Akpénè se réveille sous des chatouillements de main sentie sur elle, mais ne voit pas son mari à ses côtés comme elle pouvait l'imaginer [...]
Suite à de « disputes » la veille pour de vétilles, elle a dû prendre des cachets. Ceci, pour éviter des maux de tête et l'insomnie à force de se fourvoyer dans sa mélancolie. Cette autre nuit, elle ne voulait aucun de ces malaises outre mesure. Apparemment, les produits ont fait effets. Elle en a pris en quantité suffisante. Elle ne pouvait pas se passer de son amertume malgré elle. Ce faisant, le marchand de sable a mis du temps à passer. Même avec les comprimés. Toutefois, il a fini par être là et à jouer son rôle : lui jeter du sable aux yeux. Et à ce que l’on peut juger, sous la force de sa consommation, il lui en a jeté abondamment, au point de ne pas se rendre compte du départ de son mari du lit, savoir que la nuit s’est déjà rétrécie.Sa tête est lourde à ce réveil provoqué ; elle a de la migraine. Regard tourné du côté de son mari avec la tête pesante pour ne pas le voir, c’est sa fille elle peut remarquer à sa place. Cependant, sous l’engourdissement, elle referme les yeux tout simplement, pour être emportée de nouveau aussitôt.En effet, Sitsopé réveillée ce matin sans le rituel matinal de sa maman qui la sort toujours du lit, ne perçoit aucun bruit, sort au salon pour ne remarquer aucun de ses parents. Elle se rend alors dans leur chambre et n’y voit qu’Akpénè seule dans le lit. Pointée au pied du lit à la regarder sans qu'elle ne se réveille, elle se glisse à ses côtés, posant une main sur elle ; ce qui a semblé la réveiller. Nuitamment, Amézado a quitté le lit, y laissant sa femme et s'en est même allé de la maison.Akpénè retournée dans son sommeil, l’enfant se colle à elle pour mieux l'étreindre. Et elle reste à ses côtés, calme.Massogblé sort du lit pour le salon et va se pointer à la porte de la cuisine. Amézado y est, préparant le petit déjeuné. « Mon doudou ! » l'appelle-t-elle. Il se retourne subitement pour la voir, avec ce sourire charmeur propre à elle, et sa dentition qu’elle lui expose. Eh, bah, oui, elle a une belle dentition. Une très belle, on pourrait dire. Avec des dents pas tout à fait blanches mais tirant sur une couleur or, bien plantées et alignées dans ses gencives, donnant impression de brasiller lorsqu'elle les montre. Un Art ! Que d'ingrédients érotiques pour son charme de séduction.
Mais, là, n'est guère ce qui éblouit Amézado lorsque son regard atterrit sur elle. Massogblé n'est qu'en sous-vêtements ; du soutien-gorge et du tanga, pour lui offrir une vue agréable d'elle comme s'il la découvrait [...]« Ô, Merde ! Ma sucette adorée ! » marmotte-t-il, les yeux écarquillés, flambant de convoitises.Passant la langue sur ses lèvres, il la dévisage. Massogblé lui enflamme son sourire. Et se dandinant, elle l'approche posément puis, lui colle ses lèvres aux siennes pour le biser. Matinale sensualité, il veut en être gourmand. Mais, elle se retire aussitôt.-Tu m'as laissé ton odeur dans le lit, dit-elle.-Et dans le lit, je voulais venir te servir en te réveillant. Mais te voilà pour me prendre la tête.Elle tourne ses yeux et va le prendre de dos. Il tourne aussi la tête la regarder et ils s’échangent des coups de lèvres avec volupté.Le petit déjeuner est prêt. Amézado le sert à la table. Pendant ce temps, Massogblé repartie pour sa toilette, ressort. Elle est dans une autre tenue, aguichante que la précédente et va s'installer. Il la sert, se sert et ils consomment. Du romantisme épice la partie. Ils se dévorent de regards […], et ils se sourient. Ils se mettent le met dans la bouche, ils se cajolent, se mignotent. Une matinée sous d’heureux auspices, deux papillons voltigeant de liberté dans une prairie.
