Goran est assis sur la poutre supérieure perpendiculaire au grand mât. Son regard se perd sur l’horizon. C’est étrange cette sensation. C’est comme s’ils ne s’étaient jamais quittés. Le contact de son corps, la chaleur de sa peau, le goût de ses lèvres... rien n’a changé. Il la veut et il l’aura. C’est ainsi et il en a toujours été de la sorte. Il exige, il obtient. Cela dissimulerait-il un certain manque de confiance en soi pour avoir ainsi besoin de tout contrôler ? Il a besoin de se sentir entouré. Et comme bon nombre de ses sous-fifres terminent au four crématoire, il ne lui reste qu’elle pour pouvoir le supporter. Cette bonté qu’il lisait autrefois dans ses yeux l’apaisait. Elle était la seule à le comprendre. Certes, elle ne trouvait pas toujours les mots justes, voire quasiment jamais à y bien penser. Mais dans le fond, il savait qu’il ne survivrait pas sans elle. Elle acceptait tout. Elle l’acceptait lui.Il l’avait rencontrée sur l’île des pirates à
Cela fait déjà quelques heures qu’Ailec potasse sans relâche les majestueux ouvrages mis à sa disposition au Manoir. Des post-it jonchent une foultitude de pages et autant de notes sont griffonnées sur un calepin à ses côtés. Ses cheveux sont en bataille à force de les passer d’un côté puis de l’autre pour aider ses réflexions.Elle dévore les lignes qui défilent sous ses yeux. Lire est véritablement une activité qui l’enivre. Elle engrange les connaissances et se sent utile. Elle cherche encore bien qu’elle ne sache réellement quoi. Cela fait quelques minutes qu’elle a déjà compris ce qu’elle doit faire. Soudain ses yeux tremblent. Son cerveau fatigue. C’est le signe annonciateur indiquant qu’il faut qu’elle arrête un moment. Levant le regard de ses découvertes, elle réalise qu’il fait désormais nuit. L’obscurité est tombée. Elle se frotte les yeux, laissant ensuite glisser ses deux mains jusqu’au derrière de sa tête, les doigts enchevêtrés. Son bras blessé la fait
Le jour se lève. L’alcool a désormais déserté son corps ce qui a laissé le champ libre à la douleur. Il lui faut impérativement reprendre un baiser du dragon en rentrant. Elle craint que ce mal fasse resurgir le démon qui sommeille. Il n’aime guère la souffrance.Elle émerge petit à petit, s’évadant doucement du lit dans lequel elle a finalement sombré la veille. Elle a pourtant catégoriquement refusé de dormir avec lui, dans un premier temps. Mais rapidement, de baisers en caresses, elle s’est laissé amadouer. Cette tendresse lui manquait depuis quelques temps déjà. Elle n’a pas eu la force de résister. Quelle stupide faiblesse ! Elle s’en veut tout de même un peu d’être si facilement retombée. Peu importe, il est temps pour elle de s’en aller. Récupérant chacune de ses affaires dans le silence le plus total, elle prend ses clics et ses clacs et le laisse seul, paisiblement endormi, emmitouflé dans une couette douillette remontée jusqu’au cou. Il semble pourtant s
Ailec se gare sur le parking du port. À cette heure-ci, elle trouve toujours de la place.Elle sort de la voiture. Seul un pauvre lampadaire éclaire la rue. Elle réalise alors qu’elle n’a aucune arme sur elle. Elle est sortie du lit et n’a pas pris le temps de se munir de ses inconditionnels. Oubliées les précautions prises lorsqu’elle était encore pirate. Elle ouvre alors la porte côté passager et regarde ce qui se trouve dans sa boîte à gants. Elle y trouve deux petites dagues. Cela fera l’affaire. Elle les glisse à l’arrière de son jogging. Une de chaque côté. Refermant la portière, elle sent une main sur sa bouche et deux bras puissants qui la retournent et la plaquent contre la voiture. Ses yeux s’écarquillent mais elle se rassure en apercevant Goran. Il la dégage.« Mais t’es pas dingue ? l’engueule-t-elle.— Désolé mais je ne voulais pas vraiment me prendre un coup de lame.— Depuis combien de temps es-tu là ? Et comment savais-tu que j’ét
