Avec une assurance imperturbable, elle a articulé ses mots.À l’écoute de ces mots, le regard d’Arthur est devenu aussi froid que la glace en hiver. Il a esquissé alors un sourire, d’une froideur si perçante que même les traits de son visage en semblaient figés, sculptés dans la glace.Arthur s’apprêtait à répliquer lorsque Romane a préparé le disque et était prête à le projeter. C’est à ce moment précis que le téléphone d’Arthur s’est mis à vibrer. À l’autre bout, la voix emplie d’anxiété d’une infirmière a percé le silence : « M. Caron, venez vite, Mlle Roche est… »« Elle a quoi ? » L’irritation était palpable dans la voix d’Arthur à la mention de « Lina ».Se levant brusquement, il a frôlé presque le tête de Romane de sa stature imposante… Leur différence de taille rendait leurs interactions pour le moins complexes.Romane, le regard levé vers l’homme qui lui faisait face, ne saisissait pas les détails de la conversation téléphonique, mais a capturé le sérieux avec lequel Arthur
Tout cela s’était déroulé avec une brutalité déconcertante, comme un cauchemar qui avait ébranlé jusqu’aux fondements de ses convictions passées !À cet instant, l’image déchirante de Lina, enveloppée dans ce voile blanc qui masquait ses yeux, s’est imposée à lui, un rappel constant de la cécité qui avait marqué sa vie.Il avait longtemps attribué à Romane toute la responsabilité de ce drame, persuadé qu’elle avait orchestré avec cruauté l’enlèvement de Lina, commanditant ses ravisseurs pour qu’ils privent Lina de la vue et lui brisent les membres, la laissant ainsi handicapée et aveugle et que Romane avait détruit toute l’existence de Lina.Mais comment cette vidéo pouvait-elle l’expliquer ? Était-il possible que Lina ne soit pas aveugle et que ses jambes ne soient pas paralysées ?« Très bien… », a-t-il lâché d’un ton glacial, laissant transparaître sa rage.À cet instant, le téléphone a retenti, une sonnerie insistante provenant de l’hôpital.« Allo ? », a-t-il répondu d’une voix ne
Même si elle n’avait plus d’attache à Ville Q, elle y avait passé de nombreuses années de sa vie. Cette offre soudaine de quitter le pays lui a donné l’impression d’être devenue un pissenlit sans endroit où retourner.Dès que ses mots sont tombés, le ton de la personne à l’autre bout du fil est devenu sérieux, « J’ai quelque chose d’important à te donner ! »« Qu’est-ce que c’est ? » a demandé inconsciemment Romane.Richard : « Ta cousine s’est toujours désintéressée des affaires du groupe Roi Inter, hier je lui en ai précisément parlé. Romane, le groupe Roi Inter va désormais être géré par toi. Tant que j’ai encore l’énergie de ces dernières années, il faut que tu apprennes à être une personne qualifiée au pouvoir ! »Quoi ? Gérer le groupe Roi Inter ?C’est une énorme affaire… !Auparavant, son oncle n’avait jamais parlé de ce sujet, et elle n’en était donc pas du tout au courant. Maintenant qu’elle entendait soudainement cette nouvelle, elle sentait chaque cellule de son corps deven
Arthur s’est trouvé plongé dans un chaos émotionnel sans précédent !En revisitant cette période tumultueuse depuis l’enlèvement de Lina, la relation entre lui et Romane s’était fracturée de façon irrévocable. Auparavant, même si Romane s’était fâchée et disputée avec lui, il se rendait compte qu’il avait protégé Lina depuis son enlèvement, convaincu que c’était Romane qui était une femme extrêmement cruelle !Mais qui aurait pu prévoir…Des captures d’écran des transferts de Lina, corrompant le Dr Hugo, et des vidéos la montrant librement déambuler dans l’hôpital, se succédaient dans l’esprit d’Arthur. Comment cela avait-il pu se produire ?!!!…Le soir venu, Romane a quitté le bureau pour rejoindre le parking. Son lieu de travail jouxtait celui d’Arthur, leurs bâtiments respectifs reliés en sous-sol. En approchant de sa voiture, elle a remarqué un homme dos à elle, cigarette à la main. Sa silhouette a évoqué celle d’un prince mélancolique. Les cendres jonchant le sol trahissaient une