Et dans du bavardage, ils concluent de passer l'après-table sous les draps. Poursuivre leurs « besognes inachevées » desquelles l’insolent sommeil était venu les priver.Akpénè se réveille. Et cette fois-ci, pour de vrai. Mais toujours, avec cette petite sensation de migraine sur laquelle elle ne saurait s'attarder : surprise est-elle de voir sa fille à ses côtés dans le lit. Vraiment, elle ne l'avait pas remarquée. « Sitsopé ! » s'écrie-t-elle. La petite lui sourit plutôt, et lui demande dans ce sourire affectueux et innocent : « tu as bien dormi maintenant, maman ? »
Elle ne parvient pas à lui répondre. Elle prend plutôt son portable pour voir l'heure. C'est là même sa stupéfaction, grande stupéfaction pour tressauter. 9 heures ont déjà sonné.Elle tourne un regard fort désolé sur l’enfant qui jusque-là, n'a pas encore pris le petit déjeuner et doit avoir mortellement faim. Cependant, cette dernière même ne lui manifeste rien de tel pour ne que lui sourire. Néanmoins, elle s'en veut et lui porte des excuses franches. Elle la mignarde puis, saute du lit pour se précipiter dans les toilettes desquelles elle ressort aussi hâtivement. Elle file illico au salon et se dirige directement à la cuisine pour concocter quelque chose à manger à la fillette et pour soi : réveillée est-elle, elle-même, avec ce grand trou dans le ventre. La petite la suit. Elle lui fera sa toilette matinale après s'être occupée de son ventre. Heureusement pour elle-même avec ce réveil, ce jour, c'est samedi, donc le week-end !Le « petit déjeuner » se fait de main preste : café au lait et tartines qu'en raffole Sitsopé. Moment de passer à table, Akpénè fait une découverte en portant leur manger à l'autel du rituel. Elle en reçoit un choc émotionnel pour enfin s'éveiller d'ailleurs sur l'absence de son mari de la maison : elle n'en avait pas jusque-là ses esprits.Amézado, avant de s'en aller nuitamment, a laissé sur la table à manger, un billet de 10 000 frs, probablement pour approvisionnement en victuailles, objet de leur dispute une fois de plus la veille. Elle va en même temps dans la chambre chercher son portable pour l'appeler.De l'autre côté, l'appareil sonne dans le vide au séjour, sur la table à manger au milieu des plats ayant servi au petit déjeuner. A l'intérieur, dans le lit, Amézado est dans les merveilles du monde, corps à corps intime avec sa sucette. Les gémissements légers sont la mélodie qui les accompagne harmoniquement. Et ils y vont avec lenteur, sans pression, pour se savourer.Akpénè est plus crispée, que son mari ne décroche pas ses appels à trois reprises. Vite, elle se reprend pour retourner au salon rejoindre sa fille et aller à l'essentiel de ce matin.Ehli, sa sœur chez laquelle est son enfant, oppose un refus systématique à son projet de ramener l'enfant avec soi à la maison, ce qui l'irrite. Néanmoins, il se refuse de s'engager d’ores et déjà dans un bras de fer avec elle. Primo, la sœur est la grande sœur de la famille. Secundo, ce serait comme s'il la remerciait du dos de la main.