Les cavités sont profondes. Elle s’y perdrait presque.Des corridors sans fin qui tourbillonnent à n’en plus pouvoir. Par chance, elle a su rapidement se faire des repères. Mais ce n’est pas ce qui la réjouit le plus. Avoir un bon sens de l’orientation, bon, c’est bien mais rien de fou. Ce qui la ravit le plus, c’est le port des corsets et des belles robes sombres. Au moins, les stylistes de l’Enfer ont-ils du goût. C’est déjà ça. Et comme son père se plie quasiment à ses moindres désirs, elle peut en changer à loisir. Un vrai régal. Quitte à vivre ici, autant s’amuser. Ils ont tous voulu la détruire et la pousser à la faute. Elle leur montrera qu’elle peut se défendre et rendre dingue ce démon, aussi puissant soit-il.Elle se dirige vers la salle des nouveaux arrivants. Voyons voir ce que réservent les trouvailles du jour. Un peu de chair fraîche ! L’œil vif et le pas léger, elle se frotte les mains avec envie. Son pouvoir s’est totalement décuplé depuis son
Goran reprend sa respiration après deux jours de mort fictive.La table sur laquelle il est allongé ne lui paraissait jusqu’alors pas aussi dure. Le moindre de ses mouvements fait craquer tout son corps tandis qu’il aperçoit le mage qui l’a fait voyager. Il vient tout juste d’entrer dans la pièce. Il se sentait redevable suite à une histoire peu nette avec des pirates peu recommandables dans laquelle il s’était embourbé il y a bien longtemps de cela. Goran l’avait alors sorti d’un très mauvais pas. Le mage s’est donc empressé d’aider le jeune homme afin d’effacer définitivement sa dette. Il n’est plus tout jeune et se refuse à périr avant d’avoir réglé ce qu’il doit.Ailec est assise à côté du lit, la tête déposée sur ses bras. Elle s’est assoupie. Goran caresse ses cheveux flamboyants, la réveillant tout en douceur. Elle ouvre un œil, puis deux. Réalisant ce qui se passe, elle se redresse en toute hâte et saute à son cou, heureuse qu’il soit enfin réveillé. L
Célia B. est une jeune auteure passionnée de lecture et d’écriture. Voyageuse dans l’âme, elle aime rêver l’ailleurs et partage ainsi son imagination dans ce premier roman.
À Blanche, sans qui ce texte ne serait pas.À Nini, pour l’aide et les remarques.À mes parents, sans qui toute cette aventure serait impossible.À Co’, pas besoin de mot.PrologueElle regardesa main se poser. Ce n’est pas la sienne. Du moins, c’est tout comme. Elle ne sait plus ce qu’elle sent. La vivacité l’a-t-elle désormais désertée ? Une vague douleur entre les côtes la tiraille pourtant depuis quelques jours.Qu’a-t-elle fait ? Telles ses angoisses nocturnes, ses plans culs s’enchaînent et s’additionnent sans qu’elle puisse en tenir à jour le registre. Trop peu de temps... Entre deux, elle bosse. Elle ne laisse aucun repos à son cerveau. Si elle n’est pas en train de parler avec un nouvel étalon, c’est qu’elle le chevauche. Et si elle n’est pas en pleine course d’équitation, c’est qu’elle a le nez dans ses papelards.
Célia B. est une jeune auteure passionnée de lecture et d’écriture. Voyageuse dans l’âme, elle aime rêver l’ailleurs et partage ainsi son imagination dans ce premier roman.
