Elya
Je suis enchaînée à eux.
Littéralement.
Des liens invisibles m’étreignent, me tirant tantôt vers Caïn, tantôt vers Dimitri.
Mon cœur, mon âme, mon corps.
Tout est en feu.
Et je ne sais plus où commence mon désir et où finit ma peur.
— Tu dois choisir, Elya.
La voix de Caïn est un grondement de tempête.
— Ou alors laisse-moi le faire pour toi.
Ses doigts effleurent mon bras, et une vague de chaleur traverse tout mon être.
Je frémis.
Mais avant que je puisse répondre, une main glacée attrape mon poignet et me tire brutalement en arrière.
Dimitri.
— Elle n’est pas un objet, sorcier.
Son regard de glace croise celui de Caïn, brûlant comme des flammes maudites.
Leur magie s’entrechoque, crépitant dans l’air comme un orage imminent.
Et moi, je suis entre eux.
Encore.
Toujours.
— Je… Je ne peux pas…
Ma voix se brise.
Parce que c’est vrai.
Comment pourrais-je choisir ?
Caïn est la chaleur dévorante qui menace de me consumer.
Dimitri est la nuit hypnotique qui me hante.
Et tous deux me réclament.
— Elya…
Caïn murmure mon nom comme une prière.
Ses mains attrapent mon visage, me forçant à lui faire face.
Ses yeux sont sombres, fiévreux.
— Je peux te donner tout ce dont tu as besoin. Tout ce que tu désires.
Il se rapproche.
Son souffle effleure ma peau.
— Dis-moi que tu ne veux que moi.
Il est si près que je sens chaque parcelle de sa puissance s’infiltrer en moi.
Et mon corps répond avant mon esprit.
Je bascule.
Mes lèvres rencontrent les siennes.
Un baiser affamé.
Désespéré.
Sa magie s’embrase contre moi, m’emportant dans un maelström de sensations vertigineuses.
Il me veut.
Il me prend.
Et je me perds en lui.
— Non.
Une force glaciale me sépare violemment de Caïn.
Dimitri.
Son regard est un abîme de ténèbres insondables.
Il ne dit rien.
Il agit.
En une fraction de seconde, je suis contre lui.
Son bras m’enlace fermement, m’attirant contre la dureté de son torse.
Son autre main glisse le long de ma mâchoire.
Et puis…
Il m’embrasse.
Férocement.
Son baiser est un poison délicieux, une morsure qui me fait trembler.
Si Caïn est le feu, Dimitri est l’ombre qui me dévore.
Je suis perdue.
Perdue entre eux.
Mais eux…
Eux, ils sont prêts à se battre pour moi.
À s’entre-tuer s’il le faut.
— Ça suffit !
Je me libère, mon souffle court, mes lèvres brûlantes des deux baisers volés.
Caïn et Dimitri se font face.
L’un incandescent, l’autre glacial.
La haine pure crépite entre eux.
— Assez, répété-je plus doucement, tremblante.
Mais aucun d’eux ne bouge.
Leur rage est trop grande.
Leur désir, trop puissant.
Et je suis l’étincelle qui mettra le feu aux poudres.
— Si vous vous battez… je pars.
Je vois leur corps se raidir.
Ma menace est réelle.
Je ne veux pas les voir s’entretuer.
Ils sont liés à moi.
Mais moi, je suis brisée entre eux.
— Laissez-moi du temps… murmuré-je presque dans un souffle.
Caïn serre les poings.
Dimitri détourne les yeux.
Je m’éloigne lentement.
Dimitri
L’odeur de Caïn est partout.
Sur elle.
Sur ses lèvres.
Et je n’arrive pas à le supporter.
Mon sang bout alors qu’elle s’éloigne, tremblante, incapable de nous choisir.
— Tu l’as ensorcelée, sorcier.
Ma voix est un grondement.
Caïn ricane, les bras croisés sur sa poitrine.
— Si seulement. Mais tu sais aussi bien que moi que l’attirance entre âmes sœurs ne se contrôle pas.
Je veux lui arracher son sourire suffisant.
Lui briser les os.
Mais je ne peux pas.
Parce qu’elle est là.
Parce qu’elle nous regarde avec ces yeux pleins de confusion et de douleur.
Et je préfère mourir que de la voir souffrir.
Elle fuit la pièce sans un mot, nous laissant face à face.
