DimitriUn courant d’air froid me réveille.Je tends la main, cherchant Elya… mais le lit est vide.Une alarme s’enclenche dans mon esprit.Je me redresse d’un bond, mon regard fouillant la chambre.La porte du balcon est ouverte.Non.Je me précipite dehors, mon cœur battant à tout rompre.Et ce que je vois me glace le sang.Elya.Sur le bord du balcon.À deux doigts de sauter.Vers lui.Un grondement s’échappe de ma gorge.— ELYA !Elle se fige.Son regard se tourne vers moi, trouble, comme si elle émergeait d’un rêve.Je vois l’ombre de Caïn dans les bois, son sourire carnassier, sa victoire silencieuse.Je ne réfléchis pas.En une seconde, je suis sur Elya, l’arrachant du bord du balcon et la serrant contre moi avec une force brute.— Tu n’iras nulle part.Elle tremble dans mes bras, son souffle court, ses ongles s’accrochant à ma peau nue.— Je… je ne sais pas ce qui m’a pris… chuchote-t-elle.Mais moi, je sais.Caïn tisse sa toile autour d’elle.Et il est en train de la gagner.
ElyaMon souffle est court.Je me tiens face à lui, incapable de bouger, incapable de fuir.Caïn.Son nom résonne dans mon esprit comme une incantation.Il est là, à quelques pas de moi, drapé d’ombres et de mystère. Son regard rouge me transperce, m’enveloppe, m’attire dans un gouffre dont je ne peux plus m’échapper.Une part de moi me hurle de fuir.Une autre, plus profonde, plus instinctive… veut rester.— Tu ressens ça, n’est-ce pas ? Sa voix est un murmure, un venin sucré qui glisse dans mes veines.Je frémis.— Je… je ne comprends pas.Un sourire tordu étire ses lèvres.— Oh, mais tu comprends très bien, petite louve. Ce lien entre nous… il ne peut pas être ignoré.Je secoue la tête, reculant d’un pas.— C’est impossible. Dimitri est mon âme sœur.Caïn rit doucement, un rire grave et profond qui fait vibrer l’air autour de nous.— Tu crois vraiment que c’est aussi simple ?En un battement de cils, il est devant moi.Son odeur enivrante m’oppresse, mélange de nuit et de sang, d’i
DimitriLe monde entier se réduit à un seul point.Elya.Elle est là, devant moi.Mais elle ne m’appartient plus.Le lien entre nous, ce fil d’or qui a toujours existé depuis notre premier regard, est en train de disparaître sous mes yeux.Je le ressens.Je le viscère.Et c’est à cause de lui.Caïn.Ce vampire de malheur.Sa simple existence est une menace.Et je vais l’arracher de mon monde.Avec un rugissement, je me transforme en une fraction de seconde.Mes os se brisent et se reforment, ma peau se déchire pour laisser place à la bête.Je bondis sur lui avec toute la rage et la douleur qui brûlent en moi.Mais il est rapide.Beaucoup trop rapide.Il esquive mon attaque d’un simple pas, glissant dans l’ombre comme un spectre.— Vraiment, Dimitri ? soupire-t-il, moqueur. Tu penses pouvoir me toucher dans cet état ?Ma réponse est un hurlement bestial.J’attaque de nouveau.Cette fois, mes griffes frôlent sa peau, laissant une entaille fine sur son bras.Il s’arrête, regarde le sang
CaïnElle lutte.Contre moi. Contre ce qu’elle ressent.Mais elle ne pourra pas me résister.Doucement, je glisse une main sur sa joue.Elle frissonne.— Dors, petite louve, murmuré-je. Je vais prendre soin de toi.Elle tente de résister.Mais mes lèvres frôlent son front, et un soupir échappe à ses lèvres.Elle s’abandonne.Je la soulève sans effort et, sous le regard impuissant de Dimitri, je disparais dans la nuit.Elya est à moi.Et plus jamais je ne la laisserai partir.ElyaLe monde est flou.Je flotte entre rêve et réalité, comme suspendue dans un vide sans fin.La chaleur m’enveloppe, m’étouffe presque. Un parfum entêtant m’envahit, mélange de cendres et de bois brûlé.Mes paupières sont lourdes, mon corps engourdi.Puis, peu à peu, la brume s’efface.Je suis allongée sur un lit immense, les draps de soie caressant ma peau nue.Attends… nue ?Un frisson parcourt mon échine alors que je me redresse d’un bond.Où suis-je ?La pièce est sombre, éclairée seulement par des chandeli
