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Inconscience !

Auteur: Koumondji
last update Dernière mise à jour: 2021-07-22 20:05:55

Akpénè sort ouvrir le portail. Devant elle, se tient Ehli. Un accueil de bienvenue, Ehli appuie la commande à sa voiture, et les deux rentrent.

« Tonton ! » exulte Sitsopé devant la télé, à la vue de leur visiteur à leur arrivée au salon. Elle se lève pour aller se jeter dans ses bras, toute joviale.

-Ma petite chérie ! lui répond celui-ci aussi.

Il la soulève à son arrivée à lui, cachant son abîme dans un sourire de façade, pour ne pas atténuer sa bonne humeur.

-Comment ça va, jolie princesse de tonton ? lui demande-t-il.

-Ça va très bien, tonton. Et Selom ? Pourquoi il n'est pas là ?

Selom il s'appelle, le petit garçon d'Ehli. Et d'après lui, demande Sitsopé. Toujours masquant son désarroi, bien que pincé encore plus au cœur par la demande, Ehli répond favorablement à la petite, et tâche de l'amuser. La mère debout, les regarde toute souriante, flattant aussi ses peines.

Akpénè va pour chercher de l'eau à son visiteur. Quant à Ehli, il va prendre place dans un fauteuil, portant toujours Sitsopé. Et dans la joie manifeste de la petite de le voir ce soir, les deux adultes noient leurs déplaisirs à cet instant T.

« J’ai appelé ton mari en vain ; le portable n’a sonné que dans le vide pour t’appeler, Akpénè », dit Ehli après avoir bu, et les salutations d’usage accomplies.

Le visage d’Akpénè redevient pâle. Le plaisir qui s’y lisait s’affadit du coup. Depuis la veille qu’Amézado a quitté la maison nuitamment, il n’est pas rentré, jusqu’à ce soir de dimanche où le crépuscule est déjà mélancolique avec ses dernières lueurs qui se propagent à peine.  D’un calme, elle répond : 

-Il est sorti il y a quelques instants. Peut-être, son portable était sur silencieux pour ne pas pouvoir répondre.

Ainsi, elle cache le dessous du mari devant leur ami.  Ehli soupire, remarquant qu’elle ne lui sculpte qu’une parodie de la vérité. Elle ne saurait plus dissimuler sa peine sous quelque forme malgré ses efforts. Et Ehli lit tout en elle. Pour éviter de lui ajouter les siennes, il se refuse de lui faire part du pourquoi effectif de sa visite inopinée de ce soir chez eux. Or, il avait besoin de compagnie, une oreille avec laquelle échanger et pouvant le réconforter avant de rentrer chez lui où chaque mur de la maison lui dégage tristesse et solitude.

-Akpénè, pourquoi ne me dis-tu pas la vérité ? Où est ton mari actuellement ?

-Tu parles de quelle vérité, fo Ehli ? Sinon, que veux-tu que je te dise ?

Ehli baisse la tête, éprouvant de la peine. De larmes se pointent sur ses yeux : Amézado ne se rend pas compte de la chance qu'il possède, d'avoir encore sa femme. Si seulement il savait ce que lui, Ehli, vit, avec la disparition de la sienne pour être prêt à tout donner pour la revoir ! Mais aussi, il se donne une culpabilité : par lui, son ami est entré en relation avec son amie pour finir par la faire souffrir aujourd'hui après qu'elle a accepté de l'épouser.

-Tu as au moins une idée de là où il pourrait être ? s’efforce-t-il pour lui redemander.

-Comment l’aurais-je, fo Ehli ?

-Et depuis quand il a quitté la maison ?

-Hier nuit.

-Hier nuit ! s’étonne-t-il.

-Je me suis réveillée hier matin sans l’avoir vu à mes côtés. Il a dû quitter la maison nuitamment. Toute la journée d’hier est passée sans son ombre. Il n’est pas rentré de la nuit non plus. Et voilà cette journée aussi qui s’achève. Même l’existence de son enfant lui est désormais égale. Quand il est à la maison, c’est comme s’il ne la connaissait nulle part.