Ce dimanche soir, il rentre bredouille encore de chez la tante de l’enfant où il n'a eu droit qu'à toute sorte de parole dissuasive. Sur son chemin, il s'arrête devant un maquis calme et fait son entrée pour aller prendre place à une table. Ainsi, avec une bouteille de bière, il semble flatter sa rogne.« A quoi ressemble-je, dans ce coin à l'air livide, avec une bouteille de bière comme compagne, n'enjôlant même pas de quelque manière ma mélancolie qui se moque bien d’elle ? Ma vie est sans vie sans toi, Enyovi. Aurais-tu une réponse à me donner, une issue à me montrer, toi qui m'as fortement aimé jusqu'à ton dernier sourire, et à nos derniers plaisirs comme ton au revoir pour ne pas le pouvoir ? Je n'aurais jamais mis pieds dans cet endroit qui ne me sied guère si tu étais là, au contrôle de ma vie, comme tu savais le faire. Tu étais mon gouvernail, Douce Mélodie de ma Vie. Maintenant voilà ! Mon étambot porte les marques sanglantes de la détresse, mon souffle épars dans l’air. [Larmes sur les yeux] Amère solitude, ma damnation ; mon affliction est inouïe, mon chagrin est cruel. Mon monde, une impasse sombre et belliqueuse. Il me fait la guerre incessamment, moi, un pauvre personnage sans forces, sans armes, depuis que tu es partie, mon amour ! Que faire ? Que faire ? Dis-moi ! Que faire ? Si tu peux me répondre, Dis-moi, Enyovi ! » se languit-il, perdu dans ses pensées devant sa bouteille.Une conversation, aussitôt, attire son attention pour le sortir de sa léthargie :« De nos jours, peu de femmes veulent d'homme avec lequel faire chemin et bâtir ce qui sera leur. La plupart recherchent juste ceux ayant à leur masquer leur propre mouise et faire du bling-bling. Et dans cette mode, nous d'autres ne sommes pas à la page avec nos poches défrisées que nous trimballons », écoute-t-il dire, une voix masculine.Il ne tourne même pas le regard dans la direction de la voix. Et à une table à sa proximité, se tiennent un homme de la trentaine et sa compagne, une jeune femme de 25 ans environ aussi. Cette dernière rigole des propos de son interlocuteur et lui laisse entendre :-A qui la faute ? Elle vient de vous-mêmes le plus souvent. Sur le marché, chaque article a son prix. C’est un principe de vie ! Mais vous, vous voulez vous passer de ce principe et convoiter des femmes qui dépassent vos capacités au lieu de faire avec celles qui sont de votre niveau !-C’est cela même le hic, le drame, avec le commun de notre société maintenant ! Une fille indigente, misérable peut convoiter un homme riche, c’est même le rêve. Tout le monde va l’encourager, le lui trouver normal et penser que c’est son mérite absolu. Mais, dès lors que l’on voit un homme approcher une femme qui a un peu de moyens que lui, on lui rappelle qu’il est pauvre et qu’il doit se trouver une femme de son rang. C’est devenu de la stigmatisation. Il n’y a guère de principes de vie de couple pour le cheminement d’un objectif commun dont on s‘imprègne à deux. Tout semble être biaisé. Mais là aussi, dans cette optique des choses, tu sembles ne pas comprendre. Celle qui est à ton niveau que tu vois est plutôt celle qui te ridiculise le plus malheureusement. Justement parce qu'elle ne voit pas en toi, un capable de la sortir de facto de sa situation et lui offrir sur la lune, ses rêves que l’on lui vend. Il faut être un homme, affronter les femmes pour comprendre.-Tu peux avoir raison, mais c’est chacun qui connait la chaussure qui sied à son pied. Il y en a qui ont perdu leur partenaire très tôt pour trainer les blessures toute leur vie sans jamais pouvoir se refaire. D’autres n’ont jamais eu la chance de tomber sur la personne qui leur convenait. Il y a aussi ces petites gens qui passent à côté de leur bonheur à cause de la convoitise et leur orgueil. Ces personnes-ci, leur consolation est…Elle ne finit pas quand Ehli se lève pour s’en aller, laissant, un billet de 2 000 francs sur la table pour sa consommation qui ne fait d‘ailleurs pas la moitié de cette somme.« … ce qui est à toi sera toujours à toi, peu importe. Et moi-même je ne sais encore de quelle catégorie je suis », finit ses propos, les yeux baissés, le front pâle, la jeune femme qui ne sait même pas avoir incommodé quelqu’un.-Comme aimait le dire mon grand-père : « Ne pourchasse pas un animal que tu ne pourras atteindre. Ou même si tu l'atteins, tu ne mangeras pas de sa chair. Non seulement tu auras perdu du temps et de l'énergie, tu offenseras la nature », lui redit son ami, plus serein.Pendant ce temps, Ehli arrive déjà à la sortie où il croise un homme trainant une bedaine, et faisant aussi son entrée. Il va à sa voiture qu’il prend et s’en va.Toujours au volant, sans vie, Ehli prend son portable et appelle son ami. Pas d’Amézado pour lui répondre à l’autre bout. Or, il ne veut pas rentrer. En tous cas, pas dans l’immédiat dans son état. Ne parvenant pas à avoir l’ami, il lance Akpénè. Elle décroche à la quatrième tonalité.
