. Arthur s’est levé et a frappé son poing sur le bureau de Romane, le faisant trembler violemment.« Oui, je lui ai donné l’ordre de les envoyer ! » a répondu Romane calmement. « Tu aurais dû vérifier en premier lieu ces preuves. Pourquoi me les as tu redemandées à cet époque-là ? » a demandé Arthur d’un ton empreint de colère.« Comment peux-tu agir ainsi ? » a-t-il insisté.Romane est demeurée silencieuse.Quelle signification de ces mots ?Ne faisait-elle pas simplement ce qui était nécessaire ? Ne faisait-elle pas que se défendre ? N’avait-elle pas le droit de se défendre quand « une chienne » la mordait ? Elle ne pouvait pas la tuer, mais n’avait-elle pas le droit de la repousser ?Elle a inspiré profondément, réprimant la douleur qui émanait de son cœur. « Je te con
Contrairement à l’agacement impétueux de Romane, Claire s'est installée avec aisance dans son nouveau rôle de femme de Joe, naviguant avec élégance au sein de la haute société qui l’entourait. Investie d’un nouvel esprit, elle se mouvait avec grâce, consciente que son statut conféré par Joe lui assurait respect et déférence de la part de tous ceux qu'elle rencontrait.Lors d’un somptueux gala de charité, Joe, dans un murmure complice, lui a demandé de revenir avec une parue de diamants d’une grande valeur pour lui, insistant sur le fait qu’elle devait l’acquérir à tout prix. Cependant, le destin se voulait capricieux, et Claire était surprise de croiser Céleste sur son chemin, rendant la situation inopinée.« Espèce de mégère, après avoir chassé Javier, voilà que tu t’accroches à Joe ! », a sifflé Céleste, son regard venimeux.« Snap ! » Presque instantanément, les mots à peine envolés de la bouche de Céleste, Claire lui a administré une gifle cinglante et assurée, résonnant avec autor
Les innombrables péripéties que Cyril avait dû affronter pour parvenir à son état actuel étaient indicibles. Le désespoir qu'il avait croisé et la manière singulière dont il s'en était extirpé étaient des pensées que Romane n'osait même pas envisager.« C'est bon, tout cela appartient au passé », a murmuré Cyril en tapotant doucement le dos de Romane, adoptant un ton des plus apaisants. Pourtant, Romane ne pouvait capter, du fait de sa position, le bref éclat de détermination qui a brillé dans les yeux de Cyril.Il a fallu de longues minutes avant que Cyril ne parvienne à apaiser complètement l'anxiété de Romane. Une fois qu'elle était calmée, Cyril s’est retiré discrètement pour passer un coup de fil. Le numéro était composé avec précision, et à l'autre bout de la ligne, une voix a répondu promptement : « Monsieur ! ».« Quelqu'un a-t-il cherché à vérifier mes antécédents ? », a demandé Cyril. Bien que son passé soit soigneusement effacé, il savait que si quelqu'un d'acharné tentait d
Lorsque Romane a émergé du centre d'éveil, elle était étonnée de voir qu'Arthur attendait encore. Instinctivement, elle a serré Camille contre elle, cachant le petit visage de l’enfant endormie après s’être épuisée à jouer toute la matinée.« J'ai déjà parlé à Jules », a déclaré Arthur, son ton aussi calme que la mer avant une tempête.Romane, les nerfs à vif, avait un instant l’envie de lui répondre crûment, cependant, le poids délicat de Camille dans ses bras retenait sa colère.Arthur, observant que Romane gardait obstinément les yeux baissés, a poursuivi : « Romane, la famille de Jules attend impatiemment que Jules… »« Faisons comme bon te semble ! », l’a interrompu Romane sèchement, son regard perçant Arthur de sa froideur implacable.Interloqué par la réplique concise de Romane, Arthur a vacillé. Il savait combien Romane chérissait Camille. Il s’était imaginé qu’elle résisterait. Qui aurait cru qu'elle acquiescerait à sa demande avec une telle froideur apparente ?Mais les mots
Après un long moment de réconfort, Arthur est parvenu enfin à apaiser Lola. Tandis qu’il la regardait disparaître dans l’enceinte de l’école, il a fait volte-face et a pris la direction de l’établissement préscolaire. À cet instant, Romane se trouvait à l'intérieur de la classe, entourée des autres mères et tenant tendrement Camille dans ses bras. Elle observait attentivement les jeux organisés par la maîtresse avec une douceur maternelle qui transparaissait même à travers la vitre. Bien qu'elle ait évolué au fil des ans, la patience qu'elle avait envers ses enfants restait inchangée, immuable.Arthur, rongé par la colère, a crispé ses mains en poings serrés. La scène lui était insupportable.Une demi-heure plus tard, il s’est décidé à appeler Jules. Avec une voix marquée par l’amertume, il a relaté à celui-ci l'épisode éprouvant entre Romane et Camille. « J’aimerais que tu m’aides à éloigner Camille de Romane », a-t-il exprimé, les mots lourds de sous-entendus.À l’autre bout du fil,