ElyaJe fronce les sourcils.— Ce n’est pas une réponse.Un sourire effleure ses lèvres.Puis, en un éclair, il est devant moi.Je recule d’un pas instinctif, mais il attrape ma main avant que je ne puisse m’éloigner.Son contact est glacial.— Ton sang m’appelle, murmure-t-il, son souffle effleurant ma peau. Il brûle, il crépite. Tu n’es pas seulement une louve.Mon estomac se tord.Ce qu’il dit…Je ne veux pas l’entendre.Je refuse.Mais mon corps réagit à sa proximité.Ma respiration est saccadée, et une étrange chaleur se propage en moi.— Lâche-moi, murmuré-je.Il resserre légèrement sa prise, comme s’il testait mes limites.Puis, lentement, il relâche mes doigts.— Très bien, petite louve.Il recule, me laissant retrouver mon souffle.Mais je ne suis pas naïve.Il joue avec moi.Il attend que je faiblisse.Et je dois tenir bon.Peu importe ce qu’il éveille en moi.---DimitriJe me tiens au sommet d’une colline surplombant le manoir de Caïn.Là où elle est enfermée.La rage me c
ElyaMes forces reviennent.Je me redresse lentement.Dimitri et Caïn s’affrontent dans un tourbillon de rage et de violence.Et je sais ce que je dois faire.Je ferme les yeux.Je plonge au plus profond de moi-même, là où mon pouvoir caché sommeille.Puis, je hurle.Un hurlement puissant.Magique.La pièce tremble.Dimitri et Caïn s’immobilisent.Leurs regards se tournent vers moi.Et à cet instant, je sais…Que plus rien ne sera jamais comme avant.L’air est chargé d’énergie, de rage et de désir incontrôlé.Mon hurlement résonne encore dans les murs du manoir, une vibration qui semble réveiller quelque chose d’ancien, quelque chose d’enfoui en moi depuis toujours.Caïn et Dimitri sont figés.Leurs regards brûlants se posent sur moi, l’un d’un rouge incandescent, l’autre d’un or sauvage.Et moi, je suis au centre de ce maelström, le souffle court, la peau frémissante sous l’onde de puissance qui me traverse.Puis tout bascule.Dimitri se rue de nouveau sur Caïn, leurs corps s’entrech
ElyaLe silence s’étire entre nous, aussi tranchant qu’une lame.Nathanaël me fixe, son regard azur transperçant le voile de confusion qui m’enserre.Je sens encore l’écho de ses paroles vibrer en moi."Tu es à moi, Elya."Non.Non, je ne peux pas être à lui.Je ne suis à personne.Mon cœur bat à un rythme frénétique, partagé entre la colère et la peur.Dimitri est toujours figé, sa respiration saccadée, piégé par le sort du sorcier.Caïn, lui, observe la scène, les bras croisés, un sourire amusé flottant sur ses lèvres.Je le hais à cet instant.Sa nonchalance, son indifférence…Comme si rien ne pouvait l’atteindre.Comme si ma vie n’était qu’un jeu dont il était le maître.Je serre les poings, une vague de chaleur m’envahissant.Une force ancienne, brutale, qui pulse dans mes veines, me réclamant.— Détache-le.Ma voix claque dans l’air comme un ordre.Nathanaël arque un sourcil.— Oh ? Tu donnes des ordres maintenant ?Je m’avance, mes muscles tendus à l’extrême.— Lâche Dimitri. M
ElyaMa voix est rauque, brisée.Nathanaël sourit, secouant la tête.— Oh, Elya… Pourquoi mentirais-je ?Il s’approche d’un pas, et je recule instinctivement, mon loup hurlant en moi.— Depuis le début, tu ressens cette dualité, n’est-ce pas ?Il incline légèrement la tête, scrutant mon visage.— L’attirance incontrôlable pour Dimitri… La connexion inexplicable avec Caïn…Ma respiration se bloque.Je déteste qu’il dise ça à voix haute.— Tu ressens leur présence sous ta peau, dans ton âme.Son regard devient perçant, brûlant de vérité.— Parce qu’ils font partie de toi.— Ferme-là !Le cri de Dimitri claque dans l’air comme une lame.Je sursaute.Il s’avance d’un pas furieux, son corps tendu, chaque muscle prêt à exploser sous l’impulsion de sa rage.— Elle est à moi.Son regard doré étincelle, une lueur presque… désespérée.— Son âme est liée à la mienne depuis toujours.Caïn éclate de rire, un rire sombre et moqueur qui résonne dans la pièce.— Si seulement c’était aussi simple…Je
(Elya)---Nous marchons.Pas pour fuir. Pas pour chercher.Nous marchons parce que nous en avons décidé ainsi.Le couloir s’efface lentement derrière nous. Ce couloir qui fut tour à tour prison, sanctuaire, labyrinthe. Il nous a tenus en otages de nos douleurs et de nos espoirs. Il nous a mis face à nos pires reflets. Il nous a séparés autant qu’il nous a liés.Mais maintenant, ce n’est plus lui qui trace notre route. C’est nous.Le silence qui nous enveloppe n’a plus la texture de la peur. Il n’a plus le goût de l’attente. Il est doux. Habité. Dense. Chaque pas que je fais vibre dans mes os. Je sens la pierre sous mes pieds, l’air s’élargir autour de moi, la lumière qui grandit. Et je sens Caïdrian à mes côtés.Pas comme une menace.Pas comme un souffle qui m’épie.Mais comme une évidence.Nous sortons. Le ciel est immense. Le vent est franc, piquant. La lumière du matin nous tombe dessus comme une gifle tendre. Mes yeux pleurent un peu, sans tristesse. C’est la brûlure de la renais