Akpénè sort ouvrir le portail. Devant elle, se tient Ehli. Un accueil de bienvenue, Ehli appuie la commande à sa voiture, et les deux rentrent.« Tonton ! » exulte Sitsopé devant la télé, à la vue de leur visiteur à leur arrivée au salon. Elle se lève pour aller se jeter dans ses bras, toute joviale.-Ma petite chérie ! lui répond celui-ci aussi.Il la soulève à son arrivée à lui, cachant son abîme dans un sourire de façade, pour ne pas atténuer sa bonne humeur.-Comment ça va, jolie princesse de tonton ? lui demande-t-il.-Ça va très bien, tonton. Et Selom ? Pourquoi il n'est pas là ?Selom il s'appelle, le petit garçon d'Ehli. Et d'après lui, demande Sitsopé. Toujours masquant son désarroi, bien que pincé encore plus au cœur par la demande, E
CHAPITRE6Elle était belle, heureuse, sa vie, pleine de promesses quand tu la rencontrais. En ma compagnie. Quand je lui parlais pour toi pour que tu trouvasses faveur à ses yeux. Jeunes lycéens, nous fûmes tous. Elle a fini par s’ouvrir à toi ; elle t’a dit oui. J’ai eu droit de lire un sourire gai sur ton visage ce jour quand je t’apportais son message agréable à ton cœur et à tes sens. Tu étais heureux, qu’elle acceptât d’aller avec toi. J’étais fier pour toi. Fier pour nous, car par elle, ses soins, j’avais gagné son amie en sa compagnie pour me plaire. Et toi mon ami, par mes soins minutieux, tu venais de la gagner aussi, elle, ma meilleure amie d’alors. Elle finit aussi amoureuse. Tout était mis en œuvre pour qu’elle n’eût pas d’autre choix. Et, elle a dû sacrifier des princip
CHAPITRE7Restaurant chic au bord du boulevard du Mono. Il sonne à peu près 19 heures. Le cadre est doux, sensuel. De lumières tamisées comme toujours. Amézado et Massogblé y sont, pour un dîner romantique dans un besoin de casser encore un peu la routine ce soir. Le temps que l’on leur serve leurs mets, ils s’occupent en sirotant du jus de fruits.Repas servis quelques instants après, regards libidineux, sourires enchanteurs, Amézado et Massogblé causent agréablement et consomment calmement. La partie, pour eux, est bien plaisante.Dehors, les va-et-vient des véhiculent sont continuels encore à cette heure. Et les bruits de leurs moteurs, et de leurs klaxons, absorbent le calme vespéral qui devrait commencer par régner. Cependant, ils ne parviennent pas à dompter les « vacarmes » des vagues ma
CHAPITRE8Akpénè ne songe pas un seul instant au petit déjeuner à préparer. Pourtant, elle devrait en emporter à la clinique aussi comme chaque matin. La nuit passée dans la chambre de sa fille, elle saute du lit, réveille aussitôt la petite pour se rendre directement dans les toilettes à deux.Sous la douche, la main d'Akpénè arrive à sa joue droite. Elle la retire d’un réflexe en y sentant de la douleur : la gifle de la veille a été conséquente. Mais, elle s'était privée de pleurer à ce coup. Elle avait juste décidé de dormir, de faire comme si de rien n'était pour ne pas charger encore plus, ses esprits déjà trop offusqués.Elle essuie la mousse du visage. Au lavabo, elle se met à apprécier devant le miroir, la joue victime qu'elle tâte de la main et se re
