Zoé a murmuré d'une voix incertaine : « Qui sait ? » L'intonation traînait une note d'amertume. Assise à la table ornée d'une nappe de lin, elle a saisi sa tasse de thé et en a pris une gorgée, mais même la douceur du thé ne suffisait pas à calmer les tumultes de son cœur.À ses côtés, Lucie a penché la tête, ses yeux sombres traversés par des courants d'émotions tumultueuses. Elle a pris la parole d'un ton grave : « Bien que l'opinion publique ait été en émoi à notre sujet récemment, les véritables détails de cette affaire demeurent connus de quelques personnes seulement. »Un silence pesant s'est installé.« Romane, elle, est désormais libre de son mariage avec mon frère, elle se consacre entièrement à sa carrière. Et il est peu probable qu’Alice puisse envisager de le faire, n'est-ce pas ? Après tout, son cœur aspire à unir son destin à celui de mon frère. »« Naturellement, elle ne souhaiterait pas que l'honneur de la famille Caron soit entaché par de quelconques scandales », a ajo
« Romane, as-tu seulement conscience de ce que représente la famille Mathias ? Tu ne devrais t'approcher de Vincent que si tu aspires à ta propre perte ! », s'est exclamé Arthur, les traits marqués par l'exaspération et l'inquiétude.La notoriété de la famille Mathias était bien établie dans toute la ville Q ; leur réputation sombre et profonde était connue de tous. Et pourtant, Romane, avec une audace qui frisait l'inconscience, avait décidé de s'immiscer dans leurs affaires.Face à la tempête de questions et à la fureur palpable d'Arthur, Romane a levé les yeux vers lui, un regard las mais résolu illuminant son visage pâle. « Je me le demande aussi, Arthur. Peut-être que je cherchais la mort en t’épousant ! »Arthur est resté muet, stupéfait. Encore une fois, ses paroles sonnaient comme ces échos douloureux d'une souffrance déjà trop familière, comme le genre de torture que l'on subit dans l'au-delà.Frustré, il a joué nerveusement avec son briquet, produisant un cliquetis incessant.
Malgré tout, il s'avérait impossible pour lui de se détacher de cette femme. Bien que la décision de faire partir Lina de Ville Q puisse sembler une concession, Arthur ne l'avait pas envisagée ainsi. « Elle est désormais aveugle. Si elle quitte Ville Q, où ira-t-elle ? Qui veillera sur elle ? » Ses mots, chargés d'une douleur implicite, résonnaient comme un reproche, insinuant la cruauté de Romane.Romane le fixait, muette. Son sourire amer et distant dévoilait une fissure dans son armure émotionnelle. « Romane… », a murmuré Arthur, le cœur lourd, tendant la main vers elle.Cependant, elle a repoussé sa main avec détermination, les yeux fermés. « Elle est ma sœur, n’est-ce pas ? Si moi, je ne suis pas inquiète de son état, toi, en tant que beau-frère, pourquoi le serais-tu ? » Son ton était empreint de sarcasme, rendant l'inquiétude d'Arthur à la fois risible et répugnante.À ces mots, le visage d'Arthur s’est décomposé. Auparavant, il n'avait jamais perçu cette contradiction dans le
Alice avait quitté la demeure dans un tourbillon de tension palpable. Lucie, en descendant l'escalier majestueux qui menait au salon où Zoé se tenait, a lancé d'une voix inquiète : « Maman, qu'a dit Alice ? »« Garde un œil sur Lina ! », a répliqué Zoé, le visage marqué par la fatigue et le stress. Elle avait espéré que les fiançailles d'Alice et d'Arthur se dérouleraient sans heurt, pour éviter toute complication inutile. Cependant, l’incertitude grandissante de la famille Ferran vis-à-vis de cette union compliquait les choses, et la présence de Lina chez eux avait indéniablement semé le trouble.« Que veut-elle dire par là ? », a demandé Lucie, perplexe.« Elle exige que Lina quitte la maison au plus vite », a répondu Zoé d’un ton acerbe. En réalité, son esprit était occupé par d'autres préoccupations. Elle a fermé les yeux pour dissimuler ses véritables intentions.Alors qu'elle allait révéler ses pensées, le majordome a fait irruption, haletant : « Madame, vous avez reçu un colis
Les jeunes filles se plaisaient souvent à déguster des friandises, bien que nombre d'entre elles soient hantées par la crainte des rondeurs superflues. Ainsi, elles consommaient ces douceurs avec une certaine retenue, rarement de manière ostensible.Clémence observait Lucie savourer avec délice, une lueur plus intense brillant au fond de ses yeux : « À midi, que diriez-vous si je vous prépare un déjeuner ? »« Vraiment ? Très bien ! »« Qu'aimeriez-vous manger alors ? »« Un plat de poisson serait merveilleux. »« Parfait, je vous concocterai un poisson braisé ? »« Merci ! Clémence ! » Lucie a acquiescé avec enthousiasme, son amour pour le poisson braisé n'étant un secret pour personne.Plus Clémence la regardait, plus son affection semblait croître, le sourire se creusant dans ses yeux à chaque bouchée supplémentaire que Lucie prenait. « Allez-y, prenez-en encore un peu. Nous pouvons déjeuner un peu plus tard. »Lucie a hoché la tête, une expression enfantine illuminant son visage, r
Si Romane n'avait pas elle-même été la cible des manigances perfides de Zoé, elle aurait pu croire que la douceur de cette femme la différenciait des autres nobles malveillantes. Cette hypocrisie mettait Romane mal à l’aise."Rancunière ou non, quelle importance cela a-t-il désormais ? Je n'ai plus aucun lien avec vous, les Caron ! », s'est exclamée Romane, sa voix trahissant à peine l'acier de sa détermination.La vraie revanche, pour Romane, n'était pas de nourrir rancune, mais de démontrer sa supériorité. Autrefois méprisée et piétinée par les Caron, elle trônait maintenant au sommet de sa carrière, devenue une figure d'admiration, une épine dans leur orgueil.Dans l'hésitation et la prudence de Zoé, Romane trouvait un début de soulagement, un baume à ses années de frustrations refoulées. Zoé, cependant, cachait mal son tourment derrière une façade de tranquillité.« Romane », a commencé Zoé, d'une voix modeste.Romane l’observait en silence, se demandant si cette femme, autrefois
Les Caron valorisaient toujours la réputation et l'image familiale. Ce scandale inattendu venait de surgir, laissant Zoé profondément bouleversée. Comment une telle mésaventure a-t-elle pu se produire sous son toit ?Zoé et Yvette, élevées dans les rigueurs des traditions, se trouvent incapables de tolérer une situation aussi inconvenante. Lina, demi-sœur de Romane, désireuse d'épouser son beau-frère Arthur ? Quelle aberration contre-nature pourrait davantage ébranler les fondements de leur morale ?Le chaos a régné dans l'esprit de Zoé. « Mais enfin, que se passe-t-il ? », a-t-elle murmuré, perdue.Au cœur de l'intrigue, une configuration familiale complexe se dessinait : Lina, la sœur de Romane, résidait désormais chez les Caron. Romane était l’ex-femme d’Arthur…« Désolée, je n’ai pas le temps de vous expliquer tout cela maintenant ! », s’est exclamée Romane, vérifiant l’heure à son poignet avant de tourner les talons, indifférente à la présence de Zoé.« Attends ! », a lancé Zoé,
À ce moment précis, la valise de Lina, que Philippe avait soigneusement rangée dans l'armoire, s'est ouverte sous ses doigts fébriles. Elle s’est mise à fouiller frénétiquement à la recherche de son téléphone portable. Ses mains parcouraient chaque recoin, chaque poche de ses vêtements, mais son téléphone restait désespérément introuvable.« Mlle Roche, il est l'heure de prendre votre médication. » La voix de la femme de chambre a résonné dans l'encadrement de la porte. Puis, avec une pointe d'irritation, elle a ajouté : « Pourquoi avez-vous mis votre chambre dans un tel état ? »Avec une tension palpable dans la voix, Lina a rétorqué : « Où est mon téléphone portable ? »Elle ressentait un besoin urgent de contacter Philippe, d'appeler Arthur. Il lui fallait s'échapper de cet endroit qui prenait les allures d'une prison.Cette Lucie était méconnaissable, terrifiante. Elle révélait sa véritable nature, une facette que Lina n'avait jamais imaginée. La pensée que Lucie puisse avoir empoi