Goran reprend sa respiration après deux jours de mort fictive.La table sur laquelle il est allongé ne lui paraissait jusqu’alors pas aussi dure. Le moindre de ses mouvements fait craquer tout son corps tandis qu’il aperçoit le mage qui l’a fait voyager. Il vient tout juste d’entrer dans la pièce. Il se sentait redevable suite à une histoire peu nette avec des pirates peu recommandables dans laquelle il s’était embourbé il y a bien longtemps de cela. Goran l’avait alors sorti d’un très mauvais pas. Le mage s’est donc empressé d’aider le jeune homme afin d’effacer définitivement sa dette. Il n’est plus tout jeune et se refuse à périr avant d’avoir réglé ce qu’il doit.Ailec est assise à côté du lit, la tête déposée sur ses bras. Elle s’est assoupie. Goran caresse ses cheveux flamboyants, la réveillant tout en douceur. Elle ouvre un œil, puis deux. Réalisant ce qui se passe, elle se redresse en toute hâte et saute à son cou, heureuse qu’il soit enfin réveillé. L
Les cavités sont profondes. Elle s’y perdrait presque.Des corridors sans fin qui tourbillonnent à n’en plus pouvoir. Par chance, elle a su rapidement se faire des repères. Mais ce n’est pas ce qui la réjouit le plus. Avoir un bon sens de l’orientation, bon, c’est bien mais rien de fou. Ce qui la ravit le plus, c’est le port des corsets et des belles robes sombres. Au moins, les stylistes de l’Enfer ont-ils du goût. C’est déjà ça. Et comme son père se plie quasiment à ses moindres désirs, elle peut en changer à loisir. Un vrai régal. Quitte à vivre ici, autant s’amuser. Ils ont tous voulu la détruire et la pousser à la faute. Elle leur montrera qu’elle peut se défendre et rendre dingue ce démon, aussi puissant soit-il.Elle se dirige vers la salle des nouveaux arrivants. Voyons voir ce que réservent les trouvailles du jour. Un peu de chair fraîche ! L’œil vif et le pas léger, elle se frotte les mains avec envie. Son pouvoir s’est totalement décuplé depuis son
Ailec se gare sur le parking du port. À cette heure-ci, elle trouve toujours de la place.Elle sort de la voiture. Seul un pauvre lampadaire éclaire la rue. Elle réalise alors qu’elle n’a aucune arme sur elle. Elle est sortie du lit et n’a pas pris le temps de se munir de ses inconditionnels. Oubliées les précautions prises lorsqu’elle était encore pirate. Elle ouvre alors la porte côté passager et regarde ce qui se trouve dans sa boîte à gants. Elle y trouve deux petites dagues. Cela fera l’affaire. Elle les glisse à l’arrière de son jogging. Une de chaque côté. Refermant la portière, elle sent une main sur sa bouche et deux bras puissants qui la retournent et la plaquent contre la voiture. Ses yeux s’écarquillent mais elle se rassure en apercevant Goran. Il la dégage.« Mais t’es pas dingue ? l’engueule-t-elle.— Désolé mais je ne voulais pas vraiment me prendre un coup de lame.— Depuis combien de temps es-tu là ? Et comment savais-tu que j’ét
Le jour se lève. L’alcool a désormais déserté son corps ce qui a laissé le champ libre à la douleur. Il lui faut impérativement reprendre un baiser du dragon en rentrant. Elle craint que ce mal fasse resurgir le démon qui sommeille. Il n’aime guère la souffrance.Elle émerge petit à petit, s’évadant doucement du lit dans lequel elle a finalement sombré la veille. Elle a pourtant catégoriquement refusé de dormir avec lui, dans un premier temps. Mais rapidement, de baisers en caresses, elle s’est laissé amadouer. Cette tendresse lui manquait depuis quelques temps déjà. Elle n’a pas eu la force de résister. Quelle stupide faiblesse ! Elle s’en veut tout de même un peu d’être si facilement retombée. Peu importe, il est temps pour elle de s’en aller. Récupérant chacune de ses affaires dans le silence le plus total, elle prend ses clics et ses clacs et le laisse seul, paisiblement endormi, emmitouflé dans une couette douillette remontée jusqu’au cou. Il semble pourtant s
Cela fait déjà quelques heures qu’Ailec potasse sans relâche les majestueux ouvrages mis à sa disposition au Manoir. Des post-it jonchent une foultitude de pages et autant de notes sont griffonnées sur un calepin à ses côtés. Ses cheveux sont en bataille à force de les passer d’un côté puis de l’autre pour aider ses réflexions.Elle dévore les lignes qui défilent sous ses yeux. Lire est véritablement une activité qui l’enivre. Elle engrange les connaissances et se sent utile. Elle cherche encore bien qu’elle ne sache réellement quoi. Cela fait quelques minutes qu’elle a déjà compris ce qu’elle doit faire. Soudain ses yeux tremblent. Son cerveau fatigue. C’est le signe annonciateur indiquant qu’il faut qu’elle arrête un moment. Levant le regard de ses découvertes, elle réalise qu’il fait désormais nuit. L’obscurité est tombée. Elle se frotte les yeux, laissant ensuite glisser ses deux mains jusqu’au derrière de sa tête, les doigts enchevêtrés. Son bras blessé la fait
Goran est assis sur la poutre supérieure perpendiculaire au grand mât. Son regard se perd sur l’horizon. C’est étrange cette sensation. C’est comme s’ils ne s’étaient jamais quittés. Le contact de son corps, la chaleur de sa peau, le goût de ses lèvres... rien n’a changé. Il la veut et il l’aura. C’est ainsi et il en a toujours été de la sorte. Il exige, il obtient. Cela dissimulerait-il un certain manque de confiance en soi pour avoir ainsi besoin de tout contrôler ? Il a besoin de se sentir entouré. Et comme bon nombre de ses sous-fifres terminent au four crématoire, il ne lui reste qu’elle pour pouvoir le supporter. Cette bonté qu’il lisait autrefois dans ses yeux l’apaisait. Elle était la seule à le comprendre. Certes, elle ne trouvait pas toujours les mots justes, voire quasiment jamais à y bien penser. Mais dans le fond, il savait qu’il ne survivrait pas sans elle. Elle acceptait tout. Elle l’acceptait lui.Il l’avait rencontrée sur l’île des pirates à
La soirée s’est bien passée. Les sourires qui s’affichent sur les visages radieux des deux tourtereaux en attestent. Ils entrent silencieusement dans le Manoir en espérant ne réveiller personne. JC les attend dans le salon, un livre à la main.« La Philosophie dans le boudoir, hein ? se moque Ailec qui s’avance vers lui. C’est sûrement la seule philosophie que tu peux comprendre. »Il tire la langue et l’attire contre lui pour la forcer à s’asseoir sur ses genoux. Elle se débat en rigolant.« Allez, viens on essaye pour voir si ce qu’il décrit est réalisable. »Ailec, toujours tout sourire, parvient à se relever.« Ne t’en fais pas JC, ce que dit Sade est parfaitement réalisable. »Elle lui lance un clin d’œil qui en dit long sur ses activités passées.« Les autres sont couchés ? » s’enquit Vince.JC hoche la tête en guise d’acquiescement.« Je monte enfiler quelque chose de plus confortable, annonce Ailec en s’approchant du hall d’entrée. Voyez comment vous voulez pro
Ruby est en train de préparer son sac quand Ailec entre dans la chambre.« Tu t’en vas ? s’enquit Ailec.— Tu dois comprendre. Je ne suis pas à ma place ici.— Tu devras porter un masque si tu nous quittes.— Tu es tellement mal placée pour parler… la reprend Ruby. Tu portes un masque depuis des années.— Je peux le gérer, répond Ailec.— Moi aussi.— Ruby… Tu es jeune et…— Oh ça va ! Ne me joue pas le couplet de l’ancêtre. Tu n’as que cinq ans de plus que moi. Quant à ce qui est de l’expérience… toi aussi tu les as quittés. Plus d’une fois.— Et comme tu peux le constater, je reviens inévitablement ici. Je ne peux pas rester loin bien longtemps. »Ruby tombe sur le lit. Elle place sa tête entre ses mains, les coudes sur les genoux. Ailec prend place à ses côtés. Elle lui caresse l’épaule. Ruby pose alors ses yeux de verre sur son aînée.« Tu devras aussi porter des lenti