Caïn me jauge, son sourire s’effaçant légèrement.
— Tu as peur de la perdre ?
— Je ne l’ai jamais possédée.
Il hoche la tête, pensif.
Puis il soupire, comme s’il était déjà fatigué de cette guerre qui ne fait que commencer.
— Que le meilleur gagne, alors.
Et il disparaît dans un tourbillon de cendres.
Bâtard.
Je serre les poings et me dirige vers la porte.
Je dois la retrouver.
---
Elya
Je me faufile dans la forêt, l’air glacial mordant ma peau.
Je dois respirer.
Penser.
Mais à quoi bon ?
Caïn et Dimitri sont en moi.
Leur odeur, leur voix, leur pouvoir.
Je frémis, encore hantée par leurs baisers, par la brûlure du sorcier et le frisson du vampire.
Ils sont ma malédiction.
Mais aussi mon refuge.
Je m’adosse contre un arbre et ferme les yeux.
— Tu vas attraper froid.
Je sursaute.
Dimitri se tient devant moi, son long manteau noir flottant dans la brise nocturne.
Son regard est intense, indéchiffrable.
— Ça ne sert à rien de fuir, Elya.
— Je ne fuis pas.
— Non ? Alors pourquoi es-tu ici, seule, à grelotter sous la lune ?
Il s’approche lentement, son ombre s’étendant sur moi.
Je déglutis.
— J’ai besoin de temps, Dimitri.
— Et moi, j’ai besoin de toi.
Sa voix est un murmure rauque, une prière silencieuse.
Il tend la main et effleure ma joue du bout des doigts.
Un frisson parcourt mon corps.
— Tu es partagée entre nous.
Je ferme les yeux, incapable de mentir.
— Oui.
— Alors laisse-moi te prouver que je suis celui qu’il te faut.
Avant que je puisse réagir, ses lèvres capturent les miennes.
Ce baiser n’a rien de doux.
Il est affamé. Désespéré.
Ses mains glissent sur ma taille, m’attirant contre lui avec une possessivité qui me coupe le souffle.
Je me perds en lui, oubliant tout.
Jusqu’à ce que…
— Je vous dérange ?
Caïn.
Sa voix est tranchante, venimeuse.
Je me dégage, essoufflée, et me tourne vers lui.
Ses yeux sont sombres, son aura crépite d’une magie menaçante.
— Tu deviens impatient, vampire.
— Et toi, tu deviens jaloux, sorcier.
La tension entre eux est électrique.
Ils sont à deux doigts d’exploser.
— Ça suffit !
Ma voix claque dans l’air comme un coup de fouet.
— Vous ne pouvez pas me forcer à choisir.
Ils restent silencieux, leurs regards brûlants posés sur moi.
Puis Caïn s’avance.
— Alors on va te laisser du temps.
ElyaDimitri serre les mâchoires, mais ne répond rien.Caïn se penche vers moi, ses lèvres frôlant mon oreille.— Mais ne crois pas que je vais attendre éternellement.Et il disparaît à nouveau.Je suis seule avec Dimitri.Je recule, confuse, perdue.Il me fixe, son regard blessé.Puis, il s’éloigne sans un mot.Et je reste là, entre eux, entre le feu et la glace.Sans savoir si mon cœur survivra à cette guerre.CaïnJe suis le silence et l’ombre.Toujours dans son sillage.Toujours à la surveiller, même quand elle pense que je suis loin.Elya croit avoir le choix, mais elle ignore qu’elle m’appartient déjà.J’ai vu la marque sur son âme bien avant qu’elle ne réalise l’intensité de notre lien.Et pourtant, Dimitri…Ce fichu vampire ne veut pas lâcher prise.Je sens encore son odeur sur elle.Le goût de sa présence.Et ça me rend fou.Une colère froide me consume alors que je la vois assise près du lac, son regard perdu dans l’eau sombre.Elle est belle, même tourmentée.Surtout tourme