CHAPITRE9La pluie a fait ce qu'elle pouvait et est retournée dans les nuages il y a environ une heure. Mais, elle laisse le temps humide comme à chacun de ses passages les soirs en envoyant les humains dans les logis. Les bêtes qui en ont aussi. Dehors, où quelques rares personnes sont encore, les feuilles des arbres et quelques autres éléments de la nature ruissellent toujours de pluie et d'humidité. Les lampes distillent la beauté de la fraîche nuit dans leurs éclairages éblouissants sur les poteaux.Akpénè va coucher Sitsopé. En nuisette, elle revient au living pour aller à la cuisine chercher un verre d'eau. A sa sortie, elle va éteindre son portatif puis, reprendre le chemin de la chambre aux côtés de la petite. Son mari est dans le salon, le cœur amer au cœur de la mésintelligence qui ne veut pas se briser. La table s'es
CHAPITRE10Akpénè arrive toute éplorée à l’hôpital. Descendue très agitée de sa moto, les pieds mis à l’intérieur, qu’elle voit Akossiwa et leur tante en larmes à l’attente. Sa belle-sœur à leurs côtés, pareille. De toute lamentation, les trois femmes l’accueillent, le ciel semblant écraser leur tête. C’est donc réel, la mauvaise nouvelle de l’appel de sa sœur : leur maman, a poussé le dernier soupir. La peine s’intensifie, les cœurs plus pressés, les yeux sont plus larmoyants. Et, difficile est-il, voire impossible d’exprimer les douleurs à gorge déployée pour pleurer leur désormais chère regrettée, car dans un centre de santé, elles sont. Les yeux sur elles sont consolateurs et compatissants. La maman est toujours dans so
CHAPITRE11Au fil des jours qui s'enchaînent, et que l'on s'éloigne de ceux funestes, le visage d'Akpénè s'éclaircit, laissant tomber et à leurs rythmes les rides des afflictions. La reprise de la marche de la vie se refait, lestement certes, mais sûrement. Petit à petit, le sourire se fait distinguer de nouveau même si le cœur porte encore le deuil se décelant dans tout ce qui s'efforce à être affiché de gai à l'extérieur. Déjà trois mois s'écoulent [...]Mais aussi, à sa seule charge, Akpénè a désormais sa sœur, même si grande fille déjà elle est, et leur petit frère Miwôdzi. Alors même que, sa rétribution en fin de mois s'amincit pour ses prêts faits dans l'hospitalisation de sa maman. La petite boutique qui occupait la maman et servait à son ac
CHAPITRE12Amézado fait dans la conception et pilotage de projets, démarche immobilière. Son cabinet donne sur la voie de Ségbé à Adidogome, non loin du 7ème arrondissement. Il a à son actif trois employés : deux assistants et une secrétaire. Le cadre fait de deux pièces, lui pourvoit son bureau personnel. Les assistants et la secrétaire occupent ensemble la première pièce plutôt spacieuse, mais chacun avec son bureau.Ce n'est pas un cadre imposant mais qui respire quotidiennement pour lui permettre un train de vie au-delà de la moyenne et mettre carrément sa petite famille à l'abri du besoin ; créer sa propre petite bourgeoisie. Il n'a vraiment pas à se plaindre de rien si ce n'est la convoitise et l'insatisfaction du genre humain. Et ces derniers temps, il connaît encore d'entrées considérables.Ehli