Romane demeurait ancrée sur place, immobile telle une statue de marbre, irradiante d'une froideur glaciale. Sa voix, d'une tonalité presque polaire, a tranché l'air avec une clarté redoutable : « J'ai dit, peu importe la douleur que vous endurez, c'est ce que vous méritez ! ».Elle n'a pas attendu de réponse. Tournant les talons avec une détermination silencieuse, elle s'est éloignée, tandis qu'Arthur restait cloué, enveloppé dans un halo de froideur inexorable…Les mots de Romane, « vous le méritez », résonnaient en boucle dans son esprit, des lames invisibles fendant son intégrité mentale en morceaux.« Nous le méritons… », a-t-il murmuré, chaque syllabe chuchotée comme un poison, ressentant son cœur s'alourdir de cette peine insoutenable.C'était leur châtiment ? La mort de Lina pesait lourdement, un fardeau qu'il pensait suffisant. Pourquoi Romane ne pouvait-elle pas se détacher de cette rancœur frigorifique ? Plus il s'y attardait, plus l'oppression dans sa poitrine devenait intol
Cependant, Romane n’a pas pu s'empêcher de rétorquer avec une froide détermination : « Je ne veux pas l'entendre ! »« Romane, cette affaire n'est nullement à ton avantage, ni pour toi ni pour Lina… »« Assez, Arthur, tu en as vraiment assez dit ! »Lina… Même à cet instant, il osait encore évoquer son nom devant elle ? Arthur était-il déraisonnable ou se raccrochait-il toujours à l'image de Lina comme à un souvenir tendre et impérissable ? Toutefois, pour Arthur, la réaction véhémente de Romane confirmait les observations d'Yves : Lina était un sujet interdit dans le cœur de Romane, une blessure qu'elle préférait garder loin des paroles des autres.« Romane, je sais, je sais que tu es déchirée par le conflit qui vous sépare… »« Déchirée ? » Arthur a été interrompu net par le regard acéré et ironique de Romane, un rire sardonique s'échappant de ses lèvres. « À quel point crois-tu que Lina et toi pouvez encore me blesser ? » a-t-elle rétorqué, mordante.« Romane ! » Face au mépris
Arthur, troublé par ses propres sentiments, a commencé à cibler Romane, espérant ardemment qu'elle réponde à l'appel désespéré de l'enfant en quête d'un amour maternel. Cette préférence d'Arthur pour la petite fille en question exacerbait la jalousie et la rage de Romane. Là où il avait consacré jadis toute son attention à Lina, il la focaliserait désormais sur la progéniture de cette dernière.« Comment décris-tu la sensation d'être consumé par le feu ? » a subitement demandé Arthur, son regard perçant se posant sur Romane avec une intensité inédite.Le teint de Romane a pâli brusquement alors qu'un frisson imperceptible la parcourait. « Le feu qui dévorait la prison était si ardent qu'il m'a brûlé jusqu'à la peau... » a-t-elle dit en accentuant ostensiblement le mot « prison », savourant chaque syllabe avec une amertume contenue.L'acuité du regard d'Arthur s’est faite plus aiguë encore, chaque muscle de son visage trahissant une tension palpable. « Et que ressent-on lorsque l'on som
Cependant, Javier, pris dans le tumulte de ses émotions, a continué d'ignorer les alarmes qui lui criaient de s'arrêter. Sa main se faisait chaque seconde plus lourde autour du cou délicat de Claire. Puis, soudainement, « Clap ! » : le son retentissant d'une gifle l’a ramené à la réalité, dissipant sa colère aveugle en un instant.Les spectateurs tremblants, figés par la tension ambiante, ont retenu leur souffle après que Claire ait administré cette claque retentissante à Javier. Personne n'en croyait ses yeux : Javier, l'intouchable, venait bel et bien de se faire frapper !Claire, animée d'une force qu'on ne lui soupçonnait pas, s’est dégagée de son emprise et a planté son regard sombre dans celui de Javier. Une lueur de défi perçait dans ses prunelles alors qu'elle lançait, moqueuse : « Homme incompétent ! »La foule, hébétée, pensait soudain que Claire avait perdu la raison, qu'elle avait basculé dans une folie audacieuse. Seul Gaspard semblait rester ancré dans la logique. Il conn
La conversation téléphonique était marquée par une tension palpable, alors que la respiration de Javier s'accélérait, témoignant de sa colère montante. Claire, attentivement à l’écoute de ces indices sonores, comprenait parfaitement l'état d'esprit de l'homme à l'autre bout du fil. Ce n'est pas seulement l'amour de celui-ci qui permet de connaître quelqu'un profondément, pensait-elle, mais plutôt le temps passé à ses côtés. Et du temps avec Javier, elle en avait passé assez pour le cerner parfaitement.« Si tu n’as rien d’important à dire, je vais raccrocher ! » Sa voix était ferme, un rappel à Javier qu’elle, Claire, n'était plus un simple objet à sa disposition mais désormais la femme de son petit frère. Les conventions sociales l’obligeaient à revoir son traitement envers elle.Javier, déjà en proie à une furieuse tempête intérieure, a senti sa colère décupler lorsque Claire a mis fin à l'appel sans hésitation. L’image obsédante de Claire et Joe dansant ensemble lors de la fête de