(Elya)---Nous marchons. L’un à côté de l’autre. Silencieux. Mais ce silence n’est plus vide.Il pulse.Comme une respiration nouvelle. Comme un cœur qu’on aurait cru mort, et qui recommence à battre.Le couloir semble s’étirer à l’infini, ce long ventre de pierre que nous quittons enfin. Il y a encore l’écho de tout ce qu’on y a vécu. Les cris tus. Les visages qu’on a croisés. Ceux qu’on a aimés, détruits, pardonnés. Tout ce qui nous a modelés, arrachés, défaits. Chaque pierre a gardé une empreinte de nous.Mais je n’ai plus peur de la distance. Le poids de mes pas ne m’écrase plus. Chaque mouvement est un acte de volonté. Ce n’est plus une fuite. Ce n’est plus une quête. C’est un choix.Et dans ce choix, il y a Caïdrian. Et il y a moi.Pas l’ancienne moi. Pas le fantôme brûlé par les vies passées. Pas l’éclat blessé qu’il a tant cherché à réparer.Moi, ici. Maintenant. Entière. Debout.Et libre.Je ne le regarde pas. Je n’ai pas besoin. Il est là, à la lisière de moi. Comme un ryth
(Elya)---Je ferme les yeux.Et dans le silence, les cendres recommencent à tomber.Pas du feu. Pas de la destruction.Mais d’un souvenir ancien. Un temple brûlé. Une promesse faite dans l’ombre. Une main tendue vers moi, que j’avais refusée, alors. Trop tôt. Trop fort.Aujourd’hui, je ne la repousse plus.---(Caïdrian)---Ses paupières closes, son visage tendu vers moi, comme une offrande. Pas de soumission. Pas de pardon. Juste cette ouverture totale, vulnérable, vertigineuse.Je pose ma main sur la sienne, là où elle sent mon cœur. Et je la couvre de mes doigts, doucement, comme si ce geste pouvait effacer tous les siècles de douleurs, toutes les incarnations manquées, toutes les fois où je l’avais perdue.Elle est là. Pas un écho, pas une illusion. Elya. Entière. Brisée et reconstruite. Elle n’a plus peur. Et je le sens, au plus profond de moi : c’est elle qui me tient désormais en vie.« Ce que nous avons traversé… » Ma voix est rauque, presque étranglée. « Ce que je t’ai fait
(Elya)---La lumière m’aveugle. Elle ne m’enveloppe pas — elle me transperce. Chaque cellule de mon corps semble exploser dans cette clarté absolue, comme si j’étais faite de verre et que je venais de voler en éclats. Je ne tombe pas, je suis arrachée. Arrachée au monde, à lui, à moi.Le sol se dérobe, le ciel s’effondre, et dans cette chute sans fond, il ne reste que la sensation d’un arrachement. Je veux crier, mais aucun son ne franchit mes lèvres. L’air n’existe plus. Le temps non plus. Il n’y a que ce vertige, cette chute intérieure, comme si mon âme elle-même était dissoute dans un océan d’échos oubliés.Puis… le silence. Épais, absolu. Il me plaque contre un sol froid, rugueux. Mes yeux s’ouvrent, lents, comme s’ils traversaient plusieurs vies avant d’atteindre cette réalité. La lumière a disparu. L’espace est nu, gris, suspendu dans une brume translucide.Je ne suis pas seule.Elle est là.La silhouette se tient devant moi, immobile. Elle ne parle pas. Elle n’a pas besoin. El
(Elya)---L’air est plus lourd ici. Il vibre d’une énergie étrange, une force qui semble se concentrer au centre de cette immense pièce. La lumière qui nous a guidés jusqu’ici vacille, projetant des ombres déformées sur les murs. Et alors que nous franchissons ce seuil invisible, je sens que quelque chose a changé. Comme si chaque pas nous rapprochait davantage de la vérité, mais aussi du danger.Caïdrian marche devant moi, chaque mouvement, chaque geste chargé d’une détermination que je n’ai jamais vue auparavant. Ce n’est plus simplement lui qui avance avec moi, mais une version de lui-même que je n’ai jamais connue. Un homme qui a fait face à des vérités qu’il n’aurait jamais voulu connaître. Un homme qui semble accepter que ce qui nous attend ici, dans cette salle, changera tout.Je n’ai pas le temps de réfléchir davantage, car la pièce devant nous semble prendre forme. Ce n’est pas une simple chambre, ni une salle. C’est un lieu. Un lieu ancien, marqué par une présence imposante