-Amézado est déjà allé si loin que ça ? Un homme qui fuit sa propre maison la nuit comme un rat, laissant une femme et une enfant sans penser à comment se comporte son toit derrière lui ?

-Je ne peux pas parler, fo Ehli. Je n’en ai pas la voix ! finit-elle en sanglots sous le regard triste de son enfant partagée entre eux.

Ehli ignore un temps peu sa propre amertume pour consoler son amie. D’abord, il sort du papier mouchoir qu’il lui tend pour s’essuyer. Puis, en ces termes, il lui dit après la consolation :

-Je ne sais quoi te dire qui ne soit pas de l’ingérence dans votre couple, puisque je n’en aurais pas le droit. Mais avant d’être aujourd’hui la femme d’Amézado, tu m’étais une grande amie, pour ne pas dire ma meilleure amie, et la meilleure amie de ma femme rencontrée en ta compagnie. Et c’est alors, tu es rentrée en contact avec lui, mon ami aussi pour devenir ce que vous êtes devenus. Alors Akpénè, si Amézado fait comme tu n’existais pas, fais pareil avec lui. Sois-lui son reflet dans son propre miroir. Tu n’as pas à verser tes larmes pour quelqu’un qui semble ne plus voir ton mérite. Je sais que ce que je te dis n’est pas aisé, mais tu dois le faire pour ton propre bien. Concentre tes énergies sur toi et sur ton enfant, Akpénè. Tu dépéris, donnant aux gens à tout imaginer de toi au regard, ou à se questionner sur toi. Et tu donnes de la joie mauvaise à celui-là même qui te met dans un tel état. Rien ne t'a prédestinée à la damnation matrimoniale, Akpé. Bien au contraire. Et si tu veux couler des pleurs, si tu sens le besoin d'en couler, coule-les pour quelqu'un que tu as perdu dans la vie, un cher regretté, et non pour quelqu'un qui prend du plaisir lui-même à te perdre dans sa vie, à ses côtés. Voilà tout ce que je puis te dire en m’arrêtant là pour ne pas être coupable de quelque insinuation.

Akpénè tient la tête baissée, le papier-mouchoir aux narines de sa main droite, continuant de couiner. Ehli se donne le temps de la voir se calmer et reprendre plus ou moins de ses esprits avant de la quitter. Chose faite, une trentaine de minutes plus tard, il demande la voie et se lève. Akpénè va le déposer au dehors. L'Inconsolé consolateur, il reprend le volant pour un retour dans son monde, doublement peiné [...]

Début d'une nouvelle semaine sans qu'Amézado ne rentre. Hors du foyer conjugal, loin de sa femme et son enfant, il a vidé son week-end.

Cette matinée, Akpénè est au bureau. 11 heures approchent. Son portable se mettant à sonner, elle le prend pour recevoir l'appel. Son cœur fait un grand bond dans sa poitrine qu'il cogne si fort ; sa daronne est emmenée dans un état d'urgence à l'hôpital. Elle est surexcitée. Mais, ne peut pas s'y rendre dans l'immédiat : il lui faut aviser d'abord la hiérarchie, avoir son autorisation. Sa partenaire de bureau fait de son mieux pour la calmer en apprenant la nouvelle.

Le midi enfin sonné dans sa clémence, Akpé fait de sa pause une course rapide au chevet de sa mère. Elle arrive. Lorsqu'elle fait son entrée dans la clinique, elle voit sa petite sœur, assise dans le hall. Les regards des deux sœurs croisés, c'est la tristesse chez la petite et l'angoisse chez la grande.

« Dagan ! », l’appelle la petite sœur se levant instantanément pour l'accueillir, les yeux rouges et larmoyants. Elle s'empresse à son tour sur elle, de toute son excitation de tout savoir.