CHAPITRE 64Retour de l’hôpitalCe soir, le ciel affiche un air beau, jovial et souriant: un croissant de lune est peint sur son visage, donnant un coup de pied enchanteur dans sa monotonie lugubre, lassante, telle une étincelle qui scintille au fond des ténèbres affreuses pour allumer l’espoir. 19 heures sont déjà bien absorbées par les heures suivantes. Ce, est le moment choisi par Amézado pour rentrer chez lui après des semaines à l’hôpital afin que son retour ne soit connu vraiment par le voisinage qu’au lever du jour; un retour nocturnement clandestin programmé.La porte de son séjour s’ouvre. La lumière de la torche creuse du trou dans l’épaisse obscurité qu’y siège céans pour la dissiper. Lorsque le living-room s’éclaire enfin vivement sous le coup de ma
CHAPITRE 65Les larmes d’une épouseEncore une journée qui trouve sa trêve dans une joie effective pour Akpénè et Ehli. Ils sont si fiers d’eux. L’opération des yeux du sieur LIASSIDJI est d’un éclat de succès et les remplit d’enjouement, de satisfaction absolue. L’homme recouvre sa vue et redécouvre de nouveau la lumière qui éblouit la nature et toute la beauté qui jaillit de tout ce qui la compose. Quelle fierté pour ce couple d’avoir offert encore la vue à cet homme et surtout de lui redonner de l’espoir. Comme ils l’ont pris sur eux de lui apporter le leur, ils ont financé intégralement son opération. Aujourd’hui, la bande est enlevée sur les yeux et LIASSIDI a pu poser avec enchantement un visage sur ces bienfaiteurs de nulle part que la fortune lui a envoyés.
CHAPITRE 63Un pari gagnéDepuis le manque d’harmonie et de leur hilarité qui siège chez elle à la maison, Sitsopé n’a plus d’entrain, elle n’a plus de sourire, elle n’a maintenant que ça, et rien que ça: être tristement recroquevillée sur soi tout le temps, cette humeur qui lui colle la peau pour la transporter jusqu’aux cours aussi. Même aux heures de pause, elle ne s’y intéresse pas pour sortir. Camarades et professeurs remarquent bien que des jours déjà, elle n’est plus la même personne, mais elle ne laisse ouverture sur elle a personne.Au fond de sa classe, à la pause de ce midi avant la reprise des cours pour la continuité de cette journée, elle se tient une fois de plus, toujours repliée sur soi, le front posé sur la table.Elle est la seule à y &e
CHAPITRE 62La révoltePour parler à ses enfants de leur père, Akpénè initie avec Ehli ce soir, après le dîner, une partie de jeux, d’histoires drôles et de devinettes.Toute la famille, y compris Selom, est bien réunie sous la houlette divertissante du chef de la maison. Ils se piquent, ils se frappent, ils se taquinent…, et ils rient aux éclats. C’est toute une bonne humeur ce soir dans le salon autour de la table.Enfin, Ehli juge le moment propice de passer à l’action. Discrètement, il va pincer Akpénè. Celle-ci comprenant son geste, d’abord, déglutit puis, son élan ralentit systématiquement. Elle va le regarder dans les yeux et il lui hoche la tête. Elle prend un soupir comme si elle avait peur avant d’aller:-«Euh… ma chérie!&ra
CHAPITRE 61Amézado ouvre les yeux. Un peu de vie semble regagner ses muscles des heures après, un profond sommeil, sous les produits qui lui sont administrés à son arrivée à l’hôpital pour le stabiliser. Il se met à distinguer les choses autour de soi et voit sa sœur assise à ses côtés dans un état angoissé, puis se rend compte être dans une salle d’hôpital. Il perçoit la bouteille du sérum au-dessus de ses pieds à la tige d’accrochage au lit et se rend compte de la perfusion à son bras gauche. Il soupire langoureusement. Et d’une voix faible, il appelle la sœur:«Mawupemo!»Mawupemo s’éveille: «fogan!», s’émeut-elle, «tu es réveillé?».Tell