(Elya)---La chaleur du tunnel se dissipe progressivement, remplacée par un froid glacé. La lumière, faible mais persistante, éclaire à peine notre chemin. Chaque pas résonne dans ce vide oppressant. Je serre ma main autour de celle de Caïdrian, mais même son contact, habituellement un réconfort, semble moins solide, moins ancré. Une étrange sensation m’envahit, une peur sourde, presque viscérale. Cette sensation que nous ne sommes pas seuls.Le regard de Caïdrian ne me quitte pas, mais il semble plus distant, comme si une part de lui-même s’éloignait de ce qui nous attend. Ce monde, cet endroit, semble avoir pris une emprise sur lui que je n'arrive pas à comprendre. Il n’a pas dit un mot depuis un long moment, et cette absence me ronge.Je voudrais briser le silence, le sortir de ses pensées sombres, mais une question m'obsède. Le lien que nous partageons… N’est-il pas plus qu’une simple promesse d’amour ? Est-ce une malédiction, un destin inéluctable ? Et si cette silhouette avait
(Elya)---Le silence est lourd, presque palpable. Une angoisse sourde m'envahit alors que je fixe l'endroit où la silhouette a disparu. Elle n'était pas une simple illusion, pas une menace banale. Non, cette entité, cette présence, avait un poids. Et elle nous a laissés avec plus de questions que de réponses.Je sens Caïdrian près de moi, ses bras me tenant toujours, mais il y a quelque chose dans son étreinte qui n'est plus aussi rassurant qu’avant. Une tension. Une incertitude qu'il n'a pas voulu montrer jusque-là, mais qui est maintenant évidente dans la manière dont ses doigts serrent légèrement ma taille. Il a vu quelque chose en nous. Quelque chose qu’il ne comprend pas totalement. Mais il se bat encore pour le cacher, pour ne pas me laisser voir la profondeur du gouffre dans lequel nous venons de nous plonger.Je tourne la tête vers lui, cherchant son regard, mais il ne me le rend pas tout de suite. Il semble perdu dans ses pensées, comme si une part de lui-même se préparait à
(Elya, Caïdrian)---Le silence qui suit les paroles de la silhouette est lourd, suffocant, comme si l’air s’était figé dans une dernière exhalation avant la tempête. Une tension palpable vibre autour de nous, s’intensifiant à chaque seconde. Je suis consciente de la chaleur de la main de Caïdrian dans la mienne, mais tout le reste semble éloigné, flou, comme si le temps lui-même hésitait à nous accorder un instant supplémentaire avant que tout ne bascule.La silhouette, cette entité, semble se redresser avec une lenteur calculée, comme une danse macabre, et ses yeux — ces orbes insondables — se fixent sur nous. Chaque battement de mon cœur est une alerte, un avertissement, et pourtant, je ne peux m’empêcher d’être attirée par cette présence, une force sombre et irrésistible.---Silhouette (d’une voix infiniment grave, les mots flottant dans l’air comme des éclats de glace)« Le prix, vous l'avez déjà payé. Ce que vous cherchez… vous le portez déjà en vous. »(Il y a une pause, comme
Elya---Nous avançons à travers la grande salle, le sol de marbre froid résonnant sous nos pas. La silhouette, toujours immobile mais omniprésente, nous observe de ses yeux perçants. Plus nous nous approchons, plus l’atmosphère devient lourde, et je sens la pression sur ma poitrine grandir. Comme si l’air même ici, dans ce lieu ancien, était saturé de secrets que l’humanité ne devrait pas connaître.Chaque symbole sur les murs semble se réveiller, brillant d’une lumière spectralement douce, mais elle est aussi inquiétante. Ces marques, ces gravures anciennes, sont les témoins d’un savoir perdu depuis des siècles. Je les scrute, tentant de comprendre, mais elles restent énigmatiques, indéchiffrables.Caïdrian reste à mes côtés, son corps tendu, ses muscles prêts à réagir à la moindre menace. Il ne dit rien, mais je sais qu’il ressent cette pression, cette tension qui se fait plus vive à chaque seconde.---Caïdrian (sa voix basse, comme s’il craignait d’altérer le calme de ce lieu)«