Aux nouvelles, la maman est toujours aux urgences. Les examens se poursuivent du côté du corps soignant pour diagnostiquer le mal. On fait l’IRM et le scanner. Aussi, du problème de poche à l'horizon va se poser ; une importante somme pour pouvoir sauver la maman. Ce que la petite sœur portait sur elle en amenant leur mère est presque finie ; cette polyclinique n'est pas l'une des moindres non plus. Elle est bien réputée.

Orphelins de père ils sont, aînée de trois enfants dont la petite sœur et leur petit frère, tout revient au visage d'Akpénè.

Plus d'une heure de temps déjà qu’Akpénè est à la clinique. Dans leur anxiété, enfin les résultats vite sortis pour l'urgence de la patiente. Les deux sœurs se présentent chez le docteur. Il ressort qu'il est diagnostiqué une rupture d’anévrisme à leur maman et laquelle présente de graves complications. Il importe d'agir vite pour voir ce qui peut être encore fait. Aussi, est-il qu'une artériographie, un examen complémentaire, se fasse pour permettre une visualisation avec précision de l’hémorragie et d’évaluer l’état des autres vaisseaux cérébraux. Ensuite, la maman, vu son état, va subir du traitement endovasculaire, mieux qu'une chirurgie.

Leurs cœurs se serrent...

Amézado, il rentre ce soir à la maison dans les environs de 19 heures. Sans même toucher à la cuisine du soir de sa femme, il va directement se laver, puis rejoint instantanément le lit. Akpénè l’y rejoint une fois fini les minutes d’après et se glisse sous la couette.

-Maman est très souffrante. Urgemment, elle a été envoyée à l’hôpital. Ce pourquoi, je t’appelais aujourd’hui, l’informe-t-elle.

La femme l’a appelé moult reprises dans la journée sans qu’il ne répondît. A ses propos, il lui tourne son regard.

-Maman malade ! Comment elle va alors ? demande-t-il, l’air aisé.

-Mal, et très mal. Elle garde le lit à l’hôpital. C’est parce que je dois aller au boulot demain matin pour n’avoir pas eu de permission que je suis à la maison en ce moment de peines.

-Ah bon hein ! Quel est alors le problème pour autant ?

-Elle souffre d’une rupture d’anévrisme.

-C’est donc vraiment sérieux ça ! Dieu lui fasse grâce !

-C'est tout ce que tu as à dire ?

-Quoi d'autre ?

-Je te parle quand même de ta belle-mère, ma maman !

-Et alors ?

-Mais, ton air d'indifférence à mes peines dont tu fais montre ne sied pas du tout !

-Et madame veut que je fasse quoi ? Que je me mette à pleurer ? Que j'arrête mon souffle ? Ta mère est malade, d'accord ! Et je compatis. Mais je ne suis pas le docteur qui va la soigner, encore moins les produits à lui appliquer.

-Tu me déçois plus au fur et à mesure que les secondes s'épuisent, et tu me désenchantes. Je me demande souvent si tu es bien conscient de l’affliction avec laquelle tu as commencé à me frapper soudainement pour toujours continuer, ou si tu t’en rends compte, et je me demande ce que j’ai pu te faire de si mal pour mériter un tel châtiment sans que tu ne me le dises, si autant j’ai commencé à te dégoûter pour que tu fasses preuve de tant d'insensibilité à mes peines à tes côtés en tant que ton épouse !

-Quand tu auras fini de cancaner, pardon, madame, couche ton corps pour te reposer. Tu en as besoin. Autrement, laisse-moi reposer le mien !

-[...] soupir ! Tu as raison, j'ai tort. Mais, s'il te plaît, je vais avoir besoin de toi.

-En quoi faisant ?

-Maman va suivre un traitement : traitement endovasculaire. Ce qui me revient vraiment très élevé. Et j'ai besoin de ton assistance financière pour y faire face, s'il te plaît !