CHAPITRE 60Un soupçon avéréC’est au week-end de cette semaine, précisément le dimanche, dans la matinée, que le couple Akpénè - Ehli se retrouve au village d’Akpénè pour rattraper leur programme manqué à cause des imprévus et des pas auprès du sieur LIASSIDJI pour l’opération de ses yeux à laquelle ils tiennent fervemment. Ils vont devant la famille d’Akpénè, pour leur annoncer leur relation ainsi que leur projet de se marier. Toute la famille est jovialement présente, les tantes, les oncles, pour les accueillir, sans aucune idée du dessous effectif de cette rencontre. Et ils n’en reviennent pas lorsqu’Ehli ouvre la parole sur le sujet pour les ébahir… Tous en restent médusés dans l’instant et cela leur sonne comme une blague, sauf M
Chapitre 59UNE JOURNEE NOIREPas la moindre concentration qui lui vienne devant sa machine. Son partenariat avec dame EWILO révoqué, Amézado retrouve fadement le chemin de son bureau, pour s’absorber dans le travail afin de ne pas mourir de chagrin en restant chambré chez lui. Mais il ne parvient pas à rassembler ses esprits pour s’attacher à quoi que vaille. Toutes ses pensées font des tours incessants sur Akpénè et sa nouvelle relation. Il n’en revient toujours pas, ça lui sonne du creux. Il sent le besoin de s’évader, partir ailleurs, loin de tout, à essayer d’oublier. Cependant, cela ne pourrait pas être une solution: un changement géographique pour lui opérer une telle magie. Le vide, son vide profond qu’il ressent, est tout au fond de lui, dans son âme, dans ses esprits, pour le suivre partout o&ugr
Chapitre58AssociéesAdidogome. Sur la voix attenante à Rue la Pampa, à quelques pas du carrefour Agbémadon.-Arrête, s’il te plaît, mon amour!La belle bagnole, ne pouvant pas déjà filer même si le conducteur le voulait si bien, ceci, à cause de la voix si redoutable, s’immobilise de côté à la demande brusque de la dame.-Un souci? demande-t-il.-Tu as pu remarquer ce que je viens de frôler de regard, chéri? demande la femme.-Non, mon amour. De quoi s’agit-il?-Regarde derrière!Quinze heures sont dépassées de quelques minutes. La pluie qui a coulé sur Tokoin Novissi est complètement ignorée ici. Le soleil continue de s’imposer dans les cieux. A cette heure. Le couple, dans la voiture immobilisée,
Chapitre 57 Cinq jours après le retour d’Amézado de la clinique. Et son humeur est plus aigre à chaque lever du soleil qui, naturellement, émerveille, éblouit tout ce qui se meut sur la terre. Du fiel règne en autocrate dans son âme. Cinq jours qu’il retourne, acrimonieusement, dans son pauvre cœurpétri : «c’est maintenant que Akpénè s’est engagée dans une nouvelle relation! Akpénè, mon Akpénè! C’est maintenant qu’elle le fait alors qu’elle s’était préservéedepuis tout ce temps! C’est maintenant où, n’en pouvant plus, je me forge enfin ce courage de l’aborder et tenter de recoller nos morceaux, ramper même à ses pieds si c’était nécessaire, que mon Akpénè s’est engagée dans une nouvelle relation! Et elle n’a trouvé personne d’autre que celui qui m’était un frère sang?» Son espoir d’essayer de redevenir soi, est définitivement perdu, au bout de ses turpitudes, pense-t-il, les larmes tenant compa