ElyaJe suis piégée.Piégée entre eux.Piégée entre mes propres désirs contradictoires.Dimitri est devant moi, son souffle chaud effleurant ma peau. Son regard brûle d’un feu vampirique, un mélange de possessivité et de désir brut.Et pourtant…Je ressens autre chose.Quelque chose d’invisible.Quelque chose qui me tire ailleurs.Loin de lui.Loin d’ici.Un frisson me traverse et mes pupilles se dilatent.— Elya, regarde-moi.La voix de Dimitri est un ordre doux, mais je ne peux pas obéir.Parce que je le ressens.Lui.Caïn.Je ferme les yeux et serre les poings.— Non… murmuré-je, comme un appel à moi-même.Dimitri me serre contre lui, comme s’il pouvait m’empêcher de partir.Comme si son étreinte pouvait effacer l’évidence.— Il ne te prendra pas, dit-il d’un ton rauque.Mais il sait que c’est un mensonge.Parce qu’avant même qu’il ait fini sa phrase, une force invisible fait trembler la pièce.La porte claque brutalement contre le mur.Et dans l’ombre, une silhouette apparaît.---
ElyaJe croyais pouvoir fuir cette confusion, mais elle me suit comme une ombre.Dimitri marche devant moi, silencieux. Son dos est droit, son corps tendu.Je sens sa douleur, sa colère contenue.Et je me hais pour ça.Je veux lui parler.Lui dire que ce baiser avec Caïn n’était qu’un moment d’égarement.Mais ce serait mentir.Car ce que j’ai ressenti… c’était bien réel.Je frémis en repensant à la chaleur du sorcier contre moi, à la puissance de son emprise.Je ne devrais pas.Je suis liée à Dimitri.Nous avons un passé.Un avenir…Du moins, c’est ce que je croyais.Il s’arrête brusquement et se tourne vers moi.Ses yeux argentés brillent d’une intensité féroce.— Je vais te demander une seule fois, Elya.Ma gorge se serre.— Est-ce que tu ressens quelque chose pour lui ?Je reste figée.Chaque fibre de mon être me hurle de répondre. De lui donner ce qu’il veut entendre.Mais je suis incapable de mentir.— Je ne sais pas…Son regard s’assombrit.— C’est une réponse, ça ?Il fait un p
ElyaLe soleil est déjà haut quand j’émerge du sommeil, le corps alourdi par une fatigue étrange.Dimitri n’est plus à mes côtés.J’effleure mes lèvres du bout des doigts, troublée par les souvenirs de la veille. Son baiser, sa possessivité, ce besoin brûlant qu’il a de me garder près de lui…Je devrais me sentir en sécurité dans ses bras.Je devrais me sentir complète.Mais une ombre persiste dans mon esprit, un murmure dans mon cœur.Caïn.Je repousse les draps et me lève brusquement, cherchant à échapper à mes pensées.L’eau froide sur mon visage m’aide à retrouver mes esprits, mais lorsque je croise mon reflet dans le miroir, un frisson me parcourt.Une marque sombre s’étend sur ma clavicule, une fine empreinte dorée qui pulse doucement sous ma peau.Je passe mes doigts dessus, le souffle coupé.Ce n’est pas une simple trace.C’est de la magie.Et il n’y a qu’une seule personne qui pourrait me marquer ainsi.— Caïn… je murmure.---DimitriJe la regarde de loin, caché derrière la
DimitriUn courant d’air froid me réveille.Je tends la main, cherchant Elya… mais le lit est vide.Une alarme s’enclenche dans mon esprit.Je me redresse d’un bond, mon regard fouillant la chambre.La porte du balcon est ouverte.Non.Je me précipite dehors, mon cœur battant à tout rompre.Et ce que je vois me glace le sang.Elya.Sur le bord du balcon.À deux doigts de sauter.Vers lui.Un grondement s’échappe de ma gorge.— ELYA !Elle se fige.Son regard se tourne vers moi, trouble, comme si elle émergeait d’un rêve.Je vois l’ombre de Caïn dans les bois, son sourire carnassier, sa victoire silencieuse.Je ne réfléchis pas.En une seconde, je suis sur Elya, l’arrachant du bord du balcon et la serrant contre moi avec une force brute.— Tu n’iras nulle part.Elle tremble dans mes bras, son souffle court, ses ongles s’accrochant à ma peau nue.— Je… je ne sais pas ce qui m’a pris… chuchote-t-elle.Mais moi, je sais.Caïn tisse sa toile autour d’elle.Et il est en train de la gagner.