-Malheureusement, je ne peux pas faire face à une telle dépense actuellement. Désolé !

-Je ne te demande pas de prendre les dépenses sur toi. Mais m'apporter juste un peu de ton soutien, je t'en prie !

-Et je ne dis pas le contraire ! Je te signale juste que je n'en suis pas en mesure en ce moment.

-Ce n'est quand même pas possible ! En quoi au fait pourrais-je alors compter sur toi comme un mari avec lequel je vis et que l’on a fait enfant ? Si tu peux ne pas m'aider pour ma maman, aide au moins aux soins de la grand-mère de ta fille !

Déjà, Amézado plonge sa tête sous la couverture et se met à ronfler, simulant ainsi un sommeil pour laisser sa femme « bavarder » seule.

A l’hôpital, l’état de la patiente ne s’améliore pas. Plus d’une semaine d’hospitalisation et la situation reste la même : critique. La seule chose que l’on puisse remarquer, est qu’elle essaie de bricoler d’un ton profond et pénible quelques mots difficiles à déchiffrer. Ce que le docteur qualifie quant à lui d’avancée et qui ne soit pas de l’avis d’Akpénè et les siens. A son chevet, une sœur à elle et sa fille cadette.

Les traitements se poursuivent. Sous le poids des factures, déjà Akpénè ploie, tel que c’était prévisible. Son mari, effectivement, ne l’assiste en rien dans ses dépenses. Une fois, il s’est rendu au chevet de sa belle-mère pour y faire juste une figuration et repartir aussitôt. Akpénè n’est plus revenue non plus sur ce sujet avec lui depuis cette nuit qu’elle lui en a parlé. "Aux problèmes qui sont siens et uniquement siens, elle fait face."

L’ami Ehli qui fait quant à lui quelques pas pour l’assister [...] Il se donne d’être aux nouvelles de l’évolution de la situation en l’appelant de temps à autre comme il peut.

Le jour s’étend. Akpénè est encore déjà debout. Son nouveau rituel depuis l’hospitalisation de sa génitrice : vite faire ce qu’il y a à faire, se préparer, préparer sa fille à emmener à l’école plus tôt que d’habitude. Ainsi réussit-elle à pouvoir filer à l’hôpital voir la maman avant d’aller au boulot. Alors, au plus tard, 5 heures de l'aube, elle n’est plus au lit désormais.

Elle vient de finir la cuisson du petit déjeuner. Son mari encore au lit, elle lui laisse sur la table à manger, le sien qu’elle prend le soin de couvrir. Du côté de Sitsopé, il est encore trop tôt pour qu’elle envoie quelque chose dans le ventre. Et comme elle s’est donné de le faire encore, elle lui portera à l’école sa part ; sa maîtresse fera le reste. Toute une habitude bouleversée ; à réveiller aussi l’enfant avant l’heure coutumière.

C'est ainsi qu'elle va dans la chambre de la fillette la réveiller. Après du câlin et de doux mots pour alléger ses peines du sevrage précoce au doux matinal, elle l'emmène avec elle dans la salle des toilettes pour leur douche ensemble. 

Que ce soit dans le dressing de la chambre de sa fille ou dans celui de leur chambre, Akpénè a ses effets. Elle a même dressé une toilette dans la chambre de la petite, et s’y prépare à l'occasion comme ce matin. Elle finit d'apprêter Sitsopé à leur sortie de la douche et se prépare à son tour. Devant le miroir de la toilette, tête attachée, serviette au buste, elle se pommade. Le visage, les membres supérieurs, le cou, la poitrine. Elle est sur les jambes, passant les mains, appliquant délicatement le produit sur ses alléchantes cuisses ébène. Fini, elle se lève et va au dressing. Elle porte son choix sur une robe beige clair pour ce matin et la sort lorsque son portable posé sur le chevet de lit de l'enfant se met à sonner. Elle tourne instinctivement la tête le regarder. Sitsopé assise sur le bord du plumard le lui apporte. Sur l'écran, elle voit Ehli l'appeler. Un peu, elle panique, se met la côte droite à la penderie, avant de décrocher, la robe pendue à son bras gauche : « allô, fo Ehli ! »  dit-elle en portant la machine cellulaire à l'oreille.