Leur relation touchait à sa fin, inévitablement.Vincent a déposé délicatement son verre de vin, a pris une bouchée de steak avec une grâce exquise, et l’a amenée à ses lèvres. Son aura empreinte de noblesse se dégageait avec encore plus de prestance.« Vous avez vu les gros titres aujourd’hui ? » a demandé Romane, instantanément rongée par le regret d’avoir prononcé ces mots. Après tout, comment quelqu’un d’aussi pris par ses activités que Vincent pouvait-il trouver le temps de suivre ces actualités ?Pourtant, Vincent a doucement hoché la tête.« Qu’en pensez-vous ? » a continué Romane.« C’est vous qui avez fait ça ? » La question de Vincent était teintée de curiosité, mais sa certitude transparaissait.Romane a acquiescé.« On dirait que vous lui en voulez ? » Vincent a évoqué Arthur.Sans le mécontentement qu’elle nourrissait envers Arthur, comment aurait-elle pu exposer une affaire aussi délicate au grand jour, laissant les gens la juger ? En tant que femme perspicace, elle devai
Au manoir de la famille Caron, Arthur a fait son retour. Les deux frères de son grand-père, Jonathan et Ernest étaient présents, mais la branche de la famille issue du troisième frère du grand-père d’Arthur n’avait pas fait le déplacement ce jour-là. Peut-être étaient-ils encore à l’étranger, s’ils étaient à Ville Q, ils auraient certainement assisté à cette réunion.Arthur se demandait ce qu’ils avaient dit avant son retour. Il avait vu Marie et Zoé qui semblaient épuisées, laissant transparaître une tension palpable et Lucie se tenait en retrait, l’air agressive.« Enfin de retour ! » a lâché Raymond, le second frère de son grand-père, avec un mépris à peine dissimulé.Arthur lui a répondu d’un regard froid, sans la moindre trace de soumission.« Une scène plutôt familière et formelle, n’est-ce pas ? » a-t-il ironisé. Ce genre de confrontation était monnaie courante dans la famille Caron.Dans leur quête de pouvoir familial, ils étaient prêts à tout. Raymond, affalé sur le canapé,
Dans le bureau à l’étage, une atmosphère chargée d’histoire flottait dans l’air, mêlée à l’odeur enivrante de la fumée. Zoé a franchi le seuil avec une aisance feinte, son regard capturé par la danse gracieuse des volutes de fumée. Elle s’est installée et a laissé échapper une question empreinte de préoccupation : « Comment va-t-elle ? », faisant référence à Romane.Les incidents récents avec les Caron ont éveillé en Zoé une suspicion grandissante quant à la nature intentionnelle des agissements de Romane. Si seulement elle avait su exploiter ses talents plus tôt, peut-être aurait-elle été plus encline à laisser Romane jouer un rôle plus actif au sein de l’entreprise. Même si elle n’avait que peu de soutien familial, si elle était suffisamment compétente, et alors ?Arthur, lui, semblait s’embourber dans un océan d’incompréhension face à la question de Zoé. « De quoi tu parles ? Qu’est-ce qui se passe ? » a-t-il demandé, ses mots témoignant d’une ignorance bienveillante.Zoé a clarifié
« Plus tôt, j’ai eu l’occasion de croiser la route de Nathalie, l’assistante spéciale du président du groupe S-Bâti. » a-t-il déclaré d’un ton pensif.Ce simple fait révélait l’importance que le groupe S-Bâti accordait à cette collaboration, en dépêchant personnellement quelqu’un chez Romane, plutôt que de l’inviter à se rendre dans leurs locaux. Une indication claire de l’intérêt qu’ils portaient à ce terrain jouxtant le Parc de bonheur, en banlieue Est.La Ville Q était désormais à son apogée en termes de développement, et chaque parcelle de terrain disponible suscitait une intense convoitise. À la moindre rumeur d’un nouvel appel d’offres, une foule de prétendants se manifestait.Le groupe S-Bâti s’était donc tourné vers Romane, qui avait déjà collaboré avec le groupe ÉPN précédent, affichant une confiance évidente dans sa capacité à obtenir ce terrain. La victoire dans la conception liée au terrain de la banlieue Est était sans aucun doute une démonstration des compétences de Roma