ElyaMon souffle est court.Je me tiens face à lui, incapable de bouger, incapable de fuir.Caïn.Son nom résonne dans mon esprit comme une incantation.Il est là, à quelques pas de moi, drapé d’ombres et de mystère. Son regard rouge me transperce, m’enveloppe, m’attire dans un gouffre dont je ne peux plus m’échapper.Une part de moi me hurle de fuir.Une autre, plus profonde, plus instinctive… veut rester.— Tu ressens ça, n’est-ce pas ? Sa voix est un murmure, un venin sucré qui glisse dans mes veines.Je frémis.— Je… je ne comprends pas.Un sourire tordu étire ses lèvres.— Oh, mais tu comprends très bien, petite louve. Ce lien entre nous… il ne peut pas être ignoré.Je secoue la tête, reculant d’un pas.— C’est impossible. Dimitri est mon âme sœur.Caïn rit doucement, un rire grave et profond qui fait vibrer l’air autour de nous.— Tu crois vraiment que c’est aussi simple ?En un battement de cils, il est devant moi.Son odeur enivrante m’oppresse, mélange de nuit et de sang, d’i
DimitriLe monde entier se réduit à un seul point.Elya.Elle est là, devant moi.Mais elle ne m’appartient plus.Le lien entre nous, ce fil d’or qui a toujours existé depuis notre premier regard, est en train de disparaître sous mes yeux.Je le ressens.Je le viscère.Et c’est à cause de lui.Caïn.Ce vampire de malheur.Sa simple existence est une menace.Et je vais l’arracher de mon monde.Avec un rugissement, je me transforme en une fraction de seconde.Mes os se brisent et se reforment, ma peau se déchire pour laisser place à la bête.Je bondis sur lui avec toute la rage et la douleur qui brûlent en moi.Mais il est rapide.Beaucoup trop rapide.Il esquive mon attaque d’un simple pas, glissant dans l’ombre comme un spectre.— Vraiment, Dimitri ? soupire-t-il, moqueur. Tu penses pouvoir me toucher dans cet état ?Ma réponse est un hurlement bestial.J’attaque de nouveau.Cette fois, mes griffes frôlent sa peau, laissant une entaille fine sur son bras.Il s’arrête, regarde le sang
CaïnElle lutte.Contre moi. Contre ce qu’elle ressent.Mais elle ne pourra pas me résister.Doucement, je glisse une main sur sa joue.Elle frissonne.— Dors, petite louve, murmuré-je. Je vais prendre soin de toi.Elle tente de résister.Mais mes lèvres frôlent son front, et un soupir échappe à ses lèvres.Elle s’abandonne.Je la soulève sans effort et, sous le regard impuissant de Dimitri, je disparais dans la nuit.Elya est à moi.Et plus jamais je ne la laisserai partir.ElyaLe monde est flou.Je flotte entre rêve et réalité, comme suspendue dans un vide sans fin.La chaleur m’enveloppe, m’étouffe presque. Un parfum entêtant m’envahit, mélange de cendres et de bois brûlé.Mes paupières sont lourdes, mon corps engourdi.Puis, peu à peu, la brume s’efface.Je suis allongée sur un lit immense, les draps de soie caressant ma peau nue.Attends… nue ?Un frisson parcourt mon échine alors que je me redresse d’un bond.Où suis-je ?La pièce est sombre, éclairée seulement par des chandeli
(Elya)---Nous marchons.Pas pour fuir. Pas pour chercher.Nous marchons parce que nous en avons décidé ainsi.Le couloir s’efface lentement derrière nous. Ce couloir qui fut tour à tour prison, sanctuaire, labyrinthe. Il nous a tenus en otages de nos douleurs et de nos espoirs. Il nous a mis face à nos pires reflets. Il nous a séparés autant qu’il nous a liés.Mais maintenant, ce n’est plus lui qui trace notre route. C’est nous.Le silence qui nous enveloppe n’a plus la texture de la peur. Il n’a plus le goût de l’attente. Il est doux. Habité. Dense. Chaque pas que je fais vibre dans mes os. Je sens la pierre sous mes pieds, l’air s’élargir autour de moi, la lumière qui grandit. Et je sens Caïdrian à mes côtés.Pas comme une menace.Pas comme un souffle qui m’épie.Mais comme une évidence.Nous sortons. Le ciel est immense. Le vent est franc, piquant. La lumière du matin nous tombe dessus comme une gifle tendre. Mes yeux pleurent un peu, sans tristesse. C’est la brûlure de la renais