-Oui, allô, Akpénè ! Comment votre réveil ce matin ?

-Bien nous allons, fo Ehli ! Et toi ? C'est de bon augure tu es aussi matinal ?

Ehli peut décrire l'émotion de son amie au bout du fil dans sa voix pâle. Il ne peut se douter de son affolement de l’appeler si tôt. 

-Akpé, rien de grave, rassérène-toi, se donne-t-il de la rassurer en adoucissant plus sa voix avant de poursuivre en lui demandant : ton mari, il est à la maison ce matin ?

-Oui, il est là. Il est même toujours au lit, pas encore réveillé.

-Excellent ! Je suis à votre portail, viens m’ouvrir, s’il te plaît !

-Quoi ! A notre portail !

[...] Akpénè fait de vite enfiler sa robe. Elle sort au salon pour aller ouvrir. Mais avant, elle va réveiller son mari pour l’avertir de leur visite inopinée reçue de ce matin bonne heure.

Amézado se réveille. Il pend son portable pour voir l’heure qui fait et remarque plutôt plusieurs appels manqués d’affilée d’il y a quelques instants de son ami. Son portable était en sourdine. C’est vain l’ami l’a appelé pour se tourner à sa femme. Il saute alors du lit, file dans les toilettes pour se débarbouiller. Pendant ce temps, Akpénè est déjà ressortie de la chambre. Elle sort dans la cour et va. Elle ouvre. Devant elle, le sieur Ehli. Il l’attendait aussi serein comme elle le lui a demandé, le temps pour elle de se couvrir.

-Woézon, fo Ehli, lui souhaite-t-elle le bienvenu. Da gbé yéa ? demande-t-elle ensuite.

Ehli lui répond favorable. Ils font leur entrée.

Encore, Sitsopé est joviale de voir son tonton. Ehli la prend dans ses bras en allant s’installer. C’est en ce moment qu’Amézado sort de la chambre, débardeur sur une culotte.

-Ah, Ehli ! appelle-t-il l’ami.

Il vient prendre place à son tour et ils se saluent. Akpénè, retourne à l’intérieur après l’accueil pour finir ses préparatifs et laisser les hommes s’entretenir. Elle est même partie avec sa fille.

-Quoi de si urgent pour être aussi matinal, sans prévenir, Ehli ? demande Amézado.

-Excuse-moi de m’être aussi débarqué chez toi de si bon matin. C’est vrai aussi que je n’ai pas prévenu avant de venir. Mais, est-il que t’avoir maintenant au téléphone est devenu un grand privilège. Alors, j’ai jugé bon de venir plutôt, et tôt le matin, pour plus de chance de tomber sur toi.

-Désolé pour tes appels auxquels je n’ai pas pu répondre. Te rappeler aussi m’a échappé bel.

-Pas grave, je suis là maintenant, et pour une discussion sérieuse avec toi.

-Hum ! D’accord ! Je suis à ta disposition. De quoi est-il question, s’il te plaît ?

-On n’en parle pas ici. J’aimerais que l’on sorte pour un tête-à-tête.

Ehli parvient à convaincre son ami. Amézado retourne dans la chambre mettre un pantalon, et une chemise sur son sous-vêtement. Un avertissement de départ fait à Akpénè par Ehli, ils sortent. Lorsqu’ils arrivent au dehors, Ehli va prendre place à son volant et Amézado se met à son côté. Il met la voiture en marche et ils s’éloignent. Un peu plus loin de la maison, il s’arrête. Derrière eux quelques instants après leur départ, Akpénè sort aussi sa moto pour s’en aller avec son enfant.

