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Appuyant sur envoyer, je glissai mon téléphone dans la pochette à ma taille et m'élançai dans la forêt, mon corps hurlant de douleur alors que je me forçais à me transformer. Les os craquèrent et se brisèrent tandis que la peau meurtrie et cicatrisée se déchirait. J'ignorai la douleur, ignorai l'élancement de la jambe encore en train de guérir qu'Asher avait brisée lors d'une des attaques dans la forêt. J'ignorai la façon dont la forêt clignotait en nuances de rouge à travers mon seul œil valide.

Je courus simplement. Je courus aussi vite que je le pouvais vers le domaine de Greyson. Vers le vampire qui devrait être mien. Qui était mien. Je lui ferais voir ça. Qui d'autre aurait fait ce que j'avais fait ? Qui d'autre aurait riposté contre les loups qui l'avaient abandonné ? Pas Nova. Nova avait fui. J'étais toujours là.

Ma louve exulta de joie, nous deux rêvassant des retrouvailles que nous aurions avec notre compagnon pendant que nous courions. Je vis le sourire sur son visage quand il me verrait, quand il réaliserait ce que j'avais fait, quand il verrait ce que j'avais enduré. Il sourirait en me prenant dans ses bras et m'embrasserait comme avant, alors que la morsure acérée de ses dents percerait ma peau. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas bu de moi, et pourtant j'en rêvais encore.

Avant que je ne m'en rende compte, les hauts sommets du toit du manoir percèrent à travers les arbres, les flèches s'étirant plus loin dans le ciel à mesure que je m'approchais. C'était la même maison, le même ciel ancien, mais tout avait changé concernant le manoir.

Les vampires qui étaient habituellement confinés dans les entrailles de la maison rôdaient à travers les arbres. Des centaines d'entre eux erraient dans l'ombre que la forêt procurait. Ils m'observaient tandis que je courais, leurs sourires aux crocs acérés comme un cadeau de bienvenue tordu.

Greyson ne se cachait plus. Greyson et le monstre en lui s'affichaient pleinement.

Les vampires rôdaient tandis que des cris résonnaient à travers ces arbres, les sons déchirants de douleur formant une symphonie d'horreurs, mais une que j'avais déjà entendue. C'était le même son chaque fois que des loups rejoignaient sa meute. Chaque fois qu'il choisissait de se nourrir.

Mes pieds coururent plus vite, droit vers les marches de l'entrée du manoir et plus près des cris. Je n'eus pas à aller bien loin.

Le hall en marbre de la maison était jonché de corps, certains se tordant en sanglotant, d'autres figés avec la peau pâle de la mort. Les loups que nous avions piégés ici étaient devenus le festin des frustrations de Greyson. À en juger par les sanglots, par la façon dont les loups se contorsionnaient de douleur, certains feraient la transformation. Certains.

Il y avait plus de corps pâles que de vivants. Il en avait tué plus qu'il n'aurait dû.

Mon loup a grondé avant que je ne repousse cette pensée, me frayant prudemment un chemin à travers les corps alors que je m'approchais furtivement des cris. Je n'ai pas eu à aller loin avant de le trouver, juste à l'intérieur de la salle de bal où de nombreux autres loups s'étaient cachés. Quelques-uns étaient encore blottis contre la porte du fond, essayant de s'échapper, même si on pouvait voir dans leurs yeux qu'ils savaient qu'ils étaient piégés.

— Pourtant, si ce que tu as fait venait à se savoir... dit une voix inconnue, le ton traînant un mélange d'ennui total et d'ego extrême.

Un homme blond se tenait à ses côtés, regardant Greyson boire avidement d'une femme pâle. Ses crocs étaient plantés dans son cou, ses mains allongées avec des griffes mortelles alors qu'il s'accrochait à elle.

— Tu crois que je ne le sais pas ? dit Greyson, sa voix craquelée d'un rire fou alors qu'il repoussait la femme et se tournait vers l'homme. Ils faisaient à peu près la même taille, mais alors que Greyson était sombre et menaçant, l'autre était clair et blond. Il aurait pu être beau si ce n'était pour la masse de cicatrices qui traversait son visage.

— Parris a réussi à se maîtriser...

— Ne me parle pas de Parris, Dimitri, coupa Greyson, interrompant l'autre en donnant un coup de pied à l'un des corps encore frémissants. La pauvre fille gémit et bascula sur le côté. Je ne suis en rien comme lui.

— En effet, si tu l'étais, nous n'aurions pas cette conversation. Nous n'aurions pas ce problème, gronda Dimitri, ses crocs s'enfonçant dans sa lèvre inférieure. Greyson se retourna vers lui, son visage pâle et strié de veines grises alors que ses crocs s'allongeaient. C'était une démonstration terrifiante, et j'avais appris que cela signifiait toujours le danger. Ce Dimitri ne sourcilla même pas.

C'était peut-être pour ça qu'il avait tant de cicatrices.

— Ne sois pas si sauvage, Greyson, tu commences à agir comme les bêtes dont tu es si friand. Pourquoi tu as choisi les bâtards des fées comme ta compulsion, je ne le saurai jamais. Les loups. Il cracha ce dernier mot, et je grognai, attirant pour la première fois l'attention des deux hommes.

— Oh mon dieu ! grogna Dimitri, quelle que soit la panique que j'espérais voir chez lui, elle fut remplacée par une lèvre retroussée. Il semblait plus dégoûté qu'effrayé. Foutu vampire. Tue celui-là ensuite.

— Kat, dit Greyson, ignorant le vampire balafré et se retournant vers les corps. Sors de ce corps, veux-tu.

Mon loup fit un son étouffé avant de se retirer, les os craquant douloureusement à nouveau. Les deux vampires me regardèrent avec dégoût alors que mon loup disparaissait et que je me redressais devant eux.

Ou du moins, j'essayai.

Les choses ne bougeaient pas tout à fait correctement, c'était presque comme si mes os ne s'emboîtaient plus. Mon épaule pendait mollement, ma jambe était à moitié cassée, et un pied était tourné dans le mauvais sens. Je me rendis compte qu'un de mes yeux avait disparu, et qui sait dans quel état cela laissait le reste de mon visage.

Dimitri était couvert de cicatrices, mais il avait l'air tout aussi dégoûté par moi que Greyson. Ça ne pouvait pas être bon. Quoi qu'il en soit, je restai immobile, le menton haut alors que je regardais Greyson droit dans les yeux, ces orbes noirs me fixant en retour.

— Où es-tu allée, Kat ? Il semblait plus énervé qu'intrigué. Je te cherchais. Bien que, vu ton état, je devrais être heureux que tu sois en vie.

— Heureux ? ricana Dimitri, me regardant toujours de haut en bas. Je grognai contre lui, sachant qu'il valait mieux ne rien dire de cinglant à un vampire. Je me retournai vers Greyson.

— J'ai tendu un piège à Nova. Je sais où ils sont, tous, et dans une heure il ne restera plus rien. Je peux t'y emmener et ensemble nous pourrons les achever. Ensemble nous pourrons... Je m'approchai de lui, ma main striée de sang alors que je tendais le bras vers lui. Cependant, il ne saisit pas ma main comme il le faisait d'habitude. Il recula et mon estomac se serra.

— Quel piège as-tu tendu ? demanda Greyson, sa lèvre se retroussant sur ses crocs. La tension dans ma poitrine s'accrut, la colère menaçant de prendre sa place.

Pourquoi me regardait-il comme ça ? J'avais vu le monstre en lequel Nova s'était transformée, son loup était une chose morte-vivante couverte de sang. Il l'avait rendue ainsi, et maintenant j'étais comme ça à cause de lui. Parce que je le protégeais, c'était mieux que tout ce qu'elle pourrait jamais dire.

— Était-ce un piège à ours et t'y es-tu fait prendre ? ricana Dimitri, Greyson toussant en essayant de ne pas rire.

Je me fichais qu'il soit un vampire, je me retournai vers lui, mon loup grondant dans ma poitrine alors qu'il me narguait. Le regard qu'il me lança était encore pire dans ce monde strié de rouge.

— J'ai cette apparence parce que, lorsque je guidais les gardes pour les maintenir sous contrôle, comme on me l'avait ordonné, ils m'ont aspergée de sang et tous tes vampires m'ont attaquée.

Je croisai les bras, fusillant du regard les deux hommes. J'attendais, m'attendant à ce que Greyson me gratifie de son sourire habituel après un travail bien fait. J'attendais ce large sourire, ses mains froides qui m'attireraient vers lui.

Au lieu de cela, Greyson et Dimitri me regardèrent avec horreur.

— Que veux-tu dire par « il t'a aspergée de sang » ? demanda Greyson, qui semblait réellement effrayé.

— Je veux dire qu'il avait une putain de bouteille d'eau remplie de sang et qu'il m'en a aspergée, et tous les vampires m'ont attaquée. C'était comme s'ils s'étaient transformés en monstres.

L'horreur sur leurs visages grandissait à chaque mot, mes derniers mots se brisant tandis que je fixais leurs yeux écarquillés.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Stacia, murmura Dimitri si doucement que je n'étais pas sûre de l'avoir bien entendu. Comment a-t-il... C'est impossible.

— Eh bien, visiblement, ça l'est, rétorqua Greyson, souriant à Dimitri avant de se tourner vers moi, le sourire que j'attendais enfin dirigé vers moi. On dirait que Parris n'est pas le prodige parfait que tu pensais.

— Merde.

Dimitri donna un coup de pied à l'un des corps qui nous entouraient, le pauvre homme gémissant. J'aurais juré qu'il était mort avant cela.

— Où est-ce ? demanda Greyson, me regardant toujours.

— Où est quoi ?