(Elya)---Nous marchons. L’un à côté de l’autre. Silencieux. Mais ce silence n’est plus vide.Il pulse.Comme une respiration nouvelle. Comme un cœur qu’on aurait cru mort, et qui recommence à battre.Le couloir semble s’étirer à l’infini, ce long ventre de pierre que nous quittons enfin. Il y a encore l’écho de tout ce qu’on y a vécu. Les cris tus. Les visages qu’on a croisés. Ceux qu’on a aimés, détruits, pardonnés. Tout ce qui nous a modelés, arrachés, défaits. Chaque pierre a gardé une empreinte de nous.Mais je n’ai plus peur de la distance. Le poids de mes pas ne m’écrase plus. Chaque mouvement est un acte de volonté. Ce n’est plus une fuite. Ce n’est plus une quête. C’est un choix.Et dans ce choix, il y a Caïdrian. Et il y a moi.Pas l’ancienne moi. Pas le fantôme brûlé par les vies passées. Pas l’éclat blessé qu’il a tant cherché à réparer.Moi, ici. Maintenant. Entière. Debout.Et libre.Je ne le regarde pas. Je n’ai pas besoin. Il est là, à la lisière de moi. Comme un ryth
(Elya)---Je ferme les yeux.Et dans le silence, les cendres recommencent à tomber.Pas du feu. Pas de la destruction.Mais d’un souvenir ancien. Un temple brûlé. Une promesse faite dans l’ombre. Une main tendue vers moi, que j’avais refusée, alors. Trop tôt. Trop fort.Aujourd’hui, je ne la repousse plus.---(Caïdrian)---Ses paupières closes, son visage tendu vers moi, comme une offrande. Pas de soumission. Pas de pardon. Juste cette ouverture totale, vulnérable, vertigineuse.Je pose ma main sur la sienne, là où elle sent mon cœur. Et je la couvre de mes doigts, doucement, comme si ce geste pouvait effacer tous les siècles de douleurs, toutes les incarnations manquées, toutes les fois où je l’avais perdue.Elle est là. Pas un écho, pas une illusion. Elya. Entière. Brisée et reconstruite. Elle n’a plus peur. Et je le sens, au plus profond de moi : c’est elle qui me tient désormais en vie.« Ce que nous avons traversé… » Ma voix est rauque, presque étranglée. « Ce que je t’ai fait
(Elya)---La lumière m’aveugle. Elle ne m’enveloppe pas — elle me transperce. Chaque cellule de mon corps semble exploser dans cette clarté absolue, comme si j’étais faite de verre et que je venais de voler en éclats. Je ne tombe pas, je suis arrachée. Arrachée au monde, à lui, à moi.Le sol se dérobe, le ciel s’effondre, et dans cette chute sans fond, il ne reste que la sensation d’un arrachement. Je veux crier, mais aucun son ne franchit mes lèvres. L’air n’existe plus. Le temps non plus. Il n’y a que ce vertige, cette chute intérieure, comme si mon âme elle-même était dissoute dans un océan d’échos oubliés.Puis… le silence. Épais, absolu. Il me plaque contre un sol froid, rugueux. Mes yeux s’ouvrent, lents, comme s’ils traversaient plusieurs vies avant d’atteindre cette réalité. La lumière a disparu. L’espace est nu, gris, suspendu dans une brume translucide.Je ne suis pas seule.Elle est là.La silhouette se tient devant moi, immobile. Elle ne parle pas. Elle n’a pas besoin. El
(Elya)---L’air est plus lourd ici. Il vibre d’une énergie étrange, une force qui semble se concentrer au centre de cette immense pièce. La lumière qui nous a guidés jusqu’ici vacille, projetant des ombres déformées sur les murs. Et alors que nous franchissons ce seuil invisible, je sens que quelque chose a changé. Comme si chaque pas nous rapprochait davantage de la vérité, mais aussi du danger.Caïdrian marche devant moi, chaque mouvement, chaque geste chargé d’une détermination que je n’ai jamais vue auparavant. Ce n’est plus simplement lui qui avance avec moi, mais une version de lui-même que je n’ai jamais connue. Un homme qui a fait face à des vérités qu’il n’aurait jamais voulu connaître. Un homme qui semble accepter que ce qui nous attend ici, dans cette salle, changera tout.Je n’ai pas le temps de réfléchir davantage, car la pièce devant nous semble prendre forme. Ce n’est pas une simple chambre, ni une salle. C’est un lieu. Un lieu ancien, marqué par une présence imposante