Ehli soupire. Il baisse la tête qu’il soulève aussitôt puis s’adresse à son ami en fixant la pare-brise :

-Amézado, l’appelle-t-il ; je suis venu te sortir de ton lit tôt ce matin pour un mobile crucial. Et, ce n’est pas le plaisir.

-Lequel est ce mobile alors ? Si je peux bien demander.

-Il est question de ton couple et de comment tu gères ta femme.

-Si je comprends bien, tu es venu me déranger ce matin, me faire sortir de la maison sans même me doucher pour des futilités ?

-C’est peut-être pour toi des futilités, mais moi, non. Et je ne me suis pas douché non plus avant de me donner cette peine de venir à toi, Amézado !

-Lequel est alors le tien dedans ?

-Amézado, j’ai un devoir moral de t’interpeller sur comment tu traites ta femme. Et c’est ce que tu sembles malheureusement ignorer. Dis-moi, comment te sens-tu quand tu la vois pleurer avec tout ce que tu lui infliges ? En quoi t’a-t-elle autant offensé pour que tu la traites de la sorte au point d’avoir de la négligence pour ta propre enfant ?

-Ainsi donc, tu es devenu un conseiller, un juge ou un prêtre matrimonial auquel ma femme va s’épancher, n’est-ce-pas ? Et toi, l’homme idéal, tu as jugé bon de venir me confronter !  Bravo ! Quoi d’autre encore ?

-Je ne peux pas le croire, que ce soit toi ainsi avec une telle outrecuidance !

-Tu as fini ? Moi, je dois m’en aller maintenant. Parce que là, je n’ai pas ton temps oisif ce matin.

Amézado saute sur la portière à ouvrir pour sortir. Mais, celle-ci n’obéit du tout pas à sa volonté. La portière, Ehli l’a verrouillée à son insu.

-Tu m’ouvres cette portière ! ordonne-t-il.

-Agite-toi autant que tu le peux, tu ne sortiras pas d’ici sans m’avoir écouté, Amézado. A moins que tu brises cette vitre pour te frayer du passage.

-Tu me prends donc en otage ? [Rire narquois…]

-Considère-le tel qu’il te chante.

-D’accord ! Je t’écoute, dis-moi…

Commentaires (1)
goodnovel comment avatar
aoudji PUBG DZ
Belle histoire
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    CHAPITRE 62La révoltePour parler à ses enfants de leur père, Akpénè initie avec Ehli ce soir, après le dîner, une partie de jeux, d’histoires drôles et de devinettes.Toute la famille, y compris Selom, est bien réunie sous la houlette divertissante du chef de la maison. Ils se piquent, ils se frappent, ils se taquinent…, et ils rient aux éclats. C’est toute une bonne humeur ce soir dans le salon autour de la table.Enfin, Ehli juge le moment propice de passer à l’action. Discrètement, il va pincer Akpénè. Celle-ci comprenant son geste, d’abord, déglutit puis, son élan ralentit systématiquement. Elle va le regarder dans les yeux et il lui hoche la tête. Elle prend un soupir comme si elle avait peur avant d’aller:-«Euh… ma chérie!&ra

  • LES LARMES D'UNE ÉPOUSE   Dépression

    CHAPITRE 61Amézado ouvre les yeux. Un peu de vie semble regagner ses muscles des heures après, un profond sommeil, sous les produits qui lui sont administrés à son arrivée à l’hôpital pour le stabiliser. Il se met à distinguer les choses autour de soi et voit sa sœur assise à ses côtés dans un état angoissé, puis se rend compte être dans une salle d’hôpital. Il perçoit la bouteille du sérum au-dessus de ses pieds à la tige d’accrochage au lit et se rend compte de la perfusion à son bras gauche. Il soupire langoureusement. Et d’une voix faible, il appelle la sœur:«Mawupemo!»Mawupemo s’éveille: «fogan!», s’émeut-elle, «tu es réveillé?».Tell

  • LES LARMES D'UNE ÉPOUSE   Un soupçon avéré

    CHAPITRE 60Un soupçon avéréC’est au week-end de cette semaine, précisément le dimanche, dans la matinée, que le couple Akpénè - Ehli se retrouve au village d’Akpénè pour rattraper leur programme manqué à cause des imprévus et des pas auprès du sieur LIASSIDJI pour l’opération de ses yeux à laquelle ils tiennent fervemment. Ils vont devant la famille d’Akpénè, pour leur annoncer leur relation ainsi que leur projet de se marier. Toute la famille est jovialement présente, les tantes, les oncles, pour les accueillir, sans aucune idée du dessous effectif de cette rencontre. Et ils n’en reviennent pas lorsqu’Ehli ouvre la parole sur le sujet pour les ébahir… Tous en restent médusés dans l’instant et cela leur sonne comme une blague, sauf M

  • LES LARMES D'UNE ÉPOUSE   Une journée noire

    Chapitre 59UNE JOURNEE NOIREPas la moindre concentration qui lui vienne devant sa machine. Son partenariat avec dame EWILO révoqué, Amézado retrouve fadement le chemin de son bureau, pour s’absorber dans le travail afin de ne pas mourir de chagrin en restant chambré chez lui. Mais il ne parvient pas à rassembler ses esprits pour s’attacher à quoi que vaille. Toutes ses pensées font des tours incessants sur Akpénè et sa nouvelle relation. Il n’en revient toujours pas, ça lui sonne du creux. Il sent le besoin de s’évader, partir ailleurs, loin de tout, à essayer d’oublier. Cependant, cela ne pourrait pas être une solution: un changement géographique pour lui opérer une telle magie. Le vide, son vide profond qu’il ressent, est tout au fond de lui, dans son âme, dans ses esprits, pour le suivre partout o&ugr

  • LES LARMES D'UNE ÉPOUSE   Assosiées

    Chapitre58AssociéesAdidogome. Sur la voix attenante à Rue la Pampa, à quelques pas du carrefour Agbémadon.-Arrête, s’il te plaît, mon amour!La belle bagnole, ne pouvant pas déjà filer même si le conducteur le voulait si bien, ceci, à cause de la voix si redoutable, s’immobilise de côté à la demande brusque de la dame.-Un souci? demande-t-il.-Tu as pu remarquer ce que je viens de frôler de regard, chéri? demande la femme.-Non, mon amour. De quoi s’agit-il?-Regarde derrière!Quinze heures sont dépassées de quelques minutes. La pluie qui a coulé sur Tokoin Novissi est complètement ignorée ici. Le soleil continue de s’imposer dans les cieux. A cette heure. Le couple, dans la voiture immobilisée,

  • LES LARMES D'UNE ÉPOUSE   Souvenirs mélancoliques

    Chapitre 57 Cinq jours après le retour d’Amézado de la clinique. Et son humeur est plus aigre à chaque lever du soleil qui, naturellement, émerveille, éblouit tout ce qui se meut sur la terre. Du fiel règne en autocrate dans son âme. Cinq jours qu’il retourne, acrimonieusement, dans son pauvre cœurpétri : «c’est maintenant que Akpénè s’est engagée dans une nouvelle relation! Akpénè, mon Akpénè! C’est maintenant qu’elle le fait alors qu’elle s’était préservéedepuis tout ce temps! C’est maintenant où, n’en pouvant plus, je me forge enfin ce courage de l’aborder et tenter de recoller nos morceaux, ramper même à ses pieds si c’était nécessaire, que mon Akpénè s’est engagée dans une nouvelle relation! Et elle n’a trouvé personne d’autre que celui qui m’était un frère sang?» Son espoir d’essayer de redevenir soi, est définitivement perdu, au bout de ses turpitudes, pense-t-il, les larmes tenant compa

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