(Elya)---La chaleur du tunnel se dissipe progressivement, remplacée par un froid glacé. La lumière, faible mais persistante, éclaire à peine notre chemin. Chaque pas résonne dans ce vide oppressant. Je serre ma main autour de celle de Caïdrian, mais même son contact, habituellement un réconfort, semble moins solide, moins ancré. Une étrange sensation m’envahit, une peur sourde, presque viscérale. Cette sensation que nous ne sommes pas seuls.Le regard de Caïdrian ne me quitte pas, mais il semble plus distant, comme si une part de lui-même s’éloignait de ce qui nous attend. Ce monde, cet endroit, semble avoir pris une emprise sur lui que je n'arrive pas à comprendre. Il n’a pas dit un mot depuis un long moment, et cette absence me ronge.Je voudrais briser le silence, le sortir de ses pensées sombres, mais une question m'obsède. Le lien que nous partageons… N’est-il pas plus qu’une simple promesse d’amour ? Est-ce une malédiction, un destin inéluctable ? Et si cette silhouette avait
(Elya)---Le silence est lourd, presque palpable. Une angoisse sourde m'envahit alors que je fixe l'endroit où la silhouette a disparu. Elle n'était pas une simple illusion, pas une menace banale. Non, cette entité, cette présence, avait un poids. Et elle nous a laissés avec plus de questions que de réponses.Je sens Caïdrian près de moi, ses bras me tenant toujours, mais il y a quelque chose dans son étreinte qui n'est plus aussi rassurant qu’avant. Une tension. Une incertitude qu'il n'a pas voulu montrer jusque-là, mais qui est maintenant évidente dans la manière dont ses doigts serrent légèrement ma taille. Il a vu quelque chose en nous. Quelque chose qu’il ne comprend pas totalement. Mais il se bat encore pour le cacher, pour ne pas me laisser voir la profondeur du gouffre dans lequel nous venons de nous plonger.Je tourne la tête vers lui, cherchant son regard, mais il ne me le rend pas tout de suite. Il semble perdu dans ses pensées, comme si une part de lui-même se préparait à
(Elya, Caïdrian)---Le silence qui suit les paroles de la silhouette est lourd, suffocant, comme si l’air s’était figé dans une dernière exhalation avant la tempête. Une tension palpable vibre autour de nous, s’intensifiant à chaque seconde. Je suis consciente de la chaleur de la main de Caïdrian dans la mienne, mais tout le reste semble éloigné, flou, comme si le temps lui-même hésitait à nous accorder un instant supplémentaire avant que tout ne bascule.La silhouette, cette entité, semble se redresser avec une lenteur calculée, comme une danse macabre, et ses yeux — ces orbes insondables — se fixent sur nous. Chaque battement de mon cœur est une alerte, un avertissement, et pourtant, je ne peux m’empêcher d’être attirée par cette présence, une force sombre et irrésistible.---Silhouette (d’une voix infiniment grave, les mots flottant dans l’air comme des éclats de glace)« Le prix, vous l'avez déjà payé. Ce que vous cherchez… vous le portez déjà en vous. »(Il y a une pause, comme
Elya---Nous avançons à travers la grande salle, le sol de marbre froid résonnant sous nos pas. La silhouette, toujours immobile mais omniprésente, nous observe de ses yeux perçants. Plus nous nous approchons, plus l’atmosphère devient lourde, et je sens la pression sur ma poitrine grandir. Comme si l’air même ici, dans ce lieu ancien, était saturé de secrets que l’humanité ne devrait pas connaître.Chaque symbole sur les murs semble se réveiller, brillant d’une lumière spectralement douce, mais elle est aussi inquiétante. Ces marques, ces gravures anciennes, sont les témoins d’un savoir perdu depuis des siècles. Je les scrute, tentant de comprendre, mais elles restent énigmatiques, indéchiffrables.Caïdrian reste à mes côtés, son corps tendu, ses muscles prêts à réagir à la moindre menace. Il ne dit rien, mais je sais qu’il ressent cette pression, cette tension qui se fait plus vive à chaque seconde.---Caïdrian (sa voix basse, comme s’il craignait d’altérer le calme